Les contrées du Chaos / Re : Une question de calibre (Sarah)
« le: lundi 22 mars 2021, 01:40:41 »Néanmoins il n'insista et la remercia chaudement lorsqu'elle lui permit d'aller promener Dwyl de temps à autres. Evidemment, le mercenaire comprenait tout à fait qu'elle ne le laisse pas partir trop souvent. Après tout, il était sensé lui servir d'assistant, et la veille au soir Alan, le soldat de premier jour, était revenu commander plus d'armes auprès de la rouquine. La rumeur d'une bataille contre Nexus se faisait peu à peu entendre, avec son lot de travail supplémentaire pour les facteurs d'armes locaux.
Alors que la jeune femme disparaissait à l'étage pour prendre son bain, le voyageur prit la relève de la vaisselle, terminant de l'essuyer et de la ranger en secouant la tête.
-Sacrée petite … Enfin petite, façon de parler.
Bien que professionnel, Zorro n'avait pu s'empêcher de remarquer l'indéniable féminité. Outre son parfum floral et sa crinière fauve, la jeune femme disposait d'autres atouts, et si sa tenue de travail n'en laissait deviner qu'une partie, celle qu'elle portait chez elle était bien plus généreuse. Sans même chercher à le voir, l'hybride avait plus d'une fois eu la vision de ses seins apparaissant au travers de son haut légèrement transparent, ou celle de ses fesses bombées ou de la ligne intérieure de ses jambes lorsque son pantalon trop large glissait. Visions des plus agréables qu'il se retenait de mentionner, essentiellement pour ne pas incommoder son hôte. Essentiellement. Il avait toujours été sensible aux charmes des femmes, tout gentilhomme qu'il soit.
La vaisselle finie et rangée, le mercenaire sortit brièvement de la maisonnée pour bouchonner son ami équin puis remonta à l'étage. En passant à côté de la salle de bain, son oreille sensible capta des clapotis d'eau, indiquant que son instructrice était toujours dans son bain. Sans s'y attarder, il poursuivit sa route jusqu'à sa chambre dont il ferma la porte.
Cela faisait parti de sa routine : après le repas et avant de se laver, il faisait quelques exercices afin de se maintenir en forme. D'aucuns diraient que faire du sport juste après le repas est une très mauvaise idée. Son métabolisme particulier n'était pas du même avis.
Debout face à la fenêtre et au soleil couchant, il retira sa chemise et ses chaussures avant de les lancer en vrac à côté du lit et entama lentement les mouvements de la Danse de la Lune et de l'Océan, un enchaînement de plus en plus intense d'étirements et de musculation pratiqué par l'élite des guerriers lycans et que sa mère lui avait enseigné, il y avait fort fort longtemps.
A moitié plongé dans la transe de l'exercice, il entendit soudain un fort bruit d'eau, une voix résolue et un bruit de cavalcade. Un bref instant après, Sarah l'appelait depuis le rez-de-chaussée. Il répondit et profita du bref instant qu'il lui fallait pour remonter les escaliers afin de sortir de sa transe.
-Je voudrais te parler quelques minutes … Si tu as le temps !
-Bien sûr, entre !
Oublieux de sa mise actuelle, il roula par-dessus le matelas deux places pour aller ouvrir la porte à son hôte. Ce qu'il vit en tirant le battant lui fit hausser les sourcils de surprise : Sarah se tenait juste derrière, enveloppée sommairement dans deux serviettes, l'une sur la tête, l'autre autour du corps, la seconde découvrant légèrement sa cuisse. Sa peau exaltait encore l'odeur chaude de l'eau et des bougies parfumées qu'elle avait allumé, en plus de son odeur propre qui aimait tant caresser les narines du demi-elfe.
Sans rien laisser paraître de plus, il s'écarta pour la laisser entrer et la regarda s'installer sur le lit, la serviette dévoilant un peu plus ses atours.
-Je voulais revenir sur la conversation que nous avons eu ce soir … Tu as dû trouver ma réaction étrange…
Le mercenaire répondit d'un simple hochement de tête, curieux de voir où cela aller mener. Elle débuta, lui tendant la photo d'elle et ses parents qui trônait habituellement en bas, et il l'observa en s'asseyant, souriant avec une sorte de nostalgie au fond des yeux devant le bonheur manifeste qui irradiait du cliché.
Il l'écouta ensuite raconter son histoire sans l'interrompre, un pli sérieux barrant son front, lisant les journaux et documents qu'elle lui présentait. Son expression ne changea pas tout du long du récit. A peine quelques contractions.
