Asami flânait en ville, comme elle aimait le faire, parfois, quand elle avait du temps libre : Elle aimait parcourir Seikusu, simplement pour marcher mais aussi remarquer des détails qui lui étaient inconnus, découvrant la ville au fur et à mesure de ses déambulations. Actuellement, elle était dans le quartier de la Toussaint : Beaucoup diraient que c’est mal famé, mais en vérité on ne risquait à peu près rien pourvu qu’on se tienne bien, et la lycéenne s’y sentait en sécurité et surtout, en appréciait l’ambiance, l’agitation et des myriades de chose qui dissociaient cet endroit de quoi que ce soit qu’on puisse qualifier d’ordinaire. Elle marchait lentement à travers ces petites rues, appréciant l’ambiance certes pas ce qu’on pourrait qualifier de calme ou classieuse, mais qui avait le mérite d’être animée et pour le moins unique, et son regard se laissait aller, en réalité, partout où il était sollicité, que ce soit une devanture pétillante ou autre particularité typique du quartier qui regroupait tout ce qu’il y avait d’excentrique - Certains diraient de mauvais goût voire déviant - dans la ville.
La jeune fille était assez fasciné par ce spectacle - En réalité elle était déjà venue, mais cette partie de la ville est si labyrinthique et changeante qu’on ne cesse de s’y étonner - et flânait littéralement, faisant, il fallait l’avouer, peu attention à où elle allait, le quartier étant bien loin d’être plein de piétons. C’est sans doute ce qui la fit percuter quelque chose et tomber par terre : Elle n’était pas du genre à causer de tels accidents, et cela lui prêtait presque à rire, animant sa balade, mais sa chute fut accompagnée d’un large fracas qui lui ôta bien vite le goût du sourire, lui faisant craindre qu’elle ait occasionné de la casse. Lorsqu’elle leva enfin les yeux vers ce qu’elle avait dérangé, ayant pris un léger moment pour s’épousseter et s’assurer de son bon état, elle eut la désagréable surprise de constater qu’elle avait effectivement causé un beau désordre. De grands cadres ainsi que d’autres « babioles » étaient répandues sur le sol alors que des hommes tentaient en toute hâte et tant bien que mal - Car non seulement certains objets atteignaient une belle taille mais ils semblaient aussi précieux, les hommes les maniant avec une précaution encombrante - de les réunir.
Malgré qu’Asami semblait aussi désolée que possible, s’excusant à plusieurs reprises et s’avançant déjà un peu pour les aider, il ne fallut que peu de temps pour qu’un d’eux détourne son attention vers la jeune fille, allant vers elle d’un pas qui à lui seul était furax et agressif, faisant se stopper nette la lycéenne, devinant sa colère. L’homme avait un air de parfait gangster, ou plutôt d’homme de main, un tatouage remontant sa nuque visible - Un Yakuza, eut vite fait de comprendre sa victime - mais il ne s’arrêta pas à son air désolé voire apeuré et lui saisit violemment le poignet, l’engueulant littéralement d’une voix tonitruante et vociférant des reproches incompréhensibles, du moins pour elle.
« Tu viens de nous faire perdre du temps ! PUTAIN ! Et on va manquer le rendez-vous maintenant, ils nous attendront pas, ce serait trop risqué, BORDEL ! »
Il ne cessait de gesticuler, exprimant toute sa rage et une sorte de frustration, et les autres hommes - Sans doute ses subalternes - s’en étaient même arrêté, abandonnant leur tâche, peut-être parce que d’après ses dires, elle se révélait maintenant inutile, mais sans doute aussi car la colère de leur supérieur était absolument dantesque. Il se calma finalement, lâchant le poignet de la jeune fille qui n’en bougea pas pour autant, terrorisée, à grand renforts de gestes d’excitation et de défoulement, manquant de donner un coup de poing à certains des objets qu’il transportait, mais se retourna pour pointer Asami du doigt :
« Tu ne t’en tireras pas comme ça, après nous avoir fait foiré ça...Tu nous as déshonorés, on a échoué... »
Sur ces mots, il esquissa un geste de capture, souhaitant « simplement » la passer à tabac, jetant ses deux bras vers la jeune fille, mais, rassemblant toute sa volonté et son self-control, celle-ci parvint à commencer à s’enfuir, esquivant la brute d’une manœuvre assez osée puis courant sans vraiment réfléchir à travers les rues du quartier de la Toussaint. Ne pouvant dans cet état pas courir extrêmement vite et son agresseur étant après tout très proche d’elle, il eut à courir seulement quelques secondes pour la rattraper, et lorsqu’il le fit, il la plaqua violemment sur le sol, et semblant outré qu’elle ait osé tenter de s’échapper. Son état de rage lorsqu’il se releva et constata cela aurait fait passer toute sa colère passer pour un simple caprice de fillette, et il agrippa vite la jeune fille par les cheveux.
