J'ai faim et je n'aime pas les visites impromptues !

Les terres sauvages. Un vrai paradis pour aventurier ! Pas de règles, pas de lois, des créatures sauvages et des tribus tribales. Un réel paradis. Hélas Minerve n'est pas une aventurière. C'est une petite elfe dans une grotte éloignée de tout les axes commerciaux. Elle avait eu la chance de trouver un lac souterrain dans la grotte et entretenait le mythe que la grotte était habitée par une meute entière de wargs (ce qui est facile quand on maîtrise une magie aussi dangereuse que la Lune noire.)

Elle rentrait dans sa grotte, traînant en couinant un cadavre de loup. Par la Lune que c'était lourd. Ce n'est pas la chasse qui la fatigue, il a suffit de plonger le loup dans l'illusion d'un arrêt cardiaque pour le terrasser, le plus fatiguant fut pour elle de le traîner dans sa grotte puis de le dépecer avec adresse pour revendre la peau et préparer la viande sur le grill de fortune. Elle préparait joyeusement sa viande, chantonnant une prière à la Lune qui se lève lentement sur la lande, toute à son repas à venir. Elle ne perçoit pas l'arrivée d'un intrus plutôt imposant. Un ours jusqu’à ce qu'il se manifeste bruyamment, lui arrachant un sursaut et un cri, la faisant se retourner et reculer, cherchant le regard de la bête sauvage.

L'elfe était fatiguée et affamée. Pas question de plonger la bête dans une illusion dans son état. Elle tire ses deux poignards en déglutissant. Sérieusement ? Une elfe affamée en cape contre un ours des terres dévastées. Tu parles d'un pari !

« Tu m'as toujours dit que l'illusion, c'était nul, indigne d'intérêt.
– … J'ai pas exactement dit ça… j'ai dit que j'y connaissais rien.
– Ben, ouais, c'est pareil, non ? »

Bercé par les balancements de la lourde marche bipède de son trotteur, Lemme repensait à la conversation qu'il avait eu avec Géo, peu avant son départ. Le lérot l'estimait un peu trop, sans doute, pour envisager qu'il y ait un seul domaine de la sorcellerie dont il aurait pu ignorer la plupart des pratiques. Pourtant, l'illusion lui était, par bien des aspects, une des aires ésotériques les plus étrangères.

C'était qu'il n'avait jamais rien appris à propos des magies chimériques lors de son cursus à l’académie, et que celles-ci étaient aussi différentes que possible de son domaine de pratique habituel. Il était un thaumaturge des phénomènes physiques, de la vapeur, de la chaleur, de l'énergie. Il avait aussi quelques bases en alchimie, en zoologie, en théorie des plans et même des notions de magie élémentaire. Mais ses théories tournaient autour de flux et de contraintes, et n'avaient presque aucune application dès lors qu'il s'agissait de modéliser la façon dont les maléfices pouvaient affecter l'esprit.

Face à l'incrédulité de son apprenti, Lemme avait été obligé de se justifier.

« Ni moi ni Sophomyn n'avons une expertise suffisante en la matière. C'est pour ça que nous devons nous associer avec un illusionniste.
– Il n'a pas d'ancien collègue dans le domaine ?
– Si. Mais il refuse de les contacter. Ils sont affiliés à Nexus, c'est un problème. Il faut quelqu'un de rigoureusement indépendant. Ce sera notre premier associé, après tout. On ne peut pas se permettre de faire d'erreur.
– Pour le projet GEMMES, c'est ça ? »

GEMMES, le lérot avait vu juste ; la guilde émancipée des mages, ensorceleurs et sorciers. Le projet était né dans la tête du vieux mage depuis maintenant plusieurs mois, mais il avait fallu un certain temps pour définir précisément les buts de l'organisation et surtout pour aménager les locaux. En temps normal, en effet, la tour du mage de Locmirail n'avait rien de très présentable… beaucoup d'efforts avaient été nécessaires pour la transformer en un quartier général décent.

