Shine like thunder, cry like rain [pv: Exia]

   Adossée contre le mur de brique, Adelheid fumait sa cigarette, parmi tellement d'autres fumeurs. La plupart étaient des hommes, au rire gras et à la voix agressive. Comme si le club des camionneurs notoires c'était donné rendez-vous ici. La scandinave étouffa un juron entre ses dents et jeta son mégot dans une poubelle prévu à cet effet. Elle est de mauvaise humeur lorsqu'elle doit côtoyer de grossiers personnages, même l'espace de quelques minutes. À priori, ces hommes attendaient ici des jeunes femmes un peu ivres qui leurs offriraient quelques charmes assez facilement (et gratuitement). C'est honteux d'abuser de personnes inconscientes de leurs gestes. La jeune femme s'était jurée de rester elle-même ce soir, aucune bavure n'était permise.

   Elle se dirigea vers l'entrée de ce fameux bar qui faisait tant parler de lui ces derniers jours. Frig ne se souvenait pas de son nom, c'était quelque chose de bien trop japonais pour elle. Comme à chaque fois qu'elle sortait, elle s'était faite belle, à sa manière. Ce soir elle portait haut noir laissant ses épaules nues en dessous d'un bustier de la même couleur, avec de fines rayures blanches ( http://www.galleryserpentine.com.au/ProductDetails.aspx?productID=126 ). Tout ceci s'accompagnait une jupe noire plutôt courte à plusieurs volants ornés de dentelles ( http://www.galleryserpentine.com.au/ProductDetails.aspx?productID=460 ). Étrangement, la jeune femme ne portait pas de bas cette soirée là. Juste une paire de doc martens noire lui arrivant en dessous des genoux. Toute en noire, s'opposant à sa pure blancheur. Ses cheveux tombaient sur ses épaules et dans son dos en une cascade de cheveux tout aussi clairs formant de petites boucles à leur extrémité. Les gens la dévisageaient. C'était ce qu'elle cherchait. Attirer l'attention, les regards.

   On pourrait presque croire avoir affaire à une mangeuse d'hommes, mais ce n'était pas le cas. Loin de là. Son visage est trop innocent pour ça, ainsi l'est-elle, innocente. Frig se dirigea vers une table de libre, la plus isolée qu'elle put trouver. La décoration était sombre, plutôt agréable, au moins un point positif, pour l'instant. Elle s'installa, et jeta un coup d'œil à ce qu'ils pouvaient bien servir comme alcool ici. Bien sûr, elle n'avait pas encore l'âge pour commander de l'alcool dans un bar, c'est pour ça qu'elle devait se montrer convaincante. La musique n'était pas agressive, autre point positif. Elle était entrainante sans pour autant l'assommer sous un tempo infernal et inaudible. Un petit coup d'œil sur la liste des spiritueux affirma qu'il ne servait pas d'absinthe ici. Quel dommage ! Adelheid poussa un soupir. Décidément, les boissons has-beens n'ont plus leur place dans la société... La norvégienne reposa le feuille des boissons sur la table et posa ses coudes sur la table puis croisa les doigts pour pouvoir poser sa tête dessus, attendant qu'on prenne sa commande.

   Loin de tout le monde elle regardait qui peuplait les lieux à cette heure tardive. Beaucoup de monde. Et surtout, beaucoup de jeunes dans la vingtaine. Un autre soupir se fit entendre. Pourquoi Frig était-elle venue ici ? Elle même ne savait pas... Sûrement pour sortir un peu de la maison, sans doute. Ses lèvres écarlates ne bougeaient presque pas, elle ne parlait à personne. D'ailleurs, elle ne voulait pas se mêler aux autres, pour la simple et unique raison qu'elle avait peur de rejoindre un groupe d'humains lambdas. Par timidité, puis aussi par peur de se mettre en colère sur un point quelconque... Même si il est vraiment difficile de la contrarier... Pour l'instant Freyja n'avait intervenu qu'une seule fois dans sa vie, mais l'expérience était à éviter, comme l'avait dit son cher et tendre frère, à moins de courir après les ennuis.

   Adelheid se redressa et attendit patiemment que quelque chose vienne briser la monotonie des évènements. C'était trop calme, il y aurait forcément quelque chose qui marquerait sa soirée. Forcément.

Allongé dans un canapé de cuir rouge, une revue sur le nez, Exia avait passé sa journée à dormir. Rien ne semblait pouvoir troubler le sommeil du jeune homme. C'est alors qu'un son de crissement  de pneu suivi de celui d'un impact entre deux véhicules vinrent le réveiller.
Surpris, il tomba de son canapé prenant cinq bonnes minutes pour se rendre compte de la situation. Se relevant avec la gracieuseté d'un ours, il s'approcha, complétement amorphe, de sa fenêtre lui laissant un aperçu de ce qu'il venait de se dérouler dans sa rue.
Un simple accident, rien de très méchant mis à part les hurlements des deux conducteurs qui ne cessaient de s'injurier entre eux. Cela fit soupirer Exia qui était en train de se gratter le cuir chevelu. Faisant demi-tour, il prit la télécommande posé sur la table basse devant le canapé et alluma la chaine Hi-fi.

* Baille *

" Aaaah... Il n'y a rien de mieux qu'un bon Woman pour débuter la journée... D'ailleurs quel heure il est? "

Il regarda sur l'un des murs de brique de son salon, vingt deux heures dix sept. Prit d'un léger soupçon de stupéfaction, il pensa qu'il était enfin temps de prendre l'air. Il se dirigea vers sa douche, refermant la porte derrière lui. Il se déshabilla, enlevant d'abord son maillot puis son boxer. Il  prit place dans la baignoire, tournant d'abord le robinet d'eau chaude puis celui d'eau froide. L'eau jaillit du pommeau de douche, coulant le long de ses cheveux avant de continuer sur son corps. Les yeux fermés, le menton monté vers le ciel, il se détendait sous la pluie d'eau chaude. Sans eméttre une seule réaction pendant vingt minutes, il fini par se remettre en action et prit le gel douche qu'il passa d'abord sur ses épaules, avant de descendre le long de ses bras, poursuivi par son torse , son ventre tout en descendant toujours plus bas...

