Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Messages - Izar Myrrhe

Pages: 1 [2] 3 4 ... 13
16
Blabla / Re : Horloge parlante
« le: vendredi 16 septembre 2022, 11:09:10 »
11h08.
On s'ennuie en cours de "Préparation du Mémoire".

17
Prélude / Re : Aphrodite Pandemos [Anéa]
« le: mercredi 14 septembre 2022, 18:26:36 »
Est-ce que j'ai dit quelque chose qui a heurté Sa Majesté ?  :kappa:

18
Prélude / Re : Aphrodite Pandemos
« le: mercredi 14 septembre 2022, 13:13:19 »
Oh... J'aime beaucoup. Une forte personnalité émane de cette fiche.

19
Prélude / Re : Mi-mi-misa
« le: mercredi 14 septembre 2022, 06:51:10 »
Bonjour, enchanté,

Écris un nom et un prénom sur son "carnet"...

20
Prélude / Re : Une résidence pas comme les autres. [Keira]
« le: lundi 22 août 2022, 11:03:45 »
Salut,

Re !
J'apprécie beaucoup le concept. À l'occasion, on échangera en messagerie privée (si ce n'est pas moi qui te contacte, n'hésite pas à m'envoyer un message !).

21
Salut,
Bienvenue et enchanté !

22
Prélude / Re : Toutes les saveurs de l'Italie [Anéa]
« le: jeudi 28 juillet 2022, 15:30:27 »
Enchanté signora !
La fiche est franchement sympathique.  :)

23
Blabla / Re : Le Questionnaire
« le: mardi 19 juillet 2022, 19:44:41 »
J'ai un coup de cœur particulier pour Carchacrok, je vous avoue.

Quel est LE TRUC que vous devez faire au moins une fois avant de quitter ce monde ?

24
Dictature d'Ashnard / La diplomatie du lit. [PV : Griselda Nadjela]
« le: dimanche 17 juillet 2022, 15:26:15 »
La diplomatie du lit.




À la faveur d’un allez-sans-retour au sein de la merveilleuse et très hospitalière Dictature d’Ashnard où tout un chacun était, nul n’en doutait sérieusement, un esclave de S. M. l’Empereur qui coiffait accessoirement le rôle de Conjurateur, invoquant créatures maudites et décharnés avides de se nourrir de cœurs battants. Mes nouvelles capacités en tant que Marchemonde me permettaient de voguer librement d’une réalité alternative à une autre, avec pour seul aiguillon : mon intérêt essentiellement égoïste. Je n’allais pas déguiser ma venue au sein de cette contrée chaotique sous des oripeaux de bienfaisance ; parlons crûment, je me rendais ici pour me remplir les poches, très médiocrement.

Fut un temps, j’avais travaillé au compte de grands magiciens versés dans quelques arts obscurs qui attachent peu d’intérêt à la moralité ; ce fut notamment le cas d’Arthas qui m’embaucha en tant qu’Ordonnateur général de la Non-Vie – un genre de grand intendant muni de pouvoirs exceptionnels afin de maintenir l’obéissance des macchabées devenus outils de guerre – au cours de sa campagne contre les Elfes de Quel’Thalas. Cette expérience déterminante – et opportune – fut l’occasion pour moi de consolider des connaissances acquises et d’en faire main-basse sur de nouvelles à multiples reprises, si bien qu’à défaut d’atteindre l’excellence tant convoitée, je me rapprochais pas à pas, à grandes enjambées dirais-je !, de mes ambitions personnelles.

Les guerres – et généralement, celles qui occasionnent de fortes pertes en vies – retiennent immédiatement mon intérêt. Aussi, la nouvelle selon laquelle un ancien Duché d’Ashnard, devenu la propriété d’une princesse froide comme un tombeau et commandant à des essaims de créatures folkloriques, fit plus ou moins sécession de ladite Autocratie tombait à point nommé dans mon sinistre agenda. Me voici chômeur à longue durée et éloigné de ma réalité ordinaire, je me devais donc d’assigner un nouveau but à mon existence de vampire mégalomane qui, tel un sangsue, se nourrissait du chaos.

