« Des courses illégales, j’espère, lâcha du tac au tac Ulrik à la remarque de ZI.UA. Sinon, ça ne vaut rien. »
Est-ce que Nathan venait bien d’entendre Ulrik inciter ZI.UA à faire quelque chose d’illégal ? Bah, au point où il en était, il pouvait laisser passer ! Ce maudit contrebandier releva son vaisseau, et s’extirpa du spatioport. ZI.UA et lui se partageaient les tâches, et, en sentant l’embardée et la subite poussée que le vaisseau prit, Nathan comprit que ZI.UA devait se charger de la vitesse. Lui, qui avait l’impression de se retrouver dans le Faucon Millenium, à fuir une armée de chasseurs TIE avec, en toile de fond, l’Étoile de la Mort, sentit son corps partir en arrière. Le vaisseau monta en effet en flèche, à la verticale, et il s’agrippa au plafond... Et sentit son bras changer, ou, plus exactement, sa main et ses doigts. Elle se recouvrit d’une substance noire, et servit d’adhésif. Son autre main agrippa Jena, empêchant la jeune femme de dégringoler.
En bas, un rayon tracteur les happait, et Ulrik pilota une tourelle de défense dorsale, puis fit feu. C’était une structure totalement automatisée, sans aucun personnel humain. Il tira plusieurs salves, et la tour explosa, libérant le vaisseau, qui fusa dans la stratosphère, avant de rejoindre l’espace, s’arrachant de la surface de la planète, et de ses rayons tracteurs. Des rayons tracteurs plus puissants, comme ceux des Gordaniens, ne leur auraient offert aucune chance, mais, ici, il s’agissait d’une station spatiale civile. Les rayons tracteurs étaient surtout conçus pour limiter les risques de crash de vaisseaux s’échouant sur la planète, en les ralentissant ou en les déviant pour essayer de les faire atterrir dans la mer. Nathan relâcha Jena, et constata, avec un certain soulagement, que sa main était redevenue normale, et que personne ne semblait l’avoir noté.
*Ouf...*
Ulrik chargeait des coordonnées sur son ordinateur, et vit le sourire rayonnant de ZI.UA, ce qui l’amena à sourire légèrement. Ça, c’était une bonne fille... Mais, avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit, Jena intervint, désirant avoir des explications. Elle en avait profité pour s’asseoir sur le troisième fauteuil du cockpit, laissant Nathan debout.
« J’aimerais, moi aussi, avoir quelques explications, Ulrik...
- Plus tard ! répliqua ce dernier. Cassiopeum aussi a des vaisseaux, il faut filer dans l’hyperespace le plus vite possible avant qu’ils ne nous rattrapent.
- Conduis-nous à X-Prim. »
Ulrik le regarda lentement, surpris.
« X-Prim ? s’exclama-t-il finalement. C’est pas la porte à côté, mais le client est roi... »
Sortant de la planète tellurique, plusieurs vaisseaux à la peinture rouge approchaient rapidement. Les vaisseaux dont Ulrik parlait... Nathan en profitait pour se familiariser avec le décor de cette cabine. Il y avait des voyants et des boutons partout, l’ensemble formant un tout incompréhensible et inexplicable pour lui. Ulrik pianotait, rentrait des coordonnées. X-Prim était une planète très éloignée, et, pour y aller, il faudrait faire plusieurs escales, notamment afin de recharger le carburant du vaisseau. L’ordinateur calculait automatiquement la trajectoire, comme une sorte de variante futuriste d’un GPS qui vous calculerait le chemin à prendre en évitant les péages... Sauf qu’ici, la console d’Ulrik calculait comment prendre les péages, car c’était ici qu’on trouvait les stations de carburant. Sur un écran en forme de radar, on pouvait voir des points en surbrillance se rapprocher.
« Euh... On devrait peut-être décoller, non ? Ou aller plus vite ?
- Des moteurs hyperdrive, ça se lance pas aussi facilement. Je n’ai pas eu le temps de les charger sur la base. Si on utilise davantage les moteurs subliminiques, le chargement de l’hyperdrive va en être ralenti. »
Nathan acquiesça de la tête. Il n’était pas sûr d’avoir tout compris, mais ce n’était pas bien grave. Le vaisseau continuait à avancer, tout comme les vaisseaux ennemis continuaient à se rapprocher. Ulrik déplaçait son vaisseau, afin de s’éloigner des ennemis, tandis que plusieurs diodes étaient en train de se charger.
« Okay, on est bons ! Ciao, les caves ! »
Il tira sur un levier puis en leva un autre... Et, comme dans les films du genre, Nathan vit les étoiles se fondre en un immense écran blanc. Il y eut une subite accélération, et il fut plaqué contre le mur, avant de tomber à la renverse, tandis que le vaisseau filait dans une vitesse nettement supérieure à la limite. Devant cet océan blanc immaculé, des volets de sécurité s’abaissèrent sur la baie vitrée.
« C’est bon, on est tirés d’affaires... »
Nathan hocha lentement la tête suite à cette répartie, et, en voyant le double regard de Jena et de Nathan, le contrebandier finit par s’expliquer.
« Vous avez entendu parler du Consortium de Zynn ? C’est une immense corporation spatiale... Elle existe depuis plusieurs siècles, et s’est spécialisée d’emblée dans la terraformation des planètes, et, de manière plus générale, l’exploitation des planètes inhabitables, que ce soit les géantes gazeuses ou les planètes mortes. Avec le temps, les planètes terraformées de Zynn ont rapporté au Consortium énormément d’argent, car les usines qui ont été bâties sur ces planètes, les colonies spatiales, les métropoles et les villes, leur appartiennent tous. Ils sont propriétaires des planètes, et ont pu développer leur activité. Le Consortium est aujourd’hui une puissance globale qui fait affaires avec les plus grandes puissances de l’Univers, comme les Gordaniens. »
Nathan acquiesça de la tête, tout en sachant qu’Ulrik viendrait rapidement au fait.
« Je convoie généralement leur matériel. Ils m’ont demandé de faire une mission bien particulière à Cassiopeum... Glisser une puce dans leurs banques de données, probablement afin d’obtenir des informations. Ça a foiré, et ces types m’ont poursuivi. Vous voyez ? Rien de bien méchant... Juste une petite puce. Ils ont cru que je voulais saboter toute leur installation. »
Le policier ne dit rien. Il avait la sévère impression que ce Consortium allait leur poser des soucis. Ulrik tourna alors sa tête vers ZI.UA, et lui sourit.
« Toi, en tout cas, t’as de la graine de pilote, jolie fleur. Tu sais te débrouiller avec un manche. Si j’étais pas fauché comme les putains de blés, je t’aurais proposé de devenir ma copilote. »