Voyage à Ashnard [Décatis Cryptinna]

Ashnard... La capitale impériale était à la hauteur de ce puissant Empire qui s’étalait sur une partie de Terra. La ville était immense, plantée au milieu d’un désert, ressemblant à un énorme cercle avec de grands boulevards qui menaient toutes au même point : l’impressionnant Palais impérial. On disait tous que le Palais impérial central ashnardien était le plus grand palais de toute la planète, le plus impressionnant. Edea devait bien admettre une chose : il était immense. A côté de cette structure gigantesque, le Palais de Deling City ressemblait à une espèce de grange de basse-cour. La sorcière était impressionnée, et à la fois satisfaite. Elle se trouvait dans cette ville depuis maintenant une semaine, ayant une suite au cœur du Palais, dans l’une des ailes diplomatiques de l’immense château. Edea était venue pour instaurer une relation diplomatique entre Galbadia, son royaume, et Ashnard. Ce choix était nécessaire pour ce qu’elle envisageait. Elle avait besoin que Galbadia soit reconnu sur le plan international, et avait donc ouvert des pourparlers avec les Ashnardiens. Ce choix était d’autant plus logique qu’elle savait que l’Empire se rapprochait de Galbadia, et envisageait de l’annexer. La guerre contre les Ashnardiens ne la tentait que moyennement. Les Galbadiens n’avaient pas la force de s’y opposer, et elle avait d’autres priorités.

Elle était ainsi venue à Ashnard pour, officiellement, signer un traité diplomatique entre Galbadia et Ashnard. Les négociations étaient en cours depuis des mois, les juristes galbadiens et ashnardiens ayant planché sur la question. Galbadia avait de nombreuses obligations envers l’Empire, et, réciproquement, l’Empire avait consenti à protéger le royaume, et à envoyer des fonds et des instructeurs pour reconstruire l’Archipel de Centra, et former les militaires galbadiens. La guerre était évitée, au moins contre les forces principales de l’Empire. Edea n’était toutefois pas venue uniquement pour signer un bout de papier, mais aussi pour se renseigner sur cette ville puissante, où la magie y était forte. Elle avait accès à la richissime Bibliothèque impériale, et y avait trouvé bien des informations utiles.

Néanmoins, la capitale impériale ne se résumait pas à son palais, aussi intéressant soit-il. Pendant que ses juristes et diplomates s’occupaient des dernières formalités de ce long traité, Edea flânait dans la ville, découvrant les nombreuses boutiques et échoppes commerciales. La ville était incroyablement défendue, ce qui devait expliquer le faible taux de criminalité. Il y avait des tours partout, de nombreuses patrouilles, et aucune incivilité quelconque n’était acceptée. Le moindre tag, la moindre rayure sur mur, étaient immédiatement nettoyés. C’était la capitale impériale, et on n’était pas à Nexus. La plupart des murs consacrés à l’affichage public comprenaient, soit des messages propagandistes contre Nexus, soit des invitations à rejoindre des guildes, soit des publicités pour des boutiques et des échoppes. C’est sur l’un de ces murs qu’Edea avait vu des informations sur une boutique, récente, tenue par une enchanteresse. Décatis Cryptinna.

Intriguée, elle avait donc décidé de s’y rendre, et se rapprochait de l’échoppe. Le magasin étant récent, on ne le trouvait pas à proximité du palais, ou le long des boulevards principaux. Le prix du foncier était ici mirobolant, et les seuls établissements qui étaient le long de ces boulevards étaient ancestraux : comptoirs commerciaux, auberges ouvertes depuis des millénaires, harems de luxe... Elle se rendit vers la boutique, dans sa robe noire moulante et serrée, et y pénétra.

*Espérons que j’y trouverais les ingrédients nécessaires pour mes élixirs...*

Edea aurait pu y envoyer l’un de ses domestiques, mais c’était pour elle l’occasion de découvrir un peu mieux cette belle et puissante ville, arrogante et redoutable. Et puis, ce serait aussi l’occasion de croiser une autre sorcière. Enchanteresse, ce n’était pas à proprement parler de la sorcellerie, mais ça rentrait dans la vaste famille des arts occultes. C’était donc toujours ça de pris.

La boutique était vide, seuls les objets à vendre était exposé comme d'habitude. Depuis l'entrée sur la droite on pouvait voir une armoire vitré remplie d'arme enchanté. Bien entendu l'armoire était fermé et protéger par de nombreux enchantements. Sur la gauche, se trouvait des étagères remplies d'objet du quotidien enchanté pour facilité la vie des utilisateurs. Face à l'entrée se trouvait le comptoir de verres dans lequel  se trouvaient de nombreux bijoux au pouvoir très varié. Derrière le comptoir se trouvait un escalier et une porte. Derrière la porte se trouvait tous les objets trop dangereux pour être exposé. L'escalier lui monter à l'étage où vivait Décatis et où se trouvait son atelier.

Décatis se trouvait justement dans son atelier. Elle portait une grande robe pourpre richement décoré et comme d'habitude de multitude de bijoux magiques. Comme elle travaillait sur un nouvel objet, pour se servir de la puissance nécessaire, elle avait retiré certain des bijoux pour retrouver en parti sa forme de vampire. Ses yeux et ses crocs révélé, elle pouvait avancer plus vite. L'enchanteresse était en pleine fabrication d'un bouclier aux effets bien particuliers. Deux jours plus tôt un homme était venu lui demander de l'aide, une créature étrange s'était installée près de son village et avait tué quelque habitant et menaçait toujours. Après une longue discutions, elle avait trouvé ce qu'il fallait pour cet homme et c'était lancé dans sa fabrication.

Malgré qu'elle fût en plein travail dans son atelier, sa boutique était ouverte en dessous. Le magasin pouvait paraître vide et pourtant. Alors que Décatis lançait le sort pour le dernier enchantement de l'objet, son bijoux se glissa devant son oeil et lui montra une femme entrée dans la boutique. L'enchanteresse, mis fin à sa vision du future et fini de lancer son sort. Le bouclier se mis à flotter au-dessus de la table, entouré de symbole magique qui se gravèrent un à un sur le métal. La vampire laissa le travail se finir de lui-même et descendit gracieusement les marches pour arriver dans la boutique. Elle s'installa derrière le comptoir et attendit quelque seconde avant que la porte ne s'ouvre. Elle avait profité du temps qui lui restait pour remettre ses bijoux et redevenir humaine.

La magnifique femme de sa vision entra comme prévue. Elle était plutôt bien habillée, mais avait quelque chose de plus que toutes ses femmes riches qui venaient la voir habituellement pour chercher des charmes de beauté. Puis elle ressentait chez cette cliente de sacrés lien avec la magie.

-Bienvenue dans ma boutique, que puis-je pour vous ?