J’arpentais alors les contrées d’Elfenard et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles ressemblaient davantage à des champs de cahutes délabrés… Les rares habitants de la région me paraissaient terrorisés et peu enclins à considérer leur avenir sous un œil favorable ; certains même ne juraient que par un nom…

Un nom qui en bien des bouches avait le goût d’une injure…

Griselda !

On me fit une succincte description de la dame en question ; celle d’une ancienne putain à la solde d’un Seigneur sans foi ni loi ayant fait valoir son droit de cuissage, devenue paria de son propre village, et qui, après avoir été chassée en raison de son catinisme décomplexé, jugea bon de méditer une vengeance exemplaire en infligeant des souffrances inouïes à tous ces culs-terreux dont les têtes vides fournissaient d’amples terreaux aux racontars et aux ragots. Ironiquement, son coup d’éclat accréditait la véracité des rumeurs malveillantes qui salissent son nom – et la majorité des hères que j’eusse rencontrés ne la décrivaient qu’au moyen d’injures – dans le même registre avilissant décrit ci-dessus – et de malédictions, tout en déplorant la mollesse des forces d’intervention ashnardiennes de la région. Vaines étaient, pour ainsi dire, leurs exhortations à combattre cette terrible nuisance que faisait peser « la Grande Catin » et « son serpent de mauvais goût ».

 Je ne jugerai pas cette femme sur sa façon de disposer de son corps, ni sur ses mœurs. Je m’en contre-foutais. Je m’intéressais seulement aux bienfaits d’une possible collaboration entre elle et moi. Sa situation m’intéressait énormément. Je caressais l’espoir de me rendre chez elle, dans son repère, dans sa tanière de louve tyrannique ; les villageois eurent beau jeu de me dissuader, d’évoquer la dangerosité du personnage, de tenter de me convaincre d’attendre les troupes, je n’en fis rien et poursuivis mon bonhomme de chemin après avoir pris congé de mes hôtes, un couple d’aubergistes armés jusqu’aux dents.

Mes pas me conduisirent donc à Alfenard, le lieu du crime. Minuscule territoire comparativement à la taille du Désert du Crépuscule, il demeure un maillon essentiel dans le commerce avec les peuples du sable brûlant, qui occupe une position névralgique dans l’accès aux landes. Par le biais d’une requête apparemment fondée, je parvenais à atteindre sans encombre le palais de cette reine des péripatéticiennes décriée par les soldats ashnardiens, les voyageurs de passage et les paysans des campagnes aux alentours, en réclamant audience.

Et je n’y fis aucun mystère de mes intentions : je voulais constituer un vivier de mages noirs ici dans cette principauté et pour cela, j’avais besoin et d’un titre de propriété immobilière (pour construire ma future académie) et de fonds pour recruter de jeunes talents. Au détour d’une conférence, S. M. Griselda Nadjela fut instruite de mon appréciable curriculum vitae, mon précieux pedigree, et, pour ainsi dire, convaincue de mes aptitudes, elle m’avait garanti le pactole requis en vue d’ériger une somptueuse académie au cœur de sa capitale. La bougresse se révélait bonne cliente et un délice pour les yeux ; je lui concédais une croupe généreuse, une bouche pulpeuse propice aux fantasmes les plus dingues et des seins à faire pâlir d’envie le plus frêle des eunuques – et il ne fallut que quelques jours pour que je parvienne à glisser mon corps d’Apollon dans la chambre réginale, mettant à l’épreuve la véhémence de la Reine au cours de l’acte. Je lui reconnaissais un rien de hargne pour les choses de l’amour, si bien que mon dos fut couvert de nouveaux stigmates, témoignages de nos heures passées à goûter aux plaisirs de la chair.

