La défaite n'est pas envisageable [Vaoder]

« Non, Itawa. »

L’homme émit une fugace protestation, soupirant, et passa une main dans ses courts cheveux, comme pour exprimer qu’il était agacé. Les deux se jaugèrent silencieusement du regard, chacun essayant de deviner les failles de l’autre. Un affrontement visuel qui donnait presque à Félicia l’impression d’être dans un western spaghetti. L’image aurait bien failli la faire sourire, mais elle était on ne peut plus sérieuse. Le sujet était d’importance, en effet. Très grave, même. Itawa et Hardy se fixaient comme deux prédateurs prêts à s’étriper pour le contrôle d’un territoire, comme deux chats qui se rencontraient dans la nuit, et qui se toisaient mutuellement en feulant, feulant si fort qu’ils en réveillaient tout le quartier. Qui craquerait le premier ? Itawa revint à la charge :

« J’ai besoin du terrain de foot’ !
 -  Et tu ne me feras pas passer deux heures dans la salle de ping pong sous cette chaleur.
 -  Elle est climatisée !
 -  Tu n’as qu’à y aller, alors. »

A côté, les autres profs’ les regardaient en haussant des sourcils. Il y avait des tasses de cafés, et aussi des croissants chauds. Il était après 07h45. Le premier cours commencerait d’ici un quart d’heure, et il avait fallu que Félicia tombe sur cet ancien sportif prétentieux. Itawa était un ancien footballeur. Mais, si Félicia lâchait prise, elle devrait abandonner le terrain. Et, soit dit en passant, elle n’aimait pas le ping pong. Elle aimait bouger en faisant du sport, et, quand elle parlait de bouger, c’était remuer tout le corps, pas uniquement une main en faisant des moulinets Et Félicia adorait le foot’, aussi.

La solution vint d’un autre senseï, un homme assez âgé avec une calvitie prononcée, qui portait un costume. L’image typique du senseï japonais, rigide et autoritaire. Il enseignait dans les sciences naturelles, et buvait un café.

« Il n’y a que les profs’ de sport qui se disputent pour des pecadilles...
 -  Il est 08h, et j’ai besoin de me défouler ! Je suis une femme énergique, moi. J’ai toujours eu le terrain de football lors de la première heure, et toi lors de la seconde. Et il en sera ainsi jusqu’à la fin du trimestre.
 -  T’es pas la seule à avoir besoin de te défouler, ma belle ! »

Il y eut des éclairs qui dansaient. Félicia ne lâchait rien, et Itawa non plus. Le senseï de sciences nat’ se racla la gorge. Ces deux abrutis l’empêchaient de lire les actualités scientifiques, et allaient le forcer à donner une interrogation surprise à ses élèves pour pouvoir lire en paix les dernières actualités sur l’évolution de l’écosystème japonais, et sur les implications de la pollution atmosphérique. Ses élèves ne l’aimaient déjà pas beaucoup, et ça risquait de s’aggraver s’il leur faisait ça. En soi, l’amour de ses élèves lui importait peu. Il n’était pas comme tous ces jeunes profs’ qui couchaient honteusement avec leurs élèves, et avait d’ailleurs déjà envoyé des courriers au rectorat pour signaler le comportement « pénalement répréhensible » de certaines de ses collègues. L’éducation était sacrée.

« Vous voulez tous les deux un terrain de foot’, si j’ai bien compris ?
 -  Ouais !
 -  Ouais !
 -  Et bien, vous n’avez qu’à le disputer ! »

Les deux professeurs se jaugèrent du regard, semblant étudier la possibilité. Un sourire étira alors les lèvres d’Itawa.

« Je vous ferais mordre la poussière.
 -  On vous donnera le ballon au début... Histoire que vous puissiez au moins le toucher une fois dans la partie.[/color] »

Les deux senseïs se séparèrent sur ces menaces réciproques. Félicia comptait se rendre au gymnase, mais elle fut interrompue par une autre collègue, qui mangeait dans un croissant.

« Au fait... N’oubliez pas que vous avez un nouvel élève...
 -  Ah... Ah oui, c’est vrai, j’ai reçu un mail à ce sujet... »

Mail qu’elle n’avait pas lu, d’ailleurs. Ou seulement en diagonale.

« Et bien, il commencera en fanfare comme ça ! »

Félicia sortit. C’était le printemps, et, dehors, l’aube commençait à pointer. Le soleil se levait lentement, et il y avait un léger vent frais. Quelques élèves étaient déjà là, généralement ceux qui étaient dans les dortoirs.

« Allez, allez, on se dépêche ! On s’entraîne !
 -  Déjà ?! Mais, senseï, il n’est même pas huit heures !
 -  On s’entraîne, j’ai dit ! »

Félicia chercha ensuite du regard le nouveau.

*C’est bien ma veine, tiens... J’espère au moins que ce n’est pas une crevette.*

" Allez, allez, on se dépêche ! On s’entraîne !"

Le cri fit bondir Vaoder, qui dormait sur le terrain depuis une petite heure. Il était arrivé la a cinq heures du matin, frais et disponible pour l'entrainement, surpris dans un premier temps d'y être seul,avant de se rappeler que son enfance n'avait rien eu de normal, et que dans le monde normal, on ne se lève pas pour s'entraîner a cinq heures du matin. Ce qui ne l'avait pas empêché de le faire quand même. Bien qu'il avait fait une croix sur sa vie de guerrier et qu'il esperait, dans quelques années, reprendre un train de vie normal, il avait pris l'habitude de s'entretenir a grand renfort d'exercices rigoureux et quotidiens, les principaux restant course, pompes et abdos.

Il n'avait presque pas dormi ces deux derniers jours. Il n'etait pas inquiet au sujet des cours, qu'il maîtrisait depuis longtemps même si il n'avait jamais réellement mis les pieds dans une école, mais plus angoissé a l'idée de se faire remarquer, qu'il ne pourrait pas se fondre dans le moule. Qu'il sorte du lot une seule fois, qu'on voie chez lui quelque chose d'exceptionnel, et il devrait repartir. premièrement parce que ses parents pourraient le retrouver, les irlandais rompus a la lutte armée ne courant pas les rues au japon, et deuxièmement parce que ses faux papiers étaient de qualité médiocre, comme tout ce qui relevait de l'administration le concernant, falsifié a la va vite dans une fuite précipitée. Aussi s'était il endormi dans un coin du terrain en attendant que d'autres se lèvent et viennent le reveiller. Il devrait commencer sa journée içi de toute manière.

