Dans l'antre des Warren [PV Mélinda ::)]

C'était une chaude journée ensoleillée qui frappait Seikusu aujourd'hui. En effet, la température avoisinait exceptionnellement les 37°C et le vent semblait être aux abonnés absents. Cette chaleur accablante n'épargnait personne, pas même le manoir de Mélinda. C'est ainsi que toutes les filles présentes se retrouvèrent à passer la journée en maillot de bain dans la piscine du manoir, pataugeant dans l'eau ou sirotant un rafraichissement sur un transat, à l'ombre bienveillante d'un parasol. Ayumi passait le plus clair de son temps sous l'eau, à l'abris des rayons solaires, et Akira – la fille de Mélinda – était en grande conversation avec Kaori et Shii sur l'avenir de la jeune vampire.

- De toute façon, il est hors de question que je retourne dans ce lycée avant le prochain siècle. Et je ne me vois pas non plus diriger un jours le harem, même si Mélinda part en vacance.

La Mélinda en question était bien évidement au bord de la piscine elle aussi. De toute façon, l'intérieur du manoir était tout simplement étouffant. Bref, tout ce petit monde se relaxait plus ou moins bien, lorsque une explosion retentit dans le ciel, en face du domaine. Toutes regardèrent alors dans cette direction, assez surprises, et la jeune vampire interpella sa mère.

- M'man ! Tu savais qu'il y avait un portail là bas ? C'est pas un peu dang...

Mais du portail devenu visible aux yeux de tous, surgit une sorte de chasseur militaire, des arc électriques bleus parcourant la carlingue. Il s'écrasa au sol et perdit plusieurs morceaux en se trainant en longueur, pour finir par passer au travers du bouclier, ainsi que du mur d'enceinte. C'est à ce moment là qu'il y eu une sorte de panique chez les lycéennes et que toutes quittèrent le confort de l'eau pour la sécurité du manoir. L'appareil fini sa course dans le bassin et le cockpit se retrouva sous la surface, un panache de fumée s'élevant des réacteurs.

Sans réfléchir, Ayumi utilisa son pouvoir pour ouvrir le cockpit avec l'eau du bassin et sortit le corps bloqué et inconscient à l'aide de tentacules d'eau. Elle déposa le corps sur un transat, avant de se tourner vers sa Maîtresse, voulant savoir ce qu'elle devait faire du vaisseau.

L’été venait à grands pas, et une période caniculaire venait de s’installer à Seikusu. Même malgré la climatisation, le personnel de Mélinda préférait se reposer près de la grande piscine au sein du manoir. Il y avait aussi une piscine intérieure, mais la piscine extérieure était largement préférable. Mélinda se reposait à l’ombre d’un parasol, allongée sur un transat, son corps trempé séchant, à son goût, bien trop rapidement. Les filles s’amusaient, et encourageaient les nekos de Mélinda à venir faire trempette. Ces dernières étaient généralement assez hésitantes à venir trempette.

Pour Mélinda, l’été s’annonçait sous de bonnes auspices, car les choses commençaient enfin à s’améliorer. Hitomi était sortie pour de bon de sa vie après l’épisode avec Clara, et n’était plus aux yeux de Mélinda qu’un souvenir lointain et fugace. Cette dernière avait désormais sa famille à proximité, sa mère travaillant comme jardinière au sein du manoir, mais préférant vivre dans un appartement en ville. Tiffany était, de son côté, avec sa sœur aînée, et avait été inscrite au lycée pour l’an prochain. Quant à Clara, elle allait bientôt commencer ses travaux avec Kaileesha pendant l’été. Elle était impatiente à l’idée de pouvoir dresser et dompter des démons mineurs, Kaileesha lui ayant promis de lui offrir un petit chiot infernal si elle se montrait douée. Les affaires du harem se portaient plutôt bien, et Mélinda se préparait à un colloque organisé par les esclavagistes ashnardiens à Fort-Hiver dans une semaine ou deux. Et, surtout, les relations avec sa fille commençaient, de son point de vue, à s’améliorer. Cette dernière commençait à se faire à sa vie au harem, et devenait même assez autoritaire, au plus grand plaisir de sa mère. Et puis, elle l’appelait même « Maman », parfois, ce qui, ma foi, était une très belle preuve d’affection. En somme, tout allait pour le moment pour le mieux.

Kaori et Shii discutaient en ce moment avec elle, et les trois filles parlaient de leur futur. Kaori se voyait en tant que pilier dans le harem de Mélinda, tandis que Shii s’imaginait une brillante carrière dans le droit. Akira en profita pour signaler qu’elle n’avait aucune idée de son futur. Revenir au lycée, et donc avoir une vie sur Terre, lui semblait toujours aussi impossible, et, de même, la gestion du harem lui semblait également inconcevable. Elle était bien trop endoctrinée par les propagandes terriennes sur la liberté et l’égalité. Mélinda fit la moue, et ce fut à ce moment-là qu’elle entendit, comme toutes les autres, une espèce d’explosion venant d’en haut, comme si un moteur d’avion avait perdu l’une de ses turbines. En ouvrant les yeux, la vampire ne vit rien, légèrement éblouie par le soleil, avant qu’Akira ne lui parle :

« M'man ! Tu savais qu'il y avait un portail là bas ? C'est pas un peu dang...
 -  Euh... »

Non, elle l’ignorait, mais ce n’était pas surprenant. Ashnard, Tekhos, Nexus... Ils essayaient tous de recenser autant que possible tous les Portails qui existaient, mais la tâche était particulièrement ardue, dans la mesure où les Portails étaient très fluctuants. Le Portail grossit, devenant une espèce de vortex, de déchirure spatio-temporelle rappelant la Porte des Étoiles de Stargate, quand un vaisseau de combat jaillit à toute allure, des arcs électriques et de la fumée crachés par ce dernier. Plusieurs lycéennes hurlèrent, et Mélinda leva une main pour s’abriter. Le vaisseau chutait, et s’écrasa violemment sur le sol, à quelques mètres, avant de rouler sur le sol dans une myriade d’étincelles. L’appareil cabossé arracha la clôture, fila le long de la pelouse, passa à travers le dôme de protection translucide, et termina sa course dans l’eau, le cockpit heurtant faiblement le mur opposé du bassin, toutes les filles étant alors sorties précipitamment dans des hurlements.

« Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?
 -  Une invasion, une invasion, les Martiens attaquent !
 -  Arrête tes conneries ! »

Ayumi fut la première à réagir, tandis que Mélinda, en maillot de bain deux pièces noir, s’approcha du vaisseau. On aurait dit... Un chasseur militaire tekhan. Elle ne vit aucun symbole sur la carlingue, mais, comme cette dernière était engloutie, il était difficile de se prononcer. Des tentacules aqueux se formèrent, et vinrent plonger dans l’eau, cherchant des rescapés. Ce fut ainsi qu’elle sortit une curieuse femme assez grande, avec une chevelure bleuâtre et sombre, et... Une espèce de combinaison moulante qui semblait en latex...

« Si les Martiennes ressemblent à ça, je veux bien me faire envahir tout de suite !
 -  J’espère qu’elle vient pour se reproduire...
 -  Idiotes ! C’est une Tekhane ! »

Ayumi déposa la femme sur le sol, et Mélinda s’approcha, prenant son pouls. La femme vivait toujours. Elle était sonnée, et avait un corps superbe. Une Tekhane ? Une Tekhane qui aurait traversé par erreur un portail la menant tout droit chez Mélinda ? Théoriquement, ça n’était pas impossible. Sur Terra, il arrivait que les portails changent parfois de place, et que les instruments peinent à les détecter, qu’ils soient magiques ou technologiques. Mine de rien, Mélinda avait un mauvais pressentiment, l’intuition que cette femme allait apporter un tas d’emmerdes.

« Commencez par sortir ce vaisseau de la flotte !
 -  Euh... Il est plutôt lourd, non ? »

Le chasseur devait bien poser plusieurs tonnes, et Mélinda réfléchit. Il avait atterri dans l’eau, mais Ayumi ne pourrait pas le relever toute seule.

« Allez chercher des cordes, et enroulez-les un peu partout, puis attachez-les à plusieurs poteaux. On tire d’énormes blocs de granit avec cette technique. Ayumi, de ton côté, tu utiliseras l’eau pour créer de puissantes secousses et ainsi faciliter le déplacement du vaisseau. On a besoin de le sortir pour trouver l’identité de cette mystérieuse femme. »

Mélinda dictait ses ordres, et les lycéennes la regardèrent avec surprise, en clignant des yeux.

« Exécution ! » clama-t-elle.

Elle se tourna ensuite vers Liana.

« Liana, file au harem, et va chercher une quinzaine de gardes. Ils ne seront pas de trop pour nous aider à le sortir de là. »

Mélinda doutait que ce soit suffisant. Ce chasseur avait l’air énorme, mais elle-même ne pourrait pas le faire remuer d’un seul millimètre en poussant dessus. Pendant ce temps, elle alla voir la femme, et la souleva, puis la fit s’allonger sur un transat, couvert par un parasol. Elle était tout simplement sonnée, et elle n’avait vu aucune blessure profonde, simplement quelques hématomes ou ecchymoses. Il fallait juste attendre qu’elle revienne à elle. Mélinda en profita pour se tourner vers Akira.

