Le Grand Jeu

Plan de Terra => Territoire de Tekhos => Tekhos Metropolis => Discussion démarrée par: Noa Baker le vendredi 22 septembre 2017, 17:24:01

Titre: Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Noa Baker le vendredi 22 septembre 2017, 17:24:01
Aux échecs, le promotion d'un pion consiste bien souvent à le remplacer par une reine. La promotion canapé a en revanche une finalité et une cause bien différentes. Dans le cas de Noa par exemple, c'est même la seule stratégie pour avancer dans une gynocratie esclavagiste. Membre des deux castes les plus basse de cette société, cette promotion n'était cependant pas de son initiative et il se serait bien passé de la gêne consécutive, surtout pour n'obtenir qu'un grade honorifique qui ne le rendait même pas apte à donner d'ordres à des agents de grade inférieur en dehors des missions.

Noa avait débuté sa journée par un footing dans les rues de la mégapole de Tekhos afin de rejoindre les bureaux de la Section D et de se départir de certaines tensions qui le hantaient. En effet, il venait encore de passer la nuit dans le lit du Colonel Higgs et il ne voyait toujours pas d'issue dans cette relation à sens unique qui l'avait vu obtenir le grade de Major. Noa voyait Sandra Higgs comme une araignée qui l'aurait pris dans sa toile et emmailloté dans un cocon étouffant afin de lui soutirer tout ce qui pouvait lui rester de liberté et de fierté. Alors que son poste lui permettait une certaine autonomie, relativement compte tenu de son rang, le Colonel lui imposait de nombreuses sorties et soirées mondaines ou elle se plaisait à se pavaner et exposer son petit agent prodige, prélevant ainsi à Noa ses précieux (et trop rares) moments de solitude.

Il se dirigeait d'un pas vif vers la clinique ou il avait sa couverture d'esclave-infirmier et traversa le parc vide et calme qui la ceinturait. Arrivé au sous-sol ou se trouvait les vestiaires du personnel, il prit une douche et enfila sa blouse par dessus un short et un t-shirt blancs. Râlant après des vêtements peu adaptés à son espèce, il fit une entaille à l'aide de ses incisives afin de laisser passer sa longue queue fine au travers du short. Puis il prit la direction des ascenseurs, sélectionnant machinalement une combinaison de touches destiné à le conduire à l'étage secret de la Section D. C'est sous une lumière blafarde que Noa changea de tenue une nouvelle fois pour endosser enfin son uniforme rutilant de Major.
Il avait pris pour habitude d'ignorer les regards dédaigneux de ses collègues, presque exclusivement des femmes, et de se servir un café avant de rejoindre son bureau dans l'open-space. Un mémo l'y attendait, le conviant à un briefing concernant sa nouvelle mission, et comme il avait un peu d'avance, il prit le temps de lire le Tekhos Times sans oublier de consulter son horoscope.
Grim Focks, son contact au FLT était l'esclave en charge des articles sans intérêt au quotidien tekhan et l'horoscope, avec sa nébulosité conventionnelle, était un moyen efficace de faire parvenir des directives à Noa. Rien cependant ce jour là, ce qui n'avait rien d'étonnant, Noa ne leur ayant pas encore fait parvenir le contenu de sa prochaine mission.
Un second café à la main, il se rendit en salle de briefing saluant au passage l'agent en charge de filtrer les entrées.
"Je suis attendu." dit doucement Noa.
Il ne reçut un réponse qu'un reniflement de mépris.

La salle de briefing était un petit box en verre au centre de de l'open space. En son centre se trouvait une grande table sur laquelle étaient disposés une dizaine de moniteurs et seules étaient présentes le Colonel Higgs et Ilona Draven une analyste de premier ordre. Noa effectua un salut martial et attendit qu'on l'invite à s'asseoir. Un sourire carnassier s'afficha sur le visage de Sandra.
"Ah, voilà notre petite souris!"
Noa avait horreur qu'on l'appelle ainsi, mais il n'était pas en position de protester.
"Bien Noa, tu peux t'asseoir, je pense que Q-Tee ne devrait pas tarder."
Effectivement, l'ingénieur en chef de la Section D entra timidement à la suite de Noa.
"Vous êtes en retard Q-Tee!". Le ton du Colonel s'était durci.
"Je... oui, excusez moi, on a eu un petit souci avec le transfert depuis l'hélicoptère, il y avait un patient pour les urgences et je... excusez moi!"
"Bien,
poursuivi le colonel sans inviter la dernière venue à s'installer, Ilona, c'est à vous."
L'analyste s'ébroua, remonta ses lunettes sur son nez et entreprit un énoncé de faits avec un ton parfaitement professionnel:
"Il y a trois jours, un de nos agents en place à Nexus auprès des révolutionnaires a eu vent d'une rumeur concernant un acte de terrorisme envers le régime en place. Rien d'inquiétant nous concernant à priori, mais leur contact censé leur fournir les explosifs n'est autre que Syan Trois-Doigts, un gnome talentueux et sans scrupules recherché de longue date par nos services suite à son attentat évité de justesse à la prison d'Eternum. Syan est dangereux et ses connaissances pourraient être utiles à Tekhos. Par ailleurs, il serait regrettable qu'il tombe aux mains de Nexus ou d'Ashnard, aussi il est primordial que sa présence à Nexus ne soit pas ébruitée."
"Merci Ilona, dit sèchement le Colonel avant de s'adresser à l'agent terranide: Noa, nous voulons que tu capture Syan et que tu te renseigne sur cet attentat pour voir comment nous pourrions en tirer parti. Tu pars ce matin pour Nexus, ta couverture sera celle d'un esclave administratif au sein de notre ambassade. Je te fais grâce des recommandations usuelles, tu les connaît bien maintenant."
Puis, s'adressant à l'ingénieur toujours debout à côté de l'entrée:
"Q-Tee, c'est à vous!"
"Merci Colonel. Bonjour les filles!
Q-Tee, visiblement mal à l'aise avec la prise de parole en public jette un coup d'oeil à Noa et se rend compte de sa maladresse.
Enfin, je veux dire bonjour tout le monde!
Alors Noa, cette mission pourrait te sembler plutôt routinière vu tes états de service, mais nous avons pensé qu'il valait mieux rôder Astro avant de le lancer dans le feu de l'action, et je... bref, aujourd'hui je n'ai pas de nouvel accessoire à te proposer mais je pense que ceci devrait piquer ta curiosité: Astro est notre premier agent synthétique et tu sera chargé de superviser son comportement sur le terrain.
Astro, tu peux entrer s'il te plaît?"
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Lapin le vendredi 22 septembre 2017, 19:09:43
Cela faisait à peine une semaine que le jeune cyborg était sorti du laboratoire. Pourtant, comme le temps semble s'écouler plus lentement pour les enfants que pour les vieillards, les salles aseptisées où il était né lui semblaient infiniment lointaines. Elles appartenaient à son ancienne vie. Une vie dont il ne conservait de toute façon pas beaucoup de souvenirs.

Puis il y avait eu les entraînements au tir, les épreuves physiques, et de longues conversations avec des spécialistes. Tous relevaient plus du test que de l'apprentissage, car même un génie n'aurait pu acquérir de telles compétences en seulement quelques jours. Mais pour Astro, le plus gros du travail était déjà fait : il savait faire toutes ces choses, instinctivement. D'autant que l'on pouvait parler d'instinct pour l'intelligence artificielle qu'il était. Ces données, elles lui avaient été implantées avant même sa naissance, tel un code génétique informatisé.

Pendant toute cette période, il n'était pas sorti d'un centre d'entraînement situé en périphérie de la capitale tekhane. Enfin, on lui avait indiqué qu'il allait être affecté à sa première mission incessamment. Il était entré dans l’hôpital dans une ambulance, sous la couverture d'un patient. Une identité temporaire, en attendant que des officiels remplissent des papiers officieux, sans doute.

Astro avait déjà téléchargé l'ordre de mission, lorsque que l'homme qui s'était occupé de lui depuis son arrivée dans le complexe dix minutes avant, lui fit signe d'attendre. Le cyborg était un peu désorienté par le voyage en aveugle. Il n'avait eu guère que sa géolocalisation pour suivre le trajet qui lui avait été imposé. Mais docile, il s'était alors assis par terre, en tailleur, et avait sagement attendu qu'on l'appelle.

Lorsqu'on l'appela, il bondit, se redressant aussitôt. Enfin, il entra dans la pièce d'un pas léger. Il portait avec élégance un uniforme noir très simple, bien ajusté, sans décoration. Sa silhouette était élégante, son poil tout propre, ses cheveux parfaitement coiffés sur le côté. Son expression douce et neutre contribuait à lui donner l'air un peu timide d'un jeune garçon allant à son premier bal. Pourtant, l'excitation du terranide était à son comble. Ses yeux verts balayèrent rapidement les quelques personnes présentes.

Moi exclu, il y a quatre agents dans la pièce. Ils sont tous dans ma base de données !
• Sandra Higgs. Il s'agit du personnel en présence le plus haut gradé. Son regard sur moi est un peu dérangeant. J'ai l'impression d'être… une proie ? Elle a l'air sévère mais… je crois que je pourrais réussir à la séduire.
• Ilona Draven. Elle a l'air presque aussi sévère que le colonel Higgs. Elle a la tête ailleurs, elle m'a à peine regardé. Oh, bon, je crois que je ne lui plais pas trop. C'est dommage.
• Q-Tee. Elle me regarde avec un petit sourire. Le genre qui dit « vas-y Astro, montre leur comme tu es cool ! ». Je pense qu'elle est fière que je sois là. Ce doit être elle qui a négocié ma présence ici. Je n'ai pas envie de le décevoir.
• Noa Baker. Oh, c'est trop bien !


Le cyborg s'approcha de Noa, avant d'aussitôt lui tendre la main pour qu'il la serre. Il plaça ensuite sa deuxième main sur celle de la souris, dans un geste très affectueux. Son visage était rayonnant, son regard brillant braqué dans celui de son collègue. Il avait à cet instant l'air de tout sauf d'un robot.

Vous êtes Noa Baker ! Je suis tellement heureux. Vous rencontrer est la chose la plus importante qui me soit arrivée de toute ma vie ! … Je crois ! … Je suis presque sûr ! Vous êtes le premier terranide que je peux toucher en vrai. Vous êtes incroyable, et vous êtes tellement beau ! Je vais travailler avec vous n'est-ce pas ?

L'ingénieur en chef toussota, gênée, et posa une main sur l'épaule d'Astro.

– Excusez-le. Il a une parfaite connaissance du protocole, mais il est encore un peu jeune.


Évidemment, Q-Tee s'adressait aux deux femmes, et pas à Noa. Se rendant compte de son erreur, le jeune cyborg lâcha soudainement la main de son futur coéquipier pour se tourner face à ses supérieures. Il s'inclina longuement et très respectueusement. Mais dès qu'il eut terminé, son regard fut de nouveau pour le rongeur.

Je suis très honoré de servir à vos côtés, conclut-il simplement, avec un sourire plus mesuré.
Astro est un cyborg généreusement fournit par Stardust industries, reprit l'ingénieur en chef, pour notre usage exclusif. Il est presque entièrement organique, ce qui le rend d'une discrétion absolue, tout en conservant la… malléabilité des systèmes informatisés.
J'ai l'air vrai, pas vrai ? tenta de plaisanter Astro. Une œillade inquiète de Q-Tee le dissuada de continuer sur le même ton. Il joignit les mains sur son ventre et se tut donc.
Il est très fiable, continua l'humaine, cette fois pour Noa. Mais ne le perdez pas trop des yeux. Il a encore besoin d'un petit temps d'adaptation. Il n'a qu'une semaine d'existence.
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Noa Baker le samedi 23 septembre 2017, 23:36:08
Noa regarda avec stupéfaction le cyborg faire son entrée dans la pièce. Était-ce une blague?
Ce n'était pourtant pas le style de Q-Tee, elle prenait son travail très à cœur.
Le lagomorphe avait une certaine prestance et ses gestes étaient sûrs. Un bref instant, Noa tenta de s'imaginer à quoi pouvait ressembler un robot sous ces vêtements mais il balaya rapidement cette image, plus vivace qu'il ne l'aurait voulue. Il avait fière allure dans son costume noir et il rappelait à Noa ses premiers pas dans ces locaux, empli de cette certitude que sa vie prenait enfin une bonne tournure. Il aurait eu envie de crier au nouveau venu de s'enfuir mais au lieu de ça il se contenta d'afficher son visage le plus froid et professionnel possible.
L'unité synthétique se dirigea droit vers Noa et lui serra la main chaleureusement comme jamais on ne l'avais fait à la Section D.
Ou plutôt comme jamais personne ne l'avait fait auparavant.
Noa n'était pas habitué à ce genre de démonstration affective, à plus forte raison de la part d'un étranger, et le contact réconfortant de la main du cyborg le mit mal à l'aise.
Retirant sa main plus brusquement qu'il ne l'aurait voulu, il écouta le discours incertain d'Astro qui contrastait presque avec sa gestuelle:

– Vous êtes Noa Baker ! Je suis tellement heureux. Vous rencontrer est la chose la plus importante qui me soit arrivée de toute ma vie ! … Je crois ! … Je suis presque sûr ! Vous êtes le premier terranide que je peux toucher en vrai. Vous êtes incroyable, et vous êtes tellement beau ! Je vais travailler avec vous n'est-ce pas ?

Noa était stupéfait! Astro avait tout d'un enfant, l'innocence et l'espoir d'un monde meilleur, la confiance en l'autre qui ne peux pas vous vouloir du mal tant que vous n'avez pas fait de bêtise ainsi qu'une joie de vivre qui exaspéra presque instantanément la petite souris.

– Excusez-le. Il a une parfaite connaissance du protocole, mais il est encore un peu jeune.

Noa eut envie de hurler son désaccord mais il savait parfaitement que nul ne s'intéressait vraiment à son avis. Si la section D voulait le faire travailler avec ce robot, il n'y avait ien au monde qui pouvait sortir Noa de cette situation. Il fit de son mieux pour éviter le regard du jeune premier qui semblait presque le dévorer des yeux.

Je suis très honoré de servir à vos côtés, conclut Astro avec une humilité parfaitement programmée.
Astro est un cyborg généreusement fournit par Stardust industries, reprit l'ingénieur en chef, pour notre usage exclusif. Il est presque entièrement organique, ce qui le rend d'une discrétion absolue, tout en conservant la… malléabilité des systèmes informatisés.
J'ai l'air vrai, pas vrai ? tenta de plaisanter Astro. Une œillade inquiète de Q-Tee le dissuada de continuer sur le même ton. Il joignit les mains sur son ventre et se tut donc.
Il est très fiable, continua l'humaine, cette fois pour Noa. Mais ne le perdez pas trop des yeux. Il a encore besoin d'un petit temps d'adaptation. Il n'a qu'une semaine d'existence.

Parfait. Juste parfait. Me voilà maintenant promu au grade de babysitter!

"Et je dois donc le tester sur le terrain ? Il est apte à agir sous couverture ou est-ce qu'il ne s'occupera que du soutient logistique?"
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Lapin le dimanche 24 septembre 2017, 01:34:53
La question créa un léger flottement. Astro regardait à présent l'ingénieur en chef avec un air attentif. Il ne donnait absolument pas l'impression de connaître la réponse, mais plutôt d'avoir hâte de l'entendre.

Eh bien… commença Q-Tee, avec un peu de gêne. Tout comme toi. Il a exactement les capacités attendues d'un agent normal.
Ce qu'essaie de vous dire Q-Tee, reprit l'analyste d'un ton un peu plus sec, c'est qu'on pourrait bien décider de remplacer tous les agents de terrain par des synthétiques si les résultats sont concluants. Ils ont beaucoup d'avantages. J'imagine que ça vous fera des vacances.

Le colonel Higgs ne dit rien. Peut-être pensait-elle à tous les usages qu'elle pourrait faire de Noa s'il n'était plus en service ? Ce fut Astro lui-même qui osa prendre la parole. Comble de l'impolitesse pour la culture tekhane, ce fut même pour contredire les propos de Draven.
 
Je n'ai pas pour objectif de remplacer des opératifs aussi expérimentés que l'agent Baker ! Je suis complémentaire, n'est-ce pas ?
Oui, je suppose… tempéra Q-Tee, avant d'être coupée de nouveau par l'analyste, qui n'avait visiblement pas bien pris la remarque.
Ça dépend de si tu as envie d'être démantelé ou pas ? Vu les fonds engagés sur le programme ASTRO, ils ont envie d'avoir des résultats. Que tu sois performant rapidement. Sinon, tu files à la casse.
Oh. Je vois, articula Astro.
Commence par ne pas interrompre tes supérieures en public, conseilla Higgs. Ni en privé, en fait.
Bien reçu…

Le cyborg avait perdu son sourire, et son visage affichait désormais la moue d'un enfant qu'on aurait grondé. Il ne disait plus un mot. Il y eu un nouveau flottement. Personne ne voulait visiblement renchérir sur le sujet.

Super, je crois qu'il boude, soupira le colonel Higgs. Bon, allez vous changer au vestiaire. Échangez vous des conseils entre rongeurs, attrapez votre équipement habituel et enfilez des vêtements pour vos couvertures respectives. Vous prenez un portail pour Nexus dans dix minutes. Dépêchez-vous, il restera pas ouvert toute la journée.
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Noa Baker le dimanche 24 septembre 2017, 22:26:30
"Eh bien… commença Q-Tee, avec un peu de gêne. Tout comme toi. Il a exactement les capacités attendues d'un agent normal."
Sous entendu, je ne suis pas normal. Si même Q-Tee s'y met ça va devenir de plus en plus pénible au boulot.
"Ce qu'essaie de vous dire Q-Tee, reprit l'analyste d'un ton un peu plus sec, c'est qu'on pourrait bien décider de remplacer tous les agents de terrain par des synthétiques si les résultats sont concluants. Ils ont beaucoup d'avantages. J'imagine que ça vous fera des vacances."
Mais bien sûr, payons des vacances à nos esclaves! Quelle bande d'hypocrites. Dés que je peux il faut que je prévienne le FLT.

