Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Messages - Aëlya

Pages: [1] 2
1
[Il ne s'agit que d'un contexte qui eut être utiliser à différents degrés selon vos envies
MP aussi si mon personnage vous intéresse mais non cette trame]



Résumé du personnage



Aëlya fuit les soldats de son frère, duc, qui veut écarter Aëlya du trône, un trône dont elle n'a jamais voulu. Elle fuit ainsi de contrées en contrées.

Elle est courageuse, aventurière, mais aussi naïve et... maladroite... au grand bonheur de ceux qui savent regarder au bon moment, notamment avec son kimono pour ce nouveau monde. Avec cet ample vêtement, il vaut mieux éviter de trop se baisser...



Trame



Alors que les mercenaires du duc l'ont retrouvé à Grandville, Aëlya a dû fuir encore plus loin, dans une contrée lointaine, très lointaine de Terra : le Nippon.



Autre civilisation, autre tenue pour Aëlya



Alors que le capitaine du navire la débarque dans un petit village de pêcheur, Aëlya pense enfin être en sécurité, loin du royaume et de ceux qui la traquent. Mais c'est dans un royaume en guerre qu'elle arrive.

Le shogun est mort, ne laissant derrière lui aucun héritier. Les daimyos, ces seigneurs de guerre sanguinaire, lèvent leurs armées pour conquérir le trône.






On murmure aussi que parmi les daimyos, l'un d'eux pratiquent de la magie noire, que les morts rejoignent son armée. On parle aussi d'une invasion d'étranges créatures, des gobelins et des orcs, pourchassés de Terra, mais aussi de créatures plus ténébreuses, telles que des loups-garous...



A vous de jouer


C'est dans ce contexte que vous aussi vous retrouvez ou étiez déjà au Nippon.

Vous pouvez être un mercenaire cherchant l'or des pillages et prêt à rallier un des seigneurs de guerre, un aventurier qui cherche à faire fortune en ces périodes troublées où les quêtes sont nombreuses, un daimyo ou même un seigneur étranger qui cherche à conquérir le trône...

Aëlya est une femme jeune et séduisante, qui pensait pouvoir poursuivre sa vie dans la tranquillité et la sérénité, mais le destin lui joue des tours...



Serez-vous un Allié ou un Ennemi ?
Survivrez-vous dans ce nouveau monde ?



Particularités :

- Pas de contrainte sur le déroulement de l'histoire (social, echi, eroge, etc.) TOUT est POSSIBLE

- contrainte sur la longueur des réponses : éviter de faire trop court

- Contrainte absolue : Faites vous plaisir ! Après tout, on est là pour s'amuser !

2
Son nom… c’était si peu de chose, une requête si simple à tel point qu’on pensait évidemment ne jamais avoir à douter au moment de donner la réponse, une habitude pour créer un lien entre deux êtres… et pourtant, son nom était, depuis son exil, synonyme de traques. La question de son nom était devenue lourde, pesante. Pourtant, Aëlya ne pouvait s’empêcher d’avoir confiance en Darthestar, peut-être était-ce la façon dont il s’était présenté, ou simplement qu’elle savait avoir rencontré une bonne personne. Après tout, Darthestar, sans pourtant la connaître, n’avait-il pas été le seul à avoir agi, à être sortit de la foule pour venir l’aider ? De plus, cacher son identité était devenu trop difficile pour la jeune femme, elle avait besoin de dire qui elle était, ce qu’elle avait évité depuis des mois.

-   Aëlya… c’est mon nom, Aëlya, dit-elle comme si elle invoquait ainsi sa propre personne. Peut-être avez-vous déjà entendu mon nom…

Elle soupira en remettant une boucle de cheveux qui tombait sur sa gorge derrière son oreille.

-   Aëlya Peyr’Dragon… Héritière de Hautes-Frontières, mon frère me traque. Je me dois de vous en faire part après l’aide et les risques que vous avez pris, sans le savoir, en venant à mon aide.

Aëlya n’osait regarder Darthestar, malgré la confiance qu’elle avait naturellement placée en lui, il ne restait, après tout, qu’un étranger, quelqu’un qui aurait pu la dénoncer d’un claquement de doigt s’il le souhaitait et récolter une belle somme en échange.

Alors qu’elle venait de terminer cette confidence, elle eut l’impression qu’un lourd silence venait de se placer entre eux et elle sentit l’inquiétude naître au fond de sa poitrine. Quand soudain éclata une nouvelle détonation, rapidement suivit d’une dizaine d’autres. Aëlya leva la tête en direction du bruit qui provenait des hauteurs de la ville, au-dessus des falaises, là où s’étalait le quartier riche de Grandville. A l’origine de ces détonations, nul inventeur maladroit cette fois-ci, mais des feux d’artifices magnifiquement orchestrés qui éclataient devant la lune… La lune, car, en cette période de l’année, et pendant quelques jours, la lune était visible même de jour, comme c’était alors le cas puisque le soleil lui-même était au zénith.

Soudain, aidée par les questions de Darthestar, notamment soulevant la possibilité que le mage appartenait peut-être à une confrérie ou à un parti politique, des souvenirs remontèrent à la surface. Seule, sans oser se poser des questions à haute voix sur l’identité du mage, Aëlya n’avait fait que tourner en rond. Mais une image était revenue, un indice qui avait filtré et se présentait à elle : le culte de la lune. Le mage, homme ou femme, appartenait à ce culte, l’équivalent d’une secte très fermée, dans laquelle cohabitaient aussi bien de riches marchands que des assassins de l’ombre. Ce culte était l’équivalent d’un cercle d’influence, qui permettait de réunir toutes les puissantes personnalités, connues ou non du peuple, et ce culte était justement très déployé dans Grandville.

C’était justement l’une des raisons de la corruption toujours plus effroyable dans cette ville, car celle-ci appartenait à un groupe privilégié de personnes, agissant dans leurs propres intérêts mais aussi au nom d’une mystérieuse croyance, car personne ne savait véritablement ce qu’il ressortait des messes de ce culte.

-   Darthestar, avez-vous déjà entendu mentionner le « Culte de la lune » ?, demanda Aëlya.

La jeune femme se leva et commença à faire les cents pas dans le jardin, parlant à haute voix autant pour Darthestar que pour elle-même.

-   Il s’agit d’une mystérieuse confrérie, très implantée ici à Grandville… Je sais où commencer les recherches, s’exclama-t-elle.

Sur ce, elle pointa du doigt les feux d’artifices qui continuaient d’éclairer le ciel bleu et sans nuages.

-   Voyez, sur les hauteurs de la ville ? Sur les falaises est fêté, en ce moment même, La Lune Blanche. Cette cérémonie a lieu une fois par an et célèbre la proximité de la lune avec Terra, c’est pour cela que nous la distinguons aussi bien, malgré la journée.

Aëlya releva son bustier qui avait désormais la fâcheuse habitude de descendre de son torse si elle ne l’y maintenait pas régulièrement. Une habitude qu’elle allait devoir songer à garder, remarqua-t-elle. Autant ne pas rameuter les regards sur elle.

-   Je me souviens maintenant que le mage en question est un fervent adepte de ce culte. Le culte de la Lune a été interdit lors de l’annexion de ma contrée d’origine, et c’est justement ce qui l’avait conduit à me soutenir lors de la guerre civile. Si nous voulons le retrouver, alors, nous devons atteindre les hauteurs.

Terminant sur ces mots, Aëlya resta à observer la ville sur les falaises. C’était une longue ascension qui les attendait, et les risques encourus étaient réels. Plus on montait le long de la falaise, plus les tours de gardes, les milices et les arrestations étaient nombreuses afin d’assurer une très grande sécurité aux riches habitants qui vivaient sur la plateau des falaises. Certains mentionnaient même que des Taurens et des géants en gardaient l’accès, même s’il s’agissait probablement de fables, la réalité était là : aucun citoyen ne pouvait s’aventurer sur ces hauteurs. Mais Aëlya n’avait pas le choix, et c’était bien là ce qu’elle comptait faire.

-   Il existe, de ce que j’ai appris, plusieurs passages pour arriver sur les hauteurs. Le principal nous demandera beaucoup d’agilités tant il est gardé, peut-être que l’affluence limitera les investigations, mais il nous faudra redoubler de prudences. Le deuxième passe par les mines. Avant, Grandville était une riche ville minière, mais depuis celle-ci sont à l’abandon et regorgent de vermines, mais cela nous permettrait d’accéder aux hauteurs sans les contrôles. Enfin, le troisième… c’est l’escalade, à travers murs, cheminées et gouttières…

Elle s’arrêta dans son explication sur les trois plans qui s’offraient à eux pour tourner le regard vers Darthestar, qu’elle n’avait osé croiser depuis l’arrivée dans le jardin.

-   Ce serait encore vous faire courir des risques, et cela, je ne peux m’y résoudre. Sachez que la mort peut nous abattre, au mieux, lors de cette ascension. Je veux que vous soyez conscients des risques avant de m’accompagner dans ma quête.

3
Ce fut le cri d’Estan, ce même jeune homme qui venait de s’attaquer à elle, qui la fit finalement s’arrêter et se retourner, assistant par là même à sa chute au milieu de la place. Depuis lors elle était restée, tête baissée pour éviter de croiser des regards, tenant, d’une main, son manteau, et de l’autre son bustier afin d’éviter qu’il ne s’ouvre à nouveau.

Un homme était sortit de la foule, se dirigeant vers Aëlya qui lâcha son manteau pour pouvoir sortir un poignard qu’elle avait discrètement dissimulé sous sa tenue. Le gardant encore à l’abri du regard de l’étranger, elle serra le poignard si fort que ses articulations blanchirent sous la pression. Si la plus grande partie des badauds avait leur attention tournée vers un feu d’artifice qui éclatait à deux rues d’ici (et n’était, à entendre les cris de douleurs puis la précipitation de médecins et le déclenchement des sirènes, un feu d’artifice bien involontaire), certains, les plus dangereux, comme cet homme à l’oreille déchirée, ou l’orc qui tirait sur sa pipe en jouant avec sa masse, ne lâchaient pas Aëlya du regard, ni l’inconnu qui s’approchait d’elle, comme s’ils attendaient la moindre occasion, la moindre ouverture pour s’attaquer à elle.

Aëlya posa à nouveau son regard sur celui qui approchait. Elle ne devait pas se laisser distraire, certes, les possibles ennemis étaient nombreux, mais elle n’arriverait à rien si elle ne traitait pas chaque problème à la fois.

-   Que me voulez-… , commença-t-elle d’un ton qu’elle pensait ferme et autoritaire mais, à l’évidence, même l’étranger, qui ne se tenait qu’à à peu près deux mètres d’elle, ne l’avait entendu et quand, soudain, il mit un genou à terre. 

« D’accord, pensa Aëlya, là c’est gênant ». Que lui voulait-t-il celui-là ? Alors que la foule continuait de les observer. En effet, Roktar, l’orc, par exemple, n’attendait qu’une chose, que l’étranger, trop puissant pour lui, décide de bien vouloir laisser la jeune femme seule pour qu’il s’amuse. Et il était loin d’être le seul à avoir prévu d’agir dès qu’il la laisserait.

