Un mariage compromis (PV)

Isathiel Melendwë était une jeune elfe de naissance noble, un fait rare à l'échelle du monde de Terra, mais déjà plus commun dans les royaumes affiliés à Nexus, où les elfes conservaient une souveraineté sur bien des territoires. Isathiel était la fille unique d'un seigneur, l'équivalent d'un comte, et en tant que telle, son devoir était de se marier afin de procéder à des alliances politiques et perpétuer la lignée familiale. Elle avait été éduquée à ce rôle durant des décennies, jusqu'à ce qu'elle atteigne l'âge adulte à l'échelle elfique, puis sans attendre, ses fiançailles avaient été annoncées avec un autre noble dont elle ne connaissait quasiment rien. Un mariage arrangé, dans lequel la jeune elfe n'avait pas son mot à dire. Installée à l'arrière d'un carrosse tiré par une paire de chevaux, et accompagnée d'une escorte de quatre guerriers, Isathiel se dirigeait vers la demeure de son futur mari, qui se trouvait à encore quelques jours de voyage, et le moins qu'on puisse dire, c'était que la perspective de se marier à un inconnu ne l'enchantait guère.
Malheureusement, ses choix étaient limités de par sa naissance même, le jeunes femmes nobles n'avaient qu'un seul rôle à offrir à leur famille, celui d'être mariée, peu importait dans ce genre de cas les sentiments ou le consentement. Encore vierge, comme le voulait la tradition d'une future mariée, Isathiel avait peur d'avoir à s'offrir à un homme qu'elle ne connaissait pas, et de passer le reste de sa longue vie enchaînée à un endroit qui ne lui conviendrait pas. Mais cela elle le gardait pour elle, car personne ne lui prêterait une oreille compatissante de toutes manières, c'était tout simplement ainsi.

Le petit convois traversait à présent un chemin forestier, et la jeune elfe profitait de l'environnement ombré pour se reposer un peu, la chaleur de cet été était particulièrement intense, mais en plein milieu des bois elle devenait supportable. Elle n'avait pas dit grand chose depuis qu'elle était partie de son cocon familial, torturée de l'intérieur, sans compter que ses gardes n'étaient pas très causants, ils étaient surtout concentrés à assurer sa protection, pas à lui apporter un quelconque réconfort. Le regard perdu dans les bois qui défilaient lentement à mesure que le carrosse avançait, Isathiel faisait et défaisant les rubans en noeuds qui composaient son élégante tenue, un peu courte certes, mais qui était bien plus supportable vu la chaleur qu'une longue robe, et elle chantonnait pour elle même de vieilles chansons pour essayer de calmer un peu.
Le tout sans se douter que le voyage qu'elle effectuait, allait prendre une direction qui n'était nullement prévue.

Le Baron n’était pas un homme à prendre à la légère. Figurant parmi l’un des criminels les plus recherchés de Nexus ces dernières semaines, celui qui se faisait surnommer « Baron de la Forêt » était un homme cruel et vénal. Se battant avec une hache et des griffes en acier prolongeant ses mains, il était un bandit aux origines mystérieuses. Ancien noble ayant sombré dans la criminalité pour les uns, déserteur pour les autres, tous s’accordaient à dire que le Baron était un homme dangereux, et qu’il connaissait bien les profondes forêts dans lesquels il vivait. Il terrorisait la population locale, et, quand les Nexusiens avaient envoyé des troupes protéger les villages, il était fréquent que le Baron leur tende des embuscades. De fait, il avait commencé à faire parler de lui quand il avait tué le véritable baron de cette région, ainsi que ses héritiers. Il s’était ainsi réclamé unique baron légitime, et avait déclaré faire sécession d’avec le royaume, un royaume qui était un proche allié de Nexus. Ainsi, le Baron voyait tous les seigneurs locaux comme ses vassaux, et tuait ceux refusant de le considérer comme leur suzerain légitime. Sur ce point, le Baron savait comment marquer les esprits. Cruel et fourbe, il était aussi pervers et machiavélique. On ne comptait plus le nombre de pillages et de rapts qu’il avait commis, rançonnant les puissantes familles, brûlant, tuant, crucifiant à loisir. La forêt, dangereuse, était son terrain de jeu. Elle abritait en effet des monstres peu commodes : bloedzuigers, harpies et wyvernes venant des montagnes, endriagues se terrant dans les parties profondes, nekkers jaillissant du sol comme des taupes pour vous faucher les jambes, sans compter les massifs ours ou les meutes de loups... Le Baron disposait de ses propres molosses, et de multiples hommes fidèles. Humains, nains, elfes, Terranides, il ne faisait aucune différence.

Et, ce soir, il allait faire une nouvelle proie. Lui et quelques-uns de ses hommes bivouaquaient quand ils virent les pièces d’or arriver. Un éclaireur leur avertit que des Longues-oreilles se rapprochaient, avec un chariot beau et luxueux... Et, à l’intérieur, une elfe qui chantait. Le Baron et ses hommes étaient en forêt profonde, traquant un curieux individu ayant entrepris de les attaquer. Le Baron avait retrouvé plusieurs de ses hommes, morts, comme si une espèce de troll avait comprimé et broyé leurs os en les serrant fort à hauteur de la taille. Il menait donc une battue, face à ce mystérieux monstre, quand cet éclaireur vint donc les avertir.

« C’est une elfe !
 -  J’avais compris que c’était une elfe, abruti. »

Une elfe par ici, ce n’était pas banal, mais le Baron, malgré toute sa cruauté, était un homme cultivé. De fait, sa cruauté n’était pas gratuite. Il s’inspirait de récits de pirates qu’il avait entendu à Nexus. Certains pirates impressionnaient les esprits par des actes gratuits de cruauté, afin d’effrayer les gens, et ainsi d’obtenir plus facilement d’eux ce qu’ils voulaient, amplifiant eux-mêmes leurs propres légendes. Lui faisait de même en crucifiant des paysans ou des soldats. Et, tout aussi cultivé qu’il fût, le Baron savait ainsi qu’un mariage elfique allait avoir lieu dans le proche royaume elfique entre deux importantes familles, et que la forêt dans laquelle ils étaient menait vers une sorte d’ancien sanctuaire elfique où les mariages importants avaient lieu.

C’est donc en suivant cette idée qu’ils mirent rapidement sur pied un coup classique : l’attaque d’un convoi. Les hommes du Baron étaient disciplinés, et s’activèrent donc. Au bout d’un quart d’heure, le convoi arriva. Un seul chariot, avec de belles armoiries, escortée par des elfes en armure. Le Baron intima le silence le plus complet, tandis que le groupe s’enfonçait entre deux longs rochers. Quatre guerriers... Des elfes dans d’élégantes armures, signe qu’il s’agissait de redoutables tueurs... Mais le Baron avait l’avantage du nombre.

La cible se rapprochait, et il leva la main.

« ATTAQUEZ !! »

Les elfes avaient la réputation d’être des guerriers difficiles à surprendre, et le prouvèrent en ce moment précis. Dès que le Baron plongea en avant, ils avaient déjà dégainé, et ses griffes fauchèrent le vide. Son adversaire était sur le sol, et le Baron bondit sur le côté, évitant de justesse la lame argentée de l’ennemi, tandis qu’un carreau d’arbalète se brisait contre le flanc de l’armure dorée. Le cocher fouetta alors les chevaux, la priorité étant de protéger le colis à l’intérieur. Le Baron dégaina sa hache, et croisa le fer, tandis qu’il vit un elfe égorger l’un de ses hommes, avant de tourner sur lui-même, et de couper une flèche en deux lancée vers lui, parant superbement. Un autre avait brandi son arc, et chacun de ses tirs faisait mouche sur les brigands se trouvant en hauteur.

Le Baron, lui, vit le chariot foncer vers lui. Il bondit sur le côté, et frappa ce dernier avec sa hache, heurtant violemment la porte, mais ce ne fut pas assez pour le retenir, et il se retourna juste à temps pour parer l’attaque de l’elfe.

« Poursuivez ce putain de chariot !! » beugla l’homme.