-  Déjà ?! Mais, senseï, il n’est même pas huit heures !
-  On s’entraîne, j’ai dit ! »


Les élèves ne discutèrent pas longtemps, et s'alignèrent pour ce qui semblai être une petite course, histoire de démpmarrer l'entraînement de manière ludique. Désireux de se faire aussi invisible que possible, Vaoder alla s'aligner avec les autres, les cheveux encore en battaille apres sa sieste improvisée. Un signal de départ fut donné et Vaoder s'élança avec les autres, les distancant en quelques secondes seulement. Ce n'est qu'après leur avoir mis vingt mètres dans la vue que ce dernier réalisa l'idiotie de ce qu'il venait de faire, soit se distinguer des autres en se rendant bien visible, frais comme un gardon, alors qu'on lisait l'effort sur le visage de ceux qui peinaient pour le rattrapper.

Il fit aussitôt mine d'être essoufflé et freina si violemment qu'il manqua de tomber, laissant les autres le rattrapper avant de courir a leur rythme. Il ajusta sa place a l'arrivée de la course qui lui sembla durer une éternité, mon dieu, pouvait on être aussi lent? Se plaçant troisième pour franchir la ligne d'arrivée il feignit l'essoufflement, se pliant en deux au milieu des autres, et ne se redressa que quand le dernnier d'entre eux l'avait fait, et ce sans qu'il ait transpiré une goutte. Il savait qu'il se montrait injuste envers des plus jeunes que lui qui n'avait pas reçu d'entraînement, mais il savait qu'a leur âge, il aurait couru deux fois cette distance en deux fois moins de temps.

Il profita de l'instant pour regarder discrètement la prof, qui semblait chercher quelqu'un dans le groupe. Il se dit qu'il se sentait paranoïaque en se disant qu'il s'agissait de lui... Il n'y avait pas de raisons. Pourtant il tressaillit quand son regard croisa celui de la prof. Oui, c'etait bien lui qu'elle cherchait... Pourvu qu'elle ne l'aie pas vu...

« J’aime pas le sport... » grogna une voix aisément identifiable.

Tournant légèrement la tête, Félicia aperçut la petite tête brune de Shii. L’intello de la classe, comme on aurait dit en Occident. Elle n’était pas une grande sportive, même si elle faisait de notables efforts. L’année dernière, soit à une époque où Félicia n’était pas à Seikusu, mais en train de déprimer en voyant son couple éclater, Shii avait raté de peu les félicitations parce qu’elle n’y arrivait pas du tout en sport, et parce qu’elle ne participait pas. Depuis lors, elle s’était améliorée. Félicia n’était pas suffisamment prétentieuse pour se dire que tout était lié à elle, même si elle était, aux dires des élèves, bien plus motivantes à faire du sport qu’une bonne partie de ses collègues.

« Et moi, j’aime pas avoir la tête dans le cul le matin, répliqua Félicia. On va donc faire un petit footing... »

Elle avait repéré le nouveau, mais avait décidé de lui parler après un léger footing. Ce serait d’ailleurs l’occasion de voir ce qu’il valait. Du lot, il avait l’air le plus réveillé, et Félicia se rappela rapidement que cet homme s’appelait Vaoder. Un nom assez curieux. L’homme semblait assez mûr, et plutôt bien bâti. Peut-être un bon défenseur. Avec cette carrure, s’il avait la bonne allonge, il pourrait faire un bon mur défensif. Trop de gens négligeaient le sport et ses vertus. Félicia aussi l’avait fait, avant de devenir une cambrioleuse et une super-héroïne. Quand elle était au lycée, le sport la barbait royalement. Ceci dit, s’amuser à faire un 500 mètres tandis que le prof restait le cul vissé sur son banc n’était motivant pour personne.

Félicia se posta donc derrière, et utilisa son sifflet magique. Immédiatement, le nouveau, Vaoder, se mit à faire une pointe de coureur olympique, et surprit tout le monde. Même Félicia. Tout le monde en oublia de courir en voyant cette espèce de gazelle s’envoler comme s’il avait le feu aux fesses.

*Et ben ça alors... Je vais peut-être me croire à Dieu, finalement. Je n’en demandais pas, Seigneur, mais merci quand même.*

La course s’arrêta toutefois vite. L’homme sembla trébucher, et Félicia se reprit, frappant dans ses mains :

« Allez, allez, tout le monde ! Ce n’est pas le footing qui va venir à nous !
 -  Mais pourquoi on s’entraîne ? On s’est même pas changées ! se plaignit Shii.
 -  Parce qu’il est 7h50 du matin, que j’ai mal dormi, que ça me fait chier d’être là alors que je pourrais pioncer dans mon lit, et parce que c’est pareil pour vous. Si on en a fini avec les questions évidentes, remuez vos petites jambes ! Et inutile de galoper, c’est un footing ! »

Il ne fallait pas que l’exploit de Vaoder en motive d’autres. Il ne manquerait plus que ses joueurs fassent tous des claquages musculaires ! Ce serait le pompon ! Une espèce de cruelle punition du Seigneur... Les élèves se rapprochèrent de Vaoder, se permettant quelques remarques sarcastiques :

« T’es pas sur un champ de course, gars !
 -  Tu te drogues ?!
 -  Encore un qui veut impressionner les meufs... »

Il y eut quelques éclats de rires, et Félicia les laissa faire, restant derrière. Elle remarqua que Vaoder semblait bouillonner sur place. N’étant pas une simple prof, Félicia avait, à force, quelques capacités naturelles d’observation, et put ainsi constater qu’il y avait quelque chose qui clochait dans la posture Vaoder. Il s’était écroulé comme une masse après un petit sprint, mais rien ne témoignait qu’il s’était fait un claquage, ou quelque chose de ce style.

*Curieux...*

A la fin du petit footing, il se mit à souffler comme un buffle, en faisant des tonnes. Un footing n’était pas si épuisant... Félicia fit signe aux lycéens d’aller se changer. Elle portait, quant à elle, déjà un pantalon de sport et un débardeur. La senseï devait toujours être prête en premier. Elle se dirigea vers Vaoder.

« Attends... »

Elle se rapprocha de lui.