Une fois lavée et rincé, il sortit de la baignoire et glissa ses doigts sur le miroir recouvert de buée, pour y voir son visage. Il s'y afficha de manière prostré et dérangé, il haïssait ce visage. Chassant vite les mauvaises idées de sa tête, il fini par sortir de la pièce et revint au salon à la recherche d'un bas. Il tomba sur sa penderie à moitié en en bordel mais fini tout de même par y trouver son bonheur.
Ce soir pour sortir, ce sera de vieilles converses, normalement blanche mais devenues grisâtre avec le temps. Surmonté par un jean noir délavé et une chemise type écossaise couleur violet-noir. Il ne manquait plus qu'un détail qui lui turlupiné la tête. Il cherchait une veste pour sortir car les nuits sont plus ou moins froide selon l'endroit ou il va.

" Voilà, ce sera parfait. "

Une vieille veste en cuir. trainait sur rebord de son canapé. Maintenant sur son dos, il ouvrit la porte de son modeste appartement et quitta l'endroit après avoir refermé derrière lui.

Maintenant, la question était de trouver l'endroit ou aller. Marchant quelques pas, il ne réfléchi pas longtemps et s'arrêta au premier gite potable qu'il trouva sur son chemin, enfin potable..... De dehors, un énorme néon de couleur violet éclairé la rue. C'était plutôt flash et très déroutant pour Exia qui fut consterné par le nombre d'idiots qui pouvait attendre devant. Il s'interrogea sur le "pourquoi y' a t-il un tel nombre d'abrutis devant la porte " mais très fainéant, il s'acquitta de cette question pour pousser les portes du bar. On entendait rien, sa gueulé de partout, les hommes, les femmes, les hommes avec les femmes et il faisait déjà bien chaud à l'intérieur. Le coin était quand même sympa, bien espacé avec des malheureuses poutres qui gâchait un peu la scène au fond mais rien de bien irrationnel pour Exia qui se dirigea d'instinct vers le bar.

" Qu'est-ce que je vous sert? "

" Whisky "

Tournant dos au barman, il contempla d'un peu plus prés l'intérieur du bar. Le spectacle était toujours le même, des ragots, des verres, de l'alcool, des fous rires et à nouveau des hommes et des femmes. Sauf que la, un détail perturbé le champ de vision d'Exia. Il voyait cela comme l'on voit une tâche d'ancre au milieu d'une feuille mais d'abord pris de surprise et après.... De beaucoup de curiosité.

" Dis moi barman, cette fille la bas assise devant, tu la connais? "

" Le truc étrange assis à la table numéro 7? "

" Ouai, c'est sa. "

" Ben non, justement c'est la première fois que je la vois ici. "

Rien de mieux pour alimenter la curiosité d'Exia qui adopta un fin rictus sur les lèvres.

" Tiens, ton whisky. Et pendant que j'y pense, tu devrais aller la voir, elle semble te correspondre à merveille vu que toi aussi c'est la première fois que je te vois ici. "

" Merci. "

Malgré son indifférence envers la remarque du barman, il ne pouvait détacher ses yeux de cette jeune femme dont il tenta de croiser furtivement le regard à plusieurs reprises. Puis il détourna son regard, il était surtout venu dans le but de boire et de se saouler mais il fallait avouer que les jolies forme de la demoiselle ainsi que ses vêtements l'avait quelque peu troublé. Il n'était d'ailleurs pas le seul, deux autres hommes à la langue bien pendue l'avait en ligne de mire. Leurs têtes lui rappelait celles du passés, qu'il dédaigna avec beaucoup d'amertume.
L'un des hommes se mit à réagir et se leva de sa chaise. Le ventre rentré pour faire genre, à moitié saoul, un sourire mal placé et avec des yeux de pervert, il se mit en route à la rencontre de la petite ingénue.

* Je fais quoi..... Je bouge, ou pas....*
 
" Barman! Un autre whisky!. "

Il contempla le moindre regard qui pouvait se porter sur lui et au moment ou il fût éclipsé de tout regard, il se téléporta à la table de la jeune femme.

" Bonsoir. "

Ce "bonsoir" avait été prononcé d'un air très ironique pour faire mine de rien. L'accosteur qu'il devança d'ailleurs, n'en revint pas et d'un air abasourdi retourna à sa place. Exia lui non plus n'avait pas compris pourquoi il avait réagi de cette manière et maintenant face à cette curiosité qu'il avait face à lui, il se demanda un bref instant si il n'avait pas oublier quelque chose.

   Oui, en effet, quelqu'un allait bien venir. Adelheid remarqua au loin une table de deux hommes pas net qui avaient l'air bien agité, surtout quand ils étaient tournés vers elle. Elle baissa les yeux sur la table afin de ne pas voir les regards qui se posaient sur elle. Elle voulait bien un peu d'animation, mais pas de personnes du genre... Quoique, elle savait quoi faire si ils se montraient trop entreprenants... Mais dans un bar c'était vraiment pas discret.

   Malheureusement, elle entendit une chaise bouger et elle aurait parié avoir entendu un sale rire accompagnant le geste. La jeune femme espérait qu'il ne vienne pas vers elle, surtout pas lui... Hélas c'était encore en vain. Il s'approchait. Un soupir exaspéré se fit entendre... Jamais elle ne pourrait boire tranquillement sans que quelqu'un vienne troubler les lieux. Cet homme la répugnait déjà. Il venait seulement pour lui dire deux ou trois mots flatteurs, lui payer quelques verres histoire qu'elle se laisse faire pour pouvoir l'amener chez lui pour... Non. Freyja aurait bien réagit avant. D'ailleurs Adelheid ferma ses yeux. Elle était sûre que pendant une fraction de seconde ses yeux s'étaient teints d'une couleur argenté particulièrement indiscrète dans un tel endroit, mais elle réussit à se reprendre. Lorsque Frig les rouvrit, ses yeux étaient bien aussi noir que l'encre. Cela la rassurait quelque part, cependant, cela n'empêcherait pas à ce bûcheron de venir...

