« Fichue boule de laine… Nom d’un neko estropié ! »
Luna poussa un petit grognement, essayant de s’enfoncer un peu plus sous le trou sous le bureau, afin d’attraper avec ses griffes la ficelle de sa pelote de laine, un cadeau offert par sa Maîtresse pendant ses négociations avec un individu qui venait de loin. Dirigeant après tout une entreprise, sa Maîtresse organisait souvent des réunions, et, comme elle avait besoin de toute sa concentration, elle n’avait pas laissé un de ses clones pour s’amuser avec son esclave. Les transactions étaient de nature diverses. Généralement, il s’agissait de planifier une nouvelle épreuve, de s’entendre avec des partenaires commerciaux sur la manière dont une arène était diffusée, mais il pouvait aussi s’agir d’un commerce d’esclaves. Elle ignorait la nature de la transaction de sa Maîtresse, un tel sujet ne pouvant naturellement concerner une neko « écervelée » dont le seul intérêt se résumait à satisfaire les fantasmes sexuels de sa Maîtresse. Elle l’avait donc laissé dans sa chambre, tout en lui offrant une pelote de laine pour jouer avec.
Au bout de plusieurs minutes, la petite neko avait trouvé là-dedans un plaisir fabuleux, lançant la pelote, jouant dedans en y glissant ses griffes, mais alors qu’elle s’amusait à jongler avec sa queue, la pelote de laine avait filé sous une commode, et elle essayait de la récupérer. Elle était tellement couchée que ses fesses ressortaient, et c’est dans cette position qu’elle fut surprise quand la porte s’ouvrit.
En effet, les négociations entre sa Maîtresse, Alaunriina Arkenviir, et l’individu, Alekseï Kitaev, ne se prolongèrent. Elles n’étaient pas particulièrement houleuses, loin de là, mais elles concernaient bien des domaines, et Alaunriina, qui n’était pas spécialement connue pour être patiente, décida d’écourter les débats pour la soirée. Étant occupée, elle décida d’offrir à Alekseï de quoi profiter de l’hospitalité de son manoir, et l’invita à suivre l’un des Drow qui secondaient sa Maîtresse de le guider vers une surprise qui ne pourrait que lui faire plaisir.
Ce fut donc le Drow qui ouvrit la porte de la chambre de Luna, et cette chambre n’avait rien à voir avec la chambre classique d’une esclave. Elle était belle, luxueuse, avec un grand lit, des poufs confortables, une chaude moquette, et même une salle de bains privée en marbre. En soi, c’était compréhensible : Luna devait constamment être belle et propre pour satisfaire les pulsions sexuelles de sa Maîtresse. Mieux valait donc qu’elle loge dans quelque chose de luxueux et de propre, plutôt que dans des cachots.
Quand le Drow ouvrit donc la porte, on pouvait avoir une belle vue sur le derrière d’Alice, qui remuait avec sa longue queue poilue, tandis qu’elle-même grognait sous l’armoire. En entendant la porte s’ouvrir, Luna sentit son cœur manquer plusieurs battements.
*La Maîtresse ? Oh non, elle serait capable de me jeter en pâture à ses affreux Orcs, si je ne la salue pas !*
Relevant la tête, Luna heurta la commode, et poussa un petit couinement, avant de rapidement se retourner, sa queue poilue allant instinctivement caresser sa tête.
« Pardonnez-moi, Maî… » commença-t-elle, avant de voir le Drow, et un illustre inconnu.
Elle sursauta, surprise, et les regarda tour à tour, son beau visage exprimant son incompréhension.
« Qui… Qui êtes-vous, Monsieur ? » demanda-t-elle de sa douce voix.
Un frisson la parcourut soudain. Est-ce que sa Maîtresse avait marchandé son corps ? Elle en frémit, ne sachant pas si elle devait en être rassurée ou paniquée, mais c’est bien un frisson de peur qui la saisit. La dernière fois qu’Alaunriina l’avait abandonné, elle s’était retrouvée avec un collier explosif autour du cou. Néanmoins, le visage du Drow n’exprimait aucun signe quelconque, si ce n’est l’habituelle signe de fatigue qu’il avait en étant avec cette petite cruche. De ce qu’elle avait pu voir, tous les Drow semblaient être des ours mal léchés, arrogants, prétentieux, pédants, et voyant en elle une espèce de sous-espèce dégénérée. Sa Maîtresse n’était, dans le fond, pas spécialement différente, ne voyant en Luna qu’un objet de désir, mais Luna ne pouvait pas vraiment les contredire. Elle ne comprenait rien aux notions qu’ils déployaient, et la seule chose qu’elle savait bien faire, c’était faire la poupée pour sa Maîtresse.
« Ce Monsieur est un illustre homme venant de loin, et qui, pour la nuit, a l’occasion d’être ton Maître, sur autorisation expresse de ta Maîtresse et de ma Reine, Dame Arkenviir. »
Le Drow se tourna vers l’homme.
« Cette neko est le jouet personnel de ma Reine. »
En lui offrant l’occasion de s’amuser avec elle, il lui offrait donc un grand honneur, mais aussi de grandes responsabilités. S’il abîmait trop le « jouet personnel » d’Alaunriina, elle risquait de le prendre mal. C’était le paradoxe de l’esclave ; il était soumis à son maître, mais aussi protégé par ce dernier des autres prédateurs. La protection, avec Alaunriina, était toutefois assez relative ; elle adorait que des étrangers prennent violemment sa petite poupée, ainsi que ses soldats, tous dégoûtants. Au moins, de la morve ne s’écoulait pas de celui-là, et il avait l’air plutôt beau.
« La désirez-vous pour la nuit, M. Kitaëv ? »