« ...En raison des conditions atmosphériques, les croisières à destination de toutes les îles sont annulées. En revanche, le Golden Bridge, le Science Bridge, et le Novac Bridge, sont toujours ouverts. Le personnel recommande toutefois aux usagers de ces services une extrême précaution, en raison des vents violents qui agitent en ce moment les ponts. Je répète... »
Elle se mordilla lentement les lèvres en soupirant, observant depuis la grande baie vitrée de mon bureau la ville endormie. Les satellites n’avaient pas menti. Une véritable tempête avait bousculé le petit Archipel de plaisir, contraignant les autorités à prendre des mesures d’urgence pour éviter des catastrophes. La baie vitrée était couverte d’eau, et, toutes les minutes, on pouvait voir un liquide de nettoyage se mettre discrètement en place, formant des espèces de balayages qui nettoyaient la grande vitre, permettant ainsi de mieux voir la ville. D’immenses tours d’acier qui se dressaient fièrement au-dessus de l’eau. Avec toute cette tempête, plusieurs artères commerciales avaient été fermées, car une inondation était à craindre. Des éclairs dansaient furieusement dans le ciel, et Milwën se retourna, en soupirant.
Délaissant sa blouse, elle s’avança dans la grande pièce de son appartement privé. Milwën avait certes un château, mais le rejoindre serait pour le moment difficile. Sa blouse fut soigneusement posée sur le porte-manteau, et elle s’avança, avec ses morceaux d’armure cliquetant le long de son corps. Lentement, elle alla s’asseoir sur son fauteuil, avant de secouer la tête, faisant voleter ses cheveux soyeux, et consulta son terminal.
Avec la tempête, les voies de circulation de Novac étaient restreintes, voire même bloquées. Elle consulta ses registres, et ne trouva rien d’inquiétant... Aucun signe d’une nouvelle attaque dans les réseaux informatiques du complexe... Elle appela malgré tout la responsable de la sécurité informatique, afin de lui demander si la cible était toujours là.
« Ne vous en faites pas, répondit-elle, une petite projection holographique montrant son beau visage bouclé, avec ses délicates lunettes, le pirate est toujours en ligne... Désirez-vous que nous envoyions une équipe ?
- La police est débordée avec la tempête... Et je ne veux pas que ce pirate efface toutes ses données... Je veux savoir qui l’envoie...
- Bien, Madame... Mais, vous savez, la procédure standard exige que...
- Nous sommes des scientifiques, Mona, il est dans la nature des scientifiques d’improviser, et de ne pas tenir compte des protocoles standards ! »
Agacée devant le manque de courage de Mona, elle lui raccrocha au nez, et soupirai. Elle avait toutefois raison. Il y a de cela quelques heures, les protocoles informatiques de sécurité du complexe scientifique de Novac avaient détecté une attaque cybernétique. L’attaque avait échoué, ce que le pirate ignorait, grâce à un nouveau système de protection des données, qui avait permis aux hackers de Novac de remonter le signal de l’attaque, et d’obtenir l’adresse du pirate. Le virus que ce dernier avait envoyé était très évolué, et il était impossible que ce dernier soit isolé. La Baronne savait pertinemment que l’Archipel ne manquait pas d’ennemis, et que l’espionnage industriel était une menace sérieuse. CyberData était l’une des entreprises rivales les plus dangereuses de MERCATEL, et je m’en méfiai.
La procédure standard impliquait qu’on appelle les forces de l’ordre pour une intervention, ainsi que l’envoyée spéciale de Caldwell, sa belle et redoutable fille Natasha. Cependant, avec cette tempête, la police aurait du mal à se déployer, et, de plus, le pirate aurait le temps d’effacer les preuves. Il n’était de plus pas exclu qu’il soit, non pas un seul pirate, mais plutôt une équipe d’espions. C’était même une théorie probable, et c’est pour cela qu’elle envisageait de déployer son arme secrète : le Projet XY-01275842, plus familièrement appelé « Xylon ». Un assassin parfait, qu’elle comptait déployer pour sa première véritable mission, après des entraînements très concluants en réalité virtuelle.
Elle attendit, et l’homme entra par l’un des ascenseurs.
« Bonsoir, Xylon, lâchai-t-elle, jambes croisées. J’ai une mission à te confier... La première qui ne sera pas en simulation virtuelle, n’est-ce pas ? Tes résultats ont été concluants, très réussis, et je suis très fière de toi, Xylon... A tel point que j’envisage donc de te lancer dans une véritable mission... »