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L'Enfer / Lutte à mort au Pandemonium [PV Keleth]
« le: jeudi 05 août 2021, 00:50:54 »
Enfoui au plus profond des cercles des Enfers se trouve un lieu où plus qu'ailleurs règnent la corruption, le chaos et la décadence. Bâti sur les fondations même de l'essence du Mal se dresse le Pandemonium, la citadelle infernale, capitale des démons, haut lieu de perdition depuis la chute de Satan et l'avènement du conseil des Archi-diables. Première et principale cité des forces noires, son gigantisme n'a d'égal nul part ailleurs. Fidèle à l'idée de Lucifer, son architecte, de créer un monde où le désordre ferait Loi , la cité arbore une cartographie éclectique où d'immenses et somptueux palais côtoient des montagnes d'immondices abritant des sous races de démons mineurs et autres créatures.  Dans les antichambres des juridictions maléfiques, on y fomente des prises de pouvoir, on commandite des assassinats, on œuvre à la résurrection du chaos ultime et surtout, chacun essaye de se hisser à une position supérieure en éradiquant durablement la concurrence.
Loin en dessous de ce vivier infernal, se trouve, occupant une caverne reculée, la forteresse d'obsidienne, demeure d'Aezarath, démone de premier rang et l'une des entités les plus vieilles des royaumes de douleur. Engendrée par Satan lui-même, elle avait occupée pendant des éons les marches du pouvoir et fut en son temps, maitresse et mère des principaux démons. Couvée par son "Père" et dévouée à l'accomplissement des desseins démoniaques, elle avait guidé des armées entières à la conquête des mondes de la surface, humains comme célestes. Son nom amenait la terreur et la souffrance et au sein de la suprématie des Enfers, elle était crainte et respectée. Peu pouvaient se targuer de s'être élevés à son niveau et les pouvoirs que lui avaient conférés son géniteur dépassaient l'entendement.

Mais tout avait une fin, et lorsque Satan tomba, il entraina dans sa chute ses généraux les plus loyaux et ses proches les plus fidèles. Aezarath en faisait partie. L'Ancien, responsable de l'éviction de l'Ange Déchu, prit les rênes infernaux et purgea les Cercles de l'engeance directe de son prédécesseur. Ce fut un carnage qui alla jusqu'à déséquilibrer les fondations du Mal. Nombreux furent les démons majeurs qui virent leur immortalité réduite à néant. Le Pandémonium fut le théâtre d'une guerre qui dura des siècles et qui aboutit à une victoire totale de l'Ancien. Pourtant, Aezarath échappa à son exécution. Retranchée dans sa citadelle imprenable que même l'Ancien ne put investir, elle fut condamnée à y passer le restant de son infinie existence. Bardée de défenses magiques, protégées par des sorts antiques oubliés, occupée par des armées de morts fidèles à leur maitresse, la forteresse noire était autant un spectaculaire ouvrage de défense qu'une prison éternelle.

Et cette éternité, Aezarath l'avait mise à profit pour cultiver sa vengeance. Derrière ses murs vertigineux, elle avait vu sombrer l'Ancien, banni par ses semblables, et remplacé par le conseil des Archi-diables. Eux aussi, elle les méprisait. Ils n'étaient rien face à elle et elle aurait put les éradiquer ... s'il ne formait pas une assemblée si puissante. Toutes les tentatives de déstabilisation de ce nouveau pouvoir échouèrent. Elle œuvrait dans l'ombre et ses espions lui rapportaient tout ce qui se passait là haut, loin au-dessus de sa caverne. Et c'est en apprenant une nouvelle dont l'écho n'aurait jamais dû lui parvenir qu'elle vit un terme à son emprisonnement. Car même si l'Ancien avait été banni, le nouveau pouvoir la considérait toujours comme une menace potentielle. Une rumeur circulait, seulement connue des têtes pensantes. Cette rumeur prétendait que l'Ancien, lors de l'affrontement ayant conduit à son bannissement, avait saigné. C'était bien évidemment ridicule et inconcevable. N'importe quel démon aurait ri de cette aberration. Et la rumeur ne s'arrêtait pas là. Il se disait qu'un démon suffisamment puissant avait pu récupéré, lors du combat, cinq gouttes de sang qu'il avait réparti dans cinq fioles qu'il avait cachées avant de succomber à ses blessures. L'une de ses fioles était réapparue au Pandémonium et le Conseil activait ses agents pour la retrouver. Une goutte de sang de l'Ancien représentait une arme à laquelle nul ne saurait s'opposer. Aezarath ne pouvait ignorer ce qu'elle venait d'apprendre. Elle étendit ses réseaux d'influence et d'informateurs, dépensa une fortune pour obtenir des renseignements, et après des recherches titanesques, localisa la fiole en premier. Celui qui la possédait n'était pas puissant mais immensément riche et toujours plus avide d'agrandir sa fortune. C'était un démon-marchand de premier ordre, protégé par des hordes de monstres. Sa demeure au cœur de la citadelle maléfique, dominait le quartier qui l'abritait. Aezarath avait engagé des tractations et le négociant vit en cette éventuelle transaction le moyen de devenir l'une des premières fortunes des Cercles mais aussi se débarrasser de cet encombrant artefact qui forcement attirerait l'attention du Pouvoir. Le seul problème était qu'Aezarath ne pouvait quitter son domaine. Il lui fallait un intermédiaire, une personne qu'elle connaissait bien et qui lui serait loyale. Elle avait une idée.




La démone, assisse sur son trône d'ossements angéliques figea son regard sur l'homme qui se tenait à quelques mètres devant elle.

