De la poussière tombait des lattes mal fixées du plafond. Loin au dessus des cellules accueillant les combattants de l'arène, une foule déchainée hurlait sa passion pour les combats de gladiateurs. A cet instant, l'intensité était à son comble; l'un des guerriers venaient de rendre l'âme après un combat somptueux. Les habitants de Nexus étaient friands de ces spectacles sanglants où la mort marquait généralement la fin d'un combat. Les propriétaires des combattants recrutaient et entrainaient leurs troupes pour satisfaire la demande permanente de sang. On trouvait de tout, de l'esclave incapable de tenir une hache jusqu'au tueur d'élite capable de tenir tête à une escouade entière. Les coûts engendrés pour maintenir ces prestations étaient énormes mais le peuple le rendait bien. Car au-delà de voir de superbes athlètes s'étriper, c'était les paris qui enfiévraient les foules. L'argent coulait à flot, passant de mains en mains, faisant le bonheur des uns et la ruine des autres.
Le commerce des paris était dirigé par le Grand Maitre des Spectacles de Nexus, c'est à dire le gestionnaire de l'arène, employé par les seigneurs de la cité libre pour donner à son peuple l'exutoire dont il avait besoin. Tous le savait, cet homme, gras et avide, n'était en rien digne de confiance. Les paris pleuvaient mais les résultats des combats étaient savamment manipulés pour que l'Arène et donc son maitre, en tire le plus gros bénéfice. Parfois, il laissait un heureux gagnant empocher une somme qui faisait rêver les autres joueurs, alimentant le mythe illusoire de la récompense ultime: la fortune.
Un nouveau hurlement populaire secoua les cellules, situées dans les souterrains labyrinthiques de l'arène. Un autre valeureux guerrier venait de rejoindre ses dieux. Gork grogna. Le troll énorme secoua la tête. Assis à même le sol de son isoloir exigu, il saignait de multiples plaies qui avaient entamé son lard sans rien toucher de vital. Son propriétaire l'avait abandonné, il ne représentait qu'un monstre à abattre pour le spectacle. Son dernier adversaire, une terranide sans pitié l'avait dépiauté avec ses lames, qu'un sbire du grand Maitre des Spectacles avait enduit de poison avant de lui donner, il en était sûr. A l'annonce du combat, les parieurs avaient en majorité parié sur le troll qui mesurait plus de deux mètres cinquante et pesait au moins trois cent kilos. Rien que du muscle et beaucoup de graisse autour. Comme ceux de sa race, il était massif, obèse et puissant. Sa peau grise, l'absence de cou, ses crocs, sa tête énorme lui donnaient une apparence effrayante. Le tout cumulé garantissait une victoire rapide contre la très petite terranide.
Elle avait été rapide la garce, et lui avait tourné autour, profitant de la lenteur du troll pour le blesser encore et encore. Ses coups ne représentaient pas une menace vitale en soi et le troll avaait riposté à grands moulinets de sa lourde masse. Mais elle esquivait sans cesse, aussi agile qu'un félin. C'est après une quinzaine de minutes de combat que Gork commença à s'engourdir et peu après il s'effondra dans le sable, tétanisé par le poison. On le fit trainer par des chevaux, comme une merde, jusqu'à sa cellule où il ne suffit à son corps que quelques minutes pour dissoudre le poison. Le mal était fait, les paris perdus, et lui, serait surement exécuté bientôt.
Pas très loin, dans les ténèbres de l'endroit, un cri retentit. Des gardes intervinrent et ramenèrent l'un des leurs, blessé. La terranide venait de lui briser les burnes après une tentative de viol. Le garde en pleurait de douleur et en passant devant Gork, il fit arrêter le groupe.
"Cette pute va payer! Hé! Gros porc! Si tu me déglingues cette tarée, je m'arrange pour te faire sortir d'ici."
L'intelligence n'était pas la première des qualités du troll mais il comprit l'essentiel de ce qu'on lui proposait. Il s'ébroua et se redressa, dégageant un nuage fétide d'une odeur harassante et chassant une cohorte de mouches. Il grogna en hochant la tête.
"Baise la comme tu baiserais une trolle!"
L'homme ouvrit la cellule du troll et un de ses compères alla déverrouiller celle de la fille. Tous filèrent ensuite, refermant la lourde porte en bois donnant accès à cette zone. Hormis les deux tueurs, personne n'y était présent, les autres se trucidaient là-haut.
Gork sortit de sa cage et se dirigea vers celle de sa future victime. Une torche mourante illuminait faiblement la fille, magnifique, musclée et diablement baisable, même selon les critères d'un troll. Elle était assisse devant lui et quand elle leva la tête, l'énorme silhouette lui tomba dessus.