Le Grand Jeu
Plan de Terra => Les contrées du Chaos => Dictature d'Ashnard => Discussion démarrée par: Haria le mercredi 13 février 2013, 19:47:22
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Des couleurs partout. Un monde où le ciel n'est pas gris et où le silence ne règne pas sans partage. Un lieu vaste, sans aucun mur, ni aucune tour de guet. Sans geôle, sans barreau, sans porte. Tellement, il y avait tellement de choses inconnue, tellement de choses à voir. C'était nouveau pour la petite Haria, beaucoup trop sans doute. Elle avait quittée la sécurité de sa prison dimensionnelle par curiosité. Comme séduit par ces couleurs et ces bruits nouveaux, tel un papillon de nuit attiré par la lumière d'une bougie. Mais il ne faudrait pas qu'elle se brule les ailes à trop voler autour. Terra est un monde dangereux et hostile, bien trop pour une jeune princesse qui n'a pas grandie comme les autres, et Ashnard ne faisait pas exception à cette règle.
La jeune fille marchait maladroitement sur les terres de l'Empire d'Ashnard, à la périphérie de la capitale, le sol était trop dur pour ses pieds nus et chétifs. Les bâtiments qu'elle avait vus de loin attisa sa curiosité au point de vouloir voir ce que c'était. Ça ressemblait un peu à sa "maison", mais avec une forme bien différente au fort dans lequel elle a toujours vécu. Peut-être qu'elle y trouverait un papa. Car elle avait une maman, mais pas de papa, et sa mère lui a dit un jour que dans une famille il devait y avoir un père et une mère. Haria ne savait pas trop ce que c'était une famille, mais elle voulait bien essayer d'en avoir une.
La petite princesse s'assit un moment sur un rocher, sous un arbre, ses pieds lui faisaient mal, encore plus mal que quand elle allait dans la cour de la forteresse du Silence. Les cailloux ici n'étaient pas des galets, ils n'étaient pas gros et rond, mais petits et pointus. Ce monde était vraiment plein de surprise, c'est ce que pensait Haria en se massant les pieds. En levant les yeux, pour regarder le ciel, elle s'aperçut qu'elle était assisse sous un pommier. Comme ceux dans le verger du fort, sauf que là les pommes étaient rouges et non grises. Elle pensait que ça ne changeait surement rien et grimpa à l'arbre pour y cueillir un fruit, elle avait l'habitude de faire ça. Quel ne fut pas sa surprise de voir que le fruit ne repoussait pas après qu'elle l'ait cueillit. Cet arbre n'était pas normal d'après elle et elle se demandait si elle devait ou non manger cette pomme. C'est après un petit temps d'hésitation qu'elle croqua dedans car elle devait bien manger. Et là une seconde surprise. Une drôle de sensation dans sa bouche. Quelque chose de nouveau, et d'agréable. Le goût. Cette pomme avait du goût. Déstabilisant pour une fille qui avait l'habitude de manger le même genre de fruit, mais sans ressentir ça. C'était tellement bon qu'Haria la dévora, puis une autre, puis une autre, jetant à chaque fois le trognon par terre, autour du pommier.
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Encore une fois j'avais quitté ma demeure pour me balader aux alentours d'Ashnard. Contrairement aux fois où j'avais fuit pour éviter d'exposer les servants de ma maisonnée à ma soif de sang incontrôlable, j'étais simplement en train de prendre l'air pour le plaisir de prendre l'air. Et un peu le soleil aussi. Voila donc que j'étais en route en direction du désert, me déplaçant trop rapidement pour qu'un être humain normal ne me suive. Et quasiment aussitôt après le début de mon trajet, je m'arrêtai, observant une... gamine peut être, se goinfrer en dessous d'un arbre dans un des vergers de la ville. Encore une mendiante qui n'avait rien de mieux à faire que de piquer aux riches en les croyant avoir le dos tournés. Pourtant elle aurait du savoir qu'à Ashnard ça ne paierait pas, et qu'elle risquerait gros. Je commençai à m'approcher et certains détails ne collaient pas avec le reste de l'image que je me faisais dans ma tête. Elle était habillée d'une robe blanche, d'un blanc éclatant. Elle était pieds nus, d'une pâleur presque maladive, chétive, comme si elle était victime de malnutrition. Même les mendiants n'étaient pas dans un tel état, pas en affichant une telle... pureté, innocence, voila le mot.
Je ne savais pas quel âge elle avait, mais de ce que je voyais elle était à peine une enfant. Je me devais de savoir ce qu'elle faisait ici avant de l'envoyer aux autorités si besoin était, je ne souhaitais vraiment pas... gâcher une telle innocence, briser une enfant sans vraiment y être forcée. Pas après ce que j'ai subi, ce que j'ai vécu. Il n'en était pas question. Je m'approchai jusqu'à être à une dizaine de mètres d'elle et m'adressai à elle, pas sure du tout qu'elle m'ait vu au vu de l'intensité avec laquelle elle mangeait les fruits. C'était presque comme si elle n'y avait jamais goûté avant. Bon, si je voulais savoir ce dont il en découlait, je devais lui poser des questions. Autant ne pas l'aggresser dès le départ.
- Bonjour.
J'avais un léger sourire sur mon visage, et espérais que je ne faisais pas trop menaçante. Nombre étaient ceux n'étant pas habitués à mon apparence.
- Sais-tu que c'est interdit de manger des fruits des vergers d'Ashnard sans autorisation?
Ça devait me donner au moins une idée de ce qu'elle était de par sa réaction à ce simple commentaire.
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Le goût. Voilà bien une sensation des plus étranges et des plus agréables pour la jeune princesse. Elle venait de faire une découverte intéressante, elle savait quoi dire à sa mère quand elle rentrera à la forteresse. Elle voulait même lui ramener quelques pommes pour lui faire goûter, mais elle n'avait pas de poche ni de sac pour les transporter. Et puis elle n'avait pas fini d'explorer ce monde nouveau. Elle reviendrait plus tard les chercher pour les rapporter à la forteresse. Pour le moment, elle en profitait pour en manger pleins au point de n'avoir plus faim et d'être rassasier.
Haria était tellement occupée à.. bah à se goinfrer de pomme qu'elle n'avait pas remarquée la présence de la lamie. Du moins pas avant qu'elle ne s'adresse à la jeune fille qui sursauta de surprise. C'était sa première interaction verbale avec une créature vivante, autre que sa mère. Elle avait remarquée que cette personne était bien différente de sa mère par son physique ... particulier. Mais ce n'était pas ça qui intimidait la jeune princesse. En écoutant l'inconnue, elle avait fait quelque chose de mal. Même si elle ne savait pas ce qu'il avait de mal à manger des pommes. Dans un premier temps, la jeune fille observait la lamie en ne sachant pas quoi répondre. Puis tout à coups, elle se mit à courir en direction de l'arbre, avant de trébucher et de tomber par terre. Elle se relevait sans problème, tapait légèrement sa robe blanche pour retirer la poussière et elle reprit sa course pour se cacher derrière le tronc du pommier en ne laissant dépasser que sa tête pour regarder l'inconnue.
- Si c'est interdit c'est que j'ai fait quelque chose de pas bien... Pardon. Je ne savais pas.
La jeune fille affichait un visage désolé et elle l'était vraiment. Sa mère lui avait appris à ne jamais rien faire de mal ni rien d'interdit. Elle écoutait toujours sa mère, elle était obéissante même si elle ne savait pas ce qui était interdit ou pas.
- Je.. je suis désolée..... Mais.. C'est quoi Ashnard? C'est ton nom? Et pourquoi tu n'as pas de pied?
Haria était une jeune fille polie en règle générale, mais elle n'avait jamais appris à vouvoyer les gens. Sa mère n'avait pas jugée utile de lui apprendre cela, surtout dans la forteresse où elles étaient seules toutes les deux.
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Je me rendis très vite compte qu'il y avait quelque chose d'étrange chez cette jeune fille, enfin, pas vraiment chez elle mais dans son comportement. Lorsqu'elle courut vers l'arbre, au départ je crus que c'était pour fuir et m’apprêtais à la poursuivre, mais quand elle trébucha maladroitement, et puis se releva et pris là peine de dépoussiérer sa robe, je compris que j'avais tort. En effet, elle se cacha simplement derrière l'arbre, me regardant avec précaution. Ça ne présageait pas grand chose de bon pour la suite de la conversation. Elle semblait désolée par contre, et son vocabulaire était assez limité, ce qui s'entendait facilement. Elle me disait qu'elle n'avait pas fait exprès et qu'elle ne le savait pas, et je fus poussée à la croire, son expression de pure innocence avait laissé place à une expression de regret sur son visage. Soit elle était vraiment désolée, soit elle était une très très bonne actrice. Et je tendais à pencher pour le premier point. Puis elle continua, posant plusieurs questions, et mes yeux s’agrandirent sous le choc. Elle ne connaissait pas Ashnard, et n'avait jamais vu de Lamia? Bon, le deuxième point, pourquoi pas, mais ne jamais avoir vu Ashnard... Le mystère autour de cette jeune fille s'accentuait. J'allais commencer par les bases on dirait bien. J'étais tellement confuse que je n'avais même pas fait attention à l'absence de vouvoiement. C'était une enfant après tout, et un peu paumée.
- Je vais répondre à tes questions, ne t'inquiète pas, mais si on commençait par le début? Bonjour à toi, je m'appelle Cassandra Koldya, je suis ravie de faire ta connaissance.
Ce n'était pas vraiment moi, mais j'étais quasiment sure qu'une approche plus directe ne serait pas aussi efficace. Des enfants aussi innocents, un peu de gentillesse les aide beaucoup à commencer à parler.
