Le Grand Jeu
Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre => Les alentours de la ville => Discussion démarrée par: Amata le dimanche 16 mars 2014, 17:36:54
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-Bonne soirée ! Et profite bien de ton week-end.
-Merci, toi aussi. On se voit lundi.
Je fermai la porte derrière moi. On était samedi, il était 18h30 environ. J’étais donc en week-end. Week-end d’un jour, mais week-end quand même. En même temps, je n’étais pas très souvent en mission ces temps-ci, alors j’avais pas mal de temps libre pendant mes jours de boulot. Donc en gros, on peut voir le samedi boulot comme une compensation du glandouillage quotidien. Avec un mot à la con en prime, yeah !
Bref ! Je rajustai la bretelle du sac que j’avais jeté sur mon épaule et partis tranquillement à travers les rues de Seikusu. Je ne rentrai pas chez moi. Pas tout de suite. Je voulais d’abord faire un tour, histoire de décompresser après cette journée éprouvante que j’avais eue.
Tout en marchant, je mis mes écouteurs sur mes oreilles, enfilai la deuxième bretelle de mon sac à dos, allumai mon baladeur et me mis à chanter Castle of Glass. Dans cet ordre.
Take me down to the river bend
Take me down to the fighting end
Wash the poison from off my skin
Show me how to be whole again…
J’errais à travers des ruelles tout sauf sûres. Bon, j’étais AT, je n’en avais un peu rien à faire à la base. Experte en combat, experte en poisons, je pouvais me débrouiller comme je le voulais face à une agression de quel type que ce soit.
Fly me up on a silver wing
Past the black where the sirens sing
Warm me up in a nova’s glow
And drop me down to the dream below…
Aah, comme elle est cool cette chanson… Super mélodie, super paroles, super voix, super instruments… Je ne chantais pas très fort, ne voulant pas gâcher la musique par ma propre voix, ni gâcher la soirée des gens qui m’auraient entendue.
Cause I’m only a crack in this castle of glass
Hardly anything there for you to see
For you to see…
Bien sûr, trop concentrée sur la chanson, je n’entendis pas l’homme qui arrivait sur ma droite d’une rue perpendiculaire. Je ne le vis pas non plus. Eh bah en tout cas, lui me verrait bien, et il me prendrait sûrement pour une andouille.
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Cela faisait bizarre de le dire, mais je crois que j'aimais bien Seikusu, et pas uniquement parce que son nom faisait penser au mot "sexe" prononcé par un Japonais. Bon, ça restait marrant, mais il n'y avait pas que ça ! Je vous le jure... Non, c'était finalement sympa d'être dans une ville chiante dans laquelle il ne se passait jamais rien d'intéressant, en dehors des jeunes filles qui semblaient toutes mystérieusement se mettre sur ma route. Je considérais cela comme des vacances, finalement... Ici, je bénéficiais même d'un certain anonymat. Oh, j'étais connu, mais j'étais au pire un cosplayeur déguisé en Deadpool, ce qui faisait déjà moins bizarre qu'un gros quinquagénaire barbu déguisé en écolière japonaise. Argh, effacez cette image mentale de ma tête tout de suite ! Quelle idée de penser à un truc pareil...
La question était : comment allais-je passer ces vacances plus ou moins "forcées" ? Combien de temps allais-je donc rester ici ? Des jours, des semaines, des mois ? Ne faudrait-il pas trouver un job pour gagner ma vie et m'éclater ? Sans argent, on ne faisait rien... Bah ! J'avais le temps d'y penser... En plus, je pouvais très bien choisir des activités gratuites... Par exemple, la composition de quelques haïkus. Oui, c'était classe, ça ! On donnait l'impression d'être un type profond et cultivé. Bon, c'était quoi, déjà, la règle ? 5-7-5, non ? Ouais, ça devait être un truc comme ça... Il n'y avait plus qu'à essayer !
Un héros masqué,
Dans une ville paumée,
Il se fait chier.
Bon, je ne savais plus trop comment on comptait les syllabes avec les règles des "e" et tout... Les littéraires me pardonneront donc mes écarts et mes horribles transgressions poétiques ! Personne n'avait le droit de gâcher ma seule activité fun du moment. Est-ce que je suis du genre à gâcher gratuitement le plaisir des gens, moi ?
De plus, je ne vois pas trop ce que je pouvais faire d'autre : je ne savais pas si Seikusu avait des musées ou de superbes monuments. On n'allait probablement pas me laisser entrer dans ma tenue, de toute façon. Bien sûr, il était pour moi hors de question de retirer mon masque en public de crainte de faire fuir la plupart des gens. L'expression de dégoût que j'avais déjà vu bien des fois était assez insupportable...
Alors que j'essayais d'élaborer un second haïku bien inspiré comme j'en avais le secret (oui, j'y avais vraiment pris goût, que voulez-vous ?), je faillis me faire percuter par une demoiselle... Ou une dame. Tiens, c'était à croire que c'était comme ça que les femmes adoraient me rencontrer depuis peu. "Boum, eh, salut Deadpool !" C'était une façon renversante de faire des rencontres, je l'accordais aux demoiselles... Mais ça ressemblait quand même à une très mauvaise méthode enseignée par un pick-up artist minable sur un site internet quelconque.
- Hey, doucement, madame ! Regardez où vous marchez !
Ma vue se concentra malgré moi sur la poitrine généreuse de cette dernière et je restais ainsi, la tête baissée devant elle. Je vais de perdre toute concentration, d'un coup... J'avais même oublier ce que je venais de dire.
Oh, jolie rencontre que voici... Je crois que c'est la poitrine la plus généreuse qu'ont ait croisée dans cette ville !
Il faut tout de même rester correct avec la dame, voulez-vous ? On est un homme bien, pas un goujat.
Bon, dire autre chose, vite...
- Bi... Bo... Bu... Bonjour ! Hello, vous !
Hmm, raté... Crétin !
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Je ne l’avais pas vu. Je ne l’avais pas entendu. Je n’avais pas senti sa présence. Il n’existait pas dans mon monde. La collision était par conséquent inévitable. Et pourtant, elle fut évitée à la dernière seconde. Alors que je continuais de chanter tranquillement, je sentis une présence juste à côté de moi, beaucoup trop près pour être normale dans une rue aussi déserte. Je levai rapidement la tête.
- Hey, doucement, madame ! Regardez où vous marchez !
J’eus un instant d’arrêt. Ce type était…bizarre. Ouais, c’est ça. Très bizarre, même. Bon, à Seikusu, c’est pas ça qui manque les types bizarres, mais quand même ! Costume rouge et noir (sans rapport avec la chanson), masque intégral, armes… C’était une caricature. On aurait dit un personnage de comics. Wait…
Il bégaya un bonjour assez peu convaincant. Et vu là où était collé son regard, je comprenais très bien pourquoi… Aussitôt que je m’en rendis compte, je lui fis un immense sourire.
-Bonjour ! Désolée, je vous avais pas vu.
C’est alors que je compris où je l’avais déjà vu. C’était vraiment un personnage de comics ! Ou alors une réplique parfaite.
-Dites donc, c’est un chouette costume que vous avez. C’est l’original ?
S’il ne comprenait pas ma question, c’est qu’il était un peu con. Et il n’avait pas l’air con. Mais les apparences peuvent être trompeuses, surtout dans cette ville de fous. Seikusu, la ville qui reliait la Terre à Terra, la ville où l’on pouvait tout voir sans s’en étonner outre mesure, la ville où tout pouvait arriver. Même rencontrer Deadpool, le héros/méchant de comics, en chair et en os. Après tout pourquoi pas !
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La belle demoiselle s'excusa et me posa une question. En toute logique, elle attendait une réponse, mais j'avais bien du mal à détacher mon regard de la vue agréable qui s'offrait à mes yeux. Le plus curieux dans tout cela, c'était sa réaction : une femme normale se serait indignée et/ou m'aurait aussitôt giflé en me traitant de goujat, mais pas elle. Vraiment très curieux...