« Et alors, tu sais qui ça va être ?
– On le sait. Sophomyn tient l'identité d'une elfe.
– Les elfes existent vraiment ?! Woh, Lemme, et elle est loin ?
– Les rocheuses. Environ trente kilomètres nord. »

Il avait sourit et désigné du bras les masses noires de la chaîne de montagnes qui s'étendaient non-loin de leur position. La proximité de sa cible avec la tour était incroyable, presque providentielle. Il fallait croire que de par son isolement et malgré les nombreuses et agressives tribus terranides qui les parcouraient, les terres sauvages semi-désertiques de Locmirail attiraient encore des voyageurs. Des voyageurs bien souvent repoussés par la civilisation, lorsqu'ils n'étaient pas en quête de tranquillité… ce qui ne les rendait pas inaptes pour autant à rejoindre les rangs de la GEMMES.

Geo avait été un peu déçu de savoir qu'il ne serait pas du voyage – car il fallait bien prévoir une place sur le trotteur, pour le retour – mais son déplaisir avait été tempéré par la promesse de rencontrer dans un futur proche une elfe en chair et en os.

Parti en fin d'après-midi, Lemme fut sur place en peu de temps. Il avait espéré rentrer avant la nuit, accompagnée de sa nouvelle associée, si elle acceptait. Malheureusement, sa localisation précise s'était avérée moins facile que prévue. Les instruments n'étaient pas assez précis pour donner la position exacte d'un individu… et les montagnes étaient trop escarpées pour que le trotteur y évolue aisément. Un peu las – il commençait à croire qu'il était aussi ignorant en pistage qu'il l'était en illusion – l'ingénieur envisagea de s'arrêter pour planter son campement et reprendre ses recherches le jour suivant.

En revanche, il connaissait assez bien la topologie des montagnes et la géologie, et il savait parfaitement comment trouver une grotte qui protégerait son feu du vent, et par conséquence, le protégerait lui-même du froid mordant qui s'installait en même temps que le soleil, si brûlant pendant le jour, déclinait. Suivant les formations de la roche avec expertise, il approcha bien vite d'une cavité.

Hélas, la silhouette imposante d'une bête l'informa qu'il n'allait pas investir un lieu inoccupé… mais bientôt, il entrevit une seconde forme, plus petite et plus humanoïde. Les lueurs d'un camp confirmèrent qu'il s'agissait bien de celle d'un voyageur, sans doute mis en danger par la créature.

Aussitôt, le terranide mit pied à terre et se précipita vers l'affrontement. La rapidité avec laquelle il devait agir fit accélérer les battements de son cœur, mais pour autant, il n'était pas vraiment stressé. Un animal, aussi gros fut-il, ne pouvait pas le mettre en danger dans un contexte comme celui-là. Il avait déjà défait des sangliers monstrueux de la taille de cabanes de jardin. Le seul enjeu était d'agir vite, avant que la personne soit blessée.

Sa main trouva naturellement sa place sur la crosse de son arme, qu'il dégaina. Rapidement, il fit tourner une molette pour en régler la puissance. Viser ne lui prit qu'une seconde. À cinquante mètres, il ne pouvait pas rater une cible aussi grosse. Il appuya sur la gâchette et les runes de son pistolets s'illuminèrent, alors que dans une détonation, la balle était expulsée du canon. Dans l'obscurité, le flash de lumière était assez impressionnant, et le projectile laissait derrière lui une traînée légèrement colorée et fluorescente, presque invisible de jour.

La balle pénétra dans l'épaule de l'ours, mais cela n'avait au final pas vraiment d'importance. Les projectiles arcaniques ainsi chargés étaient fortement explosifs. À peine entré dans la chair, il se désagrégea. L'explosion qui suivit fut beaucoup plus sonore et lumineuse encore que le phénomène de propulsion. La bête ne dut rien sentir du tout. En un instant, son corps éclata comme une baudruche, expulsant dans tous les sens une bouillie sanglante et irrégulière d'organes broyés. C'est toujours beaucoup plus impressionnant que je le pense. On ne s'imagine pas qu'il y peu y avoir autant de sang dans une enveloppe comme celle-là. Enfin, je l'ai peut-être un peu trop chargé regretta-t-il, en constatant que si la personne qui avait voulu sauver était indemne, elle avait été largement aspergée des restes de l'ours.

« Désolé ! » lança-t-il à l'humanoïde, encore trop loin pour que lui puisse la distinguer correctement.

Silhouette dans la nuit, Lemme leva le bras en l'air, dans un signe amical, avant de s'approcher.