Des cavaliers s’ébrouèrent à l’ombre d’un talus, et trois cavaliers foncèrent sur les talons du chariot, balançant des lampes à huile qui éclatèrent sur le chariot, faisant dégouliner une huile inflammable le long de ce dernier. L’un d’eux sortit une flèche, et en enflamma la pointe à l’aide d’un sortilège, puis la lança. La flèche atteignit l’huile, et, en quelques secondes, le chariot se mit à flamber, alors qu’il longeait une pente descendante faite d’herbe sur la droite.

Entre-temps, l’un des cavaliers avait rejoint l’avant du chariot, mais le cocher les accueillit avec une petite arbalète, et le carreau se nicha dans la gorge du cavalier, l’envoyant sur le sol, ses pieds retenus par les étriers du cheval. Le second cavalier arriva alors, et tira. La flèche fit mouche, et atteignit le flanc du cocher, le faisant hurler, déstabilisant le chariot. Le cheval se rapprocha alors, et le cavalier prit son élan, puis bondit vers le cocher, atterrissant juste à côté de lui, une dague luisante dans la main. Blessé, le cocher, également un elfe, avait sorti un poignard serti de perles brillantes. La dague se planta dans la poitrine de l’elfe une fois, mais l’elfe, plus résistant que prévu, frappa le visage du bandit, l’envoyant tomber sur les chevaux. Son corps se broya contre les roues, déstabilisant le chariot, qui fit une embardée le long du précipice. Grièvement blessé, le cocher ne parvint pas à calmer les bêtes... Et le chariot bascula dans le vide, les cordes lâchant. Il fila tout droit, terminant sa course dans un petit ruisseau, ce qui eut pour effet d’éteindre les flammes... Tout en offrant à la passagère quelques secondes de répit.

Isathiel était perdue dans ses pensées, le voyage était long et monotone, et même la relative beauté de la végétation ne lui permettait pas de l'occuper assez. Elle s'ennuyait, et avait mal aux jambes à rester ainsi assise dans un carrosse qui tanguait de gauche à droite, au gré des trous dans la route. Mais les haltes se faisaient rares pour une bonne raison, la région qu'ils traversaient n'était pas sûre, même si la jeune elfe l'ignorait, ses gardes du corps eux en étaient parfaitement conscients. Peu nombreux pour moins attirer l'attention, ils étaient d'autant plus redoutables qu'à eux seuls ils pouvaient défaire des ennemis en plus grand nombre qu'eux, et ils demeuraient sur leurs gardes en permanence dans cette forêt, ignorant les plaintes de la jeune noble. Ils consentiraient à lui faire se dégourdir les jambes quand ils seraient en sécurité.
Isathiel avait depuis un moment arrêté de vouloir négocier avec ses gardes, imperméables à ses demandes, et sentait peu à peu, malgré la route difficile, le sommeil la prendre, plus par ennui que par nécessité.
Elle fût toutefois rapidement réveillée, par une voix humaine, un cri, puis de multiples bruits semblant à une bataille. Par réflexe, Isathiel avait alors sorti la tête pour voir ce qui se passait, et vit une bande de brigands, nombreux, s'en prendre au convoi.

*Oh Seigneur...ils viennent pour moi !*

Un véritable sentiment de panique s'empara de la jeune noble à cette éventualité, elle avait grandi dans un milieu où l'on considérait généralement les humains comme des bêtes sauvages, et ceux qu'elle voyait là en avaient clairement l'apparance. Mais tandis que ses gardes se défendaient, le cocher lui prit les devants, et ordonna aux chevaux de galoper, les bêtes partirent à toute allure sans chercher à résister, car la peur les prenait également. Isathiel pour sa part se recroquevilla en boule sur le sol de son carrosse, autant pour se protéger que pour ne pas voir ce qui se passait, elle quié tait habituée à un environnement calme voyait pour la première fois de ses yeux une vraie bataille, et du sang...ce qui était en soi assez traumatisant.
Tout se déroula si vite, le carrosse prenant feu, les bruit des chevaux les rattrapant, et le carrosse tombant dans le vide...quand elle se sentit basculer, la jeune elfe poussa un long cri, vite étouffé par les chocs et les roulements de la structure tout autour d'elle, jusqu'à ce que fort heureusement tout s'arrête. Isathiel était en état de choc, mais rapidement elle reprit ses esprits, car elle savait que peut-être d'autres bandits étaient dans le coin. Elle se redressa au sein du carrosse couché sur le côté, et ouvrit la porte tandis qu'elle pataugeait dans une eau froide, puis se hissa tant bien que mal hors du carrosse. Elle vit alors les chevaux morts, et surtout son ouïe elfique lui permit de distinguer au loin des hommes approcher, et qui n'avaient rien de ses gardes.

Ils les ont tués...oh non...

Isathiel s'enfonça alors dans les bois, tant bien que mal à cause de sa robe peu adaptée à de la course en forêt, elle s'accrochait régulièrement à des ronces ou des buissons, déchirant des pans de tissus et laissant derrière elle des traces...
Elle couru pendant quelques minutes, ou une éternité elle ne savait plus, mais son coeur battait la chamade et elle était essouflée, au moment où elle trouva une grotte. Son instinct le plus primaire lui dicta d'aller se réfugier à l'intérieur, en espérant échapper à ses ravisseurs là dedans. Mais elle n'était guère profonde, tout au plus quelques mètres à l'intérieur d'une paroi rocheuse, et c'est là qu'elle se rendit compte qu'elle était faite comme un rat. Alors elle se plaqua dos contre la paroi interne de la caverne la plus enfoncée, et tenta de se dissimuler dans les ombres. Attendant hélas, son sort qui semblait inéluctable.

« Rattrapez-là, le Baron la veut ! »

Plusieurs hommes s’élancèrent dans la forêt, tandis que les autres tirèrent hors du chariot la belle malle. Ils l’avaient ouvert, et avaient frémi en voyant les tissus magnifiques s’y trouvant. De la fine broderie elfique, des robes délicates et soyeuses. Ils pouvaient deviner l’odeur délicieuse de la femme qui y était, ses cuisses douces et fermes, sa peau chaude et tendre... La promesse de délicieux moments de sexe et de douceur, pour peu que le Baron n’insiste pas sur la virginité de la prisonnière, ce qui déclencha en eux de violentes érections. Les paysannes du coin n’étaient pas toutes laides, mais l’hygiène n’&était pas la préoccupation première des paysans et des culs-terreux vivant par ici. Et cette malle sentait si bon...

...Quant à Isathiel, elle laissa derrière elle des morceaux de robes, faisant doucement sourire les deux chasseurs lancés à sa poursuite. Ils étaient habitués à pister des femmes, notamment les filles qui étaient envoyées dans la tanière du Baron, et qui pensaient pouvoir s’enfuir. Ils les rattrapaient, et, généralement, les violaient en pleine forêt, ou les tuaient, accusant ensuite les endriagues du coin. Il fallait bien s’amuser un peu... Les deux chasseurs se rapprochèrent rapidement, virent la femme entrer dans une grotte. Le premier des chasseurs, Jonah, entreprit de s’avancer, mais le second, Hex, posa sa main sur son torse.

« Attention, c’est par ici que nous avons perdu des hommes.
 -  Je sais... »

Ils s’avancèrent plus prudemment, Jonah dégainant son épée, Hex épaulant son arbalète. Ils s’approchèrent de l’entrée de la grotte, et Jonah récupéra un bout de bois, et l’enflamma à l’aide d’un bref sortilège. Jonah, en effet, connaissait quelques rudiments de magie, et le duo s’avança lentement.

« Petite, petite, petite...
 -  Approche, approche, nous ne te ferons rien... Enfin... On ne te fera pas trop mal, en tout cas, héhé... »

Ils rirent grassement. Les flammes éclairaient l’intérieur d’une petite caverne, mais il y avait, au fond, une allée s’enfonçant davantage dans les ténèbres. L’elfe était là, proche, mais, tandis qu’elle s’enfonçait dans l’obscurité, son dos heurta soudain une surface molle et lisse... Qui sembla brusquement s’animer. Jonah et Hex tournèrent la tête en entendant un bruit, plusieurs petits cailloux tombant sur le sol, et Jonah braqua la torche, observant alors l’elfe, dont les morceaux de tissu arrachées dévoilaient ses belles jambes.