« Je crois que nous allons devoir contribuer à l’effort collectif, ma chérie... J’ignore qui est cette fille, mais sa tenue me rappelle les uniformes des soldats tekhanes. On devrait en savoir plus sur son identité quand le vaisseau sera sorti. »

Akira vit donc une femme vêtue d'une combinaison très moulante, être sortie du vaisseau avant d'être déposée...

- Si les Martiennes ressemblent à ça, je veux bien me faire envahir tout de suite !

-J’espère qu’elle vient pour se reproduire...

-Idiotes ! C’est une Tekhane !

Et la jeune vampire leva les yeux au ciel. Décidément, que ce soit sa mère ou ses amies, elles ne pensaient toutes qu'à ça. Donc, c'était une Tekhane ? Pourtant, Akira avait eu l'occasion de voir les différents appareils de Tekhos lors d'une parade – alors qu'elle faisait une sorte de voyage d'apprentissage sur Terra avec sa mère – et elle était certaine que ce chasseur n'y figurait pas.

- Commencez par sortir ce vaisseau de la flotte !

- Euh... Il est plutôt lourd, non ?

- Allez chercher des cordes, et enroulez-les un peu partout, puis attachez-les à plusieurs poteaux. On tire d’énormes blocs de granit avec cette technique. Ayumi, de ton côté, tu utiliseras l’eau pour créer de puissantes secousses et ainsi faciliter le déplacement du vaisseau. On a besoin de le sortir pour trouver l’identité de cette mystérieuse femme. Exécution ! Liana, file au harem, et va chercher une quinzaine de gardes. Ils ne seront pas de trop pour nous aider à le sortir de là.

Tandis que tout le monde s'exécutait, les deux vampires se rapprochèrent de la jeune femme inconsciente. Akira avait toujours été surprise par le code vestimentaire des Tekhanes et ils fallait l'avouer, elle était toujours autant gênée... Comment on pouvait porter un truc... qui laissait tout voir ? Nan, c'est vrai quoi ! Pourquoi porter une combinaison qui colle tellement à la peau qu'elle laisse apparent toutes les parties intimes ? Même le nombril était visible...

- Je crois que nous allons devoir contribuer à l’effort collectif, ma chérie... J’ignore qui est cette fille, mais sa tenue me rappelle les uniformes des soldats tekhanes. On devrait en savoir plus sur son identité quand le vaisseau sera sorti.

- Je crois que je me ferais jamais à ce genre de vêtement... Pour en revenir au vaisseau, je me souviens qu'il n'était pas présent lors de la parade. Ça devait être un vol d'essai et, manque de bol pour elle, il y avait un portail sur son chemin...

Pendant que les filles revenaient avec des cordes, Ayumi sorti du manoir à son tour avec un appareil numérique. La jeune vampire se demandait ce qu'elle comptait faire, jusqu'à voir l'eau s'écarter sur son passage. Elle compris alors.

- Bonne idée, ça va nous faire gagner du temps.

En effet, si Ayumi pouvait très bien voir sous l'eau, la nageuse savait d'avance qu'elle aurait des difficultés à décrire un quelconque symbole. Et l'appareil étant assez fragile au contacte de l'humidité... En revenant, elle montra l'image obtenue aux deux vampires. On pouvait ainsi y voir six ronds et un cercle verts, tous relier par des traits. Le tout était sur un fond bleu en forme de losange.

- Bizarre, ça ressemble pas à Tekhos ça... On dirait plutôt des... truc... dans un ciel...

C'est alors qu'une voix se fit entendre dans l'oreillette de la femme. Une voix grésillant et entrecoupée, comme si il y avait des interférences.

- Co...el, me rec...ous ?! ...onel ?! Vou...parue des ...ars, imp...le de vo...liser ! Ré...dez ...olonel... !

Et une autre, plus jeune et un brin hautaine, prit rapidement la relève.

- Co...el So...ku, ...dez! Ici ... lieu...ante ...hiko! Ré...moi! Nous ...cun sig...! Bordel, qu...se ... fin!?

Si Akira fut surprise d'avoir en face d'elle une colonel, Mélinda pouvait au moins reconnaître l'une de ces deux voix, pour avoir déjà fait un petit chantage avec sa propriétaire dans Tekhos.

« Je crois que je me ferais jamais à ce genre de vêtement... Pour en revenir au vaisseau, je me souviens qu'il n'était pas présent lors de la parade. Ça devait être un vol d'essai et, manque de bol pour elle, il y avait un portail sur son chemin... »

Un bon point pour sa fille... Elle avait une bonne mémoire visuelle, et, comme elle n’avait jamais été sur Terra, la parade militaire de Tekhos l’avait bien plus intéressé que Mélinda... Qui, à vrai dire, avait préféré regarder les fesses des soldates plutôt que ces gros engins moches et bruyants dans le ciel. Akira étant moins perverse qu’elle, elle avait donc plus fait attention au ciel qu’aux uniformes des soldates. Quant à leur tenue... Pour le coup, Mélinda la rejoignait. Pour elle, c’était l’exemple parfait que Tekhos était un regroupement de frustrées sexuelles, ce qui, selon elle, était lié à leur rejet du sexe masculin. Ce n’était pas un hasard si les uniformes tekhans faisaient fureur dans les soirées costumées que Mélinda organisait au harem. Cette jeune femme ne faisait pas exception. Elle était terriblement sexy.

Tandis que les filles s’affairaient, Ayumi en profita pour essayer d’explorer le contenu du vaisseau, prenant des photos de l’engin avec un appareil photo. Mélinda espéra que ce dernier n’allait pas être bousillé au contact de l’eau, mais, visiblement, la nageuse avait choisi précautionneusement un équipement supportant le contact de l’eau. Elle en sortit ainsi une image montrant un blason, et Mélinda fronça les sourcils en le voyant, le reconnaissant immédiatement.

Caelestis. Les Celkhanes. Dans sa tête, plusieurs connexions s’établirent, lui rappelant cette redoutable Celkhane surexcitée qui l’avait attaqué à Tekhos : Suki Tetsuhiko. Suki, et sa seconde, Kairi, avec qui elles avaient fait l’amour dans une chambre d’hôtel, et qu’elle avait laissé en plan. C’était bien la preuve que Mélinda était gentille ; elle aurait tout à fait pu les prendre avec elle, et les torturer dans les geôles ashnardiennes. Les Ashnardiens n’aimaient pas trop les Celkhanes, et avoir l’opportunité d’en tuer deux était une belle occasion à ne pas rater. Pour autant, Mélinda les avait laissé vivre, les avait laissé repartir, et leur avait même laissé un souvenir : une vidéo de leurs ébats, et qui pouvait à tout moment se retrouver sur le Net, et ainsi sonner le glas de la Celkhane. Si l’opinion publique apprenait que deux Celkhanes s’étaient envoyées en l’air avec une esclavagiste ashnardienne, en l’appelant de surcroît « Maîtresse », Caelestis serait obligé de passer les deux femmes en cour martiale.

*C’est donc une Celkhane... Est-ce qu’elles sont toutes sexy ou quoi ? Et, visiblement, ce ne doit pas être une simple recrue, pour piloter son chasseur...*

Il faudrait néanmoins explorer plus en profondeur le vaisseau pour obtenir de plus amples informations... Ou alors, accéder aux registres militaires celkhans. En farfouillant un peu sur Internet, on pouvait accéder à quelques registres publics. On n’y apprenait pas grand-chose, mais c’était toujours mieux que rien.

« Bizarre, ça ressemble pas à Tekhos ça... On dirait plutôt des... truc... dans un ciel... »

Se tournant vers sa fille, Mélinda commença à lui répondre. Elle ne devait probablement pas connaître Caelestis, qui était après tout un État relativement petit, et, n’en déplaise à la fierté celkhane, relativement marginal. Il n’intéressait réellement que les esclavagistes. Son armée n’étant pas particulièrement nombreuse, du fait de sa taille assez réduite, l’Archipel était rarement au cœur des débats du Conseil impérial.

« C’est l’un des symboles de Caelestis, Akira. Il s’agit de... »

A cet instant, une radio se mit à crachoter, émanant de la Celkhane, et Mélinda s’interrompit.

« Co...el, me rec...ous ?! ...onel ?! Vou...parue des ...ars, imp...le de vo...liser ! Ré...dez ...olonel... ! »

« Co-el » ? La transmission était mauvaise, sans doute parce qu’elle passait à travers un Portail, ou parce que le vaisseau était endommagé. Elle se rapprocha de la femme. Elle entendit également « olonel », et fronça les sourcils, tandis qu’une autre voix, plus forte et autoritaire, résonna à nouveau :

« - Co...el So...ku, ...dez! Ici ... lieu...ante ...hiko! Ré...moi! Nous ...cun sig...! Bordel, qu...se ... fin!? »

Mélinda s’agenouilla près de la femme, fléchissant les genoux. C’était... On dirait la voix de Suki. Une colonel Celkhane, qui s’appelait « So-ku », ou quelque chose comme ça. C’était une haut-gradée. Mélinda se pencha vers la femme, attrapa l’oreillette, la contempla entre ses ongles... Et la brisa.