- Bonjour. Je m'excuse si mon intervention était un peu zélée de ma part. Je me présente, Darthestar, et je voulais vous inviter à faire un bout de marche ensemble. Il ne va pas tarder à y avoir du grabuge, et je sais d'expériences que ces gens ont tendances à être revanchard, n'est-ce-pas ? , remarqua l'étranger.

« Au moins, ne s’agit-il pas d’une demande en mariage, j’ai eu suffisamment de malheurs pour aujourd’hui », songea-t-elle. Et, contrairement à sa rencontre avec Scott Helden, cette fois-ci elle sentit une présence rassurante en la personne de cet étranger. Tout d’abord avait-il éviter toute brusquerie dans son approche, ce qui, étant donné le contexte de vigilance absolue dont devait faire preuve Aëlya, était plutôt une bonne idée.

-   Ne vous excusez pas, répondit-elle, et relevez-vous. Vous avez raison, il est peu conseillé de rester par ici.

Ils firent quelques pas ensemble, s’éloignant toujours plus de la place, jusqu’à ce qu’ils trouvent un petit jardin entre deux maisons. Ils avaient peu parlé lors du trajet, Aëlya veillait à ce qu’ils aillent en un endroit où personne ne pourrait les entendre, et un lieu où elle ne rencontrerait aucun quidam qui se trouvait sur la place lors du fâcheux évènement. En cela, le petit jardin n’était, certes, pas le lieu de la discrétion absolue, mais au moins n’y avait-il personne d’autres et les fenêtres des maisons environnantes étaient fermées.
Ce bref répit, au côté d’un éventuel allié, soulagea, pour la première fois depuis longtemps, Aëlya. Elle avait refermé son bustier, toutefois, les lacets s’étaient détendus sous le choc, si bien que son bustier [La tenue verte qui couvre le haut de son torse] s’ouvrait plus qu’auparavant. Si Aëlya devait éviter de se baisser pour dévoiler sa chair, son bustier n’en était que plus agréable à porter, finalement, car au lieu de la serrer, comme avant, elle pouvait désormais respirer pleinement sans en être gênée.

-   Merci pour votre aide, monsieur.

 Hésitant à trop en dire sur la raison de sa venue ici, Aëlya choisit d’en dire le strict minimum. Peut-être cet étranger était-il la personne chargée de la conduire au mage, ou le mage lui-même, mais elle préféra attendre de mieux le connaître avant de se laisser aller à de tels risque en en dévoilant trop.

-   Je crains que vous ne soyez, vous aussi, dans de beaux draps en étant venue à ma rescousse, et je vous en remercie davantage, tout en m’excusant pour la situation dans laquelle je vous ai trainée. Car des hommes me recherchent.

Disant cela, elle prit sa sacoche qu’elle portait toujours avec elle afin d’en extirper une carte de la ville. Mais lorsqu’elle se saisit de sa sacoche, elle vit que la carte en était déjà à moitié sortie et, surtout, déchirée en deux, une partie manquante. Elle se souvint alors avoir senti une main l’agripper à cet endroit mais, sous le choc, elle n’avait pas fait attention. Quelqu’un avait essayé de la voler et n’avait pu en tirer qu’une moitié de carte inutile.

-   Voici la carte de la ville, du moins, ce qu’il en reste, présenta-t-elle à l’étranger. Je dois retrouver un contact qui pourra nous faire sortir de la ville. Le problème : j’ignore à quoi il ressemble et où il peut se trouver, je sais seulement qu’il s’agit d’un mage. Et il semblerait que je n’ai plus qu’une moitié de carte, dit-elle en la dépliant. Ici, et elle montra du doigt les lieux souterrains de la ville, ce sont les usines et hangars de la ville, on y trouve loups-garoux, trolls, gobelins ingénieurs… bref, tout ce qui permet à la ville de fonctionner, dont quelques mages. Nous, nous sommes ici, dit-elle en indiquant un autre point de la carte. Sur les plaines de la ville, là où se déroule la foire. J’ai entendu dire que certains mages présentaient aussi leurs travaux. Ensuite, et c’est là où une partie de ma carte est manquante, ce sont les falaises, là où s’élève la ville. Je crois savoir qu’il y a un quartier, le chemin de traverse, ou des breloques et des objets de magie noire sont vendus. Là encore, il est possible d’y rencontrer un mage.

Aëlya soupira, avant de reprendre :

-   Ainsi, je ne sais par où commencer mes recherches. Depuis quand êtes vous en ville ? Savez-vous des choses que j’ignore ? Et par où pensez-vous que nous pourrions commencer ? Je vous suis redevable, je ferai ce que vous pensez être le plus sûr, monsieur. Mais, quel est votre nom ?

4
Dans cette foule monstrueuse, tous les regards étaient tournés vers le gobelin qui présentait, debout sur une haute estrade, les dernières nouveautés industrielles de son entreprise ; il y avait là des fusées qui, accrochées dans le dos qui permettait à tout homme ou humanoïde de moins de cent kilos de se propulser dans les airs, un gant métallique qui servait de grappin, des jambes artificielles pour gobelin qu’ils peuvent diriger et ainsi faire des pas plus grands que ceux d’un homme ou cette épée rétractable qui pouvait faire la taille d’un poignard lorsqu’elle n’était pas activée. Aucun regard n’était cependant tourné vers l’élégante silhouette qui se tenait légèrement en retrait, peu intéressée par les présentations du gobelin. Vêtue d’un long manteau, la capuche baissée sur son visage, personne n’observait la jeune femme, alors que, si quelqu’un prêtait attention, il aurait vu là l’une des plus belles créatures que Terra pouvait compter, mais aussi l’une des personnes les plus recherchées, et c’était bien là l’intention d’Aëlya.

Arrivée tôt le matin, Aëlya avait pu entrer à Grandville alors qu’il faisait nuit encore, passant sans problème les contrôles que la garde effectuait car se déroulait, depuis quelques jours déjà, la plus grande foire aux inventions de tout le royaume qui rassemblait des milliers de personne. Après avoir quitté Dagan, Aëlya s’était dirigée à Grandville, où un mage, soutien des rebelles de sa contrée d’origine, qui s’opposent à son frère, le nouveau seigneur, devait lui fournir un apprentissage rudimentaire en magie mais, surtout, créer un portail afin qu’elle puisse aller dans des régions suffisamment reculer pour que personne ne la traque.

Ses aventures lors de son exil, entre la traque de Scott Helden pour lui mettre la main dessus et la trahison à Dagan d’un des banquiers, la confiance qu’Aëlya pouvait avoir pour le genre humain venait grandement d’être remis en question. Ainsi, elle avait voyagé anonymement, de différentes façons, entre carrioles et navires volants, un voyage de près d’une semaine qui lui avait permis de mettre à jour son grimoire de cartographie. Peu avant d’arriver à Grandville, la jeune femme s’était acheté cette cape à capuche qui faisait office de manteau, recouvrant le corset et le bustier habituels avec lesquels elle se vêtissait, ayant laissé sa robe à l’auberge du Dragon d’or de Dagan. Un moindre mal puisque, ainsi vêtue, elle avait tout loisir de courir ou sauter, sans être entravée, ce qui présentait un avantage lorsque votre tête était mise à prix.

Seul problème, Aëlya n’avait aucune idée de qui était son soutien, ni où il pouvait se trouver dans cette ville qui, comme son nom l’indiquait, était une des plus vastes de Terra. Construite sur une falaise, on comptait des milliers d’habitations ou bâtiments de toutes sortes. C’était aussi un des plus grands ports de tout Terra pour ce qui était des navires volants ; on comptait des centaines de passagers quotidien. Aussi, Aëlya attendait, guettant le moindre indice qui pourrait lui permettre de trouver ce mage. Après tout, c’était lui le magicien, il finirait bien par lui mettre la main dessus.

Se laissant aller à ses pensées, Aëlya s’éloigna de cette foule. De nombreux étalages et estrades avaient été construits en bas des falaises pour permettre à tous les inventeurs de présenter leurs produits. Certains utiles, beaucoup illusoires, ainsi il n’était pas rare d’entendre des explosions surgir d’une des ruelles, de voir des médecins et infirmiers courir à travers Grandville pour soigner au plus vite grands brûlés et mutilés dont les expériences avaient lamentablement échoué. D’autant plus que cette ville brillait aussi pour sa pauvreté. Le seigneur de Grandville était un être puissant et totalement corrompu, si bien que la ville regorgeait de gamins des rues et de voleurs qui guettaient l’étranger imprudent qui s’éloignerait dans une rue sombre ou laisserait trop visibles une bourse pleine d’or. Dans ce cas, il était certain qu’en à peine quelques minutes l’imprudent s’en retrouverait délesté. Des patrouilles, nombreuses, de miliciens veillaient au grain, mais bien qu’ils soient plusieurs milliers, d’hommes, orcs, trolls ou robots, les voleurs de cette ville étaient encore plus nombreux. Et cette foire était aussi un paradis pour les escrocs. Aëlya avait entendu parler d’un gnome qui présentait une soi-disante armoire de téléportation, alors qu’une trappe avait été installée sous l’armoire et le pauvre cobaye volontaire se retrouvait, plutôt que téléporté, dans une cave, entouré d’hommes qui l’assommaient et lui faisaient les poches avant de l’abandonner dans une rue, plus loin.

Aëlya, en parcourant les échoppes du regard, considérait qu’elle aurait pu présenter ses constructions. Lorsqu’elle était au château de son père, elle aimait retaper de vieilles machines et robots, mais tout cela appartenait au passé. La douce chaleur de son foyer, les passions qu’elle y avait laissé… Aëlya vagabondait au gré de ses pensées lorsqu’un violent choc la fit tomber à terre, dans la boue. Sonnée, la jeune femme eut le temps de voir le géant qui l’avait bousculer continuer son chemin sans prêter attention à la personne qui l’avait bousculé.

Alors qu’Aëlya se relevait, les côtes endolories, personne ne vint l’aider alors qu’elle se trouvait sur une place bondée et que les regards la dévisageaient comme si elle était en tort. Les hautes bottes en cuir souple qu’elle portait avaient pu préserver ses jambes de la boue, mais non ses cuisses nues. Elle ramassa son manteau, lui aussi recouvert de boue, qu’elle avait perdu dans le choc. Avant de le remettre, Aëlya prit les pans de son manteau pour enlever la boue sur ses cuisses. Certes, elle était à visage découvert, mais elle n’en prit pas compte, elle avait bien vu les regards l’ignorer plutôt que de lui venir en aide.

