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(http://t14.deviantart.net/tilcuMq2zsHgWfwyfbGBjF7lDGU=/300x200/filters:fixed_height(100,100):origin()/pre08/e51f/th/pre/f/2014/287/d/b/coming_of_azathoth_by_tentaclesandteeth-d82tov9.jpg) (http://orig04.deviantart.net/3625/f/2014/287/d/b/coming_of_azathoth_by_tentaclesandteeth-d82tov9.jpg)
« N'est pas mort pour toujours qui dort dans l'éternel
Mais d'étranges éons rendent la mort mortelle »
Loskar (http://img110.xooimage.com/files/4/9/1/loskar-4e4544d.jpg), en ces temps lointains, avait été une immense cité. Une cité futuriste, où les habitants avaient réussi à se débarrasser de la plupart des grands fléaux de l’humanité : la pauvreté, la famine, les maladies, les religions, et même la criminalité. Oh, les criminels existaient toujours, mais l’administration de Loskar les bannissait au-delà des frontières de leur Puissance, dans les Terres Abandonnées, par-delà de hauts murs, où on disait que vivaient les barbares et les sauvages, de manière anarchique, loin de la Puissance.
La Puissance, c’était le terme officiel pour désigner les pouvoirs publics gérant Loskar. Les Puissants vivaient au Siège, une île plantée au milieu de la grande Loskar, cité gigantesque composée de multiples gratte-ciels et d’immeubles géants. Une cité heureuse, qui devait régulièrement défendre le Mur, une immense fortification s’étalant sur des milliers de kilomètres, et qui protégeait Loskar et ses richesses contre les barbares des Terres Abandonnées. Régulièrement, ces derniers tentaient d’envahir Loskar en attaquant le Mur, et le Mur était devenu une impressionnante superforteresse, visible depuis l’espace.
Cependant, en ce jour, ce fut une autre menace qui préoccupa Loskar et ses habitants. Alors que les Puissants commençaient à coloniser les satellites environnants et les planètes proches, les ressources naturelles ayant disparu sur Terre, leurs puissants satellites, ainsi que leur observatoire sur la Lune, observèrent une curieuse masse apparaître, se rapprochant rapidement.
«
Quelle est cette chose ? s’inquiéta-t-on dans le Grand Observatoire.
-
Je n’en sais rien, Puissants. Tout ce que nous savons, c’est qu’elle se rapproche... Très rapidement. »
Les Puissants exploraient maintenant l’espace grâce à de puissantes sondes, et savaient donc qu’une attaque extraterrestre était possible. Il y a quelques mois, l’une de leurs sondes avait justement, étrangement, perdu toute communication. En inspectant les dernières images envoyées par la sonde, les astroscientifiques avaient révélé d’étranges tentacules semblant flotter dans l’espace. Ces images avaient été classifiées, et les Puissants comprirent vive que cette
chose les avait vus.
«
Armez les missiles nucléaires et préparez le canon solaire. »
Le vote fut voté à l’unanimité. Pour se défendre, Loskar avait depuis longtemps envoyé ses têtes nucléaires dans l’espace, et avait également développé, à l’aide de panneaux solaires, un immense canon solaire, dont le but était de concentrer par endroits la lumière. Le principe de base avait été de s’en servir pour détruire les Barbares, mais tout cet arsenal allait maintenant trouver une nouvelle utilité.
Le premier affrontement fut donc spatial. Une vingtaine de missiles nucléaires filmèrent vers la cible, les Puissants voyant, avec horreur, une créature indéfinissable. En la voyant s’approcher, plusieurs vomirent. C’était un immense et cosmique amas de tentacules parcourus de multiples yeux. Les bombes atomiques éclatèrent à sa surface, pulvérisant ses immenses tentacules, mais d’autres jaillirent.
«
Comment telle abomination peut-elle exister ?! »
Cette créature n’avait ni tête, ni jambes, ni bras. Où commençait-elle ? Où se terminait-elle ? Des spores jaillirent du corps du monstre, et les stations spatiales furent détruites. Le canon solaire s’enclencha alors, mais ses panneaux furent arrachés en quelques secondes, tandis que des milliers et des milliers de spores filaient du corps du monstre, traversant l’atmosphère de Loskar pour venir s’étaler à peu près partout. L’une de ces spores transperça un gratte-ciel, et s’écroula dans un parking en hauteur, libérant une flopée de monstres indescriptibles (http://orig05.deviantart.net/c560/f/2013/317/4/1/dark_young_by_borjapindado-d6u2y3u.jpg), des créatures cauchemardesques (http://orig03.deviantart.net/9112/f/2013/149/3/2/cthulhu_wars___shub_niggurath_by_butttornado-d671keh.jpg).
Loin de là, dans les Terres Abandonnées, Nok-Tar’, Gran-Chaman du Clan des Sacs d’Os, leva fièrement son bâton, tandis que le ciel crépusculaire s’illuminait de tous ces tirs célestes.
«
Et réjouissez-vous, ô amis, car le Jour Tant Attendu arrive enfin ! La Prophétie se réalise ! Que nulle peur ne vienne étreindre vos cœurs ! Embrassez avec joie et amour votre Transcendance, car, enfin, ô Amis, nous sortons de vos faibles enveloppes de chair pour rejoindre l’Éternance et la Félicité ! »
Les rêves de Nok-Tar’, qu’il réalisait depuis plusieurs mois, venaient de se réaliser. On l’avait pris pour un fou, au début, mais, quand les éclaireurs avaient vu les créatures célestes broyer et massacrer le clan des Têtes de Bronze, ils avaient compris que les rêves de Nok-Tar’, et la voix qu’il entendait, n’étaient pas le fruit de sa folie, mais le résultat de divinations. Comme quoi, le fait d’avoir mangé de la chair d’enfant et de cadavres avait eu pour effet de le doter de pouvoirs supérieurs.
«
J’espère que nous n’arrivons pas trop tard... »
Ils flottaient en l’air, descendant à toute allure, telles des flèches de lumière. Flamboyante dans son armure,
Iranaël (http://orig00.deviantart.net/1a77/f/2013/223/9/e/9e662a13e5b7fc7b2cecdd94ec89abc1-d6hn9eu.png), Ange du Jugement, ne faisait qu’exprimer ses doutes à l’idée que tout espoir ne soit vain. Malheureusement, le temps de repérer les incursions des Tyrans, les Anges avaient toujours un décalage variant entre quelques heures et quelques mois. Ici, Azathoth avait envahi ce système depuis plusieurs jours, mais s’était déjà manifesté il y a quelques mois, auprès des tribus barbares et sauvages de ce monde corrompu. Les barbares avaient amené l’armée loskarienne à se concentrer sur leur odieux Mur, et les séides d’Azathoth avaient déferlé dans le cœur de Loskar, massacrant et collectant les gens.
«
Je le sens, commenta un autre Ange,
l’Hérésie a commencé à se répandre. -
Les habitants sont désespérés, et, sous la désespérance, les vieux démons refont surface. L’adoration, l’idolâtrie, les sacrifices... »
Plusieurs temples avaient été érigés à Loskar, car, au sein des habitants massacrés et torturés, des « prophètes » se dressaient pour dire que l’envahisseur ne venait pas les massacrer, mais pour les délivrer, ou, alors, qu’il était là pour les punir de leurs exactions. Ces temples sauvages se dressaient dans les ruines de la ville.
Finalement, les nuages partirent, et les multiples Anges aperçurent la ville, en feu. La bataille continuait à faire rage dans les rues de la ville, mais elle était désespérée. Le ciel lui-même s’était noirci, recouvert d’immenses tentacules, avec une infinité d’yeux rouges qui observaient Loskar, comme s’ils pouvaient voir tous vos péchés... Ce qui n’était pas faux, car les Tyrans, à proprement parler, étaient télépathes.
«
N’oubliez pas notre quête ! Repoussez ces monstres, et escortez ces gens vers des terres plus propices. Il ne nous incombe point de les juger. Sécurisons la ville, puis partons. -
Nous ne l’attaquons pas ? -
Imperius a été formel. Il nous faut en savoir plus sur ces choses avant de perdre encore plus d’Anges. »
Et il ne comptait pas discuter les ordres, et personne ne discuterait les siens... Car il était le Porteur de Lumière.
Il était
Lucifer (http://orig11.deviantart.net/7cfd/f/2012/241/0/0/lucifer_by_crow_god-d5cx9vc.jpg), et ceci était son heure de noblesse, pour celui qu’on considérait comme étant le plus pur des Anges.
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Loskar – Terre
"Toutes les heures blesses, mais la dernière tue."
La guerre n’a jamais connu un autre visage. Toujours au moment le plus importun. Ça, le lieutenant Piper le savait que trop bien. Elle qui, pourtant jeune, connaissait déjà toute l’histoire de la guerre et de celles que la nation avait traversé. Si de nos jours le monde était unifié, et qu’une grande période de félicité l’avait frappé, il n’en était presque plus rien, désormais. Comme au travers les âges, au travers toute les autres guerres, le mal avait frappé là où ça faisait mal. Loskar, berceau des progrès et puissantes cités, était sur le point de tomber. La chute de cette ville serait une catastrophe, à éviter à tout prix. Mais l’envahisseur était, pour une fois, d’origine extraterrestre, et ne répondait quasiment à aucun des standards Terriens.
Des créatures immondes, difformes, terrifiantes. Leur simple vue parvenait à causer des crises cardiaques aux plus faibles, tellement leur apparence était effrayante et sanglante. Toutes les rues étaient tombées sous le feu de la guerre, les militaires tentant tant bien que mal de se battre, mais d’évacuer aussi la population. Le ciel noir, menaçant, grondant de ses milles yeux rouges n’était pas là pour encourager les forces armées, qui luttaient encore et encore … En vain. Les abominations ne semblaient pas diminuer en nombre, et il devenait de plus en plus difficile de les tuer. Il en tombait du ciel, par des milliers, comme des spores diaboliques, se rependant partout sur le monde, et sur Loskar.