« Tu veux t’enfuir, hein, tu veux pas assumer, salope ?! Toi tu vas payer ! Putain ! Notre boss va nous engueuler mais toi, toi ce sera pire ! Tu vas en baver ! »
Sur ce, il sembla presque se calmer, jubilant ostentatoirement du sort de la lycéenne, celle-ci restant docilement par terre, n’osant même plus après tout ça ne serait-ce que penser à s’enfuir, et l’homme sortit un portable pour appeler quelqu’un, lui expliquant une situation qu’Asami pensait irréaliste, manquant de pleurer à son énonciation. Elle fut ensuite relevée, incapable de toute initiative seule, et emmenée de force dans une camionnette où elle fut bâillonnée, ses yeux bandés et un casque étrange surmontant ses oreilles pour la rendre momentanément sourde, alors qu’elle passa un long trajet dans le véhicule vers une destination évidement inconnue.
Elle fut débarquée en toute discrétion, entrant dans le QG de l’entreprise Papillon par une entrée détournée, et emmenée dans une pièce attenante au bureau de la directrice, officiant comme une sorte de vestibule vers celui-ci et pouvant en pratique servir de « seconde pièce », puisqu’on l’y laissa absolument seule pour attendre la femme. Elle portait une chemise blanche et une jupe noire, les deux vêtements malmenés par les yakuzas et peu en place, le haut laissant même apparaître un pan de sa poitrine, un bouton ayant sauté, alors que son visage symbolisait la terreur absolue, ses lèvres - libérées puisqu’à présent ses cris ne seraient que peu dérangeant et qu’elle s’était calmée - tremblotantes et son corps entier suivant à peu près leur exemple. Bien entendu, elle n’était pas pour autant libre, ses mains liées dans son dos et ses yeux voilés par un bandeau de cuir - Un accessoire dédié à la priver de sa vue, Asami ignorant l’existence même d’un tel objet - mais ses oreilles libérées, car maintenant il avait été jugé utile qu’elle puisse entendre lors de son « procès » ou même sa punition. En addition, un des yakuzas avait jugé juste ou peut-être simplement drôle de lui donner un avant-goût de son châtiment et avait légèrement coupée sa joue à l'aide d'un couteau aiguisé, son sang en coulant lentement en un mince filament rouge. Elle ne broncha pas lorsqu’elle entendit la femme entrer, sachant pertinemment que qui qu’elle soit, elle n’était pas de « son côté » et qu’elle ne pourrait rien dire pour lui faire changer d’avis.
Asami était terrifiée à l’idée de ce qui pouvait lui arriver, se ressassant même si elle tentait de pas y penser plein d’histoires macabres de yakuzas et plus généralement tous ces « faits divers » morbides qu’on pouvait entendre aux actualités, et pleurait presque simplement de peur, tremblant de tout son corps. Grâce au calme - assez étonnant pour ce qui devait être un repère de mafieux se dit-elle - qui régnait ici, ce qui en fait la privait quasiment de toute connaissance du monde extérieur, hormis ses genoux sentant un parquet qui avait le mérite de ne pas les égratigner, la lycéenne put aisément deviner l’arrivée de quelqu’un dans la pièce : Un pas relativement lent et léger, presque doux, mais qui terrifiait évidemment la jeune fille, résonnant à ses oreilles presque comme autoritaire et annonciateur d’une amère punition, bien que sur ce point, elle n’avait pas tort. Une ouïe fine, captant un froissement de tissu, et la proximité avec son « interlocuteur », lui faisant presque sentir son souffle, permirent à Asami de deviner qu’on venait de s’accroupir devant elle, et là où elle s’attendait à une baffe, un coup ou quoi que ce soit de plus ou moins brutal, elle sentit simplement un coup de langue sur sa joue, la soulageant presque, car bien que ravivant un peu la douleur, au moins elle n’avait pas d’autre plaie à ajouter à la liste. La surprise mais surtout une énorme appréhension avaient fait, par réflexe, sursauter la lycéenne au contact humide, la faisant légèrement bouger sa tête en arrière, mais celle-ci arrêt bien vite le mouvement, consciente que résister, en plus d’être absolument futile, ne ferait qu’aggraver sa situation. De ce fait, comme pour réussir réprimer ses mouvements, elle tremblait à outrance, d’autant que la présence dans la salle se faisait oppressante, ayant un effet presque plus fort du fait que la jeune fille était privée de ses sens, ne sentant en tout et pour tout que le souffle de son agresseur glisser sur sa peau et la brûlure naissante de ses liens à ses poignets.
