Les Prédatrices... PV Ishtar

Le marché de la place publique de Nexus était aussi animé que d'habitude. Il y avait les gens de passage, qui hésitaient devant les promesses d'objets rares. Les gens de la ville qui faisaient leurs courses. Les aventuriers venus vendre des artefacts anciens. Et les gens comme Ryuka. C'est une catégorie à part, des personnes qui parfois vendent, parfois achètent mais dont l'image est indissociable du marché car on ne semble les voir que là-bas.

Habillée d'une de ses tenues favorites, courte comme il faut, se résumant à un bustier de cuir et une jupe très courte, Ryuka avançait d'un pas joyeux entre les rayonnages. Les malchanceux qui la percutaient avaient l'impression de croiser un mur de brique et les habitués ne faisaient plus très attention à elle : la dragonne pouvait passer des heures à flairer des rayonnages sans acheter. Carrément incrustée dans le décor, elle portait un collier d'esclave prêté par sa cuisinière. Ce n'est pas qu'elle voulait se faire passer pour une esclave, c'est qu'elle espérait que quelqu'un serait assez stupide pour la maltraiter.

Elle arriva à destination : le marchand d'épices. Elle sortit une feuille repliée en quatre de son bustier et la lui tendit avec le sourire. Le gros bonhomme habillé dans une tenue rehaussée d'or et aux doigts alourdis de bagues eut pour elle le sourire convenu d'un maître envers une esclave bien disposée. Le sourire resta en place mais se crispa au fur et à mesure de la lecture de la feuille.

"Vous n'avez pas tout ça?"
"Heu... Si... mais la quantité..."
"Ben il y a ce qu'il faut ici non?"
"C'est ma marchandise du mois que vous voulez?"
"J'ai la tête de quelqu'un qui va retourner chez son maître pour lui poser les questions d'un petit, misérable, ridicule et imprévoyant vendeur?"

Elle se pencha en avant en ayant un de ses sourires carnivores. Il y eut des petits sifflets à sa droite et des commentaires guillerets mais le vendeur lui perdait de sa superbe. Il avait l'impression que son étal était la seule chose qui le séparait d'une rencontre fortuite avec son créateur. La vue sur le décolleté était un détail. Le regard dont les pupilles viraient au rouge était une promesse d'abîme sans fin qu'il ne pensait pas croiser sur cette terre. Du moins pas de son vivant. Il avait entendu parler d'une esclave extrêmement brutale qui, pour le bon plaisir de son maître, massacrait toutes les personnes qui l'empêchait de dépenser son argent comme bon lui semblait. Il pensait que c'était un fantasme de vendeur ne pouvant écouler sa marchandise mais la réalité avait une sale tendance à rattraper la fiction ce matin.

Les commentaires à la droite de Ryuka devenaient de plus en plus crus. La dragonne ayant sa fierté se redressa doucement, prêtant d'abord le profil à ces personnes bien mal élevées. Puis, tout doucement, elle pivota la tête, souriant toujours. Les rires augmentèrent une fois qu'ils eurent l'attention et il y eut même des demandes à ce qu'elle s'approche. Mais elle restait immobile, toujours souriante. Ces humains, vraiment...

Cela faisait au moins une minute à présent qu'elle était totalement immobile et les joyeux lurons sentaient qu'il y avait un problème. Les terranides ne fixaient pas des humains de cette façon, souriant en permanence. Ils sentaient qu'il y avait autre chose, comme si elle ne les voyait pas comme des personnes. Quand elle passa doucement une langue longue et épaisse sur ses dents pointus, le silence fut total de leur part et la vie semblait reprendre tout autour. Les autres vendeurs ne voulaient pas avoir l'impression de s'intéresser à ce qu'il se passait et semblaient trouver fascinant le contenu de leurs étals à viande et épices. Le regard de braise restait fixé sur le groupe d'humains, ne se fixant sur personne en particulier, ne voyant qu'une globalité. Une cible.

Soudain, elle fit un pas en avant. Rapide, brutal, à tel point que la poussière se souleva à ses pieds. Poussant un cri étouffé, les trois bonhommes sautèrent en arrière et toutes les personnes aux alentours jetèrent soudain un regard vers l'endroit. Tout en reculant un peu. Ils étaient soudain les personnes les plus seules de Nexus. Le regard restait fixe et la position stationnaire. Tout ce qui avait changé, c'était la main droite. Se fermant et s'ouvrant, on percevait des craquements sinistres et les muscles jouant sous la peau étaient impressionnants, bien plus que ce qu'on pouvait s'attendre d'une fille de cette taille. Lentement, elle commença à pivoter vers eux et ce fut le signal de la débandade.

Personne n'osa rire et Ryuka trouva ça dommage. A ses yeux c'était une bonne blague, cette intimidation ridicule. Elle ignorait comment, mais quand elle se lâchait comme ça les humains percevaient involontairement le dragon derrière l'apparence et ils avaient un petit bouton nommé "peur primaire" dans leur cerveau qui se faisait titiller par un Parkinsonien en phase terminal. Elle revint vers son vendeur d'épices en mode "sourire de circonstance", sortant un diamant de la taille d'un pouce de sa ceinture.