Cela permet de se rincer l'oeil gratuitement ! Autant en profiter...
Non. Je devais me reprendre. Je ne voulais pas lui donner une image déplorable de moi lors de notre première rencontre. Comme on dit, on n'a qu'une seule chance de faire une première impression ou un truc dans ce genre-là. La première impression était une chose qui comptait énormément et il ne fallait pas rater ça. En plus, d'habitude, les entrées géniales, ça me connaissait bien.
Bon, se concentrer, faire le vide dans mon esprit, oublier sa poitrine, respirer un grand coup et prendre la parole...
- Et eux aussi, ce sont des originaux ?
Crétin ! Je n'avais besoin d'aucune voix intérieure pour comprendre la stupidité de cette phrase. Bon, Deadpool, mon vieux, tu dois te rattraper et vite... Fais vraiment le vide cette fois, regarde ses jolis yeux bleus et lance-toi !
- Euh, je veux dire... Vous êtes vraiment blonde aux yeux bleus ? Sans teinture ni lentilles ? Ou alors, est-ce que vos vêtements sont des originaux de marque ? Oui, c'est ça. C'est bien ce que je voulais dire, en fait... Rien d'autre. Il ne faut surtout pas vous imaginer que je pensais à autre chose que cela. N'allez surtout pas vous faire des idées...
Pour revenir à votre question, oui, c'est un original et, si vous connaissez Deadpool... Oui. Je suis l'original, celui qui parle à des cases colorées dans ses comics, sauf que ce sont désormais des voix dans ma tête écrites en bleu et en rouge... Et en italique. Ce sont mes principales amies depuis que j'ai atterri à Seikusu. Vous êtes du coin ? Vous travaillez ici ?
Et... Vous me connaissez aussi ? Vous ne semblez pas correspondre au profil habituel de mes lecteurs, sans vouloir vous vexer. Mes fans sont généralement des... Nerds.
Bien quoi ? Mes amis, vous n'allez pas vous vexer pour si peu ? Osez me dire droit dans les yeux que ce n'est pas vrai... Je suis désolé si je vous ai vexés, mais le peu que j'ai vu de mon public confirme ce que je pense sur la question et il n'y a strictement aucun jugement de valeurs de ma part. De toute façon, je suis sûr que vous continuez à acheter mes numéros ou à me lire sur internet malgré tout...
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Une chose était sûre, je lui faisais de l’effet. Ou plutôt, ma poitrine lui faisait de l’effet. Beaucoup d’effet, même. En temps normal, j’en aurais profité pour m’amuser un peu à le faire tourner en bourrique, mais là je n’en avais pas particulièrement envie. Non, me contenter de réagir comme si je n’avais rien remarqué me suffisait amplement. Bien sûr, d’autres l’auraient déjà envoyé balader plus ou moins méchamment. Mais pas moi, ce genre de situation m’amusait plutôt.
- Et eux aussi, ce sont des originaux ?
Epic fail. Je ne pus retenir un rire, c’était vraiment trop drôle ! Il était complètement obnubilé par ma poitrine, chose courante mais jamais à ce point-là. Il tenta immédiatement de se rattraper, bafouilla, reporta son attention sur mes yeux.
-Oui, ce sont des vrais cheveux et des vrais yeux, avec une vraie couleur naturelle.
Il était vraiment drôle, ce Deadpool. Il essayait de garder la face alors qu’il se couvrait de ridicule. Enfin, il se serait couvert de ridicule avec une autre femme mais pas avec moi.
Mon interlocuteur gêné entreprit ensuite de répondre à ma question, affirmant qu’il était bel et bien Deadpool, le personnage de comics. Le schizophrène qui parlait maintenant à des voix italiques colorées dans sa tête. Original… J’avais un peu de mal à suivre, je l’avoue. Mais je saisissais la globalité de ce qu’il me disait, à défaut des détails difficiles.
La suite de son discours était une question qu’il m’adressait, concernant mon travail. Etrange, j’aurais pensé qu’il me demanderait mon nom… Qu’à cela ne tienne, je pouvais bien me permettre de lui répondre sans mentir ni divulguer d’informations compromettantes.
-Je ne suis pas à proprement parler d’ici, mais j’habite à Seikusu, oui. Et je travaille…un peu partout dans la région, je ne suis pas fixe. Comme j’ai aussi pas mal de temps libre, je passe beaucoup de temps à lire…y compris vos aventures. Ravie de vous rencontrer.
Je tendis la main, curieuse de savoir comment il réagirait cette fois.
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J'avais une sacrée chance : visiblement, mes manières ne la dérangeaient pas trop... D'habitude les gens me trouvent agaçant ou ennuyeux. En fait, les adjectifs qui me qualifient sont très rarement agréables. Je ne dirai pas qu'on est méchant avec moi, mais disons qu'on a du mal à parler de moi en termes élogieux... Croiser une jolie jeune femme qui ne semblait avoir aucun problème avec mon attitude, c'était ce que j'appelais une sacrée aubaine ! Peut-être que je venais de tomber sur la femme de ma vie ? Enfin, la femme de ma vie à Seikusu ? Oui, parce qu'il ne fallait pas non plus exagérer, il y avait d'autres femmes ailleurs avec qui j'avais des relations intimes très complexes et je ne pouvais donc pas complètement m'engager avec l'une d'elles en particulier...
Lesquelles ? Je pourrais bien vous le dire, petits indiscrets, mais je n'en ai guère envie. Disons que ça ne me dérange pas que vous soyez une mutante, une démone, une morte-vivante ou une entité représentant un concept comme la mortalité, tant que vous me plaisez ! Dans ce domaine-là, je ne suis pas trop difficile, à condition que vous soyez bien sûr un minimum sexy. En l'occurrence, mon interlocutrice était quand même très sexy dans son genre... Typiquement le genre de femme qui pouvait me brancher. Blonde, yeux bleus, fine, forte poitrine... Parfaite !
Bon, elle avait répondu gentiment et me tendait désormais la main. C'était à moi d'agir de nouveau et de lui montrer que j'étais un parfait gentleman qui s'intéressait aux femmes pour ce qu'elles étaient vraiment et non pour autre chose. Ce qu'elles étaient vraiment ? Des êtres très sexy avec qui on voudrait faire du rodéo nocturne la nuit ? Non, des individus sensibles, avec de la personnalité et du caractère. Mais c'est quand que l'on va s'amuser ? Cela n'a aucune importance parce que l'on veut avant tout nous illustrer. Eh oh, eh vous dérange ? Puis tu en sait quoi de ce que je veux ? Taisez-vous !
Heureux d'avoir trouvé quelqu'un à qui parler, je lui serrai naturellement la main et répondis :
- Moi de même, dans ce cas. Et vous auriez un joli petit nom... Hm, un nom à me donner, charmante demoiselle ?
Oui, parce que c'était le minimum, après avoir fait un peu connaissance avec sa poitrine... En tout bien tout honneur, cela dit ! Je me demandais où tout cela allait nous amener. D'accord, on était en train de faire connaissance, c'était sympa et tout ça, mais après ? Je ne voyais pas trop... Je n'étais pas trop du genre à faire la conversation très longtemps. Enfin, on m'écoutait rarement jusqu'au bout...
Il y avait quelque chose d'étrange chez cette femme, mais j'étais incapable de dire quoi : quel genre de jeune femme ne s'offusquait pas quand un homme matait ouvertement sa poitrine et trouvait normal de croiser un "personnage fictif" ? Qui était-elle vraiment ? Était-elle un androïde envoyé pour m'éliminer ? Une super-soldate venue d'une autre dimension également envoyée pour me liquider ? Cela pouvait expliquer son attitude... Bon, je devais me méfier d'elle ! Elle allait peut-être essayer de me séduire pour m'attirer dans un piège...