Alors qu’elle terminait de se nettoyer, elle sentit une forte poigne l’agripper et la pousser vers le sol. Cette fois, les regards se tournaient vers elle, et toujours pas pour l’aider mais bien pour se réjouir du malheur d’Aëlya car, et c’est bien connu, le bonheur des uns fait le malheur des autres et qu’il s’agisse des exposants, des badauds ou des vigiles qui observaient la scène depuis les caméras qui les transmettaient en direct c'est une centaine de paire d’yeux observait Aëlya  car, alors que la jeune femme tentait d’enlever la boue de ses jambes, un gamin n’avait pas perdu d’idées en observant Aëlya. Estan s’était approché d’elle alors qu’elle était de dos. Charretier, c’était un gamin solide, aux avants-bras puissants, si bien qu’il avait agripper suffisamment fort le bustier d’Aëlya, le tirant vers le bas. Ainsi, avant même qu'elle ne sente le vent frais souffler sur sa poitrine désormais nue, son bustier ouvert et les lacets distendus, tout le monde observait ce réjouissant spectacle.

La jeune femme prit néanmoins rapidement conscience de la situation, arracha son manteau du sol et se précipita dans les rues à l’écart pour se remettre de cette scène. Elle qui souhaitait passer inaperçue, cela avait durer bien peu de temps…

5
Cela devait être la troisième fois qu’Aëlya devait jouer « La Pucelle gironde », reprise de bout en bout par les voyageurs, qu’ils soient marchands ou mercenaires, tous plus ivres les uns que les autres.

La jeune femme ne pouvait définir avec exactitude quelle heure il était mais, à ses doigts douloureux de frotter les cordes de la cythare et à sa gorge douloureuse par la fumée âcre qui se dégageait de l’herbe à pipe que les ivrognes recrachaient, ils s’étaient profondément enfoncés dans la nuit. Le Dragon d’Or était une taverne de référence et, malgré cette heure tardive, les fêtards continuaient d’entrer sans discontinuer, s’ils se tenaient suffisamment pour ne pas être refusés par les gardes qui tenaient l’entrée. D’où elle se trouvait, sur la mezzanine, au niveau d’une avancée, Aëlya avait une vue sur l’ensemble de la taverne et elle voyait ainsi l’un des gardes tirer violement par le col un visiteur trop ivre.

Les ivrognes étaient les bienvenus dans la taverne, mais seulement s’ils buvaient exclusivement dans la taverne. Car souvent, quelques malins entraient ivres dans le seul but de s’amuser avec les serveuses, au détriment de toute consommation, hors les serveuses et les danseuses étaient la récompense pour les clients qui venaient cuver dans la taverne.

Alors qu’Aëlya venait de terminer la chanson de la pucelle, un groupe de marchands s’étaient mis à scander « La noce du nain », qu’Aëlya dut improviser. Si le travail n’était pas des mieux rémunérés, Aëlya se sentait chanceuse en comparaison des jeunes femmes serveuses ou danseuses qui devaient supporter les remarques et les gestes déplacés de tous ces hommes complètement ivres. Les gardes n’intervenaient que très rarement pour les écarter, seulement quand si le client se montrait violent, sinon ils étaient ici chez eux.
Deux chansons plus tard, Aëlya eut l’opportunité de poser quelques minutes la cithare et de calmer sa gorge avec un peu de bière. Elle avait beau avoir demandé de l’eau, le propriétaire lui avait rétorqué qu’ici il n’y en avait pas, c’était de la bière pour tout le monde. Heureusement, celle-ci était plutôt bonne, sucrée avec un léger goût de miel.

A peine reposa-t-elle son verre qu’un nain, qu’elle n’avait pas remarqué avant, s’approcha d’elle :

- Yo, M’dame... J’ai cru comprendre que vous recherchiez de l’argent ? J’peux vous proposer un truc... Très honnête, et tout ce qu’il faut. J’m’appelle Znort..., dit-il en lui montrant une bourse pleine d’argent. Ça vous dirait qu’on cause un peu ?

Avec ses cheveux iroquois, ses piercings et son regard agressif, Aëlya avait connu plus rassurant. Mais, si elle était déconcertée par cette proposition, Aëlya essaya de ne rien en montrer. Après tout, le tavernier était louche lui aussi, et pourtant c’était pour cet homme qu’elle travaillait ce soir.

- C’est possible, répondit-elle.

En regardant autour d’elle, elle vit la chanteuse qui allait la remplacer pour la suite de la nuit qui commençait à se préparer. Aëlya estima qu’il ne devait lui rester que quelques minutes, soit trois chansons avant qu’elle ne laisse sa place. Que le nain soit honnête ou non, elle n’était pas en posture de tergiverser quand on lui proposait un travail ; elle devait gagner du temps en espérant elle ne savait quel miracle qui lui permettrait de résoudre le problème de la banque.

- Je termine dans quelques minutes. Si cela ne vous dérange pas, attendez-moi à cette table, dit-elle en montrant une table vide sur la mezzanine. Nous pourrons discuter affaire.

Sur ce, le nain la quitta pour l’attendre à la table. Aëlya reprit la cithare et, comme elle le pensait, après quelques chansons, « La cuvée du troll », et « gloire gloire aux ivrognes », Cella, une jeune femme à la voix de crécelle vint prendre sa place. Le tavernier considérait, et avec raison, qu’à une heure assez tardive autant payer une chanteuse moins bonne mais moins chère puisque ses clients seraient bien trop ivres pour prêter suffisamment l’oreille aux prestations musicales.

Aëlya se dirigea vers la table où le nain l’attendait toujours, heureuse de se dégourdir enfin les jambes. Elle fut également soulagée de ne porter que son corset et son bustier, et d’avoir laissé sa robe dans sa chambre, ce qui avait été la condition du tavernier pour qu’elle joue et, si elle avait refusé un moment, elle s’estimait quand même en meilleur position que les danseuses et accepta, car les clients étaient ivres et maladroits et elle ne doutait pas que, si elle l’avait porté, l’un d’eux aurait fini par marcher dessus. De plus, il faisait plutôt chaud dans cette taverne avec l’agitation.

La jeune femme s’assit à un tabouret autour de la table, face au nain Znort et à ses hommes.

- Alors ? Qu’avez-vous à me proposer ?

6
Prélude / Re : Selena Brumargent [Valipunchée !]
« le: vendredi 13 janvier 2017, 09:54:52 »
Bienvenue =)
CHouette personnage !

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Au moins, si sa mission échouait, profitait-elle de la vision d'un des lieux les plus enchanteurs qu'elle ait jamais vu. Pourtant, elle avait longtemps voyager à travers les cours du royaume, souvent très opulentes comme Haut-Jardin, et pourtant, même elle avait l'air d'une masure en comparaison de la Banque de Fer. Ne vous y trompez pas, ce n'était pourtant pas une démonstration opulente de richesse, car c'était un lieu sobrement décoré mais l’œil averti, ce qui devait être le cas de la majorité des clients, ne s'y trompait pas.

Ainsi, les clients marchaient sur un large tapis rouge, entouré de bureaux où se trouvaient des gobelins pour répondre à leurs demandes et les guider ensuite dans l'immense dédale de couloirs. Rien que ce tapis était brodé de l'or fin des Mines du Sud, l'or le plus pur pour lequel il fallait six mois pour en extraire un gramme. Le tissu rouge du tapis était, quant à lui, brodé par les elfes de la jungle Sans Retour, un travail des plus précis que seuls les elfes pouvaient accomplir, et un mètre de ce tissu nécessitait plus d'une année de travail. Ainsi, ce qui était foulé aux pieds par des centaines de quémandeurs valait-il certainement plus que toute leur fortune. Les lustres, quant à eux, avaient été sculptés dans des os de dragons et la lumière qui y brillait était celle de fées capturées au large des côtes Pench'iy, la seule lumière qui ne pouvait vous aveugler, même si vous restiez la fixer des heures durant.

Aëlya finit par trouver un gobelin libre de toute requête. Comme les autres, cette affreuse créature tenait un grimoire sur lequel elle inscrivait chiffres et références, dans une langue secrète, inventée spécialement pour la Banque de Fer. Les bureaux qui s'alignaient ainsi le long du couloir, étaient surélevés, si bien que le gobelin la regarda de haut lorsqu'elle se présenta à lui.

- Monsieur, lui dit-elle, je viens pour un retrait, à qui dois-je m'adresser ?

Le gobelin leva à peine les yeux de son registre quand il lui dit, d'un ton si monocorde qu'Aëlya pensa aux êtres roboïdes qu'elle avait pu construire :

- C'est à quel nom ? Avez-vous un banquier attribué ? À combien estimez-vous le montant de votre retrait ?

- Le compte est à mon nom mais il a été ouvert par mon père. Pour le montant... Disons presque la totalité... Une belle somme disons.

- Et votre nom ? Je ne peux rien faire si vous ne me le donnez pas.

- C'est que... Je ne puis vous le donner ainsi... en public, je préfèrerai m'entretenir avec un banquier pour le donner.

- Je vois, dit lentement le gobelin en se tournant vers elle et la scrutant du regard cette fois. Nous avons souvent ce cas de figure, lui expliqua-t-il en disparaissant derrière son bureau jusqu'à ce qu'il réapparaisse avec une enveloppe qu'il lui tendit. Mettez lettre de cachet certifiant votre identité, message royal, de noblesse... qui puisse attester de votre identité. La lettre sera cacheté, transmise à un de nos banquiers et vous reviendra ensuite.

- … Je n'ai aucun document...

- Aucun ? Dans ce cas, nous ne pouvions rien pour vous. Je vous prierai de ne revenir qu'avec un document certifiant votre identité.

Le gobelin retourna à sa paperasse, l'ignorant proprement. Mais Aëlya ne recula pas, c'était sa seule chance et elle ne tournerait pas le dos si facilement.

- Écoutez, je ne demande que quelques minutes avec un de vos banquiers, je peux attendre s'il le faut.

Le silence dura plusieurs minutes, le gobelin l'ignorait toujours superbement mais, au bout d'un moment, il releva la tête et, voyant qu'elle n'était toujours pas parti, soupira.

- Bien... Vous êtes têtues... J'ai peut-être un solution, mais je crains que cela ne demande des efforts, je ne suis qu'un simple employé.

Le disant, il tendit la main. Peu difficile de savoir ce qu'il désirait, alors elle lui tendit ce qui lui restait dans sa bourse, soit quelques pièces d'argent, ce qui aurait dû lui payer une nuit à l'auberge ce soir, mais elle espérait que cela soit un investissement sur le long terme. Le gobelin hocha la tête.

- Je vais vous présenter au banquier nain Goldur, lui pourra vous aider.

*
**

Contrairement à ce qu'Aëlya avait cru, et espérer, le gobelin ne la mena pas dans les hauteurs de la Banque de Fer, mais bien dans les sous-sols. Car la Banque de Fer avait basé son système de fonctionnement sur son architecture, ainsi, plus un client avait rendez-vous haut dans les étages, plus celui-ci était prestigieux. Mais Aëlya n'avait jamais entendue parler de banquiers logeant dans les sous-sols. C'est donc dubitative et inquiète qu'elle se laissa guider dans un dédale de couloirs, ouvrant sur des pièces où étaient stockées des fournitures, ou bien d'autres bureaux pour gobelins, quand ils s'arrêtèrent enfin devant une porte quelconque.