Ce soir, j’en émergeais tout juste, par ailleurs. Relevant la tête en dehors des draps, je régalais la Reine d’un de mes sourires espiègles. « Eh bien, ma foi. Je dois, Votre Majesté, finalement admettre que vos sujets ont raison », annonçai-je tout de go, d’une voix ceci dit évasive, en gratifiant ma partenaire d’une ample caresse sur ses fesses superbement moulées. Sans doute l’ardeur du climat, qui exaspérait ses désirs sensuels, émoussant chez cette monarque du stupre au tempérament glacial la délicatesse, la pudeur, la propreté qui préservent la femme ordinaire des habitudes et des contacts aussi torrides et licencieux. « Oui, oui, ils semblent se rapprocher de la vérité lorsqu’ils affirment que vous condamnerez à vous seule tous les bordels de votre Duché à la ruine », conclus-je en me mordant les lèvres de provocation, ponctuant ultimement mes propos d’une ample fessée sur la croupe réginale. Je me relevais alors de mon séant pour me rediriger vers une table où étaient disposés deux verres et une large coupe de vin. « Enfin, passons. Quelles sont les affaires du jour ? En quoi consistent vos projets géniaux afin d’assurer l’avenir de votre principauté ? » demandai-je en versant le précieux liquide vermeille dans les deux verres.

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Prélude / Re : Griselda Nadjela
« le: samedi 16 juillet 2022, 10:01:18 »
Salut,

Sympathique personnage et belle écriture. Juste deux petites remarques qui émanent de l'humble lecteur anonyme que je suis : 1) ce vaurien de Seigneur mériterait tellement la monnaie de sa pièce et 2) le sort réservé à ce lâche de Charles est encore bien trop doux.  :kappa:

Et bien évidemment, rebienvenue !

26
Blabla / Re : J'offre mon corps à....dix
« le: jeudi 16 juin 2022, 18:14:54 »
>:(

27
Vous nous quittez déjà ? / Re : El famoso ralentissement !
« le: mardi 14 juin 2022, 12:12:00 »
Ralentissement prévu jusqu'au 20 juin, navré !  :)

28
Arc I. Sur la piste de la Bête.






Arrêté dans mon élan réparateur, Mogak me rappelle que cette peau ne doit surtout pas être utilisée négligemment pour l’essuyer. Des propos qui, sortant de la bouche lippue de mon associée, paraissaient raisonnables, mais je la savais assez maligne pour déduire de ma précipitation un désir de corriger ce qui aurait pu être considérée comme une offense. « Bien vu », reconnaissais-je après l'avoir déposée. Je ne me fâchais pas de son intonation lapidaire ; la brutalité du monde dans lequel j’ai vécu – que nous avons vécus, moi et Mogak, je dirais plutôt ! – nous rendait moins sensible à ce genre de détails. Sans nulle autre forme de procès, elle interrompt les coulées de viandes avec son doigt qu’elle lèche et pourlèche. À mon associée d’annoncer ensuite, sans transition, son intention de passer le reste de la soirée avec moi à la rivière avant de se coucher. Je saisis ma brochette que j’engloutis aussi vite qu’un ouvrier famélique.

« Oui, oui. J’arrive. Deux minutes, je ramène du savon, des onguents et au moins une grosse peau d’ours pour se sécher tous les deux. »

Je sentais venir le regard noir et acéré de cette ogresse gagnée par les soucis pécuniers, il convenait donc d’ajouter une explication.

« Il vaut quand même mieux éviter un coup de froid avant le grand combat qui s’annonce. »

À fortiori en cette saison. Si l’heure n’était ni aux frimas hivernaux, ni à la férule boréenne, l’eau pouvait se révéler traitresse et inoculer une saleté de maladie à ma congénère, aussi robuste soit-elle. En tant que vampire, ma résistance aux infections courantes touchant les mortels était certes absolue, mais ce n’était pas le cas de Mogak. Aussi, sans plus de cérémonies, je me levais du petit lit de pailles où mon séant élit domicile, puis ramenais les objets évoqués ci-dessus. J’apportais également de la cervoise.

Moi et ma partenaire, nous nous dirigeâmes vers le cours d’eau qui fendait le bosquet en deux parties segmentées, au bout duquel resplendissait une pleine lune, véritable disque nous irradiant de cette lumière salutaire. Je restais fixé devant ce tableau idyllique pendant quelques secondes, mon alliée à mes côtés, tandis que je me déchaussais. Je positionnais les onguents, la cervoise et la toison d’ursidé sur un impeccable lit de pierres de tailles moyennes.

