Le Grand Jeu
Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre => Les alentours de la ville => Discussion démarrée par: Filomena Cathreen Blanche le lundi 18 mars 2013, 16:08:30
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« Bien sûr, je comprend monsieur le commissaire. Je n'outrepasserais certainement pas les droits que vous me donnez. »
Fila était dans le bureau du commissaire depuis près d'une heure. Elle était venue lui demander si elle pouvait observer le travail des policiers, pour son prochain bouquin sur les aventures de Lady Fire. Elle voulait en effet la faire rencontrer un flic, un peu badass, mais profondément honnête et de qui elle s'amouracherait au moins le temps du livre. Pour cela, elle tenait à connaître son sujet à fond.
Bien évidemment, elle avait dû révéler au commissaire son identité d'auteur, mais il avait signé le contrat de confidentialité, avant de lui exposer clairement les limites de l'autorisation qu'il lui accordait.
1) Elle devrait se contenter d'observer et ne pas interférer dans le travail du policier.
2) Elle n'aurait aucun droit à une arme en dehors d'une salle d'exercices de tir, mais seulement à un badge lui confirmant son statut d'observatrice.
3) Elle obéirait en tout point aux directives de l'agent qu'elle observerait, surtout durant une intervention ou une enquête.
4) Etc.
Elle prit le badge que lui tendait le commissaire, et l'accrocha à la petite veste blanche de tailleurs qu'elle portait. En-dessous, un bustier d'un rouge profond pour mettre en valeur sa poitrine. Fila avait le sens de la mode, et de l'esthétisme. Elle ne faisait pas ça pour se faire remarquer. Elle aimait juste être élégante et à son avantage. La veste de tailleur avait quatre gros boutons noirs. Les deux premiers n'étaient pas fermés, mais le troisième et le quatrième l'étaient, mettant ainsi en valeur la finesse de sa taille. Un jean blanc moulait ses fesses, ses cuisses et ses jambes, accentuant la taille sensuelle qu'elle possédait. Et pour finir, une ceinture noire maintenait le jean contre sa peau tandis qu'une paire de bottines noires cachaient ses pieds. Le talon de ces dernières n'était pas excessif. A peine cinq centimètres. Ses cheveux roux, eux, étaient ramenés en queue de cheval à l'arrière de son crâne, ne laissant que deux mèches pour encadrer souplement son visage fin.
« Une dernière question commissaire. Allez-vous mettre votre commissariat au courant de mon identité d'auteur, ou bien me présenterez-vous juste comme une observatrice ? »
« Ils n'ont pas besoin de savoir pourquoi vous êtes-là. Une simple observatrice suffira. Ils imagineront sans doute bien assez ce que vous êtes. Bien, allons trouver celui que vous suivrez. »
Elle le remercia, et ils se levèrent. Elle le suivit jusqu'à la porte de son bureau. Il s'arrêta sur le seuil, et prononça d'une voix forte (pour ne pas dire "gueula") :
« VALMY ! »
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« VALMY ! »
La réponse fusa aussi sec, comme si il s’agissait d’une seconde nature chez Gabriel. C’était une manière pour cet homme de faire comprendre à quel point son autorité, il pouvait se la mettre bien profondément, il n’avait qu’un seul maitre : lui-même. Et le commissaire l’entendit haut et fort.
« TA MERE, SAC A MERDE ! »
Oui, tout en gentillesse, il était à la fois doux aimable, obéissant et serviable le Gabriel… ou pas. Non, en fait il était tout le contraire. Il était odieux, mauvais, vicieux. Un vrai salaud et fait comme en pensée. Et surtout, surtout, surtout, il avait horreur de travailler tôt : avant dix heures du matin, c’était trop tôt, travailler le soir ne le dérangeait pas outre mesure, mais travailler tôt... Il était là depuis cinq heures et demie… il fallait bien tourner sur les horaires pénibles de la journée. Tu parles, le boss arrivait à heures fixes.
Toutefois, il dut bien finir par obtempérer et se leva de son siège inconfortable auquel on s’habituait bien vite pour venir voir ce qu’il y avait exactement avant de venir se rasseoir. Il avait mis une bonne dizaine de minutes à se décider à se magner les miches pour se lever. Il ne fallait pas être pressé avec lui….
Il arriva devant le bureau du patron et n’eut même pas un regard pour lui. Il lorgna ^par contre rapidement et sans vergogne la nénette qui se trouvait juste derrière lui, ses yeux s’attardant sur les dons de mère nature…
« Primo, Valmy, prochain manque de respect, c’est suspension… mise à pied et suspension de salaire pendant cette période. »
Etrangement l’idée de ne pas êre payé pendant plusieurs jours calma son aigreur et lui mit une claque en pleine gueule, il devint sérieux pour écouter la suite.
« Et secundo ? »
« Secundo, voici une personne qui agira en tant qu’observatrice, c’est avec vous qu’elle restera jusqu’à ce qu’elle ait ce qu’elle cherche, elle souhaite mieux connaitre les us et couumes au sein de la brigade criminelle… et c’est sur vous que le hasard est tombé. Vous prendrez soin d’elle et veillerez à lui faire partager votre travail quotiden… »
Merde… Gabriel en resta pantois quelques instants avant de se reprendre et lança alors à la jeune femme un regard meurtrier avant de répondre, sur un ton cassant.
« En gros je prends soin du bébé, veille à ce qu’elle mange, fasse son rototo, la torche, en attendant que les parents viennen t la chercher ? Chier… »
Gabriel s’éloigna et regarda le chef avec un regard meurtrier. Puis il regarda la jeune femme et lança, alors qu’il retournait s’asseoir à son bureau.
« Faut une laisse au bon chien – ou plutôt bonne chienne - ou a-t-elle appris à marcher au pied au moins ? »
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Fila en resta comme deux ronds de flancs lorsque ledit Valmy répliqua avec hargne à son commissaire. Elle réprima le geste de poser une main devant ses lèvres, et se contenta d'attendre avec une pointe d'appréhension la réaction du commissaire. Mais apparemment, il avait l'habitude de ce genre de débordement de la part de son subordonné.
La rousse avait croisé ses mains devant elle, tenant l'anse de son sac à main. Lorsque le commissaire annonça la tâche dévolue à l'agent, il parut surpris. Et agacé également. Pourtant, elle n'allait pas l'embêter. Elle serait son ombre, et ne le gênerait pas. Elle s'en était porté garante face au commissaire. Sa réaction la vexa aussi. Elle n'en montra rien, bien sûr. La belle était bien élevée et savait rester impassible. Mais elle sentait déjà que ses nerfs seraient mis à rude épreuve durant ces quelques jours qu'elle passerait à observer le travail de l'agent Valmy.