« Tu viens d’arriver, non ? Je suis Hardy. Mais tu peux m’appeler Félicia sur le terrain. Tu m’as l’air de courir sacrément vite. Je te souhaite la bienvenue au lycée. »

Félicia lui fit une accolade avec un léger sourire. Voilà ce qu’on appelait une prof’ sociable ! Sur le terrain, elle n’était rien de plus qu’une simple coéquipière.

« Quant à tes camarades, ne t’en fais pas... Ils aboient beaucoup, mais ils ne mordent pas trop. Allez, va te changer. Tu es un sportif, non, au fait ? Tu cours très vite... Je pense que tu seras attaquant, si ça te convient. Ou milieu de terrain... »

Quelqu’un qui courait vite était mieux en tant qu’attaquant, ou milieu de terrain, afin d’être polyvalent.

« Enfin, réfléchis-y. »

« T’es pas sur un champ de course, gars !
 -  Tu te drogues ?!
 -  Encore un qui veut impressionner les meufs... »

Vaoder manqua de s'offusquer et de répondre que lui, au moins, en avait les moyens, comme si le fait d'être confronter a des lycéens lui faisait adopter leur mentalité, mais il se calma très vite, se contentant de sourire en se grattant la tête alors que les quelques piques continuaient de fuser. Et l'un des élèves le bouscula en se dirigeant vers les vestiaires. Enfin tenta de le bousculer. Il fit presque un tour sur lui même, rebondissant contre l'épaule de Vaoder qui n'imprima un mouvement de recul a son épaule qu'une seconde plus tard, regardant l'élève en question avec un large sourire. Vaoder, lui, ne bougeait pas de sa place vu qu'il était déja en tenue, et s'était déja entrainé le matin même.

« Tu viens d’arriver, non ? Je suis Hardy. Mais tu peux m’appeler Félicia sur le terrain. Tu m’as l’air de courir sacrément vite. Je te souhaite la bienvenue au lycée. »

Vaoder répondit alors dans un japonais grammaticalement hésitant, mais presque totalement débarrassé de son accent irlandais, chose sur laquelle il mettait un point d'honneur.



"Je viens d'arriver oui... Enchanté madame Hardy... Félicia... Je... Je ne cours pas si vite que ça... Je... Je voulait juste frimer un peu, rien de plus... Et puis ils m'ont bien vite rattrapé... (bien qu'il s'efforca de la dissimuler, on sentit une pointe d'exasperation pointer dans sa voix a ce moment la.) Merci a vous en tout cas..."



Vaoder ne réagit pas spécialement a l'accolade, sinon pour se dire que si sa comédie déja peu crédible a la base se faisait plus mince de minute en minute alors que la prof pouvait sentir sans le moindre mal qu'il n'avait pas sué une goutte avec son petit sprint. Cela dit la prof semblait spontanée et mal reveillée, sans doute ne se montrerai elle pas très observatrice ou, au pire, pas trop curieuse.


« Quant à tes camarades, ne t’en fais pas... Ils aboient beaucoup, mais ils ne mordent pas trop. Allez, va te changer. Tu es un sportif, non, au fait ? Tu cours très vite... Je pense que tu seras attaquant, si ça te convient. Ou milieu de terrain... Enfin, réfléchis-y. »

"Attaquant... Je ne cours pas si vite, je l'ai déja dit... Pour le sport je... Pas exactement... J'ai été éduqué comme ça... Mais je fais pas de sport au sens ou on l'entend... j'essaye de garder la forme... Je... Je jouerai au poste ou vous me placerez, mais j'ai presque jamais joué au football..."

Faire profil bas, ne pas faire de vagues... Obéir sans se poser de questions, surtout obéir sans jamais discuter, que jamais on ait a mentionner son nom quelque part, soit parce qu'il est particulierement bon ou mauvais quelque part, soit pour toute autre raison.
Attendant que les autres reviennent, Vaoder s'étirait avec rigueur, s'assurant qu'aucun de ses mouvements ne faisait ressortir son glock a sa ceinture ni le poignard le long de sa jambe. Quelqu'un qui chercherait une arme ou qui aurait l'habitude des hommes armés le verrait, mais il n'y avait pas de raison... C'etait juste une prof de sport... Jusqu'a preuve du contraire.

Curieux, curieux... Pourquoi avoir feinté d’être épuisé, alors qu’il ne suait pas du tout ? Félicia était surprise, mais décida de mettre cela sur le compte de la timidité. Au Japon, il existait un vieux dicton sur les clous. Quand un clou dépassait d’une série de clous, il fallait lui donner un coup de marteau pour l’aplatir, et ainsi éviter qu’il ne ressorte du lot. Une métaphore qui donnait à réfléchir sur le rôle de la société par rapport à celui de l’individu. Durkheim aurait sans doute vu en cette métaphore l’illustration du rôle omnipotent de la société, et Félicia se dit que ce jeune homme curieux ne cherchait pas à faire de vagues.

De son accent hésitant, elle ne vit aucune trace d’un quelconque accent irlandais. Elle vit en revanche qu’il n’était pas natif du Japon. Félicia avait du prendre de nombreux cours pour essayer d’adopter l’accent japonais, et, même maintenant, certaines intonations trahissaient l’Américaine de souche. Elle fut donc tentée d’en savoir plus sur lui, mais entendit du bruit. La senseï tourna donc la tête, et, ce faisant, elle ne vit pas Vaoder s’étirer, et ne vit donc pas, au moins pour le moment, son pistolet ni son arme blanche. Elle risquait à vrai dire surtout de voir la forme du revolver, mais elle vit, en fronçant les sourcils, son rival arriver. Itawa lui fit un clin d’œil, et Félicia se précipita vers les vestiaires.

« Allez, on se dépêche ! Les filles, on papotera plus tard du dernier parfum à la mode, ou de votre acteur préféré entre Christian Bale et Edward Norton. Les mecs, vous discuterez plus tard de vos exploits sur Diablo III ou de vos fantasmes sexuels ! »

Que Félicia brusque autant ses élèves était étonnant, et ces derniers comprirent qu’il y avait anguille sous roche. Félicia regarda à nouveau, en fronçant les sourcils, Itawa, qui lui fit un sourire goguenard. Elle grogna, sentant sa fierté féline se réveiller.