Sans autre forme de cérémonie, le gobelin frappa et sans alla. Quelques instants plus tard, la porte s'ouvrit sur le nain le plus gros et certainement le plus petit qu'Aëlya ait jamais vue. Mais des deux, ce fut le nain le plus surpris, cela faisait des lustres qu'il n'avait pas eu d'affaires, on ne lui donnait que celles où il fallait généralement dire « non » au client, en particuliers à ceux louches, ou tout simplement dont on voulait se débarrasser. Parfois car on estimait que c'était une perte de temps et qu'aucun autre banquier n'en avait à perdre.

Mais Goldur n'avait jamais eu la chance de recevoir une cliente aussi belle et jeune et il en tomba des nues. Puis, se ressaisissant, il cru à une énième moquerie de la part de ses confrères, mais voyant la douce et frêle jeune femme avec son regard inquiet, il dû bien se mettre à l'évidence que tel n'était pas le cas et il l'invita à entrer.

C'était un petit bureau enfouit sous des montagnes d'archives qu'il dût déplacer pour trouver une chaise où inviter cette jeune demoiselle à s'asseoir. Cela fait il dû enlever d'autres piles de son bureau afin de pouvoir la regarder lorsqu'il s'asseyait de l'autre côté. Cela fait et, évitant tant bien que mal de laisser son regard plonger sur ce corps hypnotisant, sur cette poitrine qui se soulevait et se baisser au rythme de sa légère respiration, ses lèvres douces et roses comme des fleurs, son regard violet où il cru se noyer.... il finit par reprendre ses esprits et lui demander :

- Charmante dame, dites moi tout, quelle affaire vous amène ici ? Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour vous aider.

Alors, Aëlya lui expliqua sa situation, lui exposant son nom véritable, le conflit dans sa contrée d'origine, la prise de pouvoir par son frère, frère qui la cherchait de par le monde pour l'exécuter ou la laisser pourrir dans des geôles.

Ce résumé lui prit près d'une demi-heure, et encore passa-t-elle sur toutes les dernières aventures qu'elle avait vécu avec sa fuite de la forêt du Nord et le passage à Port-Réal où elle dû trouver un navire. Aëlya sentit comme un poids la libérer une fois qu'elle eut terminé d'exposer son malheur. Quand au nain, il balbutia et, tout en cherchant dans ses archives :

- D'accord... d'accord... d'accord... Pas de lettres ou cachets pour vous identifier, mais j'ai, avec moi, la liste des personnes recherchées de part le monde. Vous comprenez, afin que nous puissions nous assurer d'éventuels... tracas. Et, avant toute chose, je dois respecter la procédure et être certain de votre identité. Ah, voici, l'avis de recherche vous concernant, dit-il en extirpant un parchemin en particulier.

Le nain l'observa et son attention se fit plus intense, son regard fit plusieurs allers-retours de Aëlya au parchemin, une étrange lueur dans le regard :

- Dis donc, ils vous ont... un peu...

Oui, je sais, ils ont cette tendance à s'arranger avec la réalité pour accroître les recherches, passons. Qu'en est-il de mes comptes ?

En effet, sur les avis de recherche, Aëlya put constater que sa plastique avait été modifiée, laissant apparaître une poitrine beaucoup plus grosse qu'elle ne l'était en réalité, même si elle n'avait pas à se plaindre. Une façon, en effet, d'être certain qu'un minimum de mercenaires se lanceraient à sa poursuite.

- Maintenant que je suis certain de votre identité, repris-t-il en ayant du mal à ne plus comparer l'affiche d'Aëlya, affiche qu'il allait bien garder de côté pour meubler sa solitude, étant donnée l’attractivité de cette image, je dois vous dire que votre compte a été bloqué par votre frère. Vous ne pouvez rien en retirer pour l'instant. Nous pouvons tenter de débloquer l'affaire puisque nous ne sommes pas sous sa juridiction... Je vais en parler à mes confrères, toutefois, cela peut prendre du temps, à moins que...

Le nain se fit des plus insistants en observant le creux de son bustier. Puisqu'il avait la possibilité de se contenter de chair fraîche plutôt que d'une affiche, il ne voulait pas passer à côté de cette affaire. Mais Aëlya se leva :

- Cela prendra le temps qu'il faut, mais je ne lâcherai pas cette affaire. Je repasserai demain. Au revoir.

Et elle s'en alla, d'un pas plus décidé qu'elle ne l'était réellement. Elle n'avait désormais plus un sou et aucun espoir d'en voir arriver très prochainement. Aëlya soupira, que n'aurait-elle donnée pour un bain rafraîchissant, qui l'aurait aidé à réfléchir.

Elle se dirigea vers l'auberge du Dragon d'or. Elle était passée à côté en entrant en ville. Elle se trouvait dans le quartier du port et l'un des matelots travaillant dans le navire qui l'avait amené ici, L'Espérance, lui avait indiqué que cette auberge recherchait de jeunes femmes. Serveuses ou musiciennes, il ne se souvenait plus de la fonction demandée.
Aëlya espérait qu'il ne s'agissait pas du métier de serveuse car, étant donnée l'auberge, cela était un métier dégradants puisque marins, mercenaires et aventuriers, généralement ivres, n'étaient plus en état de raisonner, s'ils l'étaient sobres, et les tenues des plus légères et l'ambiance des plus chaudes. Quant à la musique, elle avait appris à chanter lors de son enfance et espérait que cela serait le poste obtenu, si tant est qu'elle pouvait en obtenir un. Mais elle n'avait plus le choix et se dirigea donc vers l'auberge.

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Les terres sauvages / Re : Chapitre 1 : La Forêt Noire [Scott Helden]
« le: dimanche 08 janvier 2017, 16:57:24 »
Le sang coula jusque dans la bouche d'Aëlya, elle en eut le goût âcre qui se déversait jusque dans sa gorge et sur ses lèvres. Et elle en savoura le goût, celui d'une victoire, celle de l'avoir fait saigné, avoir fait coulé son sang. Quand elle avait sentit ses lèvres collées contre les siennes, Aëlya avait tenter de faire abstraction, de se focaliser sur une autre partie de son corps. Mais cet idiot s'était acharné, comme un poulpe visqueux, puis la lapant comme un chien. Alors elle l'avait mordit, plantant ses crocs dans sa langue. Suffisamment fort pour en faire gicler le sang et lui provoquer une intense douleur. Pas assez pour la lui arracher, mais elle le regrettait presque alors qu'elle desserra les dents, lâchant sa prise.

- Je t'ai dit que je devais aller à Port-réal.Et j'irai, avec ou sans ton aide.

La peur, la terreur même qu'elle avait ressentie, tout cela s'était dissipé lorsqu'il l'avait embrassé, comme un amoureux transis. L'homme ne dégageait plus qu'une formidable pitié. Elle venait de comprendre que, des deux, c'était lui, l'homme, qui lui était déjà soumis. Un maniaque, faible et paradoxal, qui expliquait la trouvait brave et ne rien lui faire, quand l'instant d'après il l'embrassait de force, la maintenant toujours au sol grâce à son sortilège. Mais que pensait-il ? Quel ego gigantesque avait-il de sa personne pour l'embrasser comme si elle allait soudainement tomber sous son charme.

- C'est ce que tu souhaites ?

Elle lâcha la poitrine de l'homme, glissant une de ses mains sur l'entre-jambe de l'homme, pressant son sexe. Plus grand que ce qu'elle aurait cru, elle toucha d'abord ce qu'elle devina être, à travers le tissu du caleçon, son gland, pour remonter délicatement, le caressant, jusqu'aux testicules. C'était la première fois qu'elle touchait un sexe masculin, et elle aurait aimé que le contexte en soit différent. Mais ce faisant, Aëlya continuait de le fixer dans les yeux, attentive à toute réaction, aussi bien visuelle, dans son regard, que sensoriel, si son sexe allait se dresser.

Son autre main fit le tour de l'homme, se posant sur le bas de son dos, et exerçant une pression pour qu'il colle son sexe contre l'entre-jambe d'Aëlya qui lui offrit une place en écartant ses jambes nues. Sans toujours lâcher les bijoux de l'homme, elle se mit à gesticuler le bassin, cette fois ci sensuellement, comme si elle l'attendait, qu'il aille en elle.

- C'est ça que tu souhaites ?, lui murmura-t-elle, le lui chuchotant à l'oreille, continuant de lui caresser, très lentement, le sexe, et elle se coller à lui, gesticulant, toujours. Mais, voici tout ce que tu auras.

Elle recula soudain son bassin du sien et ferma sa prise sur le sexe de l'homme quand elle jeta son sort de feu pour lui brûler l'entre-jambe.

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Les terres sauvages / Re : Chapitre 1 : La Forêt Noire [Scott Helden]
« le: dimanche 08 janvier 2017, 14:32:02 »
Le choc fut d'autant plus violent qu'elle ne s'y était pas attendu. Le combat venait à peine de commencer qu'elle était déjà clouée au sol. Le souffle d'abord coupé, le regard tourné vers le ciel, elle dû admettre, bien malgré elle, que sa stratégie avait lamentablement échoué. La provocation ne l'avait pas déstabilisé. Quand il lui posa la main sur la gorge, elle se sentit comme une souris face à un chat. Et c'était ainsi depuis le début, rien de ce qu'elle n'avait fait n'avait pu inverser la situation, ou l'orienter quelque peu en sa faveur.

Inquiète, effrayée ou curieuse, elle était aussi tiraillée qu'il semblait l'être lorsqu'il posa son autre main à son visage. Il semblait ne plus savoir quelle attitude adopter. Allait-il la tuer ? Aëlya était las, épuisée, et que pouvait-elle faire maintenant ? Son dernier plan était des plus bancales, qu'un géant finisse par montrer le bout de son nez... Et pour quoi finalement ? Faire une diversion ? Alors que l'homme en face d'elle la retrouverait en quelques minutes à peine.

Elle le fixa profondément dans les yeux. Que voulait-il, exactement ? Qu'elle lui appartienne, à lui seul. Cet homme était fou, il était dangereux, et bien plus puissant qu'elle. Sa respiration devenait difficile avec la panique, le sort qui la plaquait au sol ajouté à son bustier lui comprimait la poitrine.

- Tu sais... commença-t-elle en haletant, que je ne me soumettrai pas....

Disant cela, elle mouvait son bassin, bougeait lentement ses hanches, de droite à gauche, ce qui aurait put être considéré comme sensuel mais n'avait, pour l'heure, qu'une utilité dérisoire, l'espoir de pouvoir se redresser, que le sort arrête de comprimer sa poitrine, de trouver un espace au sol où le sort serait moins puissant.

- Tu ne me veux pas de mal dis tu ?
 
Outrepassant son dégoût pour cet inconnu, elle posa sa main sur la poitrine nue de l'homme. Elle ne ressentit qu'un froid ténébreux, dû à l'horreur qu'elle éprouvait pour cet homme. Mais il semblait prêt à devenir fou, à perdre tout contrôle. Elle devait tenter de le calmer, malgré la haine qu'elle avait pour l'homme, car il semblait prêt à la tuer, ou pire.

- Alors, aide moi à aller à Port-réal, pour que je partie d'ici... Ou laisse moi m'en aller.