"Damascus ... voilà bien longtemps que nous ne nous étions vus. je ne t'ai jamais oublié tu sais."

Damascus, jadis son amant, le plus puissant démon qu'elle ait connu, à part l'Ancien. Il avait magnifié de son aura les ténèbres des Enfers et sous sa domination, les légions célestes avaient été englouties par les armées noires. Mais comme mentionné précédemment, tout avait une fin. Des millénaires plus tôt, avant la chute de Satan, le puissant démon avait sombré dans une léthargie morbide et s'était réfugié dans un univers où l'ennui le terrassa. Il avait abandonné son statut quasi divin pour une existence incompréhensible. Une existence incarnée dans l'enveloppe de l'homme qui se dressait devant elle. Aezarath avait mit du temps à le retrouver après sa fuite des Enfers et à présent, elle le tenait.

"J'ai été blessée que tu m'abandonnes comme tu l'as fait. J'ai cru mourir de douleur."

Son discours venimeux était destiné à rappeler à Damascus qu'elle pouvait l'annihiler d'un battement de cils. Il n'avait plus ses pouvoirs ni sa force d'antan et même s'il restait redoutable, il ne faisait pas le poids. Elle lui exposa ses exigences sans vraiment entrer dans les détails du pourquoi. Elle ne pouvait pas lui dire que la fiole lui permettrait de renverser le Conseil des Archi-diables, d'en prendre la place et de rétablir le dogme de leur "Père". Néanmoins, le prix qu'elle lui proposait pour rémunérer son engagement était indécent. Damascus n'avait pas besoin d'argent, ni de biens, il possédait lui-même de vastes domaines et une citadelle dans les Enfers. Ce que voulait Damascus, c'était le libre arbitre, le choix de pouvoir vivre sans suivre les règles démoniaques. Aucuns démons ne le pouvait, ils suivaient tous le chemin de la souffrance et du sang. Et seul un démon du rang d'Aezarath pouvait lui accorder ce droit. En vérité, seule Aezarath, dernière gardienne des doctrines souillées et des secrets de Satan pouvait l'exorciser de cette voie.



Damascus n'avait pas le choix. Il dévisagea son interlocutrice. La démone était toujours d'une beauté stupéfiante mais qui cachait une cruauté sans nom. Dans cette enveloppe de chair qu'il s'était créé, il ne pouvait pas lui tenir tête. Sous son antique forme démoniaque, il l'aurait vaincue mais s'il devait invoquer cette ancienne forme, l'incantation drainerait son essence vitale jusqu'à la mort. Il accepta le marché d'autant plus que la récompense était prometteuse même si il se doutait bien qu'Aezarath tenterait de l'éliminer à l'issue.

Le contrat était simple. Il devait livrer un sarcophage à une adresse et rencontrer un démon qui lui remettrait une fiole. Ensuite, il devait ramener cette fiole à sa commanditaire. Sans savoir ce qu'elle représentait, ce contenant devait avoir une valeur colossale pour que la démone se démène autant pour se la procurer. Damascus franchit un portail scintillant qui le transféra dans un quartier luxueux de la capitale des démons. Devant lui, le sarcophage, magiquement camouflé en caisse en bois lévitait et suivait un parcours défini par les mages d'Aezarath. Damascus n'avait qu'à le suivre pour arriver à destination. Le Pandémonium n'avait pas changé, il y régnait toujours un bordel absolu. Depuis longtemps passé dans le monde des humains, Damascus n'avait pas suivi tous les chamboulements qui avaient bouleversé les Enfers. Qui dirigeait à présent? Quelles étaient les factions en présence? Il s'en moquait. Cette mission terminée, il retournerait à Nexus se saouler avec Tadéus, son riche associé humain.

Le démon suivit sa caisse jusqu'à une demeure luxueuse mais discrète, le lieu du rendez-vous. Bien qu'il y ait foule, l'endroit était noyé dans la masse. Damascus repéra aussitôt les spadassins et hommes de main du marchand. Un tel déploiement indiquait la valeur de l'échange. Un minotaure géant lui indiqua une porte et il entra dans l'enceinte de la demeure. il était attendu, les gardes savaient qui il était. Son interlocuteur attendait, imperturbable. Il s'agissait d'un démon qui ne dégageait aucune aura de puissance.


"Parlons peu" croassa l'hôte "Qu'as tu pour moi?"

"Ceci" répondit Damascus en passant la main sur le sarcophage. La magie de camouflage disparue et la boite mortuaire apparut comme elle l'était, richement ouvragée, faite de métaux aussi rares que précieux. Le couvercle s'ouvrit sans bruit, dévoilant le contenu : le corps d'un Séraphin, mort depuis bien longtemps et parfaitement conservé, ses ailes intactes repliées sous lui. Même son épée sacrée reposait sur sa poitrine.

Damascus en eut le souffle coupé. Sa valeur était inestimable. Rien ne pouvait justifier le don ou l'échange d'un trésor pareil. Comment Aezarath avait-elle put se procurer un Séraphin mort? Et plus encore, contre quoi s'en séparait-elle?

Le marchand était dans le même état que Damascus. Ses yeux brillaient d'une malsaine convoitise.

"Enfin ... il est à moi. Et voici pour toi, général déchu."

Damascus tiqua, l'autre savait qui il était. On lui tendit un coffret dans lequel se tenait une petite fiole à l'effigie d'un démon majeur du passé. Damascus rendit le coffret après avoir prit la fiole. Elle était chaude, quelque chose pulsait à l'intérieur et dégageait un pouvoir contenu par une magie antique.

"Va maintenant, rejoins ta maitresse et éloigne de moi cet objet qui causera notre perte à tous."