L'elfe se battait du mieux qu'elle pouvait ! Ce qu'il faut comprendre c'est qu'elle esquivait beaucoup en reculant, agitant follement ses poignards en priant la Lune de l'aider. Chose qui arriva dans un grand "SBLAM" suivi d'une giclée de sang plus qu’impressionnante, recouvrant la totalitée de sa cape et de son chapeau de restes de l'ours, préservant la majorité de son visage. Elle ne put retenir un hurlement, mélange de terreur et de fureur tandis qu'elle suit la trainée de magie laissé par le projectile pour retenir une imprécation. Un visiteur ! Elle rentre la tête dans les épaules avant de s'entourer d'une illusion qu'elle peaufine depuis plusieurs années : un homme ténébreux supposément armé d'une large épée noire. Tout pour attiser la crainte de son prochain. Après tout s'il a pu exploser un ours des terres dévasté, la petite elfe ne ferait pas long feu. Elle se rassit prudement "l'air de rien" en restant face à la silhouette approchant.

"J'aurai pu m'en occuper tout seul !"

Pendant qu'elle faisait la brave, elle récupéra ce qui restait de ses rations pour commencer à manger et refaire ses forces. Détaillant l'étrange terranide et son attirail. Sans doute une Tekhane qui s'est trop fait opérer ?

T'est quoi au juste ? Un terranide ?une tekhane ? un vaporéen ? Avec des joujous pareils.....!

Assuré que la silhouette au loin n'avait rien de plus grave qu'une éclaboussure aux tripes d'ours, Lemme fit quelques pas en arrière pour verrouiller les commandes de son trotteur. La machine resterait derrière lui, car elle avait tendance à effrayer un peu ses interlocuteurs auxquels il ne l'avait pas présentée. Il n'était pas du tout commun de croiser une technologie aussi imposante dans cette partie de Terra. Un levier de sécurité tiré, le trotteur se bardait de quelques alarmes et protections magiques qui le prévenaient de toute utilisation non-autorisée. Il ne devait y avoir personne d'autre que le terranide et son jeune apprenti à connaître les procédures adéquates pour les désamorcer.

« Encore désolé, je n'en doutais pas ! Mais vous paraissiez plus petit... de loin ! » adressa-t-il à haute voix.

En effet, la chose était intrigante : à mesure qu'il se rapprochait, ce n'étaient pas les traits d'un être plutôt frêle, comme il l'avait d'abord pensé, qu'il distinguait, mais ceux d'un guerrier en réalité bien plus imposant que lui. Le combattant n'était pas particulièrement sympathique, mais son ton n'était heureusement pas agressif. Le jeune homme était surpris en particulier de ne pas avoir remarqué l'imposante épée dont celui-ci était muni, et dont, à la lumière de la lune, il se serait attendu à repérer l'éclat. Peut-être est-ce parce qu'elle est ébène, songea-t-il, elle ne doit pas luire aussi bien qu'un métal traditionnel.

« Comment a été forgée votre épée ? Je n'en ai jamais vu de pareille » demanda l'ingénieur.

Il était fidèle à lui-même ; toujours intéressé par les objets dignes d'intérêt qui croisaient son chemin... plus que par les personnes, parfois. Et l'épée attira son attention un bon moment et accapara ses pensées un bon moment, prenant le pas sur le reste... jusqu'à ce qu'il décide qu'il y avait sans doute sujet plus important. Lemme attendit cependant de se trouver à quelques mètres du spadassin pour se présenter. Il avait rangé sa propre arme à la ceinture.

« Je m'appelle Lemme. Juste un mage un peu différent des autres. Terranide, oui. »

Le jeune homme orienta sa queue brune de façon à ce qu'elle dépasse légèrement sur le côté de son arrière-train. Elle témoignait de sa race aussi sûrement que les oreilles qui émergeaient de sa chevelure dense. Il n'avait pas vraiment l'habitude de se présenter ainsi, mais il se dit qu'il était sans doute plus rassurant pour son interlocuteur de faire face à quelque-chose qu'il connaissait... et comme il n'était ni « vaporéen », ni « tekhan » (il avait brièvement eu affaire aux technologies des premiers, et ne connaissait les secondes que comme des légendes)...