Décatis lui afficha un grand sourire. Elle était persuadée d'avoir devant elle une cliente intéressante. Quelqu'un qui avait besoin de plus qu'un collier pour lire plus vite.

Lorsqu’Edea entra, elle tomba rapidement sur la propriétaire des lieux. Décatis Cryptinna. Une belle femme dans de luxueux vêtements pourpres, qui se dressa face à elle. La sorcière eut un bref regard vers le mobilier. La boutique ne ressemblait pas au bric-à-brac habituel des enchanteurs, avec des dizaines et des dizaines d’objets rangés n’importe où, l’ensemble formant généralement un indescriptible chaos. Ici, la boutique était plutôt propre. Sur sa droite, elle vit quelques armes légères, enchantées, et, sur sa gauche, des objets banals, normaux, mais avec des enchantements. Edea pouvait sentir la magie vibrer tout autour d’elle. Cette femme n’était pas un charlatan, et elle la considéra assez sérieusement, ses beaux yeux sombres se plissant légèrement.

« Bienvenue dans ma boutique, que puis-je pour vous ? »

Elle posa cette question en souriant. Edea ne répondit pas à son sourire. La sorcière ne souriait quasiment jamais, mais s’avança vers elle, tendant ses doigts vers les objets sur la gauche. Elle vit une espèce de bouilloire, des ustensiles de cuisine, et divers autres objets. Les doigts pointus caressèrent brièvement les objets, et elle s’intéressa ensuite à la vendeuse.

« C’est du très bel ouvrage », la complimenta-t-elle.

La sorcière s’intéressa ensuite à sa liste, et s’avança un peu, rentrant dans la pièce. Elle entra dans le vif du sujet.

« Je souhaite réaliser une série d’élixirs et de potions. Pour cela, j’aurais besoin de divers ingrédients alchimiques. En avez-vous ? »

Edea allait droit dans le vif du sujet, sans en dire trop. Elle ne voulait pas qu’on lui fasse les élixirs, mais il lui manquait certains ingrédients pour pouvoir les faire. Ceci expliquait sa présence ici. Elle constata qu’elle était la seule cliente, signe que la boutique ne devait pas encore être très connue.

Décatis observa sa cliente qui s'approchait de l'étagère d'objet pratique, l'enchanteresse était certaine que sa cliente n'était pas venue ici pour se babiole. La femme fit un compliment sur la qualité de ses objets.

-Merci, c'est toujours plaisant de voir son travail reconnu.

La cliente abandonna rapidement l'étagère pour venir la rejoindre au comptoir. La femme ne semblait pas respirer la joie de vivre. Décatis écouta attentivement ce que désirait sa cliente. Des ingrédients d'alchimie, ce qui n'était pas vraiment la spécialité de la boutique.

-Je suis désolé, ma boutique ne vent à l'origine que des objets magiques fini.

Décatis croisa les bras et regarda le haut de son escalier en réfléchissant. Puis finalement elle regarda de nouveau sa cliente.

-Cependant, certain des matériaux et ingrédient que j'utilise pour mes fabrications, son également utilisable en alchimie. Si vous le souhaitez, je vous invite à venir voir ma réserve personnelle si vous trouvez votre bonheur.

Se n'était pas dans ses habitudes de proposer ainsi ses matériaux. Il y avait une bonne raison à son choix. Cette femme, avait quelque chose qu'elle n'arrivait pas à décrire, mais qui lui disait que la satisfaire pouvait être une bonne chose. Décatis ignorait totalement si sa cliente était une femme importante où puissante voir même les deux, mais on instinct lui disait que l'aidé était une bonne chose.

-Suivait moi, je vais vous montrer.

D'un signe de la main, elle invita à faire le tour du comptoir et monta l'escalier. Une fois arrivée en haut, elles se retrouvèrent dans le salon de sa maison. Le tout richement décoré et respirait le luxe. Décatis ne s'attarda pas dans la pièce et avança pour rejoindre la porte qui faisait face à l'escalier. L'atelier de l'enchanteresse était une immense pièce sans ouverture sur l'extérieur. Le long des murs se trouvait ne nombreuse étagère. Chacune d'elle était réservé à une catégorie d'objet, une pour les instruments, une pour les ingrédients magique, une pour les pierres précieuses, une pour les métaux et encore de nombreuse autre. Au centre de la pièce se trouvait un ensemble de table. On pouvait voir au-dessus des tables le bouclier flotté avec un cercle magique qui l'entourait, s'effaçant pour se gravé sur le bouclier.

Décatis s'avança vers l'une des étagères.

-Regardez si vous trouvez votre bonheur.

Edea déchanta un peu quand Décatis lui avoua n’avoir que des objets enchantés à vendre. Ce pouvait être intéressant pour des non-initiés, mais, pour elle, une sorcière confirmée, elle n’avait que faire de tels bibelots. Elle se pinça les lèvres, légèrement contrariée, et faillit se retourner, lorsque Décatis, pour une raison inconnue, l’invita à la suivre pour voir d’autres objets, dans sa « {réserve personnelle ». Cette invitation était surprenante, et surprit un peu Edea, qui s’en demanda les raisons. Néanmoins, elle n’allait pas passer sur cette occasion, et hocha la tête de haut en bas.

« Très bien. Je vous suis. »

Son ton n’était pas forcément plus chaleureux que quand elle était entrée. L’enchanteresse écarlate s’avança derrière le comptoir, et les deux femmes montèrent le long d’un escalier. Edea ne percevait aucune intention hostile chez cette femme. Elle ne pensait pas à un piège, mais éventuellement à une sorte de sympathie commerciale. Si ce magasin était récent, Décatis ne devait pas avoir beaucoup de clients, et devait être submergée par le prix du foncier, et par les taxes impériales. La libre concurrence n’était pas clairement établie à Ashnard, et les enchanteurs les plus anciens, solidement établis, devaient voir d’un mauvais œil une indépendante qui s’ouvrait.

*Peut-être cherche-t-elle une autre prestation de ma part qu’une simple contribution financière..*

Il suffisait de voir Edea pour comprendre qu’elle avait quelque chose de charismatique, d’imposant. Son teint pâle, ses vêtements sombres, s’accordaient très bien aux critères d’élégance ashnardienne, ce qu’elle avait pu noter en entrant dans le palais. Et la beauté, quoi qu’on en dise, avait toujours été une arme très efficace, indépendamment du sexe de l’interlocuteur, ou de son espèce. Les deux femmes montaient dans un étage beau, luxueux. Décatis prenait ses aises, et Edea révisa son opinion sur elle. Elle ne devait pas être si pauvre que ça... Mais Ashnard n’était pas Nexus. Si l’argent achetait tout sur Nexus, les choses étaient relativement différentes dans l’Empire. Il y avait de nombreuses étagères dans cette pièce sans fenêtres, et, suivant les invitations de Décatis, Edea s’avança, promenant ses doigts sur les pots, les élixirs, les flacons. Elle savait instantanément de quoi il s’agissait, que ce soit par rapport à leur odeur, ou par à leur signature magique.

