Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Les Chroniques de Mobius, acte 4

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Les Chroniques de Mobius, acte 4

dimanche 14 octobre 2018, 14:55:36

Le sanglier tapa du pied – ou plutôt du sabot. Être impressionnant, ça, il savait faire. Avec son mètre-cinquante, c'était un hybride plutôt grand, et surtout lourd. Dans son dos, on s'amusait à dire qu'il était aussi large que haut, et ce n'était d'ailleurs pas tout à fait faux. C'est qu'il y avait dans son corps trapu à peu près autant de gras que de muscles. Les quatre dents qui dépassaient de ses lèvres, les deux plus longues recourbées jusqu'à son groin, le rendaient aussi peu rassurant que possible.

– On s'en fiche de tes excuses. T'as joué, t'as perdu.

L'élocution du prisonnier contrastait avec la grossièreté qu'on aurait voulu lui prêter de prime abord. Sa voix quoique grave était claire et presque chantante. D'ailleurs, il n'avait rien de négligé : sa fourrure noire était rêche mais propre, et l'émail de ses défenses était ivoire. Bien sûr, son costume pénitentiaire jaune vif ne lui permettait pas non-plus de prétendre à un surplus d'élégance.

– Attend Fantin ! On peut s'arranger pas vrai ? Bonpoint, il est sur le déclin ! Le coup qu'on prépare…
– Nan, nan, nan, l'humain. Fallait pas mettre ton nez dans les affaires de Bonpoint. La prochaine fois tu t'en souviendras.

L'hybride – Fantin – menaçait un garçon, à peine plus grand que lui. Il l'avait immobilisé l'humain par une clé de bras. Le gamin était nu – ils l'avaient acculés dans des toilettes, à la sortie des douches. C'était un jeune qui avait essayé de la faire à l'envers à un des parrains de la prison : « Bonpoint ».

Bonpoint était un voyou avec un code de conduite rigide qui rendait possible de s'entendre avec lui, même quand on était pas du même univers. C'était un médiateur presque neutre entre les différentes factions. C'était un courtier, qui grâce à son vaste réseau de contact, était capable de faire entrer presque n'importe quoi. Mais surtout, c'était un véritable banquier. Les bons points, dont il tirait son nom, n'étaient autres que des unités monétaires qu'il distribuait, récoltait et qui étaient échangées entre les prisonniers. L'une des valeurs les plus sûres du moment.

Mais Bonpoint n'était pas tout puissant. S'il avait su se faire respecter et se rendre indispensable à l'économie de la prison, il avait peu d'hommes qui lui étaient directement fidèles. N'être lié à personne, ne pas chercher trop visiblement à étendre son influence, c'était aussi le prix de la neutralité. Alors pour régler ses comptes et limiter la concurrence, il avait recours a des primes semi-publiques. Un système qui avait fait ses preuves à l'extérieur, et qui fonctionnait presque aussi bien à l'intérieur. Les primes étaient généralement remplies par des opportunistes.

Fantin en était un de ceux-là : il irait toucher ses 300 bons points pour avoir cassé quelques membres d'un fauteur de troubles. Une tâche à laquelle il se serait plié pour beaucoup moins que ça, tant il détestait, viscéralement, les humains. Las de discuter, il durcit sa prise sur le garçon qui se débattait toujours.

– Mec, fais pas ça, le supplia le prisonnier.
– Bon Nitro, fit le sanglier. Si tu peux lui mettre son compte, qu'on en finisse. Après, on ira s'occuper de son pote, mh, le renard là, Rodrigue. Enfin, si on le choppe.

L'écureuil était une connaissance récente. Il l'avait approché quelques semaines seulement pendant une séance disciplinaire. Il se trimbalait avec une sacrée réputation, et pas grand monde n'osait l'approcher. Fantin n'avait pas froid aux yeux, et il savait que même un méga comme Nitro avait besoin d'un bon ami de temps en temps. Le sanglier était cordial et d'une conversation intéressante. Il n'était pas du genre pénible, il connaissait bien la prison et il avait toujours des bons plans. Comme celui-là.

Mascotte

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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 4

Réponse 1 dimanche 14 octobre 2018, 17:13:23

« Un instant, Fantin, j’essaie de viser le trou, sans en mettre à côté. Ce trou bouge tout seul, le petit enfoiré. » répondit Nitro, d’un ton enjoué.
Aucun double sens à chercher dans ses propos. Quitte à passer aux toilettes, autant en profiter, non ? Son collègue le sanglier l’entendait effectivement uriner. L’écureuil avait pris l’une des deux cabines qu’il était possible de vaguement fermer grâce  à un rideau. Avant, il y avait eu une porte, mais c’était avant. Le petit bruit d’écoulement cessa, la chasse fut tirée et Nitro réapparut en écartant le rideau. Il fit quelques pas vers le garçon, acheva de remonter sa braguette, puis considéra sa future victime d’un air perplexe.
« Non, s’il vous plait ! » sanglota l’humain.
Nitro inclina légèrement la tête, cherchant à faire le point, sa vision était floue. Il avait consommé un verre d’alcool frelaté. Normalement, il tenait bien l’alcool, mais là, là c’était quelque chose ! Frelaté avec quoi ? Quoi qu’il en soit, il avait l’air encore plus dingue. On pouvait certes le trouver mignon, parce que les écureuils, c’était mignon. Pelage roux et blanc, jolie frimousse, pas plus de 1m20… Fantin devait bien faire cinq à six fois son poids, Nitro n’avait pas de graisse, juste des nerfs et de fins muscles. Ce qui nuisait à son apparence, c’était ses cicatrices que son pelage parfois irrégulier et un peu en bataille ne cachait pas intégralement. On devinait aisément qu’il s’était beaucoup battu, qu’il avait pris des raclé et qu’il en avait donné. Plus que tout, c’était ses yeux d’un vert intense qui, surtout à présent, pouvait faire flipper.
« Tu sais, Fantin, j’ai pas l’habitude qu’on me les tienne. File-le-moi. »
Le sanglier éjecta le garçon sur l’écureuil. Ce dernier, malgré son état, fit preuve de vivacité, cogna en pleine poitrine, fit se plier l’humain en deux, lui attrapa la tête à deux mains, lui envoya son genoux dans le nez. La suite se poursuivit au sol. Les coups pleuvaient avec frénésie, les cris du garçon retentissaient dans les douches et le couloir. Les détenus dans les parages firent comme d’habitude : ils ignorèrent superbement l’incident.