Ensuite, elle se tût, l'observa, et attendit, le fixant des yeux. Aëlya tentait de masquer cette lueur de défi qu'elle avait dans le regard, qu'il comprenne que oui, elle savait qu'il était bien plus puissant, mais qu'elle ne se soumettrait pas. Et si cela échouait, alors il y avait son sort de feu. Aussi inutile qu'il soit, elle aurait désormais tout essayé, et ce serait là sa seule chance, ou la seule chose à faire avant qu'il ne décide d'exercer toute sa puissance sur elle.

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Les terres sauvages / Re : Chapitre 1 : La Forêt Noire [Scott Helden]
« le: dimanche 08 janvier 2017, 10:37:09 »
[N.B. : le corset, sur l'image de profil, correspond au tissus mauve. Le bustier correspond au tissu vert qui entoure sa poitrine.]

- Attends ! Attends...

Aëlya leva les mains dans un signe inoffensif pour mettre une pause à ce jeu qui venait déjà de commencer sans qu'elle n'ait eu le temps d'y réfléchir, ou d'y répondre. Sa respiration, à nouveau, et malgré tous ses efforts pour garder contenance, commençait à s'emballer, et elle en finit même par regretter qu'il n'ait resserrer son corset. L'homme s'arrêta dans sa course et la regarda. Aëlya cru percevoir cette éternelle curiosité dans son regard, cette attention pour ce qu'elle allait dire ou faire.

- J'accepte de relever ton défi.

Une fraction de secondes, Aëlya avait bien pensé à le refuser, à ne pas entrer dans son jeu. Peut-être à s'enfuir, tout simplement, ou lui jeter un sort, l'aveugler, qu'importe, et en profiter pour disparaître. Mais, ces dernières minutes, l'homme n'avait fait que montrer sa puissance et, définitivement, même si elle continuait de l’appeler ainsi par ignorance de son nom, il n'était pas plus homme qu'un arbre. Tandis qu'elle s'avérait pauvrement humaine.

Il se jouait d'elle. Continuant de l'approcher, comme si le coup qu'elle lui avait porté ne témoignait finalement d'aucun danger. Il poussa même l'outrage à la détacher, à se dévêtir de ses vêtements, d'ailleurs qu'espérait-il, qu'elle allait tomber à genoux, d'extase et d'admiration, devant ce qu'il devait qualifier de grosseur dans son pantalon ? Qu'elle était cette fierté qu'il éprouvait aveuglement pour son corps ? Aëlya n'en avait cure et ne pris même pas la peine de l'observer. Rien chez cet étranger ne l'intéressait, elle n'en souhaitait que la mort ou l'incapacité. Le contact de ses mains sur son corps l'avait répugné et elle avait difficilement réprimé sa vague de nausée à se sentir ainsi la proie de cet étranger.

Il avait poussé l'outrecuidance en raccourcissant son corset de quelques centimètres. Comme s'il n'était pas déjà assez court depuis qu'elle avait dû abandonné sa robe lors de l'attaque des gobelins. Et si, avant le sort de l'homme, son corset atteignait le haut de ses cuisses, désormais c'est à peine s'il atteignait le bas de ses fesses. Encore une façon purement masculine de penser que cela accordait un semblant de supériorité. Ou alors, se mit soudain à penser Aëlya, simplement qu'il cherche à en profiter, à assouvir ses pulsions, à la dénuder, non plus seulement du regard, mais littéralement. Quand une autre pensée jaillit.

- à l'auberge, dans ma chambre... je me suis senti observée... Pas seulement par le nain... Il y avait quelque chose d'autre.... Toi ?

Bien qu'elle dit cela plus pour elle-même, pour éclaircir ses idées, c'était une question qu'elle lui posait aussi. En effet elle avait sentit un autre regard sur elle, en particulier quand elle était dans la baignoire. L'avait-il vu... nu ? Cette idée la révulsa et elle la chassa aussitôt. La mousse couvrait son corps et elle avait bien pris garde à se couvrir d'une serviette avant d'enfiler sa robe... Une robe trop large qui avait découvert un de ses seins. L'avait-il vu ? L'enfoiré...

Elle essaya de rassembler ses esprits, tant bien que mal. Évitant de penser à sa tenue car, si elle sentait l'air et le vent caresser l'entièreté de ses jambes et même plus haut que ses cuisses, le reste de son corps restait fidèlement caché avec son bustier qu'il avait resserré. Pourquoi d'ailleurs puisqu'il essayait de la dénuder ensuite ? Toujours pour montrer qu'elle ne pouvait rien contre lui. Mais Aëlya avait encore plusieurs idées en tête, et n'avait pas prévu de baisser les bras, et encore moins que l'homme reparte de cette rencontre avec encore plus d'ego. Surtout qu'il y avait un détail qu'elle semblait être la seule à avoir remarqué. Des pierres dressés, à une centaine de mètres, là où les arbres se dégageaient, laissant un espace vide dans la forêt, comme une clairière, ou une grande route.

- Je relève ton défi. Mais pas ici. Derrière toi, il y a une clairière, dégagée des arbres et racines. Allons nous y affronter. Il sera plus facile de se battre qu'ici.

Soit parce qu'il était certain de gagner, peu importe les conditions dans lesquelles se déroulait le combat, soit parce qu'il pouvait bien le lui accorder après ce raccourcissement non consentant de sa tenue, ou bien pour les deux, il accepta.

Le lieu correspondait exactement à ce qu'avait imaginé Aëlya, et espérée. Des pierres levées sur deux lignes parallèles pour établir des voies, et des arbres déracinés, tombés, brisés. Le garde, lors de sa temporaire arrestation dans le village*, lui avait confirmé qu'ils étaient dans la bonne période, et elle savait localiser ces lieux, son maître d'armes lui avait expliqué qu'il fallait s'en méfier. Mais les circonstances étaient particulières, et quoi de mieux pour chambouler les plans de l'homme et se créer une diversion. Car ils allaient se battre sur une route dédiée aux géants qui migrent vers le sud.

- Alors, prêt à te battre ?, lui demanda-t-elle.

Elle avait regagné confiance en elle, se mémorisant le sort de feu, prêt à faire déferler toute sa puissance sur l'homme. Cela risquait d'être inutile, mais elle espérait qu'un géant finirait par pointer le bout de son nez. Certes, c'était peu probable, les géant sont rares, mais c'était sa seule possibilité.

- J'ai bien réfléchis, sur toi, lui dit-elle alors qu'ils se tournaient autour en attendant que le premier entame le combat. Tu agis ainsi pour combler ton impuissance ? C'est bien ça ? Mon pauvre, je comprends, avec un si petit engin, il faut bien assouvir ses besoins autrement.

Sa seule autre chance, face à un ennemi aussi puissant, était de le déstabiliser. Elle ne savait pas si cela allait fonctionner, mais quels autres choix avait-elle ? Et, sitôt qu'elle eut terminé de lui lancer ces insultes, elle lui jeta son sort de feu, aussi puissant qu'elle le pouvait. Ce qui se résumait malheureusement à peu de choses.


* Voir le post 5 où le garde répond à Aëlya : " Des gobelins !? Vous avez eu beaucoup de chances. Des géants migrent vers le sud, seule vous ne leur auriez pas échapper. "

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Les terres sauvages / Re : Chapitre 1 : La Forêt Noire [Scott Helden]
« le: samedi 07 janvier 2017, 22:45:47 »
Et il était revenu. Exactement comme elle l'avait prédit aux deux mercenaires. Ils avaient ignoré le danger, et ne récoltèrent que ce que cet... Homme ? En était-ce un ? Était capable de donner, la mort. Une mort violente, décisive. Elle ne put s'empêcher d'observer ce qui restait du nain, devenu littéralement poussière en une fraction de seconde. Le même sort avait mit un terme à la vie de l'orc, il s'enfuyait pourtant mais aucune lueur de pitié, du moins de doute n'avait traversé les yeux de l'homme qui se tenait en face d'elle.

Aëlya savait maintenant de quoi il était capable. Au moins s'en faisait-elle une idée puisqu'il n'avait pas non plus hésiter à lui jeter un puissant sort. Durant des secondes qui semblèrent à Aëyla une éternité, elle sentit comme un poids sur sa poitrine alors que l'homme avait la main dirigée vers elle, la compressant encore plus que les cordes, si c'était possible. L'écorce dure de l'arbre semblait lui écorcher la peau, déchirée son bustier, quand soudain tout s'arrêta, elle put reprendre son souffle, vaillamment. Était-ce une façon de la menacer ? De montrer qu'il avait tout pouvoir sur elle ? Si c'était le cas, il réussissait.

Assurant encore davantage son emprise sur elle, il la fit lâcher sa dague. Aëlya n'avait aucune idée de comment il avait pu la voir. Mais elle se sentait mise à nue et impuissante, comme s'il était ces cordes qui la ligotaient à l'arbre.

Aëlya n'était pourtant pas décidé à se laisser abattre. Un second souffle l'envahit. Elle n'avait plus de couteaux, certes, mais elle se sentait encore capable de lancer un sort. Si le sort de soin était, pour l'heure, inefficace, il en allait autrement pour le sort de feu ; elle songeait ainsi à l'utiliser pour bruler les cordes ou, si elle le pouvait, l'homme. Cependant, il était bien plus puissant qu'elle, si bien qu'elle devait absolument attendre le bon moment pour en user, que cela serve à quelque chose.

Ces pensées la calmèrent alors qu'elle sentait son cœur cogner, paniqué, comme s'il voulait sortir, et tandis que sa poitrine se soulevait démesurément. Elle en était presque à remercier l'orc et le nain pour avoir ainsi délier son corset car, si l'homme avait vite accouru pour l'amener sous son emprise, les deux compères n'avaient pas perdus de temps et lui avaient posé de nombreuses questions : son nom véritable, sa famille, qui était l'homme, que faisait-elle ici, était-elle recherchée... Et comme Aëlya avait refusé de répondre à chacune de ces questions, l'orc avait délivré sa poitrine des lacets jusqu'au haut de son ventre. Certes, elle n'en respirait que mieux mais à respirer ainsi, en paniquant et à grands coups elle craignait de voir jaillir sa poitrine de son corset. Mais il n'en fut rien, elle calma sa respiration et, malgré la situation, ne perdit pas contenance.

- Comment te nommes-tu ?

Bien que calme, cette question la glaça et elle sentit la chair de poule parcourir son corps et en dresser chaque infime partie.

-Comment te sens-tu sachant qu'en fait, là maintenant, tu te retrouves à ma merci ? 

Il était proche, trop proche d'elle, et elle sentait qu'il lui faisait perdre ses moyens. Il la terrorisait. Quand il posa sa main, énorme sur son frêle cou, elle le défia du regard, comme si elle aurait pu lui lancer des éclairs, mais ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Puis sa main descendit et sa poitrine se souleva avec force à nouveau et, soudainement, il rattacha son corset.

Mais qui était-il ? Un homme imprévisible et il n'y a rien de plus dangereux que quelqu'un d'imprévisible.

-Dis toi que personne n'a le droit de toucher à partir d'aujourd'hui. Je décide de ton bonheur, et de ton malheur. Et si toutefois je surprends quelqu'un à essayer d'exercer une quelconque autorité sur toi, le même sort que ces deux idiots lui sera réservé.