"Je n'ai pas pour objectif de remplacer des opératifs aussi expérimentés que l'agent Baker ! Je suis complémentaire, n'est-ce pas ?"
Ça, ça reste à prouver mon bonhomme.

Noa se désintéressa du reste de la conversation alors qu'il réfléchissait au moyen de contacter rapidement le FLT. Leur protocole n'était pas encore tout à fait au point, la cellule de Tekhos étant encore jeune et balbutiante, et il n'avait encore jamais eu besoin de les contacter dans l'urgence, n'ayant pour le moment que fourni des informations classifiées. La situation était cependant préoccupante car il avait entendu parler de ce Syan Trois-Doigts et savait qu'il était lié au FLT.

Son esprit raccrocha les wagons lorsqu'il fut à nouveau question de la mission:
- Super, je crois qu'il boude, soupira le colonel Higgs. Bon, allez vous changer au vestiaire. Échangez vous des conseils entre rongeurs, attrapez votre équipement habituel et enfilez des vêtements pour vos couvertures respectives. Vous prenez un portail pour Nexus dans dix minutes. Dépêchez-vous, il restera pas ouvert toute la journée.
Noa exécuta un salut militaire et fit signe à Astro de le suivre.
L'esprit ailleurs, il ne fit pas spécialement attention au discours du lapin qui semblait déjà s'être entiché de lui et ce n'est qu'en face de la porte du vestiaire réservé aux hommes qu'un déclic se fit en lui. N'ayant jamais croisé les autres agents mâles de la section D, il avait toujours eu les vestiaires pour lui seul, mais il se trouvait maintenant accompagné et il allait devoir se changer sous les yeux d'un autre. Noa pesta en son fort intérieur (il était devenu spécialiste en la matière avec le temps) mais se fit rapidement une raison.
Enfin, c'est ridicule, cet Astro n'est qu'un robot. Peu importe que son apparence soit mâle ou femelle.
Ouvrant la porte, il s'adressa à son nouveau collègue:
"Ecoutes moi bien, je me fiche de tes capacités ou de ce que tu peux penser de moi. Nous n'allons pas à Nexus pour jouer aux espions, je risque ma vie sur cette affaire, et je n'ai pas l'intention de la perdre, ni pour toi ni pour Tekhos, alors tu ferai bien de suivre mes ordres à la lettre sinon je demande à Q-Tee où se trouve ton bouton reset!"
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Lapin le lundi 25 septembre 2017, 00:38:16
Le cyborg n'ajouta rien. Il avait compris que les agents dans la pièce, à l'exception peut-être de Q-Tee, n'avaient rien des scientifiques qui s'émerveillaient avec une fierté béate de ses moindres mots. Ils s'en fichaient pas mal qu'il soit une création prodigieuse de l'esprit humain. Ils avaient tous des préoccupations qu'il ne savait pas encore très bien cibler. À commencer par le terranide. Apprendre à le connaître était à présent la première préoccupation d'Astro. Ce n'est qu'à la condition de bien  cerner son partenaire, pensait-il, qu'il pourrait mener cette mission à bien.

La vexation du lapin fut de très courte durée. Sitôt qu'on lui en donna l'ordre, il sautillait déjà derrière Noa, direction les vestiaires. Il avait de nouveau un air joyeux au visage… hélas, cette expression, elle aussi, fut temporaire. Les propos de l'agent plongèrent le cyborg dans la perplexité la plus totale. Il ne comprenait pas vraiment que le terranide puisse placer sa vie avant Tekhos, alors que Tekhos était tout aux yeux d'Astro.

Par défaut, il opta pour une réponse toute militaire, répondant dans un registre ferme et concerné :

Compris Major. Je ne vous décevrai pas. Suite à vos instructions, j'ai décidé de porter une attention particulière à votre survie. Vous êtes rassuré, major ?

D'un pas devenu un peu raide, le cyborg pénétra dans le vestiaire. C'était une pièce d'environ dix mètres carrés, en longueur, les murs beiges. Dans une première partie, les penderies alternaient avec de grands miroirs rectangulaires dans lesquels il était possible de se voir entièrement. Grâce à d'autres surfaces réfléchissantes astucieusement positionnées, il était même possible de se regarder sous tous les angles, y compris de dos. La zone la plus éloignée de l'entrée était destinée aux équipements plus techniques, disposés sur une table ou accrochés au mur du fond.

Astro déboutonna la veste de son uniforme. Dénué de toute décoration, il aurait presque pu convenir à leur couverture de personnel administratif, mais pas à Nexus. Soucieux de ne pas attirer l'attention sur leur différence de niveau technologique avec le reste du monde, même les officiels tekhans étaient soumis à un code vestimentaire assez strict, lorsqu'ils paraissaient à l'extérieur de leur territoire. En particulier, il fallait éviter toute étoffe synthétique.

Pour l'occasion, leurs tenues étaient en coton et en lin, des matériaux qui n'étaient plus utilisés qu'exceptionnellement à Tekhos. Elles se composaient de sous-vêtements, de tuniques sobres, de pantalons assortis et de souliers simples en cuir. Elles avaient été artificiellement usées pour ne pas paraître trop neuves. Elles étaient parfaites pour passer inaperçu, aussi bien à l'ambassade que dans les rues de la plus grande ville de Terra.

Le cyborg passa son tee-shirt par-dessus sa tête, exposant la fourrure gris clair de son torse. Elle était assez courte pour laisser distinctement voir les deux tâches roses de ses tétons. Physiquement, le lapin n'était pas très impressionnant. Cependant, les reliefs de ses muscles, aussi bien pectoraux qu'abdominaux, étaient bien marqués. Astro avait un air absent, il cogitait toujours.

Je crois que Noa ne m'aime pas beaucoup… Je ne sais pas vraiment ce qu'il attend de moi. J'espère qu'il ne s'est pas senti humilié par les propos de l'agent Draven. J'espère qu'il n'a pas peur de moi… Mon approche a peut-être été mauvaise. C'est mon devoir de bien m'entendre avec mon coéquipier. Je ne peux pas rater ça. Je dois trouver quelque-chose. Je vais trouver quelque-chose.

Le jeune agent interrompit sa préparation et se tourna vers Noa. Pendant une bonne dizaine de secondes, il sembla le regarder, de haut en bas, en train de se déshabiller. Il n'avait pas d'expression particulière au visage, mais son regard vert ne ménageait aucunement sa pudeur. Enfin, il tenta :

Vous semblez tendu major. Est-ce que vous avez identifié des risques spécifiques à la mission ? Est-ce à cause de moi ? Major. Est-ce qu'avoir un rapport sexuel avec moi vous permettrait d'évacuer le stress ? Des études montrent que les endorphines relâchées pendant un orgasme permettent de lutter contre la tension nerveuse. La durée moyenne d'un coït pour votre espèce étant de 5,2 minutes, nous ne serions probablement pas en retard.

L'offre avait été faite sur un ton parfaitement naïf et gentil, avec la même normalité que s'il lui avait proposé un verre. Astro pencha la tête sur le côté, sans quitter son coéquipier des yeux. Il pressentait qu'il avait peut-être commis une erreur. Il n'était seulement pas encore absolument certain de laquelle.
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Noa Baker le mardi 26 septembre 2017, 12:29:44
Sur le visage de Noa, la stupéfaction fit rapidement place à la colère.
"Putain, j'y crois pas, ils ont pensé à programmer leurs préjugés moisis dans ta caboche ! Alors vu que je suis un Terranide, je suis un sauvage qui ne pense qu'à copuler et manger ? Aujourd'hui tu me tiens en laisse, demain ce sera la muselière, c'est ça ?”
Face à l'expression d'Astro cependant, Noa se dit qu'il y avait été un peu fort. Il reprit son calme presque instantanément, fort de son habitude à maîtriser ses émotions. Après tout ce n'était pas la faute d'Astro et il aurait rapidement l'occasion de découvrir le lot quotidien de ses semblables.
Noa se changea en silence mais ne put s'empêcher de jeter un œil discrètement au lapin qui faisait de même, sans vouloir vraiment s'avouer que c'était surtout le trouble consécutif à la proposition qui l'avait mis en colère contre lui même, plus que la maladresse somme toute bon enfant du robot.
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Lapin le mardi 26 septembre 2017, 16:41:31
Le cyborg baissa la tête, ennuyé. Ses grandes oreilles tombant de chaque côté, touchant ses épaules, lui donnaient un air réellement accablé. Son élocution était toujours parfaite, mais elle s'était faite pesante, alors qu'il faisait son mea culpa.

Désolé major… j'ai commis plusieurs erreurs majeures. Je n'ai pas pensé que ma phrase pouvait être dégradante pour vous. J'ai aussi omis de me renseigner sur votre orientation sexuelle. Enfin, cette proposition était socialement inadaptée car elle s'inscrit dans un cadre professionnel. C'était une mauvaise interaction, major. Je vais faire de mon mieux pour ne pas reproduire de faute semblable.

N'ajoutant rien, Astro attrapa la tunique médiévale en coton blanc. Il avait observé un peu trop longtemps l'agent sans rien dire, et il risquait de prendre du retard. Heureusement, il fut rapide à se rattraper. Le haut était très ordinaire, avec pour seule fioriture un col lacé qu'il ferma sans difficulté. Une fois que ce fut fait, il se baissa pour défaire ses chaussures, puis descendit son pantalon. La fourrure de ses jambes était brune, comme la majeure partie de son corps. En revanche, les muscles de ses cuisses étaient plutôt impressionnants.

Sans attendre, le jeune cyborg fit également tomber son sous-vêtement, un boxer noir. Sur ses fesses, son pelage était gris et fin, presque un duvet. Tout aussi clair, il était en revanche plus épais à l'avant. S'il regardait, Noa pourrait constater que son coéquipier n'était certainement pas asexué. La forme couleur chair suspendue a ses hanches semblait d'une bonne taille. Cependant, même si Astro ne se cachait pas spécialement, les mouvements permanents de ses jambes qui enfilaient un nouveau maillot rendaient difficile d'en distinguer les détails sans y porter une attention plus ciblée.

Tout le monde passe son temps à me faire des remarques. C'est normal, je dois apprendre. Ils font ça pour m'aider. Ce n'est pas que je sois raté, ou qu'ils ne m'aiment pas. C'est juste que je ne suis pas encore complètement mature. C'est tout. C'est tout. Quand on aura commencé cette mission, tout ira bien. Je suis sûr que le major va finir par m'apprécier, surtout si je fais bien mon travail.

Le pantalon était adapté à la morphologie terranide, avec un trou où le cyborg glissa sa queue. Habillé, il demanda à Noa :

Est-ce que nous aurons besoin d'équipement spécifique pour cette mission major ?

Astro essayait de garder encore une fois un ton professionnel, mais ses intonations cachaient mal un enthousiasme revenu aussi vite qu'il était parti. Ses yeux grand ouverts brillaient d'impatience. Au-delà du tir, il n'avait pas de formation particulière aux gadgets… ce qui rendait la chose encore plus intéressante pour lui.
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Noa Baker le mardi 26 septembre 2017, 22:43:55
Après avoir passé sa colère sur Astro, Noa lui tourne le dos et ouvre son casier pour y prendre la tenue adéquate qu'il dépose soigneusement sur le banc à côté. Il ôte ensuite ses vêtements un par un et les plie méticuleusement et de façon très martiale, presque comme un rituel. Gêné par la présence de son coéquipier, il fait de son mieux pour cacher les partie intimes de son anatomie et entreprend rapidement d'endosser les vêtements rêches qui ne sont pas du tout de son goût. L'esprit occupé à cette tâche ainsi qu'à une intense réflexion sur la mission à venir et la façon dont il pourrait prévenir le FLT, il n'a pas pris la peine de refermer son casier dans lequel un œil affûté aurait pu apercevoir une robe de soirée noire et des souliers rouge sang à côté de sa tenue de jogging.

- Est-ce que nous aurons besoin d'équipement spécifique pour cette mission major ?
- Nous nous contentons en général du minimum d'objets technologiques lors de nos mission à Nexus. Surtout concernant les armes. Si tu n'es pas capable d'émettre ou de recevoir sur les ondes courtes, il te faudra un communicateur comme le mien.
Associant le geste à la parole, Noa plaça un gros bracelet en cuir brun autour de son poignet menu. Ses petites mains fines et agiles refermèrent la boucle avec une rare habileté, geste qu'il avait déjà accompli des milliers de fois.
- Le reste de l'équipement sera disponible auprès de la station de Nexus. Au fait, dis moi, depuis combien de temps est tu en service ?
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Lapin le mercredi 27 septembre 2017, 18:56:50
Le cyborg hocha la tête. Cela faisait en effet sens de n'emporter qu'un minimum de technologie sur Nexus… et bien dissimulée sous une apparence d'accessoires rudimentaires. Il avait beaucoup de données sur la région, mais évidemment, aucune expérience.

C'est noté major ! Vous savez, je suis moi-même une sorte d'objet technologique. Mais le programme ASTRO a réussi l'exploit de me créer en utilisant seulement 4% de masse synthétique. Pour tout le reste, je suis un véritable terranide !

Il fit un grand sourire, et ferma les yeux. Au même moment, le communicateur de Noa s'activa, et la voix du cyborg retentit, sans qu'il ait ouvert les lèvres ou émit le moindre son depuis son propre corps.

Mes capacités d'interfaçage informatique sont assez limitées. C'est une volonté de mes créateurs. Je ne peux pas répliquer ma mémoire hors de mon corps, ou dupliquer mes programmes. Alors bien sûr, il faut faire attention à moi… je suis mortel comme n'importe quel organique… Cependant… je suis quand même capable de communiquer dans la plupart des protocoles standards de Tekhos.

Astro rouvrit les yeux, et répondit à la question de son partenaire avec grand plaisir :

Oh, mon souvenir le plus lointain remonte à huit jour et quinze heures. Ma partie biologique a été en gestation pendant sept mois avant ça. Mais ça n'était pas vraiment moi, car il me manquait, oh oui… un cerveau. Alors je pense que c'est correct de dire que je suis né il y a un peu plus d'une semaine. C'est ma première mission, pour sûr ! Je suis tellement heureux que vous soyez mon premier coéquipier major Baker ! J'ai tout à apprendre de vous.

Le jeune agent avait repéré les habits féminins dans le casier de Noa… ce qui ne le choqua absolument pas. Il montra du doigt les vêtements derrière la souris comme s'il s'était agi d'un détail particulièrement intéressant. Ils avaient été plutôt brefs à se changer, et ils disposaient encore d'un peu de temps pour discuter.

Il vous arrive de camoufler votre sexe véritable pour les besoins de missions, major ? Oh, major, je suis impressionné ! Je ne crois pas que je serais capable de changer aussi facilement mes conventions de genre. J'ai déjà un peu de mal avec celles de mon enveloppe actuelle.

Il pouffa. Son rire était celui d'un gamin, mais sonnait parfaitement naturel.
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Noa Baker le jeudi 28 septembre 2017, 22:46:16
Noa n'était pas vraiment surpris par la capacité d'Astro à communiquer par radio, il s'y attendait, mais il fit semblant d'être surpris, feignant même l'admiration. En son for intérieur cependant, il calculait déjà les complications que ce nouvel élément allait immanquablement apporter.

– Il vous arrive de camoufler votre sexe véritable pour les besoins de missions, major ? Oh, major, je suis impressionné ! Je ne crois pas que je serais capable de changer aussi facilement mes conventions de genre. J'ai déjà un peu de mal avec celles de mon enveloppe actuelle.

Noa pesta contre sa maladresse. Ce genre d'oubli pouvait lui coûter la vie en mission et il savait aussi que son double jeu requérait un surplus d'attention au détail primordial. Mais la gaffe était réparable et il s'appliqua à mêler un peu de vérité à son mensonge afin de le rendre plus crédible:

- Si un jour tu as l'occasion de te balader à Tekhos, tu découvrira vite qu'il n'y a qu'une chose qui peut être pire aux yeux des tekhans que d'être un terranide. Être un mâle est une tare innommable pour eux et endosser l'identité du seul sexe socialement acceptable est une nécessité pour moi.
Je n'ai rien que mes talents pour survivre au quotidien dans ce monde qui ne veux pas de moi, alors je m'adapte.


Bon sang, mon discours s'approche dangereusement de la haute trahison là, il ne faut pas que je me laisse avoir par son comportement juvénile. Si ça se trouve ils l'ont programmé dans le but de faire baisser ma garde. Il faut que je rattrape le coup...

- Tu sais, j'ai l'impression que tu me voues une admiration naïve et sincère, mais je crois bien que tu es le premier. Je suis un esclave Astro, je n'ai pas le choix, mais je ferai tout mon possible pour servir Tekhos du mieux que je peux. Ils m'ont laissé ma chance malgré tous mes défauts, et je peux vraiment faire la différence, agir pour un monde meilleur.

Ca, c'est pour la propagande. Hail Tekhos!

Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Lapin le vendredi 29 septembre 2017, 18:57:39
Astro ne cessa d’acquiescer et de hocher la tête, écoutant le discours de Noa avec un air fasciné. Il comprenait tout ce que son supérieur lui disait à propos de ses motivations et de la société tekhane, sans réellement en saisir les enjeux. Pour lui, c'était une chose actée, le monde était quelque-chose de fixe avec lequel il fallait composer, et en cela il entendait bien la politique de survie prônée par le terranide. Cependant, il ne venait même pas à l'idée du cyborg d'espérer y changer quoi que ce soit.

L'adaptation major, c'est le synonyme le plus proche que j'ai pour le mot « intelligence » ! répondit l'agent avec ferveur, persuadé de marcher à fond dans l'idée de Noa.

Il était à présent temps pour les deux espions de rejoindre leur lieu de mission. Après avoir rangé toutes leurs affaires, ils sortirent donc du vestiaire pour se diriger vers la salle des portails. L'agence était considérée comme suffisamment importante pour bénéficier de son propre système de téléportation.