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Décidément, j’adorais la compagnie de ce gars-là ! Complètement taré à première vue, particulièrement drôle et s’efforçant malgré tout de conserver un minimum de maîtrise de soi… J’avais trouvé la perle rare. Je sentais que cette conversation allait être passionnante et, pour le coup, je ne regrettais vraiment pas d’avoir failli lui rentrer dedans. C’était une rencontre inattendue mais très intéressante.
Jusque là, tout allait bien. Il avait bien sûr fait quelques bourdes verbales, qui continuèrent lorsqu’il me demanda mon nom, mais je n’avais encore rien entendu de choquant ni de déplacé. Il s’en tirait plutôt bien, le pauvre.
-Je m’appelle Valérie. Valérie Sphendus.
Un faux nom, bien sûr. J’avais beau être naturellement confiante, je n’étais pas non plus du genre à donner mon nom au premier gars marrant venu. Et puis lui non plus ne m’avait pas donné son vrai nom ! Oh d’ailleurs, ça me donnait une idée…
-Je vous aime bien, vous avez l’air d’un type sympa. Que diriez-vous de faire un petit jeu ? Chacun choisit un défi, j’en choisis un de plus pour éviter une égalité, et celui qui en gagne le moins doit révéler un de ses secrets à l’autre. Tenté ?
J’avais la bonne/mauvaise (tout dépend du point de vue) habitude de gagner ce genre de jeu. Je voulais savoir si le célèbre Deadpool était un adversaire à ma hauteur. À force de remporter la victoire haut la main à chaque tentative, j’avais fini par me lasser et je m’ennuyais au lieu de m’amuser. Or, une vie sans amusement n’est pas une vie, tout le monde sait ça. J’espérais donc que mon interlocuteur était joueur et qu’il serait un bon adversaire.
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La demoiselle ou dame (je n'avais pas encore éclairci sa situation maritale) me donna son nom : Valérie Sphendus.
Il y avait quelque chose qui me faisait tiquer dans son nom... Il y avait vraiment des gens avec un nom de famille pareil en ce monde ? De quelle origine était-il exactement ? Était-ce européen ? Bon, avec ses yeux bleus et ses cheveux blonds, je ne m'attendais pas forcément à un nom japonais car il n'y avait normalement que dans les mangas que l'on pouvait trouver des jeunes femmes japonaises avec des cheveux blonds naturels, pour ne pas parler de couleurs de cheveux plus fantasques, mais quand même... La pauvre ! Franchement, je la plaignais pour avoir un nom pareil. J'ignorais si elle était célibataire ou mariée, mais une chose était certaine : dans le premier cas, elle avait tout intérêt à se marier et, dans le second, à divorcer afin de retrouver son nom de jeune fille. Malheureusement, je ne pouvais pas lui prodiguer ce sage conseil : elle risquait de l'interpréter comme une demande en mariage déguisée et ce n'était pas du tout ce que j'avais en tête. Non, mes intentions n'impliquaient rien de tel.
Non, on sait ce que ça implique : on veut plutôt se passer du mariage pour les choses un peu coquines...
Tu sais, tu n'as pas besoin d'expliquer mes propos. Je crois que nos lecteurs avaient très bien compris ce que je voulais dire.
Mais ils avaient compris que c'était en partie lié à l'attraction pour sa poitrine généreuse ?
Oui, ça aussi, ils l'avaient bien compris. Puis, tu arrêtes d'intervenir ?
Après m'avoir donné son nom, la demoiselle proposa autre chose de bien plus curieux : une sorte de petit jeu impliquant des défis, sachant que le perdant devait révéler certains de ses secrets au gagnant. Voilà un jeu bien curieux pour une jeune femme adulte ! Je me demandais ce qui la poussait à proposer une idée aussi dingue à un inconnu aussi... Dingue... que moi ? Ah, avec le recul, je voyais plus ou moins pourquoi. Oui, on me trouvait dingue. Elle ne faisait pas exception à la règle et avait envie de s'amuser. Vu comme ça, c'était assez clair, mais comme j'avais du temps à perdre, je n'avais pas de raison de refuser une proposition pareille. Au fond, qu'avais-je à perdre ? Je n'avais pas vraiment de secrets importants à préserver, surtout pas dans ce monde... Autant en profiter pour s'amuser !
En plus, on pouvait proposer certains défis coquins.
Oui, tu avais parfaitement saisi l'idée, l'ami !
- Un petit jeu ? C'est d'accord ! J'accepte. Proposez-moi votre défi et préparez-vous à être surprise !
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Je vis que mon nom intriguait Deadpool. Mais je ne voyais pas trop pourquoi. Avec mon physique, je ne pouvais clairement pas passer pour une japonaise pur souche, alors pourquoi un nom à consonance anglophone le perturbait comme ça ? C’était un peu bizarre, mais après tout, pas plus que lui… Puis vint le jeu. Une proposition comme celle que je venais de faire pouvait aisément passer pour douteuse, mais elle était sincère, de même que le compliment. J’eus cependant de la chance car il accepta immédiatement, sans poser de questions. Il me fallait donc trouver un premier défi, mais lequel ?
J’eus une assez longue hésitation. Cela faisait longtemps que je n’avais pas joué avec quelqu’un d’autre que mon cher mari, et les défis que nous nous imposions mutuellement étaient peut-être d’un niveau un peu trop élevé pour mon nouvel adversaire. Je devais donc revenir aux débuts de ce jeu et retrouver les premiers défis, ce qui n’était pas facile. L’idée me vint tout de même assez rapidement, et c’est avec un grand sourire que j’annonçai fièrement le premier défi :
-Alors ! On va commencer en douceur, avec un tuc qui ne devrait pas vous poser le moindre problème. Personne n’a jamais réussi à me suivre quand je courais sur les toits, serez-vous le premier ? Une course simple, disons de cette maison à celle qui est là-bas, avec plein de lierre dessus.
Tout en parlant j’indiquai les deux maisons concernées. La distance entre le départ et l’arrivée était d’une centaine de mètres, mais tout n’était pas couvert par les toits des maisons. Aussi il nous faudrait sauter un peu de temps en temps, mais heureusement ma tenue était adaptée à ce genre d’acrobaties, et celle de Deadpool encore plus.
Sans attendre la réponse de ce dernier je commençai à grimper agilement le mur de la première maison jusqu’au point de départ. Une fois en haut j’attendis qu’il me rejoigne, un sourire aux lèvres, prête à partir au quart de tour.
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Je souris en écoutant le défi proposé. Cela s'annonçait plutôt... Facile. En fait, tellement facile que ça en devenait suspect. La demoiselle me connaissait. Elle savait donc que j'étais plus agile et rapide que l'humain moyen, sans être non plus doté d'une super-vitesse. Je pouvais dépasser les meilleures athlètes humains sans trop de problèmes grâce à mon entraînement et mon facteur guérisseur qui me permettait de pousser mon corps au-delà de ses capacités normales. En toute logique, ce défi allait donc être du gâteau pour moi. Comment une simple femme pouvait gagner face à un homme doté de capacités comme les miennes ? C'était tout bonnement impossible.
Avec un petit sourire derrière mon masque, je grimpai près d'elle et répondis en la regardant.
- OK, beauté fatale. J'accepte ton défi. Si j'étais toi, j'abandonnerais immédiatement et je raconterais tous les détails croustillants de ma vie. Tu sais qui je suis, non ? Tu n'as donc aucune chance. Poupée, j'aimerais éviter les choses qui fâchent. C'est pour moi un plaisir de rencontrer une femme aussi charmante que toi et j'aimerais donc éviter de gâcher notre relation dans la mesure du possible.
Tout cela avait si bien commencé... Mais bon, puisque je me doute que tu ne renonceras pas, je suis prêt !
Et j'étais même plus que prêt. Quand on réveillait ainsi mon esprit de compétition, j'étais impitoyable. Pas de quartier ! Malheur aux vaincus ! J'avais la rage de vaincre... Vous- ai-je dit que je détestais perdre ? Vous ne vous en doutiez pas, je parie ! Et oui, je suis comme ça... Certains diront que je suis un mauvais joueur ou un mauvais perdant, mais tant pis...