- Pour répondre à tes questions, je suis une Lamia, une femme avec un corps de serpent, c'est pour ça que je n'ai pas de pieds. Et Ashnard est l'Empire dans lequel tu te trouves ainsi que sa capitale, l'endroit ou j'habite. Et toi, tu habites où?
J'espérais que ça la ferait parler un peu plus et m'expliquer d'où elle venait. Ca me permettrait d'en savoir plus et surtout de savoir comment agir face à elle, et quoi lui dire.
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Cette femme ne semblait pas méchante, du moins c'est ce que pensait Haria. Elle l'avait "grondée" certes, mais c'était parce que la jeune fille avait fait quelque chose de mal. La petite princesse regardait un peu mieux la créature. À part l'absence de membres inférieurs, ou plutôt la longue queue qui lui servait de jambes, la femme était presque pareil que la jeune fille. Enfin, elle ressemblait beaucoup à une humaine, du moins à partir de la taille. Mine de rien elle était très belle comme femme. La petite princesse fixa un instant la poitrine presque nue de son interlocutrice, puis la sienne et remarqua quelque chose: la sienne était bien moins développée que celle de la jeune femme. Mais elle n'en était pas jalouse, seulement curieuse. La Lamie se présentait à l'héritière Abigor, elle s'appelait Cassandra Koldya.
- Je... suis Haria. C'est le nom que m'a donné ma maman.
D'un pas de côté, la jeune Haria quitta sa cache et baissa la tête en se présentant, un peu comme s'il s'agissait d'une révérence. Après avoir relevé la tête, elle regarda la Lamia, les bras le long du corps en écoutant les réponses qu'elle lui donnait. Elle ne comprenait pas tout ce que Cassandra lui disait, mais elle faisait de son mieux pour comprendre.
- Serpent?.. C'est quoi un Empire? C'est le nom de ce monde plein de choses incroyables?
Les "choses incroyables" dont elle parlait étaient les couleurs, le goût et toutes les autres sensations et sens dont elle avait été privée dans sa geôle magique.
- Moi? J'habite dans la forteresse du Silence. Du moins c'est comme ça que l'appelle Maman. C'est au milieu d'une très grosse flaque d'eau par là-bas. C'est très grand mais un peu froid... Tu ne connais pas, Cassandra Koldya?
En parlant, la jeune Haria avait pointée du doigt une direction. C'était par là que ce situait le lac. Il ne se trouvait pas très loin du verger, une petite heure de marche environ.
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Je me rendis très vite compte que la jeune fille en face de moi était... ignorante. On ne lui avait jamais appris les termes de base, et vu la manière dont elle était, si je la laissais ainsi elle finirait sous peu dans un harem pour un riche noble, brisée. Je soupirai, avait de cligner des yeux soudainement. Oh, ça c'était une idée. Je la regardai, un sourire amusé aux lèvres. Oui, si je pouvais faire ça, ça résoudrait pas mal de mes problèmes futurs. Il restait juste à voir cette forteresse du Silence, mais au vu de l'innocence de la jeune Haria, ce ne serait pas vraiment dur. Je m'abaissai légèrement afin d'avoir mon visage à son niveau et lui souris, lui affichant ma meilleure expression gentille que je pouvais. Ce n'était sans doute pas parfait, mais ça devrait suffire.
- Tu as un très joli nom Haria, ta maman a très bon goût. Et puis appelle moi juste Cassandra, pas la peine de dire mon nom entier.
Ma queue bougeait sporadiquement comme douée d'une vie propre.
- Tu crois que je pourrais voir où tu habites? Je suis sur que c'est un endroit très joli. Et puis après si tu veux je pourrai te montrer où j'habite moi même.
Bon sang que c'était restrictif de parler comme ça, mais je voulais qu'elle me comprenne. Je lui souris avant de rajouter un petit commentaire.
- Et puis si tu veux je pourrai te porter jusqu'à là bas, je suis très rapide tu sais?
Le lac était à environ une demi heure de marche pour un humain normal. En tant que Lamia, et si je ne voulais pas aller trop vite pour ne pas qu'elle prenne peur, j'en aurais pour cinq à dix minutes.
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Si toutes les personnes de ce monde étaient aussi gentilles que Cassandra, alors ce serait un voyage agréable, pensait la jeune fille. La Lamie parlait gentiment avec Haria. Si elle avait voulu utiliser la princesse pour des fins personnelles, ce serait facile vu la crédulité de celle-ci. Vivre à l'écart de tout avais protégé la petite du mal et avait rendu son âme pure et innocente, mais à cause de ça elle n'avait aucun moyen de survivre ici. Surtout si les gens utilisaient contre là la fourberie. Mais ça ne semblait pas être le cas de cette femme, du moins aux premiers abords. Elle aimait le nom de la jeune fille, enfin c'est ce qu'elle disait, et forcement celle-ci la croyait en lui souriant légèrement pour la remercier. Un sourire qui semblait triste mais qui ne l'était pas.
Haria ne comprenait pas trop pourquoi elle ne devait pas dire son nom en entier. Elle ne faisait aucune différence entre les prénoms et les noms de famille, pour elle c'était la même chose. Mais puisque la Lamie lui avait demandé, elle obéissait. La jeune princesse regardait la queue de serpent de Cassandra bouger, elle trouvait ça rigolo.
- Tu veux voir ma maison? Je veux bien t'y emmener. Et après je veux bien voir ta maison à toi... Et.. Je veux bien que tu me portes.
Elles partirent toutes les deux en direction du lac. Il devait certainement avoir un nom, mais Haria ne le connaissait pas. Même sa mère ne l'avait pas su à l'époque et depuis le temps il avait dû changer de nom. C'était une sensation bizarre que se faire porter par la Lamia, elle sentait le vent dans ses cheveux avec la vitesse de celle-ci, c'était agréable.
Elles arrivèrent rapidement devant l'étendue d'eau au milieu duquel ce dressait l'immense forteresse de pierre grises. Les murs étaient hauts et il y avait des tours carrés dans les 4 coins, avec une plus grosse en son centre: le donjon. Le fort avait servis de prison il y a longtemps avant de disparaitre du paysage grâce aux manipulations magiques du roi Magnus. Il avait même fait effacer cet endroit de toutes les cartes du royaume pour être tranquille. Bien que le dôme magique soit brisé, il y régnait toujours une atmosphère de calme et de silence. C'était une ambiance à vous glacer le sang, sauf pour la fille qui avait grandis dans cette prison de pierre et de magie. Le sortilège avait été brisé il n'y a que quelques jours, c'est surement pour ça que le coin était dans ce triste état.
- C'est là. Il faut traverser le pont pour entrer. Maman sera surement contente de voir une autre personne... Elle se repose dans la grande tour.
Haria montrait le pont puis la tour du donjon dans laquelle elle logeait avec sa mère. Le pont était apparu quand la bulle magique avait éclatée permettant à tout le monde d'entrer et sortir à sa guise. Puisque la porte d'entrée était grande ouverte. La jeune fille avait eu de la chance qu'un groupe de bandit n'envahissent pas la forteresse pendant les quelques jours où elle était dedans après la destruction du dôme.
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Je laissai échapper un sifflement de surprise lorsque je vis la forteresse. Oh, j'avais déjà fait plusieurs balades autour du lac et j'étais familière avec cet endroit, mais c'était tout simplement la première fois que je voyais cette forteresse. Et puis on s'y approcha, Haria me disant qu'il suffisait de passer le pont pour entrer. Sauf que je ne savais pas si j'avais vraiment envie d'y entrer... Le silence était... oppressant, surnaturel. Habituellement on entendait toujours quelque chose, le bruit des oiseaux, de l'eau... Ici, il n'y avait rien, juste le silence, et j'avais peur de parler pendant quelques instants avant de prendre la parole.
- Et je serai contente de lui parler. Dis moi, c'est toujours aussi silencieux ici?
J'espérais que non, parce que son vocabulaire et ses manières indiquaient qu'elle était peu sortie, et avoir vécu toute sa vie dans un endroit comme ça, gris et silencieux... Je ne sais pas si j'aurais pu. Enfin, elle ne connaissait rien d'autre probablement, donc c'était possible, mais ça avait du être terriblement morne. J'avais presque envie de toucher deux mots à sa mère. La faire vivre dans un endroit pareil et puis après la laisser partir sans surveillance... C'était le comble du sadisme et de l'irresponsabilité.
Je la laissai me conduire au travers des couloirs, détestant cet endroit un peu plus à chaque seconde que je passais en son sein. Il y avait de la magie à l'oeuvre, je le savais, une magie puissante. Je me tournai une fois de plus vers ma petite guide et lui sourit.
- Dis moi, tu as passé combien d'années ici?
Juste pour savoir l'étendue des dégâts... j'avais presque peur de sa réponse.
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Un étranger lambda se serait surement perdu dans le dédale de couloir, mais pas la jeune fille. Ce n'était pas non plus un vrai labyrinthe, mais comme tous les corridors se ressemblaient, il était aisé de ne pas retrouver son chemin ici. Le silence dictait sa loi ici et il était tout à fait normal de ne pas entendre le bruit des pas de la jeune princesse. Enfin, c'était tout à fait normal pour elle qui avait vécu ici toute sa vie. Même les oiseaux qui venaient se poser sur les hauts rempart de la forteresse étaient silencieux, comme s'ils avaient peur de chanter ou comme s'ils respectaient ce silence quasi religieux. Le vent avait beau souffler, on entendait à peine son sifflement.
- Oui, c'est normal que ce soit silencieux. Maman m'a dit un jour que c'est à cause du monsieur qui nous à enfermer.
Sa mère ne lui avait pas beaucoup parlée du monde extérieur. Par mélancolie, mais aussi parce qu'elle ne voulait pas que sa petite fille ne se rends compte qu'elle était enfermée dans l'endroit le plus triste au monde. Elle avait perdue tout espoir de quitter cette prison quelques années après la naissance d'Haria, c'est pour ça qu'elle avait voulu oublier le monde d'où elle vient.