Le ton cassant du blond attrista aussi légèrement la rousse. Il ne la connaissait même pas, et il se permettait un jugement sur elle. Avant qu'elle ne se décide à le rejoindre, le commissaire lui posa une main sur les épaules.
« Bon courage mademoiselle Blanche. Mais je vous garantis que malgré ses dehors rudes, l'Inspecteur Valmy est un très bon élément. »
« Je vais tâcher de faire abstraction de son attitude alors. »
Elle hocha la tête en direction du commissaire, avant de se diriger d'un pas souple et léger ver le bureau de celui qu'elle allait suivre quelques jours. Les regards des collègues dudit Valmy la suivirent, certains avec compassion, d'autres avec amusements. Du coin de l'oeil, la rousse vit même un des flics prendre un pari sur le temps qu'elle tiendrait avec Valmy. Elle pinça les lèvres, et arriva à hauteur du blond.
« Je ne suis pas ici pour entraver vos mouvements. Je viens juste me rendre compte du fonctionnement d'un commissariat. Je vous garantis que je ne vous gênerais pas outre mesure. Et comme l'a dit le commissaire, vous restez maître de la situation. Je ne suis qu'une observatrice, ni plus ni moins. »
Elle tentait d'apaiser les choses, parce qu'il était dans sa nature d'être comme ça. Elle était aussi intriguée de la réaction de l'homme. Pourquoi réagissait-il ainsi, se demandait-elle. Fila allait sûrement chercher la réponse, en même temps que son observation du reste.
« J'aimerais savoir en quoi consiste exactement votre travail. On voit souvent des interventions dans les films, ou bien les cordons de la police pour fermer une scène de crime, mais je ne peux pas imaginer que ce ne soit que ça. Vous avez sûrement des tas de démarches à faire pour résoudre une affaire, et pas juste pianoter sur un ordinateur comme le montre certaines séries, n'est-ce pas ? »
Sa voix était douce, comme à son habitude. Elle ne voulait surtout pas le mettre en rogne. Il avait l'air suffisamment énervé comme cela.
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Elle n’allait pas le gêner outre mesure…. Oui, c’est ça… déjà, il ne serait pas en cinq minutes sur une scène de crime, il ne serait pas possible de fouiner, et même pire ! Il ne pourrait pas se livrer à son commerce habituel ! Pas de pots de vins et autres contacts dangereux de la mafia, à cause de « l’observatrice »… Un beau bordel…
Il s’assit à son bureau, posa ses pieds sur le bureau et le regarda pas, replongea dans une revue qui était là. Il espérait qu’elle savait au moins se la fermer, car franchement, il aimait la paix. Et avoir quelqu’un avec qui bosser n’était pas la paix. Avoir quelqu’un dans les pattes n’était en effet pas la paix.
Elle ne voulait pas entraver ses mouvements, c’était trop tard. Elle était là, il ne faisait plus ce qu’il voulait. Il avait un toutou à garder en laisse avec lui… ben merde. Il regarda la jeune femme, enfin, écoutant alors qu’elle prenait la parole à nouveau il soupira et leva les yeux au ciel. Bon sang… il n’avait pas besoin de ça… Le jeune homme sourit finalement avant de répondre, une sacrée lueur mauvaise dans les yeux.
« Ecoute, toutou. Je me fous royalement de ce que tu sais ou pas sur le fonctionnement d’un commissariat. Je suis là pour faire comme d’habitude, j’explique rien, je te dis rien tu te démerdes, simplement quand t’as besoin de te faire torcher je suis là pour ça… je suis juste là pour que t’aille le plus loin possible sans te prendre une mandale ou une balle entre les miches… »
Il eut un rictus méprisant avant de reprendre.
« Quand tu seras sur une scène de crime avec un cadavre qui a les tripes à l’air et qui a une mare de sang autour de lui, qui s’est lâché en crevant sur le sol, là t’auras vu quelque chose, ça te donne envie de gerber, ça te fout les genoux en compote tu joues des castagnettes avec et t’as envie de chialer, de te barrer et de pas revenir, là tu verras ce que c’est que le travail de flic. »
Il reprit la lecture de son magazine, estimant être débarrassé de ses questions à la con, mais comme si tous s’étaient donné le mot, le téléphone sonna. Il répondit, ou du moins, décrocha, écouta et raccrocha. Il se leva et regarda la jeune femme pour lui balancer de nouvelles paroles.
« Bon, on y va. Un macchabé. T’as un casque de moto ? T’as peur de la vitesse ? Quoique non, oublie avec les minettes vaut mieux prendre la bagnole…. Allez, viens toutou. »
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Rien qu'à voir l'expression qu'il arborait, Fila se doutait qu'il n'allait pas être très coopératif. Il ferait le strict minimum, et se ficherais ensuite de savoir ce qu'elle voulait faire ou savoir. Elle sentait aussi qu'elle allait devoir prendre sur elle pour gérer cette situation.
Eeet, bingo. Il la rabroua sèchement, sans aucun égard pour la décence. Il se montrait vraiment très vulgaire. Elle garda son calme et serra les poings pour encaisser sans broncher. Bieeeen, ces quelques jours allaient être longs. Mais elle ne voulait pas abandonner dès maintenant. Elle avait besoin de savoir de quoi il retournait, de savoir comment fonctionnait un vrai commissariat. Elle basait avant tout ses livres sur le réalisme. Certes, elle y incluait de la fantasy en masse, mais elle souhaitait que le tout garde une bonne cohérence.
Elle leva les yeux vers lui lorsqu'il annonça qu'il avait un corps, et garda un visage impassible. Depuis tout à l'heure, il se permettait de la tutoyer. Alors elle allait lui rendre la pareille, tout en politesse.
« Mademoiselle Blanche. Mais tu peux m'appeler Filomena, pas... "toutou"... »
Elle s'apprêta à encaisser encore une remarque désobligeante, et le devança.
« Puisque le devoir t'appelle, en route. »
Elle sortit un carnet de son sac, et un crayon, et griffonna rapidement quelques mots. Elle était prête à le suivre. Avant qu'elle ne quitte le commissariat à sa suite, un de ses collègues l'interpella discrètement.
« Si Valmy vous pose trop de soucis, vous pouvez demander au chef de vous confier à Hiromi Noshi. Je serais ravie de vous aider à comprendre notre fonctionnement. »
Elle sourit doucement.
« Je vais y réfléchir, merci. »
Et elle suivit son "baby-sitter" tel qu'il se présentait.