"Voila pour les frais. Le spectacle était gratuit. Je viendrais plus tard pour la marchandise..."

Sans plus de cérémonie, elle fit demi-tour et alla jeter un oeil en quête d'un produit rare au cas où.

Mais cette dragonne n'était pas tout à fait seule. Il y en avait une autre qui l'observait calmement depuis sa position. Ainsi donc, Ishtar retrouvait une de ses congénères éloignées. Sûrement une dragonne un peu moins évoluée comme elle l'était ou un peu moins modifié qu'elle. Ishtar était cachée dans la foule, sous les traits de madame-tout-le-monde, ce qui était aisée dans une foule pleine. Elle frôla à plusieurs moment cette dragonne pour s'assurer de son potentiel. Silencieuse et efficace, elle attendait le meilleur moment pour enfin l'interpeller.

Puis enfin l'occasion s'annonça. Ishtar monta sur un des toits de Nexus et ne lâchait pas sa cible du regard. Bien sûr, le soir tombait déjà et le manteau protecteur de la nuit était tombé sur les ruelles de cette cité aussi décadente que ridicule. Pourquoi acheter des esclaves ? Déjà là, ça semblait ridicule pour Ishtar. Quand on sait comment s'y prendre, avec un peu de parlotte et d'actions, on avait un esclave de plus. Bien sûr, on pouvait croire que c'était un peu du hasard, au petit bonheur la chance, mais selon Ishtar, car on a anticipé toutes les réactions de la personne, il n'y a plus de place au hasard.

Ishtar attendit le passage de la personne et se posa juste derrière elle dans la ruelle, à une distance de sécurité raisonnable. Il ne fallait pas non plus se montrer plus dangereuse qu'elle ne l'était ou encore menaçante... Non c'était aux gens qui la connaissait déjà de savoir que même à l'autre bout du monde ou dans une autre réalité, elle peut déjà vous faire du mal ! Bref, elle fit rabattre ses ailes possédant plusieurs piercings dans son dos, les mains sur les hanches à regarder cette dragonne. La dragonne observa la jeune personne et fit un pas leste vers elle.

"C'est agréable de voir d'autres dragonnes... Je commençai à me sentir seule dans ce monde si frêle et insouciant. Alors que ce que j'ai devant moi pourrait devenir faste et supérieur..."

Elle sortait calmement sa longue pipe en or et plaça son index sur le trou contenant le tabac et ce dernier s'embrasa. Ishtar prit une profonde inspiration, recrachant la fumée du tabac par ses naseaux alors qu'elle regardait toujours la jeune femme devant elle. En réalité, elle observait et calculait, et fantasmait un peu dans le lot. Enfin elle reprit la parole.

"Je m'appelle Ishtar Sakipat Tebisha Naviento. Quand je vous vois, je vois plus qu'une dragonne... Je vois tout ce que vous pourriez être !"

Ryuka n'avait rien trouvé de très intéressant et les esclaves actuels étaient de mauvaise qualité. Parfaits pour faire des objets sexuels mais elle, elle cherchait des cuisinières avérées ou potentielles. Hors ce qui était disponible pour le moment était drogué jusqu'au sourcils, les esclavagistes du moment abusant de ces substances pour les garder sous contrôle le temps de la vente. Dur de se faire un avis avec des terranides dont le cerveau tenait de la sauce blanche...

Tenant dans un gros sac posé sur son dos l'équivalent d'une petite fortune en épices et aromates, elle rentrait tranquillement chez elle. Devant la porte de son logement elle entendit quelque chose se poser derrière elle. Soupirant, elle pivota sans grâce.

"Pas le moment..."

Les imbéciles d'avant qui revenaient à la charge avec des renforts? Finalement non, les ailes reptiliennes étaient un indice assez évident. La position n'avait pas changé mais une tension était palpable entre les deux femmes. Ryuka était méfiante. Est-ce qu'il s'agissait d'une terranide de type dragonique ou d'une dragonne métamorphosée? Voir pire, une de ses soeurs crée artificiellement? Elle avait deux chances sur trois de tomber sur une personne lui disputant son territoire. Ce qui signifiait autant de chances de raser le quartier de la surface du globe ce qui serait un désastre vu le nombre de restaurants qu'il comportait. Le discours était construit mais sonnait un peu étrangement aux oreilles de Ryuka.

"Faste et supérieure... Ce sont mes deux petits noms oui... La fortune ne m'a pas oubliée et personne ne me dispute mon rang..."