Pour répondre à la seconde question, la jeune fille montra un mur devant lequel elles passaient. Il était couvert de petits traits graver dans la pierre, un moyen de compter le temps qui passe ici. Chaque marque représentait une journée et il y en avait énormément. Il y avait une vielle horloge, qui fonctionnait toujours, au-dessus des marques. Le sortilège magique avait la capacité de conserver les choses longtemps, aussi bien les objets que les personnes.
- Moi j'ai toujours vécu ici. Mais maman est là depuis avant que je sois née. C'est elle qui a fait tout ça... Mais un jour elle a arrêté, quand elle a commencée à dormir.
Même si elle avait perdu espoir de partir, la mère d'Haria avait continuée de compter les jours afin de se rappeler l'âge de sa fille et du lui organiser une petite fête à chacun de ses anniversaires, même si elles n'avaient rien de très festives, mais elle faisait de son mieux. Juste après le mur remplis de marque, elles arrivèrent devant une porte que la petite princesse ouvrit et entra. La salle en question était la chambre du "maître". Elle n'était pas trop décorée. Il n'y avait comme meuble qu'un lit double et une armoire. Ainsi qu'une cheminée au-dessus de laquelle reposa un portrait: celui du roi Magnus Abigor. Dans le lit était allongé une belle femme les yeux clos. Elle semblait dormir et c'était le cas, elle avait trouvée le repos éternel il y a plusieurs années maintenant. La jeune fille alla vers sa mère afin de l'embrasser sur le front.
- Maman. Je suis rentrée... Ha tu dors encore. Je me demande bien quand tu vas te réveiller.
Haria se tourna vers son invité et lui souri légèrement. Puis elle se dirigea vers la cheminée pour montrer le portrait à Cassandra.
- Lui c'est le méchant monsieur qui a amené maman ici. Maman aime vraiment pas cet homme, mais elle arrive pas à casser le tableau. Il parait qu'il est euh... chanté... méchanté...euh.. non zenchanté. Voilà.
La jeune fille était heureuse, même si ça ne se voyait pas beaucoup à travers son visage. C'était la première fois qu'elle parlait à quelqu'un depuis 11 ans, depuis la mort de sa mère. Et c'était la première fois qu'elle montrait sa chambre à une autre personne.
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Je fronçai des sourcils lorsque j'entendis la réponse d'Haria à ma première question. Enfermées ici? Cet endroit était donc une prison, mais pourquoi? Enfin, prison, ça pouvait aussi couvrir un kidnapping ou quelque chose du genre, mais ça n'était pas vraiment le moment de poser ces questions. D'ailleurs la réponse suivante et la vue du mur griffonné d'innombrables barres à la fois me fis froid dans le dos et m'appris que ça ne servait à rien de lui demander. Elle avait toujours vécu ici, dans cet endroit glauque, insipide au possible, sans contact autre que sa mère. Une mère qui a commencé... à... dormir. Je fermai les yeux à cette idée, sachant presque à l'avance ce que j'allais voir ensuite.
Et je ne me trompais pas. La chambre était spartiate, la seule décoration étant le portrait d'un homme, et sur le lit reposait une très jolie femme. Qui ne bougeait pas... qui ne bougeait pas du tout. Je fermai les yeux et contins à peine un grognement lorsqu'Haria embrassa le cadavre de sa mère sur le front et lui parla. C'était terriblement glauque et triste comme situation, et comment lui faire comprendre que sa maman ne se réveillerait jamais? J'étais toujours en train de réfléchir quand elle m'emmena voir le portrait de l'homme, disant que c'était celui qui les avait enfermés, et qu'on ne pouvait détruire le portrait.
Je restai silencieuse, réfléchissant pendant quelques secondes à quoi dire à la jeune fille. Je me doutais sans doute qu'elle devait s'inquiéter de mon silence, mais si je lui annonçais la nouvelle trop brutalement, ça allait sans doute mal se passer. De plus, il faudrait protéger cette forteresse, même si j'étais sure que personne ne voudrait y rester bien longtemps, ce silence commençait déjà à me taper sur les nerfs et à me rendre nerveuse. Ça et il y avait des hommes pour qui ça ne les dérangeait pas que leurs conquêtes soient un peu plus froides que d'ordinaire, et je n'allais pas laisser ça passer. Il faudrait sans doute faire intervenir Ashnard, ou des servants de ma maisonnée. Je commencerais par les servants, et ensuite Ashnard si j'y étais contrainte. Je me tournai vers Haria, une expression légèrement attristée sur mon visage.
- Haria... est-ce que ta maman t'a dit ce qu'il se passait à la fin de la vie de quelqu'un?
Ma main se posa dans ses cheveux, lui caressant doucement la tête. Ça n'allait pas être facile, mais il fallait bien lui annoncer la nouvelle, et je voulais être sure de savoir les termes qu'elle connaissait et ceux dont elle n'avait jamais entendu parler.
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La visite de la forteresse ne semblait pas plaire à Cassandra, enfin c'était surement le lieu en lui-même qu'elle n'aimait pas trop, et c'était normal. Qui aurait put aimé se rendre dans ce genre d'endroit où seul le vide règne? À part peut être la jeune fille qui avait toujours vécue ici. Et même elle préférait le monde extérieur à sa geôle. Quand la Lamie resta silencieuse, Haria commençait à se douter que quelque chose n'allait pas. La princesse pensait qu'elle n'aimait vraiment pas cet endroit, ce qui était le cas mais ce n'était pas la raison de ce silence. Elle fut un eu surprise par cette question et se rendait de plus en plus compte que Cassandra voulait lui dire quelque chose. Puis, la jeune femme posa sa main dans les cheveux de la jeune fille et lui caressa la tête. Sa maman lui faisait ça de temps en temps quand elle était plus jeune, mais c'était il y a des années.
- Non elle ne m'en a jamais parlée.... Mais je suppose que ça à quelque chose à voir avec moi ou avec elle pour que tu me poses cette question.....
Haria était loin d'être stupide, elle comprenait vite les choses quand on prenait le temps de les lui expliquer. Bon ce n'était pas un génie non plus, mais la prendre pour une gamine stupide était une erreur. Elle se tourna vers sa mère un instant.
- À la fin de la vie.. On dort pour longtemps.. C'est ça?
Il n'y avait pas la moindre once de tristesse ou de mélancolie dans sa voix ni sur son visage, en tout cas pas plus qu'à son habitude. La jeune fille avait dit ça comme si elle parlait normalement. Pas par froideur, mais parce que son esprit n'arrivait pas à se rendre vraiment compte de ce qu'elle disait. Elle commençait à comprendre le concept de "mort" même si c'était un peu embrouiller dans sa tête. Elle se tourna de nouveau vers la femme serpent.
- Maman dort depuis si longtemps que je pense que.....qu'elle ne se réveillera pas, c'est ça?
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Je ne pus m’empêcher de sourire légèrement à sa réaction à ma remarque. Elle avait beau ne pas savoir grand chose, elle était plutôt vive d'esprit, et c'était quelque chose que je ne pouvais qu'applaudir. Surtout dans une situation comme la sienne. Je la laissai faire les connections. On pouvait dire ce qu'on voulait, mais la meilleure méthode pour apprendre, c'était arriver soi même aux conclusions, quitte à y être guidé délicatement. Ici, je n'avais même pas eu besoin de la guider, elle avait pris les différentes observations et avait résolu le puzzle toute seule. Oui, la prendre sous mon aile serait une bonne idée. Je comptais la prendre comme... je ne savais pas trop définir le terme, elle serait sous mes ordres mais pas une servante. Plus comme mon bras droit, ou quelque chose du genre. Oh, bien sur, je ne comptais pas la brusquer ou la forcer, mais avec un peu de doigté elle resterait d'elle même loyale, et c'était le mieux pour quelqu'un d'aussi proche de moi. Ça serait un projet à long terme, mais je pensais pouvoir y arriver. Restait à savoir si j'arriverais à inciter ce genre de loyauté. Je n'étais pas vraiment mal partie par contre, puisque j'étais là alors qu'elle n'avait personne d'autre. C'était peut être vil de penser comme ça, mais je n'avais pas vraiment eu le temps de m'attacher à la jeune fille. J'étais sure que ça viendrait un jour, mais pas encore.
Je m'abaissai légèrement afin de me trouver à son niveau, face à elle. Le ton de sa voix m'avait fait comprendre qu'elle avait beau avoir compris ça de manière rationnelle, ses émotions n'avait pas suivi... pas encore. Ça arriverait plus tard. Pour l'instant, je passai délicatement mes bras autour de ses épaules et la serrai contre moi. Lui parlant tout doucement.
- Oui, tu as raison... Je suis désolée, tellement désolée d'avoir à t'apprendre ça...
Je la relâchai après quelques secondes et regardai en direction du cadavre, légèrement étonnée. Je n'y avais pas prêté attention, mais elle ne sentait pas, alors que d'après ce qu'Haria avait dit un peu précédemment, ça faisait déjà un petit bout de temps qu'elle dormait. Elle aurait du se décomposer, mais pourtant si ce n'était le fait qu'elle ne respire pas, on aurait presque dit qu'elle était vivante. Il y avait quelque chose de spécial avec cette forteresse, mais je savais pertinemment que je n'étais pas la meilleure personne pour essayer de comprendre ce que c'était. Après tout, je m'étais faite avoir par une malédictions que je croyais fictive, donc bon...
Je me tournai de nouveau vers Haria et lui posai la main sur l'épaule, la regardant dans les yeux.
- Si tu veux je peux t'emmener chez moi, je te ferai visiter, et puis j'enverrai des gardes protéger la forteresse et le corps de ta maman. Cet endroit est à toi, donc ce ne serait pas bien que des bandits passent et te le vole.