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Mademoiselle Blanche, Filomena…. Du vent ouais ! Il l’appellerait comme il voudrait, et si elle voulait l’appeler casse-couille, alors elle pouvait l’appeler casse-couille, il ne ferait rien. Elle avait le droit de faire comme elle voulait tant qu’elle ne trainait pas dans ses basques, et chez lui, avoir un truc qui lui colle au cul, y a que deux choses : de la merde ou un clébard, au choix…. Il avait déjà décidé que c’était une clébarde, hors de question qu’elle soit mieux traitée que cela, elle lui les brisait déjà assez comme ça !
Il l’ignora jusqu’à la voiture, entra et se mit au volant. Il mit le contact et fit ronfler le moteur qui couina plus qu’il ronfla. Il sourit et caressant le volant, puis il attendit qu’elle soit montée avant de filer un grand coup d’accélérateur, sans même vérifier si elle était attachée ou s’attacher.
Le jeune homme n’eut pas un regard et sous les hurlements de la sirène, il fonça dans les rues, slalomant au milieu de la route, à en faire gerber une non initiée, pire que dans taxi, vous savez ce film français complètement débile… sauf que là, c’était pas un film… il était un véritable fou furieux du volant, il aurait du être pilote de course… mais pour ça, fallait des contacts que gabriel n’avait pas. Enfin bref. Il sourit et lança en freinant d’un coup devant les lieux.
« Ça y est ! On y est ! Tu peux descendre, et accessoirement, vomir si tu es une petite nature, minette, et ensuite on y va, allez, au pied filoche ! »
Il se mit à marcher vers la petite boutique, une épicerie de quartier dans laquelle il entra, le flic qui en bouchait l’accès, s’écarta pour le laisser passer, Gabriel l’en empêcha d’un geste.
« Non, laisse la passer, j’ai un toutou avec moi ces jours ci… »
Le flic eut un regarda compatissant la jkeune femme avant que Gabriel demande :
« Bon, on a quoi ? »
Le légiste se releva et s’écarta pour dévoiler la scène. Le jeune homme sourit et s’carta aussi pour qu’elle voit sa première scène de crime. Proprement éventré et démembré… allez, regarde ça et va gerber, emmerdeuse.
« Alors, ton avis, filou ? »
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A peine entrée dans la voiture qu'il démarrait déjà. Fila s'accrocha fermement à la poignée de la portière, retenant son souffle au départ. Puis elle s'attacha, comme elle put, au milieu des cahots de la voiture qu'il conduisait de façon.. Effrénée. Volontairement dangereux. Elle résista à l'envie de souffler qu'il ne servait à rien d'y aller en quatrième vitesse étant donné qu'il avait affaire à un cadavre. Mais elle se doutait qu'il ne servait à rien d'argumenter avec lui.
Elle laissa aussi passer les autres commentaires dont il la dispensa. Jamais sa patience n'avait été mise à si rude épreuve. Même lors du fameux braquage où elle avait rencontré Stephen. Mais elle triompherait de l'épreuve. Elle ne lui ferait pas le plaisir d'abandonner, ça non. Elle descendit donc à sa suite, vacillant légèrement, et ramena l'anse de son sac sur son épaule.
Elle passa, à la suite du flic, pour entrer dans l'épicerie. Elle capta le regard de l'agent en faction, et lui adressa un petit sourire. Vraiment, ce Valmy devait être une vraie peau de vache. Elle commença à sortir à nouveau son petit carnet, et s'apprêtait à griffonner sur les méthodes employées par les agents de police sur une scène de crime quand le blond s'écarta pour lui laisser voir le corps.
Si au départ, Fila réprima une grimace, elle garda par la suite une attitude digne. Seul son nez se fronçait, témoignant de l'odeur qui s'échappait des viscères de la victime. Elle ne lui ferait pas le plaisir de flancher, à ce flic arrogant et vulgaire. Elle resta donc presque impassible, notant quelques détails sur son carnet. Elle ne laissa échapper que quelques mots.
« Pauvre homme. J'espère que vous trouverez vite son assassin pour le mettre à l'ombre un bon moment. »
L'intonation de sa voix était presque passionné.
« Et, tu veux vraiment mon avis, ou bien n'est-ce qu'une question de rhétorique ? »
Là, elle avait retrouvé un ton neutre. Sa voix douce dénotait dans cette ambiance macabre. Tous le monde les observant. Compatissants pour certains, comme le flic à l'entrée, ou goguenard pour d'autre. Certains, même, étaient méprisants. Mais Fila s'en fichait. Elle gardait son objectif en tête. Comprendre le fonctionne d'un commissariat de l'intérieur, pour ne pas faire de gaffe en écrivant.
D'ailleurs, en parlant d'écrire... Elle eu soudainement une idée pour son livre. En plus de s'amouracher du flic honnête, Lady Fire soupçonnerait un ripoux dans la police, et enquêterait de son côté, discrètement, en passant au crible les affaires de ce flic qu'elle soupçonnait.
La rousse modifierait sûrement son idée plus tard, mais l'écrire lui permit d'être sûre de ne pas l'oublier. Après avoir rangé son carnet, elle planta son regard écarlate dans celui du flic. Elle était déterminée à lui montrer qu'elle ne serait pas un poids mort pour lui, qu'elle n'était pas une petite nature.
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Trouver vite son assassin… elle, elle savait enfoncer le portes ouvertes… il était là pour quoi à son avis ? Jouer au soldat de plomb ? Mais qu’elle aille se faire foutre Oui, il trouverait le meurtrier aussi vite que possible, soit, sans doute pas avant deux jours sans doute… c’était un magasin… même une épicerie de quartier, mais dans le coin, on se faisait braquer pour cinq mille yens… il soupira et se redressa pour demander au légiste, ignorant complètement Filoche, agissant comme si elle n’était pas là.
« Mort y a combien de temps ? »
Le légiste réfléchit quelques instants et finalement répondit, sa voix était froide et neutre. Ce légiste n’aimait pas particulièrement Gabriel, mais misogyne comme pas deux, il n’allait certainement pas montrer de la sympathie envers celle que Gabriel avait pris en grippe, au contraire même, pour une fois, il le soutenait.
