Une initiation ? (Mélinda Warren)

Lorsqu'elle referma derrière elle la porte de son petit appartement, Yozora poussa un soupir de soulagement. Enfin à la maison ! Ce devoir sur table de mathématique avait été long. Pas difficile, du moins pas pour la jeune fille qui était un petit génie et qui avait une excellente mémoire, mais long, et comme à son accoutumée Yozora avait beaucoup stressée la veille de cet examen.
Maintenant qu'il était passé, et qu'elle était chez elle, elle sentait la tension se relâcher, et un miaulement accompagna son entrée dans l'appartement.

Oh Tigrou, te voilà mon beau !

Tigrou était un chat qui devait son nom à son pelage, tout tigré, noir et gris, qui était le compagnon de Yozora dans cette ville où elle était encore nouvelle. Il venait dans sa direction en miaulant, et Yozora le prit dans ses bras, le fourrant tout contre elle et le câlinant longuement. Il ronronnait et tapottait ses petites pattes douces contre la joue droite de la jeune fille, qui le promena jusqu'au lit en le caressant.

Oui mon gros matou je suis rentrée. Pfouuuu ça fait du bien, ce test de maths est enfin terminé.

Assise sur le rebord du lit, avec le chat dans ses bras, elle lui caressait le ventre tandis qu'il se tortillait de bonheur dans les bras de sa maîtresse. Le chat ronronnait tellement fort que les vibrations remontaient tout le long de ses bras. Elle resta ainsi un moment à le câliner, tandis qu'une envie naissait en elle. Tout ce stress l'avait rendue nerveuse, et maintenant elle avait une grosse envie de décompresser. Elle jeta un œil à sa porte pour voir qu'elle était bien fermée.
Un peu à regret, elle posa délicatement son chat sur le lit et se leva.

Reste là Tigrou, je vais chercher le Nutella hum ?

Le chat s'assis sur le lit en regardant sa maîtresse, qui se dirigea vers un des placards de son petit espace de cuisine. Depuis le temps qu'ils faisaient ça, c'était un rituel. Yozora s'était assez vite rendue compte que Tigrou adorait cette pâte à tartiner au goût de noisette, et avait fait l'acquisition de plusieurs pots contenant très peu de chocolat pour que ça ne soit pas nocif pour lui.
Elle prit le pot qui était déjà entamé avant de refermer le petit placard, puis se dirigea à nouveau vers le lit, Tigrou l'attendait en remuant sa queue de droite à gauche. Il était impatient car il aimait ça, et Yozora avait très vite trouvée une autre application à cette pâte à tartiner. Elle retira alors son haut, sa cravate noire, ainsi que les deux chemises composant son uniforme, et enfin son soutien gorge. La jeune fille s'allongea alors sur le lit, et Tigrou vint se placer sur son ventre. Le contact avec le corps de fourure de son animal de compagnie la fit frissoner de plaisir.

Oh Tigrou...

Elle se saisit du pot qu'elle ouvrit, et plongea un doigt pour en prendre un peu, avant de se mettre de la pâte à tartiner sur le bout de ses seins. Vorace, le chat s'approcha d'un de ses seins, et avec sa langue râpeuse il lécha la pâte, provoquant au passage chez sa maîtresse de divines sensations.

Haaaa...Oui mon beau...continue...

On lui en avait parlé. Une lycéenne qui aimait un peu trop les animaux. Mélinda vouait une grande importance aux petits potins. Un lycée, c’était un peu comme une espèce de microsociété. On y venait officiellement pour apprendre des choses, acquérir des connaissances. En réalité, on y venait pour s’intégrer dans une communauté, qui, comme n’importe quelle communauté, comprenait ses boucs-émissaires, ses groupes, ses symboles, son histoire... C’était comme aller au travail, en somme. La vampire avait ainsi entendu parler de la petite Yozora. Une jeune fille mignonne, avec une poitrine assez petite, qui était très discrète en cours. Extrêmement timide, elle ne se faisait pas spécialement remarquer, et avait donc naturellement suscité la curiosité de Mélinda. Sachant à qui il fallait s’adresser, elle avait ainsi obtenu sur elle un petit dossier.