Curieux comme discours. Damascus trouvait que tout allait trop bien, trop vite. Mais peut être était-ce aussi simple que cela. Il devait rejoindre un point d'où les mages d'Aezarath le téléporterai à la citadelle d'obsidienne. Il ajusta son équipement de cuir sombre, s'assurera que son épée passée dans son dos coulissait bien dans son fourreau et sortit de la demeure du marchand. Aussitôt les gardes postés à l'extérieur s'éclipsèrent et deux démons-mages vinrent apposer des glyphes de protection primaires sur les murs de la propriété qu'il venait de quitter. La place sur laquelle il s'engagea grouillait de créatures et d'esprits mineurs. Il se fraya un chemin des épaules, sentant pulser contre sa poitrine la fiole qu'il avait glisser entre sa peau et son  justaucorps.

Soudain il s'immobilisa, une présence spirituelle monstrueuse s'imposa en ces lieux. les êtres réceptifs à la magie démoniaque gémirent de terreur et se recroquevillèrent sur eux-mêmes.

Damascus saisit la poignée de son épée. Non, tout ne serait pas aussi simple que cela ...

2
Les contrées du Chaos / Champs de mort, fin d'une ère [PV Damascus/Anéa]
« le: mardi 15 décembre 2020, 19:36:11 »
Il fut un temps où les mondes connus n'étaient pas aussi établis qu'ils le sont aujourd'hui. En ces périodes reculées, deux forces d'une puissance incommensurable s'opposaient en une guerre éternelle d'une violence sans limites. Le Royaume des Cieux bénéficiait de l'ascendance divine d'un être aux origines de tout et les Enfers, terres de damnation, incarnaient le Mal absolu sous la domination de Satan. Ces forces s'opposant dans tous les domaines physiques et spirituels luttaient pour l'anéantissement total de la partie adverse. Il n'était pas question d'équilibre entre le Bien et le Mal, seule comptait l'émergence d'une seule et unique autorité pour le contrôle de la Création. Jamais aucun camp n'eut l'avantage sur l'autre jusqu'au jour funeste où ....

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Il ya bien longtemps, alors que l'empire d'Ashnard et Nexus n'étaient que les embryons de ce qu'ils deviendraient ...

Un vent de braise balaya l'immensité de la plaine sur laquelle gisaient les stigmates d'un carnage sans nom. De sombres nuages ardents d'où se déversait une pluie de cendres emplissaient le ciel, obstruant de leur noirceur toute intervention lumineuse. Au loin, des éclairs de mort zébraient le ciel, s'acharnant sur les restes décimés d'une armée en fuite. Dominant la plaine, la chaine de volcans nommée Monts Ecarlates par les Humains vomissait sur ses flancs des coulées de lave incandescentes, hommage infernal en l'honneur du Grand Démon, vainqueur triomphant de cette journée mémorable.
Se tenant sur un promontoire surplombant les lieux des derniers combats, Damascus le supra démon, grand commandeur des armées démoniaques, savourait l'instant et mesurait les retombées futures de sa victoire. Aujourd'hui, la puissance divine s'était effondrée, balayée par les forces du Mal, et  demeurerait amputée d'une partie de son essence spirituelle pour l'éternité.

A ses pieds, le démon rougeoyant contempla les champs de mort, étendues hier sèches et poussiéreuses mais aujourd'hui imbibées du sang des légions célestes. A perte de vue, les corps des soldats de Dieu jonchaient le sol, mutilés, déchirés, carbonisés. Un chaos indescriptible avait clos les derniers combats. Par endroit, les cadavres accumulés étaient tellement nombreux que même les géants de feu peinaient à passer. Arpentant le champ de bataille, Damascus leur avait ordonné de décapiter tous les combattants de la Lumière et de jeter les trophées macabres dans les lacs en fusion des volcans.

Qu'elle avait été impressionnante cette armée d'anges. Dirigée par l'Envoyé de Dieu, elle s'était engagée, sûre de sa force, sur les landes dévastées, pour conquérir les terres ouvrant la voie vers la principale Porte Noire, accès terrestre aux Enfers. Trompé par une stratégie brillante, le Séraphin, représentant du Divin s'était fourvoyé, guidant ses troupes dans un piège d'une dimension titanesque. Le premier assaut du Bien sur les pentes arides des volcans avait disparu sous les vapeurs acides des wyvernes et des dragons noirs. Les unités d'élite placées en avant garde avaient été sacrifiées par l'orgueil d'une seule et même entité. Des cratères fumants s'étaient déversées des hordes de créatures maléfiques appuyées par des sorciers noirs et des prêtres du culte satanique. Des vagues de gobelinoïdes avaient attaqué de flanc les troupes du Bien, empêchant toute manœuvre. Au loin, les forces en réserves faisaient face aux maléfices d'esprits maléfiques éthérés tandis que dans les airs, les dragons rouges enfonçaient la cavalerie céleste, carbonisant pégases et griffons. Bien sûr, les anges s'étaient défendus et les créatures du Mal étaient tombées par centaines de milliers. Mais plus il en tombait, plus il en arrivait et au final le nombre définit la victoire. Aucun ange ne se rendit ni abandonna le combat. La plupart périrent et les prisonniers furent exécutés, leurs ailes arrachées et broyées. Seule, au loin, une cohorte de prêtres humains, adorateurs d'un Dieu absent, fuyait en ordre dispersé, harcelée par des colonnes de démons mineurs.

La victoire du Mal était écrasante et son concepteur en tirait une satisfaction incommensurable.

Damascus s'attarda sur la destruction d'une dernière poche de résistance quand non loin, un éclair sacré d'une violence lumineuse insoutenable déchira l'air. Le démon plissa les yeux et avança de quelques pas pour identifier l'origine de l'éclat.