« Trois heures au minimum… cinq au max… je vous le dirai plus en détail quand j’aurai examiné l’intérieur, mais la température du foie n’est pas un bon indicateur pour une fois, puisqu’il était à l’extérieur du corps et donc à température ambiante, la seule chose que je peux dire, c’est que l’incision est impeccable. Un vrai pro. Des mains de chirurgien… »
Autrement dit, quelqu’un qui avait l’habitude de manipuler des cadavres… putain… bon, ça réduisait le champ de recherche… restait plus qu’à trouver le responsable, un médecin, ou du moins quelqu’un ayant fait médecine… chouette, ça en faisait du monde…
« La disposition des entrailles rappelle la manière d’écarter les viscères lorsque l’on pratique une dissection… »
Ouais, c’était peut être aussi un prof de bio… chouette…
« Bon, au moins on peut oublier le braquage… c’était prémédité… tu me tiens au courant Ducky ? »
Aucun rapport avec une série d’enquête criminelle américaine dont raffole l’auteur, non, c’était juste une blague méchante à son égard…. Ducky, le canard, car il avait les jambes arquées et en le voyant se déplacer, Gabriel n’avait qu’une seule envie, chanter « c’est la danse des canards », il le savait bien sur, mais c’était devenu plus une sorte de pique entre eux qu’autre chose, en échange.
« Oui, rip ! T’es toujours au 3615 enfoiré ? »
« Ouep… je vais pas changer pour tes beaux yeux porcins… »
Au final, un échange assez rituel… au final il se tourna vers Filoche alors qu’elle écrivait, il eut un soupir et lui lança, quelque peu exaspéré :
« Bon, Filoche, à ton avis, on fait quoi maintenant à ton avis ? Quoique non, oublie, j’en ai mal à la tête rien qu’à imaginer les jappements ! »
Sourire en coin après lui avoir tourné le dos, puis il reprit :
« Comme je suis apparemment un objet d’étude, j’aimerai avoir un droit de regard sur les notes, c’est normal après tout… bon, alors maintenant… - il prit la voix de quelqu’un qui parle à uyn enfant, voir carrément à un débile mental congénital - nous allons faire une enquête de proximité qui a pour but de connaitrre la victime, ses amis, ses ennemis. C’est compris ou je te fais un dessin ? »
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Fila avait l'impression d'être invisible aux yeux du légiste. Tant mieux, se disait-elle, parce qu'ainsi, ça réduisait les risques d'impolitesses comme les accumulaient le flic blond. Elle écouta malgré tout soigneusement, prenant quelques notes en sténo.
Lorsque le légiste eut fini d'expose les faits, et que les deux hommes eurent finis leurs échanges, le blond se tourna vers elle. Il lui demanda son avis, avant de se raviser. Mais la rousse ne laissa pas passer ça.
« Mon avis ? Mais je ne suis qu'une observatrice, je ne suis pas une de vos stagiaire.... »
Elle avait gardé sa voix douce, mais son ton était sans appel. Il continua, estimant avoir un droit de regard sur ce qu'elle notait. Et ça non plus, elle ne laissa pas passer.
« Un droit de regard ? Et puis quoi encore ? Si ton chef estimait que tu l'avais, il te l'aurais dit. Or, ça n'a pas été le cas. Alors fais ton enquête de proximité, et ne t'en occupes pas. »
Encore une fois, son ton était sans appel. Elle passa outre celui du flic qui avait l'air de celui qui parle à un demeuré. Il mettait sa patience à rude épreuve, c'était un fait. Mais elle se contenait encore. Parce que si elle perdait le contrôle, elle risquait de faire des étincelles. Au propre, comme au figuré. Et ce serait ruiner des années de travail sur elle-même, pour contenir son pouvoir grandissant.
Elle tourna les talons, quittant la scène de crime d'un air digne. En passant devant le flic en faction, elle capta le petit sourire amusé qu'il arborait, depuis qu'il l'avait entendue refuser tout net un quelconque droit de regard sur ce qu'elle écrivait.
« Alors, tu la commences cette enquête de proximité ? Ou bien est-ce que c'est l'arrogance et la paresse des agents de police que je suis en train d'observer ? »
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Gabriel grimaça. Qu’est-ce qu’il disait que ses jappements. Ça le gonflait vraiment. Putain qu’il aurait aimé l’attacher, la bâillonner et l’abandonner dans un coin sombre…. Quoique non, bien roulée, il aurait fait autre chose dans un coin sombre avant de l’abandonner… mais trêve de dérive. Elle voulait de l’enquête. Elle allait en avoir. L’arrogance et la paresse, fallait pas toucher à son égo !
« Ecoute moi, inutile de service, je me suis pas encore débarrassé de toi parce que j’ai un minimum de conscience professionnelle, tu veux observer, soit, mais personne t’a autorisé à parler ! T’interfère pas, donc tu parles pas. Comprendo, Filoche ? Si le chef estimait que tu avais la capacité de nous aider il t’aurait permis d’interférer, quoique comme t’as pu le voir, le chef, je m’en branle royalement. Ah et si tu crois que je vais me gêner pour regarder ce que tu scribouille sur moi tu fous le doigt dans l’œil jusqu’au coude, crois moi, Filoche, t’as pas idée de ce que je peux faire ! »
Il sortit pour aller dans la boutique d’en face, histoire de demander quelques renseignements. Mais au passage il prit son badge, l’arrachant, et le lança dans une bouche d’égout. Il ne voulait pas qu’elle soit dans ses pattes. Et sans ce badge, elle était dans la merde. Contamination de scène de crime, et autres conneries du même genre.
« Bon, sans ça, tu peux te barrer, je ne vois rien qui te permette de me rester dans les pattes. Dégage filoche. Je me fous de ce pourquoi tu étais là, mais sans le badge, c’est fini, alors tu peux te tirer. Tu pourrais… je sais pas…. Retourner dans ta cuisine et faire en sorte d’avoir des gosses à t’occuper, t’es sans doute bonne qu’à ça… sinon, si tu cherche du taff je connais un bordel pas loin qui recherche toujours de la viande fraîche…»
Il continua son chemin pour entrer dans la boutique. Il avait peut être été un peu dur avec elle, non ? Elle était pour rien si c’était à lui qu’on l’avait affecté. Oh et puis merde, tant pis, trop tard, pas de place pour le remord. Elle avait qu’à savoir la fermer et rester une vulgaire observatrice.