« Comme c’est intéressant..., lança-t-elle silencieusement. Une colonel celkhane... »

Ainsi, un portail menait tout droit de Caelestis à son manoir... C’était terriblement risqué. Mélinda regarda le ciel, s’attendant presque à voir une armada de vaisseaux débarquer, mais il y avait peu de chances. Passer à travers un portail ne faisait généralement pas très bien pour les instruments de bord. Il y avait tellement d’interférences magiques et électromagnétiques dans les portails...

« Caelestis est un petit État rattaché à Tekhos, Akira. Leur credo officiel est de lutter contre l’esclavage, ce qui les place dans une situation délicate, car Tekhos elle-même tolère cette pratique. Et ne les juge pas trop vite, mon ange ; elles sont encore plus sexistes que les Tekhanes, et ne respectent rien. Leur conception de la liberté est telle qu’elles empiètent volontiers sur la souveraineté des États. Pour beaucoup, Caelestis est un État-voyou, car l’esclavage est une pratique courante, légale, autorisée et encadrée, sur Terra. »

Mélinda n’avait cependant pas le temps de faire un discours complet, mais elle savait qu’Akira était hostile à l’esclavage, d’où sa volonté de rapidement préciser que l’Archipel n’était pas quelque chose d’idyllique. Mélinda considéra silencieusement la colonel, se demandant que faire d’elle... Sa tête était sûrement mise à prix, mais elle ne rapporterait pas grand-chose. Les Celkhanes, à vrai dire, était bien plus utiles pour les esclavagistes que ce qu’elles pensaient.

« Bon... Commençons par nous occuper de ce vaisseau. Si jamais tu veux te renseigner, Akira, il y a des informations sur l’Archipel dans la bibliothèque. Ayumi ? Essaie de couper l’ordinateur de bord du vaisseau. Je ne veux pas que les Celkhanes puissent remonter le signal et envoyer des commandos de choc dans mon manoir. »

Ce serait tout à fait le style des Celkhanes, et Mélinda n’avait pas envie de se retrouver avec de nouvelles Celkhanes sur les pattes. On commençait à mettre de solides cordes autour des ailes du vaisseau, du moteur, du cockpit. Liana était revenue, et Mélinda l’attacha à la surveillance de la Celkhane.

« Si elle se réveille, tu miaules immédiatement.
 -  Chef, oui, chef ! » s’exclama Liana en se mettant au garde-à-vous, avant de se poser sur le ventre de Sora, et de froncer les sourcils en observant son visage.

Akira écouta donc sa mère à propos de Caelestis et ses habitantes, mais trouvant tout de même les explication un peu trop simple, se promettant de se renseigner plus en profondeur sur ces anti-esclavagistes. La jeune vampire avait un peu trop souffert durant la nuit suivant sa capture, pour être entièrement d'accords avec Mélinda. Pourtant, elle savais que les filles du manoir était bien traitées. Elle supposa donc que les Celkhanes combattaient avant tout les esclavagistes irrespectueux.

- Bon... Commençons par nous occuper de ce vaisseau. Si jamais tu veux te renseigner, Akira, il y a des informations sur l’Archipel dans la bibliothèque. Ayumi ? Essaie de couper l’ordinateur de bord du vaisseau. Je ne veux pas que les Celkhanes puissent remonter le signal et envoyer des commandos de choc dans mon manoir.

Elle la remercia du regard et fila dans la bibliothèque, sans doute le lieux qu'elle connaissait le plus ici. De son coté, Ayumi hésitait et se retrouvait rouge confuse, ne sachant pas vraiment quoi faire. D'un coté, sa Maîtresse lui avait demandée quelque chose et elle voulait lui faire plaisir... mais d'un autre, couper l'ordinateur de bord reviens à le court-circuiter, dans la mesure où elle ne savait pas comment le désactiver autrement. Hors, celui-ci se trouvait sous l'eau et elle n'avait aucune envies de se faire électrocutée. Conclusion, elle était complétement perdu et préféra attendre que le vaisseau soit complétement sortit de la piscine. C'est alors que Liana ramena le bout de son nez.

- Si elle se réveille, tu miaules immédiatement.

- Chef, oui, chef !

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Ce n'est qu'une trentaines de minutes plus tard, peu de temps après que Ayumi ait pu couper l'ordinateur de bord sans risques, que la Colonel montra des signes de réveils en remuant un peu. Mais à peine ouvrit-elle les yeux, qu'une espèce d'alarme – ressemblant à s'y méprendre à une Neko – résonna dans ses tympans et lui fit refermer les yeux en plaquant ses mains sur les oreilles. De plus, elle sentait comme un poids sur son ventre. C'est en les rouvrant qu'elle vit effectivement une Neko rousse, qui miaulait à la mort.

- Miaaaaaaaaaaaaaw !! Miaaaaaaaaaaaaaw !! Miaaaaaaaaaaaaaw !! Miaaaaaaaaaaaaaw !!

- Ma têêêêêêêêêêêteeeeeeee !!!! Répliqua t-elle avec une voix pâteuse.

Obnubilée par celle qui lui cassait les oreilles, Sora n'avait pas encore vue où elle avait atterrie, ni l'état dans lequel se trouvait son appareil.

« Faites la taire... Quelqu'un... Pitiéééééé... »

« HOOOOO-HIIIIIISSSEEEE !! HOOOOOO-HIIISSSEEEE !!! »

Soulever cet énorme vaisseau n’était pas donné, et Mélinda, en compagnie de plusieurs gardes, aidaient ses filles, qui hurlaient pour s’encourager, en tirant sur les grosses cordes qui avaient été nouées un peu partout. Le vaisseau pesait des tonnes et des tonnes, et les cordes avaient été solidement nouées autour de poteaux pour soutenir le poids. Ayumi était centrale, car elle faisait bouillir l’eau, et utilisait des tentacules aqueux pour soulever le vaisseau. Couper l’ordinateur de bord étant pour l’heure impossible, Mélinda avait mis les bouchées doubles pour le faire sortir, avant qu’un signal d’urgence, ou un autre truc de ce genre, ne se déclenche. Elle savait que les Celkhanes étaient têtues et assez extrémistes. Si elles apprenaient qu’un haut gradé était entre les griffes d’une esclavagiste, elles pouvaient tout à fait débarquer en force. Elle le faisait déjà sr Terra, sans vergogne pour le respect de la souveraineté des États, alors, sur Terre, où Ashnard n’avait aucune influence... Il y avait peu de chance qu’elles empruntent le Portail qui se trouvait dans le ciel, mais elles pouvaient toujours en prendre d’autres.

*Pourquoi diable est-ce que les emmerdes me tombent toujours dessus ?* se demandait-elle en tirant, ses griffes s’enfonçant dans le cordage.

Le vaisseau commença à remuer. L’idée était de relever le cockpit en faisant pression sur l’arrière du vaisseau, Ayumi essayant de le soulever avec ses tentacules. De cette manière, il suffirait ensuite de simplement pousser le vaisseau. Si Mélinda aurait eu plus de temps, elle aurait appliqué le système qu’on avait utilisé en Égypte antique, en créant des espèces de piliers, où les esclaves n’avaient qu’à pousser, afin de faire tourner le pilier, et ainsi tracter des objets énormes. Le vaisseau finit par se soulever, répandant de l’eau partout, et se fit tirer.

« Allez, allez, allez, allez !! Raah, saloperie de bordel d’enculé de vaisseau à la con ! »

Mélinda sifflait, rouge, en sueur, et le vaisseau racla sur le sol, avant de finalement s’écarter de quelques mètres. Le cockpit était toujours au-dessus de la piscine, mais il était sorti. Épuisée, Mélinda ordonna qu’on coupe pour de bon l’ordinateur de bord, et Ayumi commença par vider le vaisseau de toute eau en le chauffant. L’eau ne tarda pas à s’évaporer, et les machines furent ensuite éteintes. Ce faisant, Mélinda alla s’étaler sur un transat, éreintée, comme la plupart des autres filles, qui soufflaient lourdement, les bras massacrés. Elle ferma les yeux, et ne put se reposer que quelques minutes, avant que Liana ne se mette à hurler à la mort.

« Miaaaaaaaaaaaaaw !! Miaaaaaaaaaaaaaw !! Miaaaaaaaaaaaaaw !! Miaaaaaaaaaaaaaw !! rugit-elle
 -  Ma têêêêêêêêêêêteeeeeeee !!!! répondit la Celkhane, pleinement réveillée.
 -  Miiiaaaaaaawwww !! Miiiaaaaaawwww !!! Miiiaaaaaaaaaaaawwww !!! »

Mélinda siffla entre ses lèvres, et Liana se tut brusquement, continuant à fixer la Celkhane endormie. Plusieurs des filles s’étaient relevées. Personne n’osait retourner dans l’eau de la piscine, et on avait commencé à vider le bassin, pour remettre ensuite une eau plus propre. Dieu seul sait quelles saloperies le vaisseau celkhan avait pu amener dans l’eau en s’écrasant.

« C’est bon, Liana, laisse-là respirer un peu...
 -  Oui, Maîtresse. »

Mélinda soupira lentement. Maîtresse... Si la Celkhane ne comprenait pas où elle se trouvait, c’était maintenant chose réglée. Mélinda fit donc signe aux quelques gardes qui l’accompagnaient de se méfier. Ils portaient l’uniforme traditionnel du harem, une tenue noirâtre et ample, avec un casque qui dissimulait habilement leur visage, à l’exception de leurs lèvres. Mélinda s’approcha de la femme, et la laissa se redresser. Elle était belle et sexy, surtout avec l’eau sur son corps.