* * * Quelques minutes plus tard * * *

Nitro marchait dans le corridor, jonglant négligemment avec trois dents, des dents d’humain, cela allait de soi. Il souriait, content de lui, d’autant plus content que cette poussée d’adrénaline avait atténué l’effet de l’alcool. Après une dernière jongle, il tendit les dents à Fantin.
« Tiens, cadeau. Je sais à quel point tu aimes les hommes. Tu devrais peut-être te lancer dans une collections. C’est cool les collections. »
Devant les deux hybrides, le couloir se poursuivait. Le décor n’avait rien de folichon, les murs auraient bien besoin d’un coup de peinture, mais il ne fallait pas se fier aux apparences car la sécurité du bâtiment n’avait rien de vieillissante.
« Ho, tiens, regarde, ce serait pas notre renard ? » reprit Nitro.
Effectivement, Rodrigue était là, au bout du couloir. Il semblait attendre quelqu’un, mais voyant s’approcher deux brutes notables, dont l’une avait encore du sang frais sur sa tenue jaune, il comprit immédiatement et battit en retraite vers le réfectoire.
Rodrigue n’était là que depuis une semaine, mais c’était un rusé. Il avait vite trouvé ses marques, quoi que chercher à enquiquiner Bonpoint était peut-être une connerie de nouveau.
« Faut le choper ! »
Nitro accéléra d’un coup. Si le renard arrivait au réfectoire, il serait toujours possible de le tabasser, mais pas sans le risque de voir les gardiens rappliquer, pas sans le risque également que le renard obtienne de l’aide. C’était un résistant après tout, les résistants étaient toujours des détenus un peu à part…
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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 4

Réponse 2 lundi 15 octobre 2018, 00:34:17

Le sanglier ricana, prenant les dents et les examinant un moment. L'idée de Nitro avait l'air de lui parler.

– Tu sais que y'en a qui faisaient ça, dans l'AFF.

L'AFF, ou Armée des Fils de la Forêt, avait été une des premières organisations, et sans doute la dernière, à s'opposer à la domination des corporations sur un plan purement militaire. Trente ans auparavant, après la disparition de leur chef et idéologue, « Doxa », l'AFF s'était cependant divisée en de nombreuses factions beaucoup plus insignifiantes. La plupart étaient mal vues au sein même de la résistance. Leur doctrine était en effet particulièrement violente, même si les textes les plus intellectuels de Doxa jouissaient partout d'une aura difficilement égalée. Appliquée, elle justifiait raids, meurtres et exactions sur les populations civiles humaines. Cependant, aucune de ces cellules n'avait plus, aujourd'hui, les moyens matériels pour commettre de tels actes.

Nitro devait savoir que Fantin avait fait partie de l'AFF à la grande époque, car c'était un sujet qu'il abordait facilement. Il était alors très jeune, et c'est pourquoi il était passé entre les gouttes. Depuis, il était à l'évidence passé à autre chose, mais en conservait une certaine nostalgie.

– Ah ! Bon sang, fit l'hybride en apercevant Rodrigue à son tour.

Il ne fallait pas trop compter sur le sanglier pour courir après le renard. S'il était probablement capable de tuer quelqu'un juste en le percutant à pleine vitesse et de toute sa masse, dès que l'on s'éloignait de la ligne droite, c'était une autre histoire. Il fut vite distancé par Nitro.

Heureusement, il connaissait cette prison comme personne.

*
*         *


Rodrigue devait être presque certain d'avoir couru assez vite. L'écureuil qui le poursuivait était bien dans son dos, mais trop loin pour le rattraper. Il arrivait à un couloir, le dernier croisement avant le réfectoire. Là, il eut la surprise de voir, en tournant la tête, le sanglier le prendre à revers. Comment avait-il fait pour se trouver en position de l'intercepter ? Le renard ne le saurait pas – pas avant que l'énorme prisonnier ne se jeta sur lui.

Le choc aurait dû être terrible… mais il ne se fit pas. Au dernier moment, Rodrigue avait été soulevé de terre, par une épaule. Il était maintenant suspendu a plafond, à environ deux mètres du sol.

– Salut beau gosse, entendit-il susurrer à son oreille par une voix féminine. On a des ennuis ?
– Ah. Quoi ? Daphnée ! Sérieusement ? grogna le sanglier, qui s'était arrêté in-extremis pour ne pas heurter un mur.
– Oh, tais-toi Fantin. Je discute avec mon nouvel amant. Hihihi.

Le sanglier tenta de bondir pour attraper un pied du renard, mais celui-ci fut brusquement tiré encore plus haut, par un genou cette fois. Il se retrouva alors plaqué contre une hybride qu'il n'avait jusqu'ici pu voir que de loin. Elle était d'apparence si étrange qu'être hors de portée des deux brutes ne lui prodiguerait aucun sentiment de sécurité, en fin de compte…

– Tu peux pas le garder. Il a énervé Bonpoint.
– Oh, et puis ? Moi, il ne m'a pas énervé… Votre Bonpoint, avec l'âge, il devient méchant…

Daphnée était une hybride araignée, et était franchement terrifiante. Elle était grande, peut-être un mètre soixante. Difficile à dire car elle était en quelque sorte allongée. Elle soulevait sa « proie » sans aucune difficulté apparente.

Six bras longs fins, deux jambes interminables, le tout recouverts d'une carapace chitineuse rousse et blanche. Quatre de ses membres étaient agrippés au plafond, qui n'offrait pourtant aucune prise visible. Ses deux paires d'yeux, parfaitement noirs, brillants, fixaient le renard. Le bas de son visage était plus humain – c'était celui d'une jolie femme au nez fin et aux lèvres pleines. Son buste, aussi, contre lequel Rodrigue était collé, était presque tout à fait humanoïde.

– Alors, tu aurais un petit nom, uh ? demanda-t-elle, en s'approchant si près qu'elle sembla chercher à le sentir.

Le renard ne pouvait rien en voir, mais à l'arrière du corps de l'araignée dépassaient quatre petits appendices, qui servaient à tisser la toile avec laquelle il était pour l'instant maintenu en l'air. L'aptitude n'avait rien de surnaturelle, elle n'était pas une méga. Elle était juste née comme ça.

– Tu nous le donnes ? s'impatienta le sanglier.
– Non, répondit-elle sèchement.

Les quatre mains libres de Daphnée se mirent à courir sous la tunique jaune de Rodrigue. Elles avaient cinq doigts, et leur chitine était d'une douceur surprenante. Pour l'instant, elles ne s'essayaient à rien de trop indiscret, mais ça n'était clairement pas une manière de mettre le mettre à l'aise.

– T'inquiète pas, mon joli renard, ces idiots ne vont pas te faire de mal aujourd'hui… lui murmura-t-elle, toujours peu rassurante néanmoins.

Surtout qu'elle avait commencé à joindre les pieds de l'hybride avec de la toile.