Yozora venait de Tokyo, la grande ville du Japon. Elle avait été bouc-émissaire, et avait perdu son père dans un accident de la circulation. Elle avait obtenu une copie d’un article de presse mentionnant l’accident dans la rubrique « Faits divers ». Rien de bien palpitant pour le moment, mais c’est ensuite que ça devenait intéressant. Yozora avait trouvé une petite résidence dans une cité universitaire. C’était une spécificité du lycée Mishima : les lycéens pouvaient, soit vivre dans les dortoirs intégrés au lycée, soit au milieu des étudiants, dans une cité universitaire. Mishima était un tel complexe lycéen qu’il était possible de faire ça. Et, dans ce genre d’endroits, il était difficile d’avoir des secrets. C’était le genre d’établissement où on tapait à votre porte pour vous demander si vous n’aviez pas un peu de sel, où les machines à laver étaient sur le palier. Un genre de placard à balais pour Mélinda. Or, une rumeur persistante courait sur cette petite Yozora, timide et réservée. On l’avait entendu gémir de plaisir, parfois. Le genre de gémissement qu’on ne pouvait pousser que dans une seule circonstance. Seulement, Yozora était célibataire, et ne sortait avec personne. Se masturbait-elle devant des films pornos ?

Les informateurs de Mélinda étaient généralement les otakus du lycée, ces petits passionnés d’informatique et de jeux vidéos. Elle n’avait aucune difficulté à obtenir d’eux des enquêtes sur des individus qui l’intriguaient, en échange d’une nuit dans son manoir. Personne ne lui refusait ça. Un pirate avait ainsi envoyé un mail groupé bidon, et, quand Yozara l’avait ouvert, un petit virus, discret, était entré dans son ordinateur, et avait permis au pirate d’obtenir tous ses fichiers personnels. Il avait ainsi découvert quelques vidéos compromettantes. Elles avaient été filmées avec une caméra amateur, et montrait Yozora en train de copuler avec un chien. Le pirate qui lui avait passé les vidéos ne les avait pas regardé, se contentant d’envoyer des listings de données sur le PC portable de Mélinda, qui demandait ensuite quels fichiers elle souhaitait voir.

C’est de cette manière que la vampire avait appris que Yozora la timide, la réservée, la frigide, était en fait une belle petite salope zoophile. Elle avait ensuite appris que cette dernière avait un chat, et avait compris que les gémissements de Yozora étaient probablement liés au chaton. Ayant réussi à obtenir son emploi du temps, elle avait également appris que la jeune femme avait un contrôle de mathématiques, et avait décidé d’entrer dans sa chambre pendant qu’elle faisait son test. Son valeureux chat était en train de faire la sieste, et elle évita de le réveiller. Naturellement, il n’y avait aucun dossier sous le lit avec des photos zoophiles, mais elle avait déjà ce dont elle avait besoin. Ayant dans la poche une clef USB, elle s’approcha de l’ordinateur personnel de Yozora, l’alluma, et enfonça la clef USB dans un port, puis prit la souris. Elle double-cliqua sur l’un des fichiers de la clef USB, une image .JPEG où on voyait Yozora sous un chien énorme, qui était en train de la défoncer. Elle mit cette image comme fond d’écran, puis récupéra sa clef, et envisagea de sortir... Avant de se raviser.

Le petit studio comprenait un grand placard de rangement. Elle écarta l’une des portes coulissantes, et rentra à l’intérieur, se dissimulant parmi les porte-manteaux, et le referma, attendant ensuite sagement que la femme revienne. Ce serait plus amusant ainsi.

*J’ai l’impression d’être une espèce de collegiénne…*

Mélinda n’eut fort heureusement pas trop à attendre avant que la porte ne s’ouvre. Yozora entra, et son chat, qu’elle appela Tigrou, ne tarda pas à se réveiller. La vampire n’avait qu’une envie : qu’elle aille sur son ordinateur voir l’image.