Acculé contre une falaise basaltique par un bataillon de géants, un ange combattait encore, décimant de sa Foi les rangs de ses ennemis. Un long sillon de cadavres se terminant à ses pieds assurait de sa valeur au combat. Taillant et tranchant dans les chairs corrompues des géants, il représentait le dernier symbole du Bien entre Damascus et la gloire attendue.

Un immense wyvern tenta de noyer l'être divin sous un torrent d'acide et finit éventré, ses boyaux s'échappant de son corps fumant.

Le supra démon décida que porter le dernier coup d'épée de cette bataille ajouterait au prestige de sa victoire. A son premier lieutenant, un élémental de feu, il tendit les six ailes du Séraphin qu'il venait de terrasser. Ce trophée ornerait la salle du trône de sa citadelle dans les profondeurs du Tartare. Avant que l'être suprême trépasse, le démon avait mêlé son essence à la sienne pour le corrompre à tout jamais et empêcher son esprit de rejoindre celui du Père. Quel plaisir il avait ressenti en lisant la terreur dans les yeux du commandeur céleste en le condamnant au néant éternel.

Damascus déploya ses immenses ailes membraneuses et d'un coup puissant de ses appendices, se propulsa dans la dernière mêlée. Arrivant comme un météore, le démon écrasa les roches sous son poids et se redressa. Du haut de ses trois mètres, il contempla son adversaire. Ses yeux d'or dévisagèrent l'être pur et son sourire s'ouvrit sur un brasier incandescent. L'essence du démon s'animait à la perspective d'un combat prometteur. Devant leur seigneur, les géants reculèrent pour s'agenouiller. Les cornes du démon indiquaient son rang dans la hiérarchie démoniaque et lui même ne s'inclinait que devant Satan.

Dans sa main, Scylla, son épée, s'anima, avide de sang et de souffrance. La proximité de l'ange l'excitait. Damascus observa le combattant divin avant de pointer sa lame démoniaque vers son cœur.


"Petit ange, rends-toi et viens embrasser la cause des Enfers. Ton dieu a laissé son armée se faire annihiler sans réagir. Il n'est que mensonge et ne mérite pas ton adoration. Rejoins moi et je t'offrirai une place de choix dans mon harem. Ta beauté mérite mon attention."

Ces paroles étaient insultantes et le démon n'attendait aucune reddition, néanmoins, l'ange dégageait une aura qui aurait charmé plus d'un tenancier de bordel infernal.

Fendant l'air d'une attaque vicieuse mais décelable, Damascus testa les capacités de son adversaire.





3
La route royale n'avait de royaux que les quelques derniers kilomètres menant à la cité. Le pavement bien ordonné permettait une avancée rapide des attelages et des drains assuraient une bonne évacuation de l'eau en cas de pluies. La largeur de l'ouvrage autorisait le croisement des flux sans provoquer de ralentissements et à certains endroits, une bande encore mieux couverte était réservée aux courriers rapides. Des échoppes, boutiques et auberges habilement placées, ponctuaient le rythme de progression des voyageurs venus dépenser leur argent et plus encore. Des agents de la cité libre devançaient les offices de la ville pour préparer les marchands à s'acquitter des taxes et impôts obligatoires à toute transaction tandis que des gens d'armes, étincelants dans leur armure d'acier veillaient à la sécurité de tout un chacun.

Plus loin en revanche, et bien que les murailles de Nexus soient toujours en vue, la voie se dégradait lentement. Les pavés taillés avaient depuis longtemps disparu pour laisser place à une terre sèche et poussiéreuse en été et à une rivière de boue les jours pluvieux. Les bâtisses aux enseignes vernies laissaient place à des étals plus sommaire faits de bric et de broc ou des êtres peu scrupuleux cherchaient à refourguer l'objet de leurs larcins. Les agents de l'Etat encore visibles tenaient plus du malandrin corrompu que du représentant de l'institution et aucun homme d'arme ne surveillait la foule. La guerre contre la dictature d'Ashnard coûtait cher et l'entretien de la voirie et de ses abords n'était pas la priorité des dirigeants de Nexus en ce moment.

Néanmoins, ces premiers paysages passaient rapidement. La route était droite et le flux de voyageurs important dans les deux sens. Du fait de cette proximité permanente entre itinérants, la sécurité était plus ou moins assurée par l'effet de masse. Bien sûr, personne n'était à l'abri d'un vol ou d'un petit assassinat mais ça n'allait pas plus loin. La plaine était morne, dédiée à la culture des céréales et à l'élevage des animaux à viande. La production actuelle était principalement achetée par l'Etat pour ses armées en campagne. La population civile, elle, subsistait à partir de produits principalement importés donc, très onéreux. Les temps étaient durs.

Damascus et Alecto s'étaient immiscés dans le courant quittant Nexus et avançaient d'un pas régulier dans la poussière que soulevait les sabots de leurs montures. Comme le démon l'avait expliqué à sa protégée, ils s'étaient engagés sur la partie de la route qui ne changerait pas jusqu'à ce qu'ils la quitte. Le premier soir, ils avaient loué une petite chambre dans une auberge appelée "La Royale". Le repas dans la salle bondée avait été correct et ils avaient même eu droit à un spectacle de saltimbanques. Les clients avaient été invité par la troupe à se lever, danser en couple en tourbillonnant et changeant de partenaires avant de terminer par un numéro burlesque qui avait provoqué un fou rire général. Damascus rit, pourquoi ne pas en profiter un peu ? Et eut même à retrouver Alecto qu'il avait perdu dans la foule agitée. Complimentée par un groupe de marchands joyeux, elle dépareillait dans cet univers populaire.

