Des tintements, des petits bruits, des sons biens connus pour ceux qui avaient les bourses pleines d’or au sein de la capitale. Le son distinct de la pièce d’or résonna dans la salle du coffre, dans la trésorerie principale de la demeure Belmond. Cela faisait un moment que la louve n’avait pas fait les comptes et il était grand temps qu’elle le fasse. La clé d’accès posée juste à côté, une feuille et de quoi écrire non loin, l’Okami comptabilisait les pièces, jugeant avec ses anciennes notes si il y’a eu plus de sortie ou de rentrée d’argent ces derniers temps.
Par ailleurs, la nouvelle venue, à savoir Mélisandre donnait une nouvelle opération à effectuer. En effet, bien que les trois femmes étaient qualifiées d’esclaves, elles étaient rémunérées, il était donc normal que la lupine comptabilise également la somme pour l’Indocile. Un soupir s’échappa d’entre ses lèvres, bon sang, ce n’est pas très dur à faire mais c’était long, très long. Relevant le visage, elle observa un court instant la porte, rêvant déjà d’en finir avec cette besogne.
Un autre soupir et elle reparti dans ses calculs, inscrivant divers chiffes sur sa feuille, tous classé selon un domaine bien spécifique, repas, accessoire, paye et ainsi de suite. Mais elle ne restait pas également indéfiniment dans la salle des coffres, de temps à autre, l’Okami sortait rapidement, partant vérifier un élément, comme par exemple l’état de la réserve.
Finalement, après deux bonnes heures, elle reposa sa plume, s’étirant un instant sur sa chaise, bien trop heureuse d’avoir fini son devoir. Les pièces d’or furent de nouveaux remisent dans leur coffre, sauf trois petits tas. Trois monticules qui furent mis dans trois petites bourses en soie rouge carmin, trois sommes faisant référence à la paye des trois esclaves.
Posant par la suite la feuille des comptes dans le coffre en lui-même, la louve s’assura que tout était bien fermé avant de sortir de la dite pièce, les trois petites bourses pendantes le long de ses doigts. Une dernière vérification rapide et l’Okami s’élança dans les couloirs de la demeure. Rapidement, elle atteignit la chambre d’Arashi, sachant qu’elle était occupée également dans un lieu différent de la maison, l’Okami ouvrit la porte et déposa la petite bourse sur l’un des meubles avant de faire de même avec l’Indocile.
Portant son regard sur le petit tas d’or caché sous l’épais tissu, l’Okami se mis à réfléchir. Que pouvait-elle bien en faire ? A vrai dire, cela faisait un moment qu’elle ne s’était pas fait un petit plaisir en se laissant aller à la fièvre acheteuse. Mais en réalité, elle ne voyait pas du tout ce qu’elle pouvait acheter. Pensive, elle se dirigea néanmoins vers sa chambre pour se saisir d’habits plus approprié pour les sorties ainsi que de ses armes, remontant la capuche ébène sur son crâne, la lycane pris finalement le chemin vers la sortie, allant en ville, elle verrait bien sur place.
Une chance que son habit comportait de quoi se protéger. Aujourd’hui, nulle trace de l’astre solaire mais une pluie torrentielle. Pourtant, malgré cela, la vie quotidienne au sein de la cité battait son plein. Ainsi, Shad marchait d’un pas calme, observant les divers étalages présents sur la place publique. Pourtant rien n’attirait son attention, rien qui la faisait s’arrêter et questionner sur la possibilité d’un achat.
Finalement, la Terranide s’arrêta après une dizaine de minutes devant un étalage bien surprenant. Ici était mis en vente livres, amulettes, animaux exotiques, tissus, divers encens…un vrai bric-à –braque. Mais allez savoir, l’Okami sentait qu’elle trouverait son bonheur sur ce petit stand, bien qu’à première vue, elle serait passée devant sans y porter la moindre attention.