Mon regard posé sur elle, j'attendis son signal de départ avant de me mettre à courir sur les toits, y employant tous mes moyens afin de l'impressionner. C'était dommage pour elle, mais je l'avais prévenue et elle avait choisi de ne pas m'écouter. Elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même... Quoi ? Non, mais... Impossible ! C'était quoi ce bordel ? Je comptais surprendre la demoiselle, mais ce fut au contraire cette dernière qui m'offrit une surprise de taille. Le genre de chose que je ne me serais pas imaginé auparavant... Du moins, dans le monde où j'avais atterri, où tout semblait finalement si... Normal.
Quel était donc cette surprise ? Vous n'allez pas tarder à le découvrir... Regardez juste en bas, lecteurs curieux. En attendant la grande révélation, disons que je ne m'attendais à trouver des gens capables de choses extraordinaires, surtout quand j'avais rencontré la personne qui possédait de tels dons tout à fait par hasard dans la rue. C'était comme si vous rencontriez Hulk à un arrêt de bus.
Bon, je reconnais que je ne sais pas si la comparaison est très pertinente, mais c'est la seule qui me vient à l'esprit.
Mais je vous en prie, jugez-en par vous-même et lisez en bas !
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Vent : pas trop fort et dans le bon sens.
Faune environnante : quelques oiseaux.
Taux de fatigue : presque nul.
Adversaire : trop sûr de lui.
Les conditions étaient optimales pour une victoire. Mais heureusement, il y aurait un peu plus de compétition réelle qu’avec une personne lambda. Du moins je l’espérais.
J’étais prête. Valérie Sphendus avait disparu, j’étais maintenant l’AT-42, un agent redoutable et surtout, imbattable à la course sur les toits. Deadpool allait en prendre pour son grade… J’allais lui en mettre plein les mirettes et il n’aurait pas le temps de comprendre ce qu’il se passait.
Ce fut le départ. Au début, je courais normalement. Un peu moins vite que lui, mais ça n’avait pas la moindre importance. Je reprendrais l’avantage aisément dans la partie plus…aérienne. Cette partie arriva d’ailleurs assez rapidement. D’un bond je me m’élançai vers le toit suivant. Trop court, bien sûr. Mais j’avais un autre atout dans ma manche : le pigeon qui passait par là allait devenir mon destrier. Utilisant mon pouvoir d’ESPer, je transformai le volatile en un aigle majestueux sur le dos duquel je me plaçai agilement. Coup de chance, la bête se montra docile et me laissa la guider jusqu’à destination : le toit suivant. Je n’allais pas non plus gagner la course en volant, faut pas exagérer…
Jetant un œil derrière moi, je vis Deadpool. Il n’en croyait pas ses yeux, le pauvre ! Je ne m’attardai pas plus sur lui et recommençai à courir, arrivant bientôt à la maison couverte de lierre, de laquelle je descendis tranquillement. Oh, et il va de soi que le pigeon était redevenu un pigeon ! Je ne voulais pas priver cet oiseau de la vie qu’il avait avant de me rencontrer, alors je l’avais bien sûr retransformé.
-Alors ? Je n’ai aucune chance ? Tu es bien gentil, mon grand, mais il n’est jamais bon de me sous-estimer. Ah, et puis si tu pouvais éviter de m’appeler poupée, j’apprécierais. Mon mari a des oreilles partout, et je crois que tu n’aimerais pas faire connaissance avec son katana. Maintenant, c’est à toi de proposer un défi.
J’étais un peu essoufflée, mais surtout cette course m’avait bien amusée. J’avais hâte de continuer.
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Non, mais c'était quoi, tout ça ? J'avais accepté un défi contre une femme humaine "normale", pas contre une mutante ou je ne savais quoi dotée de plein de pouvoirs différents ! J'avais un peu l'impression de m'être fait avoir sur ce coup-là. La surprise avait été telle que j'avais cessé de courir pendant un moment et m'étais écrasé au sol devant quelques passants avant de remonter sur les toits. Je connaissais des tas de nanas dotées de super-pouvoirs très cool, certaines capables de me mettre la pâtée, si elles le voulaient, mais elles n'étaient généralement pas du genre à frimer comme ça en pleine rue... Qui était vraiment la jeune femme en face de moi ?
D'ailleurs, c'était quoi, ce pouvoir qu'elle avait ? Elle avait changé un pigeon en aigle ! Était-ce de la magie ?
Je finis par arriver près d'elle. Elle était un peu essoufflée... Bon, au moins, elle était moins résistante à la fatigue que moi. C'était un atout que je pouvais utiliser lors de nos prochains défis.
C'était fini, le gentil Deadpool... Il était temps de passer aux choses sérieuses.
- Bon ! Je pense qu'il est l'heure des explications. Beauté, peux-tu m'expliquer tout ce que tu viens de faire ? J'ai sous-estimé la femme humaine normale qui se fait appeler Valérie Sphendus, mais qui es-tu vraiment ? Jusqu'ici, je n'ai vu personne accomplir de telles choses dans ton monde. Alors peux-tu m'expliquer comment tu peux faire tout ça ? Es-tu une mutante ou une magicienne ? Es-tu autre chose ?
Plus important encore : tu aurais dû m'en parler ! C'est presque de la triche...
Au sujet de ton mari, moi aussi, j'ai des katanas, je te signale ! Et je sais m'en servir ! En plus, je te rappelle que tu t'amuses à fréquenter des inconnus et à jouer avec eux en pleine rue. Il serait donc ridicule de sa part de se montrer jaloux... Jusqu'à preuve du contraire, tu m'as proposé ce défi et je n'ai rien fait d'indécent. Je n'ai pas essayé de te draguer, si ?
Bon, c'est l'heure de mon défi... Hmmm, laisse-moi réfléchir !
Que pouvais-je donc proposer à cette femme bizarre ? La question était assez difficile...
Après un moment de réflexion, l'idée me vint ! On allait bien s'amuser...
- On va jouer à un petit jeu : on a testé nos capacités physiques et nos pouvoirs. Très bien, ça, c'est fait. Maintenant, on va mettre à l'épreuve notre... talent !
Je te propose un karaoké : le vainqueur sera le plus applaudi de nous deux.
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Oh, il m’accusait de tricherie ? Il était mauvais perdant, en plus ? Dommage, à part ça il était vraiment sympa. Juste mauvais perdant. Mais tout le monde a ses défauts, bien sûr. Et celui-là collait malheureusement assez bien avec le personnage. C’est le problème quand on pense être le meilleur dans son domaine : on ne supporte pas d’être vaincu.
-Pardon, je me suis laissé emporter par mon goût du jeu. Je suis humaine, j’ai juste un pouvoir magique. Mais je n’ai pas triché, à aucun moment je n’ai dit qu’il était interdit d’utiliser la magie ! D’ailleurs si tu as un pouvoir, je ne t’empêche pas de l’utiliser à un moment ou un autre.
Et maintenant il s’attaquait à Loïc ! Bon, j’avais un peu provoqué ce genre de réaction, j’avais ma part de responsabilité.
-Mon mari sait très bien que je passe mon temps à jouer avec tout le monde et n’importe qui. Et s’il a une entière confiance en moi, chose justifiée, ce n’est pas le cas avec les autres. Tout individu qui parle avec moi a tout intérêt à mesurer ses paroles. Pour l’instant, tu n’as en effet rien dit de mal, mais je te préviens quand même. Quant à cette question d’indécence, je te prierai de te référer à ton regard quand on s’est croisés. Rappelle-moi où il était fixé ?
Le personnage de comics préféra changer de sujet plutôt que de poursuivre dans cette voie. Tant mieux, je n’avais pas envie de polémiquer avec un mauvais perdant, ça ne servait bien souvent à rien d’autre qu’à s’énerver mutuellement.