C’était une très belle collection, et plusieurs longues minutes s’écoulèrent, le silence n’étant brisé uniquement que par le bruit des talons d’Edea claquant sur le sol. Un bouclier flottait également en l’air, mais elle ne s’y intéressait pas trop, préférant s’intéresser à cette collection.

« C’est une très belle collection privée... Elle n’est pas aussi vaste que la mienne, mais, après tout, toutes les sorcières et les enchanteresses de Terra ne disposent pas d’une armée pour aller chercher des ingrédients et des livres de sorts. »

Se retournant vers la vendeuse, Edea consentit enfin à se présenter.

« Je m’appelle Edea. Edea Kramer. Ce nom ne vous évoquera sans doute pas grand-chose. Comme vous avez probablement du le sentir, je suis une sorcière, et je viens d’un pays assez lointain, Galbadia. J’en suis la souveraine, et je suis venue dans cette ville... Pour y former une alliance politique, mais aussi par curiosité. Les sorcières ont toujours entretenu des liens étroits avec les démons. »

Bien plus qu’avec les anges, en tout cas. Edea fit une petite pause, et reprit assez rapidement :

« Je comprends pourquoi vous vous êtes implantées à Ashnard. Je ne suis pas sûre que certains de ses produits seraient autorisés dans des pays moins tolérants que l’Empire... Quoiqu’il en soit, je vous remercie de m’avoir montré votre collection personnelle. Il y a bien des objets qui m’intéresseraient, mais je ne peux m’empêcher de me demander quel est le prix que vous demanderez. »

Edea parlait sur un ton calme et clair, mais elle n’était pas née de la dernière pluie. Décatis ne demanderait sûrement pas que de l’argent pour avoir le droit de piocher dans sa réserve personnelle. Pour une sorcière, ou pour une enchanteresse, cet endroit était une sorte de sanctuaire intime. On ne se séparait pas de tels objets pour quelques deniers.

Le temps que sa cliente regarde ses ingrédients, Décatis s'approcha du bouclier pour observer la progression du sort. Tout fonctionnait bien, et toutes les complications avaient été parfaitement contournées. Bien sûr elle aurait pu le vérifier avec son bijou à l'œil pour voir l'avenir, mais se n'était pas aussi intéressant si elle ne prenait pas de risque. Finalement sa cliente détourna son regard de sa collection pour la complimenté, en précisant qu'elle n'égalait pas la sienne ce qui la fi sourire. Si sa cliente avait une armée pour récolter ses ingrédients elle avait un bon instinct. La cliente se présenta alors à elle, c'était donc la souveraine d'un autre pays. Normal donc qu'elle dispose de son armé. Décatis avait elle aussi une sorte d'armé, mais se n'était pas du tout le même genre. Son armé à elle était composé de petits insectes de métal qui pouvaient lui apporter bien des services, comme surveiller sa boutique, apporté des messages où encore récupéré des ingrédients justement. La taille de ses derniers était autant un avantage qu'un défaut pour ces récoltes.

La souveraine Adea aborda alors le sujet important, Le prix qu'elle allait lui demander. Décatis y avait déjà réfléchi, certain de ses produits avaient été acheté à des prix très élevé et d'autre avait demandé des recherche très approfondit avant de les trouvés. Décatis ne pouvait pas se permettre de jouer les trop généreuse non plus.

-Pour tout vous dire je peux vous vendre ça au prix où je l'ai obtenue. L'argent ne m'intéresse pas, je n'en manque pas et loin de là. Je vous demanderais plutôt un service en échange.

Elle fit signe à sa cliente d'approcher de la table et lui montra le bouclier flotté. L'objet était un exemple plutôt intéressant pour illustrer ce qu'elle s'apprêtait à lui dire.

-Ce que j'aime dans mon métier, c'est les défis. Apporté la solution à ce qui est impossible, j'aime chercher pendant des heures, des jours où des mois la solution à un problème et alors crée l'objet qui va le résoudre. J'aime étudier des sorts ancien créer par de grands mages et découvrir toute la complexité de leur magie remplie d'expérience que je n'obtiendrais pas avant des siècles.

L'enchanteresse se tourna alors vers sa cliente. Le temps de parler de l'affaire était venue, elle n'avait pas besoin de chercher ses mots pour expliquer ce qu'elle avait besoin. Surtout qu'elle était persuadée que sa cliente comprenait très bien ce qu'elle ressentait pour sa passion.

-Ce que je vous demanderai, ne vous coutera pas grand-chose. Si vous endentez parler de quelqu'un qui cherche à percer des secret d'objet anciens, de le diriger vers moi. Je ne mets bien sûr pas en cause vos propres talents. Mais en tant que dirigeante, je présume que n'avait pas forcément le temps à consacrer à ce genre de choses. Surtout quand cela nécessite de voyager longtemps et d'une étude de longue duré.

Dans le petit monde des arts occultes, l’argent n’était pas une rémunération qu’on demandait forcément. Surtout entre femmes du même domaine. Sans être une enchanteresse, Edea restait une sorcière, et, naturellement, elle connaissait les enchantements. Décatis ne lui proposa ainsi pas de l’argent, et lui demanda, au contraire, de s’approcher d’un objet qu’elle était en train d’enchanter. La sorcière obtempéra sans hésitation, et vit une espèce de bouclier en train de flotter. Il émettait des ondes magiques, et elle se demanda quel était l’objectif de cet enchantement. En tant que souveraine, elle savait que les enchantements avaient une dimension militaire. Il arrivait fréquemment que des seigneurs, des généraux, des maréchaux, fassent appel à des enchanteurs, afin de renforcer, magiquement parlant, l’efficacité de leurs équipements. La sorcière savait qu’il existait bien des matériaux sensibles aux enchantements. L’ébonite, qui était un matériau que les Ashnardiens utilisaient pour leurs soldats d’élite, en était un bel exemple. Ce matériau noir devait être raffiné, mais il permettait d’obtenir des alliages très efficaces, très souples, et qui permettaient des enchantements magiques puissants.

L’enchanteresse lui demanda comme faveur de s’occuper de sa réputation. Ceci fit sourire Edea. C’était un choix judicieux, qui pouvait être payant sur le long terme. Le soutien d’une souveraine ne devait pas être négligée, surtout si Galbadia devenait un royaume allié de l’Empire. Il ne coûterait effectivement rien à la sorcière, qui hocha lentement la tête.