« Je peux m’asseoir ? Que fait un voyageur seul dans les rocheuses ? Vous cherchez une escale ? Locmirail n'est pas très loin d'ici. Je peux vous rendre l'appareil : je suis à la recherche d'une magicienne elfe. »

Tentant un sourire incertain (quoiqu'il se sentait finalement assez à l'aise, il ne savait pas vraiment comment se comporter), Lemme allait s’asseoir si l'homme lui en donnait la permission. Restait une sensation de malaise ; comme si quelque-chose n'allait pas. Quelque-chose qui aurait dû se trouver là, et qui n'y était pas. Mais en cet instant, l'ingénieur était trop concentré sur l'objectif de faire bonne impression pour remarquer quoi que ce soit.

L'elfe camouflée se détendit légèrement, ce qui résultat pour l'image du guerrier en un petit soupir soulagé. C'était positif pour elle au moins. Son sauveur était un terranide. Les chances pour qu'il soit un esclavagiste avaient drastiquement chuté et ça la rassurait beaucoup. Restait à savoir s'il n'avait pas de mauvaises intentions.

La sombre illusion tiqua sous la question à l'aune de l'illusioniste. Ce n'était pas prévu ça qu'on l'interroge sur son illusion ! Comme si elle s'y connaissait en forge d'arme !

Mon épée ? J'l'ai prise à un gars qui allait à Sylvandel pour tuer des dragons ! aucunne idée d'en quoi elle est fait !

Oui, elle esquive la question comme elle peut en s'enfonçant davantage dans le mensonge. Heureusement que l'illusion ne peut pas rougir ou trembler parce que l'elfe elle...

Le guerrier le laissa s'asseoir face à lui, le détaillant longuement en s'attardant sur son étrange armement et sa toute aussi étrange monture. ça ressemblait en tout point à du vaporéen. Les trucs Tekhans étaient plus brillants et faisaient de la lumière.

La jeune elfe fronça les sourcils sous sa couverture en l'entendant dévoiler le but de sa recherche : une magicienne elfe..C'était beaucoup trop convenu pour être un hasard et ça n'aurait pas été la première fois qu'on essaie de la capturer. L'illusion arquera lentement un sourcil en déchiquetant une nouvelle portion de nourriture.

Une elfe dans les terres dévastés ? Pourquoi pas un dieu tant qu't'y est hein ? Elle tiendrai pas une journée dans une zone pareille ! Quant à ton escale la c'est quoi ? un comptoir d'esclavagistes ? Un piège pour ton elfette ??

Le but de l'elfe était clair : faire douter le terranide, essayer de l'effrayer avec son illusion pour se mettre en sécurité sans blesser personne (si ce n'est son amour propre qui est encore taché des restes de ce fichu ours !)

« Prise ? »

Son épée n'était pas la sienne… il l'avait volé, à n'en point douter, et très probablement des mains d'un cadavre. La méfiance de Lemme remonta en flèche en l'espace de quelques secondes, mais il fut assez avisé pour ne rien révéler de plus de son changement d'état. Il ne m'inspire pas vraiment confiance, en fait… ce doit être parce que je l'ai sauvé qu'il est reconnaissant, mais c'est sans doute une sorte de bandit, résuma-t-il pour lui-même. Toutefois, il savait qu'au-delà de la reconnaissance – sur les terres dévastées, tout le monde n'était pas sensible à ce sentiment – il y avait au moins autant de chance qu'il ne l'ait laissé approcher que pour en apprendre plus sur lui avant de tenter de le dépouiller.

Maintenant aussi près du voyageur, il regrettait un peu d'avoir rangé son arme, surtout considérant la manière dont le guerrier observait son équipement. S'il bondit sur moi à mains nues, il faudra que j'esquive sa première attaque si je veux avoir une chance de le toucher à bout portant. S'il utilise sa lame… j'espère qu'elle est aussi lourde qu'elle en a l'air.

« Non, Locmirail est simplement une petite ville, la seule à des kilomètres. Il y a une auberge, et la tour d'un grand mage… ce qui en fait un endroit plutôt sûr. »

Un endroit sûr ; ce n'était certainement pas de cette manière que le terranide aurait décrit son positionnement actuellement. Assez peu rassuré, il décida de ressortir, l'air de rien, son pistolet de sa ceinture. D'une façon faussement distraite, il s'employa à le faire un peu virevolter, le faisant passer d'une main à l'autre. En réalité, il ne gardait pas le doigt trop loin de la gâchette. Il n'avait pas envie de finir coupé en deux par un espadon géant.

« Mais non, je n'ai pas l'intention de la piéger, et je sais de manière certaine qu'elle est présente dans ce périmètre. Quant à sa survie, ni vous ni moi ne devrions nous en soucier, car il semble qu'elle possède d'étonnants pouvoirs d'i... »

La voix de l'ingénieur s'éteignit lentement avec ses derniers mots. Une seconde plus tard il avait arrêté de faire sautiller son arme et dardait d'un regard stupéfait son interlocuteur… ou son interlocutrice. Le risque de quiproquo était encore présent, mais il était assez sûr de lui, à présent. Puis, quand il y pensa, il se rendit compte que l'armure du chevalier était exempte de la moindre goutte de sang. Sang que Lemme avait pourtant vu se déverser en grande quantité sur la silhouette. Cette propreté ne correspondait même pas à la forte odeur d'hémoglobine que ses narines d'hybride percevaient.

« Oh, c'est vous… » bégaya-t-il, avant de se reprendre : « Très heureux de vous rencontrer ! Je vous cherche depuis longtemps ! Je suis Lemme... mais je me suis déjà présenté, je crois ! »

Il rangea de nouveau son pistolet et, se levant légèrement, tendit le bras pour proposer une poignée de main. Tout son enthousiasme était revenu, et son ton était profondément joyeux. Il n'y avait guère besoin de préciser qu'il était beaucoup plus content d'être finalement tombé sur l'objet de ses recherches plutôt que sur un vagabond inquiétant.

« J'admire la qualité de votre chimère, et tout le mal que vous vous êtes donné pour me tromper ! Mais vous ne devriez peut-être pas rester comme ça ? En séchant le sang risque d'imprégner définitivement vos habits, si ce n'est pas déjà fait » ajouta-t-il, plus soucieux.

Elle est fatiguée, probablement, pour avoir oublié de tels détails. Surtout, elle doit être effrayée pour me fuir de cette façon... à moins que ça ne soit que sa manière de faire habituelle raisonna-t-il encore.

L'elfe restait sur la défensive, jurant intérieurement contre l'odeur de sang qui souillait son corps, totalement concentrée à maintenir son illusion tandis qu'elle  retien un grognement en le voyant le terranide se tendre, ses oreilles se redressant, un signe de tension  s'il en est cher les créatures aux oreilles particulièrement active telle que les elfes ou les lapins (et donc d'autres terranides). Visiblement elle l'a inquiéter.

Le guerrier reste stoïque, fixant Lemme avec impassibilité tandis qu'il conserve la lame dans son dos, mastiquant longuement tandis qu'il écoute la description de Locmirail. Un endroit sur, HA ! il l'a préciser presque à regret visiblement il est en effet inquiet voire suspicieux. Il l'observa ressortir son arme, suivant les arabesques de l'arme sans parler, attentif à son index, l'illusion étant clairement prête à bondir.

Elle le vit se figer, ayant un léger mouvement de recul, prête à filer tandis qu'il...La regarde elle ?! Et lui tend la main ? Sérieusement ? Elle s'est fait avoir ? Elle jure en l'entendant expliquer que l'odeur ne correspond pas...MINCE elle aurait du y songer, rajouter des taches de sang à l'armure ou sur la cape, l'illusion se dissipera pour laisser voir l'elfe dans sa longue cape noire à l'origine (désormais plus rouge que noire) et au chapeau large de la même couleur (et avec la meme affliction).

Elfe qui a les mains clairement sur ses poignards dans une moue effarouchée, le regard brillant d'appréhension tandis qu'elle ignore la main tendue.

Comment m'avez vous trouver si facilement ?! Et puis que me voulez vous ?? Je ne suis ni à vendre, ni perdue ! Et je laverai ma cape plus tard ! elle en a vu d'autre !

Elle serra les dents, ne quittant pas les yeux du terranides de son regard violet,  visiblement prête à le plonger dans un hypnose autrement plus efficace qu'une illusion extérieure malgré son état de fatigue

C'est avec un certain embarras que Lemme renonça à garder sa main tendue et à espérer un geste amical spontané de la part de l'elfe. Au moins l'illusion qui se levait sous ses yeux lui confirmait qu'il n'avait pas eu tort… et la chose était assez rassurante car, dans le cas contraire, il se serait mal imaginé expliquer au guerrier qu'il l'avait prise pour une petite elfe cachée derrière un maléfice… Soupirant, il baissa donc le bras et résista de son regard vert à celui, violet mais tout aussi coloré, de son interlocutrice. Dans les yeux de l'ingénieur ne se lisaient aucune agressivité, pas la moindre lueur de défi, bien au contraire : silencieux, il essayait de transmettre par ce simple contact visuel son état d'esprit calme et rassurante. C'est ça, elle est effrayée. Elle est… sauvage ; quelque-chose comme ça.

Plus il la regardait et plus le rythme de ses pensées ralentissait, menaçant de le plonger dans la contemplation. Le jeune homme ne prêtait déjà plus attention aux manches des dagues sur lesquels elle avait posé les mains. Il commençait seulement à percevoir qu'à fixer encore l'insondable indigo des iris elfiques, il s'enfonçait peu à peu. Si bien qu'au bout de quelques secondes, prit d'un frisson difficilement explicable, il dut se résoudre à baisser les yeux. Géo ne serait pas déçu, c'est bien une elfe. Sans doute même un peu plus que ça.

« Je… je ne te veux aucun mal » balbutia-t-il.

Le regard toujours bas, le terranide soupira et, délogeant une dernière fois – lentement – son pistolet de sa ceinture, et le posa délicatement sur le sol, devant les pieds de son interlocutrice. Puis, toujours à un rythme très modéré, il fit un pas en arrière et écarta les bras pour témoigner de son caractère inoffensif. Il lui restait bien une épée courte au flanc, mais il s'en servait si peu souvent pour se battre qu'il ne pensa même pas à la considérer comme une arme potentielle.

« Je t'ai parlé du mage de Locmirail ? C'est un érudit d'une grande sagesse, et d'un grand pouvoir. C'est lui qui t'a trouvé. Je suis son messager, en quelque sorte… enfin, officiellement, je suis son associé, mais dans les faits… »

L'ingénieur fronça les sourcils, sentant qu'il se perdait un peu. Du reste, parler ainsi de Sophomyn l'aurait presque fait rire dans d'autres circonstances. Bien souvent, le sorcier reclus au sommet de sa tour apparaissait plus comme un excentrique que comme un sage. Toutefois, Lemme avait un vrai respect pour l'homme aux centaines d'expériences douteuses et aux projets fous. Au moins avait-il une vision du monde qui le poussait à agir – et malgré ses erreurs fréquentes, le plus souvent pour le bien du plus grand nombre.

« Je suis un de ceux que tu appelles terranides. Les miens, sur ces terres dont je ne suis pas originaire, ont connu la servitude, et la connaissent toujours. Je serai la dernière personne à vouloir t'ôter ta liberté. Mais n'es-tu pas lassée de la solitude de ces terres ? N'as-tu pas l'impression de survivre plutôt que de vivre ? C'est pour ça que je suis venu te trouver. Pour t'offrir une raison de vivre, et une maison. »

La queue du jeune homme battait un peu plus nerveusement mais son ton était assuré. Son discours était un peu plus recherché que son langage habituel : il avait en effet eu tout loisir d'y réfléchir et de le travailler, pendant son voyage de quelques heures. Il songeait que tout risquait bien de se jouer en cet instant.

« Si toutefois tu en veux. »

L'elfe écoutai, murée dans un silence équivoque. Peur ? Non, le terme était trop fort. Suspicieuse plutôt. C'était rare qu'un mage la repère et envoi une personne la chercher. Et son armement, lui, l'inquiétait beaucoup. Il suffirait d'une balle pour la réduire en miette c'était certain. Elle ne retiendra pas son soupir de soulagement en voyant  Lemme faire le premier pas en posant le pistolet au sol. Et elle ne retiendra pas une grimace en voyant son regard béat d'admiration, encore ce regard qu'elle n'aimait pas, comme si elle était une perle rare. Elle ferma les yeux en rentrant la tête dans les épaules

ç...ça ne se fait pas de fixer les gens, c'est malpoli. Et je veux bien te suivre pour rencontrer ton mage. Mais s'il est vilain je partirai après m'être assurée qu'il ne me traque pas !

Oui, elle fait des menaces dans le vent pour le coup. Même si elle était face à un tueur en série elle ne pourrait pas le tuer avec son pouvoir seul. Et égorger une personne paralysée dans une illusion n'entrait pas dans les habitudes de la petite elfe. Elle grogna doucement, tirant d'une bourse un bonbon particulièrement sucré qu'elle machonna avec empressement. Pas question de laisser de traces de pareil délice !

Quand à avoir un foyer...J'en ai déja un ! Avec Balth'... Mais bon, pour l'instant il est en voyage. Alors moi aussi.

Oui, encore un gros mensonge visible avec ses joues rosies. Balthazar-ou Darthestar- était parti essentiellement pour la protéger et, même si elle l'avait retrouver et passer de précieux moments avec son grand frère elle comptait poursuivre son voyage tout en le recroisant régulièrement.

Et puis c'est quoi cette histoire de raison de vivre je sais pas quoi ??|/color]

Tournant la tête sur le côté et évitant toujours de la regarder en face, Lemme s'autorisa un sourire apaisé. Le vocabulaire utilisé par son interlocutrice révélait une maturité qu'il avait peut-être un peu surévaluée, à moins qu'il ne s'agisse d'une manœuvre volontaire… De même, il ignorait bien ce qu'elle venait d'avaler, et s'il s'agissait d'un quelconque comprimé médicinal ou enchanté. Le terranide ne connaissait pas davantage la courbe de croissance suivie par les elfes, et aurait d'ailleurs été bien incapable de donner le moindre âge à celle qui se trouvait en face de lui. Il savait seulement qu'ils vieillissaient sur des durées bien plus considérables que les siens : souvent des siècles. Il avait un peu de mal à imaginer qu'elle avait peut-être cent ans de plus que lui.

« Désolé, je ne m'en suis pas rendu compte » s'excusa-t-il très embarrassé, en ne mentant qu'à moitié.

Il n'avait en effet remarqué consciemment son changement de regard qu'assez tard. Face aux charmes du beau peuple, le jeune homme, sans doute trop sensible, était bien peu armé. Dans sa poitrine son cœur battait encore assez fort. Il ferma les yeux quelques instants pour tenter de le ralentir un peu. Il devait rester calme... ou au minimum le paraître.

« Ma proposition en est bien une : elle n'a aucun caractère obligatoire, et à tout moment, tu peux choisir de nous quitter... Le mage de la tour de Locmirail est un homme que tu apprécieras certainement de fréquenter. Il t'expliquera mieux que moi pourquoi il veut que vous travailliez avec nous, j'en suis sûr. Mais la raison d'être principale de la GEMME est d'aider les magiciens à développer et à répandre leur art, sainement, de par le monde. Elle s'assure qu'il est utilisé d'une manière qui soit profitable à tous. Surtout, elle assure une veille des phénomènes magiques d'ampleur pour protéger Terra de forces qui, si nous agissions en individus isolés, nous dépasseraient tous. Des dizaines de milliers de vies pourraient, un jour, dépendre de nous. »

Le regard bas, Lemme chercha l'endroit où il était encore assis quelques minutes plus tôt. Il s'y installa de nouveau, et écarta son pistolet du pied, espérant recréer une ambiance de confiance. Enfin, percevant qu'il avait retrouvé un peu de sérénité, il osa de nouveau lever les yeux vers son interlocutrice. Je n'ai qu'à fixer son chapeau décida-t-il, elle aura l'impression que je m'adresse à elle franchement, sans que je n'ai à la contempler directement.

« Je te demanderais bien qui est ce Balth, et s'il est lui-même mage... mais qu'est-ce que tu dirais de faire les choses dans l'ordre ? Je ne connais pas ton nom... » constata avec une pointe d'amusement le terranide.

Alors que lui s'était déjà présenté deux fois, il ignorait en effet l'identité de la jeune elfe. Les mesures de Gibroltin ne permettaient pas d'obtenir de tels détails, étrangers à l'empreinte magique de la personne.

« Il commence à se faire tard. M'offrirais-tu l'hospitalité ? »

Ça va aller, heureusement que son chapeau n'est pas aussi envoûtant.

La jeune femme-et encore c'était exagéré de s’appeler femme à son jeune age- s'autorisa un petit sourire satisfait en le voyant détourner le regard et sourire (pour s'excuser jugea-t-elle). Mâchonnant son bonbon en soupirant d'aise elle haussa les épaules, offrant un "Pas grave." aux excuses du terranide.

Elle l'écoute posément, ou du moins en faisant de son mieux, son regard vagabondant. Il parlait beaucoup il fallait se le dire. Apparemment il voulait qu'elle rejoigne un groupe de mage super justiciers pour protéger Terra. Elle pouffera légèrement avant de froncer les sourcils

Et si je refuse de "répandre mon art" ? L'art de la Lune noire est un tabou de mon peuple, j'ai été chassée de ma famille à cause de ça, j'ai pas envie de l'apprendre à d'autres ! En plus j'sais pas l'expliquer. Pis non, Balth' est pas un mage, c'est un super héros super fort ! Et je m'appelle Minerve.

Oui bon..Il faut bien broder, et puis il n'est pas question d'attirer Balth' la dedans et puis il a surement mieux à faire...!

Et puis pour l'hospitalité...Bah j'ai des bonbons si tu veux, Et ce qui reste du loup si t'aime l'ours aussi et qu'il est pas empoisonné par ton truc..

« Minerve » répéta le terranide en hochant distraitement la tête.

Face au dégoût que la jeune femme semblait avoir pour la pièce de viande un peu aspergée d'un sang étranger, Lemme haussa les épaules avec un sourire un peu gêné. Ce n'est pas une elfe pour rien… elle se laisserait mourir pour une histoire de pureté… songea-t-il. Au-delà de l'embarras qu'il ressentait à être à l'origine de ce désintérêt soudain pour un repas qu'elle s'était pourtant certainement donné du mal à chasser et à préparer, il trouvait l'anecdote plutôt amusante. Lui était d'un tempérament un peu plus rationnel.

« Un gibier est un gibier, et deux gibiers… c'est encore mieux qu'un seul » se justifia-t-il, alors qu'il s'épargnait quelques émerveillements déplacés en s'approchant du foyer où le loup cuisait encore. « Mes projectiles ne sont pas empoisonné, juste très chauds. »

L'ingénieur s’affaira à refaire tourner la broche, s'assurant que ce qui restait de la bête cuise uniformément. À l'aide de la lame de son épée, il écarta également de la dépouille les quelques morceaux d'ursidé qui avaient jailli sur la pièce de viande.

« Dans la GEMME, personne ne songera à te bannir pour la magie que tu pratiques. La magie n'est pas mauvaise en elle-même, ce sont ses conséquences qui peuvent être bonnes ou mauvaises. Mais pas la magie : elle n'est pas plus alignée que le feu ou l'eau. La magie est seulement ce qu'on en fait. »

Dos à Minerve, la situation était un peu plus facile à gérer pour lui. Il pouvait se concentrer sur le gibier qu'il faisait rôtir et sur son discours, qui tenait maintenant davantage de la conversation que du dépliant publicitaire. L'odeur du repas chaud commençait à se répandre dans l'air : en tant que terranide à l'atavisme carnivore, celui du thylacine, elle était pour Lemme particulièrement alléchante.

« Tu en veux, du coup ? » demanda-t-il, avant d'ajouter : « Sinon, je dois avoir quelques provisions sur mon trotteur. »

J'avais entendu dire de je ne sais plus où que les elfes étaient végétariens, d'ailleurs. Mais il doit y en avoir de plusieurs cultures différentes. Sauf si ce ne sont que des rumeurs ; ça doit être terriblement difficile de se passer de viande ! Les idées plus tranquilles, toujours sans regarder son interlocutrice, l'ingénieur s'enquit :

« Alors, pourquoi des terres aussi désolées que celles-là ? Il doit pourtant y avoir plus discret et moins dangereux… tu n'as pas d'affinité avec la forêt ? »

Encore une des rumeurs qu'on entendait courir sur les elfes.