Comme d'habitude, Chloé n'avait pas tenue parole. D'une simple sortie avec son amie, la soirée s'était transformée en une virée en boite où tout avait dégénéré. Chloé avait promis à son père de faire attention, de ne pas boire, et de ne pas prendre sa voiture. Jusqu'à présent, la faute n'était pas totale puisque c'était
Noriko qui avait conduit la voiture de Chloé à l'aller. Tout se passait bien dans le bar lounge confortable où elles s'étaient installées pour boire un cocktail aux fruits jusqu'à ce que Noriko dégote sur leur table un prospectus vantant la qualité d'une nouvelle discothèque dans la zone industrielle de la ville. C'était un truc à la mode ce genre d'établissement un peu néo seventies. La boite s'appelait "l'Usine". C'était une ancienne aciérie reconvertie en établissement festif.
Ni une ni deux, les filles s'y étaient rendues dès l'ouverture et même là, après s'être garées assez loin, il y avait déjà énormément de monde. Une foule de gens bizarres affiliés punks se massaient devant les portes. Beaucoup de gothiques aussi, côtoyant une jeunesse dorée. C'était très hétéroclite mais l'ambiance était extra. Rapidement, après une escapade aux toilettes, Noriko avait ramené un type qui lui même avait ramené un pote. Assez friqués, ils avaient dépensé une fortune en boissons et avaient rincé les filles une bonne partie de la soirée, espérant bien sûr les glisser dans leur lit après. Le premier s'était endormi dans un fauteuil, le deuxième avait disparu on ne sait où. Du coup, Chloé et Noriko s'étaient déchainées sur la piste faisant le bonheur d'une masse masculine qui ne se priva pas de laisser trainer ses mains baladeuses. Bah, c'était aussi pour ça que les deux copines s'éclataient de la sorte, même si leur tenue n'étaient au départ pas prévues pour une sortie boite, elles dépotaient quand même!
Vers minuit, les deux folles étaient retournées s'asseoir en riant aux éclats, c'était une super soirée! Elles avaient discutées un long moment, s'étaient racontées leurs dernières conquêtes, elles ne se cachaient rien. Leur bonne humeur (entre autre) attirait de plus en plus de personnes (hommes ou femmes) et elles durent rejeter, remercier, dégager, un grand nombre d'invitations. La musique étant assourdissante, elles ne comprirent pas la moitié de ce qu'on leur disait. Malgré tout, à un moment, Noriko se laissa entrainer par un beau gosse et disparut avec lui en mimant "On s'appelle" à Chloé.
Ouf, c'est crevant. Chloé détend ses jambes et réajuste sa
tenue. Danser en jean comme elle l'a fait n'est pas vraiment confortable. Très rapidement, elle reçoit un sms de Noriko "M'attend pas..." Oui bien sûr ça finit souvent comme ça. Chloé soupire et se lève, elle décide de s'en aller. Après tout, elle a aussi promis de ne pas rentrer trop tard. Elle marche en tanguant jusqu'au guichet de l'entrée et récupère son blouson en cuir. Mince, elle a trop bu! Big mistake! Il va falloir conduire pour rentrer et euuuhhh où est garée la voiture déjà? L'air frais de la nuit lui fait du bien mais un groupe bruyant de fêtards sortant de la boite la force à s'éloigner un peu. Elle s'écarte de quelques dizaines de mètres en suivant un trottoir mal éclairé et pianote sur son smartphone pour géolocaliser sa voiture. 600 mètres. Merde! Si loin? Fais chier ...
Chloé lève la tête et regarde autour d'elle. Lugubre..... L'endroit est flippant. Avec Noriko tout à l'heure, la rue paraissait moins dangereuse. Un type passe à côté d'elle et lui demande combien elle prend. Quoi? Elle ressemble à un pute? Elle l'envoie bouler méchamment et lui adresse un doigt d'honneur bien senti. Le type l'insulte et s'en va. Non, décidément, elle devrait appeler un taxi mais ... laisser sa voiture ici est une mauvaise idée si elle veut la retrouver entière. Pas sûr d'ailleurs qu'elle la retrouve tout court ... Bon, 600 mètres, c'est pas si loin en marchant vite ... Et puis malgré tout, quelques personnes sortent de la discothèque et vont dans la même direction qu'elle. Un courant d'air plus insidieux souffle dans l'allée , Chloé frissonne et resserre les pans de son blouson sur son ventre exposé.
Toujours appuyée contre son mur, elle tergiverse quand une ombre se glisse près d'elle.