Mascotte

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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 4

Réponse 3 lundi 15 octobre 2018, 12:28:28

Fantin et l’AFF, toute une histoire ! Nitro trouvait les anecdotes du sanglier distrayantes, mais il ne se sentait pas très concerné. L’écureuil, ex braqueur de banque, criminel solitaire, était du genre à se foutre à peu près de tout et n’importe quoi. En vérité, sa propre vie avait tendance à l’ennuyer, ce qui pouvait expliquer pourquoi il pouvait parfois faire preuve d’une extraordinaire témérité. De nature instable, il se dirigeait dans l’existence à coup de caprices passagers. Même sa carrière de braqueur était le fruit d’un caprice. Sa seule constante : son goût pour la violence.
« Putain, Daphnée, tu fais chier ! Rands-nous le renard ou je vais le chercher et rien à foutre s’il me faut t’arracher une ou deux pattes dans la manœuvre ! » râla l’écureuil, frustré.
L’araignée ferait bien de prendre garde car il était tout à fait sérieux et d’ailleurs, elle le savait. Nitro, depuis son arrivée à la prison, il y avait de cela un an, avait tué quatre détenus et blessé sérieusement le triple. Il n’avait peur de personne !
« Fantin, mon pote, soit aimable, soulève-moi ! »
Le sanglier pouvait très facilement charger l’écureuil sur ses épaules. à eux deux, ils seraient assez grands pour choper Rodrigue et Daphnée. Cependant, un bourdonnement dissuada les deux brutes de passer à l’action.

Il y avait une mouche dans le couloir. Pas une vraie bien sûr, c’était un minuscule drône de surveillance. Les mouches, il y en avait des légions entière dans la prison. C’était les yeux et les oreilles de la sécurité. Bien plus pratiques que des caméras fixes, ces dernières étant réservées aux lieux névralgiques, les mini drônes patrouillaient de partout, à toute heure du jour et de la nuit. Sans aucune arme et aisée à détruire, s’en prendre à elles constituait cependant une grave infraction. Dès qu’une mouche cessait d’émettre, les gardes rappliquaient et les sanctions tombaient.
Ce qui dissuada les deux hybrides, ce ne fut pas que la mouche arrive, ce fut qu’elle se mit à rester à leur niveau, signe que quelqu’un, derrière un écran, les avait à l’œil. La mouche fit sa ronde d’identification, passant devant chaque visage… Nitro, Fantin, Rodrigue, Daphnée… Le sang sur la tenue de l’écureuil fut noté. Ordinairement, la sécurité laissait les résistants se faire tabasser, mais Nitro était trop chiant, s’était mis à dos trop de gardes pour espérer profiter de leur magnanimité. On allait pas l’emmerder pour avoir tabassé l’humain, on ne l’avait pas pris sur le fait, pas vu pas pris était une règle implicite, mais là, il y avait cette mouche. L’écureuil fit la gueule et lâcha l’affaire. Il prit la direction du réfectoire sans rien ajouter.

* * *

Le renard blanc était à la fois rassuré et très inquiet. Cette Daphnée, il ne la connaissait pas, il la trouvait un peu flippante, et la mouche venait de partir, signe qu’il n’y avait rien de plus à espérer de la sécurité. Il tourna sa tête vers celle de l’araignée et lui dit d’une voix qu’il tâchait de rendre aimable et assurée. Face à une demoiselle, il adoptait le style gentleman.
« Bonjour Madame. Ravi de faire votre connaissance. Moi, c’est Rodrigue, pour vous servir. Je vous remercie pour le coup de main. Sans vous, j’aurais passé un sale quart d’heure. »
Il se mit à chercher à se défaire de la toile. Gentleman peut-être, mais gentleman pressé de prendre congé.
« Je resterais bien plus longtemps avec vous, mais hélas, je suis attendu. »
Les araginées, en plus, ce n’était pas son style de femme !

* * * Dans le réfectoire * * *

« Alors Fantin, ça te fait quelle effet de t’être fait baiser par Daphnée ? »
Le sanglier avait son plateau dans les mains, un plateau encore vide. Les détenus passaient à la file indienne devant les serveurs pour recevoir la portion réglementaire avant d’aller s’installer aux tables. Nitro était devant. La voix venait de derrière. En tournant la tête, Fantin remarqua Yandal, un hybride alligator. Yandal avait beau faire 20 bon cm de moins que Fantin, il était tout en muscle. Pire que tout, sa gueule dentue n’était pas à prendre à la légère. Écailles vert sombre et luisantes, regard jaune et moqueur, l’alligator était du style à aimer ajouter de l’huile sur le feu.
« Hein, dit, ça fait quoi ? C’est comme un doigt dans le cul, hein ? Je suis sûr que tu aimes ça. »
Attention, se battre ici, ça passait mal ! Yandal le savait bien sûr.
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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 4

Réponse 4 lundi 15 octobre 2018, 23:17:54

Les efforts de Rodrigue pour se défaire de la toile payèrent… partiellement. Il parvint en effet à décoller le filament qui lui entravait l'épaule. Hélas, il était toujours solidement attaché par les pieds, et il se retrouva donc suspendu, la tête en bas. Daphnée poussa un soupir aigu, visiblement ennuyée de ne plus pouvoir le toucher comme elle l'aurait souhaité. Elle ne fit rien cependant pour le remonter vers elle.

– Eh ben, beau gosse, t'as du cran pour t'en prendre au vieux Bonpoint… J'aime bien, c'est mignon. Mais tu sais que t'auras pas la paix ici tant qu'il t'aura dans le nez. Je pourrais te donner un coup de main… Je me débrouille pour que ce vieux rat t'oublie… et en échange, tu fais quelque-chose de super simple pour moi…

Distraitement, elle poussa légèrement sur le fil. Le renard commença, malgré lui, à se balancer lentement. L'araignée ignorait totalement l'envie manifeste de l'hybride de se soustraire à sa compagnie.

– J'ai besoin que tu remettes une lettre, uhuh, une lettre d'amour, à un gardien. Un humain blond avec une cicatrice sur la lèvre. Plutôt beau gosse lui aussi. Je ne sais pas trop où il est en ce moment… en train de surveiller quelque-chose, je suppose ? Mais tu finiras bien par le trouver. Évite d'ouvrir ma lettre, c'est tout.

L'araignée se laissa tomber vers Rodrigue, elle aussi la tête en bas. Un sourire énigmatique sur le visage, elle avait dans la main une petite lettre de papier blanc, et s'apprêtait à lui remettre.


*
*         *

Fantin était soulagé de ne pas avoir eu à se battre avec Daphnée. Ce n'était pas qu'il la craignait physiquement, mais il n'aurait pas apprécié lui faire du mal… même pour quelques bons points. Si le drone de surveillance n'était pas arrivé, il aurait sûrement inventé quelque-chose pour éviter l'escalade de violence. Enfin, si Nitro lui en avait laissé le temps.

En revanche, sa réticence à blesser l'arachnide était proportionnelle à la vitesse à laquelle il se mettait en colère quand elle était évoquée. Yandal, l’alligator, le savait bien. Fantin posa son plateau et serra les poings. Puis il jeta un œil à la nourriture, qui venait d'être servie à Nitro. Il grogna : il n'aurait pas été contre remettre le reptile à sa place, mais la faim prenait le dessus. La perspective d'être privé de repas était pour lui spécialement dissuasive.

– Ouais, c'est ça, répondit-il sans y mettre le ton, en reprenant son plateau.