« On peut dire que vous avez visé juste en atterrissant, petite Celkhane... Pile dans ma piscine. A quelques mètres près, vous manquiez tuer quelqu’un ou faire exploser votre vaisseau infernal. »

Elle la laissait se remettre, et précisa :

« Comme vous avez du le comprendre, vous n’avez pas atterri chez une sympathisante celkhane. En théorie, je devrais vous remettre aux autorités ashnardiennes sous l’inculpation de terroriste... Mais nous sommes bien loin de la juridiction ashnardienne, et vous êtes toute seule. Je vous conseille donc de réfréner rapidement vos ardeurs, et j’en ferais de même. »

La précaution pouvait sans doute paraître excessive, mais la seule expérience concrète de Mélinda avec les Celkhanes était une sergente enflammée, une tête brûlée. Suki Tetsuhiko, qui l’avait attaqué alors qu’elle faisait une tractation commerciale... Illégale, certes, mais les peines encourues pour acheter des esclaves en-delà des seuils tekhans légaux se résumaient à payer des amendes, pas à se faire canarder par des folles furieuses hystériques.

« Je m’appelle Mélinda Warren, et, au cas où vous ne l’auriez pas compris, vous avez atterri chez moi, sur Terre. »

Les gardes étaient proches de Sora, prêts à bondir sur elle au moindre signe suspect. Ils savaient que les Celkhanes manipulaient la magie, et n’hésiteraient pas à frapper cette femme si jamais elle faisait mine de vouloir utiliser sa magie. Mélinda voulait juste clarifier les choses avec cette femme. Ne joue pas à la conne, ma poupée, ou tu le regretteras.

« C’est... C’est une terroriste ?! demanda Liana d’une petite voix, sa tête entre les jambes de Mélinda. Elle... Elle ne va pas m’enlever, hein ?
 -  Ne t’en fais pas, ma belle, répliqua Mélinda avec un sourire, parlant à voix basse, tu es à moi, et tu le resteras toujours. »

L'alarme continua encore un bon moment, avant qu'un sifflement ne finisse par l'arrêter. Ce fut si soudain que cela surpris Sora. Lorsque la colonel ouvrit les yeux, elle se rendit alors compte que c'était effectivement une Neko qui se tenait sur elle, la fixant sans sourciller. Enfin, la femme à l'origine du sifflement se manifesta de nouveau, faisant descendre la Neko de son ventre.

- C’est bon, Liana, laisse-là respirer un peu...

- Oui, Maîtresse.

Maîtresse... La Celkhane tiqua sur ce mot qui ne pouvait signifier que deux choses. Au mieux, elle avait atterrie chez une noble qui avait achetée une esclave et aux pire, dans la demeure d'une esclavagiste. Malheureusement, les gardes autours d'elle semblaient allez dans le sens du second choix. La femme s'approcha d'elle et Sora put constater qu'elle ressemblait fortement à la description physique de Mélinda Warren.

- On peut dire que vous avez visé juste en atterrissant, petite Celkhane... Pile dans ma piscine. A quelques mètres près, vous manquiez tuer quelqu’un ou faire exploser votre vaisseau infernal.

Atterrir était un mot plutôt mal employé, vu l'état de son vaisseau. Sept ans qu'elle le pilotait pour qu'il finisse en tas de ferraille, c'était vraiment un triste sort. En se redressant sur le transat, elle ne put s'empêcher un commentaire.

- Généralement, lorsqu'on "atterrie" ainsi, on ne contrôle pas grand-chose. Remerciez plutôt le Portail d'être placer juste en face de votre piscine...

Ce qui était sûr, c'est qu'il lui faudra d'abords trouver un Portail vers Tekhos si elle souhaitait rentrer sur Caelestis. Même si son vaisseau pouvait voler de nouveau, le passer en sens inverse reviendrait au même. Pire encore, elle s'écraserait de plus haut. La colonel avait eu de la chance de se retrouver au dessus de la cime des arbres et non pas à plus de 2000m d'altitude.

- Comme vous avez du le comprendre, vous n’avez pas atterri chez une sympathisante celkhane. En théorie, je devrais vous remettre aux autorités ashnardiennes sous l’inculpation de terroriste... Mais nous sommes bien loin de la juridiction ashnardienne, et vous êtes toute seule. Je vous conseille donc de réfréner rapidement vos ardeurs, et j’en ferais de même.

Terroristes... C'est donc ainsi que les esclavagistes vois les Celkhanes ? Au moins, elles les terrorisent, comme le prouve certaines rencontres. Des grandes gueules en public, qui font dans leurs froc lorsqu'il tombent nez à nez avec tout un commando, comme le prouvent la plus grandes majorité des missions. Du moins, lorsque cela concerne des hommes humains.

- Conseil bien inutile étant donné que je ne suis pas encore suicidaire. Je ne suis pas aveugle, je vois bien que je suis en sous-effectif.

- Je m’appelle Mélinda Warren, et, au cas où vous ne l’auriez pas compris, vous avez atterri chez moi, sur Terre.

- Je vous est reconnue à la description des rapports et je me doute qu'aillant traversée un Portail, je ne peut être que dans les environs de Seikusu, sur Terre.

Non mais oh là ! Faudrait un peu arrêter de la prendre pour imbécile maintenant ! Sora regarda un peu autour d'elle, observant le lieu où elle avait atterrie – en l'occurrence le manoir et sa piscine – et fut de nouveau surprise en voyant les esclaves... qui étaient toute en maillot de bain et qui discutaient de nouveau entres elles ou retournaient dans le bassin.

- C’est... C’est une terroriste ?! Elle... Elle ne va pas m’enlever, hein ?

- Ne t’en fais pas, ma belle, tu es à moi, et tu le resteras toujours.

La colonel tiqua de nouveau mais ne dit rien là-dessus. En temps normal, elle aurait dit ses quatre vérités à une esclavagiste en la traitant de tout les noms, mais quelque chose l'en empêcha. Plus particulièrement cette apparente liberté chez les esclaves.

- Vous savez... Généralement, lorsqu'on tombe sur des esclavagistes, on trouve toujours les mêmes choses... Des femmes en cage, issues de villages réduits en cendres dont les familles ont été brisées, fouettées et torturées jusqu'au sang. Parfois même, on tombes sur des fillettes de 4 ou 5 ans, violées et utilisées comme de simples jouets sexuels jetables. Et ne venez pas me dire qu'il est tout a fait normal de réduire ainsi à néant la vie d'enfants, seulement pour se faire de l'argent. C'est tout simplement impardonnable.

Sora laissa un bref silence avant de reprendre.

- Vous vous demandez surement pourquoi je vous parle de ça... Et bien je vous avoue que je suis surprise. C'est bien la première fois que je tombe sur des esclaves discutant joyeusement autour d'une piscine. Mais j'imagine que c'est parce que nous sommes sur Terre. Vous auriez rapidement les autorités sur le dos, dans le cas contraire... Au fait, je suppose que vous ne me laisserez pas partir tranquillement, pour trouver le Portail le plus proche vers Tekhos ?

Une esclavagiste tenant une Celkhane isolée et presque sans défenses... Sora doutait en effet qu'on la laisse repartir tranquillement sans rien en retour. Manque de bol pour Mélinda, la colonel n'était pas prête à révéler certaine info, même sous la torture ou la menace. Et impossible de menacer la vie d'une possible équipière dans ce cas précis.

La conversation entre les deux femmes était lourde, et pleine de tension. Elles se jaugeaient du regard, semblables à deux espèces de prédatrices ayant une vision opposée de la vie. Pour Mélinda, les Celkhanes étaient des folles furieuses hystériques qui tiraient sur tout ce qui bogue, des espèces de cow boys des temps modernes se prenant pour des justicières enflammées. Il fallait bien reconnaître que ce n’était pas la réalité exacte, mais, quand on avait eu pour seule connaissance avec les Celkhanes une folle furieuse enflammée qui l’avait attaqué dans un club, poursuivi à travers la ville, et qui l’avait affronté, on pouvait difficilement avoir une autre version que celle répandue par la propagande impériale. Sora lui parla alors. Elle reprenait rapidement ses esprits, en tout cas, et la plupart des filles étaient sur la défensive, ce qui était compréhensible. D’autres inspectaient le vaisseau, prenant des photo. Ce n’était pas tous les jours qu’on tombait sur un vaisseau spatial, et, quand bine même ce vaisseau ne pouvait pas aller dans l’espace, ce n’était pas bien grave. Il avait la classe !