Évidemment, on n'entrait pas dans cette zone comme dans un moulin. Les deux terranides entrèrent dans un sas ; une porte métallique hermétique se referma automatiquement derrière eux. L'air semblait légèrement pressurisé. Puis, un instant plus tard, un gaz rosâtre sortit des coins supérieurs de la pièce et l'emplit. Le processus ne fut pas très longtemps, une dizaine de secondes, avant que l'aérosol ne fut aspiré avec un bruyant chuintement par là même où il avait été projeté.

Décontamination… commenta Astro. Il est encore plus important de ne pas amener nos germes dans un province telle que Nexus que le contraire, c'est bien ça ?

Puis la seconde porte s'ouvrit.

La pièce se reconnaissait immédiatement par l'épaisseur et la composition des murs. Noir de jais, ils étaient conçus pour empêcher toute magie de s'échapper de la pièce, aussi bien que pour contenir aux mieux les radiations d'un dispositif nucléaire. Bien sûr, de tels événements étaient peu probables, et le portail était configuré pour ne laisser passer qu'une quantité limitée de matière. Mais en tant que point d'entrée vers Tekhos, il s'agissait toujours potentiellement d'un emplacement critique. La sécurité était également assurée par la présence d'un méca au blindage jaune-sombre, en veille dans le fond. L'engin n'était pas tout jeune, mais s'il se mettait en action, il semblait encore tout à fait capable d'écraser des intrus en provenance de l'extérieur.

Enfin, bien sûr, au milieu de l'espace, il y avait la porte. C'était un dispositif d'apparence finalement assez modeste ; un gros triangle isocèle dressé d'environ trois mètres de haut. Il semblait fait principalement de verre, et était transparent lorsqu'il était inactif. Évidemment, ce n'était pas une porte destinée à être traversée par des armées.

Est-ce que ça fait mal, major ? demanda le cyborg d'un ton joyeux qui n'allait pas franchement avec la question.

Pourtant, si son système nerveux central était informatique, celui-ci était programmé pour recevoir la sensation de ses nerfs biologiques, et y réagir comme l'aurait fait n'importe quel vrai individu. Aussi, la douleur pouvait, même chez-lui, se faire particulièrement… désagréable, sans qu'il ne puisse rien y faire. C'était là encore une mesure pour réduire les différences perceptibles avec les organiques.

Après une bonne minute d'attente, une voix retentit dans la pièce, en provenance de la salle de contrôle, situé en dehors de la zone d'embarquement elle-même :

Deux agents, dont un cyborg modèle ASTRO. Pas d'autre dispositif de catégorie A à déclarer. Destination : Terra – Nexus, ambassade de Tekhos. Confirmez. OK. Ouverture dans 5… 4…

Fin du compte à rebours. Le verre sembla onduler alors que des tâches de lumières bleues et mauves naissaient un peu partout à sa surface. Le phénomène était éblouissant et les agents expérimentés évitaient généralement de le regarder en face. Comprenant son erreur, Astro finit par détourner les yeux à son tour. La vue légèrement perturbée par l'explosion lumineuse, il distinguait à peine le verre ondoyant, véritable porte ouverte dans le néant. Mieux valait peut-être ne pas trop regarder. De l'autre côté, il y avait un équivalent de la pièce dans l'ambassade tekhane, dont l'apparence toutefois devait être assez différente du lieu qu'il venait de quitter. Ils s'y enfoncèrent.
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Noa Baker le lundi 02 octobre 2017, 22:29:28
"Eh bien Noa, ça faisait longtemps!"
"Bonjour Miss Shein."
"Assieds-toi veux-tu. Thé vert ?"
"Mon préféré. Merci."
"Alors, qu'est-ce qui amène ma petite souris à Nexus ?"
Miss Shein était membre de la noblesse de Nexus et ne paraissait pas ses soixante ans. Elle était certainement la seule personne au monde à pouvoir appeler Noa de la sorte sans le vexer. Elle était chaleureuse et pouvait paraître gentille à qui ne la connaissait pas et malgré le fait que Noa n'appréciait guère l'activité de son amie, il avait confiance en elle.
"La Section D a eu vent d'un attentat à venir. Je ne sais pas dans quelle mesure le FLT est impliqué et je ne voudrais pas commettre un impair."
"Tu sais bien que je ne cautionne pas ce genre de pratiques. Je me contente en général de sortir mes filles de l'esclavage..."
"Pour les mettre au tapin, oui, je suis au courant. Mais peux tu me mettre en contact avec une autre cellule du FLT?"
Effectivement la fondation de Miss Shein investissait dans l'achat d'esclaves Terranides afin de leur rendre la liberté. Bien entendu, affranchir les esclaves n'était pas légalement possible à Nexus, raison pour laquelle ils restaient malgré tout la propriété de la fondation et moyennant quelques services de temps en temps, ceux-ci pouvaient jouir d'une liberté relative. Les terranides les plus aptes à fournir des services sexuels restaient cependant au service actif de Miss Shein.
"Tu sais bien que nous cloisonnons les infos; mais j'ai peut-être une piste pour toi: Ergos le Fumeux m'a passé commande de quelques filles pour animer une soirée à la Taverne du Coussin d'Or. Ergos est très actif ces derniers temps et je sais qu'il doit voir un contact important. Peut-être un membre de la noblesse nexusienne..."
"Tu peux me faire entrer?"
La vieille femme sourit:
"Oh, Noa, tu n'as pas changé!"

Un peu plus tard, Noa sortait de chez son amie, un paquet sous le bras. Il réactiva son bracelet afin de prévenir son coéquipier:
"Astro? J'ai peut-être trouvé une piste pour notre affaire. Je te retrouve à l'ambassade, il va falloir prendre un peu d'équipement et je vais devoir me changer."
Pour la quatrième fois de la journée...

L'ambassade tekhane à Nexus est un prodige de rétro-architecture. Construite pour devenir la vitrine d'une nation sur-développée d'un point de vue technologique dans une cité-état qui diabolise la science, seule une main d’œuvre qualifiée supervisée par le génie des architectes tekhanes ont pu donner jour à cette merveille de l'urbanisme.
Il aura fallu un an aux ouvriers pour sortir de terre l'ambassade, sans faire usage de l'outillage electro-portatif habituel. Aucun mecha n'avait été déployé lors du chantier et d'astucieux systèmes de poulies et de contrepoids avaient remplacé les traditionnelles grues réalisant une prouesse dont seul Tekhos avait le secret.
Toute en verre et béton, l'ambassade forme une parenthèse de bâtiments administratifs orientée plein sud de près de trois cent mètres de long sur quatre étages. Bien évidemment, l'ambassade forme un contraste incongru avec les maisons à encorbellement qui l'entourent et sa présence n'est pas du goût de tout le monde, mais son érection a respecté toutes les règles en vigueur à Nexus. L'essentiel de l'énergie est fourni par une mini centrale à charbon mais l'éclairage est fourni par tout un système de tuyauterie à gaz, donnant aux couloirs de l'ambassade une ambiance oscillant entre plusieurs époques.
Bien entendu, tout ceci ne vaut que pour l'ambassade et les locaux de la Section D, cachés en sous-sol, disposent de toute la modernité dont peut faire preuve Tekhos.
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Lapin le samedi 07 octobre 2017, 01:16:18
D'abord, j'ai été décontenancé par le fait que le major ne me demande pas de venir avec lui… je pensais que nous allions travailler ensemble, au moins au début, pour apprendre. Mais je suis tellement content qu'il me fasse déjà assez confiance pour me donner une mission à accomplir seul ! Il doit juger que nous serons plus efficaces chacun de notre côté. Ce n'est pas du tout pour se débarrasser de moi. Non. Non. Je ne pense pas.

Oh oui, je vais prendre ça aussi ! Ça a l'air vraiment très bon. Merci madame.

Astro n'était pas très loin de l'ambassade quand son coéquipier l'appela. Il n'avait pas à se presser pour rentrer avant lui. Pendant les quelques heures qu'il avait eu, il avait visité Nexus… et sur le papier, c'était presque tout. En même temps, c'était exactement ce que Noa lui avait demandé de faire : apprendre à connaître la ville et à s'y intégrer naturellement. Ne pas se faire remarquer, ne rien tenter de dangereux pour le moment. Une direction plutôt bonne, que le cyborg s'était fait une joie de suivre.

Génial major, je vous attends là-bas ! transmit-il, tout excité par la perspective d'une nouvelle piste.

Le terranide fit un grand sourire à une pâtissière et trottina vers le lieu de rendez-vous. Il n'y avait pas grand-monde dans le quartier qu'il traversait. En périphérie du centre de Nexus, il abritait des résidences humaines assez modestes, et des commerces attenants – à la fois moins raffinés et moins chers. La plupart des habitations étaient en torchis et en bois, et leur densité était si forte que seule la magie des E.S.P.er devaient les protéger d’incendies dévastateurs. Contrairement à la plupart des autres endroits de la ville, il n'y avait presque aucun terranide dans les rues. La population était presque exclusivement humaine, et n'avait pas les moyens de disposer de domestiques.

Wesh… ! mais r'gardez qui voilà. Un lapin.
Ahahaha. Avec une tarte, yo. C'est des cerises ?
Wesh, lapin. C'est trop bon pour les esclaves dans ton genre ça.

Le cyborg s'arrêta net, intrigué. Deux adolescents l'avaient interpellé.

Ils étaient tous deux grands et maigres, habillés modestement dans le même style, mais ne se ressemblaient pas assez pour être frères et sœurs. Le premier à parler était un blond, le regard sombre, les cheveux courts et le front bombé. Sa peau n'était pas très soignés, il avait plusieurs cicatrices dans le cou et au menton. Le second avait des mèches noires qui lui tombaient dans les yeux, au-dessus d'un nez busqué et d'une mâchoire étroite à la barbe naissante et aux dents mal alignées. Ils paraissaient un peu crasseux, et l'odorat développé d'Astro n'était pas ravi par leur présence.

T'sais combien de temps ça fait que j'ai pas bouffé ? reprit le blond en s'approchant du terranide. Pourquoi un larbin comme toi aurait le droit et pas moi ? Hein ?
Je peux vous en donner une part si vous voulez, répondit calmement l'agent, avec un sourire timide. Les adolescents s’esclaffèrent.
Nan. Tu nous files tout et tu te casses.

Son compagnon s'approcha de son oreille pour lui glisser quelques mots, qu'il n'osait visiblement pas prononcer à voix haute. Un sourire malsain apparut sur son visage. Après un moment d'hésitation ils acquiescèrent mutuellement.

Attend. Paraît que tous ceux de ta race kiffent se faire prendre par des mecs comme nous.
C'est vrai ça, hein lapin ? T'es facile à chauffer ?

L'autre adolescent attrapa une des oreilles d'Astro entre ses doigts pour la plier un peu. Puis il lui caressa la tête avec un air narquois. Le cyborg ne réagit pas au geste, qui n'avait pourtant rien d'agréable. Mais bientôt il se crispa. Le jeune homme venait de sortir de sa manche un canif rudimentaire. L'objet rouillé mais néanmoins coupant pressait désormais contre le ventre du terranide.

Tu nous suis vite fait, sinon on t'ouvre le bide.

L'agent regarda ses agresseurs avec gêne.

Noa m'a demandé de ne pas avoir d'ennuis. Il va être tellement déçu… je ferais mieux de le contacter maintenant…

Major… Je vous ai acheté une tarte aux cerises ! J'espère qu'elle vous plaira. Je suis actuellement à trois-cent mètres à l'ouest de l'ambassade.

Oh, en revanche, j'ai rencontré deux jeunes humains. Je crois qu'ils m'ont proposé des relations sexuelles. Major, je n'ai pas le temps pour des relations sexuelles dans cette mission pour le moment. Confirmez ? De plus, je n'aime pas leur ton. Aussi, ils me menacent de mort au moyen d'une arme primitive. Je ne crois pas qu'ils soient d'une quelconque importance pour la mission, mais ils m'empêchent de partir…

Je peux les exécuter major ?
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Noa Baker le mardi 10 octobre 2017, 20:28:35
Noa analysa rapidement la situation. Astro était très certainement toujours vêtu de la tenue qui l'identifiait en tant qu'esclave de l'ambassade tekhane. Si qui que ce soit était témoin d'une risque entre Astro et les humains, l'ambassade courait droit à l'incident diplomatique et Nexus réclamerait très certainement au minimum l'exécution du terranide.

"J'essaie de venir au plus vite. Ne leur fait rien tant qu'il y aura des témoins et essaie de ne pas les tuer."

Et s'il n'arrivait pas à s'en sortir?
Noa hocha la tête, il avait du mal à se faire à l'idée qu'Astro n'était qu'une machine.
Il avait l'air si... vivant. Et touchant malgré sa maladresse. Noa se fendit d'un premier signe d'amabilité envers le lagomorphe:
"Et Astro? Merci beaucoup pour la tarte! Prend soin de toi."

Cependant, Noa n'était pas certain que laisser Astro gérer seul la situation était une bonne idée. Pour avoir déjà vécu ce genre d'embrouille, Noa savait qu'affronter des adversaires prêts à vous égorger quand on essaie de son côté de ne pas les blesser pouvait être extrêmement périlleux.
Et puis Astro, malgré tous ses programmes n'était après tout qu'une jeune recrue.
Et il était temps que Noa le considère comme tel.

Il pressa le pas tout d'abord puis il se mit à courir.
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Lapin le mardi 10 octobre 2017, 22:23:23
Le cyborg recula d'un pas, sans paraître particulièrement effrayé. Cette absence de réaction de peur troubla suffisamment l'adolescent pour qu'il ne cherche pas à mettre immédiatement ses menaces à exécuter.

J'ai reçu la consigne de ne pas vous faire de mal… mais vous n'allez pas partir, n'est-ce pas ?

Il regarda autour de lui. Des témoins, il y en avait sans en avoir. Des passants qui prenaient grand soin de faire un détour pour les éviter, et qui ne voulaient pas les voir. À chacun sa croix. Personne ne semblait vraiment prêter attention à une scène qui n'était peut-être que trop banale. Du reste, le ton n'était pas encore réellement monté.

Qu'est-ce t'as pas compris ? grogna l'humain au couteau, vexé.
Vas-y, crève-le.

Sous l'injonction de son ami, l'adolescent avança, un peu hésitant, son arme en main. Il porta un premier coup pas vraiment assuré, qu'Astro évita très facilement en faisant un pas supplémentaire en arrière. Le cyborg tenta de prendre la tangente, mais le blond, qui s'y attendait, lui coupa la route. L'humain était plus massif que lui. Sans le bousculer (et il ne se laisserait sûrement pas faire), l'agent ne pouvait pas vraiment s'en sortir. Il se retrouva rapidement acculé à un mur de torchis.

Le cyborg réfléchit rapidement. Il ne voyait qu'une seule solution non-violente pour gagner du temps. Gagner du temps était tout ce qui lui importait. Le major allait venir le sauver, il en était certain. Il avait compris que son partenaire se souciait de lui, et rien n'aurait pu lui faire plus plaisir.

C'est d'accord. Je vais vous suivre… et vous pourrez me prendre.
Y bluffe. Nique moi cette vermine.

Encore une hésitation de l'adolescent armé. Mais finalement, c'est l'appel de la brutalité qui l'emporta. Il décrit un moulinet haut avec sa lame, visant peut-être la gorge du terranide. Astro se baissa. Le blond en profita pour lui asséner un coup de pied dans le genou. Il tenta ensuite de le frapper au visage, mais l'agent dévia la frappe de la main.

De la même manière, le cyborg utilisa sa main pour bloquer une seconde frappe qui visait encore sa gorge. Sauf que celle-ci était portée au couteau. La dague s'enfonça dans sa paume, avant de ripper sur un os et de glisser, entaillant tout la moitié de l'avant-bras, sur la longueur. Du sang coula sur le sol. Instant d'interruption. Astro tituba, serrant contre son torse son bras mutilé.

Tu… tu l'as bien cherché ! fit le blond.
Allez, viens, on se taille, fit l'autre.

Les adolescents, plus très fiers, s'enfuirent en courant. L'agent se laissa glisser contre le mur, jusqu'à toucher le sol. Assis, les jambes pliées, il regardait le liquide rouge jaillir, avec au visage un mélange de fascination et de douleur. À cet endroit, même une plaie peu profonde saignait beaucoup. Surtout, la blessure était étendue, et son autre main n'était pas suffisante pour stopper l’hémorragie.

Désolé major… la tarte est tombée…
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Noa Baker le mercredi 11 octobre 2017, 12:56:00
Noa surpris les deux humains s'enfuir quand il reçut le message d'Astro:
"Désolé Major... La tarte est tombée."
Il les laissa s'enfuir et se précipita vers la ruelle ou se trouvait le cyborg. Il fut pris d'un sentiment de détresse quand il vit la flaque de sang autour d'Astro mais il aborda la situation avec un détachement particulièrement professionnel afin de ne pas perdre ses moyens.
Son premier objectif était de stopper l'hémorragie. Se servant de sa queue de rongeur, il fit plusieurs fois le tour du bras d'Astro et serra de toutes ses forces pour faire un garrot. La queue de Noa était particulièrement agile et douce, mais plus forte qu'il n'y paraissait et il s'en servait d'habitude avec brio pour ses acrobaties, ou lorsqu'il avait besoin de ses mains pour effectuer d'autres actions.
 Les mains libres, il put déchirer un pan de sa tunique pour en faire un pansement de fortune et appuyer sur la plaie alors qu'il prévenait la cellule de la Section D.
"J'ai besoin d'une équipe médicale de toute urgence."
Il regarda son camarade avec compassion.
"Allez, reste avec moi Astro, je sais que j'ai pas été tendre mais c'était pas une raison pour te tailler les veines mon lapin."
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Lapin le mercredi 11 octobre 2017, 23:03:56
Les yeux du cyborg n'étaient plus qu'admiration pour son coéquipier. Bien sûr, Astro avait mal, et cela se voyait encore à la grimace de son visage. Mais plus forte encore était sa béatitude face à la vitesse à laquelle Noa avait repris le contrôle de la situation.