La guerre faisait rage dans les rues enflammées de la cité, mais aux yeux du lieutenant Piper, le combat était loin d’être perdu. En effet, Jenny Agatha Piper (http://img15.deviantart.net/00d8/i/2016/026/f/3/nuclear_girl___2016_by_knkl-d9pg32p.png), de son nom complet, avait toujours été une patriote et une fervente détentrice du pouvoir instauré. Fière militaire, elle a consacré sa vie à servir et protéger les intérêts de sa nation. C’était grâce à son dévouement que malgré son jeune âge, elle parvint à monter relativement vite dans la hiérarchie, étant lieutenant au moment de la guerre. Appelée en catastrophe parmi un régiment détaché de Loskar, la jeune femme avait été plongé à vif dans le feu de la guerre qui consumait sa ville natale. Autant dire que sa rage envers l’ennemi n’a fait que croitre, mais elle et son escouade n’avait pas pour mission de bourriner. En effet, sa principale mission était de couvrir les arrières de l’équipe balistique, dont la mission était d’armer les batteries de missiles à mini-tête nucléaires. En somme, il fallait que Jenny et son escouade fassent tout pour que ces batteries, et les artificiers restent en vie le temps qu’ils fassent feu.
Elle se retrouva donc à ouvrir feu généreusement sur les vagues de monstres tous les plus improbables les uns que les autres, tentant de les repousser de sa position actuelle. Il y avait l’artillerie, au milieu de ce qui était autrefois un carrefour où deux routes se croisaient. Elle et son équipe tirait, faisant barrage au niveau des quatre entrées du carrefour. Les abominations arrivaient par vagues successives, ne laissant aucun répit à l’escouade qui tentait tout pour protéger les artificiers. « VOUS EN AVEZ ENCORE POUR COMBIEN DE TEMPS ?! ON N’A PAS LA JOURNEE BON SANG ! » Hurla-t-elle, au milieu des balles et du feu. Tel un nuage d’insectes venant dévorer un champ, les aliens déferlaient toujours plus nombreux. Mais les dispositifs automatiques, les mines, les explosifs, et plein d’autre chose faisaient qu’ils ne pouvaient, pour le moment, pas passer. Jenny était armé d’un fusil automatique amélioré, dont le système de mise à feu fonctionnait à base d’impulsion électromagnétique et non d’un système conventionnel. C’était juste synonyme de plus de puissance, et d’un temps de rechargement beaucoup moins long.
Ce fusil (http://pre11.deviantart.net/51fc/th/pre/i/2012/235/9/d/pulse_rifle_weapon_concept_by_proxygreen-d5c3ve4.jpg) disposait aussi d’un système de munition hybride, pouvant basculer en mode énergétique, ou balistique, à tout moment. En somme une arme qui lui permettait de faire son travail de manière efficace … Mais pas de manière infinie. Il fallait que les artilleurs se dépêchent d’activer leur engin, afin de balayer la zone et de pouvoir ainsi bouger de là. Mais ils étaient incroyablement long, et cela commença sérieusement à exaspérer Jenny, qui voyait les abominations déferler toujours en plus grand nombre.
Jusqu’à où elle et son escouade allait pouvoir contenir cette folie ?
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De tous les Anges peuplant le Royaume des Cieux, on disait de Lucifer qu’il était le plus sacré de tous... Le «
Porteur de Lumière », un guerrier au sein de la Milice qui s’était brillamment illustré pendant la guerre contre les Tyrans. Et, au-delà de ça, il était un fin lettré, amateur d’arts, de poésie et de lettres. Il menait la charge vers Loskar, alors que l’armée locale se battait dans le centre-ville, sur un carrefour près d’une grande place, où un camp de réfugiés avait été installé. Ils avaient des chars d’assaut crachant des lance-flammes, des fusils d’assaut, des tourelles de défense automatique et des exosquelettes... Un magnifique déballage d’armes, soutenue par des canons qui canardaient le ciel afin de détruire les spores en plein vol, dans ce qui s’apparnetait à un baroud d’honneur désespéré.
«
Isshaïe ! entonna Lucifer.
Rejoignez les réfugiés, et ouvrez un Portail vers les Jardins Célestes ! »
Il fallait partir le plus vite possible. Cette planète était perdue, tout simplement. Azathoth se trouvait en l’air, indiscernable silhouette se composant de tentacules qui avaient recouvert le ciel, avec de multiples yeux rouges globuleux qui les fixaient, tandis que chaque tentacule libérerait, encore et encore, des monstres et des spores. Les monstres volaient également, formant des sortes de sinistres oiseaux, de redoutables
Byahkee (https://s-media-cache-ak0.pinimg.com/736x/e8/73/b6/e873b63d932242b2be0dd28684e4806e.jpg), qui ressemblaient à de rachitiques oiseaux avec des queues de scorpions.
Les soldats locaux étaient en train d’être débordés, et, jaillissant soudain du sol, un énorme monstre apparut, un
Dark Young (http://orig05.deviantart.net/c560/f/2013/317/4/1/dark_young_by_borjapindado-d6u2y3u.jpg), dont la « tête » était un amas de longs tentacules noirs mortels qui fondirent sur les soldats, faisant hurler ces derniers en les frappant, tandis que, depuis le trou provoqué par le monstre, des zombies émergèrent, claquant furieusement des dents. Reconnaissables par leur affreux bruit de claquement (https://www.youtube.com/watch?v=jzDMlxV7Y9k), les
Claqueurs (http://img110.xooimage.com/files/2/b/b/the-art-of-the-la...-121_122-4e50428.jpg) étaient des zombies terribles, leur corps se composant d’une sorte de carapace chitineuse qui fondaient à toute allure sur leurs proies pour les dévorer, et les infecter.
«
Repoussez-les ! Repoussez-les ! »
Des nids de mitrailleuse lourde avaient été installés, et firent furieusement feu sur les monstres, mais ces derniers s’attaquaient aux barricades et aux barbelés, tandis que plusieurs missiles frappèrent le
Dark Young, le déstabilisant, du sang ruisselant de ses multiples gueules, mais ses tentacules noirs fondirent alors vers l’un des chars... Piper, quant à elle, fut renversée par l’un des Claqueurs, qui alla la mordre... Quand un intense rayon lumineux les engloba, puis quelque chose fit trembler le sol.
Iranaël venait de se poser sur le sol, et la magie sacrée se répandit autour d’elle, dispersant les proches Claqueurs, et amenant les autres à se tourner vers elle, avant de claquer furieusement des dents. Au milieu des soldats désemparés, et de la rougeâtre obscurité qui s’instaurait avec les multiples yeux d’Azathoth, une lueur irradiait du corps de la femme, et, quand deux Claqueurs la chargèrent, elle se contenta de les regarder, une intense chaleur émanant de ses yeux, faisant fondre leur peau, els faisant hurler de douleur alors qu’ils étaient victime de ce qui, visiblement, était une sorte de combustion instantanée.
L’Ange était juste à côté de Piper, et se retourna vers elle.
«
Votre monde est perdu... Rejoignez les réfugiés, et suivez-nous ! »
Blessé, le
Dark Young attaqua alors Iranaël, et cette dernière déploya ses ailes, s’envolant en évitant ses tentacules, puis un Byahkee la frappa dans son dos, l’envoyant s’étaler sur le sol, défonçant une voiture, mais elle le repoussa, et le transperça avec sa main, avant de le faire exploser. Elle attaqua alors le
Dark Young en brandissant son épée, et transperça ses tentacules, avant d’envoyer une onde de magie qui dispersa plusieurs Claqueurs.
Cependant, alors que le chemin vers le camp se profilait, l’attention de Piper fut attirée par quelque chose... Des bruits tapés contre un carreau en-haut d’un immeuble, où des enfants effrayés imploraient les soldats de venir les aider contre les zombies se trouvant dans le couloir, et qui cherchaient à les dévorer...
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De jamais Jenny comptait trahir sa nation et les siens. Cette ville, Loskar, était son foyer et elle comptait bien se battre jusqu’au bout. Ces abominations n’auraient pas raison d’elle, ça ils pouvaient en être sûr. Seulement voilà … Si seulement il n’y avait que des abominations. En effet, vint s’ajouter à ce beau panel une autre variété de monstre ; des espèces de zombie hideux, sévèrement muté par une forme de gangrène champignonneuse. Un spectacle dégoutant, surtout face à leur cri absurde qui ressemblait à des claquements de dents. Jenny et son escouade n’en démordirent pas, et firent tout pour les repousser le temps que les artilleurs finissaient leur besogne. Mais le temps et les munitions commençaient à manquer.
Alors que la situation devenait critique, le sol se mit à trembler sous les pieds de Jenny et des soldats. Signe précurseur d’un grand danger imminent, qui ne tarda pas à faire surface. En effet, un énorme monstre tentaculaire explosa la chaussée et émergea, prenant tout le monde de court. Ses énormes tentacules n’attendaient que de pouvoir trancher, massacrer et détruire tout sur son passage. Inutile de dire que les feux se dirigèrent en sa direction, mais cela n’eut pas un grand effet de suite. Les mitrailleuses lourdes vidaient leurs chargeurs sur le monstre, qui se mit à saigner et à meugler. Mais cela ne fut guère suffisant, puisqu’il chargea un char – un cracheur de napalm – et le détruisit en un rien de temps. Sous la précipitation et la distraction, Jenny, au beau milieu du combat, se retrouva submergée par les zombies à la carapace chitineuse. L’un d’entre eux saisit l’occasion et se jeta sur la militaire, qui se retrouva à terre, serrant les dents en sentant la bête immonde la mordre.
« Dégages de là !!! » S’écria-t-elle, souffrant comme jamais face à la morsure. Elle finit par se ressaisir, et lui décocha deux ou trois balles à bout portant, faisant sauter ainsi la tête du monstre. La situation était désespérée, mais au moment le plus inattendu, quelque chose se produisit. Une intense lumière jaillit, et le sol trembla à nouveau quand une grande silhouette se posa violemment à terre. C’était une créature qui ne ressemblait en rien à celle que Jenny avait vu jusqu’à présent. Et en vue de sa stature, il devait s’agir d’un être céleste. Elle avait vu juste, puis l’être fit usage de sa magie sacrée pour balayer les monstres aux alentours, les immolant sur place.