Disant cela, elle arracha sans efforts le collier de son cou avant de le jeter par la porte ouverte de sa maison. L'inconnue triturait sa fierté et flattait son égo. Réaction de toute personne cultivée face à un membre de cette espèce gonflée d'orgueil. C'était assez nouveau pour Ryuka, les personnes qui la complimentaient alternaient ce genre de mot avec "pitié, pitié, non, non" or la nouvelle venue donnait plus l'impression d'entendre ce genre de mot que de les dire. Elle se présenta. Ce nom était long, tordu et inutilement complexe. Ce n'était donc pas la dernière catégorie qu'elle craignait. Les mages ne s'étaient pas encombré de noms difficiles à retenir pour leurs créations.

"Ryuka. Et ce que vous voyez n'est qu'une infime partie de ce que je suis... "

Posant le sac et bombant le torse, sourire rivé au visage, tête un peu penchée sur le côté, la dragonne analysait la situation. Assassin? Elle aurait déjà attaqué. Créature? Idem. En fait, quelle que soit la volonté de l'arrivante, Ryuka n'arrivait pas à sentir un désir d'agression. On dirait plutôt ces fous qui essayent de convertir à une religion. Elle en avait jeté un par le deuxième étage le mois dernier qui voulait la convertir de force.

"Vous permettez?"

Ryuka n'avait pas une bonne vue et l'obscurité n'aidait pas. Elle fit donc plusieurs pas vers Ishtar et se mit à inspirer profondément, humant l'air autour de la nouvelle arrivante. Si sa vue était mauvaise, son odorat pouvait difficilement être trompé. Et elle avait subi tant d'attaques par le poison qu'elle en connaissait l'odeur à présent.

Mais Ryuka ne sentit sur Ishtar que son parfum naturel, fait d'huiles de massage et d'une senteur plus secrète mais hypnotisante. Bien sûr, pour le nez commun, Ishtar exhalait un parfum enivrant et excitant qui suscitait les envies secrètes... Mais ce musc avait une autre tournure avec le nez perfectionné par la nature de cette dragonne. Ishtar avait de bien belles écailles et pour entretenir une jeunesse pendant très longtemps, la dragonne noire avait pratiqué une méthode peu banale mais qui avait fait ses preuves. Il s'agissait de trouver bon nombres d'esclaves mâles et de se faire éjaculer dessus. Leur semence ne servait plus à la procréation, mais à la composition d'un baume corporel rajeunissant, nourrissant ses cellules et lui permettant un renouvellement cellulaire parfait. Bien sûr, Ishtar utilisait des esclaves mâles pour cette fonction et ils n'avaient aucun droit sur la virginité vaginale si précieuse aux yeux d'Ishtar. Aucun homme ne pouvait se prétendre le droit de la pénétrer ici, un point c'est tout.

"Voyons, Ryuka. Vous imaginiez que je ne pouvait pressentir votre véritable nature ? Je vois par delà les formes et les quolibets. Même si la magie qui imprègne votre forme humaine est imposante, elle n'est pas assez discrète à mes sens pour cacher que vous êtes une véritable dragonne a la puissance bien égale aux terribles titans qui ont gouvernés ce monde avant nous."

Ishtar tira une nouvelle fois sur sa pipe avant de recracher de la fumée par les naseaux. Elle réajusta son monocle avant de faire une volute de fumée avec sa pipe, la tournoyant.

"Puis-je entrer ? La soirée devient fraîche et je n'ai certainement pas la tenue adéquate pour ce genre de veillée nocturne. Nous serions mieux à l'intérieur pour discuter des éventuelles questions à mon sujet. Si je dois éteindre mon tabac, je le ferais si c'est votre désir."

Le parfum qui émanait d'Ishtar était étrange. Il y avait des traces de divers cosmétiques mais c'était autre chose... Comme quelque chose qui venait de tout son corps. C'était une odeur familière, il y avait une pièce qui sentait comme ça dans sa maison. Cette pièce ressemblait à une chambre de torture pourtant l'odeur de sang y était faible, elle n'avait jamais compris. Cette femme était comme cette pièce, remplie de petits mystères. Juste ce qu'il fallait à quelqu'un de curieuse comme elle. Ryuka fit un de ses petits sourires carnassiers. La soirée serait intéressante... De plus, Ishtar flattait son égo avec tant de soin que si elle la caressait avec des draperies en soie parfumées au jasmin ça ne serait pas plus efficace.

"Vous êtes sage... ou puissante... ou les deux... Mais quelque part doit se trouver un atome de folie car venir dire à une dragonne qu'elle a été mise à jour est généralement synonyme de fin rapide et brûlante... Mais j'ai su évoluer des instincts primaires de ma race."

Les poings sur les hanches, elle regardait la silhouette. Tout dans l'allure de la personne soulignait qu'elle avait des moyens et pouvait se permettre beaucoup de choses. Peut-être des espions aussi? Bah, rien qu'elle ne pourrait écraser le moment venu si ça tournait mal. D'ailleurs, elle souhaitait rentrer. Autant ne pas laisser de témoins, oui, déjà dire en pleine rue qu'elle était une dragonne n'était pas très sage. Ramassant le sac d'épice, elle désigna la porte.