Merci major. Je reste là, assura le cyborg d'une voix un peu faible mais posée. Il plaisanta : Vous n'allez pas être débarrassé de moi aussi facilement…

Le meilleur agent de tout Tekhos… Plus je le fréquente et plus je comprends pourquoi on l'appelle comme ça. Je n'aurais jamais pensé qu'il pouvait se servir de sa queue pour faire ça. Hu. Il a pas l'air trop fâché après moi mais… J'espère que je n'ai pas déjà tout gâché. J'ai encore tellement à apprendre à apprendre avec lui.

Aussi proche de l'ambassade de Nexus, les secours ne devaient pas tarder à arriver. Mais la tension baissa rapidement. Sous son pansement de fortune, Astro sentait que l’hémorragie avait déjà cessé. Le bandage avait été assez serré pour couper le flux, et le métabolisme amélioré du cyborg faisait le reste. En quelques minutes, le sang avait déjà coagulé autour de la plaie. Quand ils furent sur place, ils ne purent que constater que le travail de Noa avait été efficace.

Je récupère vite. Ne vous inquiétez pas major. Je me sens déjà beaucoup mieux. Je suis opérationnel pour la mission ! Je ne vais pas la compromettre, je vous promets.

Impressionnante, sa blessure n'était pas si profonde. Rien que les premiers secours tekhans ne puissent rapidement réparer. Mais l'agent craignait surtout que son partenaire demande à être débarrassé de lui, ou le juge inapte à continuer. En plus d'être un échec personnel, ce serait sûrement mauvais pour son maintien en fonction… Heureusement, l'être artificiel pouvait compter sur sa nature.

Moins de quinze minutes après avoir été endommagé, en effet, Astro se levait d'un bond du lit où il avait été placé en observation. Il n'y était resté que le temps réglementaire – juste celui de laver la zone, d'avaler quelques vitamines et de vérifier que tout allait bien. L'infirmerie de l'ambassade était petite, et sa technologie était discrète mais efficiente. Seule trace de l'incident, un sillon étroit de poils rasés sur l'avant-bras du cyborg, laissant voir des morceaux de peau rosée mais parfaitement réparée.

Vous aviez dit qu'il nous faudrait de l'équipement supplémentaire, major ?!

L'intonation était dynamique à l'excès. Le cyborg essayait de bien mettre en valeur le fait qu'il était en pleine forme. Que l'événement ne l'avait affaibli ni physiquement ni psychologiquement. C'est tout juste s'il ne sautillait pas pour démontrer qu'il était toujours aussi enthousiaste et capable. Aussi, en recentrant directement la conversation sur la mission, il espérait le faire oublier, d'une certaine façon… et de passer à autre chose.
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Noa Baker le samedi 14 octobre 2017, 09:30:47
"Eh bien, ils t'ont remis sur pattes en un rien de temps."
Noa mis sa main sur l'avant bras blessé d'Astro. Il avait fait ce geste intentionnellement sans savoir au juste ce qu'il espérait en tirer.
"Vous aviez dit qu'il nous faudrait de l'équipement supplémentaire, major ?!"
"Oui. Il nous faudra des armes discrètes, au cas où. Pas question de reproduire le cafouillage de tout-à-l'heure."
Noa remarqua la contrariété du lapin et il ajouta aussitôt:
"C'est de ma faute, j'aurai dû te briefer sur les moeurs de Nexus. Et ne t'en fait pas, tu va pouvoir très vite prouver ta valeur en mission: Il y a une cellule d'extrémistes du FLT qui se réunissent ce soir à la Taverne du Coussin d'Or. Ergos le Fumeux y sera et s'il y a un attentat en préparation, je parierai ma chemise qu'il y est mêlé. J'espère trouver des informations sur Syan Trois-Doigts, mais il va falloir jouer serré. On a jamais réussi à y implanter de micro alors je vais m'infiltrer. Pendant ce temps là, je veux que tu me prépare une issue de secours, parce-que lorsqu'ils se rendront compte du subterfuge, il faudra que je décampe au plus vite. Je n'y arriverait pas sans aide Astro. Je peux compter sur toi?"

Les deux rongeurs suivirent les couloirs archaïques (selon les standards de Tekhos) qui menaient à la chaufferie. Un passage dissimulé derrière un enchevêtrement abscons de tuyaux menait aux quartiers hight-tech de la Section D. Ils suivirent des couloirs plus modernes que ceux de l'ambassade qui menaient aux vestiaires.
"Il y a une combinaison d'intervention pour toi. Avec ça tu seras plus discret et ça te protégera un peu des armes blanches."
Noa entreprit de se changer, mais il ne prit plus les mêmes précautions que la première fois. Il avait bien remarqué les regards appuyés de son camarade et il devait admettre que cela flattait son ego. Il prit même plaisir à effectuer un rituel qui était auparavant plus emprunt d'automatisme. Il retira la tunique déchirée et tâchée de sang mais ne la plia pas. Ce simple geste lui donnait l'impression de transgresser un règle imaginaire et il poussa même le "vice" jusqu'à jeter le vêtement dans une poubelle un peu plus loin.
Son torse menu, recouvert d'un fin duvet gris et blanc était athlétique sans qu'on puisse le qualifier de musclé. Nulle cicatrice n'était visible malgré une vie passée dans le feu de l'action, les médecins tekhanes étaient de vraies orfèvres.
Il enleva ensuite son pantalon et ses sous-vêtements, qu'il plia bien consciencieusement cette fois, mais il eut un regard vers Astro sans bien savoir si c'était pour s'assurer que celui-ci le regardait également ou s'il souhaitait juste apercevoir à nouveau le corps nu du lapin.
Il détourna pourtant les yeux quand leurs regards se croisèrent.
Du petit paquet en papier qu'il déballa méticuleusement, il sortit des vêtements féminins aux couleurs vives à majorité noire et rouge.
Il n'avait jamais fait ça en compagnie d'un autre mâle et il prit un instant pour contempler son déguisement, comme pour retarder ce moment si intime qui ne l'était plus désormais.
Puis il enfila les mi-bas un a un. Un léger crépitement se fit entendre, dû aux frottements du pelage de ses jambes digitigrades sur le coton. Il fit courir ses doigts fins sur le tissus rayé noir et rouge afin d'en chasser les plis avec une sensualité qui n'avait rien de masculine puis il mit de petites bottines noires en cuir souple aux bords repliés.
Il se vêtit ensuite d'une somptueuse robe en satin rouge au rehausses noires. Elle aurait pu faire penser à une robe de gala à Tekhos, mais elle était trop courte pour être distinguée, n'arrivant pas même à mi-cuisses, et si elle couvrait intégralement le torse et le cou de la petite souris, ses bras et son dos restaient en revanche totalement dénudés laissant voir sa fine colonne vertébrale et ses bras légers. A cet instant, il n'y avait que l'absence de poitrine qui pouvait laisser penser que Noa était un mâle. Il restait deux boutons à la robe, juste au-dessus de ses fesses et bien que Noa aurait pu aisément les fermer lui même à l'aide de ses mains ou de sa queue, il tourna le dos à Astro:
"Tu peux m'aider à la refermer?"
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Lapin le dimanche 15 octobre 2017, 20:44:38
En comprenant que Noa n'était pas fâché, et qu'il envisageait encore moins de remiser le cyborg, ce dernier se décrispa aussitôt. Il secoua la tête vivement. Il ne pouvait cacher son émotion face à la confiance que plaçait en lui le terranide.

Je serai à vos côtés major ! Je ne vous laisserai pas tomber. Jamais. Vous êtes mon coéquipier !

Deuxième passage dans les vestiaires pour Astro, qui commençait déjà à prendre l'habitude. Sa tenue à la mode nexusienne avait également été endommagée par le combat. Aussi, une fois défaite, il ne se priva pas de la jeter à la suite de Noa. Mais il ne pensa pas spécialement à ce geste, qui lui sembla normal. En revanche, des étoiles naquirent dans ses yeux lorsqu'il découvrit sa combinaison d'intervention. Il fit un petit bond sur place.

Oh, c'est trop génial ! Elle est trop belle ! Major ! Est-ce que vous en avez déjà porté de pareil ?

Avec l'impatience d'un enfant ouvrant son cadeau de noël, le cyborg se jeta presque littéralement sur le vêtement. En apparence, il était pourtant plutôt modeste. De loin, le tissu était intégralement noir mat et uniforme. De près, cependant, on pouvait distinguer qu'il était composé de centaines de petites hexagones, collés les uns aux autres, et dont les jonctions étaient légèrement argentées. La combinaison était moulante, mais relativement agréable à porter même pour qui avait de la fourrure – une vraie seconde peau. Aux articulations et au niveau du cou, des renforts presque invisibles venaient fournir une sécurité supplémentaire.

Enfin, il y avait une cagoule, attachée à un respirateur et à des lunettes, mais Astro ne les enfila pas immédiatement. L'air ravi, il se tourna plutôt vers Noa. La surprise ne tarda pas à se distinguer sur son visage, en même temps que ses oreilles de lapin se redressaient.

Oh major. Vous êtes superbe !

Les mots manquaient à l'agent pourtant si bavard d'habitude. Il ne voulait pas commettre d'impair, comme lors de la dernière séance de déshabillage. Aussi fit-il taire un temps les pensées brûlantes qui parcouraient son cerveau numérique. S'il restait maître de ses paroles, son corps biologique n'était en revanche manifestement pas entièrement sous son contrôle volontaire. Sa combinaison si moulante se retrouva rapidement déformée d'une bosse assez impressionnante. Heureusement, la teinte très sombre du tissu retirait un peu à l'indécence du relief. À peine conscient de ce fait, Astro n'y porta pas la moindre attention. Il se sentait simplement transporté par la grâce.

Bien sûr major… murmura le cyborg avec un grand sourire.

Il passa derrière son coéquipier et posa ses doigts sur les boutons de la robe. Il profita de la demande de Noa pour admirer la fragilité apparente de son dos. Ainsi habillé, seul un œil expert aurait repéré que l'échine était celle d'un athlète entraîné. Pour un novice, il s'agissait de la silhouette désirable d'une jeune terranide.

Vous êtes... Astro interrompit sa phrase, se ravisant et revenant à la mission. J'ai téléchargé les plans des égouts de Nexus, major. Ils ne sont pas complets, car certaines zones sont impraticables ou non-répertoriées. Cependant, j'ai repéré un conduit qui passe sous la Taverne du coussin d'or… Il n'est plus utilisé par l'établissement. Je ne sais pas exactement pourquoi, ça n'est pas indiqué. Mais les conduits devraient toujours être là. Qu'est-ce que vous en pensez, major ? Oh, aussi ! Je me suis interfacé avec ma combinaison. Regardez ça, major !

Astro leva les bras dans un geste théâtral et… son corps disparut complètement. Sa tête flottait toujours, cependant, au-dessus de ce qui semblait être du vide. En y regardant bien, toutefois, on pouvait distinguer de très légers scintillements là où aurait dû se trouver la surface de la combinaison. Chacun des hexagones était conçu pour prendre la teinte exacte de ce qui devait se trouver derrière. Le camouflage était aussi parfait que la légèreté de la tenue et la rigueur budgétaire de la section D pouvait leur permettre.
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Noa Baker le vendredi 20 octobre 2017, 14:22:01
Noa commençait à apprécier l'enthousiasme du lapin. Bien que peu habitué à ce genre de démonstrations dans le cadre de son travail, ni dans sa vie personnelle d'ailleurs, il aimait la sincérité et la loyauté d'Astro, deux qualités peu présentes parmi son entourage.

"Oh major. Vous êtes superbe !"
Noa devait admettre qu'Astro avait fière allure lui aussi dans sa combinaison moulante hi-tech. Détaillant son partenaire des pieds à la tête, il ne put s’empêcher de surprendre la réaction corporelle de celui-ci, et comprenant qu'il était la source de son émoi, Noa senti son sang ne faire qu'un tour. Son pelage recouvrant son visage masquait sa peau, mais il était certainement en train de rougir suite à ce double compliment, et il se retourna pour ne pas montrer sa réaction, demandant au cyborg d'attacher sa robe.
"Bien sûr major… murmura le cyborg avec un grand sourire."
Il eut cependant une réaction que son pelage, au lieu de masquer, ne fit que révéler encore plus. Au contact de la main d'Astro sur son cou, un frisson lui parcouru l'échine et il eut la chair de poule. Noa repensa à la proposition du lapin faite plus tôt dans la journée, mais il se retint: il se croyait encore attiré par les femmes et avait du mal à admettre qu'il puisse en être autrement.

"Vous êtes... Astro interrompit sa phrase, se ravisant et revenant à la mission. J'ai téléchargé les plans des égouts de Nexus, major. Ils ne sont pas complets, car certaines zones sont impraticables ou non-répertoriées. Cependant, j'ai repéré un conduit qui passe sous la Taverne du coussin d'or… Il n'est plus utilisé par l'établissement. Je ne sais pas exactement pourquoi, ça n'est pas indiqué. Mais les conduits devraient toujours être là. Qu'est-ce que vous en pensez, major ? Oh, aussi ! Je me suis interfacé avec ma combinaison. Regardez ça, major !"

Fantastique! Noa n'avait pas même eu besoin d'expliquer à son coéquipier le fonctionnement de sa tenue, il avait de lui même trouvé les fonctions spéciales. De plus, il s'était passé d'interface, usant directement de son cerveau pour contrôler les processeurs intégrés aux vêtements. Sa capacité à se connecter directement aux réseaux n'avait de cesse de surprendre Noa et c'était un soulagement que de l'entendre exposer des informations qui se révélaient indiscutablement utiles à leur mission. Peut-être ce lapin saurait-il se révéler indispensable à Noa finalement.

Il ne leur fallu qu'une petite heure pour finir de s'équiper et se rendre à l'Auberge du Croissant de Lune, la nuit commençait déjà à tomber et les rues étaient calmes malgré le cessez-le-feu imposé par les autorités à cause de la révolte qui grondait sur Nexus. La Section D avait dans la taverne une chambre à l'année, et c'était le point de ralliement qu'avait choisi Noa en cas d'imprévu, celle-ci se trouvant plus proche de la taverne que l'ambassade.
Après avoir donné à Astro ses dernières directives et recommandations, Noa parti retrouver Madame Shein et ses prostituées alors qu'Astro rejoignait les égouts.
Contrairement à ce que l'on aurait pu imaginer, les égouts de Nexus n'étaient pas si sales, pour la simple et bonne raison que peu de bâtiments y étaient effectivement reliés. Seuls les plus riches avaient l'accès au tout à l'égout et Astro fit la majeure partie du trajet les pieds au sec.
A l'approche du secteur de la taverne, Astro put enfin comprendre pourquoi les conduits n'étaient pas utilisés: les travaux n'avaient jamais été finis. Il y avait ça et là de nombreux outils éparpillés, des torches et des brouettes, des pilles de sable et de blocs de pierre, comme si les travaux avaient été interrompus dans la précipitation. Le désordre ne fut pourtant pas ce qui sauta aux yeux du jeune espion. Il y avait là des traces d'une architecture ancienne, certainement antérieure à la création de la cité-état. De grandes colonnes taillées dans le marbre supportaient des arches majestueuses richement sculptées de bas reliefs représentant des scènes de la vie courante. Il ne faisait nul doute que la civilisation à l'origine de ces édifices devait avoir été riche et puissante, mais un détail important sauta aux yeux d'Astro: Les individus représentés sur les bas-reliefs possédaient tous des attributs animaux!
Alors qu'Astro admirait la richesse de ces ruines, son ouïe sur-développée lui permit d'entendre la cavalcade de petites pattes sur les pavés et des chuchotements comploteurs. Il n'entendait que deux voix, mais il avait fait le calcul: il y avait huit pattes. Analysant le rythme, il comprit vite qu'il avait à faire à deux individus courants à quatre pattes dans sa direction.
Le chuchotement se fit plus net, et Astro perçu deux voix éraillées et haut-perchées:
"J'ai entendu des pas!"
"Ne soit pas idiot, il n'y a jamais personne par ici!"
"Je te dit que j'ai entendu des pas! Il y a quelqu'un."
"Dis-tu que Shegrea se serait trompée? Attention, tu frôles le blasphème sœurette!"
"Tu ne sent pas?"
Il y eut un silence, les deux créatures s'étaient arrêtées.
Astro pouvait les voir à présent, deux terranides à l'allure sauvage. Ils étaient vêtus de haillons et il ne put s'empêcher de penser à Noa en les voyant: ils avaient les traits de rongeurs, mais là ou Noa était frêle et élégant, les deux terranides étaient trapus, le poil en bataille, ressemblant presque à des chiens errants. Ils étaient aussi bien plus gros et Astro calcula qu'il aurait difficilement le dessus s'il devait les affronter à mains nues. Bien entendu, il était armé, mais les deux rats n'avaient pas encore montré de signe d'intention belliqueuse.
"Au temps pour moi. Tu as raison. Il y a bien quelqu'un."
Manifestement incapables de voir Astro du fait de sa combinaison, le frère et la sœur se mirent à tourner en rond de manière bestiale, à la recherche de la piste olfactive de l'espion.
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Lapin le vendredi 20 octobre 2017, 21:21:47
Noa.

Il n'était pas dans l'habitude de Miss Shein de faire attendre ses clients, et Noa devait le savoir. Aussi, la ponctualité de sa diligence ne fut pas surprenante. La voiture, tirée par deux chevaux, passa prendre l'agent directement devant l'auberge. La porte s'ouvrit de l'intérieur, sans que le cocher (un terranide chien, au pelage tricolore de berger australien) ne descende. Une fois Noa monté dans le carrosse, celui-ci repartit aussitôt.