Quand les zombies chitineux furent hors d’états de nuire, l’être, juste à côté de Piper, se tourna vers elle et s’adressa à sa personne. Cette femme lui ordonna de rejoindre les réfugiés et de la suivre, si elle désirait survivre. En temps normal, Jenny aurait sans doute coopéré et exécuté les dires. Toutefois, l’être fut rapidement rappelé au combat car le monstre tentaculaire revint à la charge. Après quelques coups, la créature céleste s’en débarrassa … Mais si elle tentait de se tourner à nouveau vers Jenny, elle ne la trouverait pas. Car le lieutenant remarqua quelque chose de bien plus préoccupants ; des enfants piégés dans un bâtiment, criant qu’on leur vienne en aide. Apparemment ils étaient pris au piège avec des abominations, et il était du devoir du lieutenant Piper de les aider. Il n’en fallu pas plus pour la jeune femme pour leur venir en aide. S’élançant dans un sprint, elle accourra au pied de l’immeuble pour finalement pénétrer dedans.
Arme chargée, elle allait tenter une percée éclair, afin de dégager le maximum de zombie, bénéficiant de l’effet de surprise. Les monstres étaient attirés par les enfants, donc elle allait pouvoir les prendre à revers. Jenny parvint au dernier étage, là où se trouvait les piégés, et dès lors qu’elle pénétra dans le couloir principal, ses yeux observèrent la quantité assez impressionnante de zombie qu’il y avait ici. « HEY, TAS DE MERDE ! VENEZ VOIR PAR ICI UN PEU ! » S’écria-t-elle, observant que la porte au fond du couloir semblait être le dernier rempart séparant les enfants des zombies. Le bâtiment était, autrefois, un immeuble de bureau. Les couloirs étaient donc large et propice à l’affrontement. Jenny n’y alla pas par quatre chemin ; elle dégoupilla une grenade et la jeta directement dans le tas, armant son fusil juste après.
La détonation fut violente et bruyante, mais fit éclater un bon nombre de zombie. Des morceaux de chair, du sang et des tripes volèrent un peu partout, éclaboussant complètement l’environnement. Le feu se déclara aussi, prenant Jenny à son propre piège ; il fallait qu’elle se dépêche sinon les enfants allaient être pris au piège dans les flammes. Jenny serra des dents et, alors que le restant des zombies se dirigèrent vers elle, elle se mit à les arroser avec son fusil. Le sang gicla à nouveau. Mais ça ne fut que l’affaire de quelques secondes avant que la zone soit dégagée, et qu’elle put enfin ouvrir la porte derrière laquelle les enfants se cachaient. « Faut pas rester là ! Aller aller, il faut qu’on sorte d’ici avant qu’on crame sur place. » Leur dit-elle, voyant que les flammes devenaient de plus en plus grande, d’une manière assez rapide.
Elle entreprit donc de les escorter à la sortie, au premier étage … Mais il y avait encore une quantité incroyable de zombie. Cependant, il y avait un détail dont elle n’avait pas encore pris pleinement conscience ; sa morsure. Elle savait que ces zombies pouvaient infecter les humains, mais complètement obnubilée par sauver ces enfants … Elle n’avait pas réalisé qu’elle avait été mordu et que, par conséquent … Elle avait potentiellement été infectée.
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« Disparaissez, abominations ! »
La main de Lucifer se mit à flamboyer, et une intense onde d’énergie en fusa, remontant tout le long du boulevard contaminé, vaporisant des dizaines et des dizaines de zombies, ainsi que toute cette texture sombre et gélatineuse qui s’était mise à pousser. Les Tyrans, en effet, ne se contentaient pas juste de détruire et de tuer, ils infestaient, ils transformaient, et ils faisaient évoluer les planètes, les recouvrant d’une sorte d’épaisse membrane noirâtre collante et gélatineuse, d’où poussaient des spores qui contaminaient les individus en inhalant le contenu, créant ainsi ces espèces de zombies indescriptibles. Le Porteur de Lumière s’était posé sur une zone dangereuse, où il n’y avait plus aucun humain, un quartier abandonné de Loktar, peuplé de monstres et de zombies. Lucifer pouvait les sentir, tout autour de lui, tout comme les spores filant depuis les égouts de la ville. Fort heureusement, en tant qu’Ange, il était immunisé contre ce genre de choses.
Cette ville était condamnée, sans aucun doute possible, et il déploya ses ailes, voyant des tentacules énormes s’enfoncer dans le sol, certains ayant défoncé sans ménagement des immeubles pour se perdre dans le bitume. Un spectacle très sinistre, qui amena Lucifer à voler rapidement, jusqu’à sentir des Byahkees se rapprocher de lui.
« Du vent, stupides créatures ! »
Sa main se tendit, et, depuis ses doigts, des rayons argentés jaillirent, transperçant les monstres. Lucifer n’avait pas que ça à faire, et remonta le long des tentacules, jusqu’à voir un « nœud ». Le nœud était un terme qu’il employait lui-même pour désigner une sorte de nid, d’amas de tentacules. Un énorme tentacule partait du ciel, directement d’Azathoth, et se plantait au milieu d’une grande place, à l’origine de la terraformation progressive de la planète. L’élégant ange s’envola à nouveau, et alla se poser à la base du tentacule, sentant la masse gélatineuse grouiller sous son corps. Ce faisant, il entreprit de faire un prélèvement, qui servirait pour les apothicaires et les scientifiques des Cieux, arrachant une membrane du corps du Grand Tyran.
Quelque chose frotta alors sa cheville, et, le temps que l’Ange se retourna, il vit plusieurs Dark Youngs sortir du sol, un tentacule venant s’enrouler autour de sa cheville pour l’avaler. Lucifer disparut dans la gelée, mais cette dernière se mit alors à trembler, vibrant étrangement… Une intense lueur semblait en émaner, et, à ce moment, la masse se craquela sur plus d’une dizaine de mètres, et finit par exploser, surprenant les monstres.
Ces derniers virent alors le corps de Lucifer s’envoler lentement, brillant d’une intense lueur dorée, ses ailes angéliques fièrement déployées. Et, au milieu de cette masse gélatineuse, qui était en train de se reformer, il voyait des corps prisonniers, des voitures avec des individus, qui nourrissaient cette masse. C’était une vue absolument écœurante, qui serra le cœur de Lucifer. En grognant, les Dark Youngs approchaient leurs tentacules de lui, mais se heurtèrent à un dôme magique, qui protégeait l’individu.
« Ce que vous avez fait est ignoble et abject… »
Il vit de petits corps enfouis dans la gelée, des enfants… Les seuls individus qui n’étaient pas inertes étaient des Claqueurs, et autres abominations qui grognaient vers Lucifer, tendant inutilement leurs mains, l’être flottant bien au-dessus d’eux. Lucifer leva alors la tête, et regarda les immenses tentacules d’Azathoth, sachant très bien que, en ce moment, le Tyran devait, par l’un de ses multiples yeux rouges, l’observer.
« Toi et les tiens, vous paierez pour tous vos crimes, Azathoth !! »
Le Porteur de Lumière se concentra alors, et laissa exploser sa magie, provoquant autour de lui un déferlement de flammes purificatrices, qui firent douloureusement souffrir les Dark Youngs, les créatures se contorsionnant en hurlant de douleur.
Pendant ce temps, pour Piper, les choses se compliquaient, car, si sa grenade lui avait permis de déblayer l’accès vers l’appartement des enfants, elle avait aussi provoqué des vibrations sonores dans tout le bâtiment, provoquant de multiples cris et claquements. La femme descendait donc l’escalier, coincée entre les flammes et les Claqueurs, qui s’élançaient vers elle. Et, parmi les zombies, il y en avait d’autres qui avaient déjà plusieurs yeux globuleux rouges sur le corps, ainsi que des tentacules. Ils étaient plus résistants à tuer, et aussi plus dangereux. La femme continuait à descendre, mais, très rapidement, la voie fut bloquée par une quinzaine de zombies déferlant depuis l’escalier, les contraignant à fuir dans les couloirs.
C’est à ce moment qu’une porte explosa sur la gauche de Piper, et qu’un Claqueur débarqua la heurtant, l’envoyant passer par une porte à droite, où elle roula dans le vestibule d’un appartement. D’autres monstres se trouvaient dans le salon, et tous se mirent à hurler, avant de fondre vers elle, la dédiant à une mort certaine… Quand une lueur intense émana d’une fenêtre, puis une violente explosion retentit, vaporisant les monstres qui s’agglutinaient autour de la femme.
Lucifer venait d’arriver, et rejoignit le vestibule, surplombant la soldate. Il tendit sa main, et une onde d’Air jaillit, frappant des Claqueurs qui venaient de les rejoindre, les envoyant s’aplatir contre le mur, où Lucifer serra ensuite le poing, amenant leurs corps à se ratatiner sur place… Puis, quand il le relâcha en écartant ses doigts, les corps des Claqueurs explosèrent violemment.
« Vous ne craignez plus rien, maintenant. Laissez-moi vous escorter jusqu’à… »
L’immeuble se mit alors à vibrer dangereusement, tremblant sur place, puis Lucifer entendit de multiples déchirements venant du plafond, et vit des lézardes et des fissures se former. Il releva la tête, et vit le plafond s’envoler, tout comme une partie des murs. Azathoth était en train d’utiliser ses pouvoirs, et, au milieu de l’amas de tentacules, un indescriptible spectacle venait de se former.
Une immense « gueule » venait d’apparaître, accompagnée par d’autres bouches, des trous noirs abyssaux qui aspiraient, un souffle si fort qu’il en arrachait les toitures. Puis la voix d’Azathoth se mit à résonner dans la tête de chacun, une voix sinistre, qui fit hurler les enfants que Piper protégeait, amenant également Lucifer à froncer les sourcils. Le Grand Tyran s’exprimait en effet dans sa langue, que l’esprit humain traduisait, mais, même malgré ça, c’était une langue très désagréable à entendre, chargée de malice et de haine.