"Bienvenue dans ma demeure, demoiselle Ishtar. Eteignez moi cette pipe tout de même. L'ancien propriétaire menaçait des pires sévices quiconque fumait en cette demeure et mes invités trouveraient étrange qu'il ait changé d'idée..."

L'ancien propriétaire était toujours officiellement le propriétaire de cette maison. Il payait ses impôts et gérait par courrier son affaire de commerce de bétail. Le fait qu'il soit en fait, physiquement parlant, qu'un petit tas de cendre perdu en pleine campagne n'était qu'un détail mineur pour le fisc de Nexus. Tournant le dos à la nouvelle venue, Ryuka pénétra dans la maison. La première pièce était un hall luxueux sur deux étages, les pièces du premier voyant sur le hall par des fenêtres ou du balcon faisant le tour sur trois côtés. Il y avait des canapés, des fauteuils, une grosse cheminée... C'était surtout la pièce où les personnes en relation avec le maître de maison Sam le Rouge recevaient leurs ordres. Toujours par écrit. Tout le rez de chaussé était pris par les pièces d'utilité comme les quartiers des esclaves, la cuisine, le garde-manger et les salles d'eau.

D'ailleurs, Ryuka ne s'attarda pas dans ce hall XXL et alla directement dans une pièce à droite, derrière une lourde porte en chêne. C'était un salon bien meublé avec d'autres canapés mais surtout une partie repas bien visible avec une table de monastère. Cinq chaises normales étaient posées autour du meuble et... un billot de bois. Taillé grossièrement, il semblait plus avoir sa place dans un atelier de bûcheron. Il était d'ailleurs à côté de la cheminée. Surgissant d'une pièce dont la porte était à côté de la cheminée, une esclave usagi apparue, ravie de voir sa maîtresse.

"Bonjour mademoiselle! Tout s'est bien pa..."

Sa voix mourrut en voyant derrière Ryuka l'inconnue. En quatrième vitesse, elle disparut à nouveau dans la cuisine. La dragonne sourit,posa le sac d'épices et alla s'assoir sur le billot de bois, sa queue se tournicotant vers le feu allumé dans cette cheminée.

"Huuuum. Alors, assez de confort et de chaleur? C'est génial cette invention humaine de la cheminée... Plus de chaleur plus longtemps pour moins de bois... Je vais vous décevoir je n'ai pas trop de questions à poser. Mes centres d'intérêt sont assez limités... Là, tout de suite je voudrais juste savoir ce qui vous motive de suivre une dragonne dans son antre mais je crois que la réponse sera longue... Vous aimez le boeuf?"

En effet, une odeur de boeuf cuit passait par la cheminée. La cuisine et le salon partageait le même foyer et une marmite était posée à chauffer de l'autre côté.

Ishtar retourna sa pipe et tapota l'embout pour que la braise incandescente ne tombe au sol, éteignant cette dernière. Elle n'était pas contrariante, beaucoup de monde devenait anti-tabac, pour une obscure raison. Fumer provoque une mort lente et douloureuse ? On est pas pressé. Fumer provoque le cancer du poumon ? Ca tombe bien, on en a deux.

"Je vous suis, Ryuka."

Ishtar entra dans cette maison seigneuriale et retira la cape qui ornait son dos, l'accrochant au porte-manteau juste à côté de l'entrée. L'endroit semblait calme et respirant la propreté. Mais elle sentait aussi la mort. La dragonne devant elle avait certainement tué son propriétaire il y a longtemps. Ca ne gênait pas Ishtar, mais quand on tente de cacher ses vices, généralement ils finissent par éclater au grand jour. C'est pourquoi Ishtar ne cachait absolument pas les siens et restait à-même de répondre à toutes questions indiscrètes. Elle vit passer brièvement la maid de maison qui partit dans l'urgence, surtout coincée par sa timidité face à une nouvelle arrivante, ou encore par peur. Quoi qu'il en soit, Ishtar s'installa dans un des fauteuils face à la cheminée. Elle prit ses aises et croisa les jambes en regardant Ryuka. Visiblement, pour Ryuka son invitée était maniérée, comme habituée au luxe. Raison ou tord, c'est ce qu'elle montrait.

"Cette maison est fort sympathique. Un peu trop typique pour moi, mais sympathique. J'aurais agrémenté la décoration selon mes envies. Quant à vous, on dirait presque que vous êtes comme locataire. Vous trouvez plaisir à vivre ici comme le commun des mortels. Ressentez-vous le besoin de sentir les plaisirs simples et de jouir d'un semblant de train train quotidien sans faire part de votre puissance colossale ? J'ai moi-même apprécié la vie simple avant de me consacrer à un but plus grand, un but qui pourrait changer le cour naturel des événements. Ryuka, croyez-vous comme moi que cette terre mérite plus que de la normalité ? Les règles de moralités sont bafouées ici. Elles ne s'appliquent bien sûr pas à des créatures comme nous, mais qui sait... Nous sommes bien plus forts qu'eux."