Le véhicule était plutôt luxueux. Le bois des cloisons était peint dans un violet léger, et des rideaux coupaient tout apport de lumière extérieur. La seule, mais très suffisante, source de luminosité était une lanterne. Suspendue, elle balançait au rythme des pas des chevaux. Enfin, bien sûr, il y avait des bancs de part et d'autre de l'habitacle. De la place pour cinq personnes assises, si on excluait le rongeur. Toutes étaient de jeunes terranides femelles, et toutes étaient habillées avec goût : bustiers, corsets et robes courtes étaient la norme. Miss Shein ne plaisantait pas non-plus sur les questions de style. La noble n'était d'ailleurs pas présente.

On dirait qu'on va avoir de la concurrence ce soir, les filles ! lança la passagère assise juste en face de Noa.

C'était une léopard, pelage jaune, longs cheveux rouges – peut-être la plus âgée du groupe, mais elle ne devait pas avoir plus de trente-cinq ans pour autant. Elle dévisageait le rongeur travesti avec curiosité non-dissimulée… et elle n'était pas la seule. La plupart des filles semblaient intéressées par le nouveau venu.

Alors, nouvelle ? C'est rare que madame Shein accepte des filles en dehors de son cercle. Tu dois être vraiment douée… C'est quoi ton nom ?

La féline dégageait une certaine bienveillance. L'expérience se lisait néanmoins dans son regard. Elle cherchait à cerner Noa comme elle aurait jaugé un adversaire. Une autre fille, canidé, le poil noir et la coupe garçonne, intervint dans la conversation.

Douée ? Qu'est-ce que ça peut faire qu'elle soit douée… Ils ont eu toute l'après-midi pour picoler. On arrive en deuxième service. Ils seront tous à moitié torchés. Tant qu'elle sait ouvrir les cuisses, elle fera l'affaire.

Les filles éclatèrent de rire, sauf la léopard qui n'esquissa qu'un sourire amusé. Elle n'avait pas quitté Noa des yeux.

Je m'appelle Luzège. Elle, c'est Argentine…

Elle pointa du doigt la terranide chienne, avant de donner un à un les noms des trois autres filles. Le voyage était assez long pour qu'ils fassent un peu connaissance.

Astro.

– N'oubliez pas que vous pouvez me contacter à tout moment, major. Ça ne me perturbera pas… mon communicateur n'émet pas de son. Bien sûr, dans l'autre sens, ce sera plus difficile. Alors… major, promettez moi de faire attention à vous ! Votre survie est très importante pour la réussite de la mission. Puis, je me suis senti utile quand je vous ai aidé à fermer votre robe. J'aimerais pouvoir vous aider à l'enlever au retour !

La communication serait la dernière avant plusieurs heures. En effet, si Astro pouvait recevoir des flux audio directement dans son cerveau, Noa, lui, devrait probablement désactiver son communicateur. La voix d'un coéquipier surgissant à un moment impromptu n'était en effet pas le nec plus ultra de la discrétion, surtout dans une société médiévale… Le dernier salut passé, le lapin se concentra sur sa mission.

Le concept d'égout était un peu étrange pour le cyborg. Il n'en avait jamais visité, et n'avait sur le sujet que quelques points de culture générale qu'on lui avait artificiellement implantés. Seule restait, pour se faire un a priori, qu'une légère réponse émotionnelle négative, également implémentée par défaut. Il ressentait ainsi une légère répulsion instinctive concernant le lieu, sans pouvoir l'expliquer consciemment. Mais c'était peu de dire que ce dégoût inné était balayé par le zèle d'Astro.

Plus il évoluait dans les souterrains, et moins il comprenait son sentiment initial. Bien sûr, l'odeur agressait un peu son nez sensible, et la lumière du jour manquait cruellement. Il fallait aussi apprécier l'humidité ambiante. Très peu de choses pour le cyborg. Dans sa combinaison, lunettes et respirateur (même si aucun des deux ne lui était réellement utile) il se sentait invincible. Il parcourait les dédales à toute vitesse, guidé par son GPS.

Ces décorations sont très jolies. Aussi jolies, elles devraient être à la surface ! Je me demande pourquoi elles sont là ? Ces égouts sont une invention humaine. Enfin, c'est ce qui est indiqué dans ma base de données.

Comme un enfant jouant dans les flaques, surtout, il s'amusait à déraper sur la fine pellicule d'eau qui recouvrait le sol. Après tout ça ne risquait sans doute pas de compromettre la mission. Personne ne pouvait vivre dans un endroit pareil… le cyborg en était persuadé, jusqu'à ce que des bruits de course lui donnent tort.

De façon presque réflexe, l'agent activa le mode furtif de sa combinaison, et disparut aussitôt. Il n'avait pas pour consigne de croiser qui que ce soit lors de la mission. En même temps, il n'était pas non-plus spécialement pressé. Mais il jugea favorable d'au moins jouer la reconnaissance. Il ne tarda pas à repérer la source des sons. Deux terranides comme il n'en avait jamais vus.

Ils sont un peu effrayants… leur hygiène semble très rudimentaire. Mais en même temps, j'ai l'intuition qu'ils sont gentils… est-ce que c'est parce qu'ils ressemblent un peu à Noa ? Je ne sais pas vraiment… De toute façon, mon camouflage n'a pas une durée infinie. Je ne devrais pas user la batterie tout de suite. Je vais aller leur parler. Au pire, je les tuerai.

Le jeune agent prit soin de se placer à une distance respectable des deux rongeurs, qui s'approchaient pourtant déjà dangereusement de lui. Dans leur dos, de façon à ce qu'ils ne le voient pas apparaître. Puis il désactiva les écrans et réapparut.

Hey, bonjour ! Vous êtes des terranides ? Je suis Astro. Je suis aussi un terranide ! Exactement comme vous. Ce n'est pas la peine de me traquer. Qu'est-ce que vous faites dans cet endroit ? Vous vivez ici ? Je ne souhaite pas interférer avec votre mode de vie. Je ne représente aucun danger pour vous tant que vous n'en représentez pas un pour moi.

Le cyborg enleva ses lunettes et son respirateur, pour laisser apparaître son visage lagomorphe. Il sourit, au cas où ses interlocuteurs auraient été capables de noter ce détail dans la pénombre.
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Noa Baker le samedi 21 octobre 2017, 08:09:49
Noa
"Alors, nouvelle ? C'est rare que madame Shein accepte des filles en dehors de son cercle. Tu dois être vraiment douée… C'est quoi ton nom ?"
"Je m'appelle Astrid."
répondit Noa. Il avait répondu sans réfléchir et ne réalisa qu'après un instant qu'il venait d'employer le prénom de son équipier.
"Douée ? Qu'est-ce que ça peut faire qu'elle soit douée… Ils ont eu toute l'après-midi pour picoler. On arrive en deuxième service. Ils seront tous à moitié torchés. Tant qu'elle sait ouvrir les cuisses, elle fera l'affaire."
"Je connaît le B.A.BA, j'étais esclave dans un harem d'Ashnard et j'ai réussi à m'échapper. Je pensai trouver un monde libre à Nexus, mais j'ai découvert que l'esclavage était encore plus courant ici que là-bas. Sans Miss Shein, je ne sais pas ou je serai maintenant."
"Si tu veux mon avis, tu aurait mieux été lotie dans un harem d'un bourgeois de Nexus."
surenchérit une terranide louve qui n'avait pas encore pris la parole. "Ce soir il n'y aura pas de draps en soie, crois-moi."
Noa frissonna. Il n'avait pas l'intention d'aller jusqu'à la chambre à coucher d'un terroriste en herbe et il espérait bien obtenir les informations dont il avait besoin avant que l'affaire ne devienne trop malsaine. Avec un peu de chance Syan Trois-Doigts serait présent à la soirée et il n'aurait plus qu'à l'extraire avec l'aide d'Astro.
Le bracelet de Noa vibra légèrement à son poignet, signe qu'il recevait une communication de son camarade. Il l'écouterait dés qu'un moment serait plus propice, mais pour le moment il devait se concentrer sur sa couverture.
"Ils sont si terribles ces hommes? Vous les connaissez?"


Astro.

"Hey, bonjour ! Vous êtes des terranides ? Je suis Astro. Je suis aussi un terranide ! Exactement comme vous. Ce n'est pas la peine de me traquer. Qu'est-ce que vous faites dans cet endroit ? Vous vivez ici ? Je ne souhaite pas interférer avec votre mode de vie. Je ne représente aucun danger pour vous tant que vous n'en représentez pas un pour moi."
"Oh! Le voilà! J'avais raison!"
Les deux rats se mirent à tourner autour d'Astro comme l'auraient fait des loups autour de leur proie. Ils ne quittaient pas leur posture à quatre pattes et retroussaient leurs babines, se faisant menaçants.
"Shegrea avait raison tu veux dire."
"Le terranide ne devait pas être là avant demain, Shegrea s'est trompée!"
"Blasphème!" dit le frère en se jetant crocs ouverts sur sa soeur. Celle-ci fit une simple esquive et les deux reprirent leur inquiétant manège autour du lagomorphe.
"Le lapin a des questions."
"Qui n'en a pas?"
"Tu répond?"
"Qu'est-ce qu'on fait dans cet endroit? Y vit-on?"
"Je répond donc; oui, ici c'est chez nous. Depuis que les hommes nous ont chassé de la surface."

Le ballet des deux terranides avait tout pour inquiéter Astro. Lorsque l'un d'eux se trouvait devant lui, l'autre tournait dans son dos, il était difficile pour le lapin de garder un œil sur chacun des deux.
"Il dit des mots compliqués, il dit ne pas être un danger pour nous."
"Je ne l'entendais pas autrement mon cher!"
"Sommes-nous un danger pour lui?"
"Je ne sais pas. Est-il celui de la prophétie?"
"Shegrea avait dit qu'un lapin nous délivrerai le jour du 2654ème anniversaire."
"C'est demain. Peut-être y en aura-t-il un autre."
"Peut-être devrions nous le tuer!"
Le frère profita d'un passage dans le dos d'Astro pour se jeter sur lui, le prenant par surprise. Le choc fut violent et il se retrouva collé au sol, immobilisé par le poids du rat qui devait avoisiner le sien.
"J'aurai plutôt envie de jouer avec. Il est solide, on pourrait le conserver jusqu'à demain..."
"Je pense que Shegrea n'y verrait pas d'inconvénient."
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Lapin le samedi 21 octobre 2017, 14:08:39
Noa.

Les filles hochèrent la tête en entendant l'histoire de Noa, convaincues. La plupart avaient connu des aventures semblables, même si toutes ne s'étaient pas échappées volontairement. Luzège répondit à la question de Noa avec gravité.

Pas vraiment… Officiellement, ce sont des mercenaires nordiques. Il n'y a pas vraiment d'autre type de bandes terranides libres, ici. Officieusement, on sait tous qu'ils sont…
Des membres du FTL. Des forcenés. Ils préparent un mauvais coup c'est sûr. J'espère qu'ils vont se tenir tranquille ce soir. Ils sont dangereux pour tout le monde…
Tu peux pas dire ça, Armance, protesta Argentine avec pugnacité. Ils se battent pour nos droits. Pour libérer les esclaves de leurs chaînes. Ils sont courageux.
Ah ouais ? Parce que ça a bien marché jusqu'ici ? Tout ce qu'ils font, c'est de renforcer la répression. Les maîtres ne font plus que nous dominer, ils nous haïssent. Redescends sur Terra. Il y aura toujours de l'esclavage à Nexus. Faire tuer des gens y changera rien.

La léopard intervint rapidement pour changer de sujet, avant que la discussion ne dégénère.

J'ai aussi entendu dire qu'il y aurait Borne de Cromière…
Hein ? Le fils cadet du comte de Cromière ?

Il y eu un moment de malaise dans l'habitacle. Les filles semblaient ne pas trop vouloir évoquer le sujet, mais Luzège fut pédagogue, se tournant vers Noa.

Si tu viens d'Ashnard, tu dois pas le connaître… Sa famille est l'une des plus grosse sur le marché de la revente d'esclaves. C'est son grand-père qui m'a vendue. Elle a vendue Argentine aussi, deux fois. Armance…
Moi je suis passée par Di Luccio, un castelquisian.

Deux filles sur cinq qui étaient passées par la même famille, ce n'était en effet pas rien, sur un marché aussi concurrentiel. Noa, s'il s'intéressait au commerce d'esclaves à Nexus, devait déjà avoir entendu le nom de Cromière. La famille noble était spécialisée dans la négoce d'esclaves. Contrairement à d'autres empires du servage, ils ne finançaient pas directement leurs expéditions de capture, et ne faisaient pas de reproduction. En revanche, ils achetaient et revendaient intensivement.

Paraît que c'est un corrompu. J'ai été au service de son frère. Je crois qu'ils se détestent. Il aurait été banni de la famille après avoir vendu des informations à des concurrents.

Finalement, après une vingtaine de minutes de voyage, les chevaux marquèrent le pas. Luzège n'attendit pas pour ouvrir la portière, et descendre. La nuit s'était refroidie. Les filles, en tenue légère, se pressèrent d'entrer dans la taverne, par la grande entrée. De l'extérieur, le bâtiment était un étonnant mélange d'ancien et de nouveau. Les fondations paraissaient en pierre, mais un étage entier avait été rajouté dans un bois de qualité plus modeste. Les fenêtres avaient été refaites également, sur le même modèle, et tranchaient avec l'ensemble.

De l'intérieur, ce n'était pas non-plus un endroit très harmonieux. La Taverne du coussin d'or était en tout temps un lieu de débauche, où des courtisanes pas trop repoussantes venaient chercher des voyages pas trop fauchés. Mais il l'était spécialement les soirs où tout l'établissement était privatisé pour des clients qui en avaient les moyens. L'accès en devenait alors réservé, et les festivités pouvaient s'étendre dans tout le hall. La taverne disposait également d'un second étage avec des chambres, pour les timides et les pudiques.

La porte était gardée par un terranide bouc de grande taille, a l'air somnolent et las. Il laissa entrer la petite cohorte féminine sans même les inspecter. Noa entra ainsi dans la pièce principale, qui faisait environ soixante mètres carrés. Elle ne s'ouvrait que sur la cuisine, dans le fond, et des latrines, à côté. La décoration n'était pas très élaborée, avec poutres apparentes et mobilier en bois sombre. L'éclairage était principalement assuré par un grand brasero central, qui diffusait aussi une agréable chaleur. Des tables rondes étaient disposées un peu partout. Des aventuriers, majoritairement terranides, a l'air plus ou moins rustres, festoyaient de plat de viande et d'alcool…

…pour la plupart. Certains étaient déjà passé à des activités plus physiques. Dans un coin, un grand terranide cheval pilonnait le bas-ventre d'une prostituée, faisant trembler à chaque coup de rein la table sur laquelle il l'avait posée. À genoux, une autre courtisane satisfaisait à tour de rôle deux clients, toujours assis. Enfin, à même le sol, un voyageur copulait avec une terranide chienne, tout en léchant ses six mamelles qui ballottaient dans tous les sens.

Ah, de la chair fraîche ! beugla un grand ours dans le fond de la salle.

Noa, d'après les description qu'on lui en avait fait, savait qu'il s'agissait du fameux Ergos le fumeux. Deux-mètres cinquante, une fourrure gris mat qui lui avait valu (entre autres choses) son surnom, Ergos n'était pas quelqu'un qu'on pouvait rater. Autour de lui, plusieurs terranides qui semblaient encore plus ou moins sobre. Un humain, petit, le cheveux et le bouc noirs, l'air un peu aviné mais joyeux était à ses côtés. Il leva sobrement sa coupe au nouvel arrivage. En revanche, pas de trace de gnome.

Un client saisit, à peine entrée, Argentine par le bras. Celle-ci fit un petit signe résigné à ses collègues, avant d'emprunter avec lui l'escalier qui menait à l'étage. Une à une, les filles étaient destinées à se faire emmener ainsi par un ou plusieurs mâles. À moins qu'on leur demande des exhibitions plus publiques. Mais pour le moment – un court moment, sans doute – Noa était libre de se mouvoir comme il le souhaitait dans la soirée.

Astro.

Le cyborg était perplexe. Il était encore acculé dans une situation sans rapport avec la mission, où deux individus le menaçaient directement. C'était comme un cycle. Était-ce un manque de chance, ou faisait-il mal quelque-chose ? Astro l'ignorait, mais la répétition commençait à le tourmenter un peu. Malheureusement, Noa ne pourrait pas voler à son secours cette fois. Heureusement, cette fois, il avait moins de contraintes et davantage de ressources pour s'en sortir sans passer par la case infirmerie.

Qui est Shegrea ? Je n'ai pas de rapport avec Shegrea.

L'attitude des terranides n'était pas amicale. Astro ravisa rapidement son jugement sur leur sympathie apparente. Qu'ils envisagent de le tuer ne participait clairement pas à le mettre à l'aise. Mais au moins, il était armé.

Attaché à son flanc, il avait en effet un Taïpan IV ; un lanceur de dards d'une trentaine de centimètres, dont la cadence et la portée n'avaient rien à envier aux armes semi-automatique équivalentes. L'arme de poing était capable de délivrer, avec un « clac » à peine audible, deux types de projectiles. Sur le mode létal, elle tirait des minuscules billes qui se liquéfiaient à l'impact. Elles causaient des nécroses internes, instantanément mortelles si elles atteignaient la tête ou le thorax. Sur le mode non-létal, par défaut, elles éjectaient une petite bille qui se dispersait également dans l'organisme. Seulement, plutôt que de léser les tissus, elle diffusait une toxine qui affaiblissait considérablement tous les muscles d'un corps en seulement une seconde.

Je vous informe que j'ai quand même autorisation de faire usage de force létale…

La main du cyborg saisit le pistolet au moment même où un des rats géants décida de lui sauter sur le dos. Ne s'y attendant pas, il n'eut pas le temps d'anticiper sa chute, et son menton cogna violemment le sol, l'étourdissant l'espace d'un instant. Quand il reprit ses esprits, il constata que son arme avait été éjectée et gisait dans une flaque d'eau, à un bon mètre de sa position initiale.