Le fait que je dise que la forteresse était à elle tenait plus du mensonge que de la réalité. Ce que j'allais faire était prendre contrôle du terrain au nom de ma famille, afin d'éviter que d'autres ne le fassent avant moi. La loi du plus fort primait à Ashnard, donc Haria n'avait aucun droit d'après ce que j'avais vu. Je lui laisserais bien sûr croire qu'elle la possède et tout, mais il ne fallait pas vraiment se leurrer. Ma famille risquait peut être d'interférer avec mes plans, mais je laissai cette pensée de côté pour l'instant. Au pire je me débrouillerais pour devenir la chef de famille, j'avais depuis longtemps perdu tout amour pour mes parents et seul mon devoir pour la maisonnée et Ashnard restait.
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Cela fait déjà depuis quelques années que la jeune fille se doutait que sa mère ne se réveillerait pas, mais elle ne pouvait pas y croire, ou plutôt elle ne voulait pas. Mais Cassandra avait confirmée les craintes de la petite princesse. Le corps de celle qui lui a donnée la vie reposait sur ce lit, depuis maintenant 11 ans. Elle était là, on pouvait la toucher, mais elle ne bougera et ne parlera plus jamais, dans l'esprit d'Haria, ce concept était tout bonnement impossible. Elle avait comprit que sa mère était décédée, même si ce n'était pas en ces termes, mais pourtant elle n'arrivait pas à s'imaginer ne plus jamais la revoir. Ses sentiments étaient encore embrouillés.
La jeune fille était tellement perdue dans ses pensées qu'elle ne remarqua pas que la femme serpent l’enlaçait, même si elle ressentit une sensation agréable qui la réconfortait un peu. Elle se demandait ce qu'elle allait faire maintenant, déjà qu'elle n'avait pas vraiment de but dans sa vie. En tout cas, plus rien ne la rattachait à cet endroit qui la vue naitre et grandir. Enfin... c'était sa maison, le seul endroit qu'elle connaissait vraiment. Mais depuis qu'elle avait goûtée à la liberté, elle n'avait plus très envie de rester dans sa forteresse jusqu'à la fin de sa vie. C'est alors que Cassandra proposa à Haria de l’emmener chez elle pour visiter, elle allait même envoyer des gardes pour surveiller l'endroit des bandits. C'était le moyen pour la jeune fille de penser à autre chose.. si possible.
- Je... Je veux bien visiter... Mais avant, j'aimerais savoir.... Qu'est-ce que c'est que des bandits?
Même en sachant que sa mère ne reviendrait plus, la jeune princesse avait peur pour elle. Comme elle n'avait aucune idée de ce qu'était un bandit, elle avait peur que cette "chose" s'en prennent au cadavre de sa maman. Elle ignorait aussi ce qu'était un garde, mais elle supposait que c'était quelque chose de bien si c'est pour protéger des choses. De toute façon, qui voudrait d'un endroit aussi calme puisque la magie était encore active, mais elle allait finir par s'estomper et alors la forteresse redeviendrait ce qu'elle avait été avant l'arrivée de Magnus. D'ici là, les gardes allaient devoir supporter ce silence angoissant qui pouvait rendre fou n'importe quel homme au mental moyen.
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Je souris vers Haria gentiment, ou du moins aussi gentiment que je le pouvais. Malheureusement, je n'avais guère eu l'occasion durant ma jeunesse de sourire de manière spontanée, d'éprouver de la joie. J'étais brisée, et quelqu'un de plus expérimenté dans la lecture des expressions pouvait sans doute remarquer que le sourire était loin d'être sincère. Peut être un jour y parviendrais-je avec le temps, mais pour l'instant un simple vrai sourire était bien au delà de ma portée. Ma main se posa contre sa joue une fois de plus, le métal de mes griffes glissant délicatement contre sa peau en faisant bien attention à ne pas la blesser.
Que lui répondre? Pour les bandits, ce serait assez simple, mais elle risquait de poser plusieurs autres questions et je ne voulais pas m'éterniser ici. Je plaignais déjà les gardes que j'allais envoyer surveiller cette forteresse, à y rester pour la garder. C'était un coup à devenir fou. Je tournai mon esprit une fois de plus vers Haria et hochai de la tête.
"Très bien, je réponds à cette question et après je t'emmène chez moi."
Ça sonnait comme un glas pour la liberté d'Haria, et en quelque sorte ça l'était. Une fois dans mon domaine, je la manipulerais comme je l'entendais jusqu'à ce qu'elle devienne ce que je voulais d'elle. S'en rendrait-elle compte un jour? Sans doute, elle n'était pas stupide après tout, et je comptais bien entraîner toutes ses capacités, son intelligence comprise.
Je m'enroulai délicatement autour d'elle et l'enlaçai de mes bras, son dos contre ma poitrine. J'aimais bien cette position, elle reflétait la supériorité que j'avais sur elle sans pour autant être trop effrayante ou trop violente. Si elle se débattait, elle pouvait très facilement sortir de mon étreinte, et je voulais qu'elle le remarque. Qu'elle s'habitue à mon toucher, à mon étreinte sans réagir de manière violente était mon but. Ma voix à côté de son oreille était douce, la calmant au cas ou elle ait peur.
"Des bandits sont des personnes qui veulent voler ce que d'autres possèdent, en leur faisant mal si nécessaire. Si ils trouvent cette forteresse, ils risquent de tout casser et d’abîmer le corps de ta maman pour chercher des bijoux."
Je l'épargnai de toutes les atrocités qu'ils pouvaient faire subir à un corps aussi bien conservé, c'était bien trop tôt pour qu'elle apprenne ce genre de choses. Je posai mon menton contre son épaule, en faisant bien attention à ne pas trop m'appuyer sur elle.
"Est-ce que tu veux prendre des choses pour la visite? Après tout, les gardes ne vont pas arriver de suite, et ce serait mieux que tu gardes ce que tu as de précieux sur toi."
Et ça me donnait une idée de ce qu'elle considérait comme important. Un moyen de pression douce supplémentaire si besoin est. Où appuyer pour qu'elle accepte de m'obéir.
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Le sourire de Cassandra réconfortait un peu la jeune fille, il ressemblait au sourire de sa mère. Il était assez maladroit, mais il donnait l'illusion d'être agréable et gentil, et ça suffisait pour la convaincre. Haria n'était pas très douée pour lire les émotions des gens puisqu'elle n'a pas eu trop l'occasion de pratiquer. Les griffes froides de la lamie glissaient sur sa joue et elle remarquait bien que son interlocutrice prenait son temps pour répondre, comme si elle réfléchissait à ce qu'elle allait dire. Surement qu'elle cherchait des mots simples et pas trop brusque pour ne pas choquer et se faire comprendre par la jeune princesse, mais celle-ci se demandait bien pourquoi elle prenait ainsi son temps.
La femme serpent s'enroula autour d'Haria pour l'enlacer par derrière, ce qui ne la dérangeait pas du tout. Elle aimait bien les câlins et les caresses de sa mère, même si ça fait longtemps qu'elle n'en a pas eu à cause du décès de celle-ci, mais se faire étreindre par quelqu'un d'autre était aussi agréable. Ça lui rappelait de bons souvenirs ça, des soirées passées devant la cheminée éteinte à écouter sa génitrice raconter ses histoires. Pendant un instant, la jeune fille ferma les yeux en s'imaginant ses moments là, mais elle restait attentive à l'explication de Cassandra. Et d'après ce qu'elle disait, les bandits étaient des gens qui faisaient de mauvaises choses. Ça, c'était enregistré quelque part dans le fin fond de sa tête et elle savait maintenant qu'il ne fallait pas approcher d'un bandit, même si elle ne savait pas du tout à quoi pouvait ressembler un bandit.... Mais bon c'était un début satisfaisant pour elle.
Après ça, Cassandra proposa à Haria de prendre ses affaires les plus précieux et d'aller chez elle. Mais la jeune fille n'avait rien de précieux qui lui appartenait. Elle considérait que tous les objets présents dans la forteresse étaient la propriété de sa mère. De toute façon il n'y avait pas grand-chose de valeur si ce n'est quelques meubles finement taillées et le portrait, mais rien qu'une fille puisse porter. Sa mère voulait un jour lui faire des jouets, mais il n'y avait pas assez de matières premières dans la geôle pour pouvoir en faire. Elle avait tout de même réussit à fabriquer la robe que porte Haria, ainsi que quelques sous-vêtements, avec quelques vieux draps et des morceaux de tissus trouvé çà et là.
- Je n'ai rien à prendre avec moi... Je voudrais bien que maman vienne mais.. Je préfère qu'elle reste ici.
Et puis Cassandra ne voudrait surement pas transporter un cadavre jusqu'à chez elle, même s'il est aussi bien conservé que celui-ci. La jeune princesse s'échappa un instant de l'étreinte de la lamie afin de lui faire face et pour lui sourire timidement et maladroitement.
- Je ne vais prendre que cette robe. Mais on peut y aller maintenant.... Sauf si tu veux que je te fasse visiter encore un peu.
Oui, il y avait tellement d'autre lieu à visiter comme les cachots, la salle de torture, les cellules d'isolement, etc... Tous ses lieux étaient normalement sinistres pour toute personne normale, mais bon quand on est née dans une prison, on s'y habitue.