   On la salua. La norvégienne se demanda, au son de la voix, si c'était bien l'éméché de tout à l'heure. Elle leva enfin les yeux vers son « nouvel » interlocuteur, un peu troublée de ne pas l'avoir entendu venir. Peut-être qu'elle était trop préoccupée pour l'avoir entendu, se disait-elle comme excuse. Un mince sourire anima ses lèvres, en toute politesse elle lui retourna les salutations, levant les yeux pour voir ceux de son interlocuteur.

- Bonsoir.

   Fit-elle en tentant de dissimuler son accent. De toute façon, cela ne changeait rien, cela se voyait qu'elle était une étrangère dans ce pays. Adelheid jeta un furtif coup d'œil à l'autre homme qui semblait avoir renoncé à aller la voir. C'était tant mieux. Son sourire s'étira discrètement, de manière à inviter l'inconnu à se joindre à elle si il le désirait. Après tout, il ne devait pas être venu sans aucune raison particulière...

   Finalement, quelqu'un était venu et il n'avait pas l'air d'un ivrogne en rut, c'était déjà ça. Peut-être que la soirée passerait plus vite que prévue...

* Ouf, on dirait bien qu'il ai renoncé. *

Sans prendre réellement gare à la personne qu'il venait probablement de déranger, la dévisageant les premières seconde, il ne se senti tout de même  pas si responsable que cela. Il devait sûrement d'éviter à la jeune femme une rencontre des plus ennuyeuse qu'il soit.

- Bonsoir

Quel agréable timbre de voix pensa t-il tout d'abord avant de reposer ses yeux sur le visage de son interlocutrice. Elle avait un sourire amusé, comme un merci qu'il comprit aisément. Il regarda avec insistance se sourire qu'il il ne put s'empêcher d'accompagner en souriant lui aussi.

*Qu'est ce qui me passe par la tête... *

Fallait dire qu'il avait croisé des choses assez diverses lors de sa vie mais elle avait quelque chose qui ne cessait d'altérer sa convoitise. Une peau ressemblant à de la porcelaine, blanche et pur comme la neige sans un seul détail nuisible et ses yeux, perçant et d'un noir aussi profond que les abysse... Il dut se forcer à décroiser son regard pour ne pas paraitre quelque peu séduit et tourna dos à celle-ci pour regarder la scène. Des personnes s'y étaient invité et amenèrent leurs instruments. Cela n'avait guerre d'intérêt pour Exia, c'était dans le but de faire diversion afin de ne pas être trop indiscret envers la jeune demoiselle.

* Bon.... Je vais pas rester planter la à tourner le dos. *

Il reprit place normalement et cette fois s'appuya d'un regard simple et détendu. Malheureusement, aucuns mots ne lui venait à la bouche. Tandis qu'un trou noir prenait place au milieu de son crâne, il fut repêché par une serveuse qui c'était amarré à la table.

" Qu'est ce que je vous sert? "

Elle avait une tenue des plus extravertie. Chacune de ses courbes étaient visible à l'oeil nu. En faite c'était un peu comme voir une femme en maillot de bain une pièce super moulant avec talon très haut sauf que sa tenue ne devait pas s'appeler " maillot de bain ". Du moins, Exia l'espérait prenant tout d'abord, un regard étranger n'ayant pas pensé être tomber dans ce genre de maison. Il eu un léger appui sur son sourire se rendant compte que depuis qu'il venait de voir la compagne en face de lui, il ne savait plus vraiment quoi faire ou comment réagir.

" Mon Whisky m'attend au bar, je vous serais très compatissante de bien vouloir me le rapporter et.... Vous prenez? "

* Vous prenez.... Je démarre pas très fort. *

Il attendit qu'elle prenne sa commande avant d'entreprendre la conversation. Fallait que sa devienne un peu réactif si il ne voulait pas finir. Il prolongea l'esquisse de son sourire pour prendre un air bien décontracté et entama la conversation.

" Vous n'êtes pas d'ici n'est ce pas? Sans vouloir vous faire paraitre étrangère, je pense qu'il y'a un peu mieux comme endroit, pour quelqu'un tel que vous. J'imagine que vous pouvez remarquer le nombre de personne en rûte ici. "

Ce " vous ", il le sortait toujours avec un peu d'hésitation de peur de la vexé vu son âge qui devait pas être bien loin de lui mais il savait falloir faire preuve de politesse en priorité.

" Et quand je vous regarde, J'ai l'impression de voir Alice tombé au pays des horreurs. "

Alice.... C'était subtil d'avoir permuté "merveille" par "horreur" mais peut être trop subtil.

   À sa surprise, l'inconnu lui tourna le dos, faisant mine de regarder la scène. Pourtant Frig ne détacha pas son regard du jeune homme, attendant une réponse à son invitation si subtilement proposée. Toutefois, lorsqu'il reprit sa place initiale, il n'avait aucunement l'air perturbé ou stressé. Juste un peu distrait, mais rien de bien grave. Le calme de la scène fut vite troublée par une serveuse, à la tenue si aguichante, venant prendre commande auprès de la scandinave.

- Puisque vous n'avez pas l'air de servir de l'absinthe... Une verre de passoi suffira, pour l'instant...

   Soupira-t-elle avec une pointe de reproche. La scandinave lança un regard soupçonneux à la barmaid.

- Vous êtes vraiment sûre que vous ne servez pas d'absinthe ici...?