Pendant ce temps, Sora exposait sa version des faits, ainsi que sa surprise par rapport à ce qu’elle voyait. Des esclaves souriantes et heureuses, voilà qui changeait en effet des cas extrêmes. Mélinda croisa les bras, debout, tandis que Sora continuait à parler, à défendre son cas, et à avouer ses troubles... Tout en se demandant si ceci n’était pas un subterfuge. Mélinda haussa imperceptiblement les yeux au ciel, avant d’hausser les épaules, jusqu’à ce que Sora se décide, contre toute attente, à faire preuve d’une petite note d’humour :

« Au fait, je suppose que vous ne me laisserez pas partir tranquillement, pour trouver le Portail le plus proche vers Tekhos ? »

La question fit glousser Mélinda, qui secoua la tête, et répondit assez rapidement :

« Ma compagnie vous déplairait-elle à ce point que vous vouliez déjà vous débarrasser de moi ? Voyons, ma chère, soyez sérieuse. Pour moi, vous restez une femme dangereuse, et, quand bien même vous avez un adorable minois et une combinaison des plus moulantes, je n’ai pas spécialement envie qu’un commando celkhan débarque à nouveau pour tenter de me liquider. »

Le « à nouveau » était sciemment mis pour que Sora comprenne qu’elle avait déjà eu affaire à des Celkhanes. Après tout, vu comment l’opération de Suki avait tourné, il était probable que l’inflexible et impulsive sergente s’était débrouillée pour étouffer l’affaire, et éviter que sa hiérarchie ne sache qu’elle s’était joyeusement envoyée en l’air avec une ennemie. Mélinda s’assit sur un transat, face à Sora, et poursuivit donc.

« Pour le reste... Je ne vais pas vous faire un cours sur l’esclavage, car je ne doute pas qu’on doit vous apprendre cela dans votre archipel flottant, mais, pour résumer, les pratiques esclavagistes se découpent en deux aspects : un esclavage industriel, qui est celui que vous m’avez parlé, et un esclavage de luxe, qui est le mien. »

Pour Mélinda, l’esclavage industriel désignait les grandes propriétés, les esclavages de masse, incluant des milliers d’esclaves qu’on dressait à la chaîne. L’ampleur de ce commerce impliquait des formations rudimentaires et rapides, brèves et succinctes, qui tournaient donc autour de la force. L’esclavage de luxe était assez différent, mais, même au sein de cet esclavage-là, bien des filles étaient maltraitées. Mélinda, effectivement, ne l’ignorait pas, et, effectivement, elle trouvait cela... Non pas choquant, mais regrettable.

« Déterminer ce qui est juste ou non ne m’appartient pas, ma chère Sora. Je laisse le soin à la loi de décider ce qui est acceptable ou pas. Je considère la violence comme quelque chose de regrettable, car j’estime qu’il y a bien d’autres manières plus efficaces de former, d’éduquer, et de préparer mes filles. Voilà pourquoi je ne les bats que quand je n’ai pas d’autres solutions. N’allez pas vous méprendre ; ce n’est pas moi qui ferais des procès d’intentions à mes confrères. Je ne suis pas pédophile, mais ce n’est pas pour ça que j’irais traquer tous les pédophiles du monde. Et, si vous croyez que vos coups d’éclat changeront les mentalités, vous vous trompez, Mlle Sokoku. Et vous vous trompez encore plus que vous n’êtes pas la mieux placée pour juger les autres. »

Tandis que Mélinda parlait, Liana l’avait rejoint, se mettant sur le transat, glissant sa tête sur ses jambes, et la vampire, toujours très posée, lui caressa la tête, en parlant.

« Mais peu importe, dans le fond. Je n’ai pas envie de discuter de l’esclavage avec vous, ou de votre conception curieuse de l’égalité des sexes. Nous ne sommes pas si différentes, vous et moi. Ce qu’il faut que j’arrive à déterminer, c’est ce que je dois faire de vous. »

Mélinda se mordilla les lèvres, comme si elle réfléchissait, tout en continuant à caresser la tête de Liana.

« Hum... De toute manière, je vous imagine mal repartir en laissant sur place l’un de vos vaisseaux, n’est-ce pas ? Alors, alors... Très bien... Je vous propose d’être... Mon invitée... Une invitée un peu particulière, car vous ne serez jamais entièrement seule, mais je suppose que vous comprenez aisément pourquoi. Je peux difficilement faire confiance à une Celkhane, quand l’une de vos subordonnées a déjà tenté de me tuer. Mais bon, peut-être que ceci vous amènera à reconsidérer votre position sur les esclavagistes... »

Et peut-être que ça conduirait aussi Mélinda à revoir son point de vue sur les Celkhanes, mais elle en doutait. Ce qu’elle proposait à Sora était très honorable, et, de toute manière, la Celkhane ne pouvait pas trop refuser. C’était ça, ou le cachot. Mélinda lui proposait une liberté très encadrée, car elle n’avait aucune confiance envers cette femme.

« ...Et à réaliser que nous ne sommes pas tous des bourreaux d’enfants qui se complaisent dans la perversion et dans la cruauté. »

Après avoir glousser un moment suite à sa petite remarque, Mélinda lui répondit bien rapidement.

- Ma compagnie vous déplairait-elle à ce point que vous vouliez déjà vous débarrasser de moi ? Voyons, ma chère, soyez sérieuse. Pour moi, vous restez une femme dangereuse, et, quand bien même vous avez un adorable minois et une combinaison des plus moulantes, je n’ai pas spécialement envie qu’un commando celkhan débarque à nouveau pour tenter de me liquider.

- Une combinaison moulante hein ? Je pense qu'il faudrait en effet que je reste un peu, ne serrais-ce pour mettre certaine choses au point. Je ne doute pas que vous voyez les Celkhanes comme des sortes de frustrées sexuelles, et je regrette cette vision des choses.

La combinaison était, après tout, purement fonctionnelle. Hors, sa ressemblance avec les combinaisons de latex prêtaient souvent à confusion. Et c'était bien dommage. La vampire vint s'assoir en face d'elle, avant de poursuivre ses explications.

- Pour le reste... Je ne vais pas vous faire un cours sur l’esclavage, car je ne doute pas qu’on doit vous apprendre cela dans votre archipel flottant, mais, pour résumer, les pratiques esclavagistes se découpent en deux aspects : un esclavage industriel, qui est celui que vous m’avez parlé, et un esclavage de luxe, qui est le mien...

Mélinda continua ainsi pendant un moment, argumentant que ce n'était pas elle qui décidait de ce qui était juste ou non, et tout un tas d'autres choses. Argument que Sora considérait comme irrecevable et quelque peu de mauvaise fois.

- Nos coups d’éclat n'ont pas pour but de changer les mentalités. Notre lute concerne quelque chose de bien plus important, dont les gouvernements n'ont que faire, préférant priver la population de Terra de toute liberté. Et c'est bien ça le problème. Si vous voulez que je développe, il faudra le faire avec un tableau.

- Mais peu importe, dans le fond. Je n’ai pas envie de discuter de l’esclavage avec vous, ou de votre conception curieuse de l’égalité des sexes.

Sora leva les yeux au ciel. Une fois encore, une esclavagiste préférait se mettre la tête dans le sable et continuer son petit trafique de vie humaine pour se faire de l'argent. Et après, on disait qu'on pouvait pas dialoguer tranquillement avec une Celkhane. Mais leur laissait-on le choix ? Pour ce peuple, il était impossible de se faire entendre sans avoir recours à la violence.

- Je vous propose d’être... Mon invitée... Une invitée un peu particulière, car vous ne serez jamais entièrement seule, mais je suppose que vous comprenez aisément pourquoi. Je peux difficilement faire confiance à une Celkhane, quand l’une de vos subordonnées a déjà tenté de me tuer. Mais bon, peut-être que ceci vous amènera à reconsidérer votre position sur les esclavagistes... Et à réaliser que nous ne sommes pas tous des bourreaux d’enfants qui se complaisent dans la perversion et dans la cruauté.

La colonel se leva donc mais souhaitait tout de même préciser une petite chose.

- Je n'accepterais que si vous daignez m'écouter jusqu'au bout, disons... dans votre bureau ? Vous ne souhaitez peut être pas parler d'esclavage, mais c'est l'une des pièce du puzzle. Ce n'est pas un secret défense et, à vrais dire, les gouvernements sont déjà au courant. C'est seulement qu'ils refusent d'admettre la chose et préfèrent la passer sous silence, ce qui nous oblige à agir plus... violement.

Elle espérait tout de même avoir réussie à attiser la curiosité de la vampire. Dans le cas contraire, elle devra chercher un moyen pour retourner sur Terra.

La conversation entre les deux femmes ressemblait à un curieux dialogue de sourds. Mélinda avait son point de vue sur la question, et Sora aussi. En revanche, Mélinda ne pouvait pas dénier que certains des propos de Sora l’avaient... Intéressé. Elle lui avoua que l’objectif des Celkhanes ne se limitait pas qu’à l’esclavage, mais concernait quelque chose de bien plus important. Comme ce n’était pas l’impression que ça donnait, Mélinda ne savait pas trop quoi en penser, et avait les sourcils froncés alors que la délicieuse colonel en tenue moulante se relevait, et se mettait à parler :

« Je n'accepterais que si vous daignez m'écouter jusqu'au bout, disons... dans votre bureau ? Vous ne souhaitez peut être pas parler d'esclavage, mais c'est l'une des pièce du puzzle. Ce n'est pas un secret défense et, à vrais dire, les gouvernements sont déjà au courant. C'est seulement qu'ils refusent d'admettre la chose et préfèrent la passer sous silence, ce qui nous oblige à agir plus... violement. »

Mélinda claqua sa langue sur ses lèvres, réfléchissant brièvement, puis se releva. Elle était toujours dans un maillot de bains 2 pièces noir, et se tapota les lèvres, puis s’avança vers Sora. Elle passa à côté d’elle, et laissa le temps à cette dernière d’observer son postérieur, avant de tourner la tête vers elle.