Il fut servi à son tour, et se dirigea vers les tables. Beaucoup était déjà pleines, et d'autres étaient notablement réservées à certains groupes… L'écureuil et lui n'eurent pas de choix à faire cette fois, car un très grand hybride rat leur fit, de la main, signe d'approcher. Ils ne pouvaient pas se permettre de refuser : ce rongeur maigre de presque un mètre soixante-dix, c'était le frère de Bonpoint. D'ailleurs, celui-ci se tenait à côté de lui, mais était bien moins visible. C'était un rat gris, un peu âgé, beaucoup plus petit et frêle. Pour un de ceux qui faisaient la pluie et le bon temps dans la prison, il était notablement quelconque.

– Victor, Louis, les salua le sanglier, une fois arrivé à leur hauteur.

Victor, c'était le vrai nom de Bonpoint – qu'on appelait généralement pas comme ça en sa présence, même s'il revendiquait le surnom.

– Fantin, Damien. Installez-vous, répondit le parrain, assez chaleureux.

Un instant passa, où quelques banalités furent échangées. Puis Fantin entra finalement dans le vif du sujet :

– On a eu l'humain. Le renard, on va se le faire dans l'après-midi…

Il ne voulait pas évoquer trop précisément leur première tentative. Même si, si Yandal était au courant, alors Bonpoint ne pouvait que l'être également. Le surmulot balaya la question d'un mouvement de la main.

– Donne leur leurs bons points, Louis.

Le grand rat, muet, sortit de la poche de son costume pénitentiaire un stylo noir. Il prit ensuite deux serviettes en papier tout à fait banales. Sur chacune il écrivit le nombre « 300 » en gros caractères bien lisibles, puis en plus petit, des nombres plus longs : « 118 211 » et « 118 212 ». Il les fit glisser vers les prisonniers. Fantin s'empressa de ramasser sa serviette.

Bonpoint but un verre d'eau.

– Je vous ai fait venir parce qu'une petite nouvelle nous rejoint aujourd'hui. C'est un lémurien, elle s'appelle Leny. Je veux être sûr que personne ne cherche à lui faire du mal. Il n'y a aucune raison que ça ne se passe pas bien, mais j'ai besoin que quelqu'un s'en porte garant. Gardez un œil sur elle, à distance si nécessaire. 25 points par jour, attribuables chaque semaine où il ne lui arrive rien de fâcheux.
« Modifié: jeudi 18 octobre 2018, 14:23:57 par Le Messager »

Mascotte

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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 4

Réponse 5 mardi 16 octobre 2018, 10:06:23

Nitro gloussa, non sans empocher sa serviette qui avait pris pas mal de valeur.
« Victor, tu te rends compte que tu es la première personne à me demander de protéger quelqu’un ? Tu vas ruiner ma réputation ! On va dire que je me ramolli, que je rentre dans le rang, tout ça. »
En vérité, il s’en foutait de sa réputation et Bonpoint le savait. Il baissa la tête, considéra son assiette, remua le gruau avec sa cuillère, prit une bouchée.
« C’est moi où cette merde a un peu de goût, aujourd’hui ? »
Il sourit, joyeux, regarda Fantin pour recueillir son avis, puis revint à Victor.
« Bon allez, juste pour le fun. Ta Leny n’aura rien et s’il en va autrement, ben, y’aura du sang. Mais donc, pour le renard, c’est plus d’actualité ? »
Victor acquiesça. L’écureuil eut un petit geste de déception, mais après tout, de ça aussi il s’en fichait. Il savait très bien que les occasions de se battre étaient très loin de manquer.
En parlant de Rodrigue, justement, il fut possible de le voir, plateau en main, se choisir une table éloignée de celle de Bonpoint. Daphnée aussi se montra, allant dans une toute autre direction. Dans le réfectoire, les voix raisonnaient, il y avait du monde. En l’air, une bonne dizaine de mouches volaient, surveillaient. Des gardes étaient également présent en chair et en os, avec leur uniforme sombre. Deux d’entre eux procédèrent à la fouille d’un détenu humain. Ils durent trouver quelque chose puisque l’humain, après avoir reçu quelques coups, fut emporté.
Nitro en revint à son gruau, se demandant vaguement ce que cette Leny avait de spécial. Contrairement à ce qu’il croyait, il n’aurait pas trop de mal à le deviner. Il était possible, en certaines occasions, de regarder la télé en prison. Deux chaînes, uniquement, étaient autorisées : la chaîne d’état de la Grande Fédération et… TV H. Le visage du père de Lény était donc connu.

* * * Au même moment * * *

On n’attaque pas un transport carcéral, avait dit Bug, Leny comprenait bien pourquoi désormais. Le fourgon blindé dans lequel elle était montée disposait d’une escorte conséquente. La voilà assise sur un banc. En plus de ses menottes qui lui liaient les mains devant et de son collier de rétention de pouvoir, elle était solidement entravé au banc lui-même, de sorte que même si quelqu’un parvenait à pénétrer le fourgon, il ne puisse pas la faire partir rapidement. Elle portait un simple jean et un t-shirt, le tout un poil trop grand pour elle. Face à elle, assis sur un autre banc, deux soldats de la Tech-13 qui semblaient quand même un peu s’emmerder.
Ghost ne savait pas exactement combien de temps s’était écoulé depuis qu’elle avait été capturée. Très vite, elle avait été séparé de Jimmy. Était-il encore en vie ? Elle était passée dans les locaux de la sécurité de la corporation pour y subir un interrogatoire quelque peu expéditif. En cette occasion, elle avait perçu la frustration de l’inspecteur chargé de l’interroger. Elle était protégée, au moins dans une certaine mesure, impossible d’employer les méthodes ordinaires. En cellule, l’isolement avait été total. Elle réalisait en fait qu’on la cachait. Il y avait eu le procès, qui avait duré 5 minutes, montre en main. Cette fois, protégée ou pas, elle prit la perpétuité. Attaque d’un site secret, ça ne pardonnait pas. Et voilà son Transfer…

Le fourgon ralentit, s’arrêta. Leny savait que la prison se trouvait au milieu du fleuve bordant Metropolis, sur un îlot minuscule. Seul voie d’accès, un pont. Elle devait avoir franchi ce dernier. Elle entendit l’ouverture d’une lourde porte. Le fourgon repartit en avant pour de nouveau stopper. Fermeture de la lourde porte. Cette fois, le moteur du véhicule se tut. À l’extérieur, des pas. Les deux soldats reprirent une attitude attentive. On déverrouilla le fourgon, un autre soldat monta pour libérer Ghost du banc. Bruit de bottes et de chaînes, cliquetis d’armes, les sons étaient évocateurs. Hors du fourgon, le lémurien découvrit un espace de béton sous des néons à la lueur verdâtre. De part et d’autre de cet endroit, deux énormes tourelles de défense sommeillaient. En l’air, de minuscules drônes, comme des mouches, bourdonnaient. Les soldats de la Tech-13, proche du fourgon, orientèrent la captive vers le fond de la pièce. Là-bas, un autre groupe d’humains, avec des uniformes légèrement différent.
« Avance, détenue ! » lui ordonna-t-on sèchement.
Un individu en costume élégant se détacha du groupe vers lequel Ghost approchait. C’était un cinquantenaire avec un visage assez allongé, une fine moustache et des yeux de fouine. Il lui sourit avec une malveillance évidente.
« Nous avons, aujourd’hui, une invitée de marque. Bienvenue, Leny, en nos murs. J’espère que vous vous y plairez. Je suis William Greyman, le directeur de cette prison. Il est peu probable que nous nous revoyons d’ici peu, mais je tiens à saluer personnellement chacun de mes nouveaux pensionnaire. Sachez que votre père, au courant de votre incarcération, m’a fait parvenir un courrier. Je l’ai mis au feu. Je suis un fervent partisan de l’égalité. Sur ce… »
Il claqua des doigts et les gardes contraignirent Leny à quitter cet endroit. Le directeur disparût, des portes se refermèrent avec un arrière-goût de définitif.