Une âme comme celle de Mogak me paraissait, tout comme la mienne, sensible à la beauté cruelle de la nature, une nature où des actes d’une laideur extrême côtoyaient une floraison de somptueuses élégances.

Mes bottes retirées, je libérais enfin mes pieds que je trempais doucement dans l’écume sauvage. Je frémissais, ce n’était qu’un plaisir simple mais qui aurait pu croire un instant que les vampires étaient dépourvus d’aptitudes à goûter aux plaisirs simples et à les apprécier à leur juste valeur ? Je retirais aussitôt mes habits – manteau en toile noire, broigne dont les macles étaient cousus entre deux couches de tissus, pantalon cuivré finement coupé – que je déposais sur une roche, exposant sans aucune gêne ma virilité à l’œil de Mogak. Pas de pudibonderies entre nous, ce n’était qu’à poil que nous serions sans doute les plus sincères vis-à-vis de nous, ici, dans ce microcosme où personne ne nous dérangera. À ce détail près que je bandais évidemment avec une âpre fermeté, mon sexe était glabre, parfaitement turgescent et veineux. Tel un cheval. Sans doute, nous nous regardâmes moi et l’Orcesse, tandis que j’affichais un discret sourire matois à la vue du bestiau qui s’étendait entre mes cuisses, avant de tourner mes yeux scintillants vers cette eau. Armé de mon savon, j’y plongeai la tête la première fois, fendant l’écume. Ma figure en ressortit, mes fines mèches immaculées mais imbibées d’humidité. « Elle est fraîche et on ne peut plus supportable. Viens vite me rejoindre, ma chère soeur d'armes ! » m’exclamai-je en la pointant de l’index d’une main, tenant ledit savon avec l’autre.

29
Centre-ville de Seikusu / La lumière au bout du tunnel. [PV : ?]
« le: jeudi 02 juin 2022, 20:04:19 »
La lumière au bout du tunnel.







Aujourd’hui, un gros rat était étendu mort dans le couloir qui mène à ma cellule. Ou peut-être hier, je ne sais plus. C’est qu’en prison, on perd la valeur du temps. Tous les jours se ressemblent. L’aube et le crépuscule se confondent en une morne journée que rythment les rondes du personnel pénitencier. Il y avait entre eux et moi un gouffre gigantesque ; ils n’avaient ni recul, ni sens critique, ni conscience des choses. Quelques émotions convenues, je le concédais. Ils faisaient ce qu’on leur demandait de faire. C’est tout. Ils ont peu d’ambitions, les matons, sinon d’être de bons chiens de garde, de bons animaux domestiqués, d’avoir, en quittant leur boulot sous-payé, une petite vie de jouisseurs, déculpabilisés par leurs actions régulant l’ordre légal et moral de la société, assommés de divertissements et liquéfiés de confort.

Un maton, c’est un rat qui est déjà mort dans son âme.
Ils préféreront toujours suivre la première décharge venue.

Quand j’étais gosse, les prêtres pédophiles de mon orphelinat [de merde] disaient que « les murs n’allaient pas à Izar ». Aujourd’hui, c’est pareil, mais avec  le monde. En prison ou dehors, c’est pareil. Franchement, ça ne me va pas. Je crois que toute ma vie, j’ai été enfermé. Mais dehors, j’avais le contact facile. La liberté de partir, d’aller, de revenir. Là, il y a des limites, c’est peu de le dire. Je croyais que les contraintes aidaient. Mais là, c’en devient trop. Ils essaient de briser mes défenses mentales. Stylo en caoutchouc. Surveillance quasi permanente. Fouilles à corps. Peu de contacts. Pas de sport.
 