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Elle ne se débattit pas dans mon étreinte et sembla même l'apprécier, mais je n'en étais pas sure. Toujours était-il que j'aimais ça, qu'elle se laisse faire. Elle était naïve, mais au final c'était mieux que ce soit moi qui soit tombé sur elle plutôt que des esclavagistes. Après tout, la plupart de ces ordures seraient sans doute en train de la besogner au lieu de l'aider. J'évitai de penser que je faisais ça non pas pour son bien exclusif mais aussi et surtout pour le mien, et me concentrai sur sa réponse. Je comprenais qu'elle veuille prendre le corps de sa mère, mais étais assez ravie qu'elle soit assez réaliste pour comprendre que c'était mieux qu'elle reste ici. En dehors de la forteresse, le corps risquait de commencer à se décomposer, et j'étais assez sure que ce n'étais pas vraiment bon pour le psyché de la jeune fille. Le fait qu'elle n'ait pas d'affaire à emporter était aussi une très bonne surprise. Ça voulait dire que l'on pouvait aller directement chez moi. Et faire face à la musique. Je devrais expliquer la situation au maître de la maisonnée, et je ne savais pas vraiment comment ça allait se passer. Il n'y avait pas vraiment d'amour entre mes parents et moi, et plus d'une fois j'ai subi leurs... tendres attentions. Oh, rien de sexuel, mais j'ai été punie assez pour répugner de les contrarier... jusqu'à maintenant.
Elle n'avait en plus que sa robe à elle. Je regardai le bout de tissu avec amusement. Si on pouvait vraiment appeler ça une robe. Oh, elle la garderait, mais je comptais lui faire comprendre que c'était mieux comme nuisette, et je lui fournirai une garde robe appropriée à sa nouvelle position. Je laissai échapper un léger bruit d'amusement et d'incrédulité lorsqu'elle proposa de me faire visiter un peu. Non, vraiment, je m'en passerais bien, et je lui dis de suite.
"Ne t'en fais pas, je pourrai visiter plus tard. Pour l'instant c'est à toi de venir chez moi pour que je te montre là où j'habite."
Il était temps pour moi de commencer à laisser échapper la partie la plus louable de mes intentions, pour qu'elle y réfléchisse. Je souris légèrement et lui passai ma main dans les cheveux.
"Et puis, si tu veux tu pourras y rester tant que tu en as besoin, je ne suis pas assez méchante pour te laisser dormir dehors ou ici..."
Sans même lui laisser le temps de répondre, je la pris dans mes bras et accélérai en direction d'Ashnard, prenant bien soin à mettre le moins de temps possible pour faire le trajet sans pour autant causer trop d'inconfort pour Haria. Si elle me parla pendant ce temps, je ne l'entendis pas, trop concentrée sur le trajet et son bien être pour lui prêter attention. Mon esprit se tourna vers mon arrivée à la maison Koldya. Contrairement à ce qu'Haria pouvait sans doute s'attendre, ça allait être une situation tendue. Mon père voudrait sans doute me faire abandonner Haria et la confier aux servants pour qu'ils l'éduquent eux même dans tous leurs arts, même les plus répugnants, alors que je voulais prendre en charge son éducation moi même. Ça allait causer des frictions, et pas mal d'engueulades... voire pire. Car je n'allais pas me soumettre, pas ce coup ci. Tomber sur quelqu'un avec un état d'esprit... blanc comme ça n'était pas donné à tout le monde, et je comptais bien la faire mienne.
Une vingtaine de minutes passa et nous nous trouvâmes enfin à l'entrée d'Ashnard. Les ruelles étaient bondées, mais ma silhouette relativement imposante me permit d'avancer sans aucun problème à travers les rues de la capitale de l'Empire. Les gens me reconnaissaient, ce qui n'était pas difficile puisque j'étais la seule noble lamia à Ashnard... du moins à ma connaissance. Je ne connaissais pas tous les nobles, mais une bonne partie. Toujours était-il que je recevais des salutations de la part des citoyens d'Ashnard. Je savais que tous n'était pas plus ravis que ça de me voir, mais saluer les nobles respectueusement ne mangeait pas de pain et certains nobles étaient connus pour mal réagir s'ils étaient ignorés. Je leur souris simplement en réponse, un sourire insincère mais qui suffisait. Puis je regardai Haria dans mes bras et la laissai aller délicatement, afin qu'elle marche à mes côtés, faisant en sorte qu'elle soit légèrement derrière moi à tout moment. Pas assez pour rendre une conversation avec elle impolie, mais assez pour que les gens voient que c'était ma subordonnée.
"Bienvenue à Ashnard Haria, c'est dans cette ville que j'habite. On en a pour quelques minutes avant d'arriver à ma maison, tu verras tu la trouveras sans doute à ton goût."
Les rues autour de nous étaient dans un état correct, et laissaient donner l'impression qu'Ashnard était une jolie ville. Bien entendu, ça l'était tant qu'on atteignait pas les quartiers les plus mal famés, mais elle n'avait pas besoin de les voir de suite.
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Il semblerait que la femme serpent n'avait pas très envie de s'éterniser ici. Elle essayait de le cacher un peu, surement pour ne pas attristé la jeune fille, mais Haria avait tout de même compris. Elle ne lui en voulait pas de vouloir partir, elle avait bien remarquée que cet endroit la dérangeait un peu, même si elle ne comprenait pas pourquoi. C'était comme si elle n'était pas dans son élément, bon c'est vrai qu'entre dehors et dans le fort, il y avait une importante différence. La jeune princesse aussi voulait quitter cette forteresse assez rapidement, pas parce qu'elle ne lui plaisait pas, mais parce qu'elle voulait vraiment voir le monde et surtout visiter la maison de Cassandra.
La lamie proposa à la jeune fille de loger chez elle si elle le voulait. C'était une proposition intéressante pour Haria car elle n'avait pas de pied-à-terre dans ce "nouveau monde", mis à part la forteresse du Silence. Bien entendu, elle était attachée à ce lieu qui la vue naitre et grandir et surtout parce que c'était là que reposais la seule personne qu'elle a connu et qu'elle a aimé. Même si elle ne s'en rendait pas vraiment compte, elle voulait mettre un peu de distance avec sa mère défunte. Elle l'aimait, mais son subconscient voulait l'éloigner pour ne pas souffrir. La jeune princesse n'avait pas eu le temps de répondre que la lamia la prise dans ses bras et partie à toute vitesse. Elle était rapide. Haria regardait son ancienne prison rétrécir à mesure qu'elles s'en éloignait. Elle eu un pincement au coeur et était près à pleurer, mais elle se retenait de le faire en présence de Cassandra, surement pour ne pas la rendre triste elle aussi.
Il ne fallut pas longtemps à la femme serpent pour rejoindre la ville. Et ce fut un mini choc pour la jeune fille de voir autant de personnes, elle qui avait l'habitude de la solitude. Ces "gens" étaient tous différents et étrange d'après elle, d'autant plus qu'ils lui faisaient de drôle de signe, des salutations et qui ne lui était pas adressé en plus. Mais comme elle était polie, et un brin naïve aussi, elle leurs répondit en les imitant maladroitement. Certains étaient étonnés par la réponse d'Haria et d'autres se moquaient d'elle en riant quand ils étaient sûr que Cassandra ne les voyaient plus. Marcher sur les pavé de la rue était plus agréable que marcher sur les cailloux, mais ça faisait quand même mal aux pieds de la petite princesse qui n'avait pas de chaussure. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle avait un peu de mal à suivre la lamia. Elle essayait de marcher vite pour la rattraper et essayer d'être à sa hauteur, mais elle n'y arrivait pas, comme si Cassandra faisait tout pour rester en tête. Surement pour mieux la guider, pensait elle. D'ailleurs, la jeune fille se demandait pourquoi elle l'avait posée au sol. Elle était surement fatiguée même si Haria aurait préférée rester dans bras.
Après quelques minutes, comme l'avait annoncé Cassandra, elles arrivèrent devant chez elle. Ça tombait bien, Haria en avait un peu marre du brouhaha de la ville.
- Ce .. Si on s'est arrêté devant cette maison c'est que c'est ici que tu vis, non?
La jeune fille essayait de faire marcher sa logique pour l'entrainer un peu, et surtout pour pas avoir l'air bête en ne disant rien. Elle n'aimait pas paraitre stupide, même si elle croyait l'être. Son ignorance était certes touchant, mais force ça pouvait énerver les gens.
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Je remarquai très rapidement que la jeune fille n'était pas très à l'aise à marcher pieds nus dans les rues de la ville. Et je la comprenais, ça ne devait pas être très agréable. Pourtant, je ne fis rien pour changer la situation, elle ne se plaignait pas et j'en étais ravie. Il fallait savoir endurer des fois. Oh, je savais qu'Haria ne comprenait pas que je la testais, et je doutais qu'elle comprenne même si je lui expliquais. Je testais son caractère, et pour l'instant elle ne m'avait pas déçue. Intelligente bien qu'ignorante, résiliente et un peu têtue, car il le fallait pour continuer sans rien dire. Elle avait aussi le défaut d'être vraiment naïve, mais ça venait de son ignorance. J'allais l'éduquer afin de fléchir cette tendance qu'elle avait, mais ça prendrait du temps, et je devrais déjà commencer par poser les bases de son éducation future avant de m'attaquer à ce chantier.
Après plusieurs minutes de marche, je m'arrêtai devant ma demeure, enfin, celle de mes parents, et entendis la question d'Haria. Elle avait un minimum d'esprit de déduction, et elle savait poser des questions, bien que celle ci soit superflue. Je n'avais rien contre des questions, mais je souhaitais qu'elle ne me fasse pas perdre mon temps à me demander ce qu'elle savait déjà. Encore une fois, je ne lui fis pas part de mes pensées et lui sourit simplement.
"En effet Haria, bienvenue chez moi."
La bâtisse était plutôt grande vue de l'extérieur, mais c'était relatif. Dans le quartier noble, nous avions croisé bien d'autres domaines plus imposants, mais aussi d'autres plus modestes. Somme toute, nous étions plutôt dans la moyenne. Le mur nous séparant de la maison était en pierres rouge-brun tirant légèrement sur l'orange et tenues ensemble par un mortier blanc cassé. La porte elle même en bois blanc massif. Nous avions un jardin de taille respectable, très bien entretenu par nos servants, et derrière se cachait la maison. Elle était construite en pierre, la façade étant recouverte d'un crépi très bien posé de couleur jaune orangé. Le nombre de fenêtres en verre laissaient imaginer un bon éclairage intérieur, et nous pouvions voir de l'extérieur plusieurs rideaux richement décorés à l'intérieur, prouvant une certaine richesse.