« Effectivement... Je pourrais vous faire une bonne réputation. Il me semble, vu vos ingrédients et vos potions, que vous avez un talent qui mérite d’être reconnu. Peut-être même pourrais-je vous obtenir une aide financière impériale... »

Edea ne dit rien de plus pour le moment, continuant à observer le bouclier.

« Vous êtes une petite entreprise, et je crois que vous la gérez toute seule... »

Juridiquement, Décatis était une auto-entrepreneuse, ou, pour reprendre le terme concret, une EURL. La sorcière savait, grâce aux diplomates et aux juristes galbadiens, qu’il existait des subventions impériales pour ce genre d’établissement. Cependant, pour bénéficier de cette subvention, il fallait soumettre un dossier, et il fallait qu’une commission l’accepte. Edea pouvait volontiers intervenir à ce niveau. Elle le ferait au nom d’un très vieux principe qui existait au sein des sorcières : la solidarité. Ce principe ne s’appliquait pas systématiquement, mais les sorcières avaient été tellement opprimées qu’il n’était pas rare que plusieurs s’associent entre elles.

« Je peux même vous emmener voir le Palais, si cela vous tente... Mais, avant tout ça, j’aimerais que vous satisfaisiez ma curiosité. Que cherchez-vous à faire avec ce bouclier ? »

La proposition d'Edea était très intéressante. Son aide pouvait lui apporter beaucoup de choses pour sa boutique. Elle avait bien fait de suivre son instinct la concernant.

-Effectivement je m'en occupe seul. J'ai de l'expérience dans le domaine, j'ai déjà dirigé une autre boutique quand je m'occupais de ma fille et plus jeune j'ai travaillé dans celle de mon père, c'est même là où j'ai tout appris.

Edea lui proposer une visite du palais, voilà quelque chose d'intéressant. Décidément la souveraine se montrait bien généreuse, lui rendre d'autre service à l'occasion serait une bonne chose pour la remercier. En plus entretenir des relations avec d'autre pays pouvait lui apporter pas mal de choses. Que soit pour de la clientèle ou pour obtenir des ingrédients. Edea l'interrogea alors sur le bouclier. Décatis se mit à sourire avant de répondre.

-C'est un client qui est venu me voir il peut de temps. Son village est menacé par une créature étrange qui c'est installé non loin. La créature les attaques régulièrement avec un souffle qui a l'étrange propriété de faire pourrira rapidement ce qu'il touche, créant des sortes de morts vivant qui sont alors sous le contrôle de la créature. Pour se débarrasser alors de la créature j'ai créée ce boulier.

Décatis lui montra les différentes pierres précieuses qui se situait au centre du boulier formant un cercle au tour d'une plus grosse. Les pierres précieuses sont l'une des meilleures choses pour stocker la magie sans risque et en grande quantité.

-Je place un sort pour que le bouclier absorbe la magie environnante et également le souffle de la créature, qui ne peut être que magique. Comme vous pouvez le constater, j'ai placé deux types de pierre. A vrais dire je ne suis pas sûr de la nature exacte de la magie de la créature. Ainsi il y aura plus de chance que cela fonctionne. Quand le bouclier aura absorbé suffisamment de magie, la gemme qui se trouve au milieu pour se servir de celle-ci pour envoyer une magie purificatrice et détruire la créature.

Son idée comportait un défaut, se défaut était l'intelligence de la créature qui pouvait rapidement comprendre que son souffle ne servirait à rien et arrêté de l'utiliser. Ce qui ralentirait énormément la charge de l'objet.

-Comme je ne connais pas la créature, il y a risque que la créature comprenne ce qui se passe. C'est pourquoi j'ai étudié les effets de sa magie pour trouver une solution.

Elle lui montra la pile de livre qui se trouvait plus loin. SI elle n'avait pu identifier la créature, elle avait très bien comprit le fonctionnement de sa magie même si elle ne restait pas sur de sa nature exacte.

-Les personnes qui sont passé sous le contrôle de la créature son perdu, j'ai bien étudié qu'il n'y pas de moyen de les sauvés ou du moins se ne n'est pas à ma portée. J'ai donc installé un sort qui pourra absorber la magie qui c'est emparé de ses être pour à la fois les détruire et charger le sort pour détruire la créature. Bien sûr j'aurais pu faire bien mieux, mais le temps presse pour ce village.

Son résumer était terminé. L'enchanteresse ne c'était pas attardé sur les détails, que sa cliente avait surement comprit par elle-même. Puis le principe n'était au final pas bien compliqué. L'homme viendrait le chercher le lendemain. Bien sûr, elle avait confié à ce dernier un objet qui avait permis de retenir la créature éloigné le temps de la fabrication. Il fallait limiter le plus de victime.

Sa fille ? Était-elle mariée ? L’idée surprit un peu Edea, et, instinctivement, elle la rejeta. Le mariage signifiait généralement la soumission pour les femmes, et était incompatible avec le mode de vie des sorcières, ou des enchanteresses. La sorcière avait du mal à imaginer l’une de ses semblables en couple. Elle ne posa néanmoins aucune question. La vie privée de Décatis ne regardait qu’elle, et elle préféra focaliser son attention sur ce bouclier. L’enchanteresse lui expliqua que c’était une commande pour un client désireux de protéger son village d’un monstre dont le souffle transformait les habitants en mort-vivant. Une main sur ses lèvres, Edea réfléchissait, envisageant déjà de nombreuses possibilités. Décatis lui expliqua qu’il n’y avait aucun moyen de contrer les effets de ce sort, et qu’elle espérait confectionner un bouclier qui permettrait d’absorber le sort, afin de le renvoyer sur ce monstre. Elle l’écoutait silencieusement, et, lorsque Décatis eut terminée, Edea se permit naturellement plusieurs commentaires.

« C’est un sort qui relève indiscutablement de la nécromancie. J’ai consulté certains grimoires au sujet d’épidémies de ce genre. Je suis prête à parier que le sort de ce monstre utilise certains composés trouvés lors de grandes épidémies de peste. La maladie a toujours été l’arme préférée des nécromanciens. »

Quand il y avait une épidémie, on pouvait être sûrs qu’un nécromancien se trouvait, de près ou de loin, derrière. Les sorts de nécromancien, les puissants sorts, avaient besoin de nombreux morts pour fonctionner. Or, historiquement, il n’y avait rien de plus meurtrier qu’une virulente épidémie. Les sorts de nécromancien ne relevaient pas du cercle élémentaire de la magie. Or, seul un individu intelligent, doté d’une conscience, et capable de réflexions intelligentes et profondes, pouvait maîtriser ce qui ne relevait pas du cercle élémentaire de la magie. Edea faisait partie de ces mages et sorciers qui considéraient que la magie, tout en étant innée, nécessitait aussi un certain entraînement. Les animaux pouvaient utiliser la magie, mais ne pouvaient utiliser que les sorts élémentaires. Les exceptions portaient sur des monstres doués de pensées, comme les dragons, ou quelques rares autres monstres. Néanmoins, même dans ce cas, les créatures nécromanciennes naturelles étaient extrêmement rares. Et on ne les trouvait pas près d’un village.