*Je vais te ravaler ce sourire, moi, connard !*

Elle se retourna vers ses élèves. Une étouffa un bâillement. Les filles portaient des shorts et des débardeurs en grande majorité.

« Qu’est-ce qui vous prend, senseï ? »

Soupirant, cette dernière pointa du doigt la classe rivale, et lâcha sur un ton véhément :

« Aujourd’hui, nous allons livrer bataille !
 -  Hein ?
 -  Ça y est, elle a craqué...
 -  Silence, les comiques ! C’est sérieux ! Nous allons disputer le contrôle du terrain de foot’ pour la fin du trimestre ! Que je vous explique... J’ai le choix entre plusieurs sports à vous faire pratiquer, vu que nous avons un immense gymnase. Le Lundi, il a été décidé que ce serait, soit le foot’, soit le ping pong. Et je préfère largement le foot’.
 -  Le foot’, c’est nul ! Courir après un ballon... On est pas des chiens ! »

Il y eut quelques gloussements, et Félicia soupira en baissant les bras.

« Parce que tu crois que taper sur une balle en plastique, c’est mieux ? Le football est un sort vivifiant, et très complexe. Nous allons donc faire un match avec l’équipe adverse pendant environ une heure. Les gagnants auront le terrain, les autres les tables. Donc, si vous perdez, le Vendredi, ce ne sera plus natation, mais du 3x500 ! »

La menace était sérieuse ! Il y eut quelques yeux écarquillés, notamment de la part des filles. Du 3x500 ?! Ça y est, leur senseï avait définitivement pété les plombs ! Elle claqua dans les mains, faisant signe aux gens de s’entraîner, et se tourna vers Vaoder.

« Pas toi. Tu l’as déjà fait, et j’ai besoin de savoir ce que tu vaux sur le terrain. Le placement est essentiel. Vous autres, vous remuez les bras, les jambes, et vous vous entraînerez ensuite à faire des passes. Kojiro, tu entraîneras ton pied. Tu es le meilleur buteur de la classe, mais tu cadres comme une vache. »

Des gloussements retentirent, et Kojiro grogna son assentiment. Félicia récupéra ensuite un ballon, et fit signe à Vaoder de la suivre. A aucun moment, elle n’avait vu qu’il avait un flingue. Ou, du moins, elle aurait pu le voir, si elle faisait vraiment attention, mais il aurait vraiment fallu être paranoïaque pour suspecter un jeune élève. Félicia alla à une station de réparation, et posa le ballon sur l’herbe, puis envoya la balle vers Vaoder. Elle aurait bien aimé porter un short, mais elle était une prof. Qu’elle soit en débardeur faisait déjà jaser au sein de ses collègues, alors, si elle venait en short...

« Alors, Vaoder... De quel pays est-ce que tu viens ? Nous sommes un peu pareilles, toi et moi. Je ne suis pas native du Japon non plus, précisa-t-elle en souriant. C’est un pays de farfelus, mais on s’y attache vite. »

Ils échangeaient quelques passes, et Félicia finit par arrêter le ballon, puis lui renvoya la balle.

« Essaie de me dribbler, et de marquer. Ça me permettra d’analyser ton jeu. »

« Aujourd’hui, nous allons livrer bataille !

Le mot arracha un sourire a Vaoder. Savait elle au moins ce que ce mot signifiait? Il avait connu des batailles. Le vacarme des balles qui fusent et le chant des lames qui s'entrechoquent. L'ivresse du momentou on, comprend qu'en cas d'erreur on ne reprendra pas tout du début pour se corriger. L'exitation de celui ou on sait qu'on a l'avantage, et la satisfaction malsaine qu'on éprouve a avoir prouvé qu'on était le meilleur.

Les pretextes futiles de ce genre de disputes assommaient Vaoder, et il sentait déja qu'il almlait detester le sport au lycée. Jouer les idiots était supportable, jouer les faibles l'était beaucoup moins et le rendait fou. Cela dit la prof lui était sympathique et le foot lui semblait préférable au ping pong. Au moins, il pourrait courir... Vaoder sourit une nouvelle fois en entendant Felicia mensacer ses élèves... Pas longtemps... Natation... Peu de lycéens ont autant de cicatrices que lui... sa main passa sur sont tatouage de la TIRA, dissimulé par sa chemise... Il lui faudrait le couvrir aussi... Il n'etait pas très connu mais un internaute lambda l'avait déja vu au moins une fois, sans vraiment savoir ce qu'il signifiait. Mais il y reviendrait quand ce serait le sujet.

Il se dirigea donc vers le terrain avant de se faire arrêter par la prof, qui l'emmenna a l'ecart des autres alors qu'il grognait presque inaudiblement. Privé des autres, il n'aurait plus de point de repères pour ajuster son niveau...


« Alors, Vaoder... De quel pays est-ce que tu viens ? Nous sommes un peu pareilles, toi et moi. Je ne suis pas native du Japon non plus, précisa-t-elle en souriant. C’est un pays de farfelus, mais on s’y attache vite. Essaie de me dribbler, et de marquer. Ça me permettra d’analyser ton jeu. »

"Je suis né dans un pays d'enchantement, en Europe. Mais ca n'a plus d'importance, je n'y retournrai pas. Mon pays maintenant c'est le Japon, pour le plus longtemps possible."

Vaoder se tut alors, jaugeant la prof, qui lui sembla soudain bien rapide et athletique maintenant qu'il s'y attardait, pour une prof seulement sencée donner des ordres et motiver ses élèves. Ils étaient assez loin du but, mais la prescision ne serait pas un problème. Puis il jeta un oeil au reste des élèves, qui ne lui accordaient pas un regard... En tête a tête avec la prof, il pourrait déjà se donner un peu plus...

Il s'avanca donc devant cette dernière, feinta a droite, revint a gauche avant de passer la prof en faisant une rotation sur la droite en toute aisance, manquant de se mettre a courir... Sans le ballon. Jeu a la con... C'est vrai qu'il n'avait pas juste besoin de contourner la prof, il devait aussi et surtout mettre ce putain de ballon dans les filets... Il revint donc se placer devant la prof, balladant le ballon de droite, de gauche, lentement, avant de verifier que personne ne le regardait, den changer de rythme brusquement, passant a une vitesse hors du commun l'espace d'une seconde pour se creer une ouverture et de tirer,sans même prendre la peine de passer devant la prof, faisant passer le ballon au ras de ses côtes. Un magnifique tir tendu, droit au fond des cages pourtant lointaines. A l'abri des regards, il pouvait faire des merveilles, et sa fierté mal placée le poussait a vouloir le faire savoir malgrés les risques...