Le lendemain les vit chevaucher sans pause jusqu'à la tombée de la nuit. Le démon souhaitait au plus vite passer les affres de cette route surchargée. Couverts de poussière, ils purent bénéficier, contre monnaie,  chacun à leur tour, d'un demi tonneau d'eau pour se laver. Pour cette somme dérisoire, la vieille femme qui leur frotta le dos leur assura que seuls une dizaine de voyageurs s'y étaient trempés avant eux. Voyager de nuit étant déconseillé, ils choisirent de s'installer à proximité d'une caravane d'orientaux et préparèrent leur campement, s'apprêtant à dormir dehors.
La lune pointa brillante à l'horizon quand un domestique enturbané vint à eux.


"Mon maître Saïf Ibn Tazief n'a pu de sa place que remarquer la présence d'aussi nobles voyageurs. Il vous invite à le rejoindre, si vous le voulez bien, à partager son repas et une soirée de contes et légendes tous plus extraordinaires les uns que les autres."

S'inclinant le plus bas possible, il indiqua aux deux voyageurs la direction où près d'un brasier, un homme en robes chatoyantes ouvrit les bras en signe d'invitation, inclinant la tête.

"Alecto, il semble qu'une belle nuit nous attende. Faisons honneur à cet homme. De plus, nous pourrons sûrement obtenir des informations quand à l'itinéraire à emprunter."

L'homme se leva à leur approche. Il avait un port altier, fin, grand, avec un visage d'aigle. Une fine moustache ciselée barrait sa lèvre supérieure. Ses robes étaient luxueuses et des chefs d'œuvre de joaillerie couvraient ses mains. Sa voix claire était ferme et il se dégageait de l'individu une culture assurée. Autour de lui, un contingent de valets et des gardes armés s'affairaient à préparer la nuit à venir. Un mouton rôtissait, excitant les papilles des lieux à la ronde. Une jeune femme souriante leur proposa de l'eau fraîche pour se rincer les mains et leur servit dans des timbales dorées un liquide rouge et délicieusement revigorant.

"Mes amis bien le bonsoir! Ne prenez pas cette invitation pour une démonstration maladroite d'un riche marchand cupide en chasse d'une bonne affaire, mais comme la sollicitation d'un homme curieux de la nature du monde et qui souhaite partager cette soirée avec des gens de bonne tenue et qui pourraient égayer une nuit solitaire."

L'homme respirait l'honnêteté mais aussi l'assurance d'une forme de puissance dut à un savoir  ancien. Cela se lisait dans ses yeux.  Damascus répondit :

"Et bien Mawlana, nous acceptons avec plaisir votre invitation. Je me nomme Damascus, héraut d'une terre lointaine, et voici Alecto des Cimes Noires, ma muse et inspiratrice de bien des passions."

Damascus s'inclina en retour, laissant à la jeune fille le soin de saluer à sa manière.

"Oh oh ! Vous connaissez nos titres ? J'en suis flatté! Mais appelez moi Saïf, comme si nous nous connaissions depuis longtemps, installons nous ! Et je vous conterai les histoires de mon pays et j'écouterai avec avidité les mythes de vos terres lointaines et découvrirait avec joie ce que sont les Cimes Noires."

Il frappa ses mains l'une contre l'autre et aussitôt, une farandole de serviteurs joyeux s'organisa pour et les installer dans de confortables coussins, et les servir en mets et breuvages et  s'assurer que tout leur convienne.

"Ecouter l'histoire de Hatiff le chamelier qui par une nuit d'été, fit un vœu des plus étranges .........."

Damascus, du coin de l'oeil, observa Alecto et ses réactions à ce spectacle nouveau. Il sourit. Le résultat en valait la peine.
Satisfait, il repensa à sa petite présentation. Qu'il improvise ne serait que bénéfique. Il laisserait Alecto se débrouiller avec ses "Cimes Noires". Il était temps qu'elle s'en sorte seule, apprenne à mentir et sourire en même temps. Elle aurait la nuit pour s'entraîner.





4
Place publique / Pied léger, pied sauvé ... [PV Damascus/Alecto] [TERMINÉ]
« le: vendredi 30 octobre 2020, 23:18:54 »
Généralement, les soucis quotidiens des habitants de Nexus étaient générés par d'autres habitants de Nexus. Les conflits internes de la cité étaient identifiés. Les voleurs détroussaient les riches marchands, les orcs se battaient avec les nains ... d'ailleurs les orcs se battaient avec tout le monde ... et les nains aussi. Les marins contaminaient les prostituées tandis que celles-ci leur refilaient la chaude-pisse et les grands seigneurs chiaient magistralement leur mépris sur la tête du petit peuple.

Ces conflits se solutionnaient de différentes manières en fonction de la richesse des belligérants mais rares étaient ceux qui , ayant des moyens, se salissaient les mains à des besognes aussi peu élégantes que souvent dangereuses.

Le problème de l'intendant en charge de la voirie et des structures de dépôt et d'évacuation des eaux taries de Nexus ( le terme municipal pour les égouts et les latrines publiques) n'était ni l'argent ni les moyens, mais bien la médiocrité des équipes chargées de l'entretien des dites structures.

Alors certes, depuis un mois, trois officiants avaient péri, déchiquetés par les crocs d'obscures créatures évoluant dans les  tunnels sombres et puants des sous-sols de la cité mais ce n'était pas une raison pour refuser de descendre écouvillonner et récurer  les parois suintantes  de crasse et de de déjections humaines.  Aux ordres courtois succédèrent les menaces mais rien n'y fit, les mains d'oeuvre refusaient de travailler.