Edea réfléchissait donc, observant ce bouclier, ressentant les pulsations magiques que ce dernier émettait.

« Il est possible qu’un nécromancien contrôle cette bête, ou qu’elle ait été jadis enchantée par des sorts nécromanciens. Mais votre bouclier devrait faire l’affaire... »

Du moins, sauf dans la première option. Si un nécromancien contrôlait cette bête, il parviendrait sûrement à déjouer les effets de ce bouclier. Néanmoins, ceci ne rentrait pas dans le champ d’actions de l’enchanteresse. Dans les arts occultes, comme dans n’importe tout, le client était roi. Concrètement, ceci signifiait qu’on ne devait jamais faire plus que ce que le client souhaitait. Edea connaissait les grands préceptes. Elle regarda autour d’elle. Il faudrait un peu de temps pour réunir tous ses ingrédients, et elle fit sortir de sa robe un petit papier, une espèce de carte, et écrivit avec son ongle. L’un des petits avantages de la magie.

« En ma qualité d’ambassadrice, je peux délivrer des récépissés, expliqua-telle. Comme vous le savez, on ne rentre pas dans le Palais impérial comme dans un moulin. Pensez à vous munir d’un papier prouvant votre identité, et les gardes vous laisseront entrer. »

Edea déposa le papier dans l’une des mains gantées de Décatis. C’était un formulaire-type, qui témoignait de l’administration impériale développée et performante. On pouvait y lire la chose suivante :

« Je, soussignée Edea Kramer, diplomate officielle, autorise par la présente Décatis Cryptinna, enchanteresse ashnardienne, à bénéficier d’un droit de libre accès dans l’enceinte autorisée du Palais impérial, afin de me rendre visite pour me livrer des marchandises. »

Edea reprit assez rapidement, en lui tendant un papier.

« Voici ma liste. Montrez-là aussi aux gardes, mais attendez-vous à ce qu’ils fouillent vos affaires. La sécurité est extrêmement renforcée au sein du Palais... »

Les Ashnardiens, sur ce point, étaient presque des paranoïaques. Tout el Palais était solidement cadenassé. Il n’avait pas la réputation d’être la forteresse la plus imprenable de Terra pour rien.

« Venez me rejoindre ce soir. Ceci me laissera le temps de vérifier ce que je peux faire pour vos facilités administratives. Qu’en dites-vous ? »

Décatis écouta les commentaires d'Edea, il était bon d'avoir l'avis d'une autre personne connaissant bien la magie. La thèse du nécromancien qui contrôlait la créature, lui était bien sûr également passer à l'esprit. D'après la description de l'homme la créature avait un comportement trop animalier pour être contrôlé, elle pensait plus à une créature abandonné ou échappé. Mais ça restait qu'une supposition.

Après cette petite intervention, Edea lui prépara un papier pour pouvoir accéder au palais. Décatis récupéra le papier et le lut en souriant.

-Très bien je vous apporte tout ça une fois le tout rassemblé et deux trois détails réglé.

Décatis accompagna sa cliente à la sorti après avoir discuté des détails, comme l'heure et le lieu exacte pour la rejoindre. Une fois sa cliente partie, l'enchanteresse retourna dans son atelier et commença à regrouper les différents ingrédients demandé. En même temps elle en profite pour noter ce qu'elle a besoin de renouveler. Certain n'allait pas être évident à retrouver. Décatis emballa le tout dans un coffret doré pour les protéger et le posa sur la table. Ensuite l'enchanteresse regroupa ses différentes petites créatures de métal et les envoyas chacune de leur côté réalisé les différentes récoltes, puis passa aux lettres pour ce qui pouvait être commandé. Ceci fait, elle fini de préparer le bouclier pour le lendemain puis ressorti de son atelier.

L'enchanteresse ferma sa boutique et se prépara. Pour aller au palais il lui fallait un minimum d'élégance et aussi bien choisir les bijoux qu'elle allait porter. Décatis devait faire le bon choix, il lui fallait de quoi se défendre, mais sans représenter une menace non plus. Elle voulait aussi garder les bijoux qui cachaient sa nature vampirique, même si avec la nuit cela n'aurait pas été bien dérangeant. Après s'être correctement lavé et coiffer, elle enfila une grande robe noire à fourrure couvrant l'intégralité de son corps. Décatis fit donc son choix de bijoux, comportant l'ensemble habituelle pour son apparence humaine, son bijou de paupière pour voir l'avenir. Pour compléter, elle avait un collier pour se défendre et des boucles d'oreille pour fuir. Evidement, c'était surement inutile, mais elle était comme ça toujours à prévoir plus qu'il ne faudrait. Décatis enfila un manteau bien chaud et prit le coffret. Sa boutique fermer et sécurisé, elle partie rejoindre le palais avec une certaine impatience.

Comme elle l'avait pressenti la nuit était plutôt fraiche, elle avait fait de prendre son manteau. Comme prévue une fois arrivée on lui demanda la raison de sa présence. Décatis s'expliqua avec les gardes. Elle montra les papiers, la marchandise et montra que sa magie venait de ses bijoux et du prouver qu'elle ne représentait pas de danger. Se fut plus long qu'elle ne l'aurait cru, heureusement la patience et l'une de ses qualités. Après ce contrôle deux gardes l'escortèrent jusqu’à l’appartement de sa cliente. On l'annonça et l'invita à rentrer.

-Bonsoir, je viens vous apporter votre marchandise.

Lui apporte le petit coffret doré.

Edea quitta la boutique en se sentant légèrement heureuse. Pas de quoi la rendre folle de joie, mais cette rencontre avait été comme une bouffée d’oxygène au milieu de cet environnement politico-militaire. Elle retourna vers le palais, traversant le long pont-levis et les impressionnants corps de garde menant dans les nombreuses cours intérieures délimitant le palais. Elle rejoignit l’aile diplomatique, qui jouxtait le donjon central, et arriva dans ses quartiers. Il s’agissait de grands appartements somptueux avec de grandes fenêtres, des bibliothèques, et une salle où elle pouvait concentrer ses flux magiques. Elle s’entretint avec ses assistantes et ses diplomates. Le traité entre Galbadia et Ashnard avançait bien, mais les Ashnardiens essayaient de renégocier certaines clauses pour empêcher que les Galbadiens dressent leurs réserves. L’ambiance n’était pas houleuse, mais les Impériaux cherchaient à s’assurer que le droit ashnardien soit plus efficace sur le sol galbadien, ce à quoi les Galbadiens s’opposaient, en faisant valoir le droit de préférence national. Les juristes passaient leur temps à la bibliothèque impériale, à lire les énormes volumes des coutumiers, recherchant des précédents pour contraindre les diplomates ashnardiens à accorder les réserves au traité que les Galbadiens voulaient faire passer.