"Vous auriez du porter un short... Ca gène moins pour bouger...

« Je suis né dans un pays d'enchantement, en Europe. Mais ca n'a plus d'importance, je n'y retournrai pas. Mon pays maintenant c'est le Japon, pour le plus longtemps possible. »

Un Européen, donc... Un ‘‘pays d’enchantement’’... Que voulait-il dire par là ? C’était une expression bien curieuse. Quoiqu’il en soit, Vaoder avait l’air décidé à ne plus y remettre les pieds. Là encore, c’était assez étrange. Généralement, on changeait de pays, soit pour un déménagement important, soit pour des programmes universitaires internationaux, mais on avait toujours en soi la nostalgie de son pays. Félicia faisait exception. Retourner aux États-Unis ne la tentait pas, mais c’était surtout parce qu’elle risquait de mourir en y retournant.

Derrière eux, les lycéens s’entraînaient, s’étirant. Félicia se mit en position, jaugeant Vaoder. Il y avait quelque chose d’anormal avec lui. Son regard semblait bien plus mâture que la plupart des lycéens. Un nouveau, généralement, était timide, et restait dans son coin. Comme Vaoder, mais... C’était curieux. Félicia n’arrivait pas à mettre le doigt dessus, et décida de penser à autre chose. Elle avait après tout d’autres soucis, et se faisait sans doute des films.

*Arrête ta parano, ma vieille !*

Vaoder avança vers elle, et tenta de la feinter, mais Félicia ne se laissa pas abuser. Il oublia le ballon au début, ce qui la fit sourire. La Chatte Noire était en position. Elle n’allait pas sortir le grand jeu. Il ne s’agissait que d’un entraînement. Vaoder eut un bref regard, fugace et éphémère, pour les lycéens qui s’entraînaient, et quelque chose changea alors dans ses yeux, dans sa posture. Une espèce de prise d’assurance subite. Il se déplaça alors, analysa le terrain, et tira un boulet de canon dans une ouverture, scotchant Félicia.

La balle fila à côté d’elle, sur sa gauche, manquant toucher ses côtes, et décrivit ainsi une ligne droite ascendante qui alla l’envoyer en plein milieu des cages. Surprise, Félicia avait tourné la tête. Il s’était déporté très rapidement sur sa gauche, s’appuyant avec le pied gauche, plaçant le droit en arrière, pour décocher ce missile. La rapidité du geste compensait sur l’absence de technicité. Un gardien se serait reçu le ballon dans le ventre, et il n’y avait que dans Captain Tsubasa qu’un tir pouvait emporter le goal dans les buts.

*Impressionnant...*

C’était d’ailleurs tellement impressionnant que Félicia ne savait pas quoi dire. La bouche grande ouverte, elle observait le ballon, puis se ressaisit quand Vaoder lui parla :

« Vous auriez du porter un short... Ca gène moins pour bouger... »

Félicia soupira, réfléchit, et décida d’oublier les convenances. Le sort était en jeu.

« Oui... Entraîne-toi à faire des passes avec les autres, je vais me changer. »

Félicia trottina vers sa classe.

« Allez, dépêchez-vous ! Allez vous entraîner à faire des passes ! »

Les élèves d’Itawa s’entraînaient également, et Félicia alla dans les vestiaires, y récupéra son sac, abandonna son pantalon, et enfila un short noir, se sentant bien mieux. Bien plus sexy, aussi, mais ce n’était qu’un détail. Avec ses longues jambes fuselées et musclées, elle savait qu’elle amenait bien des regards à loucher sur elle. Pour que rien ne puisse la déranger, elle alla dans la salle de bains, et utilisa un élastique pour se faire une queue-de-cheval. Elle en profita alors pour se regarder dans un miroir avec son nouveau look.

*Je ressemble presque à une lycéenne... Diable ! Bon, ce n’est pas le moment de penser à ça !*

Félicia ressortit. Dehors, toute une troupe avait entouré Vaoder.

« T’en as mis une à Hardy-senseï ? Pas mal !
 -  Ton tir était nul, aucune puissance lâcha Kojiro, sarcastique.
 -  Lui, au moins, il sait cadrer, Kojiro ! »

Félicia soupira, et se rapprocha d’eux.

« Et bien alors ? C’est pas en papotant qu’on s’entraîne ! »

Oui, elle n’en démordait pas : Vaoder était spécial. Cette vitesse... C’était un niveau assez élevé. Elle le regarda en fronçant les sourcils, soupçonneuse, et lâcha, tandis que les élèves s’échangeaient des passes à l’aide de plusieurs ballons, ou s’entraînaient à faire des tirs au but.

« On dit que l’Europe est une terre de foot’... Allez, confie-moi ton secret, Vaoder. »

Elle laissa planer un petit instant de silence, et poursuivit avec un sourire :

« Tu t’entraînais dans un club de foot’ ? Pour avoir une telle vitesse, et tirer de volée comme tu l’as fait sans que le tir ne perde sa puissance, il faut être physiquement parlant doué. »

Avait-elle une future star du football ? Ce serait trop beau pour être vrai !

« Allez, dépêchez-vous ! Allez vous entraîner à faire des passes ! »

Ben voyons... Qu'esperait elle tirer de ces enfants... Ils feraient peut être trente seconde de passe pour se mettre a discuter des qu'elle aurait les yeux tournés... Ce qui n'etait pas pour déplaire a Vaoder, qui n'aurait pas a faire semblant de ne pas y arriver. L'indiscipline a du bon parfois... Bien sûr Vaoder changea d'avis quand les élèves s'attroupèrent autour de lui. Aucun d'eux ne l'avait vu tirer, mais tout le monde avait pu voir la balle dans les cages et la prof clouée sur place de surprise.

Il avait fallu un moment avant que Vaoder puisse distinguer un quelconque mot dans la cacophonie ambiante, reperant sur les visages ici de l'admiration, la de la jalousie, et la encore de la totale indifférence, les éleves s'etant rassemblés par instinct grégaire, ce que préferait encore le jeune irlandais.