Le commandant du guet avait hoqueté lorsque l'intendant avait demandé son soutien par l'envoi de forces armées dans les égouts pour éradiquer ces nuisances. L'officier à la moustache lustrée lui avait répondu que le guet se tiendrait toujours fier et droit au service de sa cité mais sûrement pas les pieds dans la merde.

La merde ... C'est justement ce que, dans un dernier râle, le Grouillant vomit en longs jets brûnatres au pied de Damascus. Celui-ci évita le désastre en reculant prestement  avant de contempler  la chose qu'il venait de tuer. Le gros tas de masse gluante ayant eu  forme humanoide se rétractait au fur et à mesure qu'il se vidait de son contenu. La flaque immonde qui resta bientôt de lui laissa éclater quelques bulles malodorantes qui rappelèrent  au chasseur l'haleine du nain qui avait voulu lui refourguer une épée aussi rouillée qu'une clé de latrine le matin même.

Damascus soupira, il était minuit, et nuits après nuits, le scénario était le même. La cité avait recruté ce qui restait de Lames à Nexus, le gros des gens de guerre étant mobilisés sur les frontières du pays. Le contrat était de purgé les sous-sols de la cité des malfaisantes créatures  qui s'y cachaient, avait insisté l'intendant. Un boulot facile avait-il même précisé. Bien entendu, l'ensemble des Lames avaient refusé ce contrat mais s'étaient vues immédiatement assigner une injonction de quitter la ville avec interdiction d'y revenir ... à vie.

Donc , Damascus avait ravalé sa fierté et chassait les Grouillants nuits après nuits. Les Grouillants n'étaient pas des créatures vraiment dangereuses, ni malignes en fait. Elles consommaient les déjections humaines en quantités faramineuses  et les accumulaient dans leur corps polymorphe. Plus un grouillant était gros, plus le percer représentait un risque élevé de mourir noyé dans un océan de merde.

Le dernier gargouillis bulleux s'éteint et ramena Damascus à des pensées plus claires. Bien que ses narines subissent encore l'assaut d'effluves terrifiantes, il resta sur place contemplant ses effets. Pour cette mission, il  portait  de souples vêtements sombres sans apparats aucuns. Attaché à sa ceinture pendait le fourreau de cuir bon prix de la courte épée qu'il tenait encore fermement. Lui , si beau en temps normal, ruisselait des fluides et humeurs visqueux de la créature qui venait de succomber.

Le combat, si on pouvait nommé combat ce qui venait de se passer... , avait eu lieu place des orfèvres. C'était un charmant petit endroit, une placette de forme trapézoïdale, autour de laquelle se situaient les échoppes d'artisans réputés. A cette heure de la nuit, un doux rayon de lune baignait l'endroit d'une sereine douceur.

Le Grouillant avait suivi à l'odeur l'appât du chasseur, par décence nous ne dirons pas de quel appât il s'agissait, et s'était extirpé des égouts par l'oculus que bouchait une plaque en fonte qu'il avait facilement délogée. Au premier coup d'épée reçu, la chose avait hurlé (en vomissant) et Damascus avait pressenti qu'il s'agissait plus d'un appel que d'une réaction à la douleur.   

Une ombre bougea parmi les ombres, une forme puis d'autres se glissèrent hors du trou puant et se dispersèrent sur la placette, recherchant la protection de l'obscurité et observant le chasseur....

Damascus leva les yeux au ciel, prédisant une marée mortelle et se prépara à subir l'assaut des calamités actuelles de Nexus...



5
Les bas fonds / Interlude en baffe majeure [PV Damascus-Csilla][ABANDONNÉ]
« le: mardi 06 octobre 2020, 16:09:11 »
Nexus-la-Grande.

Par ces trois mots, l'imaginaire populaire s'enflammait. La perspective d'une bonne fortune attirait irrémédiablement  les peuples de Terra vers cette antre de la richesse et de la réussite. Que le voyageur modeste arrive par la mer ou par la terre, la vision de la cité-état qui s'offrait à lui révélait toute la puissance de cette nation réputée invincible.

Le titanesque château d'ivoire couvrait de sa bienveillance immédiate les quartiers de la cité les plus prospères, dirigés en sous-main par les familles les plus aisées. Aux commerces de marchandises rares et luxueuses se pressaient les manoirs et les demeures les plus raffinés de cette partie de Terra. Les épidémies récentes ayant ravagées Nexus ne passaient pas les frontières de ces zones bénies par la véritable divinité locale : l'or.

Le voyageur modeste ayant pris conscience de la chance qui s'offrait à lui, débarquait donc de son navire, ou bien passait l'une des multiples portes fortifiées de la ville pour s'engager sur le chemin du bonheur.
Rapidement pourtant, un malandrin lui dérobait sa maigre bourse, des catins malades et malodorantes  s'accrochaient à ses braies et un molosse peu commode urinait sur ses chausses.

Aux abords du port ou dans les quartiers tassés dans les premières ceintures de remparts, le voyageur découvrait un monde bien éloigné des lumières de ses premières impressions. Dans les basses zones, l'architecture homogène n'existait pas. De longs et sinueux dédales reliaient entre elles de petites places sales où des gargottes sans charme accueillaient la lie de Terra. Les demeures étroites et collées entre-elles accueillaient sans distinction des familles, des réfugiés, des mains d'oeuvre et autres petits artisans en quête d'un toit bon marché. C'est là que le marché noir oeuvrait, plus productif que jamais, plus injuste et plus cruel aussi. L'Homme, ou quelle créature que ce soit s'y monnayait autant qu'une vulgaire marchandise.
Passé cette foire de misère, le voyageur, toujours pas découragé, passait les quartiers moyens puis à quelques pas du Graal  de sa vie, se faisait arrêter par la milice. Qu'est-ce qu'un miteux comme lui faisait ici ? Ne comprenait-il pas que la simple vue de son immonde personne brûlerait les yeux des belles dames de la haute société ?
Invité d'un coup de hampe d'hallebarde à rebrousser chemin, le pauvre voyageur soupirait et se dirigeait  à contre-coeur, mais les chausses imbibées de pisse de chien, vers le cauchemar de sa vie.

