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Lilly joue Mayu Kamazuki
Mayu était horriblement stressée. Pourtant l'image que lui renvoyait le miroir de sa salle de bain reflétait une jeune femme forte au visage sérieux. Et c'est bien ce qu'elle était vraiment. Idole de tout un campus, elle excellait aussi bien dans son activité sportive qu'en classe où ses professeurs la couvrait d'éloges. Les études, c'était une chose mais sa passion réelle était la boxe. Depuis toute petite, elle enfilait les gants pour son plus grand plaisir et son niveau actuel, à 20 ans, en poids plume car pesant 57 kilos, lui avait fait atteindre les podiums. Championne universitaire de Seikusu, championne régionale, bardée de victoires dans sa catégorie, elle avait même battue par ko une professionnelle renommée lors d'un match amical, rencontre retransmise à la télévision nationale, ce qui l'avait fait découvrir auprès du grand public. Sur le ring, elle perdait son attitude discrète voire timide pour se transformer en tigresse acharnée. Véloce, rapide et puissante, elle y associait une technique exemplaire et audacieuse, ce qui couplé à son physique explosif et sa taille (elle atteignait presque le mètre soixante dix huit) en faisait une adversaire redoutable.
Elle s'épanouissait dans son sport, suivait des études de droit du travail, et était la chouchoute de son établissement. Le directeur veillait sur elle comme sur un bijou précieux et ne se gênait pas pour l'exhiber lors de conférence de presse, ce qui participait à la renommée de la fac de Seikusu. Le maire de la ville aussi la portait aux cieux et il n'était pas rare qu'elle soit sollicitée pour des campagnes de pub de la ville. Encadrée en permanence, elle ne trouvait le repos que quand elle rentrait chez elle où ses parents et son petit frère avait appris à la laisser redevenir ce qu'elle était: une jeune fille qui ne demandait qu'à vivre normalement.
Le gros problème de Mayu, c'était ... les garçons. Elle était épiée en permanence et et si l'un d'eux l'approchait ou qu'elle montrait un signe d'intéressement pour un étudiant, toute une machine répressive se mettait en route et l'isolait de ce lien social vital. Elle l'entendait tous les jours: ça va te nuire, tu vas te déconcentrer, tu auras le temps plus tard, pense à ta carrière! Mayu appartenait aux autres mais pas à elle-même ...
Aussi, elle s'était abonnée (à sa grande honte) sur un site de rencontre en préservant son anonymat et en montrant le moins possible. Elle était jolie avec un visage d'ange et sous un certain profil, on ne pouvait pas la reconnaitre. Elle avait reçu beaucoup de demandes et en avait sélectionnée quelques unes pour un final n'en conserver qu'une. Son interlocuteur, un jeune homme au profil un peu similaire au sien l'avait accroché par ses manières polies et son sens du relationnel qui l'avait très vite mise en confiance. Ils chattaient, évitaient les sujets trop personnels et tout avait basculé quand ils s'étaient mis d'accord pour un vocal. Mayu avait paniqué à l'idée de parler à un garçon pour un sujet pouvant aboutir ... à une rencontre, une vraie. Elle s'était sentie bête et nulle quand ils avaient parlé, sans réaliser que non, elle avait été tout à fait normal bien qu'un rien réservée. Mais elle avait ri et lui aussi. Le garçon ne la pressa pas par la suite et ce fut donc tout naturellement qu'elle lui proposa une rencontre. Il était temps et elle ne voulait surtout pas le perdre ou qu'il se lasse. Elle avait mis des heures à se préparer, écrivant et réécrivant un brouillon tout raturé de ce qu'elle voulait lui dire. Bon, elle perdit un peu les pédales mais parvint quand même à faire sa demande sans trop se ridiculiser. Il avait dit oui heureusement et ce soir, deux semaines après ... c'était le grand moment.
Mayu se regardait donc dans son miroir. Elle avait essayé plusieurs tenues. Elle s'était détestée en robe: elle trouvait que son physique de boxeuse n'allait pas avec. Les jupes, c'était pire. Elle ne portait habituellement que celle de l'uniforme de la fac. Au final, elle choisit un jean slim avec un joli petit haut moulant sur lequel elle passa une veste sage. Ainsi, elle évitait d'exposer ses muscles qu'elle craignait trop ... monstrueux. En réalité, Mayu était bien faite. Physique oui mais sans atteindre un niveau trop exagéré ... presque. Elle posa ses lunettes sur son nez et choisit une sacoche de sa mère assez discrète pour y fourrer ... pas grand chose. Le maquillage, elle évitait ou alors à peine. Le directeur de la fac lui disait toujours qu'elle devait éviter d'être trop jolie pour ne pas s'attirer des problèmes.
"Maman! Je sors! Aiko organise une soirée chez elle, je rentrerai en taxi!
Sa voix douce tranchait avec le reste.
Le rendez vous était prévu à 20h00 à ce restaurant qu'elle avait trouvé sur le net et qui proposait, outre une carte variée, une discrétion certaine car agencé de manière à ce que les clients ne soient pas dérangés par les tables voisines.
A 19h45, elle s'y présenta. Il faisait déjà nuit et l'activité nocturne de Seikusu émergeait. Devant le serveur, elle se retrancha derrière sa mèche et donna son nom, Kamazuki, afin qu'il la guide à sa table. Le garçon n'était pas encore arrivé. Dans la travée la menant à sa table, un client se leva brusquement en riant et s'engagea devant elle sans y faire attention. L'impact fut brutal et il bascula en arrière. Elle n'avait pas bougé d'un centimètre ... Ses épaules solides avaient fait le reste ... L'homme s'excusa en bredouillant, impressionné, tout comme les autres convives. Mayu fonça dans son coin et se tassa sur sa chaise, enfin tranquille.
Cinq minutes passèrent, elle se triturait les doigts. Pourquoi n'était-il pas là? Allait-il venir? Peut être lui poser un lapin? Il était passé, l'avait vu et était reparti horrifié? Le regard de la fille naviguait de la chaise vide en face d'elle à l'entrée du restaurant. Plusieurs personne attendaient, un couple, une belle jeune femme, un groupe d'amis ... Elle stressait, ouvrit un peu sa veste, la referma, l'ouvrit encore ... vérifia l'appli sur son téléphone ... rien.