« T’en as mis une à Hardy-senseï ? Pas mal !
 -  Ton tir était nul, aucune puissance!
-  Lui, au moins, il sait cadrer, Kojiro ! »


"C'était un coup de chance, je crois qu'elle m'a laissé marquer... Vraiment il n'y a pas de quoi en faire tout un plat, et puis il n'y avait pas de gardien. Un tir facile, n'importe lequel d'entre vous l'aurai réussi..."

« Et bien alors ? C’est pas en papotant qu’on s’entraîne ! »


Vaoder ne l'avait pas vu revenir... Elle avait suivi son conseil. La nouvelle tenue lui allait beaucoup mieux et la mettait en valeur... L'irlandais surprit son propre regard a s'arreter sur cette femme magnifique, tentant de se persuader que ce n'etait que parce que voir des jambes de guerrierre, ou même d'athlete sur un prof de sport était définitivement anormal, comme le reste de son corps et de sa forme physique... Sans parlait du fait qu'elle semblait ne pas eprouver un quelconque interêt pour son metier...

Vaoder se tapa tout seul derrierre la tête. Garde la tête froide se dit il, pense comme un lycéen. Quoique d'un autre coté, quel lycéen ne trouverait pas cette prof attirante?
Il se gratifia d'une nouvelle tape derrièrre la tête. Concentres toi. Ne gâches pas tout maintenant... Fais attention... Ou tu sera retrouvé et tué. Surtout ne te laisses pas aller. Ne fais pas l'idiot. Soit raisonnable.

Quelqu'un d'autre entendant dans son crane aurait pu bien rire. Un combattant de la liberté s'entravant de la sorte, il y avait de quoi se moquer. Mais le moment n'etait pas a ce genre de suppositions.


« On dit que l’Europe est une terre de foot’... Allez, confie-moi ton secret, Vaoder. Tu t’entraînais dans un club de foot’ ? Pour avoir une telle vitesse, et tirer de volée comme tu l’as fait sans que le tir ne perde sa puissance, il faut être physiquement parlant doué. »

Vaoder eut un haussement d'épaules alors que les paroles de la prof l’arrachèrent a sa douce rêverie, le rappelant a la criante réalité, le prenant a parti.

"Je ne sais pas. Je n'ai pas vu beaucoup de ce jeu sur mon île, et je ne risque plus d'y retourner maintenant. Mais il n'est pas compliqué. On met la balle dans leur but et on ne les laisse pas la mettre dans les notres... Ca manque d'interêt... J'y jouerai tant que vous le demanderez, mais pas plus que neccessaire. Et concernant les secrets... Mademoiselle Hardy... Vous semblez en avoir autant, peut être plus que moi. Je veux néanmoins bien vous faire confiance, si vous en faites de même... L'orientation de ce terrain est parfaite, les levers de soleils doivent être magnifiques... Passez en voir un a l'occasion, qui sait, vous pourriez être surprise... "



Idiot. Voila ce que se dit Vaoder. A peine arrivé il s'était trahi. Cela dit le ton froid et l'expression extremement serieuse de Vaoder devrait suffire a lui faire saisir le serieux de la situation. Instantanément, Vaoder reprend son expression de lycéen souriant, légèrement timide, mais son esprit bat toujours la campagne. Quelque chose lui ressemble chez cette fausse prof. Parce qu'elle n'est pas prof, ou pas seulement. Elle ne colle pas au rôle. Trop exceptionnelle. Peut être est ce pour ca qu'il a pris le parti de lui faire confiance. Pour ne pas deveir fou, avoir l'occasion de découvrir qu'il n'etait peut etre pas le seul a ne pas être a sa place...

« Et concernant les secrets... Mademoiselle Hardy... Vous semblez en avoir autant, peut être plus que moi. »

Félicia fronça légèrement les sourcils quand Vaoder parla de « secrets ». Que sous-entendait il par là ? Rares étaient les personnes qui savaient que Félicia Hardy, certaines nuits, portaient une tenue en cuir et modifiait ses conditions physiques pour aller, telle une moderne Robin des Bois, cambrioler les plus riches. Vaoder avait parlé d’une « île ». Ceci excluait pas mal de pays européens. Une île... L’Angleterre ? L’Irlande ? L’Islande, peut-être ? Ou alors, les îles du sud ? La Corse ? Malte ? Chypre ? Elle avait du mal à l’imaginer dans les îles de la Méditerranée. Il avait l’air trop froid pour ça. Le fait qu’il ne connaisse rien au foot’ n’indiquait en soi rien. Peut-être un Anglais... C’était plus probable, mais une chose était sûre. L’impression de Félicia se confirmait. Il y avait quelque chose d’anormal avec ce garçon. Ses phrases, ce qu’il disait, sa posture...

« Félicia ? »

Tournant la tête, Félicia sortit de ses pensées en voyant Itawa s’approcher. Ce dernier s’entretint avec elle.

« Il nous faut un arbitre...
 -  Shii fera un très bon arbitre, lança Félicia avec un léger sourire.
 -  Shii ? Hum... Okay. Honneur aux dames, on vous laisse choisir votre côté de terrain, et prendre la balle.
 -  C’est trop d’honneur ! » ironisa Félicia.

Itawa s’éloigna, et Félicia regarda à nouveau le nouveau, et haussa les épaules.

« Je ne suis qu’une prof’, Vaoder. Sportive, c’est un fait, mais je reste une prof’. »

Elle lui mentait, mais il avait également l’air de ne pas être honnête. Peut-être aurait-elle du se renseigner un peu mieux sur son dossier, après tout. Dans le fond, Seikusu était une ville qui faisait même passer New York pour une tranquille bourgade. Il y avait tellement de choses incohérentes, loufoques, et étranges ici. Elle tapa dans ses mains, et regroupa les élèves, commençant à donner la formation de l’équipe.