Après un court instant, on lui ordonna de se lever et de suivre la personne, et, à peine avait elle commencé à maladroitement se relever, pour lui « faciliter » la tâche, se déplacer et surtout suivre une direction étant après tout assez difficile lorsqu’on est aveugle, elle sentit une forte poigne saisir sa nuque, sans une once de douceur, ne cherchant que l’efficacité cruel, et la guider avec puissance, bien qu’au fond Asami n’aurait jamais fait que suivre docilement même une caresse, n’ayant pas à un seul instant osé s’y opposer. « Suivant » bien malgré elle son agresseur, abaissée par son emprise sur son cou, traitée après tout comme une otage pour laquelle on avait peu de considération, la lycéenne put entendre une porte se refermer derrière elle, suffisant à la faire tressaillir et se retourner en hâte, son retard bien vite puni par une forte pression sur sa nuque, bien inconfortable mais pas sujette à des plaintes. Finalement, elle se sentit poussée, avec une force après tout assez modérée, mais dans son état - Qui alliait la terreur, la perte de la vue et des mains liées - ça suffit à la faire tomber au sol, chute qui bien heureusement ne fut pas si violente qu’attendait Asami, amortie par quelque chose comme des coussins qui lui évitèrent de se fracasser les genoux, sentant au plus un léger choc avec le sol à travers les rembourrages, lui épargnant la douleur mais pas un inconfort et évidemment un sentiment de brutalité sans doute voulu. Par réflexe, la lycéenne se retourna immédiatement - assez maladroitement aussi, ne pouvant utiliser ses bras et la surface ne se prêtant pas à des mouvements faciles - mais au fond pas pour grand-chose si ce n’est un sentiment illusoire qu’elle pourrait mieux accueillir une quelconque forme de violence, puisqu’en fait elle ne pouvait littéralement rien voir venir. D’un coup, elle sentit d’ailleurs ce voile s’ôter de devant ses yeux, l’éblouissant presque, mais voyant vite au delà de cet inconvénient, cherchant instinctivement à connaître son agresseur. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle constata que c’était une femme, par ailleurs extrêmement féminine, et étrangement habillée à une mode très traditionnelle, mais ce côté là était bien sans rapport dans cette situation, car le seul espoir d’Asami à ce moment fut qu’elle serait, cliché futile, plus clémente et douce qu’un homme dans ce qui suivrait. La lycéenne ne remarqua d’ailleurs même pas l’absence de tout ustensile qui aurait pu la libérer du bandeau, mais au fond elle n’avait pas l’esprit à cela et ce manque passa inaperçu à ses yeux fraîchement découverts. Elle écouta alors attentivement la femme prendre la parole, ne voulant manquer aucun morceau de son discours, pas par passion - Non, en vérité tout ce qui viendrait de celle-ci la dégoûtait, assez logiquement - mais par intérêt, car quoi qu’elle fasse en désaccord avec cela, ça pourrait lui être reproché et, évidemment, sévèrement puni. Elle fut d’ailleurs presque honteuse de son acte, si seulement il n’avait pas touché des yakuzas et si disproportionnellement lourd de conséquences, et rougit à l’énonciation de ses « crimes », la dernière phrase, peut-être la plus importante, la ramenant bien vite à un état de peur totale, ravivant un peu ses tremblement incontrôlés.
La femme attendit alors quelque chose, peut être pas une réponse, cherchant simplement à la dominer, ce qui fonctionnait à merveille, sa hauteur donnant une impression d’écrasement à la pauvre Asami, de même que sa classe traditionnelle qui renvoyait une image de sérieux et, dans ce cas, de sévérité. La jeune fille baissa vite la tête, incapable de soutenir le regard de sa preneuse d’otage et pensant que peut-être la soumission était sa meilleure option, l’absoudant et la débarrassant de toute défiance et opposition. Pour se soumettre à cette idée, et d’ailleurs se soumettre tout court, Asami , prit un regard suppliant et à deux doigts d’être larmoyant qu’elle braqua d’un mouvement de tête subit sur la femme, se relevant légèrement, pour lui dire :
« Je vous en supplie...Je n’ai...Je ne voulais rien faire de mal...C’était un accident...Ne me faites pas de mal...S’il vous plaît... »