   Ajouta-t-elle dans un dernier espoir, qui fut vite brisé par la réponse négative de la jeune serveuse. Frig la plaignait, devoir subir des tonnes de regards lubriques en soirée... Ça ne devait pas être très plaisait tous les jours... Elle-même était serveuse dans un bar plutôt particulier, loin de tous ces bars malfamés et ces cosplay-cafés qui font le plus grand bonheurs des hommes à l'esprit décalé. Un genre de cabaret, si l'on peut dire. Et pourtant, il n'y avait jamais de problème, même si pendant ses heures de travail elle n'était pas plus habillée qu'elle l'était maintenant. Tout dépendait de l'affluence et du public. En l'occurrence, le public local était de médiocre qualité.

   Son interlocuteur entama la discussion sereinement, reprochant les choix de sortie de la jeune femme. Elle se contenta de répondre d'un faible sourire, il avait raison. Le vouvoiement ne la gênait en rien malgré son jeune âge, au contraire. Elle aimait les beaux discours et les belles marques de politesse. C'est tellement rare de rencontrer quelqu'un avec un minimum de manières, de nos jours... Son interlocuteur ajouta une petite comparaison entre elle et cette fameuse Alice, elle ne put se retenir d'approuver son point de vue, plongeant son regard d'obsidienne dans ses yeux rouges.

- Tout comme Alice je suis trop naïve et perdue dans un monde qui n'est pas le mien ! Encore que je me débrouille bien pour une étrangère... Plus sérieusement, l'ennuie me fait roder un peu partout, c'est plus fort que moi !

   Adelheid eut juste le temps de finir sa phrase que la serveuse revint avec leur deux verres d'alcool. Elle la remercia brièvement avant de boire une petite gorgée de passoi.

- Au fait, je m'appelle Adelheid.

   Ajouta-t-elle avec son plus beau sourire avant de reposer son verre. Celui réservé aux personnes qui avaient « l'immense » honneur de savoir son prénom.

Il regardait avec insistance chacuns de ses faits et gestes. Son regard, le mouvement de ses lèvres, la manière dont elle s'exprime, sa manière dont elle réceptionnait la serveuse.

- Vous êtes vraiment sûre que vous ne servez pas d'absinthe ici...?

* De l'absinthe.... Je suis sûr de connaitre cet alcool...*

Pendant qu'elle sous entendait son regret à la serveuse de ne pouvoir avoir ce qu'elle convoitait, Exia remarqua délicatement son accent. Un accent venant probablement des pays de l'Est, un peu dur comme accent mais très appréciable à entendre lorsque ce sont les femmes qui le porte.

- Tout comme Alice je suis trop naïve et perdue dans un monde qui n'est pas le mien ! Encore que je me débrouille bien pour une étrangère... Plus sérieusement, l'ennuie me fait roder un peu partout, c'est plus fort que moi !

Cette réponse réconforté Exia qui fit retomber sa pression sanguine après sa dernière remarque qu'il pensait frauduleuse. Il loucha tout de même sur la question: " Quel âge pouvait elle bien avoir? " sans lâcher son regard et très silencieux. Puis, il oublia, c'était un détail, et les détails ne sont que la pour embêter le monde. Il la regarda boire une gorgée son verre de passoi, un alcool dont il ne connaissait rien mais qui devait peut être être bon même si il ne regrettait pas son bon vieux whisky.

- Au fait, je m'appelle Adelheid.

Lorsqu'elle fini par prononcer son nom, ce fût l'une des premières choses dont il savait qu'il en aurait un long souvenir. Puis, l'éclairage du bar se déclina pour laisser uniquement les projecteurs de la scène, voiler l'endroit d'une couleur mélangé entre un violet profond et un rouge sanguin. Cela ne provoqua aucune atteinte à la position d'Exia qui, paisible, continua de s'éterniser dans les yeux d'Adelheid.

Musique...

C'était comme un enchainement de deux choses qui l'enchantait. D'abord le nom d'une femme qui l'attirait puis, cette chanson... Il avait beau l'avoir entendu des milliers de fois mais il ne s'en lassait pas. Une autre question perturba son esprit, " Et elle? Est ce qu'elle aime? " Mais trop pris par le son de la voix et des instruments, il oublia à nouveau.
Pendant ces quelques minutes, tandis que le groupe chantait, Exia n'avait pas quitté le regard d'Adelheid. Il ne s'en rendait absolument pas compte se laissant totalement absorbé par le plaisir de ce petit moment. Magique? Oui....Rare? Aussi...
Les lumières laissaient apparaitre la peau d'Adelheid sous un autre aspect, laissant l'ordinaire, qu'elle semblait déjà vouloir éxumer, inexistant dans cette scène.

A la fin de la chanson, Exia revint se poser sur terre, il savait qu'il avait pas décoché un mot, qu'il navait quitté les yeux Adelheid mais ce dont il ne se rendit pas compte, c'était le temps qu'il avait passé à faire cela. Il fini par lever son verre face à lui, toujours souriant et prononça le début d'une longue discussion.

" Enchanté Adelheid, je me prénommel Exia et je suis heureux d'accompagner notre malheureuse Alice pour cette soirée. "

             

   Dès qu'elle s'eut présentée, le moment qui s'en suit parut presque intemporel. Pendant ces quatre minutes de pseudo-transe leur regard fusionnèrent. Comme une sorte de combat de regard mais sans gagnant ni perdant. L'atmosphère semblait tout à fait convenir à cet étrange moment. La musique n'était pas un problème, apparemment. Même si Frig était du genre calme et sereine, cela ne l'empêchait pas d'avoir des réactions plutôt surprenantes à certaines choses. La musique est un bon exemple. Si une chanson agresse les oreilles de la norvégienne, on peut vite voir l'intervention de Freyja. Elle s'énerverait, détruisant ce qui lui passe sous la main. Quand on ne connait que Frig, cela peut paraitre presque irréaliste. Et pourtant, si vous saviez...