Il me proposa un défi de chant. Vainqueur à l’applaudimètre. Là, j’étais mal. Une légère grimace de dépit se dessina sur mon visage. S’il proposait ce défi c’est qu’il avait confiance en ses propres talents de chanteur, or on ne pouvait pas en dire autant de moi…
-Moi je veux bien, mais où est-ce qu’on va trouver un public ? Si tu as la réponse, ça marche, sinon comme moi je ne l’ai pas il va falloir trouver autre chose.
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D'après la demoiselle... Enfin, dame, parce que je savais maintenant qu'elle était mariée... Elle était une humaine avec un pouvoir magique. D'accord, mais je connaissais peu d'êtres humains qui disposaient de ce genre de choses ! Cela sonnait quand même drôlement "mutant" pour moi, mais je n'avais pas de preuves pour étayer ma théorie. Tant pis... Au fond, ce qu'elle était, je m'en fichais un peu.
Je retenais surtout qu'elle n'était pas célibataire et ça m'énervait vraiment. Tous mes projets de séduction tombaient à l'eau !
- Mon pouvoir, c'est juste que je me régénère super bien ! À moins de te défier dans un jeu du genre "encaisse les balles ou les coups de couteau", voire un test d'endurance, je ne pense pas que je puisse exploiter mon pouvoir convenablement. Je pourrais te proposer un défi de ce style-là, mais j'aurais l'impression d'être un sale tricheur malhonnête ! Ce ne serait pas très juste pour toi...
Bon, ça serait sans doute amusant pour moi, mais vraiment pas cool pour toi ! Tu es d'accord avec moi, non ?
Et voilà en plus qu'elle défendait ardemment son mari, en bonne femme aimante. Oui, allez, rappelle-moi comme tu l'aimes ! Enfonce un peu plus le couteau dans la plaie ! Je n'avais franchement rien à répondre à tout cela, de toute façon. En revanche, quand elle aborda où j'avais posé mon regard, ce fut tout autre chose... J'avais tout de même ma fierté.
- Oh, ça va ! Oui, mes yeux étaient posés sur tes seins ! Oui, tu as des gros seins qui attirent le regard... Oui, comme tout homme, je ne suis pas insensible à une vue aussi agréable. Et non, je n'en ai pas honte ! J'étais bien content de les poser là et de mater. Au fond, je suis un type correct malgré tout ! Je ne t'ai pas touchée, je ne t'ai pas fait des avances non plus...
Je suis un type cool avec les femmes, sauf dans certaines circonstances, mais je respecte un minimum certaines choses.
Franchement, c'était vrai : j'étais peut-être un peu pervers, mais les femmes méritaient quand même un peu de considération.
Bon, il était temps de passer à la prochaine épreuve !
- J'ai repéré un karaoké bar. Il est à quelques rues d'ici. Suis-moi !
Je me dirigeai donc vers ce dernier en sautant sur les toits avant d'atterrir dans la rue, sans vraiment faire attention aux témoins potentiels. Comme on était plus ou moins aux heures de sortie de bureau ou de cours, l'établissement commençait à se remplir petit à petit. Il y avait en effet quelques étudiants venus se détendre, ainsi que des lycéennes en tenue d'école et des hommes d'affaires. On allait avoir notre public...
- Bon, veux-tu passer en première ? Honneur aux dames ! dis-je en souriant derrière mon masque.
-
En effet, son pouvoir, si c’en était vraiment un, ne se prêtait pas trop au jeu que nous jouions. Il n’avait pas de chance, ça aurait pu être intéressant de voir son pouvoir à l’œuvre mais ça n’allait pas être possible. Tant pis.
Je ne parvenais même pas à être flattée de son « compliment », que j’avais déjà entendu trop souvent pour y être encore sensible. Je savais très bien ce que mon physique provoquait comme réactions chez la gent masculine, et je m’étais lassée de l’entendre. J’espérais tomber un jour sur quelqu’un que je laisserais totalement indifférente, mais jusque là, à part certains de mes collègues…
Pas de bol, Deadpool savait où trouver un public : un karaoké-bar. Il partit sur les toits pour me guider. Mais je préférais marcher sur le sol. Je n’avais pas envie de trop me donner en spectacle, j’étais quand même censée passer pour une femme ordinaire. Je le suivis donc, tête levée et courant pour ne pas le perdre de vue, jusqu’audit karaoké-bar.
Il y avait du monde. On était à l’heure de fin des cours, il n’était pas étonnant de voir des lycéens portant encore leur tenue scolaire. D’ailleurs, des lycéennes surtout. Les garçons présents étaient généralement plus âgés. Mais dans tous les cas, ça faisait du monde, et l’établissement continuerait sûrement de se remplir au fil de la soirée.
Mon adversaire me proposa de passer en premier. Avec cependant une petite faute de langue, mais je n’allais pas m’attarder là-dessus, j’avais bien mieux à faire. Je retirai les écouteurs de mes oreilles, de toute façon j’avais déjà éteint mon baladeur depuis longtemps. Puis je m’avançai un peu, avant de me rendre compte que, n’étant jamais entrée dans un tel endroit, je ne savais pas du tout comment ça fonctionnait.
-D’accord pour passer en premier, mais tu m’expliques les modalités.
[HRP : J'ai pas d'inspi, désolée.]
-
Je m'assis tranquillement à une table, l'air de rien, et répondis à la dame qui désirait connaître les modalités de l'épreuve.
- Lady, le jeu est très simple ! Enfantin, même...
Il te suffit de choisir une chanson, d'aller sur scène et de faire le show le temps que durera la chanson. Tu as de la chance : ton calvaire durera environ trois ou quatre minutes. Une fois que tu auras fini de chanter, nous écouterons sagement les réactions du public. Ensuite, ce sera à mon tour de passer sur scène et de faire la même chose. Après cela, nous comparerons nos résultats : celui qui aura obtenu le plus d'enthousiasme et d'applaudissements de la part du public sera déclaré vainqueur de cette épreuve. L'autre n'aura plus qu'à pleurer en se lamentant sur son manque effroyable de talent. L'autre étant toi, bien sûr.
Bien sûr, si cela te dérange, tu peux également déclarer forfait. Cela fera de moi le vainqueur, ce qui impliquera une égalité entre nous, et nous pourrons passer à la troisième épreuve afin de nous départager.
Enfin, tu ne vas tout de même pas te dégonfler devant moi, pas vrai ?
Je la regardai en souriant derrière mon masque, les mains croisées sous le menton. Elle m'avait nargué avec son pouvoir et je comptais bien lui rendre la pareille, mais sans pouvoir cette fois. Pendant notre discussion, quelques candidats passaient. Le dernier chanteur en date était un homme d'âge moyen, visiblement un businessman à en juger par son costume, qui s'égosillait sur je ne savais quel tube japonais un peu gnan-gnan.
La musique japonaise n'était définitivement pas mon truc. Ils n'avaient pas quelques tubes anglophones ici ? Bon, je ne demandais pas des hits récents, mais au moins des classiques : Elvis, les Beatles, les Beach Boys, Weird Al Yankovic... N'importe quoi ! Je parlais japonais, ce n'était pas le problème, mais je n'accrochais franchement pas à leur musique. C'était comme ça... Chacun son style, non ?
Finalement, après quelques minutes de supplice (à en juger par la tête des autres personnes présentes, je n'étais pas le seul à le penser), l'homme libéra la place sur scène. Ce n'était pas trop tôt... Il avait chanté au ralenti pour durer aussi longtemps ou quoi ? Cela m'avait semblé interminable. Bref, ce n'était plus un problème... Nous allions enfin pouvoir commencer notre petit jeu si amusant.
- À toi de jouer ! dis-je à ma partenaire de jeu pour l'encourager.
On allait voir ce qu'elle avait dans le ventre... Quelque chose me disait que j'allais m'éclater un max !
-
C’était simple, oui. Très simple, et sur ce point au moins j’étais rassurée. Là où je l’étais moins, c’étais pour ma performance en elle-même. J’étais douée en chant, mais probablement pas assez pour rivaliser avec lui, sinon il ne ferait pas autant le fier.