« HUMAINS INSIGNIFIANTS… PATHÉTIQUES… DONT L’EXISTENCE EST UNE ABERRATION… VOTRE LIBERTÉ ET VOTRE CONNAISSANCE VOUS AVEUGLENT… ABJUREZ VOTRE NON-EXISTENCE, CROYEZ EN LA TOUTE-CHOSE !! »
On disait que la simple vue d’un Grand Tyran pouvait rendre fous ceux qui avaient eu le malheur de le regarder. Ce n’était pas que sa laideur physique inouïe, ça venait aussi de ses attaques mentales. Les yeux des enfants se mirent à noircir, et ils poussèrent des grognements, leurs veines noircissant également, tandis que des griffes poussaient le long de leurs ongles. Le pouvoir des Grands Tyrans était terrifiant, et, cela, Lucifer ne pouvait que l’admettre.
Piper, elle, bénéficiait de la proximité de Lucifer, ainsi que de sa morsure, qui avait, paradoxalement, pour effet de la protéger de la corruption mentale d’Azathoth, car elle était déjà en train d’être corrompue.
« On ne peut plus rien faire pour eux… » soupira Lucifer en désignant les enfants.
Ils étaient condamnés…
Comme les autres.
Loskar était perdu.
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L’évacuation ne se passait pas comme prévue … En effet, Piper avait sous-estimé le nombre de zombie présent. Tous les étages étaient infestés ; c’était à se demander comment des enfants avaient pu se retrouver piéger ici. Mais elle faisait tout pour les ramener en lieu sûr, et elle usait de toutes les munitions qu’elle avait pour se frayer un chemin. Les flammes et le bâtiment qui tombait en lambeaux n’aidaient pas, mais il en fallait plus pour ébranler la volonté du lieutenant Piper. Elle se démenait comme elle pouvait, finissant parfois un ou deux Claqueurs au couteau. Néanmoins, plus elle se démenait, plus elle ressentait une étrange douleur, la saisissant au coup. Elle remarqua bien vite que l’endroit où elle avait mordu s’était assombri, et que ses veines s’étaient mises à devenir ténébreuses à cet endroit. Sa peau était aussi devenue très pâle, rappelant celle des claqueurs. *Non …* Pensa-t-elle, se refusant à croire à son funeste destin.
Elle allait sortir ces rescapés, les mettre en lieu sûr et après, elle irait se faire soigner. C’était aussi simple que cela ! Ces maudits aliens n’auraient pas sa peau, elle s’en faisait une promesse. Mais malheureusement, même si Jenny avait toujours su tenir ses promesses, force était de constater que cette fois-ci serait bien difficile. Elle finit par arriver dans un couloir, et après avoir fait le ménage, elle pensait que s’en était fini. Grave erreur ! Car dans un moment le plus soudain, une porte se fit défoncer à sa gauche, la prenant complètement de court. Le choc fut si terrible qu’elle fut projetée sur sa porte à droite, la défonçant à son tour pour atterrir dans un appartement. Des Claqueurs, encore et toujours ! Endoloris comme jamais, elle serra des dents et commença à réellement craindre pour sa peau quand elle entendit les claquements des zombies. Il y en avait une bonne dizaine dans l’appartement où elle avait atterri … Et qui se dirigeaient vers elle.
« COURREZ ! » S’exclama-t-elle, tentant vainement de donner des consignes aux enfants pour qu’ils sauvent leur peau. Mais son ordre ne fut guère écouté. Piper sentait sa fin approcher, mais alors que tout semblait perdu, une intense lumière jaillit. La lumière fut si puissante qu’elle s’en barra la vue par le bras, pour finalement constater que les Claqueurs ne pouvaient plus avancer. Un être lumineux posa pied devant elle, dans l’appartement. Une autre de ces Hautes Créatures venait de faire son apparition. Et après un simple revers de main, il balaya la totalité des Claqueurs présents. Cela laissa Piper sans voix, qui s’était attendue au pire. Elle était sauve, et les enfants aussi. Mais … Ce fut une grave erreur de penser que tout était terminé.
En effet, juste après cela le bâtiment se mit à trembler violemment. Le plafond s’arracha sauvagement, comme s’il était aspiré vers le ciel. Une partie des murs le suivit … Ce qui dégagea complètement la vue pour clairement entrapercevoir l’origine de tout ceci. Une gueule béante, des milliers de tentacules … Un monstre d’une mocheté sans précédente. Mais il était terrifiant, très terrifiant. Il n’eut aucun mal à faire hurler les enfants qui se mirent à pisser dans leur pantalon, tellement cette vision était horrible. Mais, alors que l’être lumineux fut interrompu, tout le monde pu entendre une lourde et grave voix dans leur tête. Piper écarquilla les yeux, et tenta de se boucher les oreilles, en vain. La voix de ce monstre était oppressante, terriblement maléfique et perfide. Comme pour prouver sa rage et son pouvoir, il commit l’impardonnable … Les yeux globuleux de Piper, dont l’infection commençait à faire rougir les veines internes, se posèrent sur ces pauvres êtres, en proie à la félonie du monstre.
Leurs yeux devinrent noirs, autant que leur veines. Ils mutèrent, des griffes leur poussant au bout des doigts. Ils étaient en train de se changer en monstre … De se faire corrompre par cet être infâme. Voilà pourquoi Piper s’était battue, jusqu’au bout … Pour en arriver là. Elle n’était pas parvenue à sauver la vie de ses semblables. Elle semblait, pour le moment, immuniser face à la malédiction mais … Ce n’était uniquement que grâce à l’Ange qui se tenait à ses côtés. Ce dernier, d’une voix d’un calme sans précédent, lui déclara qu’il n’y avait plus rien à faire pour eux. Balivernes ! Piper avait un honneur et ne comptait pas laisser ces victimes se faire tourmenter jusqu’à la fin de leurs jours. Elle-même était foutue de toutes façons ; au moment même où elle quitterai l’aura de la créature, elle succomberai à la malice du monstre.
Elle serra ainsi ses dents, prenant alors une décision qui scella son destin … « Si, il reste quelque chose à faire … Partez sans moi. Je suis moi-même condamnée, je suis infectée ! Il ne me reste plus qu’une option si je veux au moins épargner l’âme de ces victimes … » Dit-elle d’un ton résolu. Elle se releva difficilement, puis se saisit d’une grenade, qu’elle ne dégoupilla pas tout de suite. C’était une grenade hautement explosive, ayant une capacité d’explosion équivalente à dix C4 réunis. Elle se tourna vers l’homme, comme pour lui révéler l’état dans lequel elle était. Ses veines étaient noires, sa peau toute pâle. Encore maitre d’elle-même, elle pouvait faire quelque chose. « Ça sera ma bonne action dans cette vie. » Dit-elle, ses mots sonnant comme … Un adieu à la vie. Elle se retourna vers les enfants, désormais corrompu et mutés en abomination, puis s’élança vers eux, les poussant au dernier moment. Son plan était simple ; attirer le maximum de Claqueurs vers les sous-sols du bâtiment, là où son point critique se situait.
Inutile de dire que le chemin fut d’autant plus dur, à présent qu’elle n’était plus protégée par l’aura de l’homme. Vers les derniers mètres, elle était presque à genoux, son corps commençant alors à la trahir. Peau pâle, veines aussi sombres que la nuit … Des griffes acérées commençaient à pousser le long de ses doigts, alors que l’un de ses yeux était devenu complètement obscure. Elle rampa, luttant corps et âme pour maintenir le contrôle sur sa personne. « HNNNNN … » Gémit-elle, s’écroulant alors à terre, au milieu du sous-sol où elle devait se rendre. Une quantité monstre de Claqueurs commencèrent alors à s’approcher, y compris les enfants corrompus. À terre, démunie de toute ses forces, ses doigts griffus finirent par commettre son dernier acte … *Clic* entendit-on, sonnant ainsi l’amorçage de la grenade.
« Pour … Loskar. » Murmura-t-elle, au bord de la mutation totale et complète. Son esprit perdit alors complètement conscience, se mutant en un monstre infâme et aliéné comme les autres … Puis la grenade tomba à terre, résonnant dans toute la pièce. La suite n’en fut que plus vague … Un flash, un bruit sourd … Une onde qui balaya tout sur son passage, réduisant en charpie toute matière aux alentours. De l’extérieur, on entendit une énorme déflagration retentir, comme si elle provenait de sous la terre. Les regards se posant sur ce bâtiment purent constater quelque chose ; celui-ci oscilla, puis lentement, se mit à s’effondrer comme un château de carte, s’écrasant complètement sur son coté, broyant ainsi un autre bâtiment sur son passage.
Le dernier souffle avait été rendu …
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Trois siècles plus tard(http://img110.xooimage.com/files/5/8/8/silvercityd3-4c4abec.png)
Lurius, aussi surnommée «
La Tour d'Argent ».
Flottant dans les Cieux perpétuels, Lurius était une fantastique cité flottante, qui, en ces temps troublés, devint une place forte et un camp d’entraînement. Le quartier principal de Lurius abritait en effet les locaux de la Milice angélique, des locaux qui, pendant la Guerre contre les Grands Tyrans, devenaient continuellement remplis. Il fallait voir l’effervescence qui régnait dans le Chœur Céleste pour le comprendre. Le Chœur Céleste, c’était une grande salle centrale, au sein de la plus haute tour de Lurius, où les Anges entraient par de larges ouvertures dans les fenêtres, et où ils pouvaient assister au déroulement de la bataille. Les Anges n’avaient pas de vulgaires cartes sur papier, mais des cartes infiniment plus complexes, car la bataille ne se déroulait pas juste sur un terrain prédétermini, mais dans l’ensemble de la Création, au sein de toute la Réalité, et de toutes
les réalités. Une immense sphère flottait ainsi au milieu de la Tour, représentant le Multivers, la sphère comprenant, en son sein, une multitude de sphères, chacune représentant les univers parallèles dans lesquels les Anges se battaient. En ce moment, la bataille faisait rage contre les séides de Nyarlathotep. On y voyait le Grand Ancien, installé sur une planète, si grand et si massif qu’il était visible depuis l’espace, répandant ses tentacules, dans une bataille contre toute une cohorte angélique.