Au bout du couloir, une nouvelle salle, toute blanche, très éclairée. En face, un homme aux allures d’administratif, derrière son ordinateur, derrière également une vitre de protection. La vitre devait pas mal isoler car sa voix arriva aux oreilles de l’hybride par l’intermédiaire d’un microphone.
« Voilà là règle, détenue. Tu obéis ou tu prends une décharge. »
Un garde retira les menottes de Ghost, puis s’éloigna de quelques pas, pour que la prisonnière reste seule au milieu de la pièce. La voix surgit de nouveau du microphone :
« À poil. »

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    Semi-fée, enfance passée sur Terre, puis tenebroso formé à Castelquisianni. Lié aux plans infernaux par une erreur magique commise par le mage de Locmirail.
    
    Est invoqué par la prononciation de son nom « Beklfarblondzshet ».

Re : Les Chroniques de Mobius, acte 4

Réponse 6 mardi 16 octobre 2018, 13:45:48

Leny pouvait fuir — aussi loin qu’elle le voulait — il semblait qu’elle ne serait jamais débarrassée de son père. Même enfermée dans la prison la plus sécuritaire de tout Mobius, le lieu le plus marginal qui soit, l’ombre de son géniteur planait encore sur elle. En temps normal, elle en aurait été absolument furieuse… mais en vérité, à cet instant, elle s’en accommodait bien. Privée de ses repères, privée de son pouvoir surtout, elle n’en menait pas large. Pendant sa courte mise en détention, elle était passée par tous les états — la peur restait la plus pesante.

Elle se tenait droite, pourtant. La mâchoire serrée, le menton haut, elle qui était entourée d’humains qui faisaient presque deux fois sa taille. Ses yeux oranges étaient toujours aussi brillants, mais son regard était moins alerte qu’à l’habitude, signe qu’il y avait un peu de fatigue malgré tout. Elle prenait sur elle pour conserver les apparences, et sa fierté, tant bien que mal.

Arrivée dans la salle blanche, elle renonça aussitôt à résister — n’importe qui aurait compris que c’était inutile. Elle se demanda un instant d’où viendrait la décharge, si elle n’était pas coopérative. Leny se souvint alors qu’elle portait un collier spécial, et elle savait parfaitement à quoi s’attendre en ce qui le concernait. En fait, elle appréhendait tellement ses effets qu’elle n’avait même pas essayé, depuis sa capture, de faire usage de son pouvoir.

— La vérité, j’y tenais pas, à vos fringues.

L’hybride ne fit pas d’histoire : les vêtements, trop grands, n’étaient pas les siens. Elle s’était attendue à ce genre de sas. Elle supposait qu’on allait lui donner son uniforme, et peut-être lui poser quelques questions. Il avait sûrement une procédure qu’il ne ferait que suivre à la lettre. Elle avait déjà hâte que cette désagréable séquence se termine.

Elle commença donc à délasser ses chaussures, puis à faire passer son tee-shirt par-dessus sa tête. Sa poitrine n’était pas assez prononcée pour être maintenue par une pièce de tissu supplémentaire. Son pantalon descendit presque tout seul, et enfin son sous-vêtement le suivit. Sa queue vint une nouvelle fois, discrètement, se faire le rempart de sa pudeur, alors que son bras gauche barrait la ligne de ses seins. Au moins, il y avait une vitre entre elle et ce type qui devait la regarder, et le garde le plus proche était quand même à plusieurs mètres.

— Excuse-moi, je peux pas retirer le collier, fit-elle avec ironie, mais sans sourire.

Elle n'était même pas sûre que le responsable l'entendait, en fin de compte.

Mascotte

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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 4

Réponse 7 mardi 16 octobre 2018, 15:57:35

La décharge électrique vint de derrière. Leny entendit le claquement de l’arme dans son dos avant de ressentir une vague de douleur lui traverser le corps. Elle poussa un cri, tomba à genoux, le souffle coupé. Sa queue et son bras gauche eurent également un tressaillement nerveux incontrôlé. Devant ses yeux, quelques points noires dansèrent. Puis… ça passa. Ce n’avait été qu’une décharge.
« Les sarcasmes ne sont pas tolérés », lâcha le type derrière la vitre.
Si, il l’ntendait très bien. Et elle ferait bien de la boucler.
« Debout. »
Un garde s’approcha, muni d’une lampe et d’une spatule. Ce fut lui, désormais, qui donna les consignes. Il se planta devant le lémurien, se pencha sur lui.
« Ouvre la bouche. »
Il observa avec sa lampe, bougea la langue avec la spatule, vérifiant qu’il n’y avait rien de planqué.
« Expire au maximum. … Encore ! … Plus fort ! … Plus fort ou tu prends une autre décharge ! »
L’agent hocha la tête, il en avait terminé avec cette partie du corps.
« Tourne-toi, penche-toi en avant, soulève la queue. »
Il procéda alors à un toucher rectal sans aucune délicatesse, vérifiant là encore que rien n’était planqué.
« Face à moi. »
Il fit de même avec le vagin et vérifia aussi les oreilles de manière très rapide. Puis, après avoir confié lampe et spatule, il mesura à l’aide de ses doigt l’épaisseur du pelage en différant endroit. Il était trop court pour justifier une fouille spécifique. Dernière étape, il prit un petit appareil, l’alluma, et le passa devant Leny, faisant plusieurs va et vient de haut en bas pour la scanner.
« Rien à signaler », déclara-t-il finalement à l’intention du type derrière la vitre.
Leny fut ensuite "invitée" à se déplacer contre un mur. On la prit en photo, de face et de profile. Suivirent une prise de sang, une prise d’emprunte digitale et vocale, on la mesura, on la pesa et pendant ce temps son dossier était minutieusement complété. Ce fut après que l’homme derrière la vitre se permit un écart avec la procédure. Quoi que non, c’était bien dans la procédure. Tous els hybrides y avaient dorit, et même certains humains.
« Imite le singe, un vrai singe » ordonna-t-il.
Forcément, cette consigne là n’avait aucun intérêt pour le dossier, c’était juste pour humilier, juste pour bien faire comprendre que le personnel avait tous les droits.
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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 4

Réponse 8 mardi 16 octobre 2018, 23:04:36

Leny ne s'était pas attendue au choc électrique… en tout cas, pas venant de derrière elle. Ses muscles se contractèrent péniblement, alors qu'elle tombait au sol et lâchait un cri de surprise autant que de douleur. Elle souffla par la bouche, une seconde, le temps que les courbatures se dissipent. Puis elle obéit, se remit debout, dans l'exacte même position : droite, digne.