Je fronçai légèrement des sourcils alors que je considérais la route à suivre. Allais-je lui faire la visite tout d'abord et ensuite prévenir les gardes et mes parents de la forteresse que nous pouvions sans doute nous approprier, ou alors la confierais-je aux servants le temps de faire ça et puis ensuite une fois que je serais plus disponible m'occuperais-je d'elle? Au final, je privilégiai la deuxième option. Ça nous faisait gagner du temps et surtout ça m'évitait une confrontation avec mon père alors que j'étais en train de faire visiter Haria. Le voir n'était pas vraiment la première impression que je voulais qu'elle ait de cet endroit. Nous avançâmes jusqu'à atteindre la porte d'entrée et je me tournai vers Haria.
"J'ai quelque chose d'urgent à faire avant de te faire visiter, donc je vais te laisser quelques minutes avec mes servants. Si tu le souhaites, ils vont te montrer des nouveaux vêtements et tu pourras les prendre s'ils te plaisent. Je ne devrais pas en avoir pour longtemps, donc il faudra que tu patientes un petit peu, ça te va?"
J'attendais sa réponse, en espérant que ça ne lui poserait pas de souci. C'était un risque que je prenais, mais je n'avais pas énormément de choix. Quant aux vêtements, j'avais conservé mon ancienne garde robe. Il devait bien y avoir quelque chose qui lui plairait dedans, et ça siérait plus au rôle qu'elle tiendrait à mes côtés qu'une simple robe blanche.
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La maison de Cassandra était vraiment petite, enfin si on l'a comparée à la forteresse d'où venait Haria, puisqu'elle n'avait pas d'autre élément de comparaison que son lieu de naissance. Bon elles avaient traversées une partie de la ville et la jeune fille avait pu voir d'autres battisses, mais toutes était plus petite que chez elle, enfin sauf une ou deux. Ce n'était peut-être pas grand-chose, mais cela lui donnait un petit sentiment de fierté. Sentiment nouveau pour la petite princesse d'ailleurs. Elle ne savait pas trop ce qu'était cette sensation mais ça lui plaisait un peu. Elle observait le manoir et était un peu jalouse de voir que c'était plus joli que dans sa forteresse. La jalousie était, encore une fois, un sentiment nouveau pour la jeune demoiselle et elle ne l'appréciait pas, même si le sentiment en lui-même n'était pas très fort.
La lamie entra dans la maison, suivi de près par Haria. Celle-ci ne voulait pas lui faire visiter tout de suite, elle avait quelques choses à faire et laissait aux servants la tâche de s'occuper de la jeune fille. Cassandra lui demanda quand même si ça la dérangeait, mais elle n'avait pas le courage de répondre autrement que positivement, puisqu'elle ne voulait pas déranger la lamie plus que ça et surtout parce que la femme serpent avait quelque chose d'urgent à faire. La demoiselle laissa donc son hôte partir en la laissant seule avec un petit groupe de serviteurs qui l'entraînèrent dans un vestiaire pour qu'elle puisse se changer avec l'aide de jeunes femmes.
Les servantes comméraient entre elles, ce demandant qui était cette jeune fille que leur maitresse avait ramenée d'on ne sait où. Haria ne ressemblait pas trop à une paysanne, elle était trop pâle pour ça. Elle n'avait pas l'air d'une noble non plus, ses vêtements n'étaient pas ceux de noble et ils étaient tout abimé. Surement une orpheline trouvée dans la rue, pensaient elles, mais la pureté de la petite rayait une nouvelle fois cette possibilité. Elle ne semblait pas avoir connue la tristesse de combattre pour survivre dans les ruelles de cette ville où tous les enfants trouvés deviennent esclaves, voleurs ou prostitué. Pour les jeunes servantes, Haria était un vrai mystère, comme si elle venait de nul-part, comme un ange tombé du ciel. Mais, bien qu'elle était pure, son corps lui était relativement sale, il faut dire qu'elle n'a pas eu la possibilité de se laver après avoir trainée dans le verger d'Ashnard.
Les jeunes femmes décidèrent de laver la jeune fille avant de la laisser mettre les anciens vêtements de leur maîtresse puisqu'ils valaient tout de même une petite fortune. Sans demander son avis à Haria, elles lui retiraient ses habits et la "jetaient" dans le bain. La jeune fille se laissait faire comme une poupée, parce qu'elle ne savait pas comment réagir, par timidité et aussi parce que c'était bien quand d'autres personnes s'occupaient d'elle. Elle avait pris l'habitude de tout faire toute seule, donc quand d'autres la chouchoutait ça lui faisait vraiment plaisir. Les servantes lavèrent le corps pâle et fragile de la jeune demoiselle afin de la rendre présentable et aussi propre qu'un sou neuf.
Le bain pris quand même plusieurs minutes, mais après ça, les servantes habillèrent Haria avec une robe bleue (http://www.renders-graphiques.fr/image/upload/normal/fille_princesse_bleu_robe.png) qui lui allait à ravir. La jeune fille était surprise en se voyant dans le miroir, elle se trouvait.. belle. C'était la première fois qu'elle se trouvait jolie et bien. Elle aimait de plus en plus ce nouveau monde, bien qu'il soit un peu compliqué.
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Au fur et à mesure que le temps passait, je sentais monter la frustration en moi. Bien entendu, la première chose que j'avais fait était de prévenir les gardes de notre maisonnée afin qu'ils envoient une patrouille pour s'approprier la forteresse d'Haria. Ça s'était bien passé, et ça présageait de bonnes choses pour notre famille. Après, je devais convaincre mon père de fermer les yeux sur la présence d'Haria et de me laisser faire comme je l'entendais, mais ça...
- Ce n'est pas une question de confiance Cassandra, c'est une question d'image. Il n'est pas question d'accueillir une... va nu pieds comme tu viens de le faire. Je ne le permettrai pas! Si encore c'était en tant qu'esclave, j'aurais fermé les yeux, mais là... servante personnelle... bras droit? Laisse moi te rappeler qui est le chef de famille jeune fille. Je suis le chef de famille. C'est moi qui prends les décisions ici, et mes décisions sont sans appel. Cesse de suite ces imbécillités et allons voir cette... Haria. Maintenant qu'elle est là, je suppose qu'on va devoir faire quelque chose d'elle.
Je grinçai des dents et le suivis en silence alors qu'il quittait son bureau pour aller à l'encontre de mon invitée. Je ne le savais pas encore, mais j'allais regretter d'avoir gardé mon contrôle à ce moment précis. Mais je me disais qu'en la voyant, si frêle, si innocente, il changerait d'avis et me laisserait décider de son sort. Ou peut être était-ce que malgré l'inimitié que j'avais avec mon père, je ne souhaitais pas l'attaquer pour si peu, sans grande provocation. J'allais m'en mordre les doigts. Le trajet fut court, et nous arrivâmes dans la chambre dans laquelle s'était habillée Haria alors même qu'elle finissait de mettre ses vêtements.
Mon père s'arrêta à l'entrée de la pièce et l'observa alors que je souris vers la jeune fille et allai lui caresser la tête. J'avais remarqué qu'elle aimait bien les preuves d'affection physiques, donc je ne manquais pas de lui en donner. J'allais lui demander comment le bain s'était passé lorsque la voix de mon père retentit, glaçant mon sang dans mes veines.
- Je vois ce que tu voulais dire ma fille... Et je comprends presque ton opinion. Cependant, tu ne vois pas assez loin... Non, elle va être entraînée comme tu l'as été. Cela sera bien plus bénéfique pour notre famille. Depuis ta transformation nous avons perdu une partie du prestige dont nous bénéficiions à la cour, et il est temps d'y remédier.
Plusieurs secondes passèrent dans le silence le plus complet, et, les yeux fermés et mon visage dirigé vers Haria, une expression de rage des plus violentes s'afficha sur mon visage. Il voulait faire ça à quelqu'un d'autre? Il voulait faire ça à Haria? A une jeune fille si innocente? Si pure? Je tentai de contrôler ma voix, mais elle tremblait un peu quand je pris la parole.
- Lui faire subir ce que j'ai subi, c'est ça que tu veux père?
Il comprit à ce moment là ce qui allait se passer, avant moi même et avant les servants. Il n'avait pas été à la tête d'une famille noble en étant un idiot. Lorsque je le regardai, je vis ses yeux écarquillés de surprise et de peur mêlés, et je savais ce qu'il me restait à faire. Je m'élançai vers lui alors même qu'il ouvrit la bouche.
- Gardes!
Le reste fut comme dans un rêve, ou un cauchemar pour moi. En une fraction de seconde j'étais devant lui et mes griffes balayèrent l'air, visant sa gorge. Il bondit en arrière, évitant le coup mais je contrai cette manœuvre de suite en lui crachant un jet de mon poison au visage. Celui là il ne put l'éviter, et ses hurlements de douleur emplirent la pièce. Froidement, mon corps s'enroula autour de sa carcasse agonisante et en une torsion rapide, un craquement sinistre se fit entendre et le silence envahit de nouveau la pièce.
Il dura, et dura encore, jusqu'à ce que les gardes arrivent. Ils prirent conscience de la situation mais ne firent rien. Nous étions à Ashnard, et les coup d'états violents étaient autorisés. C'était la loi du plus fort, et ils voyaient que j'avais ce qu'il fallait pour prendre la tête de la famille. Un signe de ma tête et ils me saluèrent, avant de reprendre leurs positions.