La position n'était pas agréable pour l'agent. Plaqué contre le sol, il était obligé de coller une joue contre le sol humide. Le poids du rongeur l'indifférait davantage, même si la pression des genoux pointus dans le creux de son dos lui faisaient mal. Pour autant, il ne se considérait pas comme en danger. Il n'avait pas repéré d'armes dans leur équipement, et ils se casseraient les dents sur les mailles de sa combinaison. Puis, le cyborg était persuadé d'être beaucoup plus fort que les deux terranides réunis, et il n'aurait pas retenir ses coups comme la dernière fois.

Laissez moi partir, tenta-t-il une dernière fois, d'un ton qui se voulait ferme. Sinon je vais devoir vous faire mal.
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Noa Baker le lundi 23 octobre 2017, 07:11:24
Noa

La petite souris n'était pas familière de scènes de débauche de ce genre. Non que le sexe dans les lieux publics lui soit totalement étranger, le Colonel Higgs avait des fantasmes assez singuliers en la matière, mais l'étalage de stupre à grande échelle avait quelque-chose qui mettait à mal son sens de l’esthétisme. L'aspect cru et bassement utilitaire de l'orgie qui se déroulait sous ses yeux fit frémir Noa. Il s'y attendait bien entendu, mais ça ne rendait pas la chose moins désagréable pour autant. Décidé cependant à conserver son professionnalisme, il s'investit de celui de ses camarades et afficha une expression aguichante. Son entraînement d'espion l'avait formé à saisir en un seul coup d'œil toutes les informations indispensables. Il enregistre rapidement la configuration de la salle, repère Ergos et ses sbires ainsi que les différentes sorties envisageables.
Puis, d'un pas décidé et éminemment sensuel, Noa avance droit vers sa cible en faisant subtilement rouler ses hanches sans trop insister. Un terranide taupe plus qu'un peu enivré tente au passage de lui attraper la main, mais Noa réussi un splendide évitement plaçant sa petite jambe pile au bon endroit pour le faire trébucher sans paraître à l'origine de la chute.
Plusieurs mâles se retournent sur son passage, certains le sifflent même, mais Noa reste impassible et confiant.
Un vieux renard borgne vient alors se dresser sur son passage:
"Salut ma mignonne, j'te croquerai bien sur la table!"
"Va d'abord t'acheter un dentier et des lunettes, tu veux?"
"Des lunettes?"
"Tu ne vois pas que je suis là pour la catégorie au-dessus? Ôte toi de mon chemin!"
Noa tente de passer au-delà du canidé mais celui-ci l'attrape par les hanches, le faisant pivoter sans grande difficulté.
"C'est la première fois qu'une pute se refuse à Gresh le Monstre! Je vais te faire voire, moi de quel bois j'me chauffe!"
"Gresh le Monstre hein?"
La queue de Noa, d'un geste vif viens tirer sur la boucle du pantalon, libérant celui-ci et dévoilant un appareil reproducteur des plus modestes.
"J'imagine que ceci n'est pas la raison pour laquelle on t'appelle le "Monstre"?"
Plusieurs terranides se mettent à se moquer du renard honteux et Noa reprend son chemin. Gresh n'a pourtant pas dit son dernier mot et, remontant son futal à la va-vite, il se met à courir derrière Noa.
"Minute la souris! Moi et mes potes on va te sauter! On va tous te gicler dessus après t'avoir passée à tabac! J'vais te faire couiner moi!"
"Tu vas surtout rentrer chez toi et réfléchir à ton avenir! gronda la voix furieuse d'Ergos. Le silence se fit dans la taverne.
La souris est à moi!"
Il fit un geste à Noa, lui signifiant d'approcher. C'était un ours que peu d'hommes devaient oser contrarier et, du moins pour l'instant, Noa devrait être plutôt à l'abri des soûlards.
"Shein ne m'a pas parlé de toi! Tu es nouvelle n'est-ce pas?"
Noa hocha la tête, singeant la soumission.
"Bien! Va nous chercher à boire, et pas de la piquette, on a encore des choses à se dire moi et mes invités."
Quelques instants plus tard, Noa était de retour, un plateau à la main. Il fit le service en tendant l'oreille, à l'écoute de la conversation, puis il vint s'asseoir gracieusement à côté d'Ergos.

Astro

Le rat serrait la nuque d'Astro dans ses solides mâchoires, ce qui n'avait rien pour inquiéter outre-mesure le lapin confiant dans la solidité de sa tenue. Cependant la scène prenait pourtant une tournure qui n'avait pas l'air de s'arranger et Astro dû bientôt se rendre à l'évidence qu'il allait devoir mettre ses menaces à exécution.
"Oh, le lapin echaie de che débattre choeurette!"
"Calme-le alors!"
 La réponse ne se fit pas attendre. Astro fut violemment secoué par une décharge violente qui lui fit subitement contracter tous les muscles de son corps. Chacune de ses cellules semblait vibrer contre les autres, animées d'une vie qui leur serait propre et tous ses poils se dressèrent instantanément. Les bras et jambes tendus à l’extrême, la douleur se fit sourde et diffuse alors même qu'il sentait la décharge bourdonner, puissante et impérieuse, tout le long de sa colonne vertébrale. Les poings et la mâchoire serrés, Astro fut secoué plusieurs fois avec la désagréable sensation d'avoir le corps écrasé par un rouleau compresseur.
Une légère odeur de poils grillés commençait à se faire sentir.
"Il a l'air coriace celui-là. Balance encore la sauce frangin!"
Une nouvelle décharge parcourut le corps d'Astro, pulsant de sa nuque vers ses extrémités.
Impuissant, le lapin était agité de spasmes incontrôlables et chaque centimètre carré de son pelage lui semblait être parcouru d'une quantité innombrable de petites aiguilles.
"Là, il devrait être un peu plus docile à présent."
"Cha ch'est chûr!"
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Lapin le lundi 23 octobre 2017, 08:52:47
Noa.

Noa saurait peut-être plus tard si avoir été repéré par Ergos le fumeux était une chance ou une malédiction. Mais la chose était certaine : maintenant, personne n'osait plus ne serait-ce que poser la main sur son postérieur. Le rongeur était à présent comme dans une bulle, situation que ses collègues devait envier. Du coin de l’œil, il put voir que les amis de Gresh n'avaient pas mis longtemps avant de trouver une nouvelle victime. Malgré l'absence du renard, ils étaient en train de prendre à trois la louve, Armance. Deux d'entre-eux se pressaient pour recevoir des coups de langue sur leurs parties génitales exposées, pendant que l'un besognait déjà son entrejambe. Un sort auquel l'agent avait à l'évidence échappé de peu.

À la table d'Ergos, l'ambiance était un peu plus sereine. Si l'ours avait repéré Noa, l'humain avait quant à lui sollicité la présence de Luzège, la terranide léopard. Elle s'était assise de l'autre côté de la table, et lui prodiguait pour le moment de sensuelles caresses sur le torse, à travers sa chemise. Les conversations allaient bon train entre le noble, l'ursidé et son sergent, un terranide phacochère trapu mais à l'apparence étonnamment distinguée. C'est lui qui semblait avoir les plans de ce qui était à venir :

Donc, la charge ? Je propose de la placer dans le chariot à l'arrêt. Au croisement de la vieille criée. C'est l'endroit obligé de passage pour se rendre au marché.
Y'a beaucoup de passage dans ce coin là. Des vendeurs, des acheteurs, des esclaves… Ça va assurément faire des dégâts… remarqua Cromière.
Hahaha. Tant mieux si c'est un carnage. Et tant pis si ça tue quelques uns d'entre-nous. Ils seront pas morts en vain.

Le phacochère jeta un regard convaincu à Ergos, qui après un moment d'hésitation acquiesça. Mais l'ours semblait avoir à présent un autre objet d'attention que la planification de ses prochaines œuvres. Sa grosse main, griffes sorties, caressait avec insistance la fourrure du dos nu du rongeur. Il tata son cou avec une attention particulière. Puis ses doigts remontèrent jusqu'à son visage, où ils tentèrent de pénétrer dans sa bouche et remonter sa babine supérieure. Noa se faisait examiner les dents comme un cheval qu'on se serait apprêté à acheter. Le noble commenta également le physique de la souris.

Elle aurait plu à ce gros pervers de Syan. Elle est presque de sa taille en plus… dommage qu'il soit déjà parti.
Je sais pas si Syan l'aurait aimé. Mais crois-moi, t'as pas vu le meilleur, humain. Tu penses que j'ai choisi la souris au hasard ? Ha ! Non. Madame Shein et moi c'est une longue histoire. Elle sait exactement le genre de surprise que j'aime…

La bête immense esquissa son premier vrai sourire de la soirée. Un sourire effrayant, plein de crocs. Puis, sans prévenir, il saisit Noa par la taille, et d'une seule main le souleva de sa chaise. De l'autre bras et avec une rare violence, il balaya la table et déposa l'agent dessus, pour le moment sur les fesses. Impérieux et amusé à la fois, il ordonna :

Tu vas te lever et nous faire un petit strip-tease ! Je sais que t'as quelque-chose d'important à nous montrer ! Allez, à poil !

Il se mit à rire à gorge déployée, ce qui ne passa pas inaperçu dans la salle. Après avoir compris la situation, d'autres « à poil ! » fusèrent. Bientôt, se fut une clameur qui emplit tout le lieu, et il n'y eut plus que ceux déjà occupés à autre chose pour ne pas avoir leur attention rivée sur Noa. Les regards arrivaient de partout, de tous les angles. Certains se rapprochèrent même, pour assister de plus près au spectacle, créant un cercle autour de la table. Ergos, lui, semblait réellement heureux.

Astro.

Il n’aurait fallu qu’une seconde à Astro pour renverser le rongeur campé sur son dos. Il l’aurait ensuite sans doute maîtrisé sans mal, en prenant garde à protéger son visage, seul point faible face aux crocs tranchants. Malheureusement, il prit la décision trop tard. Comme une réponse à sa menace, c’est lui qui eut mal.

La combinaison absorba en partie la puissance de la première décharge. Elle n’était pas prévue pour être isolante, mais un mécanisme destiné à mitiger les dégâts des armes énergétiques s’activa. L’agent n’en sentit pas moins tous les muscles de son corps se contracter d’un coup, lui arrachant une plainte étouffée de douleur. Il tenta de se débattre, mais ses nerfs étaient se trouvèrent brièvement paralysés. Le rat ne lui laissa pas le temps de reprendre ses esprits, lui délivrant un nouveau coup de courant.

Cette fois, le choc fut direct. Le jeune cyborg convulsa littéralement, manquant d’éjecter son assaillant par la force des secousses. Les yeux écarquillés, la bouche ouverte, le visage déformé, Astro fit la première rencontre sérieuse avec la douleur. Le coup de couteau qu’il avait pris n’avait été qu’une piqûre de moustique en comparaison de la sensation qui l’assaillit. La souffrance lui faisait découvrir des fibres encore non suspectées de son corps organique. Ses muscles hors de son contrôle, il ne parvint même pas à crier.

Rien dans sa courte formation ne l’avait réellement préparé à la torture, et il semblait que sa part informatisée était spécialement sensible aux interférences électriques. La décharge passée, il resta recroquevillé sur le côté ; l’habitant des égouts s’était dégagé de lui. La respiration courte, presque bloquée, les Astro était encore sous le choc. Il parvint à fermer les paupières, évitant que des larmes ne roulent sur ses joues.

Plus jamais ça… pitié...

Les dents serrées, sa voix avait tout juste été audible. La douleur décroissait rapidement, mais ses muscles le brûlaient toujours cruellement. La fourrure de son dos n'avait pas été non-plus épargnée, mais c'était secondaire. Ce ne fut que plusieurs secondes plus tard qu’une sensation chaude à l’entrejambe lui fit réaliser avec horreur que son corps n’avait pas du tout encaissé correctement.

Non...  je me suis... uriné dessus… Mes… mes muscles ne répondent plus. Ça ne va pas… Rien ne va...  Noa comptait sur moi, et je vais encore le décevoir...

Replié sur lui-même, le lapin gisait, pitoyable, dans une flaque de sa propre urine. Il semblait incapable de tout mouvement. Il ne constituait à l’évidence plus une menace immédiate pour qui que ce soit.
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Noa Baker le lundi 23 octobre 2017, 22:42:10
Noa

La révélation d'Ergos vint comme un soulagement pour Noa. Il ne craignait plus que l'ours découvre le pot aux roses et fasse capoter la mission. En revanche, le fait que Miss Shein ait fourni cette information au terroriste faisait craindre le pire à Noa. Soit l'ours savait aussi pour le rôle de Noa au sein de la section D, soit Ergos aurait une désagréable surprise qui risquait bien de se retourner contre la maquerelle.
Malheureusement il ne pouvait rien y faire pour le moment et il décida de prendre son rôle encore plus à cœur.
Il prit une longue inspiration et se mit debout. Il regarda son public attentif, affichant un sourire concupiscent puis se retourna vers Ergos, plongeant ses grands yeux bleus dans le regard enthousiaste de l'ours.
"Vous n'allez pas être déçu."
Puis il s'imagina dans une boîte de nuit à Tekhos, il sentait la musique électronique aux basses sourdes faire accélérer les battements de son cœur. Il voyait les lumières de toutes les couleurs mettre en valeur les courbes de son corps. Il se sentait parfaitement à l'aise, comme s'il avait fait ça toute sa vie. D'ailleurs, ce n'était pas vraiment sa première fois. Il avait pris l'habitude de se travestir pour pouvoir entrer dans les boîtes de nuit et danser jusqu'à en être presque saoul, et bien que la situation soit différente en partie parcequ'il n'y avait que des femmes dans les lieux ou il dansait d'habitude, il réussi à faire abstraction de la foule excitée pour instiller toute son âme dans sa danse.
Il se fit d'abord sensuel, son déhanchement juste assez osé pour ne pas devenir vulgaire, et fit suivre à ses mains fines les courbes graciles courant de ses jambes à ses épaules. Il tournait sur lui même pour permettre à tout le monde de ne perdre aucune miette du spectacle et mettait autant de cœur à danser qu'une ballerine à son premier opera.
En cet instant, Noa incarnait à la perfection la délicatesse, comme touché par la grâce, et même les plus endurcis des brigands présents pouvaient ressentir l'émotion qu'il prodiguait porté par son enthousiasme. Ce n'est peut-être qu'à ce moment qu'il comprit à quel point sentir le désir des hommes pour lui était plus enivrant qu'un parterre de tekhanes à ses pieds. Il se sentait dans son élément, comme si sa vocation d'espion n'avait été qu'un job de passage.
Il n'avait pas fallu longtemps pour que les "a poil" impérieux se muent en une supplique à la jeune déesse qui ondulait sous leurs yeux. On pouvait lire dans leurs regards la dévotion et un désir presque respectueux.
"Astrid.. Astrid.. Astrid!"
Cependant, Noa savait bien qu'il ne pourrait pas les tenir beaucoup plus longtemps et il poursuivit sa danse en retirant un à un ses souliers. Il en jeta un à Ergos qui l'attrapa de son énorme patte. Sa chaussure dans la main du géant ressemblait à un jouet d'enfant.
Noa poursuivait son spectacle. Tout en dansant, il utilisa sa queue pour défaire les boutons de sa robe de soirée rouge. La tension était à son comble dans la salle quand d'un dernier geste il relâcha le fin tissu, dévoilant à l'assemblé l'ensemble de son anatomie.
La petite souris avait l'air bien seule sur cette table quand elle se retourna vers Ergos, les mains dans le dos. Entre ses deux jambes oscillait un pénis d'une taille attendue pour sa constitution, mais qui n'avait pourtant rien de modeste. Il ne portait plus que ses bas rayés rouge et noir et son bracelet en cuir toujours détenteur du dernier message d'Astro.
La rumeur bourdonna puis enfla dans la salle, les terroristes et affiliés se sentaient floués pour la plupart, ils avaient été trompés et n'appréciaient que peu la plaisanterie.
Seul un rire tonitruant couvrit le vacarme naissant, faisant sursauter Noa malgré son self-control.
"Muahaha! Voilà un spectacle qui valait le coup d'oeil!"
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Lapin le mardi 24 octobre 2017, 00:41:23
Noa.

Ergos se fendit d'un nouveau sourire, tout aussi avide que le précédent. Le show de Noa avait fait son effet sur la salle, même si la découverte finale en avait refroidit une bonne partie. On entendait des « lopettes » et des « petite bite » rageurs fuser ici et là, au milieu d'autres propos plus ou moins vulgaires. Quelques uns seraient sans doute même devenus agressifs si le strip-teaser n'avait pas été sous la protection du chef de bande. Et il ne semblait pas dans les plans de l'ours de laisser la souris se fait lyncher.

À peine Noa eut terminé de se déhancher que le colosse se pencha en avant pour l'attraper de nouveau par la taille. Pour lui, il était à peine plus lourd qu'un des énormes plats de victuaille qu'il avait englouti plus tôt dans la soirée. Mais cette fois, il le tira vers lui. Le petit terranide nu se retrouva ainsi assis sur les genoux de l'énorme bête. La tension dans la salle était un peu redescendu. Les prétendus mercenaires louchaient de nouveau sur les autres filles présentes – qui, elles, ne disposaient pas de service trois pièces – et sur l'alcool qui coulait plus que jamais.

Mais le rongeur, lui, était toujours au cœur des préoccupations d'Ergos. Ce dernier prit soin d'articuler, à l'attention de l'agent, et sur un ton particulièrement lubrique, quelques mots de sa voix grave.

Alors, on est pas content de me voir ?

Noa devait sentir l'énorme main de l'ours se refermer sur son pénis, qui malgré toutes ses qualités n'était malheureusement pas très impressionnant en comparaison. La grosse paluche était grasse de nourriture, mais au moins, il n'avait besoin que de deux doigts pour ce qu'il voulait faire. Le souffle alcoolisé de l'ours s'approcha de la grande oreille circulaire de l'agent. Il lui souffla quelques mots, à voix cette fois beaucoup plus basse.