« Tout se passera bien, assura un diplomate. Il est classique, dans ce genre de négociations, que les choses avancent lentement. L’Empire ne veut pas abandonner si facilement, car les Ashnardiens auraient l’impression que ça passerait pour un aveu de faiblesse.
 -  Les Impériaux ont toujours agi comme ça, répliqua Edea rapidement. Je vous fais confiance. »

Le diplomate comprit rapidement que quelque chose tracassait la sorcière, une chose qui n’était pas foncièrement liée au traité. Edea lui parla alors d’une enchanteresse qui allait venir ce soir, et avait besoin d’obtenir le dossier d’aide sociale qu’elle avait du envoyer, afin d’y donner son appui. Le diplomate hocha la tête, affirmant que ça ne poserait aucun problème. Edea se rendit ensuite dans ses quartiers privés, et appela plusieurs servantes, afin de prendre son bain. L’avantage d’être une souveraine était qu’on avait le droit à beaucoup de confort et de luxure. Vivre dans une cabane dans les bois, c’était d’un autre âge. La sorcière galbadienne prit ainsi un long bain. On négligeait bien trop ce genre de choses dans son monde. Or, un corps sain et équilibré permettait d’avoir des formules plus efficaces, car l’esprit était plus apaisé. Il n’y avait que des avantages à ne pas se laisse raller, et à avoir une hygiène saine.

Edea se reposait dans une eau brûlante, bouillante. Sa magie résonnait, et les servantes restaient prudemment autour, n’osant pas s’enfoncer dans cette eau. On aurait pu croire qu’il y aurait quelque chose d’érotique dans cette salle de bains. En effet, les servantes de la sorcière étaient toutes de très belles jeunes femmes, toutes nues, leurs corps ruisselant de sueur sous les volutes de vapeur s’échappant de la baignoire, et la sorcière savait que toutes ces Galbadiennes fantasmaient sur son corps. Elles étaient des orphelines de guerre entre Galbadia et Cintra. Des femmes désœuvrées qui formaient les apprenties d’Edea. La sorcière aurait tout à fait pu leur faire l’amour, mais, pour cela, il fallait qu’une femme se glisse dans le bain avec elle. C’était une activité simple, mais un exercice difficile. Néanmoins, cet exercice rituel permettait à plusieurs apprenties de pouvoir se blottir contre le corps nu de leur maîtresse, et de l’embrasser.

La sorcière fut dérangée durant son long bain par le diplomate. Dans son costume, il se mit rapidement à suer dans cette pièce chaude et enfumée, mais expliqua à la souveraine qu’il avait obtenu le dossier qu’elle demandait. Ce n’était pas une procédure très orthodoxe, mais il s’était arrangé. Il lui fit son rapport lorsque la sorcière sortit de la salle de bains, emmitouflée dans une longue serviette. Elle l’écouta dans son salon, sur un canapé en cuir, son visage inflexible ne la rendant que plus belle encore, ses interminables cheveux d’encre glissant dans son dos. Le diplomate lui expliqua que le dossier de l’enchanteresse était en cours de traitement, ce qui pouvait, vu les nombreux dossiers à traiter, prendre des mois. Edea demanda au diplomate de veiller à ce que ce dossier devienne prioritaire, afin que l’enchanteresse bénéficie rapidement d’une aide.

Par la suite, Edea retourna dans sa robe moulante serrée, et s’assit dans un fauteuil, avant de méditer. Magiquement parlant. Son casque se referma sur son visage, formant un long bec de corbeau rouge qui l’enferma dans son monde. Les heures devinrent des minutes, et le temps fut absorbé dans un tourbillon, avant qu’elle ne sente une présence la perturber. Son casque se déplia, et, en tournant la tête, elle vit l’une de ses apprenties dans la pièce. Elle s’appelait Lanea, et aimait bien se vêtir des vêtements classiques appartenant aux sorcières. Un choix assez exotique.

« Que désires-tu, Lanea ?
 -  Je me demandais ce qui pouvait susciter chez vous un tel attrait pour cette Ashnardienne », lança poliment Lanea.

Cette question arracha un fantôme de sourire sur les lèvres froides et attirantes de la sorcière. Lanea était une femme plutôt directe, ce qui faisait son charme.

« Tu as peur d’avoir une autre rivale ?
 -  Oh, je serais ravie d’accueillir une autre femme dans notre petit groupe, c’est juste que je m’interroge.
 -  C’est simplement un échange de services rendus... Mon intérêt est purement professionnel et magique. »

Lanea n’était pas convaincue, mais Edea sentait que son trouble dépassait le cadre de cette enchanteresse. Elle tenta de lire dans son esprit, ce que Lanea sentit. C’était un autre exercice rituel à laquelle Edea se livrait pour former ses sorcières. Elle s’insinuait dans leurs pensées afin de mieux les motiver.

« Je me méfie de ces Ashnardiens, voilà tout ! s’exclama Lanea.
 -  Je ne leur fais pas confiance non plus, mais ils détiennent avec eux des savoirs précieux. Et, de plus, leur concours nous est indispensable pour le devenir de notre groupe. »

Lanea allait objecter, quand un garde approcha. C’était un centurion, reconnaissable à son armure rouge. La délégation galbadienne avait ses propres gardes, avec des armures futuristes, des combinaisons qui étaient de deux couleurs : bleus pour les simples soldats, rouges pour les officiers, les centurions.

« L’enchanteresse est arrivée, madame, annonça le centurion.
 -  Faites-là entrer. »

Claquant des talons, le centurion se retira.

« Je devrais peut-être vous laisser... suggéra alors Lanea.
 -  Tu ne seras jamais de trop. »

Edea se rendit toutefois dans le salon, avec des canapés rouges et des tapis, et des tableaux galbadiens. Un tableau représentait néanmoins Edea, et un autre était une mappemonde montrant son royaume. Edea s’approcha d’un grand feu lorsque Décatis entra. Elle lui présenta un petit coffre doré, et Edea hocha la tête, avant de l’ouvrir.

« C’est très bien. En échange, je me suis assurée que vous receviez rarement des subventions impériales. »

La conversation aurait pu s’arrêter là, mais Edea ne se serait pas donnée tout ce mal pour si peu. Dans un coin, Lanea avait les bras croisés, observant cette curieuse et fort élégante femme.