Il me lança justement une autre petite pique, espérant sûrement me faire abandonner ou au moins me déstabiliser. Peine perdue, je n’avais pas l’intention de me laisser manipuler de cette façon. Je fis un sourire de défi à mon adversaire et me dirigeai vers la scène. L’homme qui était en train de chanter se débrouillait…mal. Très mal. Plusieurs personnes présentes grinçaient des dents en espérant que ça se finirait bientôt.
Et ça dura longtemps, il me semblait que les aiguilles de l’horloge tournaient au ralenti juste pour nous agacer. Mais ça se termina enfin, et Deadpool me signala que c’était à mon tour.
La chanson que j’avais choisie était celle que j’écoutais avant de rencontrer mon adversaire. Une des rares que je connaissais vraiment par cœur. Ma chanson préférée, celle que je ne me lasserai jamais d’entendre et que j’allais maintenant chanter. Je m’éclaircis brièvement la gorge, pris le micro et commençai à chanter :
Take me down to the river bend,
Take me down to the fighting end,
Wash the poison from off my skin
Show me how to be whole again.
Fly me up on a silver wing
Past the black where the sirens sing
Warm me up in a nova's glow
And drop me down to the dream below.
Cause I'm only a crack in this castle of glass
Hardly anything there for you to see.
For you to see…
Bring me home in a blinding dream
Through the secrets that I have seen
Wash the sorrow from off my skin
And show me how to be whole again.
Cause I'm only a crack in this castle of glass
Hardly anything there for you to see.
For you to see…
Cause I'm only a crack in this castle of glass
Hardly anything else I need to be…
Cause I'm only a crack in this castle of glass
Hardly anything there for you to see.
For you to see
For you to see.
Ma voix s’éteignit après ces derniers mots. Les applaudissements furent nombreux, plus que ce à quoi je m’attendais. Je descendis de la scène pour aller m’assoir à côté de Deadpool. Pas le moindre sourire, pas la moindre expression ne filtrait sur mon visage.
-
J'étais ravi de constater que ma chère adversaire ne se laissait pas déstabiliser. J'avais presque tout fait pour la décourager et la dissuader de chanter, mais elle n'avait pas renoncé pour autant. Je devais applaudir sa détermination et sa force de caractère. J'appréciais aussi de la voir entrer dans mon petit jeu sans crainte de se ridiculiser. Oui, j'avoue que j'avais eu quelques préjugés à son égard. Je pensais qu'une femme comme elle refuserait de participer à une telle chose parce que l'image que je m'étais fait d'elle était celle d'une femme fière et arrogante. Je m'étais donc attendu à une réaction du style "je suis trop bien pour ce genre de jeu ridicule". Non, au contraire... Comme quoi, je l'avais sans doute très mal jugée, sur ce coup-là ! Cela arrive même aux meilleurs comme moi, n'est-ce pas ?
Elle se rendit donc sur scène et chanta le morceau qu'elle avait choisi. Il me disait plus ou moins quelque chose... Je ne savais plus trop où je l'avais entendu, mais j'étais certain de le connaître. Oh, ce n'était pas un morceau de ce groupe de rock ou un truc du genre qui mélangeait ses chansons avec un peu de rap ? Un groupe qui avait connu un certain succès au début des années 2000 ? Je ne me souvenais plus trop du nom de ce groupe... Je crois que c'était quelque chose comme Parking Park... Ou Blocking Park ? Ou Finding Dark ? Ou bien Fucking Bark ? Cela ne me revenait plus !
Finalement, elle ne chantait pas trop mal. D'ailleurs, les applaudissements à la fin de son morceau ne trompaient pas : le public était parvenu à apprécier sa prestation.
Quand elle revint vers moi, je ne pus m'empêcher de l'applaudir lentement et de la féliciter.
- Bravo, bravo, bravissimo ! Je pensais que tu allais te dégonfler, mais non ! Tu m'as littéralement coupé le souffle. Tu as bravement résisté à mes tentatives d'intimidation et tu as donné une prestation du tonnerre ! C'était du grand art, ma chère ! Dommage que je n'ai pas songé à l'enregistrer pour la diffuser ensuite sur internet... Crois-moi, tu aurais fait un carton !
Bien, je crois que c'est mon tour ! Et c'est parti pour le show du siècle !
Je bondis donc sur scène et saluai la foule.
- Salut la foule ! Je dédicace ce morceau à toutes les filles et à une dame en particulier car vous avez toutes besoin de vous éclater !
Aussitôt après, je commençai à chanter la chanson choisie : "Girls just want to have fun" de Cyndi Lauper. C'était un choix curieux, vous me direz, mais j'y mis tout mon enthousiasme et ne cherchai aucunement à la chanter sérieusement, comme en témoignait ma voix de fausset et ma gestuelle qui imitait celle d'une adolescente niaise et caricaturale à souhait. Le but était d'amuser la galerie pour avoir du succès.
I come home in the morning light,
My mother says when you gonna live your life right,
Oh mother dear, we're not the fortunate ones,
And girls, they want to have fun !
Oh girls just want to have fun !
The phone rings in the middle of the night,
My father yells what you gonna do with your life,
Oh daddy dear, you know you're still number one,
But girls, they want to have fun !
Oh girls just want to have fun !
That's all they really want,
Some fun,
When the working day is done,
Girls-- they want to have fun !
Oh girls just want to have fun !
Some boys take a beautiful girl,
And hide her away from the rest of the world,
I want to be the one to walk in the sun,
Oh girls they want to have fun !
Oh girls just want to have fun !
That's all they really want,
Some fun,
When the working day is done,
Girls--they want to have fun,
Oh girls just want to have fun,
They want to have fun,
They want to have fun...
À la fin, la foule amusée applaudit la prestation fun et ridicule du chanteur masqué, à savoir moi. À en juger par le son, je croyais bien que j'avais remporté cette manche. Quand il s'agissait de faire quelque chose de dingue et de réussir malgré toutes les probabilités d'échec, j'étais plus ou moins le maître. Je parvenais presque à accomplir des miracles dans mon domaine de prédilection. On pouvait dire de moi que j'étais complètement décalé, mais au moins, j'étais bon dans quelque chose : on ne pouvait pas en dire autant de certaines dilettantes qui n'avait tout simplement aucune spécialité.
Je retournai donc vers ma rivale en effectuant une danse de la victoire.
- Je crois que nous sommes à égalité, lady !
-
Si cet homme pensait que j’allais me dégonfler, eh bien maintenant il savait que ce n’était pas mon genre ! Le minimum syndical demandé à un Agent, c’est la volonté et la résistance à la manipulation. On ne peut pas, ou très difficilement, faire changer un Agent d’avis de cette façon. Il n’y avait donc aucune chance que j’abandonne. D’autant moins que j’aimais beaucoup ce type de jeu et que mon esprit de compétition me poussait à aller jusqu’au bout pour voir quelles étaient nos capacités respectives.
Le ridicule ne tue pas. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. Et ce qui nous tue nous rend plus mort, mais c’est une autre histoire. Deadpool avait parfaitement intégré ce principe, puisque lorsqu’il monta sur scène il se ridiculisa avec un talent hors du commun. Qui aurait cru qu’un tel homme pouvait aussi bien imiter une caricature d’adolescente ! Et non seulement il imitait bien, mais en plus son costume le rendait encore plus comique !
Tout le monde, moi y compris, riait aux éclats. La chanson était bien chantée, les gestes et le choix du ton de voix étaient parfaitement adaptés… Je n’avais désormais plus le moindre doute sur sa victoire écrasante pour ce défi.
Quand il revint vers moi avec une petite danse de victoire, j’applaudissais à m’en exploser les mains. J’avais tellement ri que ma mâchoire me faisait mal.
-Bravo ! Alors là, vraiment bravo ! Je ne peux que m’incliner devant votre victoire incontestable, cher monsieur !
Ce que je fis, autant par réelle politesse que pour me donner raison.
-Et maintenant, comme nous sommes effectivement à égalité, je vais devoir choisir un troisième défi. Voyons voir…
Je me calmai un peu pour poser ma tête dans mes mains et réfléchir…à tête reposée. [Jeu de mots involontaire.]
