Les alentours de la ville / Re : Faire contre mauvaise fortune bon coeur [Mona]
« le: dimanche 16 mars 2014, 21:28:26 »Mona eut un regard désolé pour lui tandis que son propre cœur se serrait en entendant ce résumé accéléré de la situation : un lapin est quelque chose de décidément bien déplaisant à vivre, et rien que pour ça elle s'était promis de ne jamais en poser, comme on dit. Un bon vieux « non » vaut mieux que de faux espoirs.
Triste, elle prit la rose qu'il lui tendait et la porta, machinalement, à son nez pour se délecter de son délicat parfum.
Il semblait sur le point de partir quand elle lui saisit la main au vol :
_Je ne suis pas la jeune femme que vous attendiez, je suis désolée, et j'accepte cette rose imprévue avec plaisir, dit-elle dans un nouveau sourire, mais... eh bien, quitte à vivre une situation imprévue, vous n'avez qu'à entrer... Vous n'y trouverez toujours pas la salope – pardon – la... jeune fille, qui vous a euh.... qui a manqué le... enfin. Mais nous pourrions peut-être discuter autour d'un verre...
comme la réponse tardait à venir et, au vue des circonstances, elle ajouta : j'ai des bières et de la vodka.
Avec un sourire, Drake se laissa enfin convaincre et pénétra dans l'appartement. Mona sourit, ravie.
_Vers 18h-18h30 j'ai un rendez-vous avec une équipe télé chez moi, mais, jusque là, nous sommes tranquilles ! Faites comme chez vous, je vous en prie... Je vais chercher à boire, je reviens !
Elle courut presque – en chantonnant toujours – dans la cuisine. On pouvait discerner le bruit de ses pieds nus sur le parquet puis le carrelage de la cuisine. On percevait l'entrechoquement des bouteilles, au loin, poussées avec hâte sur un support quelconque, bruissement de papier aluminium, bref, sacré bordel.
Mona revint dans le salon, poussant devant elle une desserte aux plateaux de nacre, montant d'argent sur laquelle se bousculaient divers gâteaux apéritifs, chips, bonbons et surtout différentes marques de bières, des jus de fruit et de la vodka :
_Je ne savais pas ce que vous prendriez alors, je me suis dit qu'il valait mieux tout prendre... dit-elle dans un sourire gêné.
Alors qu'elle allait s'asseoir sur l'accoudoir de son canapé – sale habitude – son téléphone sonna. Quelques mots rapides furent échangés, elle en semblait contrariée et raccrocha sèchement :
_Bon, finalement je suis libre toute la journée, ces idiots d'américains sont incapables de tenir un engagement à cause d'un putain de décalage horaire... Et ça se dit journaliste, bon Dieu de merde !
Eh, si vous voulez, je vous accompagne dans votre cuite !
Elle eut de nouveau ce large sourire qui illuminait son visage et même la pièce voire l'appartement, et se saisit de ses cigarettes et son porte-cigarette.
_Bon... Drake... Noventa, dit-elle en plongeant son regard dans celui de son homologue avec un sourire énigmatique – cette fille était une machine à sourire – et si... nous... nous tutoyions ?