Cette posture de défi, presque, on ne la lui laissa pas garder très longtemps. De mauvaise grâce, l'hybride s'y plia. Elle montra son anus, elle montra son sexe. Ses chairs étaient brunes, et ne rosissaient qu'en leur partie la plus intérieure. Elle ne put retenir un raclement de gorge gêné quand un doigt pénétra difficilement son vagin, à cause de la membrane qui en limitait l'entrée. Son malaise était évident – et le personnel de la prison faisait tout pour l'entretenir. La résistante était nerveuse. En plus des poses humiliantes qu'on lui faisait prendre, elle redoutait un abus plus catégorique.

Mais elle ne se permit pas de montrer le moindre signe de faiblesse. Elle se dit que dans d'autres circonstances, elle aurait pu tout aussi bien ouvrir la gorge du garde qui la manipulait ; le cribler de balles, faire exploser son corps en minuscules morceaux. Elle se dit qu'elle en aurait peut-être l'occasion. Leny serra les dents, se focalisa sur sa colère, pour dissiper toute envie de pleurer qui aurait pu poindre.

Elle tint ainsi le coup pendant les examens qui suivirent, ressassant des pensées noires mais qui avaient l'avantage de ne pas la laisser s’apitoyer, de ne pas la laisser trop réfléchir à ce qu'elle allait devenir pendant sa perpétuité en prison. Les contrôles étaient précis, médicaux – dans d'autres circonstances, elle s'en serait étonnée – mais en l'état, ils lui paraissaient juste interminables et dénués de sens.

Enfin, la liste des analyses qu'il pouvait pratiquer sur elle ne pouvaient pas s'étendre à l'infini. Bientôt, sûrement, ce serait terminé. Elle serait au moins tranquille un moment.

– Non, allez vous faire foutre, lâcha-t-elle, à mi-voix.

Sa réponse à la requête du surveillant la surprit elle-même. Accepter, ça avait été au-dessus de ses forces. Le singe, c'était le rappel douloureux d'insultes qu'elle avait essuyées en grandissant, même aussi protégée qu'elle l'avait été. Pour certains humains, surtout, c'était une insulte facile, quand ils ne faisaient pas simplement la confusion entre lémuriens et autres primates.

Au moins, à cette décharge, elle s'y attendrait. Elle rentra légèrement les épaules, dans l'attente du choc. Elle ne comptait pas céder, elle n'était pas masochiste, mais sa fierté était ce qui la caractérisait, et pas loin de tout ce qui lui restait. Son regard orange était aussi noir que pouvait l'être un regard orange, son visage crispé. Quand elle n'en pourrait plus, alors peut-être elle en ferait le minimum. Elle n'aurait rien à regretter, elle aurait résisté, symboliquement, un instant.

Mascotte

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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 4

Réponse 9 mercredi 17 octobre 2018, 09:44:47

La décharge électrique vint effectivement arracher un nouveau cri à Leny. Mais contrairement à ce qu’elle s’attendait, le type derrière sa vitre ne réitéra pas son ordre. Non, ce qu’il dit fut bien plus déplaisant à entendre.
« Félicitation Leny. Au lieu de devoir faire le singe une poignée de minutes devant nous, tu vas devoir le faire une heure entière au beau milieu du grand hall, à la vue de tous. Ce sera une bonne manière de te présenter à tes futurs collègues de cellule, n’est-ce pas ? La prochaine fois que tu reçois un ordre du personnel, réfléchis bien avant de jouer la rebelle. »
L’exécrable individu fit un signe de la main. La procédure continuait. Un garde s’approcha de Ghost, une sorte de pistolet au poing. Il appliqua l’embout pareille à la pointe d’une seringue sur l’épaule de l’hybride, enfonça légèrement ladite pointe dans la chair, puis pressa la gâchette. Il y eut comme un suintement d’air évacué par l’outil et Ghost ressentit un picotement désagréable. On venait de mettre en place son mouchard. Désormais, elle était devenu un point de plus sur la carte de la prison à disposition de la sécurité.
« Tu portes désormais le matricule M441DL. Ta place : cellule G128. Il y a beaucoup de règles à respecter. Il te suffit d’aller dans le grand hall pour pouvoir les consulter. Ho, mais j’oubliais, tu vas y passer un bon moment, ça tombe bien. » ricana la voix dans le microphone.
Un garde mit dans les mains de Leny une boîte en carton.
« Tes affaires, reprit l’homme derrière la vitre. Inutile d’ouvrir, la sanction va s’appliquer immédiatement. Au revoir M441DL, et bonnes singeries. »
Au fond de la pièce blanche, une porte renforcée s’ouvrit. Leny, toujours nue, sa boîte dans les mains, et encadrée de deux gardes, la franchit. Derrière, l’ultime sas. La porte se referma avec un déclique sec. Il y eut un bip strident. Le petit espace entre les deux portes, éclairé par une lumière jaune agressive, semblait bardée de caméras et de détecteurs divers. On put entendre ce matériel procéder au scanne du sas. La lumière vira au vert et une voix synthétique annona :
« M441DL entre. »
La seconde porte s’ouvrit.

Voilà Leny qui entrait dans la vaste zone des détenus, sa zone. Des couloirs et des voix partout, impossible de se repérer au début dans ce dédale à l’allure bien terne. Par contre, elle eut vite l’impression qu’ici, tout n’était pas réglé comme des horloges. Il se dégageait de l’endroit, des vas et vient des gens, une impression de désordre vaguement organisé, d’anarchie modérée. Tous les prisonniers portaient la tenue jaune vive. Un visage sur deux était hybride. Deux visages sur trois faisaient un peu flipper, voir beaucoup. Ce n’était pas un monde de tendre et même ceux qui de base étaient plus cool devaient s’adapter pour survivre. Bien sûr, des yeux se posèrent sur elle, la détaillant sans pudeur, alors que les deux gardes la conduisait dans le grand hall. Un des murs de ce dernier était couvert par un écran qui passait en boucle le règlement. Au centre du hall, un espace était délimité par un trait rouge, c’était la case des punis, case dans laquelle Leny dût entrer. Elle ne s’y trouvait pas seul. Un humain, torse nu, était allongé, presque inconscient, le dos strié de trainées rouges, trace d’un fouet cruel.
« Très bien, Leny, fit un des gardes en lui prenant sa boîte. Une heure. Et sois convaincante, conseil d’ami. L’administration te regarde. »
Outre les drônes qui bourdonnaient comme des mouches, il y avait ici des caméras. L’une d’elle venait de braquer Ghost. Le second garde préparait déjà son fusil électrique.
« Ho, et si tu l’as pas compris, à chaque refus, la sanction empire. Les coups que tu vas prendre aussi. Le fusil électrique, c’est parce qu’on est encore sympa. »
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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 4

Réponse 10 mercredi 17 octobre 2018, 21:08:49

Leny n'était pas assez en colère pour prendre les menaces du surveillant à la légère. L'esprit des punition n'était pas difficile à saisir. Elle avait fait une erreur terrible en faisant la forte tête. Maintenant, il n'y avait que deux postures possibles : ou elle se soumettait tout de suite, ou elle tenait, jusqu'au bout de ce à quoi ils étaient prêts pour l'humilier. Elle observa brièvement, sans empathie, l'humain qui gisait sur le sol. Avait-il, lui, seulement eu le choix ?