   Cette chanson, elle l'avait déjà entendu quelque part. Comme à beaucoup de gens, elle lui disait quelque chose, mais impossible de savoir d'où elle l'avait connue. La scandinave prêta une oreille distraite à la chanson, perturbée par le regard de son interlocuteur, qu'elle ne dévia aucune seconde. Les yeux de la jeune femme restaient toujours un mystère pour ses diverses rencontres. Sur ce visage illuminé, ils n'était pourtant pas très expressifs. Leur composition était très simple. Du noir, que du noir. Aucune lumière n'était réfléchie, ils paraissaient si... lointains.

   Adelheid n'était pas du genre à savoir lire dans les yeux de quelqu'un. Les seules fois qu'elle prétendait savoir le faire, ce n'était que du bluff pur et simple. Exia n'était pas une exception à la règle. La jeune femme n'arrivait pas à deviner ses pensées ni ses sentiments, elle était beaucoup trop aveugle pour ça. Cette cécité s'appelait la naïveté, ou comment croire ce que l'on voit sans trop réfléchir. Un dernière note. Tout était fini.

   Comme si rien ne s'était passé, Exia leva son verre, tout en se présentant à son tour.

- Enchantée, Exia. Ce plaisir est partagé.

   Lui répondit-elle tout à fait naturellement.

- Toutefois, vous devez faire méprise. Je ne suis point malheureuse ! Juste quelque peu... lassée... Je cherche juste à briser la monotonie de mon quotidien...

   Ajouta-t-elle avec un faible sourire. Comment le quotidien d'une fille pareille pouvait être monotone ? C'était un secret dont Adelheid ne faisait part à personne. Et pour cause... Elle-même ne savait pas pourquoi...

- Et vous, seriez-vous ce lapin que je chercherais à suivre aveuglément, ou bien cette chenille opiomane qui tentera de me faire retrouver la raison ? Sachez que je suis tous les personnages de cette histoire à la fois. Je suis naïve (oui, elle l'avoue...), je suis déséquilibrée, et je suis... folle. Comme un lièvre de mars...

   Frig porta à nouveau son verre à ses lèvres. Son regard était énigmatique, espiègle.

- Quelle rôle choisirez-vous d'incarner dans cette histoire dépourvue de logique à travers laquelle nous ne sommes que de simples pions ?

- Enchantée, Exia. Ce plaisir est partagé.

A partir de cette phrase, tout est en faite une représenté comme une succession d'événements établi selon un schéma. Il peut ce passer tel ou tel chose qui aboutiront à une issue finale. C'est à peu prêt comme une équation dont selon les chiffres que l'on prend, on atteint le résultat que devient " x ". Mais laissons la les maths, pour le moment, Exia n'était porté sur rien, ni l'attaque, ni la défense. Il profitait du plaisir partagé et n'écoutait que ce qu'avait à dire Adelheid.

- Toutefois, vous devez faire méprise. Je ne suis point malheureuse ! Juste quelque peu... lassée... Je cherche juste à briser la monotonie de mon quotidien...

Il était sur pour Exia qu'elle savait que " malheureuse " n'était exprimé que d'un point subjectif. Il s'éternisa surtout sur "Juste quelque peu... lassée... Je cherche juste à briser la monotonie de mon quotidien... " Il se demanda sur quel quotidien porté sa réponse, si elle ne fuyait pas sa vie où quelqu'un. Il renonça très vite à nouveau, il était pas la pour faire le psy ou un quelconque autre médecin.

- Et vous, seriez-vous ce lapin que je chercherais à suivre aveuglément, ou bien cette chenille opiomane qui tentera de me faire retrouver la raison ? Sachez que je suis tous les personnages de cette histoire à la fois. Je suis naïve, je suis déséquilibrée, et je suis... folle. Comme un lièvre de mars...

Il acquiesça d'un sourire. Il voyait un peu de quel monde elle parlait ou plutôt dans quel monde elle paraissait vivre. La fantaisie est un art, celui de l'imagination.  Sa comparaison avec les personnages d'Alice au pays des merveilles prouva qu'elle avait beaucoup d'imagination et cela attirait de plus en plus Exia.

- Quelle rôle choisirez-vous d'incarner dans cette histoire dépourvue de logique à travers laquelle nous ne sommes que de simples pions ?

Il n'avait pas même eut le temps de répondre qu'une nouvelle question quitta les lèvres d'Adelheid. C'était une question intéressante mais le terme pion reste un terme difficile à entendre. Maintenant, fallait il lui mentir pour la séduire ou rester sincère et risquer de l'embêter....
Elle non plus, ne quittait pas les yeux d'Exia. Il trouvait sa déroutant, pas dans le mauvais sens du terme mais insistait-elle parce que comme lui, elle était attiré par se regard ou cherchait t-elle à lire dans son esprit...

" Je choisirais, le Chat du Cheshire. J'adore sa capacité de pouvoir créer l'illusion en apparaissant et en disparaissant toujours accompagné de son beau sourire "

Il choisit de répondre au final avec sincérité. Sans prendre gare, sa réponse représentait la meilleure comparaison possible pour imaginer qui  il était. Mais il n'envisagea pas qu'elle puisse comprendre cela sous se sens, il pensait plus à un jeu sans réelle visée. Pour lui, son seul but était de faire en sorte que petit à petit, cette conversation se prolonge quitte à devoir jouer mot après mot.

" Vous êtes plusieurs personnages en un seul? Cela ne forge t'-il pas la contrariété au sein de vous même? La folie n'est elle pas un sentiment d'incompréhension qui vous vient du monde extérieur? Selon moi, vous n'êtes qu'Alice, une jolie demoiselle qui cherche à ce que l'on l'aide, pour se sortir du pétrin que vous nommez quotidien. "

Il reprit une gorgée de son Whisky, un peu plus importante cette fois qui ne lui laissa plus qu'un fond de verre avec deux glaçons quasiment fondus.