Il se rapprocha d'elle, comme s'il ne craignait rien de cette jeune femme, comme si rien de ce qu'elle ne pourrait faire ne l'atteindrait, ne le blesserait.

-Femme, tu sens bon...

Un moment, elle songea à le mordre, à lui planter les crocs dans la jugulaire pour voir cet homme terrifiant se vider de son sang à ses pieds, le voir agoniser et voir la terreur dans ses yeux. Mais Aëlya n'osa pas. Il se conduisait comme un loup avec elle, et elle sentait qu'il avait raison, son destin dépendait de lui. Elle ne devait pas se laisser aller à son jeu, il contrôlait l'espace et, pour cela, ligotée comme elle l'était, elle ne pouvait rien faire, et il contrôlait la parole. Elle devait échanger avec lui, il ne devait pas continuer à la percevoir ainsi, comme une faible chose fragile.

- Vous me connaissez ?... Qui êtes vous ? Votre nom ? Vous n'êtes pas un homme... ce sont des créatures comme vous que mon frère est décidé à m'envoyer.

Elle le sentit reculer un peu, ou était-ce son imagination. Mais il était encore proche d'elle, très, alors elle lui envoya un formidable coup de genou, visant l'entre-jambe. Elle n'y avait aucunement réfléchit, elle se vit le faire alors qu'elle ne le contrôlait pas. Ce fut plus fort qu'elle, et certainement inutile, mais ce fut comme un sursaut, pour rappeler qu'elle n'était pas qu'une chose dont on est le propriétaire. Elle espérait en découdre avec lui, plutôt que de ramper, mais elle craignait de ne pas encore mesure le formidable adversaire qu'il était.

- Vous n'avez aucun droit sur moi.

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Les terres sauvages / Re : Chapitre 1 : La Forêt Noire [Scott Helden]
« le: samedi 07 janvier 2017, 19:27:35 »
En dépit du temps maussade et de l'étrange et peu conviviale compagnie, Aëlya était plutôt optimiste en cette journée. Elle avait pu dormir, certes peu et après quelques chamboulements, mais cela faisait des lustres, selon elle, qu'elle n'avait pu se retrouver ainsi dans des draps délicats. Et puis, elle avait enfin pu manger à sa faim, et se déshydrater. Surtout, Aëlya avait vécu tant de péripéties qu'elle avait du mal à imaginer ce qui pourrait lui tomber dessus. Pourtant, elle avait toujours ce sentiment tenace d'être observée, comme un sixième sens, instinctif, animal, qui la prenait au corps et semblait lui signaler un terrible danger.

Aëlya leva les yeux au ciel, mais ne vit rien que ce temps triste, à travers les branches des arbres et des nuages menaçants, lourds. De l'orage n'allait pas tarder à frapper, très certainement.

Les deux fanatiques menaient la route, parfois complètement silencieux, d'autres fois ils se murmuraient entre eux, semblant psalmodiaient de sombres cantiques. Des personnages effrayants. Ensuite venaient l'orc et le nain, qui avaient l'air de se connaître depuis bien longtemps, échangeant des blagues parfois douteuses. Elle entendit d'ailleurs à quelques reprises son nom et les voyait, à certains moments, échanger des coups d’œil vers elle. Aëlya faisait semblant de ne pas les voir, fatiguée de ces messes basses et de toutes formes de complot. Elle comprit qu'elle était la cible d'un pari quelques minutes plus tard, lorsque le nain et l'orc la laissèrent passer devant eux pour gravir une pente raide et dangereuse. Aëlya crut d'abord, naïvement, qu'il s'agissait là d'un geste de galanterie, mais vit très vite qu'il n'en était rien en sentant leurs regards se posés précisément sur une partie de son anatomie. Elle se rappela alors qu'en effet, elle n'avait plus sa robe, une habitude longtemps conservée qu'il lui fallait désormais oublier. Toutefois, quelle qu'était la cause du pari, le nain perdit et dû reverser quelques écus à l'orc, plutôt satisfait.

Le terrain fut ensuite de nouveau plat. Le sentier emprunté méritait bien plus l’appellation de chemin que ce que Aëlya avait dû parcourir auparavant. Les membres de cette compagnie de fortune avaient au moins le mérité d'être expérimenté quant à cette hostile contrée. Du moins étaient-ils prêts à faire face à tous les dangers, ou presque.

Un sifflement aigu parcouru la forêt et les branches se mirent à balancer, comme si quelque chose s'était déplacée rapidement dans les airs. Et, en effet, à une vingtaine de mètres devant eux, se dressait un homme, ou ce qui avait l'apparence d'un homme.

- Toi ?, murmura Aëyla, voyant se dessiner, à travers la poussière soulevée par le choc, la silhouette de ce même homme qu'elle pensait être mort sur la rive.

De suite, l'orc se tourna vers elle, suspicieux.

- Tu le connais ?

Aëlya ne pris pas la peine de lui répondre, déjà elle avait sortit son pistolet à double-coup d'une main et vérifiait, de l'autre, que sa dague était bien rangée sous son corset. Cette dernière arme pouvait s'avérer, s'il le fallait, une mauvaise surprise pour l'adversaire.

L'homme ne resta pas silencieux longtemps. Alors que personne n'avait osé s'avancer, mais tout le monde avait pris ses armes en main, il annonça :

-Messieurs, je vous prierais de partir et de me laisser la fille. Je sais que vous aurez cette envie de jouer aux héros en essayant de la protéger, alors je vous mets en garde dès maintenant. Tous ceux qui m’empêcheront de l'atteindre seront tués.

Au moins, l'intuition d'avoir été suivie s'avérait exacte. Mais la jeune femme n'eut pas le temps de s'inquiéter de la réaction de ses compagnons que, déjà, les deux fanatiques coururent vers l'homme.

- Ne menace pas l'ordre Céleste, manant !, s'écria l'un d'eux.

Ce qui fut, également, ses dernières paroles. Si vite que les yeux d'Aëlya purent à peine suivre l'action, et déjà le fanatique le plus proche s'écroula, raide mort, après avoir reçu ce qui aurait pu être un simple coup de poing mais qui lui avait défoncé le visage, lui enfonçant le nez dans le cerveau.

Son compagnon n'eut pas plus de chance. Alors que le premier était couvert de spasme nerveux dûs à sa mort très brutale, l'autre reçu un coup de la même violence à la tempe, ce qui le tua sur le coup également, laissant l'orc, le nain et Aëlya sans voix. Aëlya se doutait, à la façon dont il avait débarqué, que ce n'était pas qu'un simple humain.

La jeune femme reçu un coup au genou qui la fit tomber en avant. Elle pensa d'abord que l'homme venait de lui lancer un sortilège, mais il s'agissait de l'orc qui venait de lui porter un coup. Avant qu'elle ne comprenne la situation il lui tira les cheveux en arrière, présentant sa gorge, nue, et y apposant sa lame.

- Tu la veux vivante ? Va falloir négocier, cria l'orc.

« Au moins, songea Aëlya, en voilà un qui ne perdait pas de vue le sens de ses affaires. » Mais l'homme ne broncha pas et, au contraire, avança, ce qui fit pousser un juron à l'orc qui comprit qu'il était très certainement le prochain sur sa liste.

- Kaboum ! Jura le nain et un épais rideau de fumée, aveuglante, jaillit dans la forêt.

Il s'agit d'une des pierres grises que les nains de certains clans conservent souvent sur eux et qui leur permettent de tisser un épais rideaux de fumée autour d'eux mais, en plus, elles égarent les sens de toutes les personnes présentes, à l'exception des nains qui boivent pendant plusieurs années, régulièrement, un potion qui leur évite d'en être victime. Ainsi, Aëlya, l'orc, et l'homme certainement, se trouvèrent incapable de se remémorer leur droite de leur gauche, mais également du haut du bas. Aëlya sentit seulement le nain l'agripper et pousser l'orc en leur ordonnant de se laisser guider.

Ils coururent ainsi des heures semblaient-ils. La jeune femme et l'orc récupérèrent pleinement leurs sens au bout d'une heure seulement, quoique cela était inutile pour Aëlya puisque l'orc et le nain étaient désormais conscient de sa valeur et ne souhaitaient pas la voir leur faux bond. Dès qu'elle essayait de les convaincre de la laisser s'enfuir, ils lui ordonnaient de se taire, n'hésitant pas à la brutaliser si nécessaire. Ils étaient conscients que leur vie était en danger de mort, mais ils espéraient néanmoins sortir gagnant et plus riche de cette situation, d'une façon ou d'une autre.

Lorsqu'il firent halte, Aëlya pu estimer à la position du soleil qu'ils étaient en début d'après-midi. Elle pensait que l'orc et le nain allaient reprendre leurs esprits et la laisser s'expliquer, ce qui ne fut pas tout à fait le cas. Sans aucune forme de procès, ils la plaquèrent contre un arbre et l'y ligotère, passant une corde contre son ventre et prenant bien soin que ses mains, contre ses hanches, soient fermement maintenues. La jeune femme ne pouvait plus bouger, les cordes lui comprimaient le ventre et rehaussaient ses seins.

- Maintenant, c'est très simple, expliqua le nain qui s'assit sur un tronc d'arbre en face d'elle. Tu n'es pas celle que tu prétends être « Mëlya », tu vas tout nous dire. Ton nom et pourquoi ce type en a après toi.

- Ecoute, je m'appelle bien Mëlya. Ce type, je ne le connais pas, je n'en sais pas plus que vous.

- Mauvaise réponse, conclut le nain.

Le nain fit alors un geste à l'orc qui enleva le lacet des trous les plus haut du corset d'Aëlya, découvrant légèrement plus son corps.

- à chaque fois que tu me mens, Galb, c'est le nom de l'orc, retirera un peu plus le lacet qui maintient ton corset.

- Abruti de nain. L'homme se rapproche, je le sens, on en a pas fini avec lui.

- Mauvaise réponse, et le nain enleva le lacet d'un autre trou.

En effet, Aëlya sentait que l'homme savait où ils se trouvaient, ce n'était qu'une question de minutes, peut-être d'heure avant qu'il n'arrive, et alors ni le nain ni l'orc ne feraient le poids. Refusant de tomber dans le fatalisme, la jeune femme gesticulait très doucement. De sa main gauche, elle sentait la dague, elle pouvait espérer la prendre, couper les cordes et s'enfuir, mais, serait-ce à temps ?

13
[Note : l'introduction résumé ses aventures précédentes. Elle pourra être modifié selon la fin du post précédent, le Chapitre 1 : La Forêt Noire]

En entrant dans Dagan, Aëlya n'eut pu s'empêcher de pousser un soupir de contentement. Enfin, elle venait de quitter les terres sous le contrôle du royaume de Zelba. Un royaume qui semblait, ces derniers temps, être tout voué à sa capture pour être l'héritière directe du duché des Hautes-Frontières, selon les coutumes ancestrales. Ce qui déplaît, évidemment, à son frère cadet, Egar, ainsi qu'au royaume qui ordonne une coutume unifiée pour toutes les contrées sous leur joug. Ainsi, pour éviter de prolonger un massacre pour un trône dont elle n'avait aucune envie, Aëlya s'était retrouvée sur les routes, en exil et pourchassée. Son seul appui, son maître d'armes, avait été tué peu de temps après qu'elle et lui aient pénétrés dans les forêts du Nord.

