Anko faisait tourner les clés du dortoir Est entre ses mains griffues, un sourire victorieux sur les lèvres. L'autre main dans la poche, elle sifflotait en marchant à pas feutrés entre les murs du lycée Mishima - plus communément appelé "coffre à trésor" par ses soins. Une baraque où l'on pouvait trouver des trucs qui se vendaient cher, de l'argent, et mêmes pleins de minettes et de minets à moitié dévergondés.
S'aurait été le pied total si, derrière elle, à quelques mètres, sa compagne maladroite ne faisait pas un vacarme du diable, ce qui l'incita à se retourner, agacée.
- Tu devrais faire encore plus de bruit...
Pour toute réponse, Chako laissa échapper un gémissement qui ressemblait beaucoup à un jappement. Derrière les deux écrans et l'unité centrale qu'elle trimballait avec peine dans ses bras, sa tête affichait son habituel regard de moineau apeuré.
- Je... c'est parce que c'est très lourd, tout ça, Anko... tu voudrais pas, tu sais...
- Je croyais que les chats étaient censés être discrets quand ils marchaient ? La coupa sa camarade. Putain, c'est la dernière fois que je t'emmène avec moi faire la ronde... t'es vraiment qu'une empotée, tu le sais, ça ?
La blonde baissa les yeux, l'air peinée. Même si elle était habituée à ce genre de discours de la part de sa compagne, qui n'était même pas énervée : à vrai dire, elle lui parlait constamment de cette façon, et elle n'avait jamais son mot à dire.
- Je voulais pas venir, à la base, tenta tout de même la jeune chienne. Si jamais on nous voit...
Elle déposa le matériel informatique par terre et s'apprêta à s'étirer un peu. Mais ce fut sans compter sur son amie qui s'était rapprochée d'elle en un éclair, avantagée par ses atouts félins dont elle ignorait l'existence, la bloquant rapidement contre le mur du couloir. Anko avait beau être beaucoup plus petite, elle surplombait sa camarade de part sa domination naturelle à son égard, et Chako ne pouvait s'empêcher de se tasser.
Un sourire naquit sur le visage de la neko schizophrène : l'habituel sourire du chat qui avait trouvé sa souris.
- Pourquoi, t'as peur qu'on nous surprenne ?
Elle lui glissa une main entre le décolleté de la chemise usée que portait son aînée, ce qui eut le don de faire gémir cette dernière. Ce dernier geste dévoila aussi un bleu et une bonne trace de morsure au coin de la clavicule, restes de la nuit dernière passé entre deux cartons d'une rue pluvieuse. Le téton se tordit entre les doigts fins qui connaissaient ce chemin par cœur, et Chako se sentit défaillir. L'idée de se faire surprendre en train de commettre autre chose qu'un simple vol la terrifiait... et - Anko le savait bien - quand elle était terrifiée, il en fallait bien peu pour l'exciter. Question d'adrénaline, ou du fait qu'elle était après tout un peu siphonnée.
Anko l'embrassa dans le cou, se collant tout contre elle. Son autre main non occupée à caresser la poitrine offerte alla trouver la queue de la "chienne", la caresser à rebrousse-poil... et la tirer le plus fort possible.
Et là, par contre, même pour une masochiste comme Chako, c'était tout simplement trop douloureux pour être sensuel. Sa colonne vertébrale criait au secours, et les larmes lui vinrent aux yeux.
- AIE !
- Depuis quand tu me parles de cette façon, la grosse ? Grogna Anko, en se dégageant.
- Ça... ça fait trop mal ! Arrête !
La chatte ne se lassait jamais de faire du mal à sa partenaire. Comme d'habitude, elle éprouvait cette sensation au creux de ses reins dés que la chienne commençait à ne plus résister face à la douleur. C'était très étrange, enivrant, délicieux, de causer la douleur et le plaisir tout de suite après : un vrai rapport de force qui entraînait cette sensation de domination qu'elle adorait.
Mais le mécanisme n'eut pas le temps de se déclencher. Chako eut une main posé sur sa bouche, avec toute la douceur dont pouvait être capable la chatte... presque de quoi lui briser le crâne, donc.
-Mmph ?
- J'ai entendu un truc.
Elle voyait dans le noir - pas un truc de chien, ça. Mais ça lui importait peu, à l'instant même, à vrai dire.