   Adelheid attendait avec impatience sa réponse. Peut-être pourrait-elle cerner quel genre de personne Exia est, avec un peu de déduction et de logique. Elle restait infaillible. Serait-il sincère ? Peut-être. Rien n'était prouvé. Distraitement, elle jouait avec son verre, faisant tourner ses glaçons dans le liquide pâle. Finalement son interlocuteur se compara au Chat du Cheshire. Comparaison plutôt amusante en soi.

- Comme vous l'avez fait il y a quelques minutes...

   Fit-elle avec un sourire complice, tout en faisant référence à son arrivée quelque peu rapide et imprévue. Est-ce que son départ serait tout aussi précipité ? Entrons dans le jeu.

   Écoutant son invité prolonger la conversation tout en buvant à nouveau une liché de son verre, Frig se demanda si il arriverait à comprendre quel genre de fille elle était. Voir même qui elle est en réalité.

- Du moins, je pourrais jouer plusieurs rôles sans problèmes. Je suis... bipolaire. Une face proéminente, celle que vous apercevez en ce moment même, ainsi qu'un autre face, qui n'est pas l'extrême opposé de la première mais pas loin. Et pourtant, je vais bien. Même très bien. Le monde extérieur m'importe peu, car je vis dans un monde nommé « Rêve » et ce monde me correspond à merveille. Je n'ai pas besoin d'aide.

   Affirma-t-elle dans le but de ne pas paraître pour une malheureuse que la vie ait délaissé. La scandinave détestait qu'on s'éprenne d'elle à cause de ses divers soucis, qui au final sont nombreux...  Malgré ses propos, elle gardait cette expression si enfantine qui la rendait presque inconsciente de ses paroles. D'un geste machinal elle vint repousser une mèche de cheveux gênante de son visage, puis posa son regard sur son verre à moitié vide. Elle avait peur d'avoir vexer son interlocuteur d'une quelconque manière, surtout en le contredisant sur chaque point afin d'affirmer qu'elle n'avait pas de problèmes, qu'elle était une fille comme toutes les autres. Mais elle n'est pas comme les autres.

- Comptez-vous disparaître aussi facilement que vous êtes apparut, Exia ?

   Cette question lui brûlait les lèvres depuis tout à l'heure. Finalement, Frig osa enfin la poser. On pouvait sentir une légère tension dans le timbre de sa douce voix chantante.

- Comme vous l'avez fait il y a quelques minutes...

Avait elle deviné l'un des secrets d'Exia. Son pouvoir de téléportation avait il effleuré l'esprit d'Adelheid qui répondait toujours d'une manière très sereine. Impossible, c'était inimaginable de croire qu'Exia pouvait posséder un tel don, il était très prudent et.... Lui aussi a parfois du mal à réaliser que sa compétence, si spéciale, puisse lui être dévoué.

- Du moins, je pourrais jouer plusieurs rôles sans problèmes. Je suis... bipolaire. Une face proéminente, celle que vous apercevez en ce moment même, ainsi qu'un autre face, qui n'est pas l'extrême opposé de la première mais pas loin.

"Proéminente" n'est pas un terme très souvent employé. Elle parlait d'un langage soutenu, cela prouvait une certaine culture littéraire. Il valait donc mieux pour Exia de ne pas baisser garde où de vouloir jouer l'idiot, car elle aurait facilement fait de le croquer tout crû. Que voulait elle dire par: " ainsi qu'un autre face, qui n'est pas l'extrême opposé de la première mais pas loin. " Cela, ferait il vraiment partie de la suite de sa conversation avec elle? Son autre coté, le connaitrait il vraiment...

- Et pourtant, je vais bien. Même très bien. Le monde extérieur m'importe peu, car je vis dans un monde nommé « Rêve » et ce monde me correspond à merveille. Je n'ai pas besoin d'aide.

Il fini le fond de son verre, Elle se défendait contre la remarque d'Exia mais " Je n'ai pas besoin d'aide " était de trop et soupçonnait une légère substitution de la réalité. Elle baissa ensuite les yeux sur son verre sans un autre mot. Exia s'appuya sur cette réaction pour commencer à chercher à travers ses mots afin de comprendre si il n'y avait pas un un message à déchiffrer.

- Comptez-vous disparaître aussi facilement que vous êtes apparut, Exia ?
 
Toute sorte de questions répétitives se percutaient dans la tête d'Exia.
Etait-ce une question piège.... Cherchait elle à le faire fuir ou tout bonnement le contraire.... Comme il était très attentif à ses faits et gestes, il s'aperçut qu'elle avait exprimé cette question de manière presque hésitante. Peut être était ce trompeur ou tout simplement une invitation à rester.... Et ces deux oppositions montées sur les autres, donna un semblant de migraine à Exia qui allongea un sourire.

" Souhaitez vous que je disparaisse, Adelheid? "

Tout devint alors sérieux après cette question même si il ne le considérait pas ainsi. Gardant le sourire, il voulait juste voir cette soirée sous l'aura du mot: " Plaisir".

   Non, Adelheid ne se doutait de rien. Mais si on lui parlait de quelconque pouvoirs surnaturels, elle y croirait. Depuis qu'elle avait presque tué un homme pour se défendre, elle était prête à tout croire. Il existe un telle variété de personnes qui peuplent cette planète... On peut presque s'attendre à tout. Seulement pour l'instant, ils parlaient d'humain à humain, tout ce qu'il y a de plus simple.

   En réponse à sa question, Exia se contenta de répondre par une autre question. Frig releva son regard d'ébène, affichant un petit sourire timide.

- Non. Elle marqua une légère pause. Pas du tout.

   La jeune femme se pencha légèrement sur la table, croisant ses jambes par réflexe.

- Je voulais juste savoir si pour vous je n'étais qu'une de ces filles auxquelles on ne vient voir que pour la vue plaisante qu'elles vous offrent.