« Voilà la salope ! »

Jonah s’avança vers elle, et la saisit par le poignet, puis la balança sur le sol, entre lui et Hex. Ils rigolèrent doucement, tandis que l’elfe, malgré les supplications éventuelles qu’elle pouvait faire, n’obtint rien d’autre qu’une claque sur son cul.

« Mate-moi ce boule, putain ! Mec, mate ce cul ! Oh, doux, ferme, bien serré, bien étroit...
 -  C’est une noble... Regarde ces cheveux propres, cette peau douce... J’parie que sa chatte est aussi vierge qu’une foutue toile blanche !
 -  Mais rien nous empêche de prendre son cul, hein ? Le Baron, y’le verra pas... »

Contre les fesses de l’elfe, on pouvait sentir l’érection de Jonah. Hex esquissa un léger sourire. Il observait la femme, quand un petit caillou tomba sur sa tête. Surpris, il leva la tête, mais ne vit rien dans l’obscurité ambiante, et se dit que ça devait probablement être de la poussière.

« Okay, mais fais vite, il en aura vite fini avec ces elfes, et tu sais qu’il aime pas qu’on joue avec la marchandise avant qu’il y touche... Surtout quand elle est de sang bleu, et que c’est une putain d’elfe ! »

Jonah sourit d’un air entendu, puis défit sa ceinture. On entendit le cliquetis de la boucle, puis le pantalon de toile tomba sur le sol, révélant une verge ample, sale et puante. Hex sourit alors quand un bruti de reptation le surprit. Étonné, il leva alors la tête... Pour voir une forme massive tomber, et frapper le dos de Jonah. Un choc terrible, suivi par un hurlement aussi bref que fort... Puis le corps de Jonah fut catapulté contre le mur opposé, et il le heurta violemment avec le dos. Il y eut toute une série de craquements sinistres, puis l’homme s’écroula sur le sol, mort sur le coup, les yeux dans le vide.

« Kssssssssssssssssssssssssssssssssssss !!! » siffla alors une présence menaçante au-dessus de lui.

Hex recula lentement, et trébucha sur quelque chose, tout en voyant, dans le reflet de la torche, le visage d’un corps massif et terrifiant qui avait rampé au plafond, avant de lentement redescendre... Une Lamia. Hex réussit à bondir en arrière, et pointa son arbalète, puis tira. Le carreau frappa la queue de la Lamia, s’y brisant contre ses écailles, mais la Lamia siffla.

« Oh non, non, non, pitié... !! »

Hex se mit à courir en vain vers la sortie. La Lamia fila au-dessus de l’elfe, montrant sa longue queue, massive et grosse, puis elle fila le long du sol, et sa main saisit Hex à la gorge, le soulevant alors. Un reflet lunaire éclaira alors tout son corps, et elle siffla à nouveau.

« Ksssssssssssssssssssssssssssssssss !!! »

Ensuite, elle envoya le visage de l’homme se fracasser violemment contre les pierres sur le sol. Il mourut dans un hurlement et dans un bruit spongieux. Ses yeux avaient éclaté, mais, pas sûre de l’avoir tué, la Lamia le fracassa à nouveau sur le sol à plusieurs reprises, jusqu’à ce que son crâne se brise, et que sa cervelle dégouline dans une mare de sang et de bouts blanchâtres.

Alors, la Lamia tourna son regard vers l’elfe... Qui en avait peut-être profité pour tenter de s’enfuir en s’enfonçant davantage dans la forêt ?

Là où elle ne pourrait tomber que sur d’autres corps, maintenus en vie artificiellement par le venin de la Lamia, afin de lui servir de grenier agricole...

Au contraire de ses protecteurs, Isathiel n'avait rien d'une combattante. Elle était la fille d'une lignée noble, traçant ses origines des millénaires auparavant. Elle avait beaucoup étudié, lu, et était parfaitement adaptée à la vie de château, mais les efforts physiques n'étaient pas son fort, de loin pas. Cette course à travers la forêt l'avait laissée épuisée, stressée, alors qu'elle entendait clairement des hommes approcher de l'endroit où elle se cachait. sa respiration était forte, si forte qu'elle devait plaquer une main contre sa bouche pour éviter de faire trop de bruit, tandis qu'elle se terrait dans un coin de cette grotte. Ils la recherchaient, et elle reculait à tâtons, plus profondément dans la grotte, dans le vain espoir de leur échapper, mais surtout de retarder l'inévitable. C'est en reculant ainsi que sa main s'était alors posée contre quelque chose qui n'était pas de la roche, mais de bien plus organique, et qui bougea très rapidement dès que le contact entre cette...chose et sa main se fit.

HA !

Isathiel poussa un cri de surprise et d'effroi, tandis qu'à peine plus tard, la lueur des torches des deux humains l'éclairaient, ils la voyaient désormais. Sentant son sang ne faire qu'un tour, elle essaya de courir, de les éviter, mais l'un d'eux la saisit par le poignet et la lança au sol, lui faisant perdre l'équilibre et heurter le sol dur et froid. Ils la maintinrent ainsi, l'elfe eut alors tout le "loisir" de sentir l'odeur écoeurante qui émannait de ces deux humains, tout en étant hélas parfaitement consciente de ce qu'ils allaient bien pouvoir lui faire.

Non ! Laissez moi !

Mais ses supplications étaient lancées dans le vent, et ce qu'ils disaient lui donnait envie de vomir de dégoût. L'elfe se sentit presque défaillir quand l'un des deux hommes défit son pantalon, avec l'intention très nette de la violer...puis elle sentit comme une bourrasque de vent la frôler, quelque chose de grand et de puissant passer proche de son visage, mais pour finalement heurter de plein fouet l'homme qui vola, et alla s'écraser littéralement contre la paroi rocheuse. Même malgré la distance de quelques mètres, Isathiel pu entendre ses os se briser sous le choc.
Elle mit un temps avant de réagir, de prendre conscience de ce qu'il se passait, et reprit ses esprits quand elle vit en sentit bel et bien quelque chose de massif se déplacer au dessus d'elle, traquant l'autre homme pour ensuite l'atrapper. Se redressant sur ses genoux, elle vit alors ce que c'était...et cela lui fit froid dans le dos.
Une Lamia...
Elle avait foutu les pieds dans la tanière d'une Lamia.
Son corps oublia toute sensation de fatigue, seule la peur guida alors ses pauvres jambes en dehors de la grotte, pendant que la créature était occupée à massacrer son autre agresseur. Elle courait, plus profondément dans la forêt, et manqua de trébucher à de multiples reprises sur des corps qui jonchaient le sol.

Non non non non non.

Elle fuyait, que ça soit les bandits ou la lamia, un destin horrible l'attendait dans les deux cas. Les bandits la violeraient et la tueraient, quand à la Lamia, elle lui servirait probablement de diner en étant digérée vivante.

[HRP. – Petit thème musical pour le combat contre les endriagues...]


Se rendre dans la tanière d’une Echidna au repos était l’une des idées les plus idiotes du monde. Parmi toutes les sous-espèces de Lamias qui existaient, l’Echidna était considérée comme l’une des plus dangereuses. C’était une espèce solitaire, indomptable, connue pour avoir tué tous les esclavagistes et dresseurs ayant tenté de la soumettre. L’Echidna disposait d’une impressionnante force physique, et certaines des Echidnas les plus grandes et les plus puissantes pouvaient même, disait-on, étouffer des ours. Shaïra n’avait pas la force de retenir un ours, de l’entraver, mais, en ce qui concernait les humains... Ils étaient fragiles, faibles, mais très appétissants. Elle s’était rendue depuis une ou deux semaines dans cette grande forêt. Il y avait quantité de monstres. Elle avait commencé par manger quelques nekkers, mais il n’était pas très bon, avant de se rapprocher des endriagues... Ses proies favorites restaient les biches, les cerfs, ou encore les humains, et, peu à peu, les prédateurs s’étaient écartés de cette grotte. Son dernier combat important remontait à des endriagues. Ces araignées-scorpions massives formaient une sorte de colonie insectoïde avec un esprit de ruche. Elle avait tué plusieurs endriagues ouvrières dans cette grotte, car certaines endriagues voulaient y forger un nid. On pouvait tout à fait le comprendre, car la caverne était profonde, avec une source d’eau chaude. Les endriagues étaient revenues, accompagnées d’endriagues guerrières, qui étaient au moins trois à quatre fois plus grandes que les ouvrières. Shaïra avait livré un combat éreintant, car les endriagues disposaient de solides queues de scorpions, qui l’avaient blessé. Elle avait réussi à les tuer, mais avait ensuite entrepris de se reposer...