« Très bien. Ce n’est pas tous les jours que j’ai droit à une Celkhane chez moi, alors... Pourquoi ne pas discuter autour de mon bureau, oui... Liana, sois gentille, et apporte-nous quelques rafraîchissements, il fait chaud... Du sang frais pour moi, et... Sora prendra ce qu’elle veut.
 -  Bien, maîtresse ! confirma l’intéressée, avant des ‘avancer à quatre pattes, près de Sora, puis de s’asseoir sur le sol, en position assise du chat. Vous désirez quelque chose ? De l’eau, du jus d’orange, du Coca ? »

Mélinda eut un sourire, puis rentra dans le manoir. Toutes les fenêtres ou presque étaient grandes ouvertes, et, malgré la climatisation, la forte hausse de température avait conduit les filles à dévaliser les magasins à la recherche de ventilateurs. Mélinda s’avança donc le long d’un salon, et grimpa le long d’un escalier. Elles s’engagèrent ensuite dans un couloir éclairé, les fenêtres ouvertes, et la vampire se retourna alors vers Sora.

« Au fait... Vous saviez que des marchandes tekhanes revendent à prix d’or vos uniformes ? Sauf que les acheteuses potentiellement intéressées ne le font pas pour la gloire du costume... »

Du moins, les vendeuses prétendaient que les uniformes étaient d’origine, mais Mélinda en doutait. Elle supposait que le tissu devait être légèrement différent, car les costumes étaient généralement, sauf quelques exceptions, en latex. Le chemin de Mélinda la conduisit assez rapidement vers son bureau, qui se trouvait au bout d’un petit couloir à l’entrée du manoir. Elle y rentra, et ouvrit les fenêtres, fenêtres qui donnaient sur la piscine. Le gros vaisseau celkhan reposait par terre, dégoulinant d’eau, et Mélinda pouvait entendre Kaori et Clara discuter en le regardant, Clara mangeant une glace.

« Il est gros, ce machin ! commentait Clara. Je me verrais trop le piloter dans le ciel et éclater des vaisseaux ennemis ! Ou bombarder toute une ville, ça pourrait être cool ! »

Soupirant, Mélinda referma les fenêtres, afin d’avoir un peu plus d’intimité, et enclencha le ventilateur posé sur son bureau, qui se mit à tourner de droite à gauche, faisant remuer les cheveux mouillés de la vampire. Elle s’assit sur un fauteuil, de l’autre côté du bureau, et leva les jambes, les posant sur le meuble, avant de regarder Sora.

« D’ailleurs, si votre tenue vous coule, vous pouvez la retirer... Mais j’imagine qu’elle doit être prévue pour éviter de coller... Bref... Puisque vous avez beaucoup à parler, ma chère Sora, je vous invite à le faire... Mais pas avant que je n’aie eu l’occasion de me rafraîchir un peu... J’ai la gorge sèche. »

Les deux femmes, fort heureusement, n’eurent pas trop longtemps à attendre, avant que Liana n’arrive, apportant avec elle les collations demandées. Mélinda prit son verre de sang, et offrit à Liana une caresse sur la tête, puis lui ordonna d’aller éventuellement chercher Akira.

« Ma fille est une grande curieuse..., se justifia Mélinda. Je suis sûre que votre histoire pourrait l’intéresser, mais n’hésitez pas à commencer. »

Dans le bureau, il y avait, outre une énorme étagère comprenant de nombreux dossiers, un grand tableau blanc avec des feutres, face au bureau de Mélinda. Tout ce dont Sora avait besoin... Et, avec un peu de chance, Mélinda pourrait observer les belles fesses de Sora. Que demander de plus ?

- Très bien. Ce n’est pas tous les jours que j’ai droit à une Celkhane chez moi, alors... Pourquoi ne pas discuter autour de mon bureau, oui... Liana, sois gentille, et apporte-nous quelques rafraîchissements, il fait chaud... Du sang frais pour moi, et... Sora prendra ce qu’elle veut.

- Bien, maîtresse ! Vous désirez quelque chose ? De l’eau, du jus d’orange, du Coca ?

Pour parler franchement, Sora ne se sentait pas très à l'aise, à demander une boisson à une esclave... Elle répondit machinalement un verre d'eau, allant au plus simple pour ne pas lui fournir trop de travail supplémentaire. Au moins, la vampire avait acceptée de l'écoutée. Elle commença donc à la suivre dans le manoir.

- Au fait... Vous saviez que des marchandes tekhanes revendent à prix d’or vos uniformes ? Sauf que les acheteuses potentiellement intéressées ne le font pas pour la gloire du costume...

- Alors c'est qu'elles les arnaques ouvertement. Les tekhanes ont pratiquement les mêmes tenues que nous, sous leurs armures. Les nôtres ne sortent pas de l'archipel. D'ailleurs, nos tenues utilisent des matériaux angéliques, adaptés à la magie. Et sauf erreur de ma part, Tekhos et la magie, ça fait deux.

Autant qu'elle le sache maintenant, les tekhanes vendaient leurs propres uniformes aux étrangers en prétendant qu'elles étaient de factures Celkhanes et en profitaient donc pour augmenter drastiquement les prix. Après tout, qui pouvait bien remettre leur parole en doute ? Une fois dans le bureau, Mélinda ouvrit les fenêtres, avant de les refermer bien vite, sous les commentaires des filles dehors. Au moins, elles semblaient assez libres, pour déclarer ouvertement rêver piloter un appareil Celkhan.

- D’ailleurs, si votre tenue vous colle, vous pouvez la retirer... Mais j’imagine qu’elle doit être prévue pour éviter de coller...

- Je... préfèrerais éviter, si vous le voulez bien... Je n'ai rien sous... mon uniforme. Mais ne vous inquiétez pas, je n'ai absolument pas chaud. Ma tenue me protège justement de la chaleur étouffante que vous semblez... subir... Comme elle me protège de l'air glacé de Caelestis, vu son altitude. C'est de ça dont je parlais tout à l'heure... Nos tenues sont purement fonctionnelles mais doivent coller entièrement à l'épiderme, comme une seconde peau, pour être pleinement efficaces.

- Bref... Puisque vous avez beaucoup à parler, ma chère Sora, je vous invite à le faire... Mais pas avant que je n’aie eu l’occasion de me rafraîchir un peu... J’ai la gorge sèche.

Heureusement pour elle, la jeune Neko arriva bien vite et sembla heureuse de recevoir une caresse, avant de filler chercher la fille de la vampire. La colonel ignorait que Mélinda était mère. Selon les informations sur l'esclavagiste, elle n'avait pas de famille hormis son frère. Question à creuser... En attendant, Sora mit le verre d'eau à coté du tableau. Elle n'avait pas encore soif, mais elle allait beaucoup parler...

- Ma fille est une grande curieuse.... Je suis sûre que votre histoire pourrait l’intéresser, mais n’hésitez pas à commencer.

- Bien. Avant tout, connaissez vous l'origines des Celkhanes et ce qui a provoqué leur naissance ? Tout commence suite aux recherches menées par un groupe de scientifiques Tekhanes. Recherches basées sur l'analyse de la population de Terra sur une vingtaine d'années, puis sur des estimations sur les deux prochains siècles. Les résultats furent alarmant. Selon vous, quel était le taux d'esclaves sur l'ensemble de Terra il y a environs 40 ans ? Et toujours dans le même genre, quel est le taux actuel ?

« Selon vous, quel était le taux d'esclaves sur l'ensemble de Terra il y a environs 40 ans ? Et toujours dans le même genre, quel est le taux actuel ? »

L’exposé commençait donc par une question. Assise sur son fauteuil, Mélinda écoutait attentivement Sora. Cette dernière avait vanté les mérites de l’uniforme celkhan, affirmant qu’elle était nue dessous... Une information potentiellement intéressante, qui avait légèrement fait sourire Mélinda. Elle y repensait alors que Sora lui avait posé sa question. Mélinda, honnêtement, ne connaissait pas le taux exact, mais elle doutait que les Celkhanes le connaissent aussi. Entre les esclaves déclarés, les trafics illégaux, les innombrables pays sauvages qui pratiquaient l’esclavage, les chiffres exagérés par la propagande, il était très difficile d’avoir une estimation concrète. Cependant, Mélinda était une esclavagiste ashnardienne ayant ses influences, et on, lui envoyait annuellement un rapport émanant de la Cour impériale sur les pratiques esclavagistes. Cet épais rapport comprenait des statistiques, des séries de courbes et de graphiques.

