L'ascension fut, somme toute, assez rapide. La pleine lune éclairait la forêt et Aëlya n'eut pas de mal à trouver le chemin menant sur la colline. L'épuisement manqua de la faire vaciller à plusieurs reprises, mais Aëlya usa de ses dernières forces à bon escient et évita du chuter. D'autant qu'une chute se serait avérée mortelle, ce sentier était étroit et une pluie fine l'avait rendue boueux et glissant. Elle se raccrochait donc à tout ce qu'elle trouvait, racines, pierres ou encoches dans la colline pour faciliter la montée. À mi-chemin, elle passa à côté d'un arbre. Si celui-ci reposait en bas de la colline, il était suffisamment grand pour que ses branches viennent en caresser les parois. Aëlya en trouva une à sa convenance et la brisa pour s'en faire un bâton de marche. Son imagination en plus de la fatigue ? Aëlya cru l'avoir entendu geindre après cet arrachage.
La jeune femme avait le pas léger, si bien que, lorsqu'elle arriva en haut de la colline, et bien qu'en se mettant à l'afût derrière un petit bâtiment qui devait être, selon l'odeur, les écuries, elle n'entendit nulle agitation qui aurait pu témoigner qu'on ait donné l'alerte. Aussi éreintée qu'elle l'était, encore ne l'était-elle pas suffisamment pour mettre un terme aux rudiments de la prudence. Elle fit le tour de l'écurie, tenant le bâton à deux mains, comme une arme s'il lui fallait se défendre ou assommer quelqu'un dans le plus grand des silences.
Elle compta une dizaine de bâtiments, la colline était plus grande que ce qu'elle avait cru, et elle remarqua également qu'il existait un autre chemin, de l'autre versant de la colline, plus accessible, notamment pour les cavaliers. « Décidément, ce n'est pas la chance qui me guide ces temps-ci. » Au milieu de la colline se trouvait un puits, et un seau en avait été tiré. Elle s'approcha, toujours prudente, et remarqua que le seau contenait encore de l'eau alors, sans plus de prudence cette fois-ci, elle l'empoigna et mit un terme à cette soif qui la tenaillait. Cela fait, elle sentit une énergie nouvelle en elle. Toutes ces aventures, depuis le décès de son père, la guerre civile, et cet exil contraint l'avaient fortifié et fait d'elle une véritable aventurière.
Elle était maintenant au cœur du village. Il y avait quelques lumières dans un bâtiment plus imposant que les autres, l'auberge semblait-il. Toutefois, ce n'étaient pas les seules, des flambeaux s'alignaient le long des bâtiments, pour éloigner l'obscurité. Il devait certainement y avoir des gardes, ou des veilleurs, ne serait-ce que pour veiller à rallumer les torches éteintes. De plus, le lieu dans lequel ils vivaient les conduisait certainement à une certaine prudence. Elle remarqua d'ailleurs, grâce à la lueur des torches, que des palissades avaient été construites autour du village. Si Aëlya avait pu entrer, ce n'était que parce que tout un pan avait été détruit. Elle ne s'en était pas rendu compte dans l'obscurité mais, maintenant, les dégâts étaient effrayants.
La jeune femme se dirigea vers l'auberge, mieux valait se présenter avant qu'un garde ne lui tombe dessus. Mais alors qu'elle n'était plus qu'à quelques mètres, son regard se porta immédiatement sur un mur auquel étaient accroché de nombreux parchemins, et sur l'un d'eux, c'était son portrait qui était reproduit. N'ayant toujours personne autour, elle se dirigea vers l'affiche qu'elle arracha de ses clous d'un mouvement brusque et scruta :
Aëlya Peyr'Dragon
Cette dangereuse criminelle est recherchée pour brigandages dans la contrée des Hautes-Frontières, pour révoltes, vols, viols et meurtres.