Désolé souris, mais mieux vaut que les autres pensent que je passe un bon moment avec toi… ils savent rien…

Couverture ou pas, Ergos jouait a minima très bien son rôle. En témoignait le relief sur lequel Noa était assis, et qui gonflait… il était difficile pour lui d'en connaître la taille, dans cette position, mais sa propre cuisse semblait être un étalon adapté. L'ours avait pour sa part commencé des va-et-viens lents et étonnamment doux sur la virilité plus modeste du terranide, tâchant d'y faire influer un peu plus de sang.

Il va falloir que tu réfléchisses bien à ce que tu vas me dire, Tekhan. Même si je sais déjà presque tout. Miss Shein… m'a dit que tu travaillais pour des planqués du Front. Ouais, je sais, Miss Shein et moi, on est pas connus pour être amis.

Distraitement, il continua à masturber Noa. Considérant à quel point les fesses du rongeur étaient surélevées, la manœuvre était particulièrement impudique. Quelques regards intéressés se posèrent sur l'étrange manipulation à laquelle était soumise la souris.

Mais tu sais comment sont les humains. Cupides, fourbes. Tu penses qu'une maquerelle comme Shein ne se réjouirait pas de voir un de ses principaux concurrents anéanti ? C'est comme cet imbécile… il pense qu'il va pouvoir récupérer les affaires de sa famille. Mais il m'a donné tout ce qu'il fallait… jamais il sortira vivant d'ici.

De sa main restée libre, Ergos défit le bouton qui retenait la braguette de son pantalon. Il souleva une nouvelle fois Noa, une petite seconde. Avant de l’asseoir de nouveau plus près de son ventre. Un fort musc animal arriva jusqu'au museau du rongeur.

Le terranide se trouvait ainsi bloqué entre la masse musculeuse de l'ours derrière lui… et l'énorme pénis de ce dernier devant lui. Il y avait facilement un facteur trois entre la longueur des deux membres. Le rapport de largeur était pire. Le sexe de l'ursidé, veineux et rouge sang, avait des proportions qui ne devaient pas lui faciliter la tâche. Il était si épais qu'il paraissait presque court malgré sa taille. La seule consolation était que le colossal chibre cachait presque entièrement aux regards l'anatomie de Noa, remontant jusqu'à ses pectoraux.

Branle moi un peu. Je sais juste pas ce que ta bande de fiottes me veut… ni ce que tu viens faire ici… Y'a rien qui peut faire capoter ce plan… à part toi… un putain d'agent double…

Une serveuse – terranide vache, jolie robe à clochettes, que Noa n'avait pas encore vue – vint remplir le verre de l'ours. La souris, si elle était attentive, devait pouvoir surprendre un rapide échange de regard entre elle et le colosse. De quoi alimenter la suspicion lorsqu'Ergos l'amena au niveau des lèvres de l'agent, insistant ostensiblement pour qu'il en prenne une gorgée.

À l'odeur comme au goût, c'était le même alcool de fruit que buvait les autres convives. Pourtant, le breuvage avait été agrémenté d'un puissant sérum de vérité de nature magique. Quelques gouttes suffisaient pour que le sujet soit incapable de tout mensonge pendant plusieurs heures. Pour une gorgée, même garder ses propres pensées pour soi, sans les formuler à voix haute, devenait difficile. Les manuels d'alchimie n'étaient pas très précis sur les effets d'une dose plus forte, mais ils n'étaient sans doute pas recommandables.

Alors, ouais, souris. Réfléchis bien, et donne moi une seule bonne raison de te laisser t'en tirer ? Qu'est-ce que ta cellule veut ? Pourquoi t'as été envoyé ? Qu'est-ce que tu comptes faire ? Et aussi… Est-ce que t'as envie de ma bite ?

Le Fumeux retint un rire, mais Noa, collé contre lui, put sentir sa poitrine se contracter. Aucun doute qu'Ergos jouait sur tous les tableaux, et profitait avec un plaisir non-dissimulé de la situation. Dans le même temps, il avait reprit la main sur le pénis de la souris. Il le pressait à présent contre sa propre verge, profitant des frottements accrus entre les deux chairs. Avant même qu'il ait reçu une réponse, il accéléra impitoyablement le mouvement, décidé à tirer autre chose que des vérités du petit terranide.
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Noa Baker le jeudi 26 octobre 2017, 22:07:17
Les récepteurs d'Astro à base de bioristors étaient extrêmement sensibles. Ils étaient conçus pour réagir et influer sur les courants neuronaux du terranide, en aucun cas pour résister aux intensités potentiellement mortelles qu'il avait subies.  Il captait aléatoirement quelques rares flux numériques, pour l'essentiel un mix de signaux émis par les satellites tekhans, et sa conscience était embrouillée, tantôt vaguement capable de distinguer son environnement, tantôt focalisée sur une page de pub, une émission de téléréalité ou un flash info tekhan.

Shrash, le mâle de la fratrie, trainait Astro par les oreilles dans les ruelles englouties sans se soucier du lagomorphe qui heurtait au passage les pavés au son d'un générique de dessin animé.
"Eh ben, si tu veux mon avis, il ne représente plus trop de menace le lapin là."
"Si tu veux le mien, il n'en a jamais vraiment représenté une."
La soeur de Shrash avancait à quatre pattes devant eux, faisant se dandiner son corps plus petit que celui de son frère, sa queue fouettant nerveusement l'air poussiéreux.
"Tu crois que Shegrea sera heureuse?"
"Oh, tu te soucies de Shegrea maintenant?"
"Je me soucie surtout de ce qu'elle pourrait nous faire faire."
"Tu tiens trop à ta liberté Shareh, laisser aller ton être aux spores de la déesse est une félicité divine."
Shareh haussa les épaules, ce qui n'était pas évident dans sa position.
"Hrff!"

La suite fut un peu confuse pour Astro. Il captait à présent la rediffusion du 1365ème épisode d'un soap-opera doucereux aux dialogues ternes et creux. Quand son réseau neuronal reconstitua une partie des connexions, il avait l'image leurs le son était encore déformé.
Il était attaché sur une colonne tronquée, comme un cadavre à plat ventre, en travers sur le dos d'un cheval, et autour de lui se trouvait une foule de rats à l'image des frères et sœurs qu'il auxquels il avait déjà été confronté. Même sans entendre, il ressentait les vibrations des tambours sur lesquels devaient taper des rats hors de son champ de vision réduit. En essayant de faire le point sur sa vision, il vit tout d'abord Shrash, debout sur ses pattes arrières, face à lui. Le rat nu était presque aussi grand qu'Astro, les yeux hagards et exhibait fièrement son érection face au lagomorphe. Derrière lui, au loin après la foule forte d'une bonne centaine d'âmes, il pouvait voir un arbre étrange au feuilles roses et fushia. Le colonne était sur une sorte de piédestal en marbre froid sur lequel reposaient les pattes arrière d'Astro. Il sentit soudain deux mains griffues saisir ses fesses avec force. Il était nu, on l'avait défait de sa combinaison pendant son absence.
Sa vision se faisant plus nette, il vit que l'arbre était en fait un champignon prodigieux, grand comme une maison. Ses capteurs devaient presque avoir déjà fini leur régénération car il voyait à présent les spores de celui-ci, infimes particules de magie, parcourir la foule tout autour de lui.
Il ressenti une violente douleur à l'arrière train alors que la main griffue remontait vers son dos, lacérant sa peau au passage. Il pouvait sentir son sang chaud couler sur son dos alors qu'un corps poilu venait se coller au sien et les griffes vinrent se planter dans ses épaules, l'autre main lui tenait la tête relevée. Les seins nus et poilus qu'il senti dans son dos meurtri lui indiquèrent que c'était une femelle, sans doute Shareh, qui jouait avec lui.
Les sexe de Shrash était de guingois et lorsqu'il l'approcha du visage d'Astro le frottant avidement sur ses joues, celui put se rendre compte qu'il était au moins aussi long que sa tête. C'était le moment ou la trame des synapses d'Astro finissait d'accomplir son action régénératrice. Il captait un signal, celui du bracelet de Noa.
Une autre foule scandait "Astrid! Astrid" sous les battements de tambours maintenant audibles.
Alors que Shareh plantait ses crocs dans sa nuque arrachant quelques poils au passage, Astro senti les liens qui le maintenaient. Ce n'étaient que de vieux bout de tissu.
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Noa Baker le lundi 30 octobre 2017, 20:15:18
Noa

Noa était dans une situation qui avait tout d'un traquenard. Désarmé (en partie), nu et sans appui, la souris était désormais à la merci de la montagne de poils gris qui l'avait soulevé sans le moindre effort. Qui sait ce qu'il serait capable de commettre sur un coup de colère? Noa n'avait aucune intention de le contrarier; pas sans avoir une chance de s'en sortir indemne.
"Alors, on est pas content de me voir ?"
Noa fut parcouru d'un frisson quand la main de l'ours se referma sur son sexe, il ne s'était jamais senti autant sans défense qu'à ce moment présent. Il ferma les yeux pour tenter de réunir ses esprits, optant pour réagir comme un roseau sous un vent puissant, suivant le courant plutôt que d'y résister  et de rompre. Il écouta Ergos lui dévoiler ce qu'il savait et prit peur. Il était plus que nu, sa couverture venait de s'envoler avec ses espoirs de réussir sa mission. Il avait beau se concentrer, l'adrénaline consécutive à sa danse et aux attouchements de l'ours l’empêchait de retenir une excitation nouvelle pour lui. Son sexe était dressé malgré sa volonté et il ne put s'empêcher de lâcher un petit couinement quand il sentit la masse virile d'Ergos gonfler sous lui.

"Branle moi un peu. Je sais juste pas ce que ta bande de fiottes me veut… ni ce que tu viens faire ici… Y'a rien qui peut faire capoter ce plan… à part toi… un putain d'agent double"
Noa, tant par soucis de conserver une façade que pour se garder de répondre aux questions d'Ergos, s'éxecuta. Il mettait pour la première fois de sa vie les mains sur un autre pénis que le sien mais ce contact n'avait rien d'aussi répugnant qu'il l'avait imaginé initialement. La peau du monstre était douce et sa chaleur dans ses mains avait quelque-chose de rassurant pour Noa malgré une situation qui avait tout pour l'inquiéter. Ses petites mains parcouraient le membre veiné hésitantes, sans trop savoir comment s'y prendre. Bien qu'il soit à la merci d'Ergos, Noa comprit aussi qu'il était investi d'un pouvoir sur le terranide et il cherchait encore comment utiliser celui-ci quand la serveuse les approcha. Son oeil entrainé capta aussitôt l'échange entre les deux et il devina rapidement le contenu de la boisson que lui força à boire l'ours. Son entraînement avait comprit des méthodes pour faire face à la torture et aux drogues, magiques ou chimiques, et Noa savait que malgré tous ses efforts, il aurait bientôt énormément de mal à ne pas dire tout ce qui lui passait par la tête. Profitant de ce dernier instant de contrôle qui lui restait, il réunit ses pensées pour parvenir à former une  façade de vérités suffisamment dense pour couvrir le reste. Il sentit le liquide un peu amer aux accents de fruits lui couler dans le gosier et une chaleur intense prit source dans son estomac avant de remonter et d'envahir rapidement le reste de son corps. Ses oreilles s'étaient mises à rougir, témoins de l'état dans lequel se trouvait à présent le petit terranide.
"Alors, ouais, souris. Réfléchis bien, et donne moi une seule bonne raison de te laisser t'en tirer ? Qu'est-ce que ta cellule veut ? Pourquoi t'as été envoyé ? Qu'est-ce que tu comptes faire ? Et aussi… Est-ce que t'as envie de ma bite ?"
"Je.. Je serai obligé de vous tuer si c'est la seule solution pour moi de m'en sortir. "[/b
Le Fumeux éclata de rire.
"Te voilà bien présomptueux petite souris!"
Noa visualisa Astro en pensée et réussit, moyennant un effort fantastique de volonté, à envelopper la vérité.
"Mon équipe devrait être prête à intervenir. Je ne suis pas seul. Je... je. Je n'ai pas été envoyé par une cellule concurrente du FLT.. C'est la section D qui m'envoie... pour extraire Syn Trois-Doigts"
Noa avait beaucoup de mal à garder sa concentration. Il n'avait pas vraiment menti concernant le FLT, aucune consigne ne lui avait été donnée, mais il craignait que les questions d'Ergos ne deviennent plus précises..
"Vous me faites peur, j'ai peur que vous ne m'écrasiez la tête avec vos poings, j'ai peur que vos questions ne révèlent des choses que je ne voudrais pas dire, j'ai peur de votre bite et.."
Noa essaya fort de ne plus parler, il n'était pas sûr d'avoir envie d'entendre la suite.
"..et elle me fait pourtant envie."
Cette dernière phrase asséna un choc à Noa. Il n'avait jamais imaginé sa sexualité sous cet angle.
"Je n'avais jamais eu ce genre de contact sexuel et j'aime énormément ça, ça m'excite!"
Tais toi! Tais toi!
"Je dois me taire! Il faut que.."
Ergos s'était mis à frotter le sexe de Noa contre le sien, tirant un nouveau couinement à la souris.
"Oh..oh, c'est.. c'est très agréable! Je crois que je risque de bientôt éjaculer sur votre sexe, Ergos."
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Lapin le lundi 30 octobre 2017, 21:46:53
Astro.

Difficile pour Astro de faire le point. Pendant un long moment, il ne parvint pas à accéder à ses  informations de géolocalisation, mais il ignorait si cette déconnexion était due à l'épaisseur du sous-sol, ou à un dérèglement de ses capteurs. Le fait de percevoir d'autres flux numérisés lui donna la réponse. Le choc avait altéré la façon dont son corps recevaient les signaux électriques. Le cyborg ne pouvait dire pour le moment dans quelle mesure. Ses programmes étaient bien capables d'auto-diagnostique, mais le retour à la normale pouvait prendre du temps.


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L'agent sentait le sol rapper contre sa peau. Parfois, son visage heurtait un pavé qui dépassait particulièrement, l'étourdissant brièvement. Ses oreilles surtout le tiraient douloureusement. Elles n'avaient jamais été conçues pour qu'on traîne derrière elles tout le poids de son corps. Les rats pouvaient être en train de l'emmener n'importe où ; loin de sa mission, loin de Noa. S'il n'avait pas été aussi terrifié et incapacité, il aurait peut-être activement paniqué.


– Alors, Michelle, qu'est-ce que vous nous préparez aujourd'hui ?
– Eh bien aujourd'hui, Michel, ce sera un carpaccio de terranide !
– De quelle espèce de terranide parlons-nous, Michelle ?
– Pour cette émission, Michel, j'ai choisi un terranide vache. Ce sont mes préférés. Leur viande est très tendre… Je vais l'assaisonner avec des pignons de pin et de la roquette…
– Et très accessible ! Parfait pour les petits budgets. Oh, mais Michelle, ce terranide est encore vivant ! Il respire !
– Bien sûr Michel. Il faut toujours choisir ses produits bien frais ! Bon, on va pas le faire souffrir, d'abord, on va s'assurer qu'il est bien assommé… Allez mon joli, on ne bouge pas…



Il avait l'impression de s'être encore évanoui. Mais ses perceptions n'étaient pas aussi claires que s'il venait de se réveiller. Naturellement, il tenta de reprendre une position verticale. Il ne lui fallut qu'un instant pour réaliser qu'il était attaché. Progressivement, il retrouvait la vue. Les ombres se précisèrent. Il connaissait ce rongeur. Ce n'était pas Noa. Noa n'était pas aussi grand, et Noa ne se serait jamais exhibé ainsi…


Et maintenant, retrouvons Cassandra et Julianne. Dans le dernier épisode, Cassandra devait partir pour le front, combattre la fourmilière et rejoindre sa mère, générale dans l'armée. Mais Julianne tente de l'en empêcher, en lui faisant croire qu'elle est enceinte :
Je… je ne savais pas que tu étais enceinte !
Ah…
Je… je ne peux plus partir pour le front combattre la fourmilière, maintenant !!!
Oh…
Que va penser ma mère qui est gé...né...rale... DANS l'AR...mooé ?!


Les interruptions n'en finissaient pas de perturber son système sensoriel. Son ouïe revenait peu à peu, apportant elle aussi des informations nouvelles. Les tambours firent vrombir ses grandes oreilles. Il y avait beaucoup plus qu'un rat… quant à la magie diffuse dans l'air, il n'aurait encore su l'identifier. L'agent comprenait seulement que ce qui se passait le dépassait considérablement. Sans sa combinaison, il se semblait terriblement vulnérable.

Astrid ! Astrid ! Astrid !
[…]

Alors, on est pas content de me voir ?


Ce message là était différent. Il était à la fois plus faible et plus proche. Il identifia la fréquence où émettait le bracelet du major. Pour le capter alors qu'il n'était pas en mode émission, il devait être vraiment proche. En temps normal, il n'aurait même pas pensé ça possible. Astro se demanda s'il n'était pas tout simplement en train de délirer. L'électricité l'avait tellement déréglé qu'il ne pouvait pas en être certain que les flux n'avaient pas été mélangés…

Gnn.

La brutalité de griffes qui labourèrent son dos le tirèrent de sa réflexion, et le ramenèrent impitoyablement à sa situation présente. Son corps se tendit pour surmonter la douleur. Rien à voir avec une décharge, mais il fut angoissé par la sensation de son sang qui coulait, imbibant sans qu'il puisse le voir sa fourrure brune. Les serres remontèrent vers ses épaules, laissant une traînée brûlante dans sa peau rose, avant de se planter dans ses épaules. Astro gémit de nouveau.

Même cette torture cependant n'était pas suffisante pour lui faire perdre de vue l'imposant sexe qui s'approchait de lui. Rien que l'odeur du mâle lui piquait les narines. L'hygiène n'était sans doute pas une préoccupation majeure dans les égouts, et celles des parties intimes des rats était à l'évidence  pire encore. De quoi être largement dégoutté lorsque le gros morceau de chair rouge vint frapper sur son visage, tout près de sa bouche. Le jeune cyborg eut un haut le cœur.