« Et bien... commença-t-elle. Je ne peux pas vous donner un chiffre précis, seulement une fourchette. L’esclavage est une pratique ancestrale sur Terra, et les chiffres sont d’autant plus faussées que la question se pose parfois d’inclure parmi les esclaves une bonne partie des serfs, et ce dans la mesure où la situation de certains serfs est parfois comparable à celle des esclaves. »

Ce rapport entre le servage et l’esclavage n’était qu’un problème supplémentaire. Un serf était un individu, généralement un paysan, qui passait un contrat entre un seigneur et lui-même. C’était un contrat implicite, le fondement du système féodal, qui dominait un peu partout sur Terra. Le serf recevait du seigneur sa protection, et, en échange, il cultivait ses terres pour le seigneur, soit en lui remettant directement sa production, soit en payant divers taxes. Cependant, dans certaines contrées arriérées, les seigneurs avaient sur leurs serfs des droits dictatoriaux, comme le droit de cuissage. Pour certains théoriciens, on avait affaire à une forme d’esclavage particulier, qu’ils appelaient l’esclavage servile, en référence au servage. Un choix de mots assez particulier, qui faisait presque pléonasme, mais qui n’était discutée que par la doctrine. Le juge n’avait encore jamais utilisé ce terme dans les arrêts qu’il rendait, et officiellement, la Cour impériale se refusait toujours d’assimiler le servage à une forme particulière d’esclavage, même dans les cas extrêmes, cassant en ce sens bien des décisions rendues par des juridictions inférieures.

« Je ne peux pas vous dire grand-chose de fiable, mais, d’après les rapports de la Cour impériale en la matière, il y a 40 ans, on estimait que le taux d’esclavage au sein de la population mondiale oscillait entre 15 et 20%. Selon certains commentateurs, il était toujours possible de doubler ce taux, en tenant compte des esclaves non déclarés, mais, à dire vrai, personne ne sait vraiment l’ampleur de l’esclavage. Ce dont on est toutefois sûr, c’est qu’en quarante ans, ce taux a sensiblement augmenté, et, s’il était de 20% il y a quarante ans, il se rapproche maintenant des 40%. »

Une hausse aussi fulgurante en seulement quarante ans avait ses raisons. Ce n’était pas simplement l’écoulemnt naturel des choses, mais la guerre entre Nexus et Ashnard, qui justifiait la hausse de ce taux. Deux des trois plus grandes nations de Terra se livraient à une guerre acharnée, et l’Empire avait, en quarante ans, sensiblement agrandi son territoire, créant de nombreuses colonies. Ceci avait singulièrement augmenté le nombre d’esclaves, mais, là encore, les spécialistes estimaient que le taux se stabiliserait et diminuerait progressivement.

« Il y a déjà eu, historiquement, des élévations subites de ce taux. A chaque grande guerre, on constate une hausse du taux, hausse qui diminue ensuite lorsque le conflit se termine. Actuellement, le taux est assez élevé, mais nous avons affaire à une guerre qui s’étale, et qui est très longue... Pour bien des gens, l’élévation du taux actuelle est simplement conjonctturelle... Mais je suppose que ce n’est pas votre avis, n’est-ce pas ? »

- Je ne peux pas vous dire grand-chose de fiable, mais, d’après les rapports de la Cour impériale en la matière, il y a 40 ans, on estimait que le taux d’esclavage au sein de la population mondiale oscillait entre 15 et 20%. Selon certains commentateurs, il était toujours possible de doubler ce taux, en tenant compte des esclaves non déclarés, mais, à dire vrai, personne ne sait vraiment l’ampleur de l’esclavage. Ce dont on est toutefois sûr, c’est qu’en quarante ans, ce taux a sensiblement augmenté, et, s’il était de 20% il y a quarante ans, il se rapproche maintenant des 40%.

Sora hocha la tête. Au moins, elle était bien informée... en partie seulement. Ce n'est pas que les chiffres étaient faux, mais plutôt qu'ils étaient incomplet. Mais venant de l'empire, il ne fallait pas s'attendre à autre chose.

- Il y a déjà eu, historiquement, des élévations subites de ce taux. A chaque grande guerre, on constate une hausse du taux, hausse qui diminue ensuite lorsque le conflit se termine. Actuellement, le taux est assez élevé, mais nous avons affaire à une guerre qui s’étale, et qui est très longue... Pour bien des gens, l’élévation du taux actuelle est simplement conjoncturelle... Mais je suppose que ce n’est pas votre avis, n’est-ce pas ?

- Le problème ici, c'est que votre état n'est pas vraiment honnête dans ses chiffres. Certes, l'esclavage était de 20% il y a 40 ans et avoisine les 40% aujourd'hui... mais il s'agit ici de la population humaine seulement. Hors, je vous parle de la population globale de Terra...

Elle fit brièvement une pause, avant d'enchainer avec ce qui allait vraiment faire mal, des chiffres tellement élevés qu'il serait assez difficile d'y croire. Pourtant, il s'agissait bien des chiffre réelles.

- Il y a 40 ans, le taux d'esclavage de Terra, en y incluant les terranides et les créatures, était proche des 38 %. Aujourd'hui, il avoisine facilement les 63,7%. C'est plus de la moitié de la population Terranienne. Comme vous l'avez précédemment dit, ce taux était généralement en baisse à la fin des guerres. Hors, la guerre actuelle entre Ashnard et Nexus s'éternise depuis une dizaine d'année. Et entre temps, les Portails vers la Terre ont été découvert. Naturellement, chacune des deux puissance s'est dit que ce monde serait une bonne source de revenue pour l'esclavage exotique, tout en cherchant à s'établir. Peut être même qu'à l'avenir, une nouvelle guerre, ou une extension de l'actuelle guerre, débutera sur Seikusu pour le contrôle de cette ville.

La colonel fit une nouvelle pause, cette fois-ci pour boire un peu d'eau. En reposant son verre, elle vit une jeune fille dans une longue robe rouge, appuyée contre le mur près de la porte. Sans doute la fille de Mélinda, qui ne voulait pas l'interrompre et préférait écouter dans le couloir.

- Si cette guerre continue de se prolonger dans le siècle à venir, et si les esclavagistes continuent d'augmenter inlassablement leurs cotas, pour faire tourner le commerce de l'esclavage, la population soumise sera à près de 84%. Les terres sauvages, les landes dévastées, les secteurs tropicaux, tout ces lieux seront vides, laissant la places aux redoutables monstres de Terra. Les seuls lieux où l'on pourra trouvée des proies pour l'esclavage, ce serra au cœur même des états. Même dans le cas hypothétique où la guerre finira par s'arrêter, les esclavagiste de masses ne voudrons certainement pas s'arrêter. Si ils veulent pouvoir dresser de nouvelles victimes, ils n'auront que quelques choix.

Nouvelle pause, pendant laquelle elle prit le feutre noir et écrivit sur le tableau.

- Premièrement, se servir directement sur place. Si Ashnard interdit formellement les captures sur les citoyens, Nexus ne se prive même pas pour le faire. D'ailleurs, les trois quarts de sa population actuelle est composée de nobles corrompus et d'esclavagistes. Deuxièmement, ce qu'ils ont toujours fait, allez au cœur de l'ennemi. Mais cette fois-si, les armées seront bien plus grandes. Troisièmement, capturer plus massivement les habitants de Seikusu. Malheureusement, les autorités Terriennes se doutes déjà de quelque chose, les disparitions s'effectuant principalement dans le parc de cette ville. Avec ces captures de masse, je doute que les terriens attendent longtemps, avant d'envoyer par les portails leurs têtes nucléaires. A mois bien sûr d'envahir la Terre bien avant, d'où cette possible guerre de territoire. Enfin, les esclavagistes pourraient se servir dans Tekhos. Après tout, une cité remplie à ras bord de femmes et potentielles esclaves, que demander de mieux ? Déjà, certains esclavagistes téméraires ont tenter de capturer des Tekhanes pour les vendre aux autres états.

La colonel fit encore une pause pour boire son verre d'eau. Mine de rien, parler autant irritait beaucoup sa gorge...

- Cependant, vous devez bien comprendre une chose. Si Tekhos à l'air de tolérer l'esclavage sur son sol, les dirigeantes n'acceptent tout simplement pas que l'on vende ses citoyennes. Selon vous, pour quelle raison avez-vous été attaquées par un commando Celkhan dans Tekhos ? Mis à part sur demande du conseil Tekhan ou en cas d'attaques Formienne, les Celkhanes restent des exilées de la métropoles et n'ont pas l'autorisation d'y circuler. Si vous avez fait l'objet d'une attaque, c'est parce qu'une esclavagiste illégale dressait et vendait des Tekhanes. Et vous vouliez en acheter une. Les Celkhanes ont donc tentées de vous abattre, sur ordre du conseil Tekhan. A présent, si les esclavagistes Ashnardiens et Nexusiens attaque Tekhos dans l'ombre pour esclavager ses habitantes, pensez vous vraiment que la métropole restera neutre et indifférente très longtemps ? Quoi qu'il arrive, que ce soit dans le conflit Ashnard/Nexus, que ce soit par la Terre ou par Tekhos, l'esclavage sonnera le glas de Terra, si on ne réfrène pas son activité dès maintenant.

Sora se mit à parler, entamant un long exposé. Mélinda, attentivement, écouta la belle femme, en se forçant à ne pas trop loucher sur sa poitrine. Elle but un peu, tandis que la Celkhane lui exposait sa vision sombre de l’avenir terran, un avenir où l’esclavage remplirait tout, et forcerait les esclavagistes à devoir se faire la guerre entre eux. Sora sembla conclure en disant que, sur le long terme, cette situation provoquerait une sorte de chaos généralisé qui conduirait à l’éclatement de tout Terra. La vampire réussit à ne rien dire, ne voulant pas interrompre une belle femme dans un si long exposé. Quand elle avait envie de parler, elle se dépêchait de boire, et tourna la tête quand elle vit Akira approcher. Elle sourit très délicatement. La curiosité de sa fille avait pris le pas sur sa timidité.