« Shii, tu seras l’arbitre de ce match.
 -  D’accord, senseï !
 -  Kenji, Vaoder et Ijawa, vous serez en attaque. On va faire une formation classique, et je jouerai milieu de terrain.
 -  Vous... Vous participez, senseï ?
 -  Naturellement ! »

« Je ne suis qu’une prof’, Vaoder. Sportive, c’est un fait, mais je reste une prof’.
-Et moi juste un élève. Pendant les horaires de cours. A l'abri de la lumière certaines restrictions tombent, parfois malgres nous. si tu veux toujours savoir Felicia, rappelle toi ce que je t'ai dit. Juste avant le lever du jour, içi même."

trop facile de s'evader comme ça.elle avait le même préssentiment que lui a son égard et il le savait. Quelque chose n'allait pas. Elle était prof, mais pas seulement. Il manquait un élément du tableau qui aurait rendu les choses complètes, cohérentes, harmonieuses. Finalement le sport n'allait peut etre pas être le pire cours... SI ce n'est que le principal enjeu de ce cours serait d'en découvrir plus sur le secret de Felicia Hardy, quel qu'il soit

*crétin.* A vivre dans la peau d'un autre, dévoré par la peur omniprésente d'être retrouvé içi ou renvoyé dans son pays, il devait devenir paranoïaque. Pas de raisons particulières pour qu'elle lui mente... Apres tout son cas était exceptionnel. Pourtant... Etait il réellement convaincu? Pouvait il vraiment se dire en la regardant que oui, tout etait normal et tout collait? Non; bien sur que non... Sa curiosité le perdrait si il n'y faisait pas attention...

Vaoder alla se placer naturellement a sa place, visualisant les failles dans la défense adverse. Le prof adverse  semblait vouloir jouer en attaque... Mais il n'était pas comme Hardy-Senseï. Malgres son manque de technique Vaoder n'aurait qu'a le prendre de vitesse... Tres vite le match s'engagea, et la balle parvint une première fois a Vaoder, qui la redistribua immédiatement. Ce dernier s'obstinait a adopter un jeu médiocre, manquant plusieurs belles occasions volontairement. Puis il finit par exploiter une faille dans la défense adverse, passant un défenseur qui regardait ailleurs, décrochant un boulet de canon qui vint se placer précisément ou il le voulait... En produisant un rebondissement sonore en frappant le poteau des cages adverses... Se retournant vers son equipe, il eut un petit sourire mesquin l'espace d'une seconde, juste avant de faire la moue de l'élève déçu. Que la partie commence...

« Et moi juste un élève. Pendant les horaires de cours. A l'abri de la lumière certaines restrictions tombent, parfois malgres nous. si tu veux toujours savoir Felicia, rappelle toi ce que je t'ai dit. Juste avant le lever du jour, içi même. »

Elle haussa les sourcils. La tutoyer ainsi mériterait presque une sanction disciplinaire, mais elle ne dit rien. L’homme parlait de manière énigmatique, amenant Félicia, encore une fois, à se demander s’il ne savait pas qui elle était vraiment. A savoir la Chatte Noire. Elle hésita à en savoir plus. C’était risqué. Le match finit du reste par démarrer, et, après quelques échanges, Vaoder tira un missile. La balle heurta le poteau en faisant trembler ce dernier.

« Pourquoi tu as pas passé la balle ? hurla Kojiro. J’étais démarqué ! »

Le tir avait fait trembler le poteau, et réveilla Félicia. Il ne fallait pas sous-estimer Itawa. Il était un ancien footballeur, et prétendait même avoir été dans de grands clubs nationaux. Un ancien sportif à la carrière internationale, mais qui ne pouvait plus, à cause de son âge, faire de longs matchs. Son goal lui tendit le ballon, et Itawa passa à l’action, L’homme courut rapidement vers Vaoder, et lui parla :

« Tu as une bonne force de frappe, et une excellente vitesse, mais... Tu manques de technique ! Admire l’artiste ! »

Itawa s’élança rapidement vers lui, et ses attaquants s’élancèrent. Félicia sentit une silencieuse menace. Son rival fut sur Vaoder, et se retourna brusquement. Le ballon était dans le creux de son pied gauche, son pied droit faisant appui, et il lui montrait son dos. Le ballon s’éleva alors dans les airs, lobant Vaoder, tandis qu’Itawa le contournait. Un geste rapide et incroyablement technique qui lui permit de gommer Vaoder sur place. Récupérant le ballon au vol, Itawa passa en avant, surprenant toute la défense. L’un des membres de sa classe reprit la balle, et tira de volée, visant les buts. La balle fusa vers ces derniers, et heurta le côté intérieur du poteau opposé, terminant sa course dans les filets.

« Un... Un Santana Turn !
 -  La classe ! »

Itawa regarda alors Shii, et fronça les sourcils.

« Alors ? »

Cette dernière rougit, et siffla.

« B-But ! »

Un Santana Turn était un mouvement provenant d’un manga japonais consacré au football. Voilà en tout qui confirmait le talent d’Itawa. Félicia fronça les sourcils. Si elle voulait gagner ce match, elle allait devoir passer aux choses sérieuses.

« On s’accroche, les gars ! »

Elle n’allait pas laisser ce vantard d’Itawa les dominer sans réagir !

*Tu vas voir de quoi je suis capable, toi et ton tour de gymnastique !*

« B-But ! »

Vaoder emit un grognement aggressif. Il n'avait pas vu le coup venir. Il aurait été incapable d'en faire un pareil. au moment ou le professeur adverse avait lobé Vaoder, ce dernier s'était immobilisé et raidi, prêt a décocher un coup de pied circulaire pouvant arreter presque n'importe qui si bien placé. Il s'était bien sur arreté en se rappelant qu'il ne pouvait frapper personne, encore moins sur un terrain de foot mais se demanda quand même en son for interieur si le prof aurait quand même réussi son coup avec le tibia cassé en deux...

Difficile d'encaisser une défait e quand on est un guerrier... Cela dit, ce coup d'éclat du professeur donna un tournant nouveau au match pour Vaoder le voyant plus comme un duel qu'un vrai jeu d'équipe. Des qu'il obtenait un ballon, il allait se confronter a Itawa, voyant si sa vitesse pourrait triompher de la technique du vieil homme, gardant tout de même le sens de la mesure dans la vitesse qu'il mettait dans ses mouvements... Il passa une première fois le professeur en courant simplement latéralement pour protéger son ballon et décocha un noueau tir, qui ricocha cette fois ci sur la transversale avant de revenir directement sur Vaoder qui la reprit de volée pour l'envoyer sur le poteau qu'il n'avait pas encore touché avant de laisser la balle a Kojiro qui s'impatientait une fois de plus, et qui marqua a sa grande surprise...