Il entra et sans un bonjour ni rien, montra sa plaque avant de commencer à poser les questions rituelles de ce qu’il avait vu à l’heure du crime, savoir s’il avait des problèmes dans le quartier. Il s’agissait d’un salon de coiffure, un homme aux allures efféminées l’accueillit et commença à répondre à ses question en le dévorant des yeux… Gabriel les lui aurait bien crevé pour la peine s’il avait été plus sadique… rien de bien folichon, une dispute hier apparemment… mais sans rien de plus probant…
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Fila observa le blond filer. Elle n'en revenait pas de l'audace dont il venait de faire preuve. Elle porta la main à sa veste de tailleur, bien abîmée par la violence avec laquelle il avait arraché le badge, et serra les dents. Non Fila, ne t'énerve pas ! Elle respirait profondément, tentant de calmer la colère qui montait en elle. Trop, c'est trop ! Heureusement, elle avait un exemplaire de l'autorisation signée par le commissaire. Le badge n'était que pour éviter d'avoir à sortir la paperasse à chaque fois. Mais quand même ! Elle ne digérait pas les dernières paroles du blond. Elle pourrait porter plainte pour agression, si elle le voulait. Elle était d'ailleurs à deux doigts d'aller choper le premier flic correct qu'elle trouverait pour ça. Mais elle se reprit. Elle n'allait pas abandonner parce que Môssieur Valmy n'était pas content. Il n'avait pas son mot à dire sur ce qu'elle écrirait, et devait faire son taff avec elle sur le dos. Point. Elle avait le droit de poser des question, parce qu'elle devait comprendre le fonctionnement d'un commissariat. Et ce n'est pas un agent récalcitrant qui l'en empêcherait.
Les poings serrés, elle respira profondément encore une fois, pour achever de se calmer. Histoire de ne pas lui coller une baffe et de le brûler gravement en même temps.
L'agent qui gardait la scène de crime s'approcha.
« Vous voulez que j'appelle le commissariat pour que vous ayez un autre badge mademoiselle ? »
Levant les yeux vers lui, elle surit.
« Merci, mais ça ira pour aujourd'hui. J'ai l'autorisation signée du commissaire dans mon sac. J'en demanderais un autre en rentrant. Pour l'instant, j'aurais quelques questions, puisque l'autre n'a pas l'air décidé. »
Il accepta de parler un moment avec elle, et elle put enfin poser des questions sensées pour avoir des réponses civilisées. Ce moment dura une vingtaine de minutes. La rousse nota assidûment les renseignements que l'homme lui confia, la méthode mise en place lors d'un meurtre ou un braquage, quelques articles de lois qui définissaient le travail d'un flic, etc... Elle avait un petit sourire aux lèvres en notant ce qu'il lui disait.
« Et bien, merci. C'était très gentil à vous, agent Cho. Je vous suis très reconnaissante. »
« C'était un plaisir mademoiselle Blanche. »
Elle lui offrit un dernier sourire, et marcha jusqu'à la voiture du blond vulgaire. Elle allait l'attendre de pied ferme. S'adossant à la portière conducteur, elle lissa la veste de son tailleur déchirée à l'endroit où elle avait apposé le badge, et se promit de le lui faire rembourser. Elle pouvait être butée, elle aussi. Tant pis si ça lui prenait la moitié de son salaire, mais il lui devait réparation. Et encore, elle ne comptait que le tailleur pour le moment. Si elle devait en plus ajouter sur le préjudice moral... Et elle avait des témoins. L'agent Cho, et quelques autres.
En attendant le retour de cet imbécile de flic sanguin, la rousse sortit un nouveau carnet. Là, elle commença à rédiger un bout d'histoire. Elle y apporterait des modifications après, c'est certain. Mais pour le moment... Elle basait le flic ripoux sur la personnalité de Valmy. Elle ne lui donna pas ses traits, bien entendu. Mais le ripoux était aussi sanguin et vulgaire que le blond l'était. Par opposition au flic duquel s'amourachait Lady Fire. Ce dernier était réfléchi, sage et poli. Humble aussi, et travailleur, courageux.
Elle finissait d'écrire une scène racontant le premier contact entre Lady Fire et le flic honnête quand elle vit le blond sortir d'une des boutiques autour de la scène de crime. Elle attendit qu'il s'approche, se fichant des reproches qu'il pouvait lui faire, et devança toute question ou réclamation.
« Ton chef t'as dit que j'observerais ton boulot, et ce n'est pas après m'avoir arraché ce badge que tu vas être débarrassé de moi. J'ai avec moi son autorisation de te suivre partout, et tu ne me feras certainement pas changer d'avis malgré tes insultes et autres conneries du même genre. Ah, et je porterais plainte, aussi. »
Sa voix était dure. Froide. Son regard était déterminé. Fini la Fila conciliante. Elle décida de rendre coups pour coups, mais pas forcément avec le même schéma que lui.
« Et je poserais les questions qu'il me chante. Le contrat que j'ai passé avec ton chef m'y autorise. Si tu veux pas répondre, j'irais chercher mes réponses ailleurs. »
Elle n'avait peut-être pas idée de ce qu'il pouvait faire, mais lui non plus ne savait pas de quoi elle était capable si elle « s'enflammait ».
« Enfin, si tu regardes une ligne de ce que j'écris, tu t'en mordras les doigts. Je te collerais un procès au cul tel que tu n'en as encore jamais vu. L'argent et l'influence aide, dit-on. »
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Etrangement, il avait fallu qu’elle s’énerve pour que Valmy lui adresse un sourire, non, ne vous inquiétez par, il s’agissait plus d’un rictus que d’un véritable sourire. Faut pas déconner. Mais ses yeux restaient plein de mépris. Puis il haussa les épaules et monta en voiture. Il verrouilla avant qu’elle monte et sourit et baissant un peu la fenêtre, juste assez pour qu’elle puisse l’écouter, ou au moins l’entendre.
« Bah vas-y filoche, colle moi un procès, on va bien rire. Etrangement, j’ai jamais d’emmerdes… j’ai ptêtre un karma de merde, la preuve, je dois te supporter, j’ai une chance de cocu avec les procès…. Etrangement j’ai jamais eu de comparution au tribunal… donc bon courage, j’espère que ton avocat est un bull dog, c’est toujours plus drôle de les voir céder ceux là… et ptêtre que comme ça je serai débarrassé d’une emmerdeuse ! Chuis curieux de savoir comment t’as eu Tsubahana dans la poche pour ce coup là… je lui téléphonerai ça va être drôle… »
Il remonta la vitre, commença à démarrer et finalement déverrouilla les portes qu’elle puisse monter, comme une faveur qu’il lui offrait. Il soupira, ça lui faisait chier, et même royalement chier… il la regarda, les yeux hargneux, un rictus de chien méchant sur le visage et finit par accélérer avant de décrocher son téléphone pour avoir l’adresse du macchabé. C’était à peine trois petits pâtés de maison plus loin, mais Gabriel recommença à nouveau son manège, on aurait dit que le jeune homme voulait la faire gerber… il accéléra, fit un demi-tour en drift pour repartir dans l’autre sens, roulant comme un vrai marteau dans les rues, faisant un long parcours remplis de virage où la jeune femme serait ballotée de partout dans la voiture quand enfin il s’arrêta devant la porte de la maison concernée et sortit sans même un regard pour elle. Par contre il eut une petite parole.