Lucifer était là, visible depuis les visions que les Anges arrivaient à avoir, tandis que Nyarlathotep, lui, avait aplati son immense corps sur d’énormes villes, les recouvrant de ses tentacules, les enfonçant ainsi dans les profondeurs du monde, tandis que ses tentacules s’y plantaient, allant jusqu’au noyau de la planète. Ses actions avaient déjà condamné ce monde, car d’immenses failles tectoniques avaient eu lieu, provoquant des éruptions volcaniques massives et cauchemardesques.
«
Lucifer se bat toujours avec autant d’acharnement… -
Et nous continuons, inlassablement, à perdre des hommes. »
Rien ne semblait pouvoir mettre fin à la marche des Tyrans. Leur puissance était sans commune mesure avec tout ce que les Anges avaient vu. Et chaque Ange tué était comme une déchirure dans le cœur des autres.
Pour autant, un Ange tué ne le restait pas indéfiniment, car son âme revenait aux Cieux. La mort physique n’était pas la fin de l’être, elle n’était qu’une inclinaison dans cette longue rivière qu’on appelait la vie. Quand un être humain mourait, son âme finissait dans un lieu indéfini et indescriptible, sorte de zone onirique qu’on appelait pudiquement le Purgatoire. Là, il y attendait pour son jugement… À moins que le Purgatoire ne soit, en lui-même, un jugement, car l’individu y voyait généralement son passé, tout son passé… Il y affrontait ses doutes, avant de finalement, aux termes de son expédition, passer devant les Trois Juges.
Rhadamanthe, Éaque, et Minos. Les trois Grands-Juges siégeaient, Minos étant le Président. Il n’intervenait, de fait, qu’à titre d’arbitre, si jamais Rhadamanthe et Minos avaient un avis contraire. Représentant la justice suprême, ils décidaient, soit que la personne pouvait rejoindre les Champs-Élysées, soit les Enfers. Le temps que le procès soit instruit pour une âme, il pouvait volontiers s’écouler des siècles. Le jugement tranchait aussi la question de la réincarnation de l’âme, même si cette réincarnation était souvent automatique. On avait ainsi coutume de dire que c’était l’
esprit qui était jugé, tandis que l’
âme, elle, par essence éternelle, échappait à ce jugement.
Quand Piper fut jugée, Minos n’eut pas à intervenir. Rhadamanthe, connu pour être le plus sévère des juges, s’exprima en premier, comme à chaque fois. Généralement, c’était toujours Rhadamanthe qui était contre, et Éaque pour, et c’était dans ce type de configurations que Minos intervenait. Leur décision était susceptible de recours, une personne envoyée en Enfer pouvant, si elle était lavée de ses Péchés, être renvoyée devant l’audience. On examinait ainsi la manière dont la personne avait mené sa vie, au regard des Sept Péchés Capitaux, et des Sept Vertus Capitales. Tout était ensuite une question d’espèce, et d’appréciations.
Piper fut donc envoyée dans les Cieux, et, comme les Grands-Juges notèrent son désir de vengeance, il fut décidé de l’envoyer dans le Royaume des Cieux, sous réserve que les Anges lui fassent comprendre que la vengeance n’était point la justice. Mais, en réalité, Minos craignait les Tyrans, car il craignait que ces derniers ne parviennent jusqu’ici, au Purgatoire, et ne s’en prennent à l’organisation décidée par l’ensemble du Panthéon Divin pour s’accaparer les âmes et les esprits des mourants.
Près de Lurius, on vit ainsi une Tour s’illuminer, et les Anges surent qu’un nouvel Ange était arrivé. Ils savaient déjà que cette Ange était prédestinée à rejoindre la Milice, ce qui fit que la femme l’accueillant était un membre de la Milice,
Angéla (http://image.naldzgraphics.net/2011/06/30-angel.jpg). La belle Ange se rendit en volant près de l’une des multiples tours argentées qui composaient le cœur du Royaume des Cieux, et où chaque Ange arrivait. Elle se rapprocha de celui contenant le corps de leur nouvelle sœur, qui avait maintenant reçu un nom angélique, et la porte de la Tour s’ouvrit, la révélant, Angéla près d’elle.
«
Je te souhaite la bienvenue, ma sœur, au sein du Royaume des Cieux ! »
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Le temps ne comptait plus, désormais. Le silence était tombé, le froid et l’inertie étaient devenues maitres. À vrai dire, Piper ne saurait comment décrire ce qui s’était déroulé. Son seul souvenir était de se voir elle, en train d’agoniser, de succomber à la corruption de l’envahisseur, avant de se donner la mort. S’assurant ainsi que son âme ne serait pas piégée à jamais. Et s’assurant aussi que l’âme de toutes les personnes touchées par la grenade ne connaissent pas un funeste destin. Un acte réfléchit, que Piper n’avait pas hésité un seul instant à commettre. Elle était foutue, après tout. Il n’y avait plus aucune issue, si ce n’était de devenir l’esclave de cet être abominable, qui à l’heure actuelle, devait déjà avoir fini son travail. Loskar était perdue ; elle ainsi que ses habitants. Tout était arrivé si vite, si brusquement. Beaucoup de gens ne comprenaient même pas ce qui était en train de se passer. Et pourtant, la réponse était toute simple ; l’anéantissement.
Pour autant, ce ne fut pas le cas de Piper. En effet, si elle s’était donnée la mort, dans une dernière tentative de sauver ces pauvres âmes, la sienne y comprit, elle se réveilla après un long, très long et étrange rêve. L’obscurité l’empêchait de voir où elle était, et elle se sentait … Etrange. Où était-elle ? Et que voulait signifier ce rêve … Celui où elle avait aperçu trois personnes, qui pendant une éternité, l’avait questionné et fait ressortir toute sa vie. Piper ne savait même pas combien de temps elle avait rêvé, mais dans ses songes, elle avait la forte impression que des années, voire des siècles étaient en train de s’écouler, tellement les questions n’en finissaient guère. Un véritable tribunal de sa vie avait eu lieu. Lourd, fatiguant, éprouvant … Mais dont la fin lui avait paru salvatrice. Ces trois étranges créatures, dont elle ne saurait les décrire, avaient fini par terminer leur travail, et sans qu’elle ne comprenne de quoi s’agissait-il, on lui déclara alors, d’une voix officielle et ne laissant aucune place à quelque chose si ce n’était le sérieux et le solennel du moment, que sa place était désormais aux Cieux.
Aux Cieux ? Piper n’allait pas tarder à comprendre ce que celait voulait dire. Ce fut à ce moment qu’elle sembla se réveiller de ce long et pénible rêve. Endoloris, elle ouvrit ainsi ses yeux sans qu’elle puisse apercevoir quelque chose. Il faisait noir, tout simplement. Elle semblait être enfermée dans quelque chose, dont elle ne saurait dire quoi. La jeune femme sentait toutefois, malgré son endolorissement, quelque chose d’étrange. Une sensation qu’elle n’avait jamais ressentie. Une sensation … Atypique. Dont le seul moyen de la décrire en langage compréhensible, serait celle d’être dans le corps de quelqu’un d’autre. Il n’y avait pas d’autre mots pour décrire cette sensation, qui était si singulière. En fait, elle ne se sentait plus comme auparavant. Quand son esprit commença à immerger, elle remarqua instantanément autre chose. Justement, ce dernier semblait lui aussi … Différent. Elle se remémorait de sa version d’elle-même, quand elle était encore vivante. Mais … Cela lui semblait être comme une simple songe. Comme si elle n’avait jamais été comme cela, et que désormais, elle se réveillait de ce mauvais cauchemar.
Ainsi, il ne fallut pas longtemps avant qu’elle n’entende un bruit, puis qu’une lueur jaillit devant elle, avant que le noir disparaisse au profit d’un éblouissement total. La lumière était forte, surtout après que la jeune femme a été plongée dans le noir. Elle plissa des yeux, et distingua une silhouette qui s’approchait, et qui l’appela d’une voix apaisante. Une voix qu’elle n’avait jamais entendue, mais qui lui semblait si familière. Quand sa vue se stabilisa, elle ne put que remarquer que cette étrange inconnue avait des ailes, et qu’elle venait de l’appeler ma sœur, en lui souhaitant la bienvenue au Royaume des Cieux. Un déclic eut lieu dans sa tête, et son précédent rêve lui revint quasi immédiatement. Etait-ce donc vrai ? Est-ce qu’elle venait, en réalité … D’accéder aux Cieux ? Cela signifierait alors que son ancienne vie n’était pas un rêve mais une réalité ! Que venait-il de lui arriver … Elle cligna à plusieurs reprises des yeux, puis avança légèrement. « Merci … Ma noble sœur. » Dit-elle, se surprenant à dire cela de manière naturelle.
Elle était la fois la même qu’avant, et plus la même. C’était comme si on avait pris Piper et qu’on avait littéralement changé son cerveau et sa personnalité, en ne gardant que les souvenirs. Le plus troublant était que tout ceci paraisse si naturel et familier. Peut-être que Piper n’avait été, au fond, qu’une image ? Ce dont elle était sûre, était que Piper n’était plus … Car elle se souvint alors de son nom, de son nouveau nom … Yennesä (http://orig07.deviantart.net/cd2c/f/2015/190/4/3/elemental_angel_by_vladmrk-d90m3pg.jpg). Elle n’était cependant pas au bout de ses surprises, surtout quand elle allait poser son regard dans la glace pour la première fois … Ses yeux se posèrent néanmoins sur le décor derrière sa sœur, et observa alors la magnificence et l’immensité de cette cité qui s’offrait désormais à elle. Lurius était désormais son nouveau foyer … Lurius, était ce que Loskar, était à ses yeux.
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Yennesä. Le nom s’inscrivit sur la tour, et fut notée dans les registres angéliques des Cieux. Un grand moment pour les Anges, que l’arrivée d’une nouvelle sœur, et Angéla était ravie et flattée d’avoir l’infime honneur que de la guider. La tour de lumière s’ouvrit, et Yennesä se retrouva à flotter en l’air, encore un peu déstabilisée. Se souvenait-elle de son existence passée ? Probablement uniquement par des bribes et des songes éphémères, qui disparaîtraient rapidement, car Piper s’était réincarnée ailleurs. L’éternelle âme avait retrouvé un nouveau réceptacle de vie, et son esprit s’était envolé et purifié.