Si je survis à la peine capitale, c’est trente ans de prison qui m’attendent. Prolongeables indéfiniment. Ce sera dur. La détention, c’est pernicieux. Isolement social, sans un groupe, on n’est plus rien. Plus d’influence sur personne. Je suis entouré de connards de gardiens qui ne m’adressent que de faux sourires. Je les trouvais sympathiques les premiers jours. Ils sont devenus agaçants, puis insupportables. Confiné à un si petit territoire, avec toujours les mêmes personnes, l’agressivité augmente, c’est une règle de ma biologie, de ma race.

Je parle parfois aux gardiens, mais je me rends compte qu’ils ne m’écoutent pas. Ils sont payés pour faire semblant. Pour garder leurs distances. On dirait des figurants. Je m’étais dit qu’il y avait l’humour pour supporter ça. Il paraît que sur l’échafaud les bourreaux et les condamnés ne font qu’échanger des plaisanteries. Je croyais pouvoir en faire autant, comme dans les films, le héros cynique qui massacre en rigolant. Mais ça ne marche pas comme ça ! Pas du tout, bordel de merde. Toute ma vie est contrôlée ici. J’ai l’impression d’être un malade hautement dépendant, il faut tout demander, on ne me laisse rien faire tout seul. Mes promenades sont strictement surveillées. Mes courriers sont lus et censurés. Je n’ai aucune intimité – ou presque.

Certes, une psychologue vient me voir de temps en temps, mais que je ne peux malheureusement pas baiser. Baiser, c’est important et je n’ai pas de femmes à portée de main. Ici, je n’ai que ma main. Mais je ne veux pas me soulager de la sorte. Je suis trop fier pour cela.

Toutefois, en tissant des liens avec cette psy, j’étais parvenu à modestement améliorer ma situation. Pas de console de jeu, pas de prostituées pour l’instant, mais des livres dont certains contiennent des messages subliminaux cachés entre deux pages. Heureusement que je suis bon lecteur assidu, sinon, cela n’aurait pas fonctionné.

Au bout d’une semaine, les messages se font plus réguliers. Je reçois un petit courrier annonçant ma sortie prochaine ; on m’indique que je dois demander une permission pour pisser à 20h30 à un rouquin. Celui de la dernière avec Hase Aoi ? Je le reconnais tout de suite. Il ouvre ma cellule, puis me guide non pas aux chiottes, mais aux douches, avant de me laisser en plan. 

« Y’a quelqu’un ici ? Ou je suis seul au monde ? C’est quoi le projet, au juste ? » demandai-je d’une voix on ne peut plus perplexe, quoique striée par une impatience audible.

30
Voici une Imp qui a de la chance ! (Ou pas… ?)




« Je soussigné(e) Izar Myrrhe, déclare sur l’honneur l’exactitude des informations indiquées par mes soins et prends acte que toute fausse déclaration pourra faire l’objet d’une sanction judiciaire conformément à la réglementation en vigueur. Je reconnais que… »

Bordel. Qu’est-ce que je me faisais chier ici, à m’improviser, par l’invocation d’un droit de préemption, usufruitier d’un manoir désaffecté depuis, quoi, dix ans ? Au bas mot ? Mais telle était la souveraine volonté des chefs de mon clan qui projetait de renforcer notre influence dans cette région par le biais d’une subtile et astucieuse politique d’infiltration des cercles de ses élites décadentes – et je n’avais en aucune manière le droit de donner mon avis sur la question. Il n’y avait, hélas, chez les vampires aucune volonté de résoudre la contradiction entre tâches d’exécutions et tâches de directions, si bien qu’on aboutissait à des situations totalement ubuesques, insolites, comme celle qui vient de se produire. Vampire de sang-pur, car mon salopard de père en était déjà un, mon destin était déjà tracé depuis le moment de ma conception : je me prédestinais d’office à devenir un chef, un vrai de vrai, l’Alpha d’une meute de vampires.