Elle posa son coude sur l'accoudoir et appuya son menton sur son poing, l'index encore relevé. Les flammes du feu éclairaient le visage d'Ishtar comme jamais désormais, révélant les reflets de ses écailles et la couleur intense de ses pupilles qui rentraient dans l'axe parfaite vers ceux de Ryuka.

"Ne pensez-vous pas Ryuka... Que porter un masque dans cette foule entache votre noble âme de dragon ?"

Ishtar s'était installé dans un des fauteuils et prenait ses aises. En fait, elle avait pris ses aises à la seconde où elle avait posé sa veste : sa tenue ne faisait aucun doute de ce qu'elle aimait et il ne fallait plus s'étonner que Lisa ait disparue de la circulation aussi vite. Il ne venait dans cette maison que des marchands ignorants de la mort de Sam, des esclaves achetés par Ryuka et des voleurs (paix à leur âme). Ishtar ne rentrait dans aucune des catégorie et la petite esclave devait faire carburer son cerveau à toute blinde.

La dragonne noire commença enfin à parler franchement mais même à ce moment Ryuka sentait qu'il y avait quelque chose d'autre derrière. C'était visiblement une bonne oratrice et elle ne cachait pas l'intérêt qu'elle avait envers la dragonne qui lui faisait face. Mais il fallait lui répondre maintenant. Personne encore ne s'était risqué à une telle confrontation avec elle et ça promettait d'être intéressant...

"Effectivement, je ne suis que locataire ici... Il ne faut pas que vous oubliez que ma vraie nature est celle d'une dragonne. Des couvertures et des fourrures qui me recouvrent alors que je suis allongée devant un feu couvant dans une cheminée est largement suffisant. En demander plus, ce serait jouer l'humaine et je ne la joue que ce qui est nécessaire."

Les plaisirs de la vie... L'odeur qui lui chatouillait les narines la détendait beaucoup et si elle avait croisé Ishtar dans d'autres conditions elle ne lui aurait pas répondu. Mais de savoir qu'un boeuf bourguignon mijotait à quelques mètres d'elle suffisait à la détendre pleinement.

"Les seuls plaisir que l'on m'a donné à ma naissance ce furent le plaisir de tuer et celui de rester en vie. Typique pour un dragon mais ça lasse au bout d'un moment... Savourer des plats toujours différents, des mets rares et des épices inconnues me remplit bien mieux l'âme que les innombrables batailles livrées... Les humains sont une peuplade amusante. Faites-leur front de toutes vos griffes et ils enverront des centaines d'hommes pour vous tuer. Restez hors de leur vue et ils insisteront pour vous présenter leurs plus grandes créations."

Elle s'appuya sur la table avec les coudes, rêveuse, la tête reposant sur les mains. De quand datait sa fuite d'Ashnard? Elle ne s'en rappelait plus. Le temps se séparait en période de vaches grasses et de vaches maigres. Et elles avaient été bien grasses ces dernières semaines. Par contre, son interlocutrice ne semblait pas souffrir du problème de Ryuka, à savoir un estomac difficile à remplir. Elle avait des projets. De gros projets. Le regard de la dragonne changea un peu et devint méfiant. Les sorciers qui ont lancé le projet des dragons magiques avaient aussi des mots de ce genre à la bouche.

"Oui, je suis forte. Très forte. Je suis née ainsi. Et je n'ai aucune envie de toucher à la moralité ou la normalité des humains. Pour quoi faire? Chaque jour je comprends un peu mieux comment les manipuler."

Ishtar joua son va-tout en fixant droit dans les yeux la dragonne et en posant LA question qui fâche. Il serait temps de préciser un petit détail à son invitée tout de même. Peut-être que ça suffirait à la faire partir car le repas serait prêt dans peu de temps à présent. Elle eut un pâle sourire mais le regard restait fixe, droit et virait à un rouge profond, reptilien.

"Je ne suis pas une dragonne "noble". Vous pensez à une espèce presque immortelle, qui amasse du savoir tout le long de sa très longue vie et aime à percer les mystères de la vie. Je ne suis qu'une brute à durée de vie quasi-humaine. Je ne suis pas stupide et peut lire bien des écritures tout de même. Et seuls les dieux et créatures à longue durée de vie peuvent laisser leur empreinte sur plus d'une génération. Les tyrans sont applaudis, renversés, assassiner... si vite qu'on ne se rappelle plus leur nom. Je pourrais détruire bien des villes mais quel intérêt si c'est pour tomber dans l'oubli moins d'un siècle plus tard... Cette vie me convient."

Toutefois, le ton dans la dernière phrase était moins sûr. Ryuka commençait à se demander ce que lui voulait cette femme. Elle n'avait pas la tenue d'une religieuse, loin de là. A ce moment, Lisa arriva de la cuisine. Elle s'était changée et avait mis une robe de maid de haute qualité. Ses petits souliers trop neufs claquaient sur le sol. Avec quelques difficultés, elle posa la marmite chargée de boeuf bourguignon sur une pierre près du foyer. Quelques allez-retour plus tard, elle avait posé des couverts pour deux et remplissait déjà l'énorme assiette de Ryuka par les bouts de viande marrons noyés dans le jus de viande. Ryuka bavait, littéralement.