Mille écus d'or pour sa capture, morte ou vive, ou toute information
Autant ? Elle comprenait mieux pourquoi autant de personnes étaient à sa recherche. Avec une telle somme, on devenait plus riches que nombres de petits nobles. Si le dessin était ressemblant, il avait été fait de mémoire et il différait encore suffisamment d'elle pour que les malentendus puissent être de son côté, comme le nez qui était légèrement plus long sur le dessin, mais aussi sa poitrine, beaucoup plus grosse qu'en réalité, si bien que les tissus de son bustier semblaient prêts à éclater. Aëlya l'ignorait encore, mais développer cette partie de l'anatomie était une technique assez courante des milices pour motiver les recherches et pour mieux retenir les visages.
Elle roula le papier en boule et le jeta le plus loin qu'elle put quand, à peine quelques secondes plus tard, elle entendit quelqu'un derrière elle :
- Ne bouge pas. Tourne toi lentement.
Elle fit ce qu'on lui demanda et se retrouva face à face avec un garde qui brandissait sa lance droit sur elle. Quand il la vit, son visage se radoucit, pensant certainement avoir affaire à une terrible créature plutôt qu'à une jeune femme, presque en détresse. Cependant, il ne lâcha pas pour autant la prise sur sa lance qu'il tenait fermement.
- Qui êtes vous ? Que faites-vous ici ?
Dire la vérité pour éviter qu'on ne fouille plus loin semblait être la meilleur chose à faire, d'autant que le garde ne l'avait probablement pas vu arracher une demande de capture sinon son attitude serait bien plus agressive.
- Je m'appelle... Malya. Je suis cartographe et il semblerait bien que je me sois égarée... des gobelins m'ont attaquer... Vous pourriez m'héberger ? J'ai de l'argent pour l'auberge.
- Des gobelins !? Vous avez eu beaucoup de chances. Des géants migrent vers le sud, seule vous ne leur auriez pas échapper.
À la vue de sa lance se baissant, elle l'avait convaincu. Il la conduisit à l'auberge où la tavernière était encore éveillée. Des nains semblaient avoir faits du grabuge toute la nuit et elle se montra très chaleureuse en voyant la jeune femme éreintée. Et encore plus quand elle vit qu'elle avait les moyens de payer, lui proposant, en plus d'une chambre et d'un bon repas, un bain et de nettoyer son bustier et elle lui prêtait une robe de nuit (http://www.pixiv.net/member_illust.php?mode=medium&illust_id=60163039). Une robe qui lui avait appartenu et, même si elle devait être plus mince dans sa jeunesse, Aëlya devait sans cesse la remonter pour éviter de se retrouver nue, au moins en partie.
Qui aurait cru qu'après ces derniers jours éreintants elle aurait tout le loisir de se prélasser dans un bon bain ? Certainement pas elle, et cette situation lui faisait encore croire à sa bonne étoile. Pourtant, elle avait la sensation tenace d'être observée. La mousse du bain cachait ses attributs, ce qui lui permit de profiter de ce moment relaxant sans être inquiète d'être vue, mais elle se releva légèrement à un moment, de la mousse dégoulinant de sa gorge, quand elle entendit un bruit à nouveau. Elle était seule dans sa chambre d'auberge, où le bain avait été installé, mais le bruit semblait venir d'ici et, plus précisément, du placard.
Délicatement, calculant chaque geste pour ne pas dévoiler son corps, elle se saisit d'un drap pour se couvrir puis profita d'un angle mort du placard pour se vêtir de sa robe de nuit. S'armant de sa dague et de son courage, elle ouvrit grand le placard qui révéla... un nain. La barbe rousse, les pommettes rouges à cause de l'alcool, et le regard lubrique par ce qu'il tentait d'apercevoir. Et, malgré la situation, il conservait son aplomb en scrutant délibérément le décolleté d'Aëlya, dont la robe trop large glissait de son torse, presque jusqu'à dévoiler l'ensemble d'un sein.