...Jusqu’à ce que toute cette agitation ne la réveille. Son éveil avait eu clairement lieu quand cette belle femme blonde s’était heurtée à sa queue. Son odeur, délicieuse, était remontée jusqu’à ses narines, et, si elle avait sifflé, c’était pour mieux percevoir sa doucereuse odeur, une belle odeur, parfumée, tendre, propre... Car, tout comme un serpent, une Lamia disposait de deux organes sensoriels ; outre ses narines, sa langue servait aussi à capter les particules olfactives. Cette délicieuse odeur avait égayé ses sens, mais, avant même qu’elle ne puisse en profiter, elle avait été harcelée par ces hommes, ces porcs puants et crasseux. Le temps qu’elle les tue, sa petite poupée s’était enfuie, retrouvant une vitalité soudaine.

*C’est une elfe... Depuis des millénaires, les elfes traquent et exterminent les Lamias.*

Mais elle n’avait rien à craindre de cette petite elfe... Shaïra sortit donc de sa grotte, et poursuivit sa proie. Elle dégageait une si belle odeur... Impossible de lui échapper. La femme filait dans la forêt, s’éloignant du chariot, mais pas des bandits, qui avaient été attirés par les hurlements des deux idiots. Shaïra la poursuivait donc, mais l’elfe, paniquée, ne réalisa pas que sa route filait vers un nid d’endriagues. Elle finit par trébucher sue une racine, et tomba le long d’une petite butte, atterrissant au milieu de vastes arbres, très longs. Et, alors qu’elle se relevait, des bruits de pattes résonnèrent le long de l’écorce des arbres.

Dans l’obscurité, il était difficile de les voir, mais elles étaient bien là... Plusieurs endriagues guerrières descendirent le long des arbres, se posant sur le sol, leurs longues queues pointant en l’air, leurs horribles gueules hérissées de pointes claquant dans le vide. La pauvre semblait aller de Charybde en Scylla, et était encerclée par les endriagues. Une endriague guerrière bondit alors juste devant elle, la renversant, et sa queue caudale se releva, avec une pointe osseuse constituée de multiples pics. Le coup allait être mortel, et sa bave tombait sur le buste de la femme. L’endriague choisit alors d’approcher sa gueule, comme pour la manger... Quand un sifflement retentit subitement. Shaïra mordit la nuque de l’endriague, la faisant hurler. La créature recula, et une autre jaillit alors, se retournant alors, abattant sa queue sur Shaïra. La Lamia esquiva la charge, qui fit trembler le sol, et cracha nerveusement, puis fila sous le corps de l’endriague, remonta, puis fila à nouveau, et serra avec sa queue. L’endriague était résistante, mais Shaïra serrait à hauteur de sa cage thoracique et de ses poumons. Elle banda ses muscles, sifflant en sentant l’endriague se déplacer. Une autre endriague l’attaqua alors, et Shaïra s’écarta de justesse. La queue osseuse de l’endriague frappa sa congénère, broyant sa carapace et ses os, aspergeant son sang sur le sol en la faisant hurler.

« KSSSSSSSSSSSSSSSSSSSS !!! »

Dans le dos de l’elfe, une autre endriague s’approcha, et, au même moment, Shaïra revint, et fouetta l’endriague avec le bout de sa queue, filant sous son corps, repoussant la créature. Shaïra cracha à son adresse, puis tourna autour de l’elfe. Les endriagues les encerclaient en sifflant et en grognant également.

Une endriague guerrière chargea alors, et Shaïra bondit sur le côté, évitant la bestiole, tandis que l’un de ses serpents, Nagi, se détendit soudain, et pinça le monstre. Les endriagues étaient naturellement résistantes aux empoisonnements, mais elles n’étaient pas non plus des basilic, et Shaïra, au risque de le rappeler, était une Echidna. Elle fila alors sur le côté, en s’appuyant sur un bras, et souleva sa longue queue, venant fouetter la tête d’une seconde endriague. Elle s’attaqua ensuite à l’endriague blessée, celle qui avait été frappée par une queue osseuse, et mordit à pleines dents dans ses plaies, se gorgeant de son sang toxique, mais répandant aussi le sien, la condamnant à une mort certaine. L’endriague guerrière se mit à gémir et à grogner, se tortillant sur place.

C’est à cet instant que Shaïra reçut son premier coup, quand la queue de l’un des monstres la frappa sur le dos. Elle heurta violemment le sol. Il ne restait plus que deux autres endriagues en lice, car celle qui avait été mordue par Nagi avait droit à un poison paralysant bloquant trois de ses six pattes. Les deux autres attaquèrent alors en utilisant leurs pattes avant. Shaïra esquiva un coup en partant en arrière, puis fila entre les deux monstres, et attrapa l’elfe par le torse, puis remonta rapidement, s’éloignant de leur tanière, car des endriagues supplémentaires étaient en train d’affluer.

Shaïra remonta à la lisière de la forêt, et posa l’elfe sur le sol, la maintenant sur le sol tandis qu’elle parlait.

« Idiote d’elfe ! siffla-t-elle. Je te sauve de ces imbéciles d’humains, et tu te jettes dans la forêt ! Nous ne sommes pas dans tes calmes forêts elfiques nettoyées par tes gardes, belle elfe parfumée ! Ici, c’est la loi de la Nature, de la Nature sauvage, sauvage et cruelle. Ici, tu n’es pas une noble, tu es une proie ! Si tu veux survivre, tu dois rester auprès de moi, auprès de Shaïra l’Echidna ! »

Shaïra la relâcha ensuite, puis s’écarta un peu, tandis que l’un de ses serpents, Niga, filait le long de son dos, et mordait sur sa plaie, répandant une toxine destinée à faciliter la guérison.

« Hum... Ces salopes ont réussi à me toucher.... »

Shaïra ne pouvait que pester contre sa propre incompétence. Elle avait tardé à récupérer l’elfe, et, en voulant la protéger, elle s’était retrouvée dans la position favorite des endriagues : encerclée de toute part... Mais au moins avait-elle réussi à retrouver cette belle elfe... Et elle ne comptait pas la laisser partir si facilement.

Que la forêt soit habituée par d'autres créatures dangereuses, et ce pile dans la direction où elle allait, n'avait sur le moment pas effleuré l'esprit d'Isathiel. Elle était gouvernée par sa peur, par l'adrénaline, elle fuyait aussi vite que possible loin de ses agresseurs car c'était la seule chose qu'elle pouvait faire pour avoir une chance, aussi mince soit-elle, de s'en sortir. Comment réussir à se nourrir, à retrouver son chemin, étaient des questions annexes, et pas un problème immédiat...plutôt le genre qu'on pouvait se poser si, et seulement si, elle arrivait à s'en sortir.
Elle courait avec l'énergie du désespoir, avec juste l'instinct de survie la forçant à puiser dans ses réserves, à tirer de son corps ce qu'elle n'était pas habituée à tirer, car sa vie en dépendait. Elle trébucha, à force de courir, sur une longue racine noueuse et s'étala allègrement sur la terre, salissant encore sa robe déjà bien malmenée et déchirée de partout. Le temps qu'elle se redresse, son ouïe fine lui fit part de bruits étranges, et surtout très proches, et c'est en levant la tête qu'elle apperçu ces créatures monstrueuses qui venaient vers elle. L'une d'entre elles lui sauta dessus, alors qu'elle même avait fait un bond en arrière et avait re-trébuchée sur le sol. Elle vit les canines de l'endriague, ses pattes près d'elle, son odeur immonde...elle poussa alors un cri aïgu en fermant les yeux alors qu'elle sentait déjà, en anticipation, la douleur de se faire déchiqueter par cette créature.