Nous avions testé notre vitesse, notre agilité et j’avais ajouté mes pouvoirs. Puis nous avions testé notre talent. Certes, dans un domaine bien précis et restreint, mais ça n’avait pas grande importance. Que nous restait-il donc à tester ensuite ? Il y avait la force, l’intelligence… Sur ces deux points je me pensais capable de rivaliser avec lui, mais j’avais envie de quelque chose de plus original. L’idée me vint soudain, et un immense sourire barra à nouveau mon visage. Une lueur malicieuse s’alluma dans mes yeux.
-J’ai une idée, mais si elle ne te plaît pas tu peux me le dire, j’en prendrai une autre. Voilà le topo : on va tester notre jeu d’acteur, en gros. Je vais me déguiser en homme, tu vas te déguiser en femme, et nous allons nous balader dans une rue pleine de monde. Le premier ou la première qui arrêtera d’être crédible aura perdu. Tu as un talent indéniable pour caricaturer, mais sais-tu doser tes attitudes ?
-
Le troisième défi me fit sourciller. Bon, la demoiselle ne le voyait pas à cause de mon masque et je n'avais plus vraiment de sourcils non plus, de toute façon, mais cela me fit sourciller quand même... Mentalement, si vous préférez. Elle désirait jouer à un étrange petit jeu de travestissement, sans doute inspirée par mon petit numéro sur scène ! C'était quelque peu inattendu de sa part, mais ce n'était pas mon plus gros problème avec l'épreuve. Non, le principal inconvénient que je voyais, c'était... Mon physique. Pas seulement mon visage terriblement laid, mais aussi mon corps grand et musclé, bien trop masculin pour tromper les gens, même en essayant de me faire passer pour une lanceuse de poids de l'Europe de l'est. Comment je pouvais seulement remporter cette épreuve ? Masqué ou non, je n'avais littéralement aucune chance...
Sans doute en avait-elle conscience ? En tout cas, je n'allais pas la laisser faire ! J'avais aussi mon mot à dire.
- Woh woh woh, poupée ! Doucement, là ! Comment vais-je parvenir à jouer une femme crédible alors que je suis obligé de rester masqué ? Je suis forcé de cacher mon visage à la vue de tous, que cela me plaise ou non, et je suis bien trop musclé pour tromper qui que ce soit, à moins d'être vraiment très pervers ou aveuglé par son entrejambe, ce qui est sensiblement la même chose.
Oui, je ne sais pas si tu sais, mais je suis très très très... Moche. Cela ne me fait pas plaisir de le dire comme ça, mais comme c'est moi dont on parle, j'ai le droit de dire que je suis moche et de me moquer de mon propre physique. Personne ne voudra m'approcher si j'enlève mon masque. Si je le garde, personne ne me prendra au sérieux une seconde. Bref, c'est mort !
En plus, comment peux-tu toi-même espérer passer pour un homme, avec les énormes nichons que tu agites constamment sous nos yeux ?
Ce n'est pas une façon de parler aux dames, ça. On risque de le regretter. La dame a beaucoup de caractère.
Allez, il faut reconnaître qu'elle a une sacrée paire et qu'on n'arrête pas de la regarder ! Elle est si... Ouah !
Avec le recul, parler comme ça de sa poitrine n'était effectivement pas une bonne idée, mais c'était déjà trop tard... Que pouvais-je faire maintenant ? Une idée me vint : j'allais essayer de noyer le poisson en continuant de parler. Elle allait probablement oublier ce que je venais de dire. Bref, je repris donc la parole pour ajouter quelques lignes de dialogue afin de noyer la partie sur les nichons dans la masse.
- Je pense qu'il faudrait une idée plus crédible... Comme un concours de chimichangas ou d'orthographe, par exemple ! Tiens, je parie que tu ne sais pas épeler le mot "duodénum" ? Ou même "chimichanga" ? Tu vas voir, ce n'est pas si compliqué, en fait... Si tu es sage, je te montrerai même ce qu'est un chimichanga. C'est vraiment bon, tu peux me croire. Cela dit, il faut aimer la cuisine mexicaine...
Sinon, hmmm... Tu aimes les films de gladiateurs ? Et les armes à feu ? Et les chats ? Et les chats gladiateurs qui tiennent des armes à feu ?
Avec ça, mon plan était infaillible ! Je ne pouvais pas échouer. Elle allait totalement oublier ce que je venais de dire sur sa poitrine...
-
Je ne pensais pas que mon idée de défi puisse le mettre autant mal à l’aise ! Mon adversaire, bien embâté, m’engueula presque pour me dire que c’était une très mauvaise idée. Bien sûr, je le savais pertinemment. S’il avait accepté, j’aurais trouvé une échappatoire pour proposer un autre jeu à la place. Je n’aime pas trop les jeux vraiment inégaux, et celui-là l’était clairement.
-Tout doux… C’était juste une boutade, t’inquiète. Je ne vais pas te faire faire ça, ce serait pas équitable. Et sache que j’ai pas mal d’astuces pour cacher ma poitrine.
J’étais un chouia vexée par sa façon de mentionner ce détail. Oui, j’avais une poitrine généreuse, oui c’était assez voyant, mais non, je n’aimais pas qu’on me le dise de cette manière. Et sa piètre tentative pour noyer le poisson ne marchait pas très bien.
-Bon, déjà, je sais épeler duodénum, ensuite je sais ce qu’est un chimichanga, et enfin si tu veux un défi avec des mots tu vas en avoir un ! Et cette fois tu n’as pas le droit de refuser. On va faire un picali, c’est un jeu en trois manches, fonctionnant toutes sur un même principe.
La première manche, c’est le jeu Pigeon-vole. Chacun son tour, on donne le nom d’un objet ou d’un animal, et l’autre doit dire si ça vole ou pas. Le premier qui se trompe a perdu. La deuxième manche, c’est le Caillou-coule. Même principe, mais il faut savoir si ça coule ou si ça coule pas. Et la troisième manche, c’est Lion-rugit. Je ne pense pas avoir besoin d’expliquer, même en ayant le regard scotché sur ma poitrine tu as dû écouter et comprendre ce que je disais.
Je lui jetai un regard de défi où transparaissait légèrement ma vexation. Si avec ça il n’avait pas compris…
-
J'avais peut-être été trop loin avec tout ce que j'avais dit... En tout cas, la dame avait retenu ce que j'avais dit sur sa poitrine et ça ne lui plaisait pas forcément. En même temps, était-ce de ma faute si elle avait d'énormes nichons ? Je pouvais très bien dire les choses autrement, mais ça restait la vérité ! Oui, elle était très gâtée sur ce plan et ça attirait facilement le regard masculin. D'ailleurs, depuis que j'avais abordé le sujet, j'avais du mal à détacher mon regard de cette vue si agréable. Ah... Exactement comme je les aime : opulents, ronds et fermes ! Bon, je n'avais pas vérifié la fermeté, mais je la devinais...
- Comment tu peux cacher quelque chose comme ça ? Ils sont... Vraiment gros ! Et beaux aussi... En plus, c'est assez dommage de cacher une telle merveille ! Tu es tellement belle avec eux... Cela met ta beauté en valeur. Si j'étais un toon, je crois que je crierais un truc du genre "Helloooo nurse !", mais comme je suis un personnage de comics, je ne peux malheureusement pas."
Elle reprit la parole pour proposer plusieurs épreuves. Je secouai alors la tête avant de la regarder dans les yeux. Malheureusement, mon regard ne put s'empêcher de redescendre de temps à autre. Bien malgré moi, j'étais incapable de rester concentré sur son joli minois. J'avais plutôt envie d'explorer ces monts qui promettaient une escalade vertigineuse...
- Pas le droit de refuser, dis-tu ? Bien... Nous ferons donc selon ta volonté, beauté ! Picali ? Quel nom rigolo !
