[Vous entrez, prenez les disques durs et quelques échantillons et vous ressortez.]
- Ça pue.
[Vous avez été entraîné pour des missions de guérilla urbaine et d'assassinat, Sealth Spider. Vous possédez le tout dernier équipement et notre unique symbiote dompté et vous me dites que ça pue ? Vous vous foutez de ma gueule ?]
- Je dis qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, c'est tout. Le premier garde dont je me suis occupé disait quelque chose à propos d'une momie échappée de je-ne-sais-où et il semblait réquisitionné pour aller la retrouver.
[...MAIS BIEN SUR, ESPÈCE DE CONNARD ! Ramsès II se balade la queue à l'air à la recherche d'un café et ça emmerde bien le personnel des locaux ! ENTREZ VOTRE CUL DE DANSEUSE LA-DEDANS ET METTEZ VOUS AU BOULOT, ARAIGNÉE A LA CON !]
- Roger.
Caché dans l'ombre d'un petit bureau dans lequel il était parvenu à s'infiltrer aisément en grimpant sur la face du bâtiment à la faveur de la nuit, Emmerson ne peut pas s'empêcher d'étouffer un rire tandis qu'il coupe la communication avec son supérieur. Concernant la momie et les dires du garde, Randy n'avait pas menti un seul instant. Il savait juste que ça ferait sauter hors de ses gonds son boss, qui aurait certainement malgré lui un bon mot et une réaction amusante. Il était connu pour ça, après tout. Parfaite façon de se détendre avant d'entrer dans le vif du sujet.
On l'avait balancé dans les alentours de Seikusu pour partir à la recherche de la source d'un curieux sérum vendu à prix d'or sur le marché noir, une sorte de véritable élixir de jouvence dont personne n'était parvenu à déterminer la provenance. Après une longue et fastidieuse enquête, les agents américains étaient parvenus à mettre la main sur une piste assez sérieuse pour qu'on y envoie le turbulent Emmerson et son symbiote. Sa mission était simple et claire : entrer, trouver, ramener. Tout à fait à la portée de Sealth Spider.
Le garde qu'il avait dû tuer n'était pas censé se trouver dans ce bureau quelconque au moment où le furtif s'y était rendu. A peine avait il eu le temps de se camoufler que l'homme avait parlé à la radio, disant qu'il était à la recherche de "la fille, cette putain de momie à la con". Emmerson n'avait pas demandé d'explication, s'étant contenté de lui briser la nuque. Réaction reflexe bête et méchante qui allait contre son protocole de mission, mais peu lui en importait. C'était un pied de nez à sa hierarchie et ça lui allait bien. Seulement, le Caporal avait comprit que les couloirs ne seraient pas aussi tranquilles qu'il l'avait espéré.
Les trois étages qu'il avait à grimper afin de trouver la salle des ordinateurs n'auraient rien d'une sinécure, même pour lui.
Tout ses sens en alerte, Emmerson avait quitté le bureau après avoir dissimulé le corps encore chaud. Il ne produisait absolument aucun bruit et pouvait se savoir en sécurité de ce côté là, mais ne pourrait pas compter sur les ombres pour l'aider à se cacher : toutes les lampes étaient allumées et le mettaient en lumière, lui, tâche noire au milieu d'une allée baignée d'éclairages puissants. Poutant, l'homme parvint aisément à la cage d'escalier et fût soulagé d'avoir un peu joué de chance : deux hommes en armes avaient passé son palier un instant avant qu'il ne fasse jouer la porte.
Le militaire leur emboîta le pas tout en laissant entre eux une distance respectable pour éviter qu'il ne le voie si d'aventure ils avaient l'idée de se retourner. C'est un pari risqué, mais tant pis.
- Regarde moi ça, fait le premier des deux après avoir arrêté sa course. On tombe sur la petite maigre direct. C'est pas beau, ça ?
- Si, si, pour sûr. On va se taper un petit avancement bien douillet, tu vas voir....
Les deux hommes l'ont trouvée là, mal en point mais le regard fier. Juste en montant les escaliers, aussi stupide que ça semble l'être. Ils se moquent bien de sa fierté, de son égo. De son humanité. L'un d'eux lui caresse la joue avant de lui décoller une gifle monumentale et de la saisir par les cheveux, rapprochant sa tête de la sienne.
- Tu veux que je te dise, pétasse ? J'vais m'arranger pour faire partie des gars qui vont te passer dessus en file indienne une fois que tu sera refoutue en cage. On sera le petit train et tu sera la seule gare d'ouverte, salope. On va te fourrer si fort que tu vas rôter du foutre et...
- To-tony... j'me... sens pas... pas bien...
L'homme s'effondre, une rose rouge sang s'étalant sur sa poitrine. Celui qui menaçait la femme n'a que le temps de le regarder sans comprendre qu'une main se pose sur sa bouche tandis qu'une lame aiguisée lui sectionne la gorge sans difficulté, son sang éclaboussant le mur et la blessée. Dans son dernier souffle, il n'a que le temps de voir une forme noire imposante, une araignée blanche sur le torse.
Emmerson le laisse tomber à terre, regardant fixement celle qu'il vient de sauver à travers son masque organique. Une pauvre bonne femme dans un état pitoyable, qui n'a plus que la peau sur les os et le corps en charpie. Emmerson n'aurait pas dû la sauver, elle qui ne sert à rien dans sa mission. Il ne pourra même pas se justifier en se disant qu'elle était jolie où superbement bien roulée, non. Tant pis. Il ne pouvait pas la laisser comme ça.
Mais du coup, le caporal ne peut pas non plus la laisser dans cette cage d'escalier, ça n'aurait aucun sens. Bon.
- Je vais vous mettre dans un bureau en attendant que tout se tasse et je vous ferai sortir. Vous ne risquez ri...
Le talkie-walkie d'un des gardes crépite alors que l'alarme retentit et qu'Emmerson pousse un juron, écoutant le message radio qui se diffuse.
" Intrusion extérieure, état d'alerte enclenché ! Personne n'entre ni ne sort, on a trouvé Guy dans un des bureaux ! On lui a pété la nuque, putain ! ETAT D'ALERTE ! ET RETROUVEZ MOI CETTE PUTAIN DE FUGITIVE, ELLE EST A RÉCUPÉRER EN PRIORITÉ ! "
Le militaire se braque sur la femme. Vu ce qu'on dit les deux cons qui se vident de leur sang sur les marches, c'est elle cette fugitive prioritaire. Elle sait peut-être quelque chose ? Elle est peut-être une des clés de ce qui se passe ici ? Cette putain de mourante va le ralentir et compromettre sa mission, c'est plus que certain. Alors Emmerson lui met littéralement le couteau sous la gorge, prêt à la lui trancher. Autant se débarrasser d'un poids mort dès le départ, après tout elle n'est nullement dans ses objectifs de mission et personne ne le lui reprochera. De longues secondes s'écoulent tandis qu'il hésite, ne pouvant pas tuer une femme de sang-froid, surtout une dans cet état. Finalement, Emmerson ramène sa main vers lui et y fait tourner le couteau afin que la poignée se propose à cette drôle de nana. Son autre main elle, se présente ouverte.
- Tu te crèves tout de suite et tu abrèges cette merde, ou tu me suis et tu risque de crever quand même. Un seul choix, dix secondes.