– Ouh-ouh.

Une heure à faire le singe, c'était interminable. Il y eu, inévitablement, des flottements. L'hybride était un primate furieux. De plus en plus furieux avec les minutes qui passaient, d'ailleurs. Elle montrait, volontiers, les dents, elle ne lésinait pas sur les raclements de gorge simiesques. La honte ne passait pas si facilement – mais en même temps, elle commençait à trouver quelque-chose d’exutoire dans ce jeu de rôle. Elle était dans une scène, imposée, personne ne pouvait l'ignorer, et finalement, personne ne pouvait la confondre avec ce qu'elle était réellement. C'est du moins ce qu'elle se dit pour tenir.

Heureusement, les regards n'étaient pour la plupart pas trop pesants, et elle n'eut pas à les soutenir. Elle repéra cependant assez vite, à un bout de la pièce, un duo de prisonniers qui semblaient la regarder avec une attention particulière. L'hybride eut envie de gronder à leur encontre, quitte à être un singe. Mais elle choisit pragmatiquement de les ignorer, car elle n'avait réellement aucun besoin d'ennui supplémentaire.


*
*         *

Son gros corps appuyé contre un mur du hall, Fantin tentait de ne pas se faire repérer. Hélas, il n'avait clairement aucun talent pour ça. Même s'il faisait semblant, prétextant discuter avec Nitro, et que de temps en temps, il regardait ailleurs, il ne trompait personne.

– Quand j'suis arrivé, ils faisaient pas ce genre de conneries, commenta-t-il, sans toutefois d'émotion particulière. Ils étaient plus directs et dignes à la fois.

Il mima un geste violent mais impossible à définir.

– Mh, Greyman, marmonna-t-il avec animosité. Bon. On devrait bouger. C'est pas comme si elle risquait grand-chose d'autre cette heure-ci. J'vais aller me renseigner sur la cellule où on l'a placée.

Le sanglier n'était pas surpris par la punition, et il n'en faisait pas grand cas. C'était un coup à la fierté pour quelqu'un qui venait de l'extérieur, mais il ne considérait pas ça comme très sérieux. En trente ans de prison, il avait vu bien pire.

Mascotte

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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 4

Réponse 11 mercredi 17 octobre 2018, 22:47:59

« Ouais, Greyman, répéta Nitro. L’âme de la prison. À en croire tous les trafiques qu’il y a ici, mon petit doigt me dit que notre très cher directeur est probablement celui qui pourrait avoir le casier judiciaire le plus explosif, si bien sûr il se faisait choper. »
Il devint pensif, puis éclata de rire.
« Hé, Fantin, tu t’imagines voir débarquer un jour le directeur en tenue jaune ! Ce serait tellement fun ! Tu l’imagines, là, faire le singe, dans la case des punis ! »
Son rire devint un fou rire et l’air commença à lui manquer. Il se plia en deux, des images loufoques pleins la tête, des images que le directeur ne pouvait heureusement pas voir sans quoi il y aurait eu un écureuil de moins sur la surface de Mobius. Son compère commença à quitter le hall, il le suivit.
« Sinon, ben moi, j’y ai eu droit. Mais bon, j’imagine que t’as pas oublié. »
Par rapport à Fantin, qui était mine de rien l’un des plus vieux résidants de la prison, Nitro était encore un nouveau. Il n’en était qu’à sa troisième année d’incarcération. Son arrivée avait été haute en couleur puisque le personnel avait découvert, à son grand dam, que le méga utilisait la douleur à son avantage. Nitro avait fait griller deux colliers de suite, avait refusé cinq fois de se plier à l’ordre de faire l’animal et ça s’était fini devant le directeur. Personne ne s’expliquait vraiment comment il s’était débrouillé pour éviter l’exécution pure et simple et c’était l’une des rares choses que l’hybride gardait pour lui. En fait, il avait juste eut une chance de fou, William Greyman avait alors besoin d’un tueur pour liquider un membre du personnel suspecté d’être un espion. Nitro s’en était chargé. Du coup, second procès, sa peine de 20 ans avait été commuée en perpétuité, mais c’était toujours mieux que de finir écrasé sous la botte de Greyman. Qu’à cela ne tienne, la sécurité, qui n’était pas au courant de l’arrangement, gardait une dent contre l’écureuil et ce dernier entretenait par ses saut d’humeur les raisons de le détester.
« Mais à ton avis, Fantin, pourquoi Victor veut protéger cette Leny ? T’as une idée, toi ? »

* * *

Depuis peu, un infirmier était venu examiner l’homme avec les traces de fouet. Une civière avait suivi et le détenu était parti en direction de l’infirmerie. Cinq minutes plus tard, la montre de l’un des deux gardes sonna. Son collègue récupéra la boîte en carton et la jeta aux pieds de Leny.
« L’heure est passée. Tire-toi. »
Dans la boîte, il y avait sans surprise une tenue jaune. Elle était accompagnée par des sous-vêtements et des chaussons, le tout à la taille de l’hybride.

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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 4

Réponse 12 jeudi 18 octobre 2018, 14:23:37

Leny enfila les vêtements sans faire de commentaire. Sitôt la compagnie des gardes quittée, elle poussa un soupir de soulagement. Enfin, le calvaire était terminé. L’absence d’instruction supplémentaire la laissait libre — façon de parler — au milieu de la prison. Elle ne connaissait encore rien de l’endroit, alors elle était encore en phase de découverte. Bientôt, sans doute, il y aurait davantage de routine, et bien sûr d’ennui. La détention, ça n’avait rien de très amusant.

Sans trop réfléchir, elle prit le couloir le plus proche. Elle avait besoin de s’éloigner au moins un moment du hall.

— Salut, fit-elle à un raton laveur.

L’hybride était en train de passer la serpillière. À côté de lui, un sceau en plastique rempli de liquide savonneux. Les robots de nettoyage n’étaient pas arrivés jusqu’au milieu carcéral — à quoi auraient-ils servi lorsqu’on disposait d’une main d’oeuvre corvéable. Il était seul, alors l’aborder était moins intimidant. Il l’avait vu arriver avec son carton dans les mains, et affichait un air amusé, sans méchanceté ou moquerie perceptible, ce qui mit le lémurien plutôt en confiance.