"Vous en voulez un peu?"

Ishtar laissa Ryuka faire sa tirade. Elle apprenait beaucoup à écouter son interlocutrice sans l'interrompre. Elle venait de lui donner beaucoup d'informations sur elle et sur ses buts. En clair, Ryuka n'était pas de la classe noble des dragons, c'était une machine à tuer pur et simple, un engin de destruction, un électron libre de plutonium. Ishtar se disait que la personne en face d'elle était l'exception confirmant la règle. Le genre de dragon dont était Ryuka se contentait d'une caverne et d'un tas d'or ou d'immondice comme lit et d'un sceau en guise de toilette. C'est pour ça que des tas de chevaliers avaient été chasser ces dragons par le passé. La destruction engendrée par leur avidité causait les plus gros dommages. C'était loin d'effrayer Ishtar qui vit la faille titanesque. la gourmandise de Ryuka dépassait de loin, mais alors de très loin, tout son intellect. Un jour quelqu'un a parlé de la plus vieille et la plus mortelle des armes : l'intelligence.

"On ne fait que discuter, voila tout."

La dragonne alla rejoindre la table où Ryuka entamait déjà son plat avec une assiette démesurée, un genre de plateau en porcelaine réservé au boeuf à découper ou à la dinde de Noël. Ishtar se contenta d'une part normale et commença à manger calmement. Après avoir adoucit l'atmosphère de quelques discussions sur la nourriture elle-même, Ishtar s'essuya la bouche et regarda une nouvelle fois Ryuka.

"J'ai un cadeau pour vous. J'attendais le cas où je rencontrerai une personne extra-ordinaire comme vous pour l'offrir. A moi il ne m'est d'aucune utilité et je suis sûr qu'il satisfera complètement vos attentes. De plus, il vous mettra parfaitement en valeur."

Ishtar fouilla dan son petit sac à sa ceinture et sortit un collier. Il se comportait d'une grande lanière noire brillante, d'une boucle à une extrémité et des trous de réglage de l'autre. En son centre, deux chaînettes descendaient pour retenir une sorte de croissance pointant vers le bas, bien qu'au centre de ce croissant, la bande de vinyle l'entourait pour le retenir, ce qui faisait que les chaînettes étaient lâches et pendaient en prenant de l'inclinaison. Ishtar le déposa sur la table et le glissa en douceur jusqu'à Ryuka en souriant.

"Un collier exceptionnel mérite d'être porté par une personne exceptionnelle. Il est pour vous."

Ryuka plantait sa fourchette comme une lance dans les bouts de viande. La précision n'y était pas mais vu la quantité elle faisait de toute façon mouche à chaque coup. Elle mastiquait la bouche fermée, sa maid lui ayant appris que c'était mal vu de mastiquer la bouche grande ouverte. Cela expliquait sûrement le malaise quand elle revenait dans les restaurants... Ishtar semblait vouloir poursuivre la discussion et avant qu'elle s'assied à ses côtés, Ryuka y alla de sa petite pique.

"Nous discutons? J'ai plus l'impression que vous m'écoutez..."

Ryuka avait l'habitude d'un silence certain en face d'elle. Mais si elle avait laissé cette étrangère pénétrer chez elle c'est parce qu'elle la trouvait étrange et intéressante. Et pour le moment cette dernière continuait de tourner autour du pot. Très directe, la dragonne appréciait peu ces circonvolutions de pensées. Toutefois, elle vint à table et mangea normalement. Tout se serait bien passé si le petit cadeau n'était pas venu au premier plan. Dans un premier temps, Ryuka ne fit que jeter un regard au collier avant d'être plus intéressée par la miche de pain. Elle la brisa et s'en servit pour récupérer la sauce badigeonnant le fond du plat. Un vrai délice. Pas stupide, Lisa avait reculé de deux pas.

"Ah! Les colliers... J'en ai quelques un remarquez..."

Elle fit apparaître son coffre derrière elle et souleva le clapet avec sa queue, révélant les pierres précieuses, les sacs, les tas de vêtements et de bijoux. Puis, le couvercle claqua et le coffre disparut à nouveau. Pas une fois elle avait cessé de triturer les bouts de pain.

"Je ne les porte pas. Quand je reprends ma forme naturelle, ils ont tendance à se sentir tout chose et si je parviens à les retrouver après ça ils ont perdu presque toute leur valeur."

A son tour, Ryuka tournait un peu autour du pot. On ne vivait pas comme dragonne dans des environnements difficiles sans avoir un fond un minimum sournois. Et surtout, en retenant de ses erreurs. Et le scénario semblait se répéter de façon extrêmement précise.