   Un petit rire nerveux se fit entendre. La scandinave n'aimait pas trop faire ce genre de supposition, mais autant être honnête. Son sourire s'agrandit.

- Vous êtes d'une agréable compagnie.

   Finit-elle par avouer, comme une justification à sa réponse négative. La jeune femme avait enfin trouver une personne avec qui parler librement de ce qu'ils souhaitaient. Tant de gens sont si ignorants, de nos jours, que rencontrer quelqu'un d'intéressant se fait rare. Trop rare. Il était maintenant temps de trouver un sujet de conversation plus joyeux, plus convivial. Faire tout pour que Freyja, son autre facette, ne réagisse pas. Du moins pas à l'intérieur, c'était beaucoup trop dangereux.

   La norvégienne porta une dernière fois son verre aux lèvres pour le finir. Après avoir rapidement humecter ses lèvres écarlates, elle trouva une question tout à fait anodine à poser à son invité.

- Que faites-vous, dans la vie ? Excusez-moi si c'est trop indiscret, ou bien trop banal...

   La banalité ne faisait pas partie des habitudes de Frig en temps normal, mais il fallait parfois rester dans les formalités. Cependant cela ne l'empêchait pas d'afficher un beau sourire à l'adresse de son interlocuteur.

C'était donc dit, Exia allait passer sa soirée avec la charmante Adelheid. Il en était rassuré d'un certain coté, rentrer seul et ivre, sa ne remplace pas la bonne compagnie d'une femme. Il regardait les sourires qui se figaient sur son visage. Petit comme grand, sa réchauffait à chaque fois le coeur d'Exia qui souriait lui aussi.
Mais il fut un bref moment absent, prit par un flash du passé. L'ambiance alors, devint flou et le son devint comme assourdi. Son sourire s'éclipsa l'espace d'un instant, le temps qu'il finisse indirectement par revivre une vieille scène de sa vie.

Le compliment qu'elle venait de lui adresser, réveilla un spasme mémoriel. Il vit une illusion et curieusement, une autre femme se tenait à la place d'Adelheid. L'endroit lui aussi avait changé, c'était également un bar mais dans le style plus chic. Il n y avait presque personne. Juste lui, elle, un homme qui jouait du blues au piano et le barman. Et tout s'accéléra comme lorsque l'on appuie sur une télécommande afin de faire avancer les images d'un film. Il se souvint qu'il l'avait fait rire à de nombreuses reprises puis qu'elle prit son sac à main avant qu'il ne paie l'addition. Puis l'ascenseur ou il décocha le baiser et.... Cette fin tragique à laquelle il était esclave....

- Que faites-vous, dans la vie ? Excusez-moi si c'est trop indiscret, ou bien trop banal...

Exia revint à la surface, reprenant son sourire par réflexe. Il espérait ne pas avoir été remarqué de peur de la vexer.

" Pas la peine de vous excuser. Il n'y a rien d'indiscret. Quand à ce que je fais....  "

Il se retourna et pointa du doigt le guitariste du groupe qui jouait.

" Voilà, c'est cela. Je joue de la guitare dans des bars ou en concert. N'étant qu'un solitaire, je ne fais pas beaucoup de scène donc c'est un peu frustrant financièrement mais j'ai la chance de pouvoir vivre de ma passion. Et vous? Qu'est ce que la vie à faite de vous? "

Il constata qu'elle avait fini son verre. Toujours épris des bonnes manières, il leva une main pour appeler une serveuse. Après un court moment, la même serveuse qui était déjà venu se présenter, revint à leur table.

" Oui, que puis je faire? "

" Ce sera un autre whisky glace pour moi et mademoiselle prendra? "

Oser dire "mademoiselle" c'était un peu pousser les choses dans la séduction que mais c'était le but. Il l'avait épelé d'un sourire taquin dans le but de rendre doucement les choses, plus intimes. Pourtant, l'un des fantômes de son passé venait de lui causer remord, pourquoi continuait-il....

   Étrangement, Exia semblait ailleurs. Adelheid pensait d'abord qu'il était troublé par un quelconque détail puis que c'était dans sa nature, tout simplement. Mais ça n'était pas bénin. Donc, il était un artiste. Intéressant. Même très intéressant. Les yeux de la jeune fille s'illuminèrent lorsqu'il énonça sa réponse. La musique était une chose primordiale à ses yeux, et elle même était passionnée de musique.

   Comme attendu, il lui renvoya la question, mais la norvégienne n'eut le temps de répondre que son interlocuteur interpella la serveuse afin qu'ils ne restent pas sans boissons. Cette fois-ci la scandinave opta pour un cocktail légèrement plus fort, à base de vodka, de jus de mangue et de sirop de grenadine.

- Un Frozen Bridge pour moi.

   Elle regarda d'abord Exia de manière courtoise avant de se retourner vers la serveuse avec un tout autre type de regard qui signifiait bien que si elle lui disait encore une fois qu'elle ne servait pas ce genre de boisson ici, qu'elle allait bien vite voir un autre côté de sa personne. C'était une boisson des plus simples à préparer, on ne pouvait pas lui refuser ça. D'ailleurs, la norvégienne n'avait rien contre cette autre jeune femme, elle était juste un peu déçue lorsqu'elle ne pouvait pas avoir ce qu'elle voulait, toujours dans les limites du raisonnable. Une fois que l'employée du bar prit congé, elle put enfin répondre à la question de son interlocuteur, tout en répondant à son sourire joueur.

- Pour tout vous dire... Je ne suis encore qu'une simple lycéene.

   Frig pinça les lèvres, ce pincement de lèvre se transformant rapidement en un sourire gêné. Elle espérait que son jeune âge ne rebuterait pas son invité, elle n'était qu'une enfant. Plus enfant qu'adulte en tout les cas.

- Sinon... je suis moi-même serveuse pour me faire un peu d'argent.

