Dans une dimension parallèle -ou juste pour d'autres personnes- cette drôle de scène aurait rapidement tourné à l'érotisme, voire à la sexualité bien débridée. Pour la jolie aveugle et moi, les choses prirent tout de suite une tournure plus terre-à-terre et plus pathétique. Le terme pouvait paraître certes un peu fort, mais j'étais prêt à parier que beaucoup auraient ri de la situation qui s'enchaîna tristement lorsque je fis entendre ma voix à la jeune femme. Son émoi était palpable lorsqu'elle entreprit de me répondre et bien qu'elle ne put le voir, je lui adressais un sourire des plus désolés. Elle s'excusa avant de dire qu'elle comptait partir, bafouillant quelques mots avant de me donner son nom. Je ne m'étais pas trompé ! Amy Chikako me faisait donc face, les volumes généreux de son corps simplement dissimulés derrière sa serviette. Toujours pour éviter qu'elle ne fasse un mauvais geste sous la panique qu'il était facile de lui deviner, je tentais de la rassurer d'une voix que je voulais douce et amicale.
- Ne t'excuse pas, ce n'était pas de ta faute. Je t'attendrais à la sortie du gymnase si tu veux, tu verras que dix minutes plus tard on rira ensemble de ce quiproquo.
J'ignorais si cela contribuerait à la détendre et je ne perdis pas Amy des yeux. Non pas pour essayer de mater un bout de fesse alors que sa serviette se serait soulevée ou même pour voir ses seins opulents remuer à chacun de ses pas, mais je m'inquiétais sérieusement pour elle. Avant que je ne puisse la prévenir, voilà qu'Amy se retrouvait à presser le bouton de douche, se retrouvant trempée ! Sous la surprise bien naturelle qu'elle éprouva, la belle aveugle manqua de trébucher et n'en perdit que plus encore en assurance. Pour éviter une catastrophe au mieux, je me penchais pour rapprocher ma chaise roulante de mon petit strapontin. Il me fallait faire quelques manœuvres un peu délicates pour passer de l'un à l'autre sans tomber, ce qui me poussa à me concentrer. Et tandis que je déplaçais mon bassin d'une assise à l'autre à la seule force des mes bras, Amy tenta de se rassurer toute seule.
- Calme toi, Amy ! Elle n'est pas loin de toi, prends ton temps !
Ah, si j'avais pu marcher ! Il m'aurait été facile d'aller l'aider à se remettre sur pied avant de lui rendre poliment sa canne blanche. Là, je ne pouvais que me presser un peu plus pour retrouver la mobilité relative de mon fauteuil tout en priant qu'Amy ne se fasse pas mal. En tout cas, la demoiselle avait de la ressource. Sans hésiter, elle termina à quatre pattes à inspecter à tâtons les alentours de la douche qui étaient à portée de sa main. Le tout en penchant à protéger la ligne de ses fesses et sa dignité face à moi.. Sacrée têtue que ce petit bout de femme. Quant à moi, j'avais enfin retrouvé mon siège et m'y étais calé au mieux malgré l'eau qui me faisait glisser sur le cuir. Cul nu et humide, ce n'était pas malin de ma part mais c'était toujours moins désespéré qu'Amy qui avait manqué de perdre sa serviette dans l’entre-fait. Voilà qu'elle gisait assise sur le sol des douches à moitié dénudée, comme victime d'une blague cruelle. Le ton de voix abattu qui accompagna sa demande d'aide me fit de la peine. Je ne connaissais que trop bien la détresse qu'on pouvait éprouver dans ces moments là, quand la vie quotidienne devenait une épreuve qui paraissait insurmontable. Je compatissais pour Amy et plus que de me moquer, je fis mon nécessaire pour aller rapidement l'aider.
- Bien sûr, lui dis-je. J'arrive.
Mon ton était doux, apaisant. Je fis avancer mon fauteuil à côté d'elle pour commencer et attrapais ma propre serviette de bain qui reposait alors sur les poignées du dossier, celles qui servaient à une autre personne pour me pousser. Je déployais le linge en grand et le déposais sur les épaules d'Amy, couvrant la nudité qu'on découvrait sous le tissu humide. Je resterais donc moi-même nu, ce qui n'était pour l'heure pas dérangeant. Après tout, Amy était aveugle et de mon côté l'érection avait rapidement disparu devant les soucis qu'avait rencontré ma petite aveugle. Posant ma main sur une de ses épaules, je lui adressais une légère caresse du bout du pouce avant de m'écarter d'un tour de roue.
- Ne bouge pas encore, je vais chercher ta canne.
Ce que je fis donc, empoignant l'objet avant de diriger mon fauteuil derrière Amy. Le corps long et fin de la canne vint passer entre son cou et son épaules de façon à ce qu'elle n'ait plus qu'à remonter la main le long de la tige pour en retrouver le sens. De mon côté, je bloquais les freins de mes roues et me penchais sur Amy avec précaution. Il fallait que je fasse attention à ne pas basculer en avant, sinon...
- Je vais t'aider à te relever, Amy. Pour ça, je vais passer mon bras sous ta poitrine pour le caler, d'accord ? Surtout, ne fais pas de gestes brusques. Sinon je tomberai de mon fauteuil roulant et surtout je tomberai sur toi. Prête ?
Lorsqu'elle le fut, je vins placer mon bras sous le volume de ses seins qui reposèrent dessus tandis que ma main vint se plaquer contre ses côtes. Doucement, je commençais à la redresser tout en attendant qu'elle fasse bouger ses propres jambes afin d'achever la manœuvre. A force de concentration et de patience, nous parvînmes à remettre Amy debout et mon bras l'abandonna dès que mon aide ne fut plus nécessaire. Par pur réflexe, je vins protéger mon entrejambe d'une main. Rester nu face à elle, même si elle ne pouvait rien voir, me semblait obscène. Un peu dégueulasse, comme si j'avais abusé de son handicap.
- Tu... tu veux que je t'accompagne dans les bonnes douches, ou ça ira ?