« Oui mon gros matou je suis rentrée. Pfouuuu ça fait du bien, ce test de maths est enfin terminé. »

Vu le câlin qu’elle offrait à Tigrou, et les ronronnements intensifs de ce dernier, il était plus qu’évident qu’il appréciait beaucoup ce traitement. Mélinda esquissa un léger sourire amusé devant ce geste d’affection, commençant à se douter que ses intuitions allaient se confirmer. Plusieurs minutes s’écoulèrent, pendant lesquelles Yozora s’amusait à câliner son chat. Ce dernier était bien docile, car il ne bougeait pas. Quand Mélinda faisait ça avec l’un de ses chats, en le tenant, il finissait toujours par se rebiffer. Mais, ici, il n’y avait rien de tel. Tigrou restait sage et calme, heureux et parfaitement détendu. Sa propriétaire finit par le poser très précautionneusement sur le lit.

« Reste là Tigrou, je vais chercher le Nutella hum ? »

Le Nutella ? Depuis quand les chats étaient friands de chocolat ? Mélinda sentit que quelque chose d’important allait se passer. Yozora se rapprocha du coin cuisine, et ouvrit un placard, cherchant un pot.

*Mais qu’est-ce qu’elle fout ?*

Tigrou semblait particulièrement impatient, remuant sa queue, et Mélinda vit la jeune femme se déshabiller. Elle était presque devant elle, mais était trop absorbée pour la voir, ou même pour songer à allumer son ordinateur. Elle retira ses deux chemises, ainsi que son soutien-gorge, exhibant ses petits seins devant le chat. Torse nue, Yozora alla s’allonger sur le lit, et le chat, en vibrant, se redressa, et posa ses petites pattes sur son ventre.

« Oh Tigrou... » soupira la jeune femme.

Il y avait un tel élan dans sa voix que Mélinda comprit que ça allait arriver. Elle plongea un doigt dans le pot, et se tartina le bout du sein. Tigrou s’avança alors, une patte après l’autre, et pencha la tête vers le sein de Yozora, et se mit à le lécher, remuant voracement sa langue sur son téton. Ceci ne semblait pas laisser indifférente sa Maîtresse, loin de là.

« Haaaa...Oui mon beau...continue... »

Elle soupirait de plaisir, et Mélinda comprit que tout était vrai. C’était une zoophile, et, en l’absence d’un gros chien poilu pour la défoncer, elle se rabattait sur un chaton. C’était assez mignon, dans le fond. Une image touchante, qui aurait presque donné envie à Mélinda de ne pas la briser... Mais, si elle avait eu de telles intentions, elle n’aurait jamais repris le marché de son père. Bonne princesse, elle attendit toutefois quelques instants, plusieurs longues secondes, avant de poser sa main sur le rebord de la porte coulissante, et l’écarta rapidement, et sortit, près du lit, avec une vue imprenable. Son regard croisa celui de Yozora, et on pouvait lire dans celui de Mélinda une intense perversion.

Contrairement à Yozora, Mélinda ne portait pas son uniforme scolaire, mais sa longue robe dorée habituelle.

« Je tombe mal, sans doute ? » demanda-t-elle, en souriant.

Yozora était allongée sur son lit, à moitié nue, avec son chat qui s'était couché sur son petit ventre et qui lui léchait avidement l'un de ses seins, qui était couvert par endroits de cette pâte à la noisette qu'il adorait tant. Le corps de la jeune fille devenait tout chaud, le contact de la fourrure de l'animal sur sa peau nue la rendait toute chose, et elle soupirait de bonheur. Déjà Yozora s'imaginait le moment, proche, où elle se déshabillerais entièrement, et amènerait son chat à lui lécher son intimité. Oh comme elle rêvait déjà d'y être, mais elle ne voulait pas presser son matou, et lui laisser le temps de bien nettoyer son sein encore un peu couvert de pâte à tartiner. La langue râpeuse de Tigrou arrachait à chacun de ses passages des soupirs à la jeune zoophile, qui avait les nerfs à fleur de peau.