Des parents abattus devant ses yeux, avec les armes qu'elle avait elle-même réalisée, l'incapacité et même le refus d'agir des autorités … Il n'osait même pas imaginer dans quel état avait dû se retrouver la jeune fille à l'époque. Certes lui-même avait eu son lot d'expériences traumatisantes et il en faisait encore des cauchemars, mais il était alors déjà nettement plus âgé que l'armurière. Et il était profondément impressionné par sa force de caractère. Réussir à continuer sa vie comme elle l'avait fait, au même endroit … A sa place, il aurait certainement cherché à se venger à tout prix, même s'il savait maintenant que cela n'apporte jamais rien de bon.
Il termina sa lecture un peu avant que la rouquine ne finisse ses explications et en profita pour la regarder plus attentivement. Son histoire, il le sentait, était vraie.
Cependant, quelque chose ne collait pas. Déjà, pourquoi gardait-elle des avis de recherches dans son sac ? Il aurait pu croire que cela était pour suivre les exploits de son mystérieux bienfaiteur, mais alors elle n'aurait pas été surprise d'apprendre qu'il poursuivait son œuvre. Et puis surtout, un justicier solitaire punissant les malfrats de par le monde, des rumeurs circulerait sur lui. Or, même s'il n'était là que depuis peu, le mercenaire n'avait entendu de telles rumeurs qu'aux alentours de ce village. Et pourquoi ce héros n'aurait-il rapporté son bien qu'à Sarah ? Certes tous les meurtriers ne gardent pas de trophée, mais rien que laisser une lettre peut apporter le soulagement aux autres victimes. Et puis il y avait cette odeur sur la jeune rousse. Légère, maquillée par d'autres parfums, mais une odeur qu'il ne connaissait que trop bien. L'odeur du sang. Une odeur qui ne se contente pas de souiller le corps mais qui tâche aussi l'âme …
Sans s'en rendre compte, sans même savoir si Sarah pouvait l'entendre ou pas, il laissa échapper un murmure.
-Le sang appelle le sang …
Il n'avait plus guère de doute. Il voulut relever la tête, en parler à Sarah, lui dire qu'il comprenait pourquoi elle le faisait mais qu'elle devait arrêter de suivre ce chemin sanglant. Non pas par manque de force, mais parce que continuer à le faire ainsi la conduirait irrémédiablement dans l'Abîme. Il voulut lui dire que cette voie n'était pas la bonne, peut-être la sermonner un peu.
Le regard brillant de larme de la belle jeune femme, derrière son sourire lumineux l'en empêcha. Plus tard peut-être.
-Si tu as des questions n'hésite pas ! Profitons d'être ici pour en parler …
Doucement, il secoua la tête et prit sa main fine dans la sienne, la pressant légèrement.
-Je n'ai pas de question.
Prit d'une soudaine impulsion, il tira la jeune rousse par le bras, l'attirant contre son torse en oblitérant totalement la légèreté de leurs tenues respectives, lui vêtu de son seul pantalon, le torse encore chaud et légèrement brillant, elle à peine recouverte d'une serviette, ses cheveux détachées encore humide du bain.
Il referma ses bras autour d'elle, passa sa main dans sa nuque et caressa lentement sa crinière flamboyante alors qu'il lui parlait à voix basse.
-Sarah, je … Tu m'impressionnes. Je ne connaissais pas tes parents, mais je suis sûr qu'ils seraient fier de toi. Tu as surmonté des épreuves terribles, tu as continué d'avancer. Bien des personnes auraient abandonnées, bien avant toi.
Il s'écarta et lui embrassa le front, gentiment, avant de lui caresser la joue et d'essuyer une larme qui s'était cachée au milieu de ses mignonnes tâches de rousseurs.
-Je voudrais juste te dire de te méfier de la vengeance. C'est étrange pour un mercenaire de dire ça, mais parfois, souvent, le sang est la pire des solutions.
Toujours dans cette position, son regard émeraude se planta dans les saphirs de la jeune femme et il lui sourit, avant de lui adresser un clin d'œil.
-Bon, et si on s'occupait un peu de ce cou douloureux, que tu le masses depuis tout à l'heure ?
Occupé à essayer de trouver les bons mots pour Sarah puis pour détendre l'atmosphère devenue pesante au fil du récit, toujours presque collé à elle, il n'avait toujours pas prêté attention à leurs mises. De même qu'il n'avait pas encore percuté que ses mains, qu'il avait finalement retiré des épaules de la rousse, étaient posées sur sa cuisse et à proximité de ses fesses.
Cela n'allait cependant pas tarder.