« Quoi qu'il arrive, que ce soit dans le conflit Ashnard/Nexus, que ce soit par la Terre ou par Tekhos, l'esclavage sonnera le glas de Terra, si on ne réfrène pas son activité dès maintenant. »

Ce devait probablement être la fin du discours. Mélinda se racla lentement la gorge, et reposa son verre, puis tourna sa tête vers Akira :

« Entre, ma fille. Sora et moi avons une discussion qui devrait te plaire, et ma fille n’a pas à écouter à la porte comme une vulgaire servante. Sora, je te présente Akira. Akira, voici Sora. Sora est une colonelle celkhane qui tente de me convaincre des méfaits à long terme de l’esclavage. Akira est ma fille, et je pense qu’elle n’apprécie pas le métier que je fais. »

C’était une présentation assez brève. Mélinda invitait Akira à s’asseoir sur un fauteuil, et elle attendit que ce soit fait pour tourner une nouvelle fois sa tête vers la Celkhane. Elle lui avait fait un long exposé, et il était normal que Mélinda réponde, en exposant son point de vue. Elle reposa son verre, et s’exprima à nouveau :

« Votre analyse est intéressante, ma chère Sora, mais vous vous doutez bien que je ne partage pas votre point de vue alarmiste. Il y a beaucoup d’esclaves, c’est un fait, mais il est impossible de quantifier exactement le nombre d’esclaves. Quant aux esclaves venant de la Terre... Soyons sérieux, ils ne doivent même pas représenter 1% de la totalité. Il en s’agit que de quelques lycéennes. Regrettables pour elle, mais elles sont plus que marginales. »

Il devait y avoir, à tout casser, une centaine d’esclaves venant de la Terre, environ. S’il y en avait des milliers, les autorités terriennes auraient forcément réagi. Il n’y avait pas tant d’esclaves que cela qui venaient de la Terre, car ce monde effrayait les gouvernements. Pour Nexus, Ashnard, ou Tekhos, la Terre n’existait pas. Une recrudescence de Terriens conduiraient à répandre le secret de l’existence de cet autre monde, ce que les gouvernants ne désiraient pas. Pour Mélinda, les esclaves terriens étaient donc marginaux, et pouvaient être écartés du problème.

« Pour le reste, votre théorie toute entière repose sur une lecture statistique du futur, lecture qui n’engage que vous. Personnellement, je ne m’engagerai pas à de tels pronostics... Mais passons... Quand bien même vous auriez raison, et quand bien même nous arriverions à un taux d’esclaves dépassant les 80%... En quoi est-ce que cela déclenchera une guerre mondiale ? L’esclavage n’est qu’un marché économique, qui intéresse les gouvernements parce qu’il est rentable. En économie, il existe un très vieux principe qui veut que ce qui est rare est cher. S’il y avait tant d’esclaves, nous assisterions à un appauvrissement croissant des esclavagistes, à travers une hausse de la concurrence. Cette hausse de la concurrence conduirait à des offres de plus en plus avantageuses, afin d’appâter le client, et à une réduction du prix des esclaves. C’est une application de l’offre et de la demande, tout simplement. Nous nous situerions dans un scénario où l’offre est largement plus forte que la demande. Il en résulterait un appauvrissement croissant du marché, et la chute des prix... Dans un scénario le plus pessimiste possible, ce sonnerait le glas du marché privé. Les États nationaliseraient l’esclavage, affranchiraient des millions d’esclaves... Mais pourquoi diable voudriez-vous que Nexus et Ashnard aillent attaquer Tekhos pour s’emparer des esclaves ? Si nous avons 80% d’esclaves, nous serons complètement écroulés sous le nombre ! »

Mélinda était presque en train de faire à Sora un cours d’économie. Elle ne partageait pas du tout son interprétation. Pour elle, une guerre ne pouvait éclater qu’ne cas de raréfaction des ressources. Mais l’esclavage, lui, ne disparaîtrait jamais, car, tant qu’il y avait des hommes, il y avait des esclaves. Une augmentation du taux conduirait à des problèmes financiers, mais uniquement pour les esclavagistes. Ces derniers auraient bien trop d’esclaves à gérer, et bien trop de rivaux potentiels.

« Ce problème de surpopulation est déjà traité dans certaines propriétés esclavagistes nombreuses, où les maîtres instaurent des contrôles de naissance, et tentent ainsi de réguler leurs marchandises. Mais passons encore... Pour trouver de nouvelles victimes, les esclavagistes peuvent aussi tout simplement compter sur les fils d’esclaves. S’il n’y a plus d’esclaves à aller prendre dans les communautés éloignées, il suffira de les laisser se reproduire. Mais, de toute manière, vos scénarios posent comme postulat que l’esclavage vide complètement des populations, ce qui est partiellement exagéré. Les autochtones ne sont pas tous déportés, seulement une partie, afin de compenser les pentes que l’armée ashnardienne a subi. »

Légèrement cynique, Mélinda termina avec un sourire :

« Nous n’aurons jamais de difficulté à trouver des esclaves. Je sais que vous n’appréciez pas l’esclavage, mais n’allez pas faire de nous les responsables de l’apocalypse, ou je ne sais quelle théorie fantaisiste. On se contente de faire des affaires. C’est quand une ressource s’épuise que la situation va mal. Mais l’esclavage, lui, ne s’épuise pas. Il y a de plus en plus d’esclaves, et, à vous entendre, on continuera à aller dans ce sens ! Et les taux de natalité sont très positifs. Mais bref... Où voulez-vous en venir avec votre théorie ? »

- Entre, ma fille. Sora et moi avons une discussion qui devrait te plaire, et ma fille n’a pas à écouter à la porte comme une vulgaire servante. Sora, je te présente Akira. Akira, voici Sora. Sora est une colonelle Celkhane qui tente de me convaincre des méfaits à long terme de l’esclavage. Akira est ma fille, et je pense qu’elle n’apprécie pas le métier que je fais.

Avait-elle bien entendue ? Une fille d'esclavagiste n'aimant pas particulièrement le métier de sa mère ? Peut être y avait-il de l'espoir dans cette famille, finalement. Akira s'installa dans un fauteuil et la mère de celle-ci reposa son verre, avant d'exposer à son tour son point de vue. A aucun moment  Sora interrompit son discours. Les débats entre Celkhanes et esclavagistes étaient suffisamment rares – pour ne pas dire inexistant – pour lui couper la parole à tout bout de champ. A la fin de celui-ci, la Celkhane repris donc la parole.

- Personnellement, je n'ai jamais vraiment creusée la question. Je ne dit pas non plus que l'esclavage est foncièrement mauvais, il suffit de voir les servante qui ont une certaine liberté de mouvement, n'ont pas de chaînes, mais restent attachée à un supérieur. Tant que ces esclaves sont traités convenablement, nous ne voyons pas ce qu'il y a de mal. Mais la torture gratuite par pur sadisme et pour le plaisir de quelques tordus, parfois même sur de jeunes enfants... Franchement, comment pouvez vous défendre cette situation. En fait, cela me rappelle les Etats-Unis. Sous prétexte que les armes sont autorisées à la vente libre, on se retrouve avec des étudiants armés et pouvant en faire usage à tout moment. Sur Terra, sous prétexte que l'esclavage est autorisé par la loi, tout le monde veut son esclave docile, pour en abuser légalement.

Sora fit une pause le temps de se désaltérer un peu, avant de reprendre.

- Pour en revenir à l'avenir, les Celkhanes ne se sont pas uniquement basées sur les chiffres. Sachez qu'en parallèle, les Prêtresses du royaume des anges ont également eu cette vision. Vous devez savoir que tout ce que voient ces anges est véridique et risque de se réaliser, si rien est fait pour allez à l'encontre de cette vision. Les Celkhanes ont établit des chiffres et ont supposées qu'il y aurait une guerre générale. Les anges ont vue la guerre de l'esclavage dans un avenir proche, sans parvenir à en déterminer le cheminement exacte. Les deux partis ont comparés les recherches et cela à conduit à une alliance. Vous considérez les Celkhanes comme des terroristes. Vu que les anges – et non les Archanges – lutent également contre l'esclavagisme et soutiennent Caelestis, contrairement à Tekhos, vous pouvez donc mettre le royaume céleste dans le même panier que nous. Et à ma connaissance, les anges terroristes, c'est pas vraiment possible. On imaginerais d'avantage les démons d'Ashnard dans ce rôle.

Sora vida l'eau qui restait au fond de son verre, avant de conclure.

- Pensez donc un peu à vos collègues. Je suis certaine que quelque uns rêves de diriger l'équivalant d'un village ou d'une petite ville d'esclaves, que ce soit pour la récolte ou la luxure. Et ne me dite pas le contraire, certains esclavagistes que nous avons stoppés dans leurs folie possédaient de tels projets dans leurs coffres forts, écris noir sur blanc. Si tout les esclavagistes rêvent de telles choses, le 80% n'est pas si irréalisable. Et je ne parle même pas de l'empereur d'Ashnard, qui rêve sans doute de mettre le monde à ses pieds.