Alors qu'Arlan proposa à son esclave fraîchement acheté de lui procurer des habits plus décents, la terranide lui indiqua qu'elle était prête à porter tout ce que l'humain était prêt à lui donner. Le genre de commentaire qui donnerait des idées salaces au premier mâle en manque d'affection ou trop libidineux qui profiterait de cette occasion pour réaliser ses fantasmes. Sauf qu'Arlan n'avait pas le temps, ni la tête, à ce genre de chose... Sans vouloir faire offense à la beauté naturelle de cette dernière.
« Hmmm... Étrange... », telles furent les seules paroles qu'il trouva à répondre sur le moment. Il était pourtant sûr que l'esclave qu'il venait de se procurer avait plus de caractère à en juger par son comportement envers son précédent tortionnaire. Était-ce une comédie qu'elle jouait sur le moment pour pouvoir lui fausser compagnie à la première occasion après avoir obtenu sa confiance en l'amadouant ? Elle avait beau être une esclave, sa prudence le forçait à ne jamais baisser sa garde en toute circonstance.
Le temps était un luxe qu'il ne pouvait se permettre, il tira donc de nouveau sur la chaîne sans faire attention à la force qu'il mettait dans son geste. Sur le chemin, ils tombèrent sur la boutique d'une couturière qui travaillait autant le lin que le cuir. Après plusieurs minutes à regarder différentes tenues sobres, il jeta son dévolu sur un ensemble assez classique comprenant un t-shirt, une petite veste, un short et de longues bottes.
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« Il n'y a nulle part où se changer ici et tu ne vas pas le faire devant des inconnus. Nous attendrons d'être à l'auberge. »
Sur cette simple phrase, les deux personnages quittèrent la boutique et reprirent leur route en quête d'une auberge. Il commençait à se faire tard et le soleil se couchait à l'horizon, baignant la ville dans une lumière légèrement pourpre mais reposante. Le village en question où venait d'arriver Solis n'était pas très grand et ses établissements pouvant lui procurer un coin où se sustenter se compteraient forcément sur les doigts d'une main. Visiteur de passage dans ce monde inconnu, il passa même devant une auberge sans s'en apercevoir. Si la terranide ne l'avait pas interpellé sur le moment, il aurait peut-être fini par dormir à la belle étoile aux alentours du village.
Suivant le geste de l'esclave qui lui indiquait dans quelle direction regarder, il était difficile de deviner si il s'agissait d'une auberge ou une d'une simple taverne... voir d'un bordel. Seules des voix masculines, rauques, provenaient de cette direction. Alors qu'il s'avança en direction de la porte, au moment où il allait ouvrir celle-ci un homme le devança pour quitter l'établissement. Même un aveugle aurait remarqué l'état second dans lequel était l'homme qui s'appuya sur Arlan en passant son bras autour de son épaule comme si ils étaient des amis de longue date.
L'hygiène dentaire ne devait pas être un concept adopté sur Terra car son haleine empestait bien plus qu'à cause de l'alcool. Probablement désinhibé à cause de l'alcool, l'inconnu demanda au terrien de partager sa nouvelle acquisition avec lui comme le ferait tout bon camarade. A croire que violer, seul ou à plusieurs, des esclaves est une pratique courante dans ce monde.
Arlan ne répondit pas tout de suite, même lorsque le poivrot fit claquer sa main sur la fesse de la jeune femme. Celle-ci lui demande alors si il désirait rester ici pour trouver une chambre ou tenter sa chance ailleurs en sachant que le risque de trouver refuge pour la nuit serait faible. Sauf qu'entrer directement dedans reviendrait à inviter le pochtron à les accompagner... Chose dont de se passerait bien le terrien.
« Bien sûr, l'ami. Il faut savoir partager dans la vie, n'est-ce pas ? Par contre... pas ici. Ses cris de jouissance pourraient ameuter les autres et on ne voudrait pas non plus trop la partager. Allons plutôt dans la ruelle là-bas. »
Alors que les deux hommes et la terranide se dirigeaient dans un coin isolé pour prendre du bon temps, le poivrot fut le seul à vouloir tâter la marchandise avant de la consommer. Les commentaires graveleux s'échappaient de sa bouche les uns après les autres de manière plus fluide que la stabilité de ses pas qui reflétaient son niveau d'alcoolémie. A peine arrivé dans la ruelle, il poussa la femme face contre le mur pour prendre le temps de défaire sa ceinture quand sa propre tête s'écrasa contre le sol après un vol plané en arrière. Il n'avait fallu à Solis qu'une balayette pour faire glisse l'homme qui s'est évanoui dans la seconde lors de son contact avec le sol pavé qui allait lui servir de matelas pour la nuit.
« Comme si j'avais besoin de ça... Heureusement qu'il était saoul comme une barrique car je ne tiens pas à avoir un cadavre sur les brass dès mon arrivée dans ce village. Même le plus stupide des gardes dirigerait ses soupçons sur moi. Désolé de l'avoir laissé te malmener mais je ne pouvais pas faire autrement. Disons que ce sera un paiement pour tes nouveaux habits. Tu pourras également commander ce que tu veux une fois de retour à l'auberge en fonction de mes moyens. »
Assez remonté d'avoir perdu son temps aussi inutilement, Arlan quitta la ruelle avec la terranide pour retourner à l'auberge. De nouveau face à la porte de celle-ci, il se retourna vers l'esclave pour lui dire : « Et qu'une chose soit claire, je ne suis pas ton maître, alors arrête de m'appeler comme ça. On en parlera plus tard de toute façon. Allons manger et payer notre chambre, je meurs de faim, pas toi ? Tu iras nous réserver une chambre pour plusieurs nuits et commander à manger. »
Il poussa alors la porte de l'auberge en compagnie de son esclave sur qui il comptait pour gérer les prochaines interactions sociales avec un peuple dont il ignorait tout.