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Des liens solides. [PV] - Terminé.

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Mélisandre Cairn

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Re : Des liens solides. [PV]

Réponse 15 dimanche 13 avril 2014, 19:38:29

Le fils de Lucifer ne défit pas son emprise, forçant le visage de l'impertinente contre l'assise du siège, l'empêchant d'articuler autre chose que des sons étouffés -elle sentait peser son ascendance, écrasante et inexorable. Maintenant qu'elle se sentait vaciller au bord d'un gouffre insondable de sujétion et d'oppression, elle ne se serait plus risquée à proférer la moindre parole en mesure de lui déplaire. Et, pendant qu'il s'acharnait à dépouiller son esprit comme son corps de la moindre once de révolte ou de lutte, qu'il fourrait l'étroitesse de l'intimité avec la brutalité qu'il jugeait nécessaire et que ses mains punitives la maintenaient à sa place, elle comprit, sous le joug des puissants assauts, qu'elle ne pourrait se grandir sans se soumettre au préalable, que le piédestal auquel son orgueil aspirait ne s'obtiendrait qu'en s'asservissant au Lord Belmont et à ses désirs les plus obtus. Pour mieux conquérir son absolution et sa confiance, il lui faudrait ployer, car jamais il ne lui permettrait de s'élever autrement. 

Un long tressaillement succéda à la jouissance du maître. En dépit de son corps harassé, elle le sentit s'épancher en elle, l'ensemençant de son foutre épais et chaud. Elle palpitait encore, parcourue de spasmes incompressibles et terribles, toute en proie au dénouement de leurs ébats déchainés. La fièvre de l’orgasme consumait toujours l’intérieur de ses cuisses, prolongation moribonde de sa jouissance, méprisable mais oh combien délectable. Plaisir coupable. Ravageur. A peine tolérable. Et pourtant des frissons d’aise achevaient de persuader son être tout entier d’admettre l’échec. Si bon. Mélisandre croisa le regard du prince, bouleversée, tiraillée. Toujours courbée en tout cas. Engrossée. La belle frémit à la perspective des responsabilités qui l’attendaient. Sur l’échiquier, voilà bien la seule pièce qui correspondait à ses attentes, la seule qu’elle accepterait d’incarner. La Reine.

L’amant se retira et une expression fugace de délivrance passa sur le visage suffoqué de la Marquise. Lentement, sa langue explora le goût de ses lèvres tremblantes et mutiques. Le cul admirablement redressé, elle patienta quelques secondes, s’assurant de ne point contrevenir aux désirs du maître, puis s’installa nonchalamment entre les accoudoirs, le contemplant d’abord puis le gratifiant d'un long regard appuyé, charbonneux et indéchiffrable. Les paroles prononcées se heurtèrent à son hermétisme buté. Afin de se donner contenance et meubler le silence qui s’ensuivit, elle combla l’oisiveté de ses doigts d’une cigarette, apparue spontanément, puis l’alluma d’un frottement du pouce et du majeur d’où jaillit une étincelle rouge. Le temps d’une bouffée émancipatrice, un écran de fumée blanche s’extirpa d’entre ses lèvres pleines et sépara un instant les deux belligérants. 

« D'esclave je suis passée Marquise. De putain je deviendrai Reine. Et de soumise Maîtresse » assura-t-elle simplement.

S’absorbant dans la contemplation du vide, elle le laissa la contourner sans rien ajouter –reconnaissante quelque part de le voir épargner les vestiges de sa fierté éparpillée. Dès qu’il eut franchi le seuil de la chambre, ses ailes repliées se flétrirent comme les voiles d’un navire privées de mistral, jonchant le sol d’un duvet noir sur lequel reposaient ses pieds nus. L’outrageuse volupté de la diablesse se dissipa au profit d’une sensualité plus douce et féline tandis que ses épaules se couvraient de l’ample débordement de sa crinière sombre. Les prunelles redevenues opaques et aussi ténébreuses que le Styx, elle avisa son reflet dans le miroir mural de la pièce et considéra l’orbe chaud de son ventre, consciente d’y voir bientôt éclore son avenir, irrémédiablement enchaîné à celui de Connor.

« Modifié: dimanche 13 avril 2014, 20:41:41 par Mélisandre Cairn »


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