Oh, fit Aëlya quand elle vit que le regard du nain portait toujours au même endroit, attendant que le rideau tombe pour profiter du spectacle.
Sans y réfléchir, Aëlya le baffa violemment au visage. Pourtant, c'est un ébahissement complet qui baignait le visage du nain car Aëlya aurait mieux fait de remonter sa robe avant de lui en coller une, car ce geste eut finit de dénuder un de ses seins et c'est dans un rire affreusement satisfait que le nain s'en alla.
Ce fut tout pour cette nuit et malgré ce cumul d'incidents, Aëlya finit pas s'assoupir d'un profond sommeil. Pourtant, la sensation d'être observée ne la quitta pas, et le hurlement des loups-garous alimenta quelques cauchemars.
Le lendemain, elle rendit la robe à la tavernière et récupéra son corset, propre et parfumé, et surtout bien mieux ajusté. La tavernière lui avait également trouvé des compagnons de route ; un prêtre de l’Église de la lumière, des fanatiques armés, celui-ci était armé d'une masse en l’occurrence, un nain (heureusement pas le même que la veille) et un mercenaire orc. Ensemble, ils prirent la route, n'étant plus qu'à cinq jours de quitter la forêt.
Je n'étais pas un prophète, ni un quelconque magicien qui pouvait prédire l'avenir. J'étais certes puissant, assez puissant depuis qu'Elena m'avait enlevé cette marque sur le dos de ma main, mais mes pouvoirs n'atteignaient pas un tel niveau. Pourtant, j'avais cette excellente capacité de pouvoir lire les intentions des gens par rapport à des événements précis. C'était effectivement le cas pour cette situation dans laquelle je me retrouvais. Je savais que ces deux idiots qui accompagnaient la criminelle n'allait pas entendre raison et s'enfuir pour préserver leur vie, ils allaient me foncer dessus et se faire tuer comme de vulgaires insectes. Je voyais déjà en eux, cette envie de protéger la meuf et essayer de faire bonne impression, mais moi je n'aimais pas tuer des gens sans leur laisser une chance de survie, alors sur un ton des plus noirs, je leur avais conseillé de laisser les lieux le plus vite possible. Et voilà que, je les voyais me foncer dessus comme deux gros cons se ruant vers leur propre mort. C'était pitoyable. Le premier qui arrivait essaya de me toucher, j'ignorais par quel mouvement ou encore quelle manœuvre, mais d'un direct, je lui écrasais le visage, envoyant son corps à des mètres de ma position, mon point imbibé de son sang. J’avançais, toujours de cette démarche lente, on pourrait même la qualifier de provocatrice. L'autre arriva et subissait le même traitement, un poing au niveau de la tempe qui fit craquer sa boite crânienne sous le coup et envoya sa dépouille au loin. Je ne cessais d'avancer, mon visage ne traduisant aucune émotion, mon regard demeurait froid tandis que la vitesse de ma marche ne changeait pas.
Comme sur mon avatar quoi
-Tu la veux vivante ? Va falloir négocier
C'est ce que me disait l'orc après avoir tiré la fille en sa direction et pointer une lame sous sa gorge. Essayait-il de m'intimider ? Peu importe, je continuais ma marche... Plus que 5 mètres nous séparaient quand soudainement, une épaisse fumée s'étendit sur la zone. La fumée recouvrait un large périmètre et gênait carrément ma vue. Mes sens n'arrivaient plus à les localiser alors calmement je restai au milieu de la fumée, attendant le temps nécessaire pour que cette épaisse fumée se disperse, emportée par le vent.
-Alors, comme ça vous pensez pouvoir vous cacher ? Pathétique...
Je concentrai de nouveau mon énergie dans mes pieds et prenant une parfaite impulsion, je fusai en direction des cieux, ce qui me permettait de visualiser la forêt et d'avoir une vue satellitaire de tout ce qui s'y trouvait. Il me fallut environ 10 minutes pour apercevoir l'orc et le nain. Mais, la fille, je ne la voyais plus ?