« Je peux savoir où ton influence t’a amenée au juste, Filoche, t’es pas avec le flic modèle, t’es avec un ancien loubard, un mec qui a fait de la taule et qui n’hésitera pas un seul instant à défourailler si besoin est… si en plus ce mec peut pas te piffer, alors je crois que tu te prendras une balle dans le caisson avant la fin de la journée… Allez, au pied, reprenons les bonnes habitudes… »
Ce trajet avait été bien pire que le précédent. Il avait tout fait pour qu’elle ait envie de gerber ou qu’elle titube un bon moment. Il inspira à fond et lui lança avant d’aller sonner :
« Tu peux rester là, l’inutile, je vais juste poser quelques questions, et accessoirement annoncer la mort… »
Il sonna à la porte. Une femme ouvrit.
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Même avec la menace d'un procès, il restait aussi arrogant et désinvolte. Pour la première fois de sa vie... Non, pour la deuxième fois de sa vie, elle avait envie d'exercer ses dons pour le faire cramer. Mais ce ne serait pas bien. Elle n'était pas comme ça. Elle était profondément pacifique d'ordinaire. Toute la violence qu'elle pouvait ressentir, elle l'évacuait au travers de Lady Fire.
Elle resta néanmoins silencieuse à sa provocation, se contentant de le toiser froidement. Abruti ! Elle arbora un léger sourire, qui se voulait neutre mais qui était plutôt amer. Elle n'aimait pas ressentir ce qu'elle ressentait en cet instant. Elle lui en voulait de la mettre dans un tel état d'agacement. Elle l'observa monter dans la voiture en prenant le soin de verrouiller les portières. Crétin ! Elle n'allait certainement pas se mettre à lui courir après . Elle attendit qu'il veuille bien déverrouiller les portes pour monter à son tour.
Et il recommença avec sa conduite à la noix. Elle ne lui ferait pas le plaisir de céder, même si elle n'aimait pas ça. Son coeur manqua plusieurs battements, mais elle resta digne. La tête haute, et le maintient droit. La seule marque de sa frayeur, c'était ses doigts dont les jointures blanchissaient à force de se crisper sur la poignée de la portière. Elle avait même réussi à s'attacher, malgré sa conduite abominable. En sortant de la voiture, elle prit une grande inspiration. Ses jambes tremblaient légèrement, mais elle se montra digne, et ne tituba pas en suivant le blond vers la porte d'entrée.
« Si je me prends une balle, tu en auras l'entière responsabilité. »
Annoncer la mort. C'était bien quelque chose qui ne devait pas être facile. Peut-être même le plus dur, dans le boulot d'un flic. Voir la famille qui s'effondre... Elle en oublia momentanément la rancoeur qu'elle avait pour le flic, et se traits s'adoucirent. Elle resta en retrait, ne voulant pas s'immiscer là-dedans. La femme qui ouvrit devait être l'épouse du mort. Fila ressentit de la compassion pour elle. Pauvre femme... Et si elle avait des enfants ? Pauvres gosses... Elle ne dit rien, se contentant d'observer. Après tout, ça faisait parti intégrante du travail d'un flic.
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Houlà non… si elle se prenait une balle, elle n’en pouvait qu’elle car elle s’était mise dans cette situation. C’était elle qui avait voulu ce taff, c’était elle qui avait décidé de se mêler du boulot des flics, et il lui avait fait comprendre que ce n’était pas une bonne idée. Si ça n’avait pas suffi, ce n’était certainement pas la faute de notre blondinet ! Manquerait plus que cela.
Il nota qu’elle reculait… tiens donc, comme par hasard… d’un seul coup, le boulot était pénible et PAF, elle s’effaçait. Il retint une réplique cinglante, se concentrant sur le travail qu’il avait à faire ? Il inspira à fond et lança à la jeune femme qui se présentait devant lui les moyts simples et efficaces qui faisait s’effondrer les gens.
« Madame, j'ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer, cela concerne votre époux. Puis-je entrer ? »
C’était à la fois une habitude et une manière de rappeler à son acolyte qu’elle n’était pas la bienvenue dans le duo. La jeune gfemme acquiesça et il entra .
« Vous feriez mieux de vous asseoir. »
Il là il fit le plus dur, lui annonça qu’elle était désormais veuve, l’arrondissement de son ventre lui prévoyait des ennuis pour son futur, une mère célibataire, c’était toujours compliqué. Il sourit, navré, mais ne chercha pas à la réconforter et continua dans une veine très neutre.
« J’aurai besoin de savoir si votre mari avait des ennemis ou des ennuis quelconque. Des dettes de jeu, des emprunts dans de mauvais milieux, etc… je sais que c’est difficile, mais c’est le seul moyen de connaitre le meurtrier… »
Le jeune homme lui sourit encore, navré, mais les sanglots continuèrent redoublèrent, aussi, Gabriel lui laissa son numéro et sortit prendre l’air avant de marcher vers la voiture.
« Ça c’est la plaie…. Cette partie du boulot, c’est la plus dure. »
Pas de remarque acerbe, pas de mots pénibles, rien, il n’en avait ni le courage, ni l’envie, aussi soupira-t-il et rentra-t-il dans la voiture. Il se tourna vers la jeune femme et le regard triste de quelqu’un qui avait été atteint par la situation. Puis, il se reprit et lança.
« Allez, au boulot, on rentre, filoche, de là, on prendra les adresse…. Quoique non je suis bête je prendrai les adresses pour me rendre partout et commencer à parler aux gens pour avoir des infos. Toi tu va s sagement garder le silence et regarder, c’est tout, l’inutile… »
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Contrairement à ce qu'il pensait, elle ne restait pas en retrait parce que "c'était trop dur". Elle le laissait simplement faire son boulot en paix. Elle n'était, après tout, qu'une simple observatrice. Elle n'était pas là pour "tester" au métier de flic, mais bien pour "observer". Et poser des questions, si quelque chose la chiffonnait.
La femme les invita ensuite à entrer. Pauvre dame. Et pauvre enfant surtout. Le nourrisson serait orphelin de père en naissant. Fila resta discrète, et observa la façon d'annoncer le décès. Ce n'était pas quelque chose de facile. Il récita des paroles de circonstance, mais il ne montra aucune sorte de compassion pour la pauvre femme. Elle s'effondra à l'annonce de la mort de son époux, et il ne put rien en tirer après ça tant elle était malheureuse.
Le flic ficha vite le camps. Mais la rousse resta encore un peu.