Mais elle sentit le sol trembler, l'endriague prise dans l'étreinte de la Lamia qui l'avait suivie, et vit vaguement le combat qui s'en suivit. Du côté de l'elfe, c'était au mieux flou, elle essayait de s'éloigner du gros du combat, qui faisait trembler le sol, secouait les arbres, et produisait des bruits effrayants et assourdissants. La jeune elfe essayait de s'enfuir à nouveau, mais se retrouvait soit projetée au sol, soit coincée par une autre endriague que la Lamia s'empressait d'attaquer ensuite. La situation était trop chaotique, trop effrayante, pour qu'Isathiel comprenne vraiment ce qui se passait, et que la Lamia essayait de la protéger. En vérité, tout ce qu'elle voyait, c'était deux prédateurs se battre pour une proie, et cette vision des choses n'était finalement pas très éloignée de la réalité. Isathiel n'avait donc aucune raison de croire que la Lamia voulait la protéger, et c'est donc tout naturellement qu'elle continua de crier, de pleurer et de se débattre lorsque la créature serpent la prit finalement pour l'emmener loin.

Elles s'éloignèrent au loin, et Isathiel tremblait de tout son corps alors qu'elle voyait le sol défiler à vive allure, alors que la Lamia serpentait à toute aussi vive allure. La jeune elfe avait de base peur des serpents, qui étaient des animaux pouvant se montrer dangereux, mais jamais elle n'avait eu aussi peur de sa vie, et sa contenance de noble s'était bel et bien évaporée, en même temps qu'elle avait trempé ses sous-vêtements avec son urine...la peur, encore une fois.
Quand la Lamia la déposa enfin, puis lui parla, ses paroles eurent tout juste l'effet d'un écho lointain. Isathiel était en état de choc. Elle voyait cette créature, gigantesque et monstrueuse, lui parler, tout ça était irréel. Et quand elle la relâcha, la jeune elfe eu tout juste la force de se laisser tomber contre un arbre et de se replier contre le sol, en pleurant et riant en même temps nerveusement. Elle perdait contrôle d'elle même au vu de sa situation.

P...pitié...je veux pas mourir...

Les bandits, la chute du carrosse, la Lamia, la tentative de viol, puis les endriagues, ça faisait beaucoup à assimiler en un coup, car l'enfer s'était déchaîné sur la pauvre elfe en un rien de temps. Elle était perdue, terrifiée, et quand bien même pouvait-elle être sauvée, ce ne serait que pour tomber dans les liens d'un mariage arrangé avec un homme qu'elle ne connaissait pas.

Une vraie pleureuse... Si elle n’était pas si bien roulée, Shaïra aurait bien laissé cette pleurnicheuse entre les pattes des endriagues. Elle n’avait rien écouté, et parlait d’une voix toute faible, les yeux ruisselants de larmes, en état de stupeur. Écrasée sur place, l’elfe n’entendrait rien, et la Lamia le remarqua en se déplaçant lentement. Elle avait peur d’elle, ce qui était... Ce qui était bien. Dans son dos, elle pouvait entendre les endriagues hurler et grogner. Tant mieux. Shaïra était leur ennemie, et, en venant ici leur ravir cette proie, tout en tuant une endriague, elle leur avait rappelé qu’elle était leur supérieure, évitant ainsi une contre-attaque vers sa grotte. Mais, maintenant, elle avait d’autres soucis en tête que les endriagues. Maintenant que le calme était revenu, elle pouvait à loisir détailler le corps parfait de la femme, sa silhouette magnifique. L’elfe faisait en tout point de vue honneur à la beauté légendaire des elfes, et, avec sa robe déchirée, révélant ses seins laiteux, ses hanches, son estomac, et même un bout de sa culotte blanche à dentelle, l’Echidna sentit une soif toute particulière la saisir. Elle souffla lentement, puis se rapprocha de la femme, tournant lentement autour d’elle.

« Kssssss... Crois-tu donc que j’aurais affronté quatre endriagues guerrières, et pris un coup dans le dos, pour te tuer, petite idiote ? As-tu de si grandes oreilles pour écouter, ou sont-elles juste là pour t’aider à te torcher le cul ??! »

Sa queue serra alors lentement le corps de la femme, s’arrêtant à hauteur de sa taille. Nagi et Niga, ses deux serpents, claquèrent près de la femme, léchant sa peau. La femme était piégée le long de sa queue reptilienne, cette femme au corps chaud et doux, agréable et ferme. Shaïra posa une main sur son menton, et rapprocha son visage du sien. Elle l’embrassa au moment même où Nagi la mordit dans le creux du cou... Et cette morsure répandit en elle un somnifère. Shaïra rompit le baiser, et vit les yeux de l’elfe s’alourdir, tandis qu’elle posait un doigt sur ses lèvres.

« Dors, ma belle, dors et repose-toi... Car tu auras besoin de toutes tes forces ensuite... »


Le jour se leva, annoncé par le gazouillis des oiseaux. Les rayons du soleil éclairèrent la forêt, éclairant le chariot renversé, les cadavres des gardes elfiques abandonnés sur la route, sans leurs armures elfiques, avec une dizaine de cadavres d’humains autour d’eux. Si personne ne venait pour les enterrer, des créatures nécrophages jailliraient dès la nuit prochaine pour se nourrir sur eux, et pour attaquer les morts. Ou alors, les endriagues viendraient les chercher... Et, pendant ce temps, dans la caverne de Shaïra, l’entrée était vide. Il fallait s’aventurer dans la galerie souterraine pour atteindre son nid, situé dans une grande grotte éclairée par les reflets du soleil, et par des trous dans le plafond.

Une cascade souterraine coulait dans un coin, et il y avait plusieurs rochers plats. Enroulée dans es espèces de longues manches flottant comme des capes, Isathiel dormait, nue. Près de là, Shaïra était en train de faire cuire des morceaux de biche. Ses prisonniers étaient ailleurs, afin de ne pas effrayer la belle elfe. Shaïra avait eu le temps de l’inspecter pendant qu’elle reprenait des forces. La femme était vierge, et Niga avait goûté à son sang, pour constater qu’elle était fertile, et pouvait donc lui offrir des bébés.

Shaïra n’avait donc aucune raison de vouloir la tuer, et attendait patiemment son réveil, tout en préparant son petit-déjeuner. Si l’elfe se réveillait, elle pourrait voir le dos de Shaïra, avec sa longue queue noire qui entourait le repas. Impossible, néanmoins, pour l’elfe de sortir, car le chemin menant à la caverne était une ligne droite et verticale, qu’on ne pouvait franchir qu’en rampant dessus.

Isathiel n'était pour ainsi dire pas habituée à ce qu'on lui parle autrement qu'avec beaucoup de respect, que la Lamia l'insulte, la traite d'idiote, la sortait encore de sa zone de confort, qu'elle avait très largement quitté en l'espace d'à peine quelques minutes. La jeune elfe ne pouvait pas écouter car elle était transie de peur, comment ne pas l'être ? Elle faisait face à une Lamia sauvage, le genre de monstres que l'on considérait comme extrêmement dangereux pour leur agressivité et leur résistance hors du commun.

Je...je...hiiiiiiiiii !

La jeune elfe trembla quand elle sentit la longue queue serpentine de la Lamia alors s'enrouler autour de son corps, et l'immobiliser avant qu'elle aie le temps de faire quoi que ce soit. Avec sa force peu élevée, Isathiel ne pouvait espérer se sortir d'une telle étreinte, et elle se crispa quand elle sentit les espèces de deux serpents, qui sortaient de la nuque de la créature, s'approcher d'elle et lécher sa douce et délicate peau. Le père d'Isathiel, et bien d'autres, considéraient volontiers que l'apparence angélique d'Isathiel était l'un de ses principaux atouts, elle était belle même par rapports aux canons de beauté elfiques déjà très élevés. Son père n'avait eu aucun mal à négocier pour sa fille un mariage très arrangeant, avec une famille plus puissante et riche, mais pour le coup, c'était une ancienne créature monstrueuse qui venait de récupérer le lot.

N..nooooooon...