   Ajouta-t-elle pour relativiser les faits. Finalement, elle décida de reprendre la réponse de son interlocuteur.

- Vous avez de la chance de pouvoir vivre de votre passion. J'aimerais tant pouvoir faire de même dans le futur... Son regard se fit rêveur. Encore, vous êtes guitariste, vous n'avez pas de mal à vous trouver une scène... Mais quand on est bassiste, il vous faut forcément des bonnes relations dans le milieu et vous ne pouvez pas vous débrouiller seul...

Alors le voilà maintenant face à une jeune lycéenne. Faisant l'indifférence avec son sourire, il fût surpris puis comme bloqué de connaitre cela. Etre lycéen prouvait que son âge n'atteignait pas le sien et qu'il se faisait un peu vieux. Il n'aimait pas cette vision des choses, il à tellement vu les femmes craquer pour des hommes plus âgées qu'elles juste parce qu'il représentait, l'argent, une maison ou encore une voiture. Des femmes qui sont porté uniquement sur la notion de matérialisme. Il baissa les yeux un vague instant faisant le vide dans sa tête. Devait il l'accepter d'être la, à cette table, à avoir des chances d'être accompagné d'une mineure.
Ce n'était pas le dégoût qui le retenait mais ses principes. Il fallait dire qu'il avait du mal à croire qu'elle le prenait juste pour des faits matérialiste, elle semblait passer au delà du réalisme qu'imposé le monde.

Il continua d'écouter et il apprit qu'elle était serveuse, lui montrant qu'elle avait déjà un bon sens des réalités malgré son " rêve " et qu'elle savait se prendre en main. Un point pour elle qui prouvait sa part de maturité.

Elle s'exprima ensuite sur la musique. D'après ce qu'il entendait, elle jouait de la basse. C'était vrai que la basse n'était pas très simple comme instrument dans le monde de la musique. Beaucoup n'apprécie pas car c'est un instrument dont on ne croit pas entendre le son, que si l'on enlève le bassiste d'un groupe sa ne changerait rien à la musique joué.

" Vous savez, si vous ne désespérez pas, je pense que vous finirez par réussir à trouver votre scène à vous, vous aussi. Mes débuts n'ont pas été facile non plus et s'imposer dans le monde de la musique n'est pas aisé. Aujourd'hui tout est un rapport d'argent, vous n'entendrez pas pas de la musique mais de l'argent qui tombe. Vous savez ayant joué sur des scène diverses et variés, je peux vous dire que certains groupes aurait besoin de changer de bassiste et puis.....( il s'arrêta un seconde) Vous êtes une femme ravissante et tout le monde aime voir la présence féminine sur scène. "

Il savait qu'elle était très jeune mais il continua de la vouvoyer. Pour lui, elle avait avoué un fait qu'elle devait reconnaitre comme gênant. Il avait beaucoup de respect pour son geste et oublia ses principes. Elle devait vouloir tout autant que lui, profiter du moment présent. Le briser serait comme fuir et il avait une sainte horreur de faire fourgon.

" Au faite, j'ai vingt et un ans, j'espère que sa ne te dérange pas d'être accompagné d'un vieux. "

Accompagna t-il d'un rire moqueur.

   Le rouge lui monta aux joues lorsque son interlocuteur plaça ce subtil compliment dans sa phrase. C'était tout bête, mais Adelheid ne put s'empêcher de rougir et de s'imaginer jouer devant un public, aussi petit qu'il soit. Beaucoup de styles musicaux de nos jours négligent la basse. Mais cela ne l'empêchait pas de rêver.

- Peut-être, peut-être... Mais je ne suis pas extrêmement douée non plus... J'ai appris sur le tas, d'habitude je joue de la contrebasse, mais là le public se fait encore plus rare !

   Frig afficha un sourire désolé.

- Peut-être qu'en jouant en petite tenue sur scène, je pourrais faire croire que j'ai du talent... Bien que cette idée ne me plaise pas énormément...

   Un soupir se fit entendre. C'était un fait d'actualité, ou « comment toutes ces filles sont si connus ? ». L'apparence physique joue un grand rôle dans la société actuelle. Votre salaire va de paire avec votre physique, en particulier chez la gente féminine. La scandinave trouvait cela totalement aberrant et inadmissible, mais ça n'est pas comme ça que l'on fait changer le monde... Elle savait aussi, par expérience, qu'être bien faite attire souvent des ennuies, et pas forcement que des petits problèmes.

   S'en suit la conversation, la jeune femme apprit l'âge de son interlocuteur.

- Vous n'êtes pas vieux, voyons ! Si vous êtes vieux, beaucoup d'autres personnes plus âgée que vous se ferais du mauvais sang...

   Elle avait subtilement utilisé l'adjectif « agé » et non « vieux », pour ne pas donner l'impression de se contredire. Puis elle était sincère, elle ne trouvait pas que cela fasse vieux. Même pour elle, son frère ainé qui a une dizaine d'années de plus qu'elle n'est pas vieux. Tout est dans les habitudes et de comment on se sent dans sa tête.

- Sinon, ça serait triste, dans quatre ans je serais vieille, vous imaginez ?

   Adelheid leva ses sourcils, le sourire aux lèvres. Elle ne s'imaginait pas vieille, tout simplement parce qu'elle n'imaginait pas vivre au delà de la trentaine. Son futur est inconcevable et incertain, mais l'avenir nous réserve toujours des surprises.

   La même serveuse revint une troisième fois, apportant leurs verres en les posant un à un délicatement sur la table. La norvégienne leva son verre en direction du jeune homme, une lueur joueuse dans les yeux.

- Skål til deg, vieil homme !

   Dit-elle ironiquement dans son idiome mère. Littéralement « Santé à vous ». Ceci dit, elle but une petite gorgée de son cocktail avant d'afficher à nouveau un petit sourire vainqueur.