« Le palais vous plaît-il ? Une réception y est organisée ce soir, et plusieurs conseillers impériaux y seront... Cela vous plairait-il d’être mon invitée de marque ? »

Décatis fut conduite dans un magnifique salon richement décoré à l'image du reste du palais qu'elle avait déjà pu apercevoir en venant. La pièce était décorée par des objets et des meubles luxueux dans style différent et surement plus personnel. Elle saluât poliment la jeune fille habillée en sorcière qui se trouverait là et qui l'observait les bras croisés. Surement une proche ou une servante de la souveraine. Décatis reprit son observation de la pièce, un peu curieuse de nature. Sur les murs elle reconnut un portrait de la souveraine qui était très bien mise en valeur, il y avait également une carte d'un pays qu'elle n'avait jamais visité, surement celui d'Edéa. Cette dernière attrapa le coffret qu'elle lui tendait et vitrifia le contenue. Le feu qui se trouvait non loin lui donna envie de retirer son manteau, mais elle se retenue ne sachant pas ce qui allait se passer par la suite. Elle pouvait très bien rester avec sa cliente et discuter comme rentrer tranquillement chez elle concluant leur échange. Edéa affirma avoir fait ce qu'il fallait pour lui obtenir l'aide promise. Elle lui demanda alors ce qu'elle pensait du palais et lui proposa même de l'accompagner à une réception.

-Le palais ressemble pas mal à ce que j'avais imaginé. Vous accompagner à une réception sera un honneur. Peut être que vous aurez le temps de me parler de votre pays. Je n'ai jamais ut l'occasion de mit rendre.

L'idée d'une soirée au palais était très tentante. Dans une réception comme celle là elle allait pouvoir se faire mieux connaître que ce soit en tant qu'Enchanteresse ou en tant que personne. Elle pouvait y retrouvé peut être de riche clients qui étaient déjà venue la voir. Décatis pouvait aussi rencontrer des personnes intéressantes. S'y rendre pouvait se montrer très positif pour elle, puis elle pourrait surement s'amuser un peu. Depuis son arrivée en ville, Décatis n'avait pas encore pris le temps de sortir beaucoup et de s'amuser. Même si après tout, elle s'amuse déjà beaucoup à faire son métier. Cela faisait un moment qu'elle se disait qu'elle ferrait bien de sortir et découvrir les différents loisirs qu'offert cette riche capital.

Pour la réception, Décatis regarda rapidement sa tenue. La robe qu'elle avait choisie était bien adapté pour s'y présenté si c'était une réception classique et de plus ses bijoux de sa propre conception serons unique, elle ne craindra pas de voir des copies.

-Me tenue convient t'elle où il faudrait que je change quelque chose ?

La sorcière retourna s’asseoir sur son fauteuil, observant Décatis. Il n’y avait aucun garde galbadien dans cette pièce, simplement les trois sorcières. Silencieuse, Lanea observait Décatis dans un coin, essayant probablement de la sonder, de déterminer sa puissance magique. Lanea avait, il fallait bien l’admettre, un certain don en la matière. C’était parfois bien pratique. Son talent n’égalait pas encore celui d’Edea, mais elle ne doutait pas que, à force d’entraînement et de persévérance, elle y parviendrait. La souveraine observait Décatis. Cette dernière n’était pas contre l’idée de participer à cette réception, ce qui rassura Edea. Pour autant, aucun sourire bienveillant ne vient éclairer le visage pâle de la sorcière. Edea n’était pas très douée pour communiquer avec les autres. Décatis lui avoua, du reste, être curieuse au sujet de Galbadia, un royaume qu’elle n’avait jamais visité. En soi, ce n’était pas surprenant, Galbadia était sur un archipel assez éloigné de la capitale impériale. A moins de pouvoir, comme Edea, se téléporter à l’aide de miroirs magiques, il fallait faire un long voyage, qui n’était d’ailleurs pas entièrement sûr. On n’était jamais à l’abri de monstres ou de bandits.

« Je peux satisfaire votre curiosité », dit-elle lentement, sur un ton calme et serein.

Galbadia et les intrigues politiques n’intéressaient pas vraiment Edea. Contrairement à bien des magiciens et des magiciennes, elle était peu intéressée par le pouvoir séculier, préférant celui, infiniment plus intéressant, de la magie. Décatis lui demanda alors si sa tenue irait, ce qui, pour le coup, parvint à légèrement amuser la sorcière .Ses belles lèvres violettes s’étirèrent délicatement, formant une ombrelle de sourire, avant qu’elle ne s’empresse de la rassurer :

« Rassurez-vous, ce genre de réceptions comprend surtout des démons... Et, tant que vous êtes belle à regarder, les démons se moquent bien de savoir ce que vous portez. »

C’était une manière de dire que Décatis était plutôt belle. Elle avait, indéniablement, un certain charme. Sa belle peau pâle plaisait beaucoup à Edea, et ses vêtements élégants lui allaient à ravir. Réalisant alors qu’elle ne s’était toujours pas assise, et qu’elle portait toujours son manteau, la Galbadienne l’invita à prendre ses aises.

« Vous pouvez vous asseoir, et vous séparer de votre manteau. Prenez vos aises. »

Edea ferma lentement les yeux, respirant un peu. Rien ne la forçait à se rendre à cette soirée, mais ses diplomates et conseillers juridiques avaient insisté, lui disant que ce serait une bonne manière de se faire voir. Edea soupira, attendant que Décatis s’installe. La Galbadienne envoya alors un ordre télépathique à l’un de ses servants, et, quelques minutes plus tard, ce dernier entra rapidement, tenant un plateau, et le déposa sur une table basse entre les deux femmes. Il s’agissait de simples collations. Utilisant sa magie, Edea fit flotter en l’air une tasse de thé, et commença à la boire.

« Servez-vous, si vous en avez envie. »

C’était une simple invitation .Décatis était traitée comme une amie, et, tandis qu’Edea buvait, elle lui parla de Galbadia.

« Mon pays est situé sur un archipel, au milieu de la mer. Il comprend plusieurs îles, et était, jusqu’à une date récente, en guerre contre un autre État, situé sur une autre île, Centra. Les Galbadiens ont remporté ce conflit, et, de manière classique, j’ai fomenté un putsch qui m’a permis de remplacer l’ancien dirigeant, en le supprimant. »

Edea en parlait sans émotion dans la voix.

« Galbadia est éloignée des routes commerciales, et est une puissance militaire, qui dispose de toute une flotte. Nous nous en servons principalement pour piller les autres îles, ou les côtes. Je suis venue à Ashnard pour signer un traité de paix entre mon royaume et Ashnard, de manière à éviter une guerre fratricide entre mon archipel et l’Empire. »

Il y avait aussi d’autres raisons qui poussaient Edea à demander une alliance, mais elle ne tenait pas à trop en dire sur ses motivations.