Le contact des écailles et des langues serpentines était étrange, et comme elle était effrayée, il était désagréable. Elle se débattait, mais vainement, et se raidit comme une corde de violon quand son visage fut juste en face de celui de la Lamia. Avec son seul oeil rouge, et ses manières de serpent, elle était effrayante, et son baiser fut ainsi d'autant plus surprenant. C'était la première fois que quelqu'un embrassait Isathiel, et ses yeux grands ouverts le trahissaient de même que son incapacité à répondre. De fait de sa nature noble, le seul contact physique que seules de rares personnes pouvaient avoir avec elle était le baise-main, mais jamais qui que ce soit n'avait osé déposer ses lèvres sur les siennes.
Isathiel n'eut toutefois pas le temps de s'approfondir d'avantage, elle sentit une vive douleur au niveau de son cou, suivi d'une sensation de brûlure...puis plus rien, elle sombra très vite dans un sommeil profond. Elle eu du mal à émerger de ce sommeil forcé, causé par une toxine, quand elle entrouvrit les yeux il y avait peu de lumière, et elle entendait le bruit d'une cascade, ainsi que d'un feu...mais surtout elle se senti dépouillée de tout vêtements, elle était nue. En reprenant connaissance, elle se souvint de ce qu'elle avait cru pendant quelques secondes être un mauvais rêve, avant de clairement distinguer la Lamia qui lui tournait le dos, et faisait rôtir une biche. Son premier réflexe fut alors de se saisir d'un des bouts de robe issus de celles qu'elle avait amenée, et de couvrir sa nudité en la plaquant contre son corps.

Où...où suis-je que...qu'est-ce que...

Elle était dans la grotte d'auparavant, mais bien plus profondément cette-fois, car la seule sortie vers l'extérieur ne lui était pas atteignable, elle était purement et simplement prise au piège ici, dans la tannière d'une Lamia.

L...les bandits, mes gardes...où est passé tout le monde ? Pourquoi je suis ici ?

Ah, son invitée venait visiblement de se réveiller ! Shaïra entendit le bruissement que fit la femme sur ses vêtements, en essayant, tant bien que mal, de préserver un peu de pudeur en dissimulant ses parties intimes. Elle s’était attendue à de nouveaux hurlements hystériques, mais, au lieu de cela, l’elfe sembla analyser sa situation. Shaïra, entre-temps, avait eu le temps de connaître son nom en observant sa malle et ses vêtements, car son nom avait été brodé à l’intérieur de ses robes : Isathiel Melendwë. Avec un nom pareil, et des robes de luxe brodées à son nom, ainsi que des flacons de parfum et de lotions, cette elfe était sûrement une riche personne... Elle était bien escortée, et Shaïra savait qu’un royaume elfique se trouvait à proximité. Autrement dit, tôt ou tard, sa famille viendrait à sa recherche, et ce n’était pas quelques endriagues qui allaient retenir les elfes. L’Echidna méprisait les humains, mais elle n’aimait pas les elfes. Leur adresse à l’arc leur permettait toujours de trouver les failles de ses écailles, et ils disposaient de potions et d’élixirs complexes permettant de la mettre à mal. Elle avait toutes les raisons du monde de se méfier d’eux, mais cette elfe... Hum, elle valait bien la chandelle ! Elle était belle, magnifique, d’une grande beauté, comme une magnifique poupée. Shaïra n’avait pas couché avec une telle femme depuis... Depuis longtemps ! Elle ne sentait pas la bouse de vache comme les paysans, ni le silicone et le latex comme les Tekhanes (Shaïra n’avait rien contre le latex, mais trop de latex tuait le latex, a fortiori quand on était une Lamia sauvage). Mais elle... Elle, cette petite elfe... C’était une princesse, une fleur rare, et Shaïra l’observait pour ce qu’elle était : un mets rarissime.

Et un mets un peu moins paniqué qu’hier soir, qui ne tarda pas à s’exprimer d’une voix tremblotante. Elle avait peur, bien entendu, mais sa voix... Ah, sa voix ! Qu’elle était douce ! Un vrai plaisir pour les oreilles, une joie sans fin ! Shaïra fermait les yeux en l’écoutant lentement, imaginant Isathiel gémir son nom avec sa petite voix fluette et douce quand elle la prendrait sauvagement. Bon Dieu ! Par toutes les Lamias, Shaïra avait une envie folle de baiser cette femme, de lui faire sauvagement l’amour, pendant des heures et des heures, sans relâche.

« Hum... Que de curiosités, petite Princesse... Mais c’est normal venant de votre part, Majesté, vous deviez avoir l’habitude, dans votre luxueux palais, qu’on vous réponde au doigt et à la baguette au moindre de vos ordres... »

La Lamia avait répondu en lui tournant le dos, et se redressa lentement, déployant sa longue queue en s’avançant. Elle se redressa le long de sa queue, et passa par-dessus la femme, la regardant la tête en bas, avant de se retourner lentement, et de longer le sol, juste à côté d’elle.

« Pour votre gouverne, les brigands ont massacré tous vos gardes, ainsi que votre cocher. Oh, vos hommes se sont bien battus, mais ils n’ont rien pu faire contre ce criminel. On l’appelle le Baron dans la région. Savez-vous ce qu’il fait aux belles nobles comme vous ? Il les emmène dans son manoir, et elles sont vendues comme esclaves, et se retrouvent dans des bordels sinistres, où leur peau toute douce et toute chaude se flétrit entre les mains de pervers sexuels qui les fouettant et les martyrisent à longueur de temps... Sans l’ombre d’un doute, ces bandits vous auraient capturé, si je n’étais pas venue pour vous sauver. »

Elle se déplaçait lentement autour de la femme tout en parlant, avant de s’écarter, filant le long du sol, pour faire à nouveau demi-tour, se rapprochant de la biche en train de cuire.

« Las, plutôt que de remercier, Ô Majesté, vous m’avez planté un couteau dans le cœur en fuyant à bride abattue. Ce faisant, vos célestes pas vous ont conduit dans un nid d’endriagues à proximité. Ne pouvant me résoudre à laisser une aussi belle et aussi innocente créature périr entre ces créatures, je vous ai secourue, au péril de ma vie. Une endriague m’a frappé dans le dos, et, si je n’étais pas une Echidna, je serais morte... Et, même après vous avoir secouru, vous avez continué à me repousser. Sans doute la noble dame que voilà était-elle plongée dans un état de choc sans pareil... »

Shaïra avait un ton légèrement moqueur, et se rapprocha encore, se glissant rapidement dans le dos de la femme.

« Vos hommes viendront sûrement chercher une belle et forte femme comme vous... Mais cet endroit est au milieu de nulle part, et ma tanière est entourée par des monstres et des brigands peu commodes... Si je vous laisse sortir dehors, vous finiriez à nouveau auprès de ces endriagues, ou encore capturée par des harpies, ce à quoi je me refuse. Ici, vous êtes à l’abri, Majesté... Mais nous ne sommes pas dans votre château. »

Shaïra en venait à la conclusion de ses explications, à la preuve que, malgré son apparence monstrueuse, elle était diablement intelligente :

« Ici, nous sommes dans la Nature, Princesse, et rien n’est gratuit, ici. Alors, dites-moi... Qu’êtes-vous prête à payer à Shaïra pour avoir le droit de rester ici ? »

Isathiel fût surprise de constater que, en plus d'être capable de parler, cette Lamia maîtrisait l'art de parler et d'argumenter mieux que certain des humains qu'elle avait pu croiser au cours de sa vie. Elle était partagée entre être rassurée, car elle ne se trouvait visiblement pas devant une créature si sauvage que ça, et être encore plus effrayée devant le fait qu'une créature aussi puissante dispose également d'une grande intelligence, ce qui la rendait donc encore plus dangereuse. L'avantage, semblait-il, était que la Lamia n'avait pas l'intention de s'en faire un repas, ou de lui faire du mal, puisqu'elle l'avait amenée dans sa tanière en relativement bon état. Majoritairement, durant son monologue, Isathiel la laissa parler, devinant que cette créature ne devait probablement pas aimer qu'on l'interrompe. Isathiel dut se faire violence à plusieurs reprises pour ne pas trop détourner le regard, notamment lorsque la queue serpentine se rapprochait un peu trop de son corps, dont elle protégeait la nudité comme elle le pouvait avec son restant de robe.