S'en était suivi de longues et éprouvantes aventures, traquées par Scott Helden, des gobelins, escortées un temps par des prêtres fanatiques, un nain et un mercenaire orc, ligotée à un arbre, un duel avec un espèce de semi-dieu... Le trajet pris du temps mais elle pu enfin quitter la forêt et le royaume de Zelba, prendre un navire qui la mena jusqu'aux Cités Libres et, plus précisément, à Dagan. Le choix de cette ville n'était pas dû au hasard puisque c'était là que se trouvait la Banque de Fer et cela depuis des siècles. Ils avaient les dettes de royaumes et empires de par delà le monde, finançant des guerres et des constructions. C'est aussi eux qui conservent l'or des noblesses, dont l'argent d'Aëlya.

Cependant, si l'entrée dans Dagan n'avait pas posé de problèmes, seulement des fouilles et son nom inscrit sur un registre. Un faux nom, évidemment, car si ce n'est pas sous la juridiction de Zelba, rien n'empêche un chasseur de primes ou quiconque souhaitant une récompense alléchante de mille écus d'or pour sa capture, morte ou vive, de la retrouver et de la traîner jusqu'aux pieds de son frère. Aëlya n'avait cependant rien trouver avant d'entrer pour se couvrir qu'un haut-de-forme, niché dans le navire qui l'avait transporté jusqu'à Dagan. De plus, hormis son bustier, elle avait perdu la robe verte attachée à sa ceinture et ouverte sur le devant lorsqu'elle avait été attaquée par des gobelins, et elle avait dû débourser le reste de sa bien maigre fortune pour en acquérir une autre, dans un port où ils s'étaient arrêtés pour se ressourcer. Une robe semblable, même si de moindre qualité cela ne sautait pas aux yeux et cela suffisait à faire la différence entre une femme de mauvaise vertue et une noble femme. « Les critères de la moralité..., songeait-elle en ne pouvant s'empêcher de songer à l'absurdité de ces convenances. Un habit est un habit, peu importe ce qu'en dit le regard des hommes. »

Mais Aëlya devait s'y plier. Elle craignait la rencontre avec ces banquiers. Tout d'abord, il était fort probable que son accès à ses comptes lui soit interdit depuis la Guerre Civile des Hautes-Frontières, son frère n'aurait sûrement pas manqué de le faire, tout dépendait si les banquiers avaient déjà eu cet ordre, et s'ils l'avaient acceptés. Ensuite, quelle preuve avait-elle de son identité et, tant est qu'ils la croient, comment réagiraient-ils ? Mais ces questions, si elle se l'était posée de nombreuses fois, quitte à en perdre le sommeil, n'avaient finalement que peu d'intérêts, elle n'avait pas le choix. Quantité d'or l'attendait derrière ses portes, sinon, elle ne disposait plus de rien, sa bourse était vide. Et s'ils refusaient, alors elle se débrouillerait autrement ; un travail quelque part dans la ville, dans une taverne peut-être. Un cambriolage, elle y avait bien songé dans des rêveries amusantes, mais ô combien irréalistes. Seul un fou ou un ignorant oserait commettre l'impossible.

Une bousculade la fit quitter ses songes. Un petit homme trapu, vêtus d'une cape et d'un capuchon malgré la chaleur, et aux mains baladeuses avides d'or et de diamant. À peine eut-elle le temps d’entrapercevoir sa silhouette qu'il s'était déjà fondu dans la foule. « Manque de chance pour toi, pensa Aëlya, même un couteau sous la gorge je ne pourrais pas sortir une seule pièce d'écu. »

Elle s'éloigna cependant dans une ruelle, s'écartant de la foule, pour ouvrir son sac et en vérifier le contenu. Même s'il y avait bien peu de choses, ce serait dommage qu'on lui vole ce peu là. Heureusement, tout était à sa place : son grimoire où elle dessinait des cartes des contrées traversées, elle avait notamment représenté la Forêt Noire ainsi que la mer Azur traversée ensuite à bord du navire ; un deuxième grimoire, cette fois-ci pour les créatures rencontrées, elle avait notamment fait des croquis des gobelins et orcs qui s'étaient attaqués à elle, et de la flore, en particulier ces baies nuxus, dont elle avait appris le pouvoir étourdissant malgré elle ; quelques unes de ces baies, asséchées mais toujours fonctionnelles ; des cartouches et son pistolet nain à Double-coup, une pétoire très utile, notamment pour trouer les gobelins.

- 'Lors donzelle, on s'égare ?

De l'autre côté de la rue, deux créatures qui s'avérèrent finalement être deux hommes, tous deux certainement frères et l'un de leurs parents semblaient avoir été un troll, que cela soit à cause de leur musculature ou de l'odeur nauséabonde qui, malgré la distance, paraissait déjà empestée toute la rue.

Sans trembler, calme, elle tendit sur eux son pistolet.

- Je peux tirer deux coups, un chacun. Et je suis plutôt adroite au tir. Vous voulez vérifier ?

Elle les menaçait sans crainte. Après tout, ces deux voleurs étaient bien peu de choses comparés aux créatures de la Forêt Noire. Ils restèrent tous deux sans bouger, conscients de leur échec alors qu'ils pensaient s'attaquer à une proie faible, mais trop orgueilleux pour faire un geste semblable à une fuite. Alors ils l'observèrent s'éloigner, son sac à la main, le pistolet toujours pointé sur eux dans l'autre, et se fondre à nouveau dans la foule.

« Les abrutis, pensa-t-elle. » Elle avait oublié de charger son pistolet. Mais ce coup de bluff ne la sauverait pas deux fois et elle s'empressa d'y insérer deux cartouches. La ville avait ses dangers propres, différents de ceux de la forêt, mais tout aussi coriaces et mortels, elle n'en doutait pas et ne voulait plus se laisser surprendre.

Aëlya fendit à nouveau des foules. Toute cette agitation si particulière aux grandes villes, elle l'avait oublié durant sa fuite dans la forêt puis sur la mer, désormais tous ces parfums et ces images nourrissaient ses souvenirs et faisaient monter en elle une vague de nostalgie pour sa vie passée. Un marché avait lieu sur une immense cour, de l'autre côté de celle-ci un immense et imposant bâtiment, à l'architecture à la fois brute et noble. Une trentaine de gardes était postée à l'entrée et autour du mur, brisant l'agitation du marché comme un cordon.

Elle traversa le marché, sensible aux regards qui se portaient sur elle, inquiète qu'un quelconque individu aux ambitions malsaines ne comprenne son identité. Autour d'elles, des vendeurs d'épices, des bouchers, des danseurs, des ménestrels et cracheurs de feu. De son pas léger, elle arriva devant les gardes qui se tenaient sur les marches menant à la gigantesque porte de fer.

« C'est partit... » Elle respira un bon coup, alors que son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. Tout allait se jouer dans quelques instants, elle laissait son destin sous l'épée du hasard.

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Les terres sauvages / Re : La Forêt Noire [Scott Helden]
« le: samedi 07 janvier 2017, 11:01:57 »
L'ascension fut, somme toute, assez rapide. La pleine lune éclairait la forêt et Aëlya n'eut pas de mal à trouver le chemin menant sur la colline. L'épuisement manqua de la faire vaciller à plusieurs reprises, mais Aëlya usa de ses dernières forces à bon escient et évita du chuter. D'autant qu'une chute se serait avérée mortelle, ce sentier était étroit et une pluie fine l'avait rendue boueux et glissant. Elle se raccrochait donc à tout ce qu'elle trouvait, racines, pierres ou encoches dans la colline pour faciliter la montée. À mi-chemin, elle passa à côté d'un arbre. Si celui-ci reposait en bas de la colline, il était suffisamment grand pour que ses branches viennent en caresser les parois. Aëlya en trouva une à sa convenance et la brisa pour s'en faire un bâton de marche. Son imagination en plus de la fatigue ? Aëlya cru l'avoir entendu geindre après cet arrachage.

La jeune femme avait le pas léger, si bien que, lorsqu'elle arriva en haut de la colline, et bien qu'en se mettant à l'afût derrière un petit bâtiment qui devait être, selon l'odeur, les écuries, elle n'entendit nulle agitation qui aurait pu témoigner qu'on ait donné l'alerte. Aussi éreintée qu'elle l'était, encore ne l'était-elle pas suffisamment pour mettre un terme aux rudiments de la prudence. Elle fit le tour de l'écurie, tenant le bâton à deux mains, comme une arme s'il lui fallait se défendre ou assommer quelqu'un dans le plus grand des silences.

Elle compta une dizaine de bâtiments, la colline était plus grande que ce qu'elle avait cru, et elle remarqua également qu'il existait un autre chemin, de l'autre versant de la colline, plus accessible, notamment pour les cavaliers. « Décidément, ce n'est pas la chance qui me guide ces temps-ci. » Au milieu de la colline se trouvait un puits, et un seau en avait été tiré. Elle s'approcha, toujours prudente, et remarqua que le seau contenait encore de l'eau alors, sans plus de prudence cette fois-ci, elle l'empoigna et mit un terme à cette soif qui la tenaillait. Cela fait, elle sentit une énergie nouvelle en elle. Toutes ces aventures, depuis le décès de son père, la guerre civile, et cet exil contraint l'avaient fortifié et fait d'elle une véritable aventurière.

Elle était maintenant au cœur du village. Il y avait quelques lumières dans un bâtiment plus imposant que les autres, l'auberge semblait-il. Toutefois, ce n'étaient pas les seules, des flambeaux s'alignaient le long des bâtiments, pour éloigner l'obscurité. Il devait certainement y avoir des gardes, ou des veilleurs, ne serait-ce que pour veiller à rallumer les torches éteintes. De plus, le lieu dans lequel ils vivaient les conduisait certainement à une certaine prudence. Elle remarqua d'ailleurs, grâce à la lueur des torches, que des palissades avaient été construites autour du village. Si Aëlya avait pu entrer, ce n'était que parce que tout un pan avait été détruit. Elle ne s'en était pas rendu compte dans l'obscurité mais, maintenant, les dégâts étaient effrayants.

La jeune femme se dirigea vers l'auberge, mieux valait se présenter avant qu'un garde ne lui tombe dessus. Mais alors qu'elle n'était plus qu'à quelques mètres, son regard se porta immédiatement sur un mur auquel étaient accroché de nombreux parchemins, et sur l'un d'eux, c'était son portrait qui était reproduit. N'ayant toujours personne autour, elle se dirigea vers l'affiche qu'elle arracha de ses clous d'un mouvement brusque et scruta :

Aëlya Peyr'Dragon
Cette dangereuse criminelle est recherchée pour brigandages dans la contrée des Hautes-Frontières, pour révoltes, vols, viols et meurtres.
Mille écus d'or pour sa capture, morte ou vive, ou toute information

Autant ? Elle comprenait mieux pourquoi autant de personnes étaient à sa recherche. Avec une telle somme, on devenait plus riches que nombres de petits nobles. Si le dessin était ressemblant, il avait été fait de mémoire et il différait encore suffisamment d'elle pour que les malentendus puissent être de son côté, comme le nez qui était légèrement plus long sur le dessin, mais aussi sa poitrine, beaucoup plus grosse qu'en réalité, si bien que les tissus de son bustier semblaient prêts à éclater. Aëlya l'ignorait encore, mais développer cette partie de l'anatomie était une technique assez courante des milices pour motiver les recherches et pour mieux retenir les visages.