La femelle derrière lui enfonça ses crocs dans sa gorge. Ce n'était manifestement pas pour tuer, mais Astro n'avait pas de moyen de le savoir. Dans un réflexe de survie, il se débattit, cambrant le dos et libérant une de ses mains. La réaction fut immédiate.

Nnn !

Un nouveau courant partit de son crâne et se diffusa dans tout son corps. Les muscles du cyborg se contractèrent, bloquant net son mouvement. Plus surprenant, son pénis se dressa soudainement, parfaitement raide et dur, comme si l'électricité y avait remplacé le sang… et ce fut tout. Pas de désorientation, pas de catatonie, le choc le laissa parfaitement lucide. La décharge n'avait pas eu la même intensité que les deux assauts précédents. Le cyborg ne pouvait dire si c'était une manœuvre volontaire de la part du rat, ou si c'était simplement parce que la seule zone de contact avait été sa verge appuyée sur ses joues…

On se calme, je peux faire ça à des endroits beaucoup plus désagréables… prévint le terranide.

Pour toute réponse, Astro lui adressa un regard confus. Les muscles de sa mâchoires fourmillaient. Ses options de fuite étaient limitées.

Je pourrais facilement arracher mes liens mais… il est rapide. Ses décharges sont encore plus rapides. Il pourrait me neutraliser encore… Je… Je ne veux pas revivre ça… tout plutôt que ça…

Le jeune cyborg baissa les yeux…

Noa.

C'était décidément une bonne soirée pour Ergos. Le banquet avait été succulent, la soirée distrayante, son plan se déroulait à merveille… et la seule personne qui aurait pu lui faire obstacle était à sa merci, en train de couiner misérablement entre ses pattes.

Ahah, souris, je suis curieux de savoir comment tu compte me tuer. Tu vas me le dire, oh oui, tu vas tout me dire sur l'équipe qui doit venir te sauver, et quand… Aah, mais tu sais qu'on pourrait s'arranger…

Les frictions de sa grosse main sur le sexe de Noa ralentirent, jusqu'au moment où elles s'arrêtèrent totalement. L'ours faisait durer le plaisir. Toujours, il parlait à voix relativement basse, mais son volume avait un peu augmenté. S'il était moins discret, c'est sans doute qu'il se sentait à l'aise… et de plus en plus excité.

…si tu avais quoi que ce soit à m'offrir. Syn est insignifiant… mais tu l'es encore plus… La seule chose que j'ai envie de te faire, c'est de te baiser. Mais tu n'y survivrais pas… Bah ! T'empaler mettrait une mauvais ambiance. Encore que…

C'est sur ces paroles inquiétantes qu'Ergos passa son bras derrière les genoux de Noa. Il serra, l'obligeant ainsi à remonter son postérieur vers le haut. En diagonale, tête presque en bas, l'agent exposait maintenant son anus à la vue de tous ceux devant lui. L'ours, juste au-dessus, en avait aussi une vue plongeante. L'orifice ne semblait pas au cœur de ses préoccupations, cependant.

Voyons d'abord si tu es souple, petit rat ! annonça le terroriste, cette fois publiquement.

L'ours libéra son autre main, et la plongea dans la chevelure de Noa… avant de pousser sur sa tête. Fermement, le dos du terranide fut forcé à la contorsion, dirigeant son visage vers sa propre entrejambe. Ergos s'arrangea tant bien que mal, sans ménager sa victime, pour que la bouche de celle-ci entre en contact avec son sexe. Puis il continua à appuyer, jusqu'à ce que Noa soit obligé d'avaler sa propre verge.

J'allais pas te laisser venir sur moi… tu vas juste te jouir dessus, comme un petit branleur… Dis-moi que ça te fait pas envie… fit-il, pervers.

Le terroriste ne plaisantait pas. Jouant toujours de sa force et de la souplesse de l'agent, il initia un mouvement de balancier. Par intermittence, le pénis de Noa ressortait, mais ce n'était que pour être plus vivement enfoncé de nouveau dans sa cavité buccale. Il s'arrangerait, évidemment, pour que le moment final soit particulièrement salissant pour le rongeur.

La souris ne va pas tarder à s'en mettre partout ! Prenez les paris sur combien de passes il va tenir ! Combien de temps tu penses résister, souris ? Il marqua une brève pause pour le laisser parler. Ahah, allez : UNE !… DEUX !…

L'indécente scène était de nouveau au centre de toute l'attention. Quelques mercenaires parmi les plus enthousiastes se risquèrent même à de rapides estimations. Le décompte fut bientôt repris par un chœur masculin joyeux et moqueur. Pourtant, à la grande frustration du colosse, la jouissance de Noa se faisait attendre. Soucieux de ne pas laisser aller la salle à l'ennui, Ergos augmenta la cadence de ses poussées sur le crâne de sa victime... Malheureusement, cela ne semblait pas suffire.

Besoin d'un peu d'aide, rongeur ? Tu vas adorer… chuchota-t-il.

Sans relâcher sensiblement la pression que les jambes de Noa (son bras était bien assez énorme), l'ours releva la main. Enfin, il commença à caresser l'anus de la souris, du bout de ses griffes. Il en fit brièvement le tour, appréciant la douceur de la peau rose... Un jeu qui le lassa vite. Le muscle était assez détendu, du moins c'était son avis. Un majeur épais et griffu s'enfonça alors directement dans le fondement de l'agent. Ergos était assez expérimenté pour ne pas blesser la muqueuse délicate avec le bout tranchant de son appendice. Cependant, ce qui pénétrait dans l'orifice du petit terranide était à lui seul bien suffisant pour que son passage se fasse sentir. Expert, il vint presser avec assez de précision la prostate du rongeur. Restait pour ce dernier à espérer qu'il puisse donner satisfaction avant que son bourreau ne soit suffisamment frustré pour en enfourner un deuxième.
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Noa Baker le samedi 04 novembre 2017, 17:13:04
Astro

Les battements de tambour s'étaient tus un à un, laissant place à une sourde rumeur aux accents de mêlée. Il n'était pas facile de déterminer avec certitude si les rats étaient en train de se battre tant l'enchevêtrement des corps étaient chaotique, d'autant que le champ de vision du lapin était notablement réduit par Shrash qui frottait avec un entrain certain son sexe contre le visage d'Astro.
Shareh fit courir des griffes le long du bras de l'espion d'une main, puis, de l'autre lui saisit le sexe tendu, pressant fermement celui-ci.
Elle vint coller ses babines à l’oreille d'Astro et susurra d'une voix rauque afin de n'être entendu que par celui-ci:

"Oh, mais tu aimes ça lapin! C'est dommage, j'avais une proposition à te faire pour te sortir de là.."

Shrash appuyait son gland à la commissure des lèvres d'Astro, faisant crépiter de petites étincelles qui engourdissaient sa bouche.

"Laisse-toi faire par mon frère pour l'instant, mais le moment venu soit prêt à intervenir. Je n'ai pas plus que toi l'intention de moisir dans ce trou."

Le nuage de spores magiques s'était densifié laissant les rats dans une transe malsaine. Certains d'entre-eux se battaient, mais la plupart s'étaient engagés dans des ébats bestiaux et sauvages. Astro put apercevoir un rat en train de dévorer le bras de son partenaire alors même qu'il était en train de s'accoupler. Ce rat n'était pas le seul à agir ainsi et la cérémonie s'était rapidement transformée en orgie répugnante ou se mêlaient les corps et les fluides corporels plus ou moins poisseux.
Shrash força le passage à l'intérieur de la bouche d'Astro qui pouvait  présent sentir un picotement sur son palais et ses joues pendant que Shareh tirait et malaxait son sexe sans ménagement aucun.

"Dans quelques instants plus personne ne fera attention à nous; je te libérerai de tes liens et tu m'aidera à maîtriser mon frère."
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Noa Baker le dimanche 05 novembre 2017, 09:16:13
Noa

Heureusement pour Noa, le genre ou le nombre ne s'entendent pas toujours à l'oral.
"Il devrait déjà être là pour me sauver."

Les pensées embrouillées de Noa se portèrent vers Astro mais avant qu'il puisse en dire plus, Ergos enchaîna sur une autre question pendant laquelle la souris réussi à murmurer du bout des lèvres "Astro, viens vite je t'en supplie" sans se faire entendre de l'ours.

"Je vous égorgerai comme un lapin si c'est la seule solution qui me reste! Mais si vous me donnez Syn, on peut s'arranger."

" …si tu avais quoi que ce soit à m'offrir. Syn est insignifiant… mais tu l'es encore plus… La seule chose que j'ai envie de te faire, c'est de te baiser. Mais tu n'y survivrais pas… Bah ! T'empaler mettrait une mauvais ambiance. Encore que…"
"Voyons d'abord si tu es souple, petit rat !"

Et sur ces mots, l'univers se renversa. Noa pouvait voir le reste de la salle, la tête en bas. Sur les derniers mots prononcé par leur chef, une bonne partie de l'attention des truands s'était à nouveau portée sur le curieux spectacle qu'offraient le géant et l'espion. Ergos força sur son dos et ses jambes aux rayures rouge et noires vinrent prendre place autour de son cou. N'eut-il pas été aussi souple, sa colonne vertébrale aurait sans doute craqué. Le monstre gris n'avait pas l'air de craindre de casser son jouet de toute évidence et s'est transi de peur que Noa reçut son propre sexe sur le front. L'autre main d'Ergos vint serrer sa chevelure fine et orienta sa tête de manière à ce que sa verge trouve le chemin de sa bouche. Ses lombaires tendus à leur maximum, Noa était maintenant habité par la douleur, la peur et la honte.

"J'allais pas te laisser venir sur moi… tu vas juste te jouir dessus, comme un petit branleur… Dis-moi que ça te fait pas envie…"

"Eugll! Non, pitié Ergos! Je n'aime pas ça! Je.. gll!"
L'ours ne laissa pas le temps à Noa de finir sa phrase et le força à avaler entièrement sa verge, appliquant un mouvement de va-et-viens au corps de Noa à sa merci. N'eut été le sérum, Noa aurait certainement perdu de la raideur, mais il semblait bien que la dose qu'avait ingéré le petit rongeur était supérieure à celle préconisée pour sa constitution. Noa pouvait constater à son grand désarroi un effet secondaire des plus vigoureux se frayer un chemin jusqu'à sa gorge.
Il n'aurait sut dire combien de temps ce manège indécent dura, mais si sa bite était toujours tendue, l'orgasme ne venait pas.

"Besoin d'un peu d'aide, rongeur ? Tu vas adorer…" chuchota Ergos.

Noa se contracta quand il sentit l'énorme doigt de l'ours lui caresser l'anus, et une première vague de douleur lui parcouru l'échine. Cependant, cette douleur n'était rien comparée à celle qu'il eut lorsque le doigt se fraya un chemin, forçant sur son sphincter. Si Noa ne trouvait plus rien d'excitant à ce qui lui arrivait, la pression experte effectuée par Ergos sur un point G dont il ignorait l'existence fut à elle seule suffisante pour déclencher un orgasme inédit. Une vague de plaisir balaya brièvement sa douleur.
Le premier jet, chaud et visqueux, vint toucher sa luette et Noa eut un soubresaut manifeste qui n'échappa pas à Ergos. Celui-ci relâcha la pression sur le dos du petit rongeur avec un timing très précis. La bite de Noa quitta sa bouche, encore reliée d'un petit filet souple et blanc et une deuxième projection vint souiller son visage en plein dans son grand oeil bleu. Le sperme se mélangeait à ses larmes quand Ergos, enfin satisfait, imprima une nouvelle pression sur la prostate, déclenchant une troisième salve. Un long cordon de semence balaya son visage en diagonale, de sa bouche vers son oreille, obstruant une narine qui fit gonfler une petite bulle.
Noa eut un haut-le-coeur et toussa, laissant couler les restes de sa première éjaculation de sa bouche vers le haut de son visage.
"Hrrk! Hhh! Je... je te tuerai Ergos!"
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Lapin le dimanche 05 novembre 2017, 19:13:35
Astro.

Le jeune cyborg n'était pas d'une nature à céder facilement au désespoir. Mais il se savait en très mauvaise situation, et ne voyait pas d'échappatoire. Dans l'attente de jours meilleurs, il ne pouvait que supporter les brutaux attouchements du rat et de sa sœur. Il sursauta lorsque les doigts de cette dernière se refermèrent sur son sexe. Il ne s'y était pas attendu. Avec tant de choses à penser, il n'aurait même pas remarqué de lui-même qu'il était en érection. Il appréhendait la suite. Il s'attendait à ce que, d'un moment à l'autre, les petites griffes s'enfoncent dans une chair bien plus sensible que celle de son dos…

– Il va falloir que tu réfléchisses bien à ce que tu vas me dire, Tekhan. Même si je sais déjà presque tout. Miss Shein… m'a dit que tu travaillais pour des planqués du Front. Ouais, je sais, Miss Shein et moi, on est pas connus pour être amis.

Le cyborg en était maintenant certain, cette fréquence était bien celle du communicateur de son partenaire. La réception n'était pas parfaite, mais elle était suffisamment claire pour qu'il comprenne que l'implication de Noa devenait plus sévère que prévu. Astro se rassura sur sa situation alors qu'il grimaçait en réactions aux manipulations que lui faisaient subir de la femelle.

Le major a des ennuis, mais il va s'en sortir. J'ai confiance. C'est le meilleur espion de Tekhos, il va trouver quelque-chose, avec ou sans moi… Ce n'est qu'une questions de minutes… Moi… moi je vais juste essayer de m'en tirer seul, et de ne pas le ralentir…

Nouvelle surprise lorsque la ratte lui glissa à l'oreille des paroles étranges. Pouvait-il seulement lui faire confiance ? N'était-ce pas simplement une tactique pour qu'il se tienne tranquille ? En même temps, ils avaient démontré ne pas vraiment avoir besoin de plan complexe pour avoir le dessus…

Le regard toujours bas, Astro ne pouvait de toute façon rien répondre. Devant ses yeux, la bacchanale sanglante suivait son cours. Sur sa colonne, le prisonnier se sentait presque privilégié. Personne n'essayait de le dévorer ou de le démembrer. Tout aussi libidineux qu'il était, Shrash n'était pas aussi frénétique que la plupart de ses semblables.

Quant à la femelle, elle paraissait en bien meilleure maîtrise encore. Ce qui ne l'empêchaient pas de triturer le pénis du cyborg. Son bassin était la seule chose qu'il bougeait encore volontairement. L'agent tentait quelque-fois de se dérober aux caresses les plus intrusives, quelques fois d'accompagner les mouvements des doigts pour les rendre moins douloureux.

Le jeune agent ne résista pas trop lorsqu'il comprit que le rat voulait lui faire avaler son sexe et ouvrit la bouche. Être indocile, c'était risquer de recevoir une décharge plus violente. Le goût, bien sûr, était pire que l'odeur. La verge, brûlante, était recouverte d'une couche de crasse poisseuse et acre. Le lapin sentit son estomac se retourner. Il ferma les yeux et se retint de vomir, totalement inactif, alors que la hampe frottait contre son palais.

Hrrr…

Respirer était difficile ; la puanteur le dissuadait d'aspirer par le nez. Au bout de quelques passages, toutefois, sa nausée fut atténuée par l'action de la salive et l'habitude… à moins que ce ne soit les courants électriques qui neutralisaient peu à peu ses papilles. Ce n'était plus qu'un gros morceau de chair chaude qui remuait entre ses lèvres. Astro retrouva alors l'aplomb de rouvrir un œil rougi, contemplant depuis l'entrejambe le rat qui pénétrait sa bouche. Pour la première fois de sa courte existence, il sentit la colère naître.
Titre: Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
Posté par: Noa Baker le mercredi 08 novembre 2017, 07:00:22
Astro

    Le sol de la place sous les pattes des rongeurs avait commencé à se recouvrir d'un fine trame blanche qui, parcourant les anciens pavés,  s'étendait avec une vitesse prodigieuse en provenance de Shegrea. Le mycélium du champignon géant envahissait la zone et commençait à grimper autour des pattes des rats blessés tandis que d'autres rats survenaient par les galeries alentours.
Astro ne voyait pourtant pas grand chose de cette scène, Shrash lui bloquant toujours la vue et la cavité buccale; seule lui parvenait la voix rêche de Shareh qui semblait avoir un plan:

"C'est ainsi que Shegrea se nourrit et perpétue son vivier. Il faut y mettre un terme lapin, et tu vas m'aider!"

Les rats les plus faibles croulaient sous leurs blessures et le poids des plus vivaces qu'eux, avant d'être rapidement recouverts d'un réseau complexe de fines veines blanches, comme un grossière toile d'araignée vivante. Les filaments du champignon secrétaient alors de puissantes enzymes qui par leur action décomposaient la matière organique des rats agonisants. Certains corps commençaient même déjà à se dissoudre, libérant une odeur âcre et puissante de chair en décomposition.
Shareh manipulait toujours le sexe d'Astro sans y prêter vraiment attention et elle continuait de chuchoter à son oreille:

"Shegrea a vu dans l'avenir, c'est toi qui doit la détruire, et tu le feras!"

Les capteurs d'Astro perçurent alors la présence de nouveaux spores magiques autour d'eux. Shareh en était la source, et le petit nuage ne semblait pas s'étendre au-delà de quelques mètres, n'englobant donc pour l'instant que la fratrie  et Astro.

"D'un instant à l'autre, mon frère sera déboussolé. Profites-en pour le mettre hors d'état de nuire. Ne te préoccupe pas de mes autres frères, ils sont bien trop occupés pour remarquer quoi que ce soit."

Et comme pour accompagner ses paroles, Shareh s'accroupit derrière Astro, sectionnant les liens à ses poignets et chevilles. Les spores s'étaient densifiés autour d'eux et Shrash avait cessé tout mouvement laissant son sexe à moitié sorti de la bouche d'Astro.