Damascus lui aussi soupira.

Cela faisait une semaine qu'il avait rejoint Nexus. Un riche marchand recherchait des hommes sans conditions morales pour écarter un concurrent trop chanceux dans les affaires. L'investissement de Damascus et d'une bande de gros-bras moyennement intelligents avait réduit  le commerce de l'homme à un gros tas de cendres, incluant ce rival gênant et une partie de sa suite.

Mission bien menée, mission rémunérée. Ce soir, Damascus profitait des bas-quartiers de Nexus pour assouvir ses désirs. Contrairement au modeste voyageur, lui s'était employé à dégoter un établissement hôtelier de qualité moyenne, en somme un bordel plus ou moins propre, où en plus d'une tambouille pas trop horrible, le patron proposait les services de filles aux profils aussi divers que variés.

Son choix de ce soir s'était porté sur une petite terranide aux airs de chatte. Petites oreilles pointues, pupilles félines, queue longue et tâchetée, cette timide catin s'était montrée timide au premier abord. Une pièce de cuivre l'avait fait sourire, la deuxième l'avait fait se déshabiller, la troisième ... écarter les cuisses et l'ajout d'une pièce d'argent avait déchaîné ses talents. Bien évidemment, Damascus lui avait fait mal, elle avait hurlé le museau enfouit dans le coussin usé de leur lit poisseux.

Cela avait duré jusqu'à ce que le patron vienne s'inquiéter de savoir, sans grande émotion, si la fille était toujours vivante. Les clients coupables de meurtre sur prostituées remboursaient juste les tenanciers des bordels à hauteur du prix de la victime, plus un intérêt bien sûr.
La petite terranide, toute pantelante, avait elle-même ouverte la porte de la chambre pour assurer que son client était un homme de charité. La deuxième grosse pièce d'argent pressée entre ses fesses y était pour beaucoup.
Très attachée à favoriser le retour d'une clientèle si généreuse, la fille-chat s'était elle-même passée une laisse autour du cou et patientait aux pieds de Damascus après lui avoir glissé la boucle entre les doigts.

Tout deux siégeaient dans le fond de la salle principale du bordel. Ils occupaient un petit box en bois de la même couleur passée que le reste de l'établissement. De nombreux clients, aussi bien des soldats, que des artisans ou le moindre ruffian pouvant payer, côtoyaient une incroyable quantité de catins. Le patron devait être richissime...

La salle était vaste et mal éclairée, les chandelles dégageaient une acre fumée piquante qui tel un nuage opaque, occupait le quart supérieur de l'espace.
Damascus observait tout cela en buvant un tord-boyaux qui ne le saoulerait pas, les effets de l'alcool étant  inopérant sur les démons. Il portait ce soir son ensemble de cuir mat qui mettait en valeur sa musculature affirmée. Son regard scrutait la pénombre, plus par habitude que par nécessité. Il ne portait pas d'armes, il n'en avait pas besoin, du moins pour le moment. Si besoin,  ses gantelets de cuir piqué feraient l'affaire.

La petite terranide feula affectueusement à ses pieds. Damascus tira sur la laisse, amenant à lui le corps souple de la prostituée avant de tapoter négligemment  sur sa tête.


La voix du démon résonna, aussi sèche qu'envoûtante :

"Tout doux petite, tout doux ...."

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Prélude / Damascus [Vanéalidé !]
« le: dimanche 04 octobre 2020, 15:19:59 »
Assis sur un antique tabouret branlant face au comptoir d'un taudis immonde, Damascus  leva un regard désabusé et fit l'erreur de contempler son reflet dans le miroir ornant le fond de l'établissement.

Non pas que son apparence fut désagréable, bien au contraire, le corps qu'il s'était  modelé pour évoluer au milieu des humains disposait de standards élevés. Son teint  albâtre accentuait les arêtes saillantes de son visage tout comme il mettait en valeur les lignes fines de sa bouche, constamment plissée sur un sourire sans chaleur. Ses prunelles grises striées de rouge reflétaient un âge aussi ancien que les mondes. La masse ténébreuse de ses cheveux était nouée à l'arrière de son crâne et battait son dos jusqu'à ses hanches.

Une prostituée, somme toute assez bien faite et totalement nue , le frôla, provoquant chez lui un fourmillement irritant dans le bas-ventre.

 Damascus se redressa, fit  rouler ses épaules musclées sous son blouson rapiécé et déplia sa haute silhouette . Il massa les muscles secs de son cou et grognant un commentaire désagréable à la catin, se dirigea vers un box vide où il pourrait se tenir à distance des parasites de ce trou miteux. Sa démarche souple et féline indiquait un homme d'action, sa carrure et la précision de ses mouvements, un combattant.

La banquette qu'il occupait maintenant sentait le sperme et la sueur. Il fronça ses sourcils fins et plissa son nez aquilin, avant de s'apercevoir que son apparence convenait tout à fait aux lieux. Un fort sentiment de dégoût le surpris alors qu'il observait son pantalon de cuir défraîchi, ses bottes usées et le haut  tâché qu'il portait depuis une semaine. Quelle déchéance ....