Elle roula le papier en boule et le jeta le plus loin qu'elle put quand, à peine quelques secondes plus tard, elle entendit quelqu'un derrière elle :

- Ne bouge pas. Tourne toi lentement.

Elle fit ce qu'on lui demanda et se retrouva face à face avec un garde qui brandissait sa lance droit sur elle. Quand il la vit, son visage se radoucit, pensant certainement avoir affaire à une terrible créature plutôt qu'à une jeune femme, presque en détresse. Cependant, il ne lâcha pas pour autant la prise sur sa lance qu'il tenait fermement.

- Qui êtes vous ? Que faites-vous ici ?

Dire la vérité pour éviter qu'on ne fouille plus loin semblait être la meilleur chose à faire, d'autant que le garde ne l'avait probablement pas vu arracher une demande de capture sinon son attitude serait bien plus agressive.

- Je m'appelle... Malya. Je suis cartographe et il semblerait bien que je me sois égarée... des gobelins m'ont attaquer... Vous pourriez m'héberger ? J'ai de l'argent pour l'auberge.

- Des gobelins !? Vous avez eu beaucoup de chances. Des géants migrent vers le sud, seule vous ne leur auriez pas échapper.

À la vue de sa lance se baissant, elle l'avait convaincu. Il la conduisit à l'auberge où la tavernière était encore éveillée. Des nains semblaient avoir faits du grabuge toute la nuit et elle se montra très chaleureuse en voyant la jeune femme éreintée. Et encore plus quand elle vit qu'elle avait les moyens de payer, lui proposant, en plus d'une chambre et d'un bon repas, un bain et de nettoyer son bustier et elle lui prêtait une robe de nuit. Une robe qui lui avait appartenu et, même si elle devait être plus mince dans sa jeunesse, Aëlya devait sans cesse la remonter pour éviter de se retrouver nue, au moins en partie.

Qui aurait cru qu'après ces derniers jours éreintants elle aurait tout le loisir de se prélasser dans un bon bain ? Certainement pas elle, et cette situation lui faisait encore croire à sa bonne étoile. Pourtant, elle avait la sensation tenace d'être observée. La mousse du bain cachait ses attributs, ce qui lui permit de profiter de ce moment relaxant sans être inquiète d'être vue, mais elle se releva légèrement à un moment, de la mousse dégoulinant de sa gorge, quand elle entendit un bruit à nouveau. Elle était seule dans sa chambre d'auberge, où le bain avait été installé, mais le bruit semblait venir d'ici et, plus précisément, du placard.

Délicatement, calculant chaque geste pour ne pas dévoiler son corps, elle se saisit d'un drap pour se couvrir puis profita d'un angle mort du placard pour se vêtir de sa robe de nuit. S'armant de sa dague et de son courage, elle ouvrit grand le placard qui révéla... un nain. La barbe rousse, les pommettes rouges à cause de l'alcool, et le regard lubrique par ce qu'il tentait d'apercevoir. Et, malgré la situation, il conservait son aplomb en scrutant délibérément le décolleté d'Aëlya, dont la robe trop large glissait de son torse, presque jusqu'à dévoiler l'ensemble d'un sein.

Oh, fit Aëlya quand elle vit que le regard du nain portait toujours au même endroit, attendant que le rideau tombe pour profiter du spectacle.

Sans y réfléchir, Aëlya le baffa violemment au visage. Pourtant, c'est un ébahissement complet qui baignait le visage du nain car Aëlya aurait mieux fait de remonter sa robe avant de lui en coller une, car ce geste eut finit de dénuder un de ses seins et c'est dans un rire affreusement satisfait que le nain s'en alla.

Ce fut tout pour cette nuit et malgré ce cumul d'incidents, Aëlya finit pas s'assoupir d'un profond sommeil. Pourtant, la sensation d'être observée ne la quitta pas, et le hurlement des loups-garous alimenta quelques cauchemars.

Le lendemain, elle rendit la robe à la tavernière et récupéra son corset, propre et parfumé, et surtout bien mieux ajusté. La tavernière lui avait également trouvé des compagnons de route ; un prêtre de l’Église de la lumière, des fanatiques armés, celui-ci était armé d'une masse en l’occurrence, un nain (heureusement pas le même que la veille) et un mercenaire orc. Ensemble, ils prirent la route, n'étant plus qu'à cinq jours de quitter la forêt.

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Les terres sauvages / Re : La Forêt Noire [Scott Helden]
« le: vendredi 06 janvier 2017, 20:52:43 »

Quand elle vit la silhouette humaine s'écrouler de l'autre côté du buisson où elle s'était cachée, Aëlya n'en crut tout d'abord pas ses yeux et eut l'impression de ne pas respirer pendant ce qu'elle crû être de longues minutes. Hors, il n'en était rien, à peine quelques secondes, mais la panique avait gagné Aëlya. L'humain l'avait-il vu ? Elle avait vu les gobelins lui indiquer la position où elle se cachait. Est-ce qu'il était à sa recherche ? Certainement. Elle ne pensait pas que ce soit le hasard qui l'ait guidé dans la forêt Noire, et encore moins à l'endroit précis où elle s'était cachée. Mais alors, les gobelins l'avaient vue. Elle n'osait plus bouger, l'homme était-il bien évanouie ?

Toujours immobile, veillant à ne faire aucun bruit au cas où elle ne se soit pas fait remarquée, l'agitation des gobelins lui fit prendre conscience qu'elle ne pouvait pas rester là, alors que le danger était tout autour d'elle. Elle entendit le bruit des barques que les gobelins faisaient avancer sur l'eau, se rapprochant d'elle et de l'homme inconscient. Au début, elle n'entendit pas ce qu'ils racontaient mais, très vite, ils furent à portée de voix :

- L'salaud d'homme, s'est évanoui.

- M'en vais lui trancher la gorge vite fait.

- Non, maugréa un autre, l'faire souffrir, et on le mangera. Y a rien qu'des racines dans cette satanée forêt.

Ils n'étaient plus qu'à quelques mètres, bientôt ils pourraient sauter de leurs barques et prendre pied sur la rive. Aëlya prit délicatement son pistolet nain. Elle l'avait chargé au préalable et était prête à l'utiliser. De son autre main libre, elle s'agrippa à sa robe, qui était détachée et se répandait sur le sol, comme une vulgaire nappe. Aëlya compta mentalement : « un... deux... trois ! »

Elle se leva précipitamment, surgissant de derrière le buisson à la stupeur générale des gobelins qui pensaient n'avoir affaire qu'au corps sans vie ou inconscient de l'homme. Mais l'homme était en partie tombé sur sa robe si bien qu'à peine levée, Aëlya chuta lourdement au sol, rattrapée par sa robe coincée, et elle poussa un juron, rarement entendu à la cour.

Cette fois, inutile de se cacher. Les gobelins l'avaient vu et ne perdirent pas de temps avant de lui sauter dessus. Les plus proches à avoir réagit et à l'atteindre étaient au nombre de trois. Elle sentit leur main s'agripper, sur ses épaules, son torse et ses jambes. Car, si les gobelins sont connus pour être des êtres sournois, attirés par tout ce qui brille, ils étaient d'autant plus attirés par la gente féminine.

- C'quelle était bien cachée là la mignonne.

Aëlya gesticulait pour échapper à leurs étreintes, mais ils étaient plus collants que des ventouses.

- Danse pucelle, danse. Bientôt c'moi qui te ferait danser.

Leurs mains poisseuses palpaient son corps, remontant le long de ses cuisses, tirant sur les lacets de son corsage. Elle devait vite agir avant que la situation ne devienne incontrolable. D'autres gobelins vérifiaient l'inconscience de l'homme mais ils étaient encore une quinzaine à ne pas avoir débarqués.

- Erreur. Je vais te faire danser.

La détonation instaura un silence apeuré dans la forêt, alors que le gobelin se tenant sur le ventre d'Aëlya, les mains agripant ses frêles épaules au sol, vit sa propre mâchoire tomber, éclatée par une munition du pistolet d'Aëlya, avant de mourir, tombant de tout son long sur la jeune femme.

Un poids heureusement léger et, cette fois, Aëlya avait l'avantage. Elle repoussa ce corps sanglant et tira une deuxième fois, touchant le second gobelin à la maintenir au sol, laissant un trou béant à la place du ventre. Comme son compère, il s'effondra raide mort. N'en restait plus qu'un sur elle, qui s'agrippait à ses cuisses, mais elle lui porta un violent coup de son pistolet, assommant la frêle créature.

Elle se débarrassa prestement des deux autres corps, et déguerpit, laissant là sa robe et l'homme, toujours inconscient. Peu importe qui il était, elle se doutait qu'il lui voulait du bien. Ces temps-ci, c'était des plus improbable, entre son frère, le royaume tout entier, et tous ces mercenaires attirés seulement par le gain, si on la cherchait, c'était pour la capturer, vivante au mieux, morte sinon.

Au moins n'était-elle entravée par rien si ce n'était son sac, qui ne contenait que deux grimoires et des baies étourdissantes, ce qui lui permit de se fondre rapidement dans les bois. Les gobelins survivants ne perdirent pas leur temps pour reprendre leurs esprits et, alors qu'elle n'avait couvert qu'une petite distance, elle entendait leurs cris et les ordres qu'ils se lançaient les uns aux autres quant à la direction qu'elle avait prise. Aëlya arriva soudain dans une grande clairière, dénuée d'arbres. Trop tard pour reculer, elle fit le choix de la traverser au pas de course. Elle osa un regard derrière elle et vit que tous les gobelins devaient se trouver là, à la traquer. Finalement, c'est l'homme qui devait être dans une meilleure posture.

Était-ce par soif de vengeance ou pour répondre à leurs besoins de gobelins, mais aucun ne lâchait l'affaire. Heureusement, Aëlya avait le pas leste et rapide, elle finit par atteindre l'autre côté de la clairière et à s'enfoncer dans les bois.

La course dura encore une bonne heure, mais Aëlya finit par les perdre, et en l’occurrence par perdre son chemin également. Il n'y avait plus rien autour d'elle, si ce n'est des arbres tortueux. Elle retira sur ses lacets, afin de refermer son corset, et tira sur son corset pour le réajuster. Aëlya continua cependant de marcher, elle n'avait pas d'autres choix, la faim la tenaillait, ainsi que la soif après cette course. Quand, en haut d'une colline, elle aperçut quelques bâtiments, qui pouvait être une auberge, ou un repaire quelconque, mais elle n'avait plus le choix et s'y dirigea.

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