Au surplus, les dents-longues disposent d’une supériorité essentielle à l’égard des dents-courtes. En l’état, j’étais réduit au rôle d’exécutant en raison de ma jeunesse, si bien que j’avais beau jouir d’un pedigree parmi les plus qualitatifs, mes supérieurs me traitaient comme une sorte de… « sbire haut-placé », assujetti - de jure –  à l’autorité des « dents-courtes » qui se prévalaient d’une ancienneté se chiffrant en plusieurs décennies, mais disposant d’une puissance bien largement supérieure - de facto. Les sociétés vampiriques fétichisant le charisme ou la force, je me retrouvais dans une position délicate où je me devais d’obéir à des grabataires incompétents qui étaient supposés me transmettre du savoir. Dans les faits, je campais plutôt le rôle de professeur informel du fait de mes affinités magiques.
Ce qui nous amène à la problématique suivante : qu’est-ce que je fichais ici ?

À laquelle je répondrai : CONTRADICTION !

Contradiction : Usufruitier travaillant au compte d’une dents-courtes, je recevais la tâche de remettre en ordre cet endroit, notamment par la constitution d’un cercle de nouveaux serviteurs dûment sélectionnés auxquels je devais distribuer mon sang, à condition que mes choix soient approuvés en amont. Les dents-longues disposent en principe du droit de vampiriser qui ils le désirent. On en déduit que cette entorse au règlement constitue une contradiction.

Contradiction : Un dents-longues disposant du droit de vampiriser celui ou celle qui lui plait, l’élu devient automatiquement son serf ou son vassal. Dans le cas présent, les nouveaux serviteurs en question ne m’appartiennent pas. Je ne suis qu’un géniteur. Ces derniers passent au régime de la fraternité, la froide fraternité.

Contradiction : Je suis une dents-longues. De quel droit une dents-courtes se permet-elle – de facto – de s’approprier, par le biais d’une fonction administrative – un véritable cache-misère ripolinant ce camouflet, cette tartufferie !, mon don, mon sang !

Contradiction : Pourquoi suis-je affecté à un front aussi ennuyeux et aussi éloigné, alors que mes nombreuses compétences en matière nécromantique m’orientent plutôt vers les grandes cités historiques ?

Et j’en passe et des meilleures.

Confortablement installé sur mon bureau, fumant doucement la pipe à narguilé que j’avais trouvé dans le grenier parmi les rares effets personnels qui avaient été laissés ici, je remplissais donc, en effet, une quantité mirobolante de documents administratifs. Une tâche qui convenait absolument à mes aptitudes et qu’un serviteur de bas étage n’aurait pu s’acquitter, de toute évidence !

Mais soudain, j’entendais, au niveau du rez-de-chaussée, un bruit suspect, particulier. Des petits pas malingres et futés s’efforçaient de se mouvoir dans une pénombre qu’éclairaient difficilement des kyrielles de lampes à huiles que j’avais disposées ci et là, de façon à indiquer que ce manoir était, à présent, occupé.

Je soupirais derechef. Ma patience, mise à rude épreuve, me rendait d’humeur massacrante. Aussi, afin de tromper l’ennui qui m’assaillait de toutes parts et qui contribuait à l’aigrissement de mon joli minois, et de façon à lier l’utile à l’agréable, j’en vins à élaborer une petite facétie : tandis que je sentais les pas s’approcher, monter les escaliers, alors que j’entendais les bruits de la respiration de l’intrus qui tentait de se livrer à quelques menues rapines, les petits pétons s’agitaient et se dirigeaient dangereusement de ma position… Je joignais subitement mes mains, mes doigts graciles entre eux, avant d’applaudir nonchalamment pendant quelques secondes. Je sifflais ensuite, le son produit résonna parmi les galeries de ce manoir maudit, annonciateur d’un vent de fraicheur généré par ma magie de glace qui se dispersait à tous les coins. Les candelâbres s’éteignaient, les bougies également.

« Honnêtement, si j’étais toi, je tournerais les talons et je partirai en espérant que le propriétaire des lieux m’ait oublié pour toujours. »

La lumière cédait définitivement à la pénombre. Je me levais de mon fauteuil en cuir, sourire taquin accroché aux lèvres, escomptant que cette personne se refuse à obéir à cette injonction. Au fond, pour se régaler de ce type de plaisanteries, je restais encore et toujours le Gavroche que je fus !

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