C'était l'une de ces nuits que Damascus abhorait le plus. Généralement plus porté sur une consommation de la vie au jour le jour, il avait abordé cette soirée de fort mauvaise humeur. Peut-être était-ce dût au fait qu'un ange venait de l' inviter à se remettre au jugement du Père, offre qu'il avait décliné dans la violence. Ou bien encore qu'il soit frustré de sa dernière performance sexuelle, terminée d'ailleurs dans la douleur pour sa partenaire.

D'humeur généralement narquoise, Damascus présentait ce soir tous les signes d'une profonde lassitude.

Qui eut pensé que des millénaires auparavant, ce démon fut l'un des plus grands piliers de l'Enfer. Commandant des armées infernales, bourreau suprême, pourfendeur d'archanges, terreur des abysses ... autant de surnoms établis selon des vérités fondées. Le passé glorieux de Damascus reposait sur des océans de sang et des monceaux de cadavres.

Bien qu'il eut oublié les origines de sa révélation (sa naissance), il sut que jamais, contrairement à certains anges déchus, il n'appartint d'aucune manière au côté lumineux de l'univers. Le Mal fut toujours sa voie.
Sa cruauté et son sens très aigu de la torture le hissèrent aux plus hauts échelons de la hiérarchie satanique. Il dirigea les légions noires contre les troupes du Saint Père, souvent les vainquit, plus souvent encore les éradiqua. Son nom fut scandé sur les champs de batailles victorieux, son Sombre Maître le récompensa, les Enfers en firent leur héros.
Sa bonne fortune était telle que tout lui était permis.  Des temples noirs furent érigés à sa gloire, une antique cité humaine portait même son nom ... crétins d'humains ... La luxure et les combats  rythmait ses décades, Damascus était l'un des démons les plus puissants de tous les temps.

En ces temps là, bien entendu, il oeuvrait sous sa forme démoniaque, c'est à dire une créature humanoïde haute de trois mètres dont le rouge royal de sa peau attirait forcement l'attention . Son regard était de braise et des crocs brillants émergeaient de sa bouche en fusion.  Les deux cornes massives saillants de son crâne indiquaient son rang. Il n'était que muscle et puissance, ses immenses ailes membranées  symbolisant  la présence d'un supra-démon.

Bon .... c'était il y a bien longtemps ... Aujourd'hui Damascus ne se présentait que sous l'apparence de cet homme qu'il venait de scruter dans le miroir. Bien qu'il ai conservé une partie de sa force d'antan, qu'il puisse user de télékinésie et  même créer et contrôler le feu, il demeure que ses attributs humains lui convenaient tout à fait pour mener l'existence dans laquelle il s'était enfoncé. Cela devait faire des centaines d'années qu'il n'était pas apparu sous sa forme véritable.

De même, il n'avait plus fait usage de son épée démoniaque, Scylla l'épée de feu, depuis belle lurette. Allez savoir pourquoi les humains avaient donné le nom de son épée à un monstre marin qui n'avait même pas existé ....

Il soupira et se remémora le faste de ces temps anciens. L'ennui l'avait dissout. Tout avoir et trop avoir pour l'éternité l'avait achevé.
Petit à petit, il s'était retiré des champs de bataille, des millénaires d'absence avaient effacé son nom de la mémoire collective. Seuls quelques  uns  aujourd'hui  pouvaient encore se souvenir de lui, sans toutefois savoir ce qu'il était devenu.
Ce qu'il était devenu ? Un individu lambda, un parmi tant d'autres à louer ses services pour une soirée de protection, un assassinat, un règlement de comptes.  Lambda certes, mais doué dans les faits. L'échec lui était inconnu. 

Une autre prostituée,  plus raffinée que la première, lui adressa un geste charmant avant de mordiller sa lèvre inférieure.

Damascus soupira une nouvelle fois.

Là était l'une des principales raisons  de l'abandon de  ses prérogatives démoniaques : la Luxure. Il adorait les Humaines, les utiliser pour son plaisir, pour combler ses monstrueux appétits sexuels ... et ses attributs sexuels également, puisqu'en plus d'un pénis dont il était fier, il possédait quatre tentacules indépendants reliés à ses bourses. Bizarres peut-être mais sacrément utiles.
Bien évidemment, un acte sexuel avec une Humaine lorsqu'il était sous forme démoniaque entraînait certes un plaisir incommensurable mais généralement aussi, la mort de sa partenaire. Il avait donc appris à vivre comme les Humains et ça lui convenait .

Son cercle relationnel se limitait donc à quelques connaissances liées à ses activités non pas professionnelles mais rémunératrices et à des légions de catins, nymphomanes, vieilles perverses et autres femmes ayant goûté la puissance de sa virilité. Certaines mêmes le payait pour ses faveurs. Cette pensée anima son regard un instant. Quelle plaisanterie ... Lui dont la fortune ne se comptait plus, dissimulée dans ses antres secrets mais dont il n'avait aucune utilité.

Ses revenus actuels lui permettaient de louer une chambre dans un hôtel quelconque tous les soirs. Ses affaires tenaient dans un sac même si d'un claquement de doigt, il pouvait se parer de son armure démoniaque comme des vêtements les plus raffinés, qu'ils soient infernaux ou pas.
Son état actuel, peu glorieux, était directement lié à la profonde dépression dans laquelle il s'enfonçait.

 Damascus s'ennuyait, il n'était rien qu'il n'ai fait ou exploré, il n'était personne qui lui ai résisté, il ............... il s'enfila son Bourbon d'un trait et se leva, vérifia qu'il disposait de la somme nécessaire puis se dirigea vers la prostituée qui lui sourit.

Il fallait que ça change !




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