« Je n’accepte pas les chiennes à mon étalage, dégages ! »Perdue dans la contemplation des divers articles, la dite « chienne » ne nota pas de suite que le marchand s’adressait à elle. Un petit sourire amusé orna son visage, tandis qu’elle relevait ce dernier et passa sa main dans les plis amble de son ensemble. Tout en gardant cette lenteur pouvant énerver, elle défit le sac d’or et le présenta au marchand, le gardant cependant en main avant de le remettre là où il était.
« J’ai de quoi payer, alors ferme là…. »Le vieil homme grinça un instant des dents, passant sa grosse main dans sa barbe blanche. Oh il aurait aimé chassé la jeune Terranide mais elle avait de l’or sur elle, et on ne pouvait cracher sur quelques pièces, même venant d’une race esclave. L’esclave quant à elle observait encore les divers produits avant que son attention soit portée sur un livre. Un livre à l’aspect noir, où quelques symboles étaient gravés sur sa page de couverture, un livre qui titillait la curiosité de la louve.
« Je prendrais ce livre » dit-elle simplement, désignant l’ouvrage.
Un bref sourire apparu sur le visage du marchand, un sourire que si l’Okami l’aurait vu, elle se serait doutée qu’une chose n’allait pas. Le regard de l’itinérant se remplit d’une étincelle de malice et comme si de rien n’était, se saisit du livre et le tendit à la louve, non sans énoncer le prix, il fallait bien vivre.
« Ça fera 75 pièces d’or »Face au prix, l’Okami faillit s’étrangler, mais ce n’était pas comme si elle faisait tous les jours des achats. Le coût de la vie était bien élevé ou bien on se foutait royalement de sa personne en augmentant le prix initial. Quoi qu’il en soit, elle ne tenta pas de marchander ou de faire comprendre son mécontentement, tout ce qu’elle voulait en cet instant, c’était de se plonger dans la lecture de ce mystérieux ouvrage. L’or donné et le livre sous les bras, la louve reprit le chemin du retour, se hâtant pour se diriger vers sa chambre, saluant les quelques domestiques qu’elle croisait sur son chemin
Une fois dans la pièce qu’était sa propre chambre ou du moins une chambre d’ami qu’elle occupait dorénavant, la louve retira l’ensemble qui lui servait d’habit pour sortir, enfilant rapidement
une simple robe blanche aux abords légèrement bleutés et aux abords dorés , un simple habit pour la détente. En ce moment, elle n’avait nullement besoin d’être habillé pour plaire à une personne. Retirant également ses gants de cuir, la louve posa ces derniers, cache de lames ainsi que ses dagues sur le petit meuble prévu à cet effet avant de s’allonger sur son lit ouvrant le livre devant elle.
Mais ses yeux ne trouvèrent nullement des phrases simples et en langage commun. Refermant le livre, la lupine le retourna, rien n’était inscrit sur la dernière page, septique, elle l’ouvrit à nouveau, laissant son regard glisser sur les mots ou plutôt les symboles sur les pages. Des symboles ne ressemblant à rien, si bien que l’Okami pensa d’abord à une mauvaise blague.
« Hein ? Attends voir…y’a écrit… »Elle avait était à deux doigts de fermé l’ouvrage, mais inconsciemment, elle s’était mise à lire à voix haute, lisant les caractères comme si elle avait toujours sur le faire. Ses pupilles filèrent de gauche à droite tandis que des mots incompréhensibles pour la plupart furent énoncés. Finalement, la louve referma l’œuvre, soupirant, exaspérée.
« 75 pièces d’or pour rien….je me demande encore pourquoi j’ai acheté cela moi… »Portant son regard sur son précédent achat, Shad se questionna : Pourquoi avait-elle acheté ce livre ? Qu’est ce qui l’avait poussé au fond ? En tout cas, ce qu’elle savait sûr c’était qu’elle avait l’impression de s’être fait arnaquer, c’était ça, le risque sur le marché de Nexus, impossible de feuilleter à moins d’acheter. Cependant, une envie étrange la taraudait, une envie irrépressible de continuer la lecture. Ouvrant à nouveau le bouquin, la Terrranide retrouva sans peine la phrase où elle s’était arrêtée et repris sa lecture.