Il devenait inutile de parler avec elle. Elle avait réponse à tout, se braquait et l'envoyait chier. Ryo était emmerder, il avait vraiment pensé qu'elle cèderait à un moment ou à un autre mais apparemment ça n'arriverait pas. Et si elle continuait à agiter son flingue, elle allait faire une connerie. Et puis par ailleurs, elle commençait à le gaver, d'habitude c'est lui qui insultait au lieu d'être le réceptacle de tout son venin. Lui aussi était armé. Son Glock était glissé dans un holster fixé à sa ceinture. Au pire, il la butait et ça s'arrêtait là. mais ce n'était pas ce qu'il voulait, elle prendrait une sacrée correction plus tard. Le flic observait la pièce nonchalamment tandis qu'elle l'haranguait. Il remarqua que deux choses merdaient dans cette pièce confortable. La fille qui jurait comme une charretière et la peluche moisie sur la commode. Sûrement un souvenir de son passé. S'il était à l'image de son vieux et de ce jouet, elle avait dut morflé gamine. Un point faible? Il n'avait plus que ça à tester ...
"J'vais m'allumer une clope. T'inquiète ... j'ai du feu."
Il sortit de sa poche une tige qu'il alluma avec son propre zippo qu'il trainait depuis des années. Il l'avait acheté en école de police et l'écusson gravé aux armes de Seikusu avait presque disparu. Il se pencha pour exhaler la fumée vers la fille.
"Y'a pas moyen ... Tu connaitr...."
Il l'endormait. Il jaillit du fauteuil, propulsé par ses muscles puissants. D'un coup sec, il dévia la main armée de Jessie et qu'il écarta d'un coup d'épaule violent. 110 kg contre ... la moitié? Il se rua vers l'étagère d'où l'observait la peluche ridicule et il se retourna face à la fille après l'avoir saisi. Tout alla très vite, qu'importe ce que faisait la fille, il vida sur le jouet le reste du contenu de la bouteille de whisky, claqua le briquet d'où une flamme vive jaillit et le tint à courte distance de l'ours imbibé d'alcool.
"MAINTENANT TU FERMES TA PUTAIN DE GUEULE! TU JARTES TON FLINGUE DE MERDE! TU RESTES BIEN SAGE ET TU FAIS PAS CHIER OU JE CRAME CETTE MERDE, TA BARAQUE ET TON CORPS AVEC!"
Il faisait gaffe de ne pas trop approcher la flamme quand même. L'alcool, c'est volatile et il aurait été con de s'immoler.
"Voilà le deal: un mot de travers qui me déplait, tu perds c'te saloperie miteuse. Tu me regardes méchamment, même chose. Tu tentes une connerie, même chose. On a plus rien à se dire, t'as grillé tes cartouches, fallait être moins conne."
Il se sentait ridicule à la menacer avec un 'nounours' mais l'effet escompté était là.
"Attend je rêve, t'es vénère? J'ai pas bien vu où tu me mates méchamment?"
Il prit le risque de rapprocher ses mains et sourit de satisfaction.
"Voilà ce qu'on va faire. Demain, tu te pointes au commissariat de la Toussaint. Tu demanderas à me voir à l'accueil et un agent t'amènera à mon bureau. Tu te seras sapée comme une pute, t'as raison, j'aime les putes, et tu prépares un joli petit discours pour t'excuser de ta mauvaise conduite. Réfléchis un peu, je suis sûr que tu trouveras même un petit extra pour m'adoucir."
Il reculait vers l'entrée.
"Tu seras là à 10h00. Si c'est pas l'cas, ce truc finira au broyeur. Et ... pas la peine de te cacher un flingue, une lame ou n'importe quoi dans le vagin, tu seras fouillée à l'entrée. Pas de bijoux non plus et oublie ton téléphone. Avec moi, pas de trucs de ninjas ou de gadgets à deux balles genre lentilles de Wonderwoman. On se comprend bien j'espère?"
Il ouvrit la porte et toujours en la fixant s'effaça pour quitter son domicile. Bordel! A l'extérieur il pulvérisa une boite aux lettres d'un coup de poing, fou de rage. Il mourrait d'envie de remonter la cribler de balles maintenant qu'il n'était plus dans sa mire. Cette salope aurait put le descendre! Il grogna et rejoint sa caisse, deux rues plus loin, avec comme nouveau compagnon, un jouet pourri. Le flic rentra chez lui et casa l'ours dans un coin. Il lui faudrait trouver un autre endroit pour le planquer. Pour l'instant, il se servit un verre et contempla les toits de la ville à travers la baie vitrée de son loft ...
Le lendemain matin, 09h30.
La peluche était bien cachée, fallait juste qu'il oublie pas où il l'avait mise le matin même. Ryo attendait à son bureau, une pièce sans âme comme seul un bureau de flic à la Toussaint peut l'être. Il attendait dans son fauteuil râpé. Sur son bureau, un seul dossier, celui de Jessie avec sa trogne en première feuille. C'était une copie, l'original était ailleurs. Le dossier était conséquent: photos, rapports de filature, adresse, recherches. Le flic fumait et faisait tomber les cendres au sol. Pas de cendrier. Ryo avait baissé rabattu les stores qui empêchait ses collègues de voir ce qui se passait dans la pièce.
Elle avait 30 minutes pour arriver. Les agents d'accueil aux contrôles de l'entrée attendaient une Jessie pour l'inspecteur Nagata.