C'était étrange, jusque là j'avais un certain détachement face à la haine que j'avait pour mon père. J'avais serré les dents, pesté et voulu le tuer maintes fois, je n'avais jamais imaginé que j'en arriverais là un jour. Parricide. Le mot me brûla le cœur, et fit remonter de vieux souvenirs, des souvenirs où nous étions encore une famille unie et joyeuse. Un élan de bile me remonta et je me contrôlai avec difficulté, me tournant vers les servants.
- C-Calmez Haria et... maintenez là ici. Je vais lui expliquer il faut juste... urgh.
Une main en travers de la bouche pour retenir ma nausée, je sortis de la pièce à pleine vitesse pour me diriger vers les latrines. Une fois là bas, je rendis tous ce que j'avais dans l'estomac. Bon sang, qu'est-ce que j'avais fait? Et pourquoi l'avais-je fait devant Haria? Mes pensées s'arrêtèrent net alors une autre remontée gastrique me déconcentra. Ça allait être amusant à lui expliquer... ou pas.
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Qu'est-ce qui venait de se passer à l'instant? C'est la question qui résonnait dans la tête d'Haria. Tout s'est passé si rapidement qu'elle n'avait pas tout vu ni tout compris ce qui venait de se faire. Cassandra semblait en colère contre cet homme qu'elle avait appelé Père avant de se jeter sur lui à toute vitesse pour lui faire quelque chose. L'action était tellement rapide qu'un être humain "normal" aurait déjà eu du mal à tout saisir, mais avec l'ignorance de la jeune fille, ça devenait une vraie énigme pour elle. Pourtant la lamie avait l'air neutre, voire contente, elle avait même caressée la tête de la petite princesse. D'ailleurs, Haria aimait bien les caresses de la femme serpent, elle qui n'avait pas eu de câlins depuis longtemps. Et la minute d'après, Cassandra se jetait sur ce "père" avant de partir et de laisser aux servants le soin de calmer la jeune fille.
Il n'y avait pas vraiment besoin de la calmer puisqu'elle n'était ni apeuré, ni triste, mais confuse. Elle essayait de reconstituer un puzzle, dans son esprit, pour comprendre ce qui venait de se faire. La jeune princesse regardait la carcasse brisée de l'homme, il ne bougeait plus. Il dormait? Les jeunes femmes, qui se sont occupées d'elle juste avant l'événement, se mirent devant Haria pour lui couper la vue pendant que d'autres hommes emmenèrent le cadavre plus loin. Les servantes essayaient de la consoler en lui proposant d'essayer d'autres habits, elles étaient un peu choquées par ce qui venait de se passer ici et ne remarquèrent pas que ce n'était pas le cas d'Haria. La jeune fille hésita un peu avant de demander:
- Euh... Je... Qu'est ce qui est arrivé au monsieur? Où est passé Cassandra?
Mais les jeunes femmes ne lui répondirent pas. Elles se regardèrent entre elles en ce demandant ce qu'il fallait lui dire, mais elles préféraient laisser à la lamie ce "privilèges" par lâcheté, mais aussi parce qu'elle connaissait Haria un peu mieux qu'elles. C'était peut-être mieux ainsi, mais la jeune fille n'avait toujours pas sa réponse et ça la perturbait pas mal. Elle n'insista pas et restait silencieuse en attendant le retour de Cassandra. Les servants, qui obéissaient un peu trop à la lettre, lui proposaient des tas de choses comme des habits, des sucreries, même des jouets. Mais Haria refusait tout ce qu'on lui proposait, telle une enfant gâtée bien qu'elle ne l'était pas du tout, elle ne voulait qu'une chose: le retour de la lamie. C'était la seule qui répondait à ses questions ici.
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Je laissai échapper un pitoyable gémissement alors que mon estomac se rebella de nouveau. Je n'avais plus rien à vomir, mais la sensation n'en était pas moins désagréable. Je me reculai et respirai profondément, tentant de calmer cette nausée qui me tenait les tripes. Il fallait que je me ressaisisse, j'allais devenir la tête de la maison noble Koldya, et ce n'étais pas la première fois que je tuais. A ça, mon esprit perfide s'empressa de me rappeler que c'était la première fois que je tuais un membre de ma famille, et surtout mon père. Je laissai échapper une fois de plus un grognement, réussissant néanmoins a garder ma nausée sous contrôle. J'allais devoir me montrer forte et intouchable, du moins pour un temps. Je me débarbouillai du mieux que je pouvais afin de masquer ces quelques minutes éprouvantes pour moi, et pris une grande inspiration une fois de plus, avant de sortir des latrines.
Aussitôt, je vis un certain nombre de servants qui attendaient sans doute leurs ordres. Ils étaient apeurés, me regardant avec méfiance et crainte que je ne les remplace... de manière définitive. Je soupirai et m'adressai à eux.
-N'ayez crainte, je n'ai aucune intention de vous tuer si vous ne me donnez pas une très bonne raison pour le faire. L'ancien chef de famille a oublié une des lois les plus importantes d'Ashnard et l'a payé de sa vie. La loi du plus fort. Il m'a insulté, tenté de prendre ce qui était mien et l'a payé de sa vie. Tirez en les leçons qu'il faut et je ne vois pas pourquoi vous subiriez une fin inopinée.
Je hochai de la tête dans la direction des servants qui semblaient un peu plus rassurés, et leur intimai de reprendre leur travail. Pas de raison de perdre plus de temps que nécessaire. Mon arrêt suivant fut le poste de nos gardes personnels, ou je leur donnai l'ordre de placer ma mère sous bonne garde une fois qu'elle serait rentrée au manoir. J'allais devoir avoir une bonne conversation avec elle, voire même l'éliminer si elle se montrait trop déraisonnable.
Une fois que j'eus fini, cinq à dix minutes après mon départ, je retournai dans la pièce où se trouvait Haria et fis un signe aux servants de nous laisser seuls. Je m'assis à ses côtés et soupirai, avant de lui passer mes doigts dans les cheveux.
- Je suis sure que tu as plein de questions, je vais essayer d'y répondre du mieux que je peux, ok?
J'attendais avec une certaine réluctance ses questions, et je les craignais un petit peu. Ma réponse impulsive devant elle avait déjà fait assez pour possiblement contrarier mes plans futurs, pas besoin de rajouter plus que ça.
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L'ambiance au manoir avait changée. Le personnel de la demeure couraient dans tous les sens comme s'il venait de se passer quelque chose de grave. Ce qui était le cas, mais Haria n'avait encore pas compris cela. Elle pensait qu'ils jouaient, ou se dépêchaient de faire ce qu'ils devaient faire. Et au milieu de tout ça, la jeune fille était toujours dans l'ignorance la plus totale. Elle ne savait pas qu'il venait d'y avoir meurtre, elle ignorait complètement le principe de meurtre, déjà qu'elle venait à peine d'apprendre ce qu'était la mort et encore ce n'était pas tout à fait clair dans son esprit. Ce qu'elle comprenait par contre, c'était que les servants s'occupaient d'elle parce que Cassandra leur avaient demandé de le faire. Elle compris donc que ces personnes lui obéissaient. Ils continuaient de la gâter avec des vêtements ou des peluches pour ne pas qu'elle soit traumatisée.
Au début, elle refusait puisqu'elle ne souhaitait avoir que des réponses et puis au bout de 5 minutes sous les assauts répétés des domestiques, qui revenaient sans cesse à la charge avec de nouveau truc, elle finit par céder et par accepter les "offrandes". Mal lui en pris car Haria fut vite submerger par des jouets, des habits et autres objets qu'il convient à une jeune fille. Les femmes qui s'occupaient d'elle étaient encore jeunes, presque le même âge que la jeune princesse, elles n'avaient donc aucune expérience avec les enfants, même si techniquement elle n'avait pas le physique d'une enfant, et elles étaient encore sous le choc. Heureusement que dans le lot il y avait une femme plus mûre pour raisonner le groupe de jeunes servantes avant qu'elles ne noient Haria sous des tonnes de cadeau.
Et puis enfin, la fin de l'attente annoncé par le retour de Cassandra qui congédia tous les serviteurs présents dans la salle. La lamie et la jeune fille se retrouvèrent seules dans la chambre. Haria allait pouvoir lui poser sa question, même si elle hésitait à le faire puisque la femme serpent ne semblait pas très en forme. Mais elle-même lui avait demandé de poser ses questions donc elle s'exécuta.
- Pourquoi tout le monde agis différemment tout à coup?.. Que.. Il lui est arrivé quoi au monsieur là?... Pourquoi tu es partis?... Les.. Les dames ont pas voulu me répondre.. Elles ne savent pas?
Les questions étaient simples, mais les réponses étaient dures. Haria attendait patiemment que son interlocutrice lui réponde en la regardant dans les yeux. Elle était patiente comme fille et il le fallait quand on devait attendre des années dans un fort avec comme seule compagnie le cadavre de sa mère.
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Je poussai un long soupir et regardai Haria, si innocente. Comment me regarderait-elle après que j'aie fini de lui expliquer. Avec surprise, avec peur ou compréhension. Je savais parfaitement que ce dernier point était inconcevable, mais une lamia pouvait rêver, non? Pourtant il fallait bien que je le fasse. Si je lui mentais, elle le saurait, quelque chose d'aussi gros ne pouvait pas vraiment passer inaperçu.
-De très bonnes questions Haria, mais les réponses sont un peu difficiles.
Le lui souris, mais il était presque impossible de cacher le malaise qui transparaissait sur mon visage maintenant. La nausée, le possible échec de mon plan dépendait de la manière donc j'allais lui présenter la chose.
- Je vais commencer par la fin si ça ne te dérange pas... Les dames, les servantes ne t'ont pas répondu car elles savent que c'est à moi de t'expliquer ce qu'il s'est passé. Je suis partie...