« Tu dois te sentir perturbée, je suppose, Yennesä. Mais, au moins, tu ne t’es pas réveillée dans le corps d’un Chérubin. Ceci signifie que ton esprit devait vraiment être très pur pour que les Grands-Juges estiment que tu puisses directement te réincarner dans une enveloppe mâture. »
Et il suffisait de la voir pour s’en rendre compte. Yannesä était très puissante, et une puissante magie se dégageait d’elle. Peu importe que Piper n’ait pas été une magicienne, chez les Anges, la magie était innée, et c’était de la plus pure des magies qu’il s’agissait : la magie sacrée. Une magie extrêmement puissante, que Yannesä pouvait sentir brûler en elle. Angéla ne pouvait s’empêcher de la regarder, ressentant maintenant pleinement son potentiel.
« Woow... Ça plaisante pas... Enfin, je veux dire, tu es très puissante. Toi, tu as dû vivre tes derniers jours sur le champ de bataille. C’est pas mal... Il est rare que les Juges accordent aussi facilement l’Élysée aux soldats. Ce sont des tueurs, après tout. »
Des tueurs, en effet... Les gens pensaient que massacrer au nom d’une quelconque cause supérieure ne rendait pas l’acte moins atroce, mais les Grands-Juges étaient très sourcilleux sur ce point. Tout meurtrier ne finissait pad forcément en Enfer, mais il fallait que ses motivations aient été justes. Et il était très rare qu’un ancien soldat ne finisse pas membre de la Milice Angélique. En réalité, et on avait beau dire tout ce qu’on en voulait, un Ange était toujours impacté, de près ou de loin, par son ancienne incarnation terrestre.
Angéla battit des ailes, et invita Yannesä à la suivre, tout en voyant, autour d’elles, une mer sans fin de nuages, qui se trouvaient à la fois sous elles, mais aussi au-dessus. Et, à chaque fois que les deux êtres angéliques croisaient leurs congénères, ces derniers s’arrêtaient pour les saluer.
« Tu es dans les Champs-Élysées... Le Paradis. En bas, il y a tous les individus qui meurent et qui sont estimés suffisamment purs pour rejoindre l’Élysée, sans pour autant devenir des Anges. Et, en haut, il y a... L’ultime étape de l’élévation spirituelle. La transcendance. Tous les Anges et les résidents de l’Élysée l’atteignent un jour. Le Paradis se trouve vraiment là-haut, parmi les Essences. Il faut dépasser son moi intérieur, son égo, et faire partie d’un Tout céleste, renoncer à tous ses désirs... En fin, j’en suis encore loin de tout ça, moi... Mais bref. Toutes ces tours, que tu vois, sont ce qui nous relie au reste de toute la Création. Quand un Ange est tué, il ne meurt pas vraiment. Son enveloppe physique s’efface, mais son âme, elle, rejoint l’une de ces tours, et le corps se reconstitue ensuite. »
Les Anges étaient donc réellement immortels, car, contrairement aux humains, quand l’Ange revenait à la vie, il se rappelait de son passé. Angéla volait rapidement, le long de la Mer de Nuages, jusqu’à se rapprocher de Lurius.
« Voici Lurius. C’est l’une de nos cités. Elles ont été créées et façonnées par la magie, et nulle porte ne t’est close. Lurius, en ce moment, est essentiellement le siège de la Milice, car nous menons une guerre de longue haleine, qui nécessite une organisation stratégique importante. »
Angéla flottait sans problème dans les airs.
« J’ai encore beaucoup de choses à te conter, ma sœur... Comment te sens-tu ? »
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Avec grande prudence, Yennesä semblait être comme en train de redécouvrir son corps, et ses nouvelles capacités. Quand la tour s’ouvrit, elle se laissa donc suspendre en l’air, et constata alors sa faculté de pouvoir voler. Ses ailes n’étaient pas des ailes ordinaires, ressemblants à celles d’un oiseau ; elles étaient comme faites d’énergie pure. Des ailes éthérées, qui la maintenait donc dans les airs, aux côtés d’Angela. D’ailleurs cette dernière l’assista et se mit donc à lui parler, lui informant qu’elle avait visiblement de la chance en se réincarnant directement dans le corps d’une adulte. Elle aurait pu repartir à zéro et naitre dans un corps de bébé, celui d’un chérubin … Mais on avait décidé autrement pour elle. C’était troublant, et Yenessä avait tant de choses à gérer et apprendre sur son nouveau soi, avant de penser au pourquoi du comment.
Toutefois elle pouvait compter sur Angela pour l’aider, et lui faire un peu comprendre ce qui se passait. En parlant de son corps, la créature finie par ressentir quelque chose, d’assez fort. Comme … Une vague déferlante en elle, systématiquement. Une puissante onde qui la balayait en elle, et qu’Angela finit par lui dire ce que c’était. La magie sacrée. Une énergie propre aux Anges, qui semblait être très présente et très puissante chez Yenessä, qui observa ses mains, silencieusement. Oui, elle le sentait. Cette énergie qui vivait en elle, qui résonnait dans tout son être. Etait-elle réellement aussi puissante qu’Angela voulait lui faire croire ? À ce qu’elle dit, oui. Yenessä avait effectivement terminé ses jours sur un champ de bataille. De ce fait, lui avait-on accorder autant de force, rien que pour cela ? La réponse viendrait surement un jour.
En attendant, elle suivait sa sœur, qui l’emmena quelque part, en la faisant voguer parmi tous ces nuages, et ce royaume si intriguant. Les deux croisèrent certain de leur consœurs et confrères, les saluant respectueusement à chaque fois. Angela lui expliqua comment ça marchait, ici. Les Champs-Elysées, le Paradis … Autant de détails que Yennesä assimilait avec rigueur, comprenant l’importance de bien saisir ce genre d’information. Elle ne disait rien, laissant sa comparse lui expliquer ce qu’elle avait besoin de lui expliquer. Mais son silence voulait aussi dire quelque chose d’autre ; sa stupeur. Intérieurement, elle n’arrivait toujours pas à réaliser ce qu’elle était. Ce corps, ce visage - dont elle ne savait rien sur son apparence pour le moment -, ses pouvoirs … Surtout ses pouvoirs. Ils étaient si puissants, si vibrants en elle. Yennesä sentait cette magie vivre et battre au même rythme que son nouveau cœur.
Toutefois, son attention fut rapidement happée par ce qu’elle observa. Lurius. Une grande et majestueuse citée, qui selon les dires d’Angela, était actuellement le siège de la Milice. Les temps étaient durs, et la guerre contre les Grands Anciens faisaient rage. Rien qu’à l’évocation de la guerre, Yennesä sentie son cœur se mettre à battre, et une petite once de rancœur s’immisça en elle. Oui, parmi ses bribes de souvenirs, elle revoyait l’image atroce de cet affrontement. L’image de ce monstre immense, difforme, au milliers de tentacules. De ses yeux rouges qui dévoraient votre âme … C’était donc ça, un Grand Ancien. Une abomination bonne à être exterminée. Si seulement, c’était exterminable. Ainsi, elle lui expliqua ceci et finit par lui dire qu’elle avait encore tant de choses à lui dire. Mais avant cela, Angela lui demanda comment elle se sentait. Yennesä ne répondit pas de suite, continuant à regarder profondément Lurius, qui trônait devant elle.
Ses yeux finirent toutefois par plonger vers le bas, regardant son corps, puis ses mains. « Bien, ma sœur … Mais, cette familiarité avec ce nouvel environnement, ce nouveau corps … Ces nouveaux pouvoirs, m’est encore étrange. J’ai l’impression que ces bribes de souvenirs n’ont été qu’un rêve, et que je me suis réveillée il y a peu. C’est … Juste étrange. » Dit-elle de sa voix sobre et posée, en regardant intensément ses mains. Elle sentait cette magie comme jamais auparavant, et c’était sans doute cela qui devait le plus la troubler.
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« Ce sentiment de rejet est normal, Yennesä. Tu viens tout juste de te réveiller. Ton âme ancienne, ce que tu étais avant d’être Ange, n’est plus. Tu es à un nouvel embranchement de ton existence. Il est possible que tu aies, lors des premières années, quelques réminiscences de ton ancienne vie, mais la personne que tu étais auparavant, quelle qu’elle soit, s’est réincarnée ailleurs. Tu es maintenant un nouvel être. Tu es Yennesä, mais il faut que ton cerveau ait le temps nécessaire pour l’assimiler. »
Les explications d’Angéla lui semblaient... Compliquées. Mais, d’un autre côté, la femme ne voyait pas trop comment le dire autrement. Ce que Yennesä avait été avant n’existait pas chez elle. Piper s’était réincarnée en autre chose. Yennesä, autrement dit, était un tout nouvel être, ce qui invitait certains Anges à se demander s’ils n’étaient pas, effectivement, des créatures toutes neuves, mais formées à partir de pensées et de mémoires résiduelles qui traînaient dans le Purgatoire. La réalité est que la question de la nature d’un Ange était très compliquée à appréhender. Ils étaient à mi-chemin entre le mortel et le divin, des êtres d’exception, qui étaient coupés de toute racine humaine.
« Ton corps est immortel, Yennesä. Tu ne connais ni le froid, ni la chaleur, ni la maladie, ni l’affliction... Mais la douleur peut t’atteindre. De même, les affres du temps ne se feront pas sentir sur ton corps. Ce que ton cerveau doit comprendre, ce qu’il faut lui laisser le temps de réaliser, c’est que tu n’es plus une mortelle. Tu es, par définition, immortelle... Immortelle, en ce que le temps n’a pas d’effet sur toi, et en ce que, même si ton enveloppe physique est tuée, tu es rattachée au Paradis. Ce qui est mort ne peut pas mourir à nouveau, Yennesä. Si, par malheur, tu venais à perdre la vie, ta nouvelle âme se réincarnerait, et ton corps serait reformé dans ces tours. »
Un processus de reconstitution qui variait entre quelques années et quelques millénaires, sans qu’il ne soit possible de déterminer le temps nécessaire. Évidemment, les Anges ne le savaient pas encore, mais les démons fonctionnaient sur le même principe, si ce n’est que, pour eux, la régénérescence s’accompagnait aussi d’une perte de mémoire et de capacités. Mais, pour l’heure, l’Enfer était vu par les Anges comme un lieu de rédemption, et, en cette époque, les démons étaient bien moins belliqueux que maintenant... Ou, en tout cas, les Anges n’en avaient jamais entendu parler.