Je ne pus m'empêcher d'éclater de rire, puis ajoutai en reprenant mon souffle :
- Pigeon-vole ? Il faut dire si quelque chose vole ou non ? Ouais, ça paraît facile ! Caillou-coule aussi, ça devrait aller... Lion-rugit aussi, à la limite ! En fait, tout est assez facile... Je pense que je vais assurer ce défi !
Après quelques secondes, sa dernière phrase fit tilt dans ma tête. Je remarquai en même temps la vexation qui se lisait dans le regard de mon interlocutrice. Apparemment, elle avait vraiment mal pris ma remarque on ne pouvait plus innocente sur sa paire sublime... C'était dommage, mais pas mal de femmes réagissaient comme ça ! Je repris donc la parole afin de me défendre.
- Eh ! Je n'avais pas le regard scotché sur ta poitrine ! Enfin... Pas tout le temps ! Bon, changeons de sujet, veux-tu ? Commençons plutôt l'épreuve ! Franchement, ce n'est pas si grave ! Des tas d'hommes doivent te regarder et ça n'a rien de terrible, tu sais... Tu es une très belle femme et tu dois faire beaucoup d'envieux. Je l'admets, j'en fais partie !
Avec cela, elle devait être rassurée... Je lui avais dit plein de trucs gentils et j'avais même fait preuve de sincérité ! Que demander de plus ?
-
Il avait beau se défendre, je voyais bien qu’il était quand même en train de loucher sur les deux ballons qui ornaient mon buste. Je m’efforçais de ne pas trop y prêter attention, mais ça m’énervait un peu. Aujourd’hui, je n’avais décidément pas envie de jouer la belle.
Il ne tilta pas tout de suite pour le fait qu’il m’avait vexée. Mais quand ça monta à son cerveau, il fit une énième tentative maladroite de se rattraper. Puis, voyant qu’il n’y arrivait clairement pas, il proposa de commencer immédiatement le défi. Je posai les coudes sur la table, la tête dans mes mains, et fermai les yeux.
-Hmm… Est-ce que le pigeon vole ?
La réponse mit un certain temps à me parvenir, Deadpool avait sûrement mis une petite seconde à comprendre que j’avais commencé sans prévenir.
-Oui. Enfin, sauf si ton pigeon a une aile cassée, mais normalement il vole, oui. Est-ce qu’un parapluie vole ?
-S’il y a beaucoup de vent, oui, sinon non. Euh… Un fusil ?
-Non ! Un pickpocket ?
Je marquai un temps de pose. Un pickpocket… Quelqu’un qui vole les affaires des gens… Qui vole… C’était un petit piège comme je les aimais.
-Vole ! Une trompette ?
-Ne vole pas. Un chat ?
Je me mordis les lèvres. J’avais failli dire une bêtise, du genre « avec un bon coup de pied à l’arrière-train »… Mais non, mieux valait rester sérieuse, même si c’était un jeu. Mais si je commençais à délirer complètement, ça allait mal finir.
-Ne vole pas… Un kiwi ? L’oiseau, j’entends, pas le fruit.
La réponse vint du tac au tac. Trop sûr de lui, mon adversaire n’avait certainement pas pris le temps de réfléchir et s’était fié au mot « oiseau » :
-Vole !
-Eh non… Le kiwi fait partie de ces oiseaux qui sont désespérément cloués au sol… J’ai gagné cette manche, c’est à toi de commencer la suivante.
-
Héhé, je devais avouer que les petits jeux de la blonde étaient assez amusants. Elle était clairement moins ennuyeuse que je l'avais cru au début. Lors de notre rencontre, sa poitrine volumineuse avait été la seule chose digne d'intérêt à mes yeux. Je constatais maintenant qu'il n'y avait pas que ça. La belle aimait aussi les jeux ridicules et enfantins... C'était presque la femme parfaite !
Avouons que c'était surtout la femme parfaite à cause de ses énormes nichons parce qu'on adore les mater !
Non, on adore aussi son esprit et son sens de la répartie. Son sens de l'humour est également un autre atout.
Les gars, ne vous disputez pas ! Vous marquez tous les deux un point, d'accord ? J'aime ses nichons ET son esprit.
Finalement, le jeu commença. Quelques mots défilèrent et aucun de nous ne fit une faute. Elle ne tomba même pas dans le piège que je lui avais tendu avec le mot "pickpocket". La belle était vraiment maline... Très maline. Assez curieusement, elle eut un temps d'hésitation sur le mot chat. Pourquoi donc ? Avait-elle déjà vu des chats ailés ? Y avait-il une espèce de chat dont j'ignorais l'existence ? Remarquez, ça éviterait les chats qui restent bêtement bloqués dans les arbres et, de fait, les interventions de pompiers pour leur porter secours... Les experts en génétique devraient méditer là-dessus.
Étrangement, je commis une erreur. J'eus malheureusement un instant d'inattention et avais oublié certains mots de mon adversaire. Enfin, ça ou je n'accordais aucune attention à ce qu'elle me disait, étant trop concentrée sur autre chose... Bref, la raison importait peu en comparaison du résultat et ce dernier était évident : j'avais méchamment perdu cette manche.
Je ne peux pas croire que tu te sois laissé avoir. On est fort pour les jeux de mots, d'habitude.
Oh, ça va, j'ai fait exprès de perdre ! Je voulais simplement faire plaisir à la demoiselle, d'accord ?
C'est cela, oui...
Oui, j'étais de mauvaise foi avec moi-même... Enfin, avec les voix dans ma tête, techniquement. Cela vous surprenait ?
Pour une fois, je me montrai fair-play et félicitai mon adversaire :
- D'accord, t'as gagné ! Félicitations ! Passons maintenant au caillou-coule, d'accord !
Allez, prépare-toi... Une grenouille !
- Ne coule pas ! Du moins, tant qu'elle nage... Une clé ?
- Coule ! Un nez ?
Mon adversaire eut un moment d'hésitation et lâcha finalement :
- Coule !
- Ouais, mais seulement quand il est enrhumé ou souffre d'une allergie, et je n'ai jamais dit que c'était le cas...
Bien, quoi ? J'avais bien le droit d'être encore de mauvaise foi. Puis, pour tout vous dire, j'avais envie de gagner, et ce par n'importe quel moyen.
-
[HRP : Ma couleur de parole, c'est crimson.]
Mon adversaire paraissait surpris de sa défaite, et un peu déçu aussi. Comme je le savais mauvais perdant, j’avais fait attention à ne pas paraître trop triomphante. Heureusement, il ne s’énerva pas, me félicita simplement et passa à la suite.
La deuxième manche fut beaucoup plus courte que la première. En trois mots j’avais perdu. Le nez qui coule m’avait eue. (oh la blague pourrie…)
-Ah oui, c’est vrai. Mince, j’ai pas fait attention…
J’eus un petit rire d’autodérision. Je m’étais inconsciemment reposée sur mes lauriers et ça m’avait coûté la victoire. Tant pis pour moi. C’était maintenant la fin du jeu, une dernière manche et nous saurions enfin qui avait gagné…
-Alors, attention dernière manche, et après ce sera terminé. Est-ce que le lion rugit ?
Facile. Très facile même.
-Bien sûr. L’homme ?
-Il imite, mais c’est pas toujours bien réussi. Ou alors c’est Ron dans Harry Potter. Une locomotive ?
J’étais sûre qu’il allait éviter mon piège facilement, mais sait-on jamais.
-Rugit, d’une certaine façon.
Bingo. Cette manche était un peu idiote, puisque très peu d’animaux rugissaient, mais ajouter le sens figuré pouvait la rendre un peu plus intéressante. Mais pas beaucoup, juste un petit peu, histoire qu’on ne s’ennuie pas trop.
-Un chat ?
-Pas vraiment, non.
Là j’étais moins sûre. Les chats miaulent, certes, mais rien ne disait qu’ils n’avaient pas une forme de cri qui se rapprochait vaguement d’un rugissement. J’attendis donc de voir la réaction de Deadpool avant de proposer le mot suivant.