« Que désirez-vous savoir sur Galbadia ? Dans la mesure du possible, je m’efforcerai de satisfaire votre curiosité. »

Se retrouvant seule avec les deux autres femmes, Décatis fut rassuré pour sa tenue, pour la soirée organisée. Edea accepta de parler de son pays, mais elle l'invita avant tout à prendre ses aises. Avec un sourire, Décatis retira son manteau qu'elle déposa soigneusement à côté d'elle, en prenant place face à la souveraine. Un serviteur entra dans la pièce avec un plateau qui fut déposé sur la table entre elles. L'enchanteresse, ne fut pas surprise de le voir arriver comme ça, surement que Edea l'avait demandé par magie. C'était bien pratique d'avoir des serviteurs, ça lui faisait bien envie. Elle se pencha en avant pour saisir une tasse avec sa main gantée, elle pouvait très bien faire comme Edea et se servir de la magie. Mais elle avait l'habitude de boire normalement. Petite sa mère qui ne pouvait pas utiliser la magie avait élevé sa fille de façon qu'elle n'utilise pas sa magie à la moindre occasion. C'était à la fois une façon à l'obliger à vivre normalement si jamais elle ne pouvait plus se servir de sa magie et aussi une façon de cacher à sa fille sa jalousie.

Edea commença alors à parler de son pays, un ensemble d'ile qui semblait vivre du pilage. Une façon de vivre qui était pas des plus honnêtes, mais peut importait, se n'était pas ce qui intéressait Décatis. Après tout elle s'était installée dans une dictature. La souveraine après son explication qui était plus politique qu'autre chose lui demanda ce qui l'intéressait de savoir. L'enchanteresse fit un sourire poli avant de répondre.

- Voyez-vous, je suis une femme curieuse de nature. J'aime voyager quand le temps me le permet. Ce que j'aimerais savoir, c'est environnement, la faune, la flore et le style de vie. Il n'est pas exclut que je m'y rende un jour par simple curiosité. Surtout que sur des îles je suis sur de pouvoir découvrir des choses intéressantes que je ne découvrirais jamais dans un désert comme ici. Que ce soit au niveau magique ou simplement naturel.

Après avoir fait part de ce qui l'intéressait, elle but une gorgée du thé qui lui avait été offert. Elle n'avait pas fait de voyage depuis un moment maintenant, mais elle en avait bien envie d'en faire un bientôt. Pour ça elle voulait trouver quelqu'un qui pourrait tenir sa boutique en son absence. Décatis avait le temps, avec ses liens avec la magie plus sa nature vampirique, elle avait bien le temps devant elle. Que ce soit pour voyager ou encore trouvé quelqu'un.

-Découvrir de nouvelles cultures est toujours enrichissant, même si on ne la comprend pas toujours. Vous n'êtes pas d'accord ?

Edea avait presque l’impression d’agir comme une espèce de guide touristique. L’environnement, la faune, la flore... Le genre d’informations qu’on trouvait aisément dans un atlas, mais Galbadia n’était pas un royaume très connu sur Terra. Il faisait partie de ces petits États dont les options étaient plutôt limitées quand un gros État s’approchait d’eux : s’allier, ou disparaître. Edea savait pertinemment que les Galbadiens ne pourraient pas repousser les Ashnardiens, et son intention, d’ailleurs, n’était pas de le faire. Elle avait besoin des Ashnardiens pour se renseigner sur les Tekhanes, ce qui était son objectif. En vertu de leur neutralité, les Tekhanes se refusaient à se rapprocher de Galbadia. Il allait donc falloir trouver une autre solution. Cette enchanteresse ne pourrait pas vraiment l’aider dans ce domaine, mais Edea, avant d’être une politicienne, restait une sorcière, soit une femme tournée vers les arts occultes, et très intéressée par ces derniers. Elle connaissait naturellement les enchantements.

« C’est la diversité culturelle qui fait tout l’intérêt d’un monde, reconnut Edea. Galbadia n’est toutefois pas, de ce point de vue, particulièrement intéressant. Il y a de nombreuses forêts, des plages, et des montagnes... Aucune île tropicale avec des palmiers. »

Galbadia était un archipel regroupant trois îles : l’île principale, Galbadia, Centra, et une autre île, un peu plus sauvage, avec des vestiges d’une ancienne ville, et de grandes forêts au nord. Il y avait des grottes un peu partout, et cette troisième île servait surtout pour le safari. Un énorme pont reliait d’ailleurs Galbadia à cette autre île, une sorte de défi à la Nature qui datait d’une époque révolue, celle où les habitants de cette troisième île, visiblement de grands bâtisseurs, étaient là. Edea fit apparaître une carte, afin de permettre à Décatis d’avoir une vue d’ensemble sur la scène :

Le cercle rouge sur la carte indiquait l’emplacement de la capitale. Un archipel, tout simplement. Les montagnes au nord étaient l’indice révélateur, celui qui montrait à quel point l’endroit n’avait rien à voir avec un paysage de carte postale. Galbadia était un lieu froid, où on ne se baignait que dans des piscines avec des eaux chauffées. Il y avait bien une activité de pêche, mais peu de tourisme. La carte permettait également de voir le long pont permettant de relier Galbadia à l’autre île. Une vaste structure ferroviaire, qui fonctionnait encore, avec d’énormes piliers plantés dans l’eau. L’eau était à cet endroit très peu agité, et la ville ayant permis de bâtir ce pont était une sorte de station-relais, qui s’appelait Horizon. Les îles fracassées au sud correspondaient à Centra, l’ancien royaume que Galbadia avait massacré suite à une longue guerre.

« Galbadia regorge de monstres, et dispose d’une histoire riche. Il y a beaucoup de tombeaux abandonnés, qui renferment des trésors magiques, mais qui sont également infestés de créatures redoutables. Ma prise de pouvoir a permis d’empêcher que l’ancien chef d’État, Vinzer Deling, ne dilapide inutilement le pouvoir. »

Vinzer était un faible, qu’Edea avait progressivement renversé. Elle était initialement devenue son conseiller magique, avant de le tuer, tout simplement. Elle avait fait comme beaucoup de magiciennes, qui étaient des conseillers royaux, et dont la loyauté n’était pas assurée. Edea dirigeait maintenant le royaume, et était volontiers considérée à un tyran. Elle avait un comportement typique d’une sorcière, et avait ainsi développé des programmes de protection du patrimoine galbadien, afin d’empêcher que les sites magiques ne soient souillés par les touristes, et autres imbéciles patentés.

« Pensez à le visiter, un jour, suggéra Edea. Je vous accorderais peut-être même une visite privée... En attendant, je crois qu’il va falloir nous rendre à la réception. Vous sentez-vous prête ? »