Angéla se déplaça un peu, continuant à virevolter dans les airs, tournoyant autour de Yennesä.
« Mais ressens cet air pur ! Ah, inhibe-toi en, Yennesä, ça, c’est le Paradis ! Et encore, tu n’as rien vu ! Il y a énormément de choses ici. Dans les Bois Enchantés, on fait la fête régulièrement, il y a aussi les forums philosophiques, les opéras, les concerts, les spectacles artistiques... »
Cependant, Lurius était la principale chose qui préoccupait Angéla en ce moment. Lurius, et le conflit interminable contre les Grands Tyrans.
« Malheureusement, notre mode de vie est menacée, Yennesä... Dans ton ancienne existence, tu les as vus... Les Tyrans. Des monstres cosmiques aux pouvoirs infinis, qui ont convergé dans les Cercles et dans les Plans, et qui, peu à pue, détruisent et asservissent tout ce qui leur tombe dessus. Soit ils détruisent des réalités entières, soit ils transforment les gens en esclaves de leur volonté. Nous avons perdu des centaines de frères et de sœurs dans ce conflit, Yennesä, et nous ne savons toujours pas comment les vaincre. En ce moment même, Lucifer se bat contre l’un d’entre eux, Nyarlathotep. »
On pouvait percevoir l’admiration d’Angéla dans le timbre de sa voix. Lucifer, le Porteur de Lumière... Pour elle, il était le plus grand des Anges !
« Mais nous aurons le temps d’y revenir plus tard. Pour l’heure, il faut surtout que tu te familiarises avec tes capacités, alors... Vole ! Essaie de voler le plus vite que tu peux, et tu verras que tu peux aisément dépasser la vitesse de la lumière. »
Et ça, c’était toujours cool à faire !
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N’avait-elle sans doute pas tort. Angela avait des paroles censées et qui étaient, normalement, aptes à rassurer Yennesä. Mais celle-ci avait toujours cette étrange sensation, cette impression bizarre. Nul doute ne faisait que c’était temporaire et qu’elle finirait pas ne plus rien sentir. Mais pour le moment, elle devait composer avec et ça, c’était déjà une petite épreuve. Néanmoins elle écouta en âme et conscience ce que lui dit Angela, comprenant ainsi qu’elle n’était plus Piper. Elle était une toute autre femme, un tout autre être, basé sur ce qu’était Piper, autrefois. Cette notion était difficilement acceptable par la raison, mais Yennesä fit l’effort de ne pas faire jouer sa raison. C’était un fait, voilà tout. Et un fait ne se soumettait à rien, car il existait, et son existence ne pouvait être remis en question. Elle hocha donc de la tête, faisant comprendre à sa sœur qu’elle acquiesçait.
Néanmoins, l’enthousiasme d’Angela était à toute épreuve. Elle virevolta tout autour de Yennesä, lui clamant alors de sentir cet air pur, ce Paradis dans lequel elle se trouvait. Certes, n’importe quel être de la création rêvait de se retrouver ici. Mais, même s’il fallait être honnête et se rendre compte que ce lieu était majestueux, Yennesä ne parvenait pas à complètement sourire et estimer sa chance. Il y avait quelque chose qui la retenait. Quelque chose qui l’empêchait de sourire complètement, d’être aussi heureuse et joyeuse qu’Angela. Et ce fut d’ailleurs celle-ci qui mit le doigt, sans le savoir, sur ce point ; la guerre. Comment pouvait-on faire des opéras, des chants, la fête, alors que la plus grande menace jamais découverte à ce jour était là, et continuait son chemin. C’était exactement ça qui empêchait Yennesä de savourer sa nouvelle maison.
Elle baissa les yeux quand Angela lui fit le résumé de la situation, et lui expliqua qu’à ce jour, ils ne savaient toujours pas comment vaincre ces abominations. Elle prononça cependant un nom qui fit tilt dans l’esprit de Yennesä. Oui, elle le connaissait ! Elle l’avait déjà entendu, déjà connu ! C’était donc lui. Son regard retrouva de l’aplomb, alors que ses poings se serrèrent. Cette guerre, il fallait qu’elle cesse ! Il fallait stopper les Grands Anciens coute que coute … Piper était morte à cause de ça. Et même si Yennesä ne pouvait pas mourir, elle ne supportait pas l’idée de voir d’autre gens succomber par la félonie de ces malfaisants. Néanmoins, Angela sembla ne pas s’en soucier immédiatement. Peut-être n’était-elle pas une Milicienne ? Yennesä ne le savait guère, mais elle ne pouvait pas non plus blâmer sa joie visible.
À vrai dire, ça faisait quelque part chaud au cœur de voir des sourires et de la joie, en toute spontanéité. Angela lui proposa, afin de lutter contre l’effet de sa renaissance, d’explorer un peu ses capacités. En premier lieu, elle lui proposa de voler. Ce qu’elle était déjà en train de faire cela dit, mais en fait, il s’agissait de voler à allure maximale. Yennesä observa ses propres ailes dans son dos, qui ne semblait d’ailleurs pas comme les ailes d’Angela ; elles étaient magiques. Elles n’étaient pas faites de plumes et de cartilage. Elles étaient éthérées, composées uniquement de magies, et avaient l’apparence d’un assemblage de petits blocs runiques, reliés par des arcs électriques. Ces blocs n’étaient pas physiques, ils n’étaient pas solides. C’était de la pure magie. Pour la première fois, un petit sourire vint égailler le visage de Yennesä, qui se prépara. « Dépasser la vitesse de la lumière … » Répéta-t-elle, n’y croyant que faiblement au début.
Mais plus elle sentait cette magie, cette énergie courir en elle, plus elle en était convaincue. Elle serra ses poings, puis se concentra, avant de s’élancer à pleine énergie. Ses bras s’élancèrent vers l’arrière, et son corps s’allongea dans les airs, à mesure qu’il prit de la vitesse. Son cœur se mit à battre très fortement, voyant le décor se mouvoir à une vitesse hallucinante. Ses yeux s’écarquillèrent en voyant une telle vitesse, mais elle sentait qu’elle n’avait même pas atteint son maximum. L’air se faisait transpercer tout autour d’elle, ses cheveux virevoltants vers l’arrière. Elle serra les dents puis tenta de pousser la vitesse encore plus loin, en changeant de direction, se mettant à braquer vers le haut. Et là, Yennesä sentit la vitesse grimper sérieusement. L’énergie présente en elle fourmilla encore plus, sentant aussi tous ses muscles frissonner face à cette sensation d’extrême vitesse. Elle ne sut pas si elle était parvenue à atteindre, voire dépasser la vitesse de la lumière, mais elle fut sure qu’elle avait atteint une très grande vitesse. Ce fut en replongeant qu’elle repartit auprès d’Angela, se stabilisant au dernier moment pour ne pas la percuter de plein fouet. Mais son arrêt brutal causa un drôle d’effet ; une petite onde de choc se créa tout autour d’elle au moment où son corps s’immobilisa d’un seul coup.
Sa poitrine montait et descendait, non pas sous la fatigue, mais les nouvelles et incroyables sensations qu’elle avait perçu. « J’en suis … Impressionnée, Angela. Je ne pensais pas qu’une telle chose était possible … » Lui déclara-t-elle, en souriant légèrement tout en la regardant. Il était vrai qu’elle allait passer du temps à explorer toutes ses capacités une à une …
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Les doutes et le scepticisme de Yennesä étaient des choses compréhensibles. Elles étaient une Ange très récente, n’ayant à peine que quelques minutes, et, avant, les Tours de Lumière purifiaient réellement l’esprit des jeunes Anges, en leur faisant oublier absolument tout de leur ancienne existence. Ici, le processus était, du fait de la guerre, accéléré, ce qui faisait que, chez certains Anges, il subsistait encore, pendant un temps, des traces et des réminiscences de leur ancienne existence. Comme Angéla s’était efforcée de l’expliquer à Yennesä, Piper était morte, et l’âme de Piper avait été réincarnée en une autre forme de vie. Elle, Yennesä, était une nouvelle entité, à part entière, créée par une force inconnue (le Créateur, selon certains anges), mais qui conservait en elle quelques substrats de la mentalité de Piper… À savoir, outre sa rancœur envers les Tyrans, une sorte de scepticisme scientifique vis-à-vis de ses nouvelles facultés. Quelque chose de terriblement humain, Angéla ayant depuis longtemps constaté que les humains étaient tournés vers la logique et la raison, et refusaient d’emblée tout ce qui, à leurs yeux, ne rentraient pas dans leurs cases. Yennesä voyait donc avec scepticisme le fait de pouvoir voler à une vitesse si élevée.
Avec un léger sourire, Angéla croisa les bras, et l’invita à décoller. C’est ce que Yennesä fit, s’envolant comme une flèche. Cependant, le Paradis n’était pas une planète tellurique, c’était un autre plan astral, et, au fur et à mesure qu’elle s’élevait dans le ciel, elle n’en vit jamais la limite véritable. Pas de passage dans l’espace, le Royaume des Cieux était quelque chose de très vertical, qui n’était pas régi par les règles physiques des Plans Intermédiaires. C’était un plan avec ses propres règles, avec sa propre géographie, et les Tours de Lumière s’élevaient jusqu’à la cime des plus lointains nuages, au-delà de la Mer de Nuages. Et, quand on arrivait à percer au-delà, on atteignait un espace bleu sans fin. Cet endroit avait bien des noms dans certaines philosophies intermédiaires : nipphaan, myang-das, nehan, mais on le connaissait, et on l’appelait, sous son acception la plus connue.
Le Nirvāna.