-Vous n'oseriez pas... Certainement pas !!
J'avais dit cela tout en m’élançant en leur direction, déchirant l'air, mon manteau virevoltant derrière moi au gré du vent. Ils avaient peut-être tué la fille. Cette idée ne me plaisait guère, peut-être qu'elle devrait mourir mais par ma main ! Uniquement, oui, uniquement par MA main ! J'estimais être le seul qui puisse la toucher, la maltraiter, la capturer et éventuellement la tuer au cours de cette mission...Elle était à moi ! Et je n'allais pas laisser d'aussi vulgaires créatures manifester leurs autorités sur sa frêle personne.
Au même instant que je me posai au niveau du sol tel un ange, je vis la fille attachée à un arbre et l'orc qui se permettait de défaire l'un des lacets de son corset. Ma présence fit tourner l'orc ainsi que le nain qui eut le réflexe de se saisir de son couteau, pour finalement bondir vers la fille. Un rayon d'énergie d'une couleur jaunâtre sortit de mes yeux et le pauvre devint poussière. L'orc effrayé s'était mis à courir prenant la direction des bois, essayant tant bien que mal de m'échapper. Je dirigeais ma main vers la fille et une force invisible la retenait coincée à l'arbre alors que le même rayon fit de l'orc un tas de cendres, qui se vit emporter par une douce brise. Le rayon finit par s'éteindre, après avoir brulé pas mal d'arbres dans les environs, faisant disparaitre les arbustes par la même occasion.
-P'tain...Argh...
J'avais porté une main à mes yeux, je tombai sur le sol, agenouillé. L'autre main était toujours tendue en direction de la fille et la maintenait coller contre l'arbre. Il n'y avait pas bien longtemps que j'étais libéré de la marque d'Elena, mais je n'avais pas encore acquis le parfait contrôle sur mes capacités. Je me mis debout, visualisant les environs, lentement, je me dirigeais vers ma proie, celle pour laquelle j'avais osé tuer deux créatures plus ou moins innocentes. J'aurais pu les laisser s'enfuir mais le seul fait de les avoir vu en train d'essayer de la mettre à nue, m'irritait. J'ignorais comment je pouvais appeler ça...Mais, je sentais que je pouvais risquer ma vie, juste pour m'assurer que je sois le seul, oui le seul, qui puisse dominer sur elle, et la mettre à mort quand cela me chante. Arrivé à quelques centimètres d'elle, je la contournai, faisant tomber son arme ainsi que son couteau et j'avais par la même occasion lâché mon emprise. Elle était toujours attachée contre l'arbre mais sans aucun moyen de s'en échapper. Je revins me positionner devant elle, ne laissait que quelques millimètres séparer nos corps d'une parfaite fusion.
-Comment te nommes-tu ?
Je pris une pause puis reprit.
-Comment te sens-tu sachant qu'en fait, là maintenant, tu te retrouves à ma merci ?
Je la fixais dans les yeux, et diable, qu'elle était belle ! Je rabaissai les yeux un instant, et lentement je portai ma main à sa gorge feintant de vouloir l'étouffer, puis doucement, je laissais ma main glisser sur sa poitrine et j'avais resserré le corset qui était tout prêt de m'exposer ses seins. Je ne saurais le cacher, elle m'excitait, mais je n'aimais pas presser les choses, on avait tout notre temps.
-Dis toi que personne n'a le droit de te toucher à partir d'aujourd'hui. Je décide de ton bonheur, et de ton malheur. Et si toutefois je surprends quelqu'un à essayer d'exercer une quelconque autorité sur toi, le même sort que ces deux idiots lui sera réservé.
J'avais dit cela, approchant mon visage du sien, puis penchant légèrement la tête, je laissai sortir ce commentaire.
-Femme, tu sens bon...
Un parfum sur une peau si pure, m'enivrait. Et de vous à moi, cette mission allait sans doute être...un parfaite et un doux échec.