Et bien ma foi...milles excuses à vous. Les choses sont allées si vite, et je n'avais encore jamais entendu parler de Lamias "sauvages" qui soient capables de tels actes. Après tout ce qui s'est passé, je pensais que vous étiez juste une autre prédatrice parmi les autres à me vouloir du mal. Je suis...et bien heureuse que ce ne soit pas le cas, et je vous dois effectivement la vie.

Elle dégluttit, elle n'était pas complètement rassurée et à raison, car elle semblait plutôt prisonnière ici, et le fait que cette Lamia l'ait sauvée ne signifiais pas nécessairement qu'elle voulait son bien, elle avait peut-être surtout d'autres projets. Mais lesquels ? Cela Isathiel était loin de s'en douter.

Ma foi...mademoiselle ? Je n'ai rien à vous offrir de par moi même, mais mon père quand il m'aura retrouvée se fera sans doute une joie de vous récompenser pour m'avoir sauvée et protégée. C'est un homme puissant qui pourrait vous apporter nombre de présents. De l'or, de la nourriture, de la magie...tout dépends de ce qui vous intéresserait noble Lamia, je suis hélas fort peu accoutumée à voir des membres de votre espèce.

Elle exagérait un peu, mais caresser un peu cette créature dans le sens des...écailles ne pouvait pas faire de mal. Elle était toutefois assez mal à l'aise avec la façon dont elle la regardait, avec cet air de prédatrice propre à sa nature profonde.

La manière avec laquelle Isathiel se rétractait quand Shaïra s’approchait d’elle durant ses rondes n’échappa nullement à l’œil observateur de la Lamia, qui avait surtout fait ses promenades pour voir ça. La belle petite Princesse était bien plus calme que cette nuit, et parla de sa voix douce et mielleuse. Elle avait probablement fait des cours de diction et d’élocution, car elle s’exprimait à la perfection, sans fausse note, et cette voix, ah, cette voix... Shaïra aurait pu l’écouter pendant des heures et des heures ! La Lamia la regardait en souriant. Isathiel avait beau essayer de couvrir ses parties intimes, la tenue qu’elle portait, ces fins voiles le long de ses bras, étaient transparents. Shaïra salivait sur ce corp sparfait, et la femme finit par parler, faisant une proposition qui aurait pu plaire à n’importe quel humain, mais qui laissa la Lamia de marbre.

« Ah ! Est-ce là tout ce que tu me proposes, petite elfe ? Une créance ? Kssss !! siffla-t-elle de dédain. Crois-tu donc que j’ignore l’hostilité des elfes envers les Lamias, hum ? Ton Roi m’embrochera dès qu’il apprendra que j’ai posé mes mains sur toi, et que Nagi, l’un de mes deux serpents, t’a mordu pour te calmer. Et même, qu’aurais-je à faire de sa parole ? Il me fournira un papier attestant qu’il me doit une somme, et qu’en ferais-je, hum ? Si je veux de l’or, je vends mes poisons... Mais l’or ne m’intéresse pas. La magie ? Je peux en faire par moi-même. La nourriture ? Je préfère chasser mes propres bois. Je suis une Echidna, Isathiel, pas une grosse vache qui veut se faire traire sans bouger le cul ! »

Elle balança les derniers mots sur un ton hargneux, et siffla à nouveau.

« Ne m’insulte pas en remettant en cause mon intelligence et mon autonomie ! Je n’ai que faire des promesses des monarques ou des créances futures. Crois-tu donc qu’un tribunal m’offrira la possibilité de faire valoir mes créances ?! Ah ! Que tu es naïve, ma douce Princesse ! La répulsion que je t’inspirais hier est commune à celle que ton peuple ressent envers mon espèce... »

Shaïra secoua lentement la tête, et roula le long du sol, laissant planer quelques secondes, tout en plaçant la Princesse face à la seule hypothèse possible pour payer son séjour ici... Mais la petite était trop innocente pour le réaliser, et Shaïra comprit qu’elle avait pensé avec sincérité ce qu’elle avait dit sur le rôle de son père. Une telle naïveté était touchante, même pour Shaïra, qui voyait toute pitié comme une trace de faiblesse. Une telle innocence aurait sans aucun doute pu amener une autre personne à préserver sa virginité... Mais pas Shaïra. La Lamia se déplaça alors à nouveau, et se rapprocha à nouveau d’elle, pour aborder les choses sérieuses, après avoir racheté, en utilisant tous les arguments possibles, tant sur le fond que sur la forme, les propositions de la belle Princesse.

Et oui, elle était belle... Magnifique, même. Une beauté virginale qu’il tardait à Shaïra de déflorer en profondeur, pendant des jours, des jours et des jours.

« Tu peux chanter pour moi, car ta voix est mélodieuse et belle... Mais ce sera bien insuffisant. En réalité, Isathiel, il n’y a qu’un seul moyen pour toi d’honorer ta dette avec moi... Vois-tu mes deux serpents qui pendent à mes cheveux ? Ils s’appellent Nagi et Niga, et ils t’aiment beaucoup. Ils infligent autant du bonheur que du malheur, selon ma volonté. Si je te dis ça, c’est parce que je peux te mordre pour t’offrir un plaisir maximum, ou pour développer en toi une frustration sexuelle faramineuse... Car il n’y a qu’un seul moyen pour toi de me satisfaire, Isathiel... C’est de porter mes enfants pendant tout le temps où tu resteras en ma compagnie. »

Shaïra se déplaça alors, et se rapprocha de la malle, fourrant sa main dedans pour en sortir les lotions et les parfums.

« Ta peau est magnifique, ton odeur, tes charmes... Je suis loin d’être insensible à tes charmes, Isathiel, et tu pourras te laver autant que tu veux, afin d’être belle et ravissante. Ne t’inquiète pas pour la vue, ma grotte est grande, et il y a une autre partie avec une ouverture donnant sur une rivière à l’extérieur... Un endroit très beau quand le soleil s’y couche... Mais tu n’as pas le choix, Isathiel.  Voilà mon prix : offre-moi des bébés, ou débrouille-toi toute seule là-bas... »

Même si, dans les faits, qu’elle refuse ou non, Shaïra irait quand même la prendre...

...Mais elle préférait tout de même lui donner l’illusion d’avoir le choix, la Lamia trouvait ça... Plus excitant.

Au fur et à mesure que Shaïra lui répondit, Isathiel se sentit de plus en plus petite, de plus en plus en danger aussi. La proposition de l'elfe était pourtant sincère, car elle avait alors bien eu l'intention de plaider la cause de la Lamia auprès de son père pour lui donner compensation, car elle n'avait jamais été sur les territoires qu'il contrôlait, et que peu lui importerait qu'elle aie tué des humains ou des elfes d'autres royaumes par le passé. Mais la Lamia ne l'entendait pas de cette oreille, persuadée que cela ne marcherait pas, d'autant que les offres qu'elle lui fit n'étaient d'aucun intérêt pour elle. Et quand le ton de la Lamia se fit plus menacant, persuadée qu'Isathiel venait de l'insulter, cette dernière recula à tâtons en resserrant contre elle sa robe comme pour se cacher derrière. La créature était impressionnante de base, mais encore plus aux yeux d'une elfe qui n'était pas habituée à être livrée à elle même, et qui avait toujours eu la compagnie de gardes du corps hautement entraînés pour veiller sur elle.

Je...je ne voulais pas insinuer que...

Aussi loin qu'elle pouvait se rappeller, jamais Isathiel n'avait proférée la moindre insulte, ou même haussé le ton à l'encontre de qui que ce soit. Toujours posée, courtoise et diablement belle, elle était le joyau vivant de son père, et se trouver confrontée à une créature qui pouvait tout à fait lui faire du mal était en soit une expérience terrifiante.
La Lamia se calma toutefois, probablement consciente qu'au final la jeune elfe n'essayait pas de la piéger, mais avait vraiment pensé lui donner ces récompenses, que presque n'importe qui aurait pu accepter, seulement Isathiel était dans une impasse. Que la créature exige un payement pour l'avoir "sauvée" était légitime du point de vue de l'elfe, mais par elle même elle n'avait rien à lui offrir. Sa voix oui, Shaïra l'évoqua, et il était vrai qu'au palais de son père, la jeune elfe avait passé nombre de banquets à chanter pour le reste des convives. On louait sa voix douce et cristalline, qui correspondait parfaitement aux chansons d'amour et aux vieilles ballades elfiques. Mais bien vite, la Lamia passa sur ce qu'elle voulait vraiment.