« Ecoutez.. Je ne suis pas de la police mais.. J'ai une de mes connaissance qui a monté un groupe de soutient pour les familles des victimes du crimes. Si vous avez besoin de parler, ou de quoi que ce soit, ils seront à votre disposition... Je vous présente toutes mes condoléances madame... »
Elle lui laissa la carte de ce groupe de soutient aux familles, et frictionna doucement ses épaules avant de sortir pour rejoindre le blond dans sa voiture. Elle ne dit pas un mot. Elle hocha juste la tête lorsqu'il souligna que c'était le plus dur dans le métier de flic. Elle ignora superbement les piques qui reprirent, et nota plusieurs choses sur son carnet. Le ressenti qu'elle avait eu de la situation, d'abord. Puis la façon purement professionnelle de fonctionner. Elle notait en sténo. C'était une manière de noter plus rapide. Surtout lorsqu'il s'agissait juste de notes comme ça.
Et puis elle enchaîna sur quelques idées qui lui étaient venues entre temps. Elle était si absorbée par ce qu'elle écrivait, réussissant, malgré la conduite du blond, à écrire de façon approximative ce qu'elle voulait, qu'elle ne releva la tête que lorsqu'ils arrivèrent au commissariat. S'il avait parlé durant le trajet, elle ne s'en était pas rendue compte. Prise comme elle était, avec son inspiration qui carburait...
« Je t'attends ici ? Ou bien je dois aussi te suivre le temps que tu prennes les adresses dont tu as besoin, pour ensuite revenir ici ? »
Le ton était légèrement ironique, mais surtout blasé.
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Gabriel n’avait ni la force, ni le courage d’agir autrement qu’ainsi : se taire, l’ignorer et aller chercher les adresses dès que la voiture s’était arrêté. Elle était gonflante. Il en avait raz le bol et ne cherchait même plus à l’insulter ou la vexer. Il allait juste faire comme si elle n’existait pas, tout simplement.
Il sortit de la voiture de fonction et ne chercha même pas à lui proposer de l’accompagner ou pas. Il en avait raz le bol de devoir tout faire de cette manière en fonction d’elle. Il soupira et gravit lestrois marches qui séparaient labagnole des portes du commissariat et alla à la réception, ils lui avaient déjà trouvé les adresses, il passait juste les récupérer et prit un café avant de se rendre à son bureau, récupérer un chargeur de plus et passa parmi les membres de la section équipement de l’infrastructure pour prendre un gilet pare balle pour la miss, ainsi qu’un casque. Raz le cul d’elle, raz le cul de cette enquête, raz le cul de son boss, raz le cul de tout. Oui, c’était sans doute catégorique, mais après avoir annoncé cette mort, il s’était senti mal, un peu comme s’il avait été vidé, et outre le faire qu’il soit lassé de tout, il avait aussi compris qu’elle lâcherait pas donc inutile de chercher la confrontation. Il allait juste l’ignorer, reprendre son taff de ripoux, retourner sur la limite, en plein danger. Elle abandonnerait parce qu’elle aurait la trouille. Comme tout le monde. Parce qu’ils avaient raison. Et lui, il était trop con ou trop borné, voir les deux, pour renoncer.
Gabriel alla chercher sa moto et l’amena à côté de la bagnole. Il ne dit rien, pas un mot, mais il ouvrit la portière passager et jeta le gilet et le casque sur la jeune femme qui l’accompagnait. Rien à foutre qu’elle se les prenne en pleine gueule ou ailleurs, rien à foutre qu’elle veuille ou non mettre le gilet pare-balle qui lui donnerait sans doute un air ridicule, rien à foutre si le casque était trop grand. Plus rien à foutre de tout cela. Il attendit juste qu’elle monte derrière et lança la clé de la bagnole à un flic en pause et arrêta de se soucier du commissariat pour commencer à rouler, accélérant d’un coup, faisant se lever la roue avant. Elle s’était cramponnée tant mieu, sinon tant pis.
Il mit vraiment les gaz, et s’il allait aussi vite qu’avec la voiture, la sensation de vitesse était toute autre. Il roula ainsi une bonne dizaine de minutes avant de s’arrêter devant une ruelle avec une drôle d’enseigne bringuebalante. Il descendit de la moto qui fumait encore du pot d’échappement. Il cadenassa la roue avant de la moto et entra dans le bar miteux. Libre à elle de le suivre, Gabriel faisait tout l’oublier, oublier sa présence, même si sa présence continuait à lui hérisser les cheveux sur la nuque de dégout.
« Salut Ryuuto ! »
Il s’assit au bar, commanda une bière avant de petit à petit amener le sujet de l’enquête sur le taps, pas de manière directe, mais plus en faisant changer de main un billet ou deux. Le dénommé Ryuuto le fit patienter quelques instants avant de le faire entrer en douce dans une sorte d’arrière salle dans laquelle l’attendait trois types à l’allure pathibulaire. Chacun avait une arme à la main, et l'un d'eux avait un flingue...
« Salut les mecs, vous connaissez ce type ? »
Il montra la photo et leur donna le nom, mais l’un des trois l’interrompit en lui lançant.
« Tu sais bien que t’es pas le bienvenu ici Valmy, alors tu vas douiller ! »
Les armes se pointèrent dans sa directioon et celle de sa compagne si elle l’avait suivi.
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Qu'il arrête avec les piques blessantes soulagea la rousse. Elle n'aurait pas vraiment pu le supporter autrement. Qu'il l'ignore donc, elle n'en serait que plus tranquille pour observer ce qu'elle était venu chercher à comprendre. Et s'il ne répondait pas à ses questions, elle aurait toujours le loisir de questionner ses collègues. La majorité était réceptive, d'après ce qu'elle avait vu.
Elle l'observa entrer au commissariat, et rangea ses carnets et son crayon dans son sac. Il ne mit pas longtemps à revenir. Et quand il le fit, c'est avec brusquerie qu'il lui jeta un gilet pare-balle... Et un casque. Elle fronça les sourcils en voyant ce dernier, avant de comprendre. Une moto. Très bien. Elle se leva calmement de la voiture, enfila le gilet pare-balle du mieux qu'elle le pouvait après avoir enlevé sa veste de tailleur, et remit cette dernière par-dessus. Quand au casque... Elle remit ses cheveux en place soigneusement avant de le poser sur sa tête.
Sans s'en rendre compte, sans doute, le flic avait choisi pile la bonne taille. Elle ferma l'attache sous son menton et, digne, elle grimpa derrière le blond en s'accrochant à lui de façon un peu maladroite. Elle avait déjà fait de la moto en tant que passagère, mais jamais avec quelqu'un qui ne l'appréciait pas. Son sac bien calé entre son dos à lui et son ventre à elle, elle raffermit sa prise autour de la taille de Valmy. Juste à temps, car à peine avait-elle croisé ses doigt contre son abdomen, s'accrochant au réservoir de la moto comme elle le faisait d'ordinaire, il démarra en trombe.