— Tu connais un Rodrigue ? Arrivé il y a pas très longtemps, une semaine max.
— Ah, t’es de la résistance ?
— Je…

Elle ne sut pas quoi répondre. Elle se dit qu’il serait peut-être aussi avisé de ne rien dire, mais le raton avait déjà son avis sur la question.

— T’inquiète mec. C’est cool. Rodrigue il doit bosser à l’atelier, là, c’est l’heure.
— Il y fait quoi ?
— Euh, aux dernières nouvelles, il enroulait des mandrins de bobinage en carton.

Le raton sourit et s’expliqua :

— Il fait des rouleaux de PQ, quoi. Parfois pour l’essuie-tout, et pour le film étirable aussi… ça change…
— Ah…
— Tu vois, au moins, le ménage, on se balade. Si tu te tiens bien, dans quelques mois, on te laissera peut-être le faire, fit-il, d’un ton docte.
— Génial. L’atelier, c’est par où ?
— L’aile ouest. Il va sortir dans une heure, ou quelque-chose comme ça, t’as qu’à l’attendre. T’as le temps d’aller poser tes affaires aussi. Les cellules, c’est par là.

Il tendit le bras pour indiquer la direction. Dans le couloir, une mouche approchait. L’hybride se détourna et reprit sa serpillière.

— Bon, faut que je bosse moi. Allez allez, bon courage mec.

Mascotte

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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 4

Réponse 13 jeudi 18 octobre 2018, 16:15:36

Rodrigue, curieux de nature, avait bien du mal à ignorer la lettre de Daphnée. Il avait l’impression de la sentir en permanence, bien en place dans sa poche. L’ouvrir ? Ne pas l’ouvrir ? Si l’hybride araignée ne lui avait pas rendu un si fier service, sans doute n’aurait-il pas hésité longtemps. Mais là, il estimait raisonnable de délivrer une simple lettre pour avoir pu échappé aux gros bras de Bonpoint. Son collègue humain, lui, n’avait pas eut cette chance et, de ce qu’il avait appris, il se trouvait maintenant dans un sal état, cloué à un lit au moins pour une semaine. L’araignée avait ses secrets. Le goupil ne pouvait fourrer son nez partout. Bonpoint, ça avait été une mauvaise idée. Le vieux rat n’était pas tant affaibli que ça et Rodrigue était encore trop nouveau pour appréhender toutes les subtilités qui régissaient les relations entre groupes.
Tant pis, il trouverait autre chose. Il avait besoin de s’occuper l’esprit. L’action et la réflexion y aidait. Sinon, il se remettait à penser à Timothée… à Marty… à Bug aussi, Mr Bug à qui il était si heureux de rendre des services. Tout ça, c’était terminé maintenant. Il ne verrait plus les spectacles de Tim, il n’aiderait plus Bug, il ne se prendrait plus la tête avec Marty…

Une sonnerie stridente marqua la fin du service. Il lâcha la machine branlante dont il se servait pour enrouler des dizaines et des dizaines de rouleaux PQ. Il se redressa, les mains palpant son dos douloureux. Mauvaise position, mauvais matériel, l’atelier aurait rendu fou le moindre inspecteur du travail. Les normes, ça n’existait pas ici. Il prit la direction de la sortie, avec la bonne trentaine d’autres détenus qui constituaient l’équipe. À la file indienne, tous durent passer devant le détecteur de métaux. Il aurait été facile de voler des outils, dans ce genre d’atelier, la sécurité ne voulait évidemment pas que cela arrive. Certains se faisait fouiller également. Rodrigue y eut droit. Le garde trouva la lettre, l’examina un instant, la remit dans la poche du renard sans commentaire et lui fit signe d’avancer. Un coup de bol de pas être tombé sur un salaud. Le voilà hors de l’atelier. L’équipe se dispersait, chacun allant vaquer à ses occupations. Beaucoup prenaient la direction des salles de détentes, de loin le coin de la prison le plus agréable. Pour y pénétrer, il fallait soit être un nouveau arrivé depuis moins de trois jours, histoire d’y goûter, ou alors, il fallait bosser, histoire de le mériter. Rodrigue, prudent, regarda autour de lui, cherchant un Nitro ou un Fantin hostile, ou toute autre brute qu’aurait pu dépêcher Bonpoint. Il ne trouva qu’un jeune lémurien qui le fixait de ses yeux oranges.
« On se connait ? » demanda-t-il, aimable, mais réservé.
Leny n’avait pas eut beaucoup de mal à reconnaitre Rodrigue. Elle avait pu obtenir sa description. Un renard blanc, avec un certain charme, jeune, vif, mais marqué au visage. Il avait une irrégularité sur le pelage de sa joue droite et l’œil, de ce côté, restait mi-clos. Un stigmate de son interrogatoire par la police, il le garderait à vie.
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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 4

Réponse 14 jeudi 18 octobre 2018, 20:42:28

Leny adressa au renard un signe de tête préliminaire. Avant d'avoir l'information, elle n'avait aucune idée de ce à quoi Rodrigue ressemblait, ni même de sa race. Maintenant qu'elle l'avait devant les yeux, elle trouvait qu'il était parfait dans son rôle. Elle fut en confiance, encore une fois, mais peut-être cela relevait-il davantage du besoin que de la certitude. Les visages amicaux n'avaient pas été nombreux ces derniers jours.

– Pas trop. Je suis Leny, et aussi je suis Ghost. Je travaillais avec Mr. Bug.

Elle montra piteusement du doigt son collier rouge vif, qui non-seulement l'empêchait de faire usage de son pouvoir, mais qui en plus jurait avec sa tenue jaune.

– On a été pris, y'a de ça, quelques jours, je sais pas trop ? Une opération qui a planté, complètement. Je pense que tout le monde est – elle soupira – mort, enfin sauf Jimmy et moi.

C'était si banal raconté ainsi. Mais en même temps, donner des détails l'obligerait à aller chercher des souvenirs qu'elle n'avait pas envie de voir revenir. Rien que la brève évocation fit un instant resurgir la sensation glaçante qu'elle avait eu, lorsque, dans ce qui lui semblait être une pénombre totale, un peu du sang de Randal l'avait couverte. Les quelques gouttes lui paraissaient avoir été un torrent. Elle balaya la vision.

– Enfin, je sais pas s'il… bref, il était en vie, quand je l'ai vu, la dernière fois. Mais il est pas rentré ici avec moi.

Sa queue s'agitait de nouveau avec un peu d'ardeur. Ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas parlé, vraiment parlé, à quelqu'un en mesure de comprendre. Elle exorcisait ses angoisses. Ça devait se voir.

– Pardon, j'apporte aucune solution. Jimmy m'a parlé de toi, juste je suis là, quoi. Si tu as besoin de moi. Tu vois.


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