Q...quoi ?

Porter ses enfants ? Cette créature voulait...voulait la féconder ? Elle cru initialement à un trait d'humour, mais Isathiel déchanta assez vite en se rendant bien compte qu'elle était tout à fait sérieuse, ce qui de fait expliquait sans doute qu'elle soit nue...

N...non attendez Shaïra je...je ne peut pas faire ça. La raison première de ma présence dans cette forêt...je devais me rendre chez mon...mon futur mari...

Sa voix laissa échapper malgré elle un certain dégoût, signe qu'elle n'appréciait pas du tout d'apeller cet homme ainsi, mais elle se devait toutefois de poursuivre son explication.

Nos traditions exigent que la mariée soit vierge, et ce d'autant plus dans le cas d'un mariage de haute lignée. Je...je suis vierge, complètement, et si je ne le suis pas au moment d'être mariée je...je serais aussi bonne que morte.

Les traits d’Isathiel semblèrent se décomposer sur place face à la proposition de Shaïra. Et, même ainsi, elle restait magnifique, avec la bouche légèrement entrouverte, les yeux écarquillés, et une couleur de joues oscillant entre la rougeur et la pâleur. Pendant un temps, l’elfe avait cru à une plaisanterie, avant de paniquer, et de rejeter son offre en lui expliquant qu’elle allait bientôt se marier... Shaïra nota toutefois que son ton mélodieux sembla quelque peu se crisper à l’idée de ce mariage, puis elle reprit ensuite rapidement, sur un ton paniqué, en lui sortant la véritable raison de son refus : non pas son stupide mariage politique, mais le fait qu’elle soit toujours vierge. Suite à ces aveux, l’Echidna esquissa un sourire, puis se déplaça à nouveau, en sifflant, se rapprochant de l’elfe blonde.

« Oh, c’est donc d’amour qu’il s’agit, n’est-ce pas ? Tu veux préserver ton corps pour ton futur époux, hum ? Mais, alors, pourquoi ne sens-je pas l’étincelle de l’amour quand tu parles de lui ? Avec ta voix si mélodieuse, je ne sens que du mépris quand tu penses à lui... »

Shaïra savait qu’elle avait vu juste, et elle continua à onduler sur le sol, amusée.

« Vous, les humains ou les elfes, êtes vraiment incompréhensibles... Moi, je fais ce que j’aime, ce dont j’ai envie, alors que vous, vous vous restreignez, au nom de principes supérieurs. Tu tiens à préserver ta virginité, mais ce n’est pas par amour, petite Princesse... Ton père t’a entretenu comme un objet, un bien monnayable en vue d’une quelconque tractation politique. Ta virginité, voilà le prix de la vente. Tu n’es pas une femme pour ta famille, mais juste un précieux petit lot... »

Shaïra se déplaça encore, amusée malgré elle. Elle s’était rapprochée d’Isathiel, et finit par poser ses mains sur ses épaules, et la coucha sans problème sur le dos, venant ainsi s’allonger sur elle, sa langue reptilienne venant ensuite siffler dans le creux de son oreille. Elle jouait avec cette femme, et reprit ensuite :

« Tu chanteras pour moi, Isathiel, mais tu porteras aussi mes enfants. Cependant, je ne suis pas cruelle... À la fin de nos ébats, ma beauté, je te concocterais une potion qui te rendre ton hymen. »

Ce genre de potions n’avait rien d’exceptionnel. Les alchimistes nexusiens en fabriquaient en secret pour toutes les filles de bonne famille s’étant épanouies au cours de leur adolescence avec des serfs ou des serviteurs bien membrés. Shaïra savait donc tout à fait, avec ses venins, confectionner des élixirs de ce genre. Mine de rien, Shaïra pouvait faire une très bonne alchimiste, car le venin de Lamia était une base alchimique très puissante pour bon nombre de potions, a fortiori émanant d’une Echidna. Elle pouvait faire du poison mortel, ou encore des potions de fécondité, ou des aphrodisiaques très puissants.

Autour d’elle, Nagi et Niga sifflaient de plaisir, leurs langues léchant les seins de la femme, des seins lourds et généreux, tandis que le corps de Shaïra s’aplatissait contre le sien, répandant dans le corps frais et froid de l’elfe une chaleur bienvenue, saine et réconfortante. Sa main caressa lentement son épaule, glissant sur son agréable peau, et son visage restait proche du sien.

« Quand ton mari te prendra, il le fera en étant ivre, et sans aucune douceur aucune. En voyant la belle femme que tu es, il ne verra qu’un produit à saillir. Tu pleureras quand il te violera, et tu n’en ressentiras aucun plaisir... Moi, je peux t’offrir un plaisir immense, grâce à mes fluides... »

Shaïra lui sourit, déplaçant sa main de son épaule pour caresser la commissure de ses lèvres avec un doigt.

« Je veuix l’entendre de ta belle voix, Isathiel... ‘‘Shaïra, je veux que tu me fasses l’amour’’... Allez, ma beauté, dis-le, et laisse-moi te montrer à quel point une Lamia peut se montrer hospitalière... »

Isathiel resta un moment sans voix, non pas car elle était interloquée par ce que Shaïra disait, mais parce que au fond...elle avait raison. Ce Mariage ne l'enchantait absolument pas, car elle avait l'impression d'être juste un bout de viande lâché à un prédateur, elle aimait certes sa famille, mais qu'ils la vendent ainsi sans la moindre hésitation l'avait fait énormément pleurer, et cela faisait maintenant des semaines que derrière son sourire de façade se cachait un mal-être bien ancré. La Lamia touchait juste, au point que l'elfe se sentit presque partir face à une évocation de sa situation qui était si implacable, et hélas qui reflétait la réalité. La jeune elfe laissa Shaïra la coucher, elle n'aurait de toutes façons pas eu la force pour lutter, et la créature vint se coller alors contre elle, contre son corps nu.
Shaïra insista donc quand à sa volonté de la féconder, et lui offrit aussi de lui faire une potion, au moment de la relâcher, afin de lui rendre techniquement sa virginité. Isathiel savait que c'était possible, mais de telles pratiques étaient proscrites là d'où elle était originaire. Elle demeurait toutefois perplèxe, car la Lamia était une créature bien plus puissante et massive qu'elle...la perspective de s'accoupler avec une telle créature l'effrayait, car elle avait après tout assez de force pour la briser de toutes parts.

Je...hnnnnn...

Isathiel se tendit, en sentant les deux serpents s'approcher de ses seins, les lécher avec leurs langues fourchues, elle n'était toujours pas habituée à ce contact qui était étrange pour elle, et dans le même temps...agréable ? En comparaison de la roche froide et humide, le corps de la Lamia qui s'écrasait de tout son poids contre elle, était chaud et doux, la créature la comprimait dans un cocon de ses propres chairs tout en lui faisant bien part de son désir de la prendre. Cette façon directe d'approcher les choses rendait Isathiel incapable de répondre quoi que ce soit, car son esprit commençait tout juste à vraiment comprendre que cette créature allait vraiment s'accoupler avec elle. Cela lui faisait peur, mais au moins tout autant que le fait qu'un homme qu'elle ne connaissait pas la prenne après une longue fête où l'alcool aurait coulé à flots.
De fait, ici comme ailleurs, elle n'avait pas le choix. Elle dégluttit alors, car le contact de la Lamia contre elle était...agréable ? Son esprit passait par trop de sensations contradictoires pour pouvoir en être certaine, mais lorsque la Lamia ne s'énervait pas contre elle, elle était douce, et de toutes façons la jeune elfe ne se faisait pas d'illusions. Dans sa situation, la Lamia prendrait ce qu'elle voudrait.

D'accord...Shaïra je...je veux que tu me fasses l'amour...

Jamais elle n'avait senti autant de gêne, ni même ses joues n'avaient été aussi rouges. Elle espérait juste...que ça ne ferait pas trop mal.