Je pris une grande inspiration et regardai Haria une fois de plus avant de hocher la tête pour moi même. Oui, j'allais présenter la chose ainsi.
- Pour que tu comprennes il faut qu'on reparte du début. Il y a des années, j'étais une petite fille, un peu comme toi. J'avais ma maman, et mon papa et on était une belle famille, heureuse. Et puis un jour, mon papa a voulu que j'aide la famille... d'une manière spéciale. J'aimais mon papa et ma maman, donc j'étais d'accord... J'étais contente même. Pour les aider, j'ai du apprendre plein de choses...
Je déglutis. C'étais la première fois que je racontais ça à qui que ce soit. Bien entendu, c'était allègrement censuré pour qu'elle puisse comprendre, mais...
- Très vite, j'ai compris qu'il voulait que je fasse des choses... horribles pour une enfant, mais je les aimais, c'était ma maman et mon papa tu sais, donc j'ai fait ce qu'ils m'ont dit, sans me plaindre, sans rien dire. J'ai vécu de très très mauvaises années, et j'étais très triste. Et puis un jour, pendant ce que je devais faire, un sort magique m'a transformé en femme serpent, donc j'ai pu arrêter de faire ces choses horribles.
Une expression de pure colère traversa mon visage pendant un instant alors que je fixai l'emplacement où j'avais tué mon père.
- Mais mon papa n'aimait pas ça, du tout. Alors quand tu es arrivée aujourd'hui, il s'est dit, pourquoi est ce que je n'utiliserais pas cette petite fille que Cassandra a ramené à la maison pour lui faire faire ces choses horribles. Mais je ne voulais pas, j'ai été très très triste quand j'ai du faire ce que j'avais à faire, et je ne voulais pas que tu sois très triste toi aussi, alors... Je l'ai fait dormir... exactement comme ta maman dort. Comme ça il ne se réveillera jamais et il ne pourra pas te rendre triste.
Bon, j'espérais que ça passerait. J'avais tourné la chose du mieux que je le pouvais, et je n'avais plus qu'à attendre sa réaction.
- Et enfin, tout le monde agit différemment parce qu'ils obéissaient à papa avant. Maintenant qu'il ne peut plus se réveiller, ils m'obéissent à moi. C'est un grand changement pour eux.
Je lui souris tristement.
- Est-ce que tu as d'autres questions?
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Même si Cassandra lui expliquait des choses assez dures à la jeune fille, Haria restait neutre et l'écoutait attentivement sans rien dire et en essayant de tout comprendre. Grâce aux explications simples de la lamie, elle compris presque tout. Comme elle n'avait aucune notion ni de bien ou de mal, ni de justice, elle ne pouvait pas juger la femme serpent sur ce qu'elle avait fait. Ce ne devait pas être si grave, s'imaginait-elle. Elle avait toujours du mal avec la mort et ne comprenait pas comment on pouvait faire dormir quelqu'un pour toujours. Ça viendrais avec le temps, peut-être. Elle réfléchissait et ne savait pas quoi répondre à son interlocutrice, la jeune princesse ne voulait pas la rendre encore plus triste ou la gêner. Mais elle ne voulait pas rester comme ça sans rien faire alors que la femme serpent semblait mal. Cassandra était ce qui se rapprochait le plus d'une amie pour Haria, ou alors un professeur attentionnée, mais de toute façon là jeune fille ne connaissait ni l'un ni l'autre.
- J'ai très bien compris.. Merci.... Euh...Je... Je peux faire quelque chose pour que tu ailles mieux?
Haria était attentionnée mais avait peur de faire une erreur. Elle n'hésiterait pas à faire tout ce que lui demandait Cassandra pour la réconforter. Puisqu'elle était totalement ignorante, elle n'avait de limite que ce que son corps lui imposait. Même si elle ne comprenait pas encore bien ce pourquoi la Lamie avait agi et agissait ainsi, mais stoppe les questions.
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Parfait, c'était parfait. Oh, bien sûr, c'était une expérience assez horrible pour moi et j'allais avoir un peu de mal à dormir pendant quelques temps, mais au moins je n'avais pas risqué mon lien avec Haria, qui était toujours intact. Je savais intuitivement qu'elle m'offrait beaucoup avec ses mots, et qu'elle irait sans doute très loin pour me réconforter. Ce n'était pas mon but du tout pourtant, du moins pas dans un futur proche. Après par la suite, pourquoi pas, mais elle était trop innocente, trop jeune. Non, tout ce je souhaitais pour l'instant était profiter de son ignorance et de sa naïveté pour la faire mienne, loyale et heureuse de l'être. C'était pas beaucoup mieux certains pourraient dire, mais je n'en avais que cure. J'avais déjà trop payé pour ce plan, je n'allais pas l'abandonner.
Je regardai Haria et un sourire s'afficha sur mon visage alors que je lui passai la main sur les cheveux et lui embrassai le front de manière plutôt maternelle.
- Ne t'inquiète pas Haria, j'irai bientôt mieux.
Mes yeux luisants se fixèrent dans les siens, mon sourire ne quittant jamais mon visage.
- Dis, ça te dirait de vivre au manoir ici avec moi? J'y ai pas mal réfléchi et je n'aimerais pas laisser une jeune fille sans défense toute seule sans aide. Si tu veux, je pourrai même t'apprendre plein de choses que tu ne connais pas encore, mais il faudra que tu me promettes de faire de ton mieux pour les apprendre. Qu'en dis-tu?
Je regardai autour de moi alors que les servants s'affairaient, me lançant toujours de temps en temps des regards appréhensifs. Ca allait rapidement devenir fatiguant, mais je me retins de soupirer tout haut. Haria ne comprendrait pas et me demanderait pourquoi j'avais soupiré aussi fort sans aucun doute. Je la regardai de nouveau et remarquai sa robe. Enfin, elle était à moi, mais bon.
- Cette robe te va bien Haria, si tu veux tu pourras la garder. On pourra même faire le tour des vêtements qui te plaisent si tu veux après, d'accord?
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La lamie n'avait pas besoin de réconfort de la part de la jeune fille. Heureusement d'ailleurs car elle n'aurait surement pas réussit à faire quoique ce soit de correct. Haria aurait aimée l'aider, mais la femme serpent ne semblait pas avoir besoin de son aide de jeune demoiselle ignorante. Elle savait bien qu'elle était totalement inutile dans ces moments là car elle ne savait pas comment réagir et ça la mettait mal à l'aise même si elle ne le montrait pas. Cassandra proposa presque aussitôt à la jeune fille de rester vivre avec elle et de lui apprendre tout ce dont elle aura besoin. Cette proposition était intéressante c'est vrai, mais Haria réfléchit quand même. Elle aimerait bien vivre dans cette maison avec tous ces personnes pour s'occuper d'elle, mais la forteresse lui manquerait surement. Après ce n'était qu'une habitude à prendre.
- Je... Oui, je veux bien... Vivre ici. Si tu me promet que maman est à l'abri grâce aux personnes que tu as envoyé. Je.. je suppose qu'il y a des règles à respecter ici, non?
La lamie trouvait que la robe allait bien à Haria. Cette déclaration lui faisait plaisir, elle n'avait pas eu ce genre de compliment depuis très très longtemps, trop longtemps surement. Elle souri maladroitement à son interlocutrice et hocha la tête.
- Oui.. J'aimerais voir les autres habits si tu le veux bien.
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Je ne pus empêcher un sourire de s'afficher sur mon visage lorsqu'elle accepta, un vrai sourire cette fois ci contrairement à ceux que je lui avais offert précédemment. Bien, si elle voulait rester chez moi, ça voulait dire que tout était encore possible. Je réfléchis aux diverses règles que je pouvais lui imposer avant de hocher de la tête.
- En effet, il n'y aura pas beaucoup de règles mais il y en aura quand même. Tout d'abord, comme je te l'ai déjà dit avant, je veux que tu fasses de ton mieux pour apprendre ce que je te dis. Ensuite, si tu sors de la maison, il faudra que tu me préviennes et que tu me dises ou tu vas. Comme ça soit je viendrai t'accompagner, soit je saurais ou tu seras et pourrai envoyer des gens pour te chercher si tu ne rentres pas à temps. En parlant de ça. Quand tu pars, j'aimerais que tu rentres le soir même si tu peux. Ça me permettra d'envoyer rapidement des gardes s'il t'arrive quelque chose et que tu ne peux pas rentrer.
Je me mis à réfléchir, avant de laisser échapper un petit soupir. Ça allait coûter un peu cher auprès des enchanteurs de la cours mais ce serait sans doute possible.
- Ensuite, je te donnerai d'ici quelques jours un collier et un bracelet. Le bracelet me permettra de savoir ou tu es pour envoyer de l'aide, et le collier... Je t'expliquerai plus tard.
Je comptais lui donner un collier avec accroché une flasque de mon venin. J'avais fait des tests et c'était assez corrosif pour dissoudre à peu près tout et n'importe quoi, sauf les créatures les plus résistantes à l'acide. Et même là c'était pas gagné. Il me faudrait enchanter de manière très poussée le verre pour qu'il ne se dissolve pas, mais elle aurait au moins quelque chose pour se défendre au cas ou. Et pour le bracelet, il afficherait aussi mes armoiries, histoire que tout le monde sache qu'elle m'appartenait.
Je tournai ensuite mon esprit vers ce qu'elle m'avait demandé de lui promettre. Je la regardai dans les yeux et décidai de ne pas lui mentir.
- Il peut toujours arriver des choses imprévues Haria, mais je te promets de faire tout ce qu'il m'est possible de faire afin que ta maman soit à l'abri.
Un sourire s'afficha de nouveau sur mon visage alors que je l'emmenai voir mes anciens habits. Les années qui allaient suivre allaient être intéressantes.