"Il y en a d'autres qui m'ont offert des bijoux. Des trucs magnifiques pour glorifier ma nature, prouver mon rang et autre choses dans le genre. Tous avaient un point commun..."

Elle cessa de s'intéresser à son assiette pour se tourner vers son invitée, un coude sur la table et la tête en appui sur sa main.

"C'était tous des pièges pour me tuer ou me contrôler. Le précédent propriétaire de cette maison l'a aussi tenté. Il pensait me faire attaquer les troupeaux de ses concurrents. Quelle moralité, hein? Navré mais je ne prendrai pas ce bijou ni rien qui ait été en contact avec vous. A cause de votre odeur..."

Elle se leva et se mit à tourner autour de la table. Lisa s'était vaporisée dans l'espace comme si elle n'avait jamais été présente dans cette pièce auparavant.

"J'ai des désirs simples. Remplir mon estomac de mets raffinés en fait partie. Et pour y parvenir j'ai affûté mon odorat pour pister les odeurs les plus prometteuses. Et les plus inquiétantes..."

Soulignant ses dires, elle renifla profondément le cou d'Ishtar. Aucun doute, c'était bien cette odeur. Elle avait été un peu dénaturée mais c'était elle. Prenant quelques distances, elle alla vers une fenêtre qui donnait sur la place publique. Les marchands étaient en train de retirer leurs étals. On pouvait voir qu'il y avait une espèce de grillage sur la fenêtre de ce côté qui faisait qu'on pouvait voir à l'extérieur sans voir à l'intérieur.

"Je suis unique mademoiselle Ishtar. Tout ce qui est unique est exceptionnel. Vous ne m'apprenez rien. Surprenez-moi. Dites moi donc quels sont ces magnifiques projets qui vous motivent tant? Votre odeur vous lie à la pièce la plus inquiétante de cette demeure et pour moi ce genre d'inquiétude est liée à Ashnard. Si vos projets ont quelque chose à voir avec cet endroit oublié des dieux... je vous tuerai."

En disant cela elle s'était penchée vers Ishtar, le visage à quelques centimètres du sien. La dragonne qui lui faisait face prenait très soin de son apparence, c'était clair. Elle n'était qu'une sauvageonne à côté. D'ailleurs, cela lui faisait penser que toute la poussière de la journée était encore collée à sa peau humide. Il faudrait voir à prendre un bain... Pour le moment, Ishtar n'était qu'un amusement dans l'organisation de sa journée, la dragonne ne voyant pas comment ces êtres inférieurs pouvaient avoir une quelconque influence sur sa vie.

Ishtar avait le sourire en écoutant son interlocutrice. Elle se moquait bien de savoir si elle prenait Ishtar comme une alliée ou une ennemie. Dans quelques instants ce serait superflu. La dragonne aux écailles noires était parvenu à ses fins. Non seulement elle avait toutes les informations rêvées sur la personne en face d'elle, mais en plus elle révélait de plus en plus sa nature profonde. Déjà là, son approche lui signifiait bien plus... Au-delà des mots qu'elle entendait provenant de la bouche de Ryuka, elle percevait son passé, son origine. Ishtar ferma doucement les yeux en inspirant lentement. Des menaces de mort maintenant... Qu'est-ce que ça devenait intéressant.

"Ryuka. Pensez-vous un seul instant que le sort d'Ashnard me concerne ? Non... Pour le moment, Ryuka, dans les cinq prochaines minutes qui vont s'égrainer... La seule chose qui me concerne vraiment... C'est vous !"

Ishtar rouvrit les yeux qui luisèrent de rouge un bref instant avant qu'elle n'attrape les cheveux de son interlocutrice. Même si elle était d'origine dragonne, sur le coup, Ryuka ne put qu'être projetée sur la table face à Ishtar qui immobilisa son cou un bref instant avant d'y plonger ses crocs luisants. Même si Ishtar avait à faire à une sorte d'avatar généré par la puissance draconique de son interlocutrice, l'influence de ce vampirisme était réel ! Ilshtar ponctionna aussi bien qu'elle immobilisait la personne. Ishtar avait gagné en expertise depuis Kira, maintenant elle avait trouvé le bon endroit où mordre pour que les nerfs du cou une fois comprimés empêchent tout mouvements volontaires de sa victime. Ishtar opérait une étrange chose chez Ryuka alors que cette dernière sentit ses ressources s'effondrer. Quand enfin cinq minutes s'écoulèrent, Ishtar retira ses crocs pour lâcher un hurlement au ciel. Du sang encore chaud ruisselait de son menton pour atterrir sur sa poitrine. La dragonne eut comme une sensation de puissance ultime pénétrant ses veines et son coeur, jusqu'à son âme. Ishtar reprit son souffle, contenant cette puissance en lâchant enfin les cheveux de sa victime avec qui elle avait joué pendant si longtemps pour apprécier ce moment. Le collier était réellement un cadeau et si elle l'avait accepté de bon coeur, elle n'en serait pas là, couchée sur une table à se sentir si...