Au nouvel engagement, la balle circula un moment jusqu'a arriver a Itawa, qui commenca a courir avant que Vaoder quitte son poste pour l'affronter une nouvelle fois... Il ne voulait pas rester sur une défaite... C'était hors de question. Il le battrait, même si il devait l'affronter jusque dans les cages de son gardien... Pourtant rien n'y fit. Apres une feinte convaincante Itawa contourna Vaoder avec aisance alors que ce dernier laissait echapper un bref cri de rage noué dans sa gorge et donc peu audible. Vaoder se tourna alors vers Felicia avant poser sur elle un regard interrogateur

"On livre bataille? Vraiment?"

Le match gagna progressivement en intensité. Rien de mieux qu’une rivalité entre profs pour motiver les élèves à se donner à fond ! Après s’être pris un but, l’équipe de Félicia adopta une posture bien plus offensive, et cette dernière nota assez rapidement que Vaoder avait un style de jeu très personnel, et qu’il semblait voir Itawa comme un rival. A chaque fois qu’il montait à l’assaut, c’était pour approcher d’Itawa, mais l’ancien footballeur avait une bonne détente, et, si Vaoder était rapide et tirait fort, son jeu était facile à lire. Lui prendre le ballon n’était pas très compliqué, et ses camarades s’impatientaient. Restant prudemment en retrait, Félicia assurait la défense, afin d’éviter de se recevoir un autre but. Rapide et svelte, elle parvint ainsi à déjouer plusieurs attaques, relançant l’attaque.

Vaoder finit par déborder Itawa en comptant sur sa vitesse, faisant une pointe le long du terrain. Surpris par cette accélération, Itawa fut distancé, et s’élança à sa poursuite. Le senseï n’était toutefois plus aussi rapide qu’en son temps, et ne put empêcher Vaoder de balancer un boulet de canon. La balle fusa en l’air, et heurta violemment la transversale, passant au-dessus des défenseurs.

*Merde !* songea Félicia, mauvaise joueuse.

Une défenseuse s’exclama alors :

« C’est pas fini ! »

Effectivement, Vaoder était rentré dans la surface de circulation, toujours avec sa vitesse impressionnante, et prit de court les défenseurs en tirant de volée. Le ballon s’envola, le gardien bondit, mais n’arrêta pas la balle. Comble de malchance, cette dernière heurta un poteau, et s’en alla hors de la surface de réparation. Le danger semblait alors écarté, jusqu’à ce que Kojiro arrive, et décoche un boulet de canon. A terre, le gardien bondit en l’air, mais loupa à nouveau le ballon. Le ballon heurta le petit filet, et la voix guillerette de Shii se mit à résonner :

« Buuutt !
 -  Bravo, Kojiro !
 -  Mangez-vous ça ! ‘‘Le Tir du Tigre’’ de Kojiro ! Haha ! »

Itawa avait un léger sourire.

« La relève est là... commenta-t-il. Allez, il est temps de leur en mettre un second ! »

L’engagement eut lieu rapidement, et les attaquants ennemis livrèrent quelques jeux de passe, jusqu’à ce qu’Itawa récupère le ballon. Un grand pont lui permit d’esquiver Kojiro, et Vaoder se retrouva sur sa route. En souriant, Itawa accepta le duel, et fit encore parler sa technique, parvenant à feinter Vaoder en faisant croire qu’il allait passer sur la gauche, avant de déborder à droite. Il tomba ensuite sur Félicia, et arqua un léger sourire, avant de courir vers elle. Cette dernière avançait également vers lui, mais, au dernier moment, Itawa fit une talonnette, envoyant la balle en arrière, où l’un de ses coéquipiers la reçut.

« Renvoie ! » hurla-t-il.

Le jeune homme tenta de s’exécuter, mais, alors qu’il allait tirer sur le ballon, un pied jaillit. Un défenseur tira sur la balle, et cette dernière fila en touche.

« Tu me fuis ? lança alors Félicia à l’attention d’Itawa.
 -  Je ne veux pas t’humilier devant tes élèves... répondit ce dernier en haussant les épaules.
 -  Je croyais que tu avais tout simplement peur... »

Itawa fronça les sourcils, et grommela. Vaoder s’approcha alors d’une Félicia amusée pour lâcher :

« On livre bataille ? Vraiment ? »

Elle esquissa un léger sourire amusé.

« Je vais lui faire ravaler sa fierté. »

Un joueur fit la passe, qu’un autre réceptionna, et passa. Un milieu de terrain de Félicia intercepta le ballon, mais tomba sur Itawa, qui mit son pied sur la trajectoire du ballon. Emporté dans son élan, le lycéen tomba par terre, et l’homme se mit à courir, avant que Félicia ne se mette sur sa route.

« Tu l’auras voulu, ma belle... »

Itawa alla droit sur elle, et tenta à nouveau un Santana Turn. Il lui montra son dos, pris dans son élan, mais ce dernier allait comprendre que Félicia était également une sportive... Et qu’elle connaissait le manga, de plus. La balle s’envola en l’air, et tout alla comme au ralenti. Félicia tendit un pas en arrière, s’en servant comme d’un point d’appui, et se retourna, montrant ainsi son dos à celui de son adversaire, tout en utilisant son pied d’appui pour bondir dans les airs. Elle fléchit pour cela le genou, et s’élança rapidement, utilisant ensuite son autre jambe pour frapper dans le ballon. Un superbe contre. Itawa en fut scotché, et Félicia profita de l’effet de surprise, s’élançant rapidement, courant comme une gazelle. Elle n’avait pas vu où elle avait envoyé le ballon, et ce dernier avait atterri sur le ventre d’un défenseur ennemi. Dans son élan, Félicia le vit regarder un autre défenseur, et parvint à intercepter la passe. Elle renversa ensuite le jeu, envoyant une longue passe vers Kojiro qui se rua dans la station de réparation, et décocha un nouveau tir. Malheureusement, l’exploit ne se répéta pas.

La balle heurta le poteau, et Félicia, attentive, s’élança vers cette dernière, la reprenant à l’aide d’une bicyclette aérienne. Ses pieds s’envolèrent, et elle tomba par terre, tout en renvoyant le ballon, qui frôla la transversale pour se loger dans les buts. Légèrement essoufflée, Félicia se releva, et un large sourire ravi traversa ses lèvres.

« Waaw... Ça y est, je suis amoureux... »  lâcha Itawa avec un sourire.