Bien lui en prit. Si elle n'avait pas été correctement agrippée, elle serait sans aucun doute tombée. Pinçant les lèvres, elle ferma les yeux tout le long que dura le trajet, se contentant d'épouser les mouvements de son corps pour ne pas les déséquilibrer lorsqu'il tournait. Et quand la moto s'arrêta enfin, quel soulagement ! Les jambes flageolantes, elle s'accouda un instant à la bécane pour reprendre son souffle. Ses doigts étaient gourds, et elle les plia puis les déplia plusieurs fois pour rétablir la circulation du sang. Grands dieux, ce type était un vrai malade.
Quand elle fut suffisamment remise, elle ôta le casque qu'il lui avait "aimablement" passé tout en le rejoignant dans l'établissement où il venait d'entrer. Elle ne vit pas tout de suite la scène. Le casque sous le bras, elle remettait un peu d'ordre dans ses cheveux ébouriffés. Mais quand elle leva les yeux, elle se figea net. Le blond n'était pas dans la salle principale du bar, et deux malabars surveillaient la porte de ce qui semblait être une arrière-salle.
La première chose qui lui passa par la tête, ce fut : Oh, oh...
La seconde, On va faire comme si de rien n'était...
Et la troisième... Et merde...
Elle venait en effet de ressentir le canon d'une arme contre ses reins.
« Elle est avec Valmy, je l'ai vu descendre de la moto... »
Dans quels ennuis l'avait-il fourrée ? Non, plutôt, dans quels ennuis s'était-il fourré en y entraînant la rousse ?
Quand le canon de l'arme lui intima d'avancer par une simple pression, Fila ne résista pas. L'un des deux malabars qui lui faisait face la fouilla brièvement. L'autre lui retira son sac pour le fouiller également.
« Elle n'a aucune arme sur elle, mais un gilet pare-balle. »
« Et y a rien dans son sac que des carnets, des crayons, un portable, du maquillage et quelques autres babioles sans importance. »
L'auteur se sentit un peu soulagée de voir qu'il ne lisait pas les carnets, se contenant de garder le sac dans sa main. Mais le soulagement fut de courte durée puisque celui qui l'avait fouillée la délesta de ce gilet pare-balle qui, c'était malheureusement vrai, n'était pas seyant mais malgré tout protecteur.
« On la fait entrer. »
Poussée un peu brusquement, la rousse trébucha avant de passer la porte qu'il venait d'ouvrir.
« Tiens Valmy, t'avais oublié ta copine à l'entrée. »
« Ce n'est pas- Mfh ! »
Celui qui maintenait le canon de son arme au creux de ses reins la bâillonna de sa main en susurrant quelques paroles au creux de son oreille.
« Tu la ferme, poupée. On est entre grands ici... »
Elle obtempéra, contre son gré, en serrant les dents. Mais il n'enleva pas sa main du bas de son visage, ni même l'arme qui la menaçait.
« Tu sais qu'on t'avais prévenu, hm ? Si jamais tu remettais les pieds par ici... »
La menace était clairement évoquée. Fila aurait bien voulu avoir une réaction stupidement féminine pour une fois, comme tourner de l'oeil ou quelque chose comme ça. Histoire de distraire l'assemblée, et de désamorcer ce qui semblait être une bombe à retardement. Mais elle restait désespérément lucide.
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Vous savez ce que ça veut dire que d’être dans la merde jusqu’au cou ? Ben là, en voyant entrer Filoche, il comprit qu’ils étaient dans la merde jusqu’aux sourcils la bouche grande ouverte ! Oui, tout à fait charmant mais particulièrement révélateur de la situation. Ils avaient de grosses emmerdes. Il était venu voir un bon indicateur, mais disons juste que le problème était dans la liste de ses comparses… il en avait bouclé la moitié, racketté l’autre… donc, ouais, il n’aurait pas du venir, surtout accompagné par une bleue… d’ailleurs il n’hésita pas à pester…
« Connerie de bleue, quelle idée m’a pris de pas la faire tomber en moto avant d’arriver… »
C’était dans sa barbe qu’il avait pesté. Mais ça avait du être un peu audible puisqu’il y eut une personne – au moins - qui pouffa en l’entendant dire ça, surtout qu’il rajouta un couche ce type en balançant que ce serait dommage d’abimer un corps pareil avant utilisation… il y eut quelques rires graveleux et puis un silence de mort fit soudain son apparition. Le type qui semblait être le chef, s’avança vers Gabriel, arme à la main.
« Une seule chose est sure, c(est que tu verras ta copine souffrir avant que tu n’y passes… hors de question de te faire le plaisir de te tuer rapidement…. T’as envoyé mon frère en taule et là bas, à force d’humiliation, il s’est ouvert les veines ! C’est parce que pour uen fois t’as fait ton boulot que mon frangin est mort, alors tu vas payer ! »
Il fit un signe et on fit avancer la jeune femme, une main s’égara même sur son fessier au passage avant qu’on lui donne un coup dans le creux du genou pour qu’elle s’inclina, s’agenouillant devant le chef qui posa le canon sur son crâne, contre son front, qu’elle soit aux premières loges quand il appuierait sous la détente…
« Ah et par précaution, déshabillez valmy, il avait un flingue de planqué la dernière fois… »
Gabriel ne se débattit pas car son cœur battait la chamade, il repensait à son comportement et le trouvait des plus inconséquents. Il avait délibérément mis en danger la vie de la jeune femme… et quoiqu’il en dise, il était le seul responsable, il aurait pu la prévenir, lui fausser compagnie, mais non, rien… Bordel, le pire, c’était qu’il savait ce qu’il devait faire, mais ça lui retournait l’estomac.
Il poussa l’homme qui se pressait à l’idée de le débarrasser de ses fringues Il eut un rictus écœuré et vira lui même sa chemise et son froc avant de virer aussi ses chaussettes et finalement, après l’insistance du flingue et retira son calbut. Putain, il faisait pas chaud ici ! Mais il ne fit pas comme prévu, non, il prit son calbut et le lança à l’un des gardes et, pendant qu’il se l’enlevait du visage, envoya son poing dans la gueule d’un autre, suivant son pied dans le bide du troisième.
Il y eut un bruit de court circuit et un autre hurla, et le patron brandit son flingue vers Gabriel qui lui fonça dessus pour lui rentrer dedans… dans la mélée le coup de feu partit.