Un lieu d’extinction des sens, des passions, l’endroit où l’individu cessait d’être un individu pour s’absorber dans un tout collectif et plus grand que lui. C’était une sorte de transcendance, mais, en réalité, définir ce que, précisément, était le nirvana était impossible. On ne pouvait le définir que négativement, comme ce moment où un individu abandonnait ce qui le composait, une sorte de détachement total. L’enveloppe physique et charnelle de l’être disparaissait pour s’absorber dans un autre ensemble, atteignant l’illumination suprême.
Concrètement, ces « êtres » arrivaient ici, dans cet espace bleu, et existaient sans exister. Se retrouver ici était très particulier, car on avait l’impression d’être à la fois seul, sans l’être réellement. Yennesä n’y fit néanmoins qu’un tour, car elle revint ensuite à côté d’Angéla, et prit conscience que, avec la vitesse accumulée, elle pouvait dégager de fortes ondes de choc. Fort heureusement, Angéla, qui avait prévu le coup, la reçut en se protégeant avec un bouclier.
« Hum… Tu as une belle puissance, Yennesä… »
Angéla avait pu noter ça avec la puissance de sa déflagration aérienne.
« Inconsciemment, tu raisonnes encore comme une humaine, ma sœur, mais un Ange n’est pas soumis aux mêmes restrictions physiques qu’un mortel. Nous sommes des êtres de nature divine, Yennesä. Les Anges disposent de grands pouvoirs, car la magie nous est inhérente. Tu ne réalises pas encore à quel point tu es puissante, voilà tout. »
Battant des ailes, Angéla s’envola à nouveau, et se rapprocha de la Tour d’Argent. L’imposante Lurius se dressait, entourée de plateformes, de couloirs et de ponts, ces larges ponts étant reliés à des sortes de tours inférieures, et on pouvait voir des individus marcher, ce qui méritait une petite explication.
« Les Cieux ne se résument pas qu’aux Anges. Notre rôle est de garder et de protéger cet endroit, ce qui, par ailleurs, explique aussi pourquoi nous intervenons dans les Plans Intermédiaires. Il faut protéger la notion de libre-arbitre, c’est pour cela que nous intervenons contre les Grands Tyrans, parce que leurs actions menacent l’équilibre, et constituent donc une atteinte directe envers les Cieux. Ces gens que tu vois sont ceux vivant dans les plaines, mais ils peuvent se rendre quand ils le veulent dans nos cités, par le biais de ces tours que tu vois. Elles sont comme des portails, et nous n’avons rien à leur cacher. »
De cela, Yennesä ne devait pas douter. Angéla battit à nouveau des ailes, et se posa sur une terrasse en hauteur. Les couloirs de Lurius étaient grands, et il n’y avait aucune porte, tout juste un rideau entre la terrasse et l’intérieur de la tour, composée de très grands espaces, avec des couloirs verticaux et des couloirs horizontaux reliant les différentes pièces entre elles. L’idée était de permettre aux Anges et aux êtres espèces de pouvoir circuler librement.
« Y a-t-il quelque chose ne particulier que tu souhaites savoir ? Ayant été désignée pour t’enseigner les fondamentaux angéliques, j’ai beaucoup de choses à te dire… Mais qu’est-ce qui t’intéresse le plus ? Maîtriser ta magie ? Connaître notre philosophie ? Ou avoir des informations sur le conflit contre les Grands Tyrans ? »
Le choix de Yennesä seraient celui d’Angéla.
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De jamais Yennesä n’aurait pu se douter d’une telle puissance. À vrai dire, même si les choses se mettaient rapidement en place dans son esprit, il y avait des résidus. À proprement parler, elle venait de naitre donc, elle n’avait techniquement pas de base pour juger si tel ou tel chose était impossible ou irréalisable. Mais, dans son subconscient, subsistait quelques traces de son ancienne vie. Traces qui peu à peu allaient s’effacer bien entendu, mais qui faisaient de drôles de réactions chez l’Ange. Yennesä se découvrait une puissance phénoménale, qu’elle n’arrivait pas à comprendre dans sa globalité. Le fait qu’elle avait presque atteint la vitesse de la lumière l’avait stupéfaite, même si elle ne l’avait pas beaucoup montré. Etait-elle si … Capable ? Etait-elle si puissante que le disait Angela ? Tout cela était à la fois si nouveau, mais si familier … Etrange. Yennesä décida donc de se laisser entièrement guider par sa sœur, s’en remettant alors à elle.
Et Angela lui expliqua ainsi qu’elle devait encore raisonner comme une humaine, inconsciemment. C’était l’explication la plus logique. Mais pour preuve que ces dernières traces d’humanité disparaissaient, Yennesä acceptait de plus en plus le concept de l’être que lui décrit Angela. La magie inhérente aux Anges, leur puissance, leurs facultés … Tout devenait de plus en plus clair. Yennesä acquiesça, et s’envola alors à la suite d’Angela, la suivant alors dans la grande et belle Lurius. Elle se dressait devant elles, alors que l’Ange guida la nouvelle au travers les innombrables plateformes et structures composant la cité. Yennesä s’en remplit les yeux admirant en silence ce travail architectural qui était fait par les mains des siens. Voilà d’ailleurs une nouvelle dimension qu’elle avait appréhendé ; les siens. Elle se sentait réellement comme ce que lui décrivit Angela. Cela allait de soi, mais pour la nouvelle Ange, ce n’était pas évident.
Se rapprochant de la Tour d’Argent, la comparse de l’Ange aux yeux électriques expliqua que les Cieux n’étaient que l’habitacle des leurs. Il y avait d’autres peuples vivants dans les plaines. Ces peuples qui vivaient sous la protection des êtres Angela, et qui pouvaient à tout moment emprunter les Tours pour venir les voir. Plus Yennesä en savait, plus elle appréciait. Le savoir était toujours accueilli à bras ouverts. Battant à nouveau des ailes, les deux femmes finirent cependant par se poser sur une grande terrasse, séparée de l’intérieur de Lurius par un immense rideau. À l’intérieur il y avait des grandes pièces, des espaces vastes transpercés de part et d’autre par des couloirs, tant horizontaux que verticaux. Il était impossible d’ignorer la prouesse faite par les architectes ayant bâti ces lieux. Yennesä appréciait tout cela, mais elle apprécia encore plus ce que vint à lui dire sa sœur.
En effet, Angela lui proposa alors de lui en dire plus sur certains sujets, si elle le désirait. Yennesä ne dit rien de prime abord, tâchant de savoir ce qui était le plus important. Certes, en vue des évènements elle était très tentée de directement entrer dans le vif du sujet, c’est-à-dire avoir des informations sur le conflit, avec les Grands Tyrans. Mais, il y avait autre chose qui la troublait. Comme on pouvait s’en douter, il s’agissait de sa magie. De ses capacités, de ce qu’elle pouvait faire. Il était important de savoir de quoi était-elle capable avant de se lancer dans cette guerre … Mais aussi, de connaitre ladite philosophie des Anges. Mine de rien, c’était un choix assez difficile et Yennesä prit quelques instants pour prendre sa décision. Elle se déplaça vers la rambarde de la terrasse, plongeant alors son regard en contrebas. Elle observa l’immensité. Lurius. Ce nouveau lieu … Qui était, à ses yeux, menacé.
« J’aimerai tant apprendre sur cette magie qui vis en nous … Mais je sens que mes préoccupations vont vers ce conflit d’ampleur sans précédent. » Dit-elle dans un premier temps, se retournant vers Angela. « Alors je t’en serai infiniment reconnaissante, ma sœur, si tu m’en disais plus sur cette guerre que nous menons. » Lui répondit-elle finalement, en la regardant dans les yeux, en amenant sa main au niveau de sa poitrine comme signe de respect.
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En d’autres temps, la formation de Yennesä aurait été bien plus longue. Qu’elle naisse directement sous une forme angélique complète, et non sous celle d’un Chérubin, en signifiait beaucoup sur sa force. Angéla sentait déjà, en son for intérieur, que Yennesä serait plus puissante qu’elle, et cela, Angéla l’admettait sans ombrage. Elle estimait même qu’il était un immense honneur que de pouvoir former et enseigner à une telle femme. Elles se tenaient donc à Lurius, impressionnante et majestueuse cité, à la hauteur de ce que les Anges savaient faire. Sa construction était une prouesse architecturale et magique. D’aucuns auraient pu s’insurger devant ce qui, à bien des égards, apparaissait comme une féroce arrogance, les Anges étant au-dessus des autres habitants des Cieux, mais c’était à leur image. Ils étaient les intermédiaires entre les Champs-Élysées et le Nirvana. À eux d’assumer ce rôle, crucial.
Les questions de Yennesä portaient sur deux aspects : sa magie, et le conflit. Angéla hocha lentement la tête. En elle, il y avait déjà les préoccupations d’une milicienne.
« Sache, pour commencer, que nous avons une sainte horreur de la guerre. Nous sommes des élus divins, Yennesä, élevés au-dessus de la condition mortelle. Tu peux manger, et aimer le fait de manger, mais tu n’auras jamais faim, à proprement parler. Il est nécessaire que tu comprennes cela, que tu le ressentes en ton for intérieur. Nous sommes avant tout des êtres de paix et d’amour. La violence est quelque chose dont nous avons horreur, mais elle est, hélas, la seule arme contre eux. »
Angéla s’envola un peu dans l’un des vastes couloirs de Lurius, destinés aux Anges. Il s’agissait de grands couloirs cylindriques, où d’autres Anges venaient régulièrement d’autres coursives. Les salles, dans les cités angéliques, avaient une configuration très particulière, car, outre les entrées prévues pour les espèces bipèdes, il y avait aussi des trous aux plafonds, par lesquels les Anges passaient. Un tel endroit était donc relativement frais, même si, pour le confort des autres espèces, chaque pièce était chauffée par des orbes magiques.
Tout en se déplaçant, Angéla fournissait à Yennesä de plus amples informations.
« Nous sommes des êtres semi-divins, Yennesä… Comme tu le sais sûrement, à l’origine de tout, il y a eu une masse d’énergie phénoménale. »
Dans un futur proche, on appellerait cette période « