D'obsidienne et de magie

Devant sa carte, Jalven était à la fois profondément excité, et sincèrement hésitant.
Il savait. Il savait que, si ce soir il sortait pour aller Là bas, tout ce pourquoi il dédiait ses efforts allait se concrétiser. Cette simple idée lui provoquait des sueurs froides.

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Tout avais commencé il y a quelques petites années de ça. Jalven, qui aimais voyager tant par lui même que par les livres, rêvais tous les jours d'évasion. De fantastique. Ainsi, il s'était intéressé à tous ces événements louches qu'on décrivait comme irréels, impossibles. Démons, anges, monstres, apparitions inexpliquées...
Chez lui, Jalven disposait d'un grand tableau de liège sur lequel figurait une carte du monde. A chaque endroit où s'était produit l'un des phénomène qui l'intéressait, il plantait une petite épingle de couleur, souvent accompagné d'un petit papier avec une date et une brève description. "Pentacle sur le sol, ossements en acier retrouvés" ; "disparition après avoir aperçu silhouettes inhumaines" ; "impactes d'armes à énergie (?)". Il y avait même parfois quelques photos, souvent très floues.
Le jeune homme aimait bien son tableau ; Certes, ça faisait vieille école puisque un bon logiciel et un pc portable aurait fait l'affaire et aurait été plus pratique... Mais ça avait bien plus de gueule comme ça !
L’œil du spectateur lambda et peu friand de ce genre de fantaisie, un tel tableau ne pouvait être qu'une bêtise ; une perte de temps, d'autant plus que les informations qui y étaient rapportées avaient été dégitées grâce à Internet, ce qui impliquait qu'elle ne pouvaient toutes être que des bobards... Mais pour quiconque accordait de l'importance à ce qui se racontait sur ces événements invraisemblables, et qui les croyait vrais, un tel concentré d'information était une vraie mine d'or.

D'ailleurs... Si on portait son attention sur le Japon, on y remarquait plus d'épingles colorées que n'importe où sur la carte. Il y avait même, aux alentours d'une certaine ville de l'archipel,  un motif en spiral qui commençait à ressortir. Les événements intriguant qui en constituaient le tour n'était pas très spectaculaires. Des rumeurs sur la présence de masses sombres, parfois de lumières bleues. Des on-dits à propos de "rituels". Puis, plus au centre de ce schéma, les événements de précisaient. Apparitions de créatures massives, parfois humanoïdes. Affrontement entre ces choses et des... Personnes employant une technologie étrange. Morts. Possessions.
Et à l’événement le plus récents : "ouverture d'une brèche vers... Quelque part (?)"

Jalven en était sûr : en regardant bien la disposition de tous ces événements, il pouvait déterminer avec certitudes le lieux de la prochaine occurrence. Seikusu, au plus profond de son sous bois.

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Il avait fini par se décider, et faire ses bagages pour le Japon en profitant de la période de vacances scolaires. Il s'était trouvé un petit appartement peu cher qu'il louerait pendant peu de temps. Ce soir, il allait sortir, se rendre là bas, et enfin savoir. Il avait pris le bus et, à présent, il marchait jusqu'au sous bois.
Au fond de lui, il savait que sa vie allait changer d'ici quelques instants.

Il contemplait son tableau tout en laissant échapper la fumée de sa bouche. D'un petit mouvement de la main, il fit tomber les cendres dans le contenant, continuant de réfléchir. Toutes ces affaires qu'il avait résolu ces temps-ci convergeaient en un seul point et il avait trouvé celui-ci. Sa cigarette en main, il prit une autre respiration avant d'expulser de nouveau les vapeurs. Kei ne savait pas trop comment réagir face à sa découverte: devait-il être content d'avoir trouvé le prochain endroit où allait frapper cette "chose" ou devait-il être triste à l'idée qu'il n'avait pas pu résoudre cette affaire avant? Il termina donc de fumer, écrasant le reste de la cigarette dans le cendrier, et se leva pour avoir une vue d'ensemble sur toutes les photos des crimes, accrochés à son tableau. L'inspecteur ferma la lumière de la salle, la verrouillant derrière lui. C'était son endroit, une pièce où se tenaient toutes les informations qu'il avait récolté durant dix ans. Des preuves qu'il ne pouvait montrer à personne, sous peine d'être interné dans un asile comme étant un fou. Pourtant, tout ça était réel: les autres mondes, les créatures peuplant ces mondes et la Terre. Mais les humains, qui avaient peur de l'inconnu, refusait d'y croire. Ils refusaient de penser à cette éventualité si dérangeante qui bouleverserait leurs vies. Bref, il prit un verre de whisky, l'avalant d'un trait, observant à travers la vitre de son appartement. Si seulement il avait pu vivre comme eux, ces gens qui n'avaient rien à craindre des "choses" qui peuplaient ce monde, ces horreurs qui restaient cachées à leurs yeux. Il enleva sa chemise, se laisse tomber sur son canapé et s'endormit: il allait avoir une dure journée demain.

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L'homme ouvrit lentement les yeux, la lumière du soleil l'ayant réveillé. Il se leva lentement, s'étirant au passage. Kei regarda le verre sur la table, soupirant en se versant un peu de whisky, qu'il avala aussi d'un trait, comme la veille. Il avait prévu d'aller voir l'endroit où se produirait le prochain événement le soir, afin qu'il y ait moins de personne pour le voir abattre cette chose. Mais avant tout, il avait prévu de s'entraîner au gym, dans le centre-ville: il allait devoir être prêt pour confronter l'ennemi là-bas et il devait se dégourdir un peu. Il ramassa donc son habit d'entraînement: une camisole blanche, un short noir et des baskets blanches avec des semelles noires. Avant de sortir de son logis, il regarda la table situé au milieu de la pièce qui était une chambre/salon/cuisine. Sur celle-ci, les deux holsters contenant son arme de service et son arme spéciale attendaient. Un revolver contenant six balles et un pistolet spécial qui tirait des balles d'énergie. Lequel devait-il prendre? Il attrapa les deux étuis, les attachant à sa taille, le revolver sur sa hanche droite et l'autre arme sur la gauche. Il commença alors à faire son jogging, se rendant jusqu'au gym local. Les gens l'observait en haussant les sourcils, le voyant faire sa promenade avec des pistolets sur lui. Évidement, ça devait faire étrange pour ces gens qui voyaient un homme courir avec deux armes potentiellement dangereuses sur lui. Mais bon, ils le laissèrent faire, sans appeler la police. Il arriva donc au centre d'entraînement, allant à la case qu'il utilisait habituellement. Il y posa ses deux pistolets, installa un cadenas, et partit vers la salle principale pour s'échauffer.

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L'inspecteur Kamui sortit finalement de la salle, en sueur. Il avait fait des heures et des heures d'entraînement, sans jamais s'arrêter. Il prit place sur un banc, attrapant sa serviette et une bouteille d'eau. Il s'essuya un peu le visage, prenant une grande gorgée d'eau, et pencha la tête vers l'avant, regardant le sol: il était temps d'aller dans ce sous-bois et d'éliminer le criminel. Il ouvrit son casier, laissant la bouteille et la serviette tout en sortant les deux étuis, qu'il attacha à sa taille. Il repartit ensuite pour un jogging, en direction cette fois de l'endroit qu'il avait découvert en suivant un schéma. Il était perdu dans ses pensées, suivant instinctivement le chemin qu'il avait appris par cœur la veille. Alors qu'il était en train de s'enfoncer vers l'inconnu, il entendit des bruits étranges: des craquements de branche. Il se cacha derrière un arbre, sortant son revolver: il avait six balles, ça serait largement suffisant s'il visait bien. Il jeta un coup d’œil  à l'endroit d'où provenait les sons et remarqua une silhouette svelte, qui fut illuminé par la lune. Un jeune homme, un peu plus petit que lui, avec une coupe négligée châtaine. Mais ce qui était étrange, c'est qu'il semblait là, à attendre quelque chose. Était-il la créature qu'il cherchait? Il sortit de sa cachette, l'ennemi dos à lui, et pointa le revolver vers la tête du jeune homme.

- Ne bouge pas! Un mouvement et je te descends! Tu vas me dire qui tu es et ce que tu peux bien être immédiatement!

Il disait ces paroles d'une voix menaçante, teintée de colère. Il avait traqué cet enfoiré durant longtemps et il croyait que c'était cette chose, ce monstre qui suivait le schéma. Mais était-ce réellement lui?

Surpris comme jamais, Jalven inspira si fort qu'il manqua de s'en faire sauter les poumons. Il fit volte-face pour se retrouver nez à nez avec le métal froid du canon d'une arme. Son sang se glaça avant que sa vue ne s'ajuste sur le visage du propriétaire du pistolet. Un visage humain, ouf !
En levant les mains, Jalven parvint à retrouver un semblant de calme. Il s'expliqua aussi clairement qu'il en était capable :
-M-moi ? J'suis humain ! Un humain comme toi, ouais ! Relax' vieux ! J'm'appelle Jalven, j'ai 23 ans ! Et, euh... J'viens pour "Eux".
Lentement, le jeune homme s'approcha un peu plus du détective qui le braquait.
-Allez mon pote, arrête de pointer ça sur moi, ça m'met mal à l'aise... J'avais jamais été tenu en joue d'ma vie, la flippe !
Le petit gars souffla pour laisser s'échapper son angoisse lorsque l'homme voulut bien baisser son flingue. Lorsqu'il ne se sentit plus en danger, Il retourna s'accroupir près d'où il était, faisant signe à l'homme de le rejoindre. Et, bien qu'il venait de se faire braquer une arme sur la face, Jalven se permit de gronder le type :
-Sans déconner, t'as eu de la chance qu'Ils n'étaient pas encore là, sinon ils t'auraient entendu !
Avant qu'il n'ai pu préciser de qui il parlait, plus loin, dans le petit bois, une faible lueur bleutée apparue. Elle oscilla comme une étoile mourante, avant de s'approcher du sol. Fébrilement, le jeune homme fit signe à son nouveau compagnon de ne plus faire de bruit et de se baisser.
Au moment où la lueur toucha le sol, Jalven ne tenait même plus en place. De toutes sa vie, il n'avait jamais été autant excité.

***

Dans un autre monde, il était des créature dont la peau était d'obsidienne, la chair de magma magique bleu, et dont les noms étaient si imprononçables qu'on n’essaiera même pas de l'écrire dans ce récit.
Leur forme variait. Humanoïdes, sphériques, quadrupèdes, insectoïdes... Aucun n'était semblable à son voisin. Chacun d'entre eux était unique, mais tous étaient maudits de la même manière.
Et ce soir, l'un d'entre eux, l'un de leurs "Guides", allait tenter une sortie sur terre pour une raison aussi simple que terrible : ouvrir un plus grand portail pour que ceux de son genre puisse se loger dans l'âme des êtres vivants qu'ils pourraient croiser.

***

Devant les deux spectateur, la lueur bleue au sol enfla et brilla avec intensité et brièveté. Ce fut comme un flash silencieux, douloureux pour la rétine.  Lorsque la lumière eut fini de s'estomper pour de bon... Les arbres sur un rayon de cinq mètres avaient proprement disparus ; le sol s'était complètement aplanit avant de se retrouver vitrifié.
Et en plein centre de la scène, la Créature.

Aussi haute que large, l'affreuse chose était constituée d'un œil de cristal à la lueur maladive, coincé entre deux espèce d'épaules gigantesques, faites d'une pierre noire et luisante, chacune fendue d'une bouche immenses aux grandes dents carrées.
Pour se mouvoir, le monstre lévitait, effleurant le sol avec la pointe de ses tentacules faiblard
-Pu... Tain...
Ce fut tout ce que Jalven put lâcher, plus pâle que jamais. D'un simple regard sur la masse absurde de la chose, trois à quatre fois plus grande que lui, le jeune homme parvint à sentir jusqu’au fond de ses tripes la puissance qu'elle pouvait développer. Transit d'effroi, il ne put pas s'empêcher d'imaginer que si le gros œil de cristal se rivait sur lui, sa tête allait exploser. Ou alors, son corps se retrouverait broyé dans l'une des deux bouches avides. Ou alors...
Sa mort se jouait dans son esprit, scène après scène. D'effroi, son cœur menaçait d'exploser. Malgré ça... Jalven restait là, observant avidement la créature. Il jubilait, parce que toutes ses recherches n'avait pas été vaine.
Il avait la preuve que la réalité était extraordinaire.
Et bien plus dangereuse qu'on ne pouvait le penser.

Lentement, la grande masse noire et pâle s'était mise à osciller jusqu'à niveau du sol. Sur la surface vitrifié de ce dernier, elle laissa traîner ses tentacules, lesquelles laissaient des sillons de verre en fusion sur leur passage. Elle semblait... tracer quelque chose. Un motif...