"Mortelle... Voila ce que tu es. J'ai ponctionné non pas ton sang mais ton essence, ton enzyme draconique. Tu resteras sous les traits de ton avatar encore un long moment. Oh ne t'inquiète pas pour l'étrange sort que des sorciers avaient mit en toi, celui là je te le laisse. Il aurait été dommage de t'en priver."

La dragonne prit une serviette sur la table et commença à s'essuyer le menton et la bouche en se regardant dans un des miroirs de la pièce, ne prêtant pas encore attention à Ryuka ou aux maids curieuses qui avaient entre ouvert la porte de la cuisine. Ishtar fit partir le sang avant de se rapprocher de son interlocutrice encore trop faible pour rouler en dehors de la table. Elle s'installa dans un fauteuil et sortit sa pipe, ne résistant pas à l'envie de fumer après cet effort qui tout de même, avait été prenant.

"Dans la longue histoire des dragons, Ryuka, il y a une famille qui est plus crainte que toutes les autres. Ce sont les Naviento. Mon ancêtre Nav est un dieu. Nous, leurs enfants, n'avons de limite que celle de l'imagination pour savoir prendre ce que nous voulons. J'ai prit ton essence car... Et bien je voulais te révéler mon but amicalement mais il a fallut que tu me dénigre et me prenne de haut. Ce que je veux ne te regarde pas vraiment. Disont plutôt que... j'aime le pouvoir ! Plus j'en ai, plus j'en veux. C'est pour ça qu'en voyant autant de puissance, j'ai comme... pas résister ! La faiblesse est temporaire, tu pourras marcher de nouveau dans quelques minutes."

Elle recracha la fumée de sa pipe avant de regarder les maids.

"Les filles. Une absinthe red-bull si vous avez ça, sinon n'importe quel spiritueux un peu fort me conviendra parfaitement."

L'attaque fut soudaine et le corps mal contrôlé de Ryuka ne lui permit pas de contrer l'assaut. Elle se retrouva plaqué sur la table, tirée par les cheveux. Ryuka ne cria pas de douleur, elle savait y faire face. Sa tentative de se dégager fut interrompue par la sensation des dents pénétrant dans sa gorge. Là, elle eut envie de hurler. Mais de rage. Totalement impuissante, elle ne put que rester immobile pendant que son "invitée" buvait de tout son saoul. Elle se sentait s'affaiblir au fur et à mesure, les minutes lui paraissant une éternité. Quand elle fut enfin libérée, elle se sentait un peu comme quand elle avait épuisée sa magie après un assaut furieux : totalement annihilée. La suite fut pire.

"... fi... ni..."

Ce qu'elle était éreintée! Elle voulait parler mais les mots restaient bloqués en chemin. Pour le moment. Ishtar avait parlé de "pendant un long moment". Ce qui signifiait qu'il y aurait une fin. Et cette fin coïnciderait avec la mort de la dragonne noir, elle y veillerait. Dragonica ne connaissait pas les règles de bienséances, celles de l'hospitalité ou autre. Mais elle savait reconnaître une attaque et la femme qui venait de la vampiriser venait de signer son arrêt de mort. Lisa risqua un coup d'oeil inquiet puis disparu. Son "invitée" continua de parler, visiblement pour se vanter de son exploit aux yeux de la dragonne.

"Pouvoir? Pfff... Discours de faible... Je cherche pas pouvoir... Je l'ai... Et quand j'irai mieux, tu... n'auras plus rien... Car tu seras... morte..."

Elle tourna sa tête vers la femme au costume noir, le regard brûlant d'une haine totale et inhumaine, une rage animale, un sentiment de carnage préhistorique.

"Tue moi... maintenant... Car si tu me laisses vivre... Rien ne pourra te protéger... Fille de Dieu... tu ne représente même pas un repas... J'ai détruit... des armées... par ce que je le devais... Je tuerai ton armée... pour le plaisir... Fille de Dieu... Hin... "

A ses yeux la chose devant elle pouvait parasiter une autre créature pour emprunter sa force. Ce qui la classait plutôt dans le domaine du parasite que du divin aux yeux de la créature. Elle appela pour avoir une boisson mais son appel resta sans réponse, Lisa s'étant sûrement barricadée dans une pièce. La pauvre Terranide avait subi des horreurs sous le joug de l'ancien propriétaire des lieux et elle devait être terrifiée à l'heure qu'il est. Elle sentait ses forces revenir, peu à peu. La haine dans les yeux de Ryuka n'en brûlait que davantage.

Elle ne voulait pas de ça. Pas après tout ces efforts. Une telle vie lui semblait absolument immonde. Rassemblant ses forces, Ryuka ramassa un couteau encore imbibé de sauce. Mais ce n'était pas pour Ishtar, oh que non. Elle leva le couteau et, sans prévenir, se l'enfonça dans l'oeil. La mort fut rapide et presque pas douloureuse.

HRP : Fin du topics. /HRP