Jamais elle ne se serait imaginée qu'une personne était en train de l'espionner, là, dans son armoire à vêtements, et qui ne ratait rien de ce qui se passait entre elle et son chat. Mais elle entendit très clairement un bruit de porte s'ouvrir, celui lui fit ouvrir les yeux qu'elle avait fermés pour apprécier au mieux les coups de langue de Tigrou. En relevant légèrement la tête, elle n'assimila pas tout de suite que quelqu'un était en train de la regarder, cela lui prit une à deux secondes de flottement, avant de réaliser pleinement qu'une personne sortait de son armoire à vêtements, et la regardait en train de se faire lécher les seins par son chat.

Son sang ne fit alors qu'un tour et elle se redressa vivement en manquant de crier, Tigrou prit peur et s'enfuit sous le lit, tandis qu'en se redressant Yozora plaqua un de ses avant-bras sur ses petits seins pour les camoufler. Elle reconnaissait cette personne, c'était Mélinda Warren, une des lycéennes les plus craintes de l'établissement car on racontait des tas de choses sur elles, notamment qu'elle adorait faire chanter les pauvres âmes qui s'attiraient son attention.

Qu'est-ce que tu fais là ?!?! Tu...tu...

Yozora était rouge comme une pivoine, car elle se doutait que Mélinda avait du ne rien louper de ce qui s'était passé durant ces dernières minutes. Et si ça venait à se savoir...

Cette image était tellement touchante.  La petite zoophile se faisant plaisir avec son chaton, le petit Tigrou. L’heureux chat semblait ronronner de plaisir, et elle-même gémissait longuement. Il fallait vraiment être cruel pour les surprendre ainsi. Et c’est pourtant ce que Mélinda fit, sans aucune once de remords. Yozora ouvrit les yeux, et une lueur exquise et délicieuse d’incompréhension traversa son visage, suivi d’un cri de terreur pure. Tigrou paniqua, et se réfugia sous le lit, prouvant encore une fois la bravoure des petits félins. Bras croisés, Mélinda pencha lentement la tête sur le côté, avant de voir Yozora se redresser, protégeant ses seins, ses joues devenant toutes rouges de honte.

« Qu'est-ce que tu fais là ?!?! Tu...tu... »

C’est dans ce genre de scénario que le cerveau pouvait faire un échec critique. L’incompréhension et la stupeur étaient telles qu’on n’arrivait plus à réfléchir, sautant sur les évidences. Mélinda savait que la petite timide pouvait se mettre à violemment paniquer. Tout était possible. Avec un peu de persuasion, Mélinda était même sûre qu’elle pouvait l’amener à se suicider.  Mais ce n’était pas là son objectif, bien naturellement. Sans même qu’on l’y invite, Mélinda s’assit sur le bord du lit, et posa sa main sur le front de Yozora, la poussant, afin qu’elle s’allonge sur le lit. Il fallait agir vite, profiter de son incompréhension, et c’était bien ce que Mélinda comptait faire. Elle ne voulait laisser aucune ambiguïté sur ses motivations. Yozora se retrouva sur le lit, la tête sur l’oreiller, et Mélinda écarta la main qui protégeait bien inutilement sa poitrine, puis s’allongea sur le corps de la jeune femme, et l’embrassa fermement.

Sa prise était solide, car elle était une vampire, soit une créature à la constitution forte, et elle, une simple et frêle humaine. Elle plaqua ses lèvres contre les siennes, agrippant ses cheveux dans sa main, et l’immobilisa ainsi, continuant à l’embrasser malgré les mouvements de protestation de son corps. Yeux clos, elle ne faisait rien d’autre que l’embrasser, et continua ainsi, jusqu’à ce que la jeune femme, progressivement, se calme, qu’elle comprenne l’impossibilité qu’il y avait à agir contre Mélinda. La prise de cette dernière était bien trop forte.

Le baiser ne se rompit que lentement, lorsque Mélinda, en rouvrant les yeux et en les croisant avec ceux de Yozora, eut la certitude qu’elle s’était un peu calmée. Il s’était bien écoulé plusieurs minutes avant qu’elle ne retire ses lèvres. Elle mit plusieurs secondes avant de parler, posant l’un de ses doigts sur les lèvres de la jeune zoophile :

« Là, là... Calme-toi, ma belle... Si je voulais te piéger, je ne serais pas intervenue, tu ne crois pas ? »

C’était certes une évidence, mais, sous l’état de la panique, on n’y pensait pas forcément. Mélinda se redressa alors, et s’écarta du lit.

« Initialement, je t’avais juste laissé une petite image sur ton ordinateur, mais, quand j’ai vu que tu t’amusais avec ton chat, j’ai décidé de me présenter à toi. Désolée de t’avoir fichu la frousse, mais ce n’est pas comme si j’avais eu le choix. »

Croisant les bras, Mélinda montrait son dos à Yoruza, puis se retourna vers elle, un sourire sur les lèvres :

« Je suis venue te faire une offre que tu ne pourras pas refuser. »

Yozora était surprise et choquée, et il y avait de quoi. Une personne non voulue se trouvait dans son studio, en s'étant dissimulée dans son armoire à vêtements, et l'avait même vue en train de faire des câlins passionnés à son chaton, la jeune fille avait donc toutes les raisons d'être dans cet état. Malgré le fait qu'elle aie été capable d'articuler quelques mots, elle n'était pas encore dans un état normal, elle était même paniquée et ne savait pas quoi faire. Un état dont Mélinda profita pour s'asseoir à côté d'elle sur le lit, et avant qu'elle ne comprenne quoi que ce soit, Yozora se trouvait allongée avec Mélinda sur elle, en train d'embrasser ses lèvres.

HMMMMM !

Elle gémit en protestation, et essaya de se dégager de l'étreinte de l'intruse. Sauf que cette dernière avait de la poigne, une sacrée force, et parvenait à la maintenir sous elle sans aucun effort visible. Mélinda ne l'embrassait pas vraiment, dans le sens où sa langue ne pénétra pas sa bouche, mais leurs lèvres restaient scellées sans vraie possibilité pour la jeune fille de s'échapper.
Tigrou lui miaulait sous le lit, terrifié par ce qui se passait, et par le fait que sa maîtresse se débattait. Le pauvre n'était après tout qu'un chaton, que pouvait-il faire ?
Yozora ne comprenait pas, elle ne comprenait rien à ce qui se passait, pourquoi Mélinda était là dans son studio. En fait si, elle en avait une vague idée, mais qu'elle soit la victime d'un chantage était une perspective qui ne lui plaisait guère.

Au bout d'un moment, comprenant qu'elle n'arriverait à rien, Yozora cessa de se débattre, car Mélinda ne lâcherait pas prise. Difficile de dire ce qui se passait dans l'esprit de la jeune fille en ce moment. Les lèvres de Mélinda étaient douces et son corps chaud, mais la façon dont elle était venue, c'était si soudain, et sa réputation était si terrible qu'elle ne pouvait éprouver le moindre plaisir.
Mélinda finit par se retirer, et c'est une Yozora tremblante, mais à l'écoute, qui l'écouta parler. Elle voulait qu'elle se calme ? Se rendait-elle au moins compte de ce qu'elle venait de faire ? Autant d'insultes et de remarques qu'elle aurait volontiers lancée à la figure de Mélinda si la situation n'était pas aussi grave. Mélinda l'avait vue avec Tigrou, et avait visiblement des preuves pour d'avantage. Si le fait qu'elle soit zoophile pratiquante venait à se savoir, Yozora verrait sa vie brisée, sa mère la rejeter, et ses espoirs de devenir vétérinaire balayés à tout jamais.

Qu'est-ce que tu veux ?

Un baiser, c’était tellement efficace. Ça résolvait tellement de choses... Après ce long baiser, Mélinda avait pu noter deux choses. La première, c’est que Yozora avait de belles petites lèvres humides et tendres. La seconde, c’est qu’elle n’avait pas autant apprécié qu’elle ce moment. Dommage... Mélinda se faisait toutefois fort de la faire apprécier ses longs baisers. Elle s’était relevée, et se demanda où était passé Tigrou. Le courageux chat se cachait, et elle regarda Yozora, qui lui posa une question posée. Le baiser l’avait progressivement amené à se calmer, à l’empêcher de parler, sans la menacer. C’était plus efficace que de l’étouffer avec la main en attendant qu’elle se calme.

« Qu'est-ce que tu veux ? » demanda-t-elle donc.

Mélinda lui fit un léger sourire, et se pencha vers le lit. Elle posa sa tête dessous, et vit un petit chat terrorisé, replié loin. En la voyant, Tigrou se mit à courir, décampant à toute allure.

« Les chats sont intelligents... Ils savent quand il faut fuir pour espérer survivre. Leur courage n’est pas de la bravade exagérée. On sous-estime beaucoup l’intelligence des animaux, leur capacité à analyser l’environnement qui les entoure. Ils sont, dans un sens, plus intelligents que nous, car ils ont une meilleure perception du monde qui les entoure. Pour beaucoup de néophytes, les animaux sont des imbéciles patentés qui ne pensent qu’à bouffer, et ignorent tout des sentiments... Mais toi, tu le sais, pas vrai ? »

Tout en parlant, Mélinda s’était à nouveau relevée. Elle savait qu’elle aurait la pleine attention de Yozora, car cette dernière était terrifiée. Elle devait se faire un scénario catastrophe, exactement comme les humains aimaient le faire. La vampire continua donc à parler à la jeune femme :

« Je suis une femme qui pense qu’il n’existe pas d’individus tout blanc ou tout noir, mais uniquement des nuances plus ou moins prononcées de gris. Et, quand on a cette vision du monde, on sait que les individus qui sont timides, réservés, ne le sont pas parce qu’ils ont peur de passer pour des cloches... Mais parce qu’ils ont quelque chose à cacher. Tu m’as intrigué, Yozora, et je me suis renseignée sur toi... Et j’obtiens toujours ce que je veux. J’ai découvert ton petit secret, qui est maintenant le nôtre. Je pourrais briser ta vie en quelques secondes. Il suffirait d’envoyer un mail groupé à tous les lycéens, où on te verrait t’amuser avec ton chien, et ta vie serait détruite. Il ne te resterait plus qu’à monter sur le toit du lycée, à enjamber la balustrade, et à te perdre dans les plumes des anges. »

A aucun moment, l’intonation de Mélinda n’avait flanché pour trahir une quelconque excitation. Elle restait calme et maîtresse d’elle-même.

« Nous allons donc jouer à un jeu, toi et moi. C’est un jeu en vérité fort simple. Je te pose une question, et tu me réponds la vérité. Si tu me mens plus de trois fois, alors notre petit secret ne sera plus un secret pour grand-monde. »

La vampire ne l’abordait pas de la meilleure des manières, mais ce serait la meilleure manière d’obtenir ce qu’elle voulait. Sans qu’on ne l’y invite, Mélinda alla s’allonger sur le lit, près de Yozora, couchée sur le flanc, et la regarda, observant sa petite poitrine. Elle n’attendit même pas que Yozora accepte ou non de participer au jeu. A aucun moment, en effet, elle ne lui avait demandé si elle voulait. Avec Mélinda, il fallait se plier à ses règles, et ne pas chercher à la défier, surtout quand on était en position de faiblesse. Au poker, Yozora était dans la situation de cette joueuse qui avait une minable paire de deux, face à un adversaire qui avait en main un flush royal.

« Détends-toi, Yozora... Si je voulais te faire du mal, je l’aurais déjà fait. Je vais même te simplifier les règles, pour te montrer que je suis généreuse. Si tu me donnes une bonne réponse, tu pourras me poser une question. N’importe laquelle. Là, reprends ton souffle, et calme-toi. »

Elle estimait cette précision nécessaire, et enchaîna derechef avec sa première question :

« Qu’est-ce que tu ressens quand ton chien enfonçait sa queue en toi ? Je veux dire... Comment tu te sentais ? Est-ce que ça faisait mal ? Dans quel état te trouvais-tu ? Tu voulais qu’il s’arrête, tu hurlais de plaisir comme une hystérique ? Tu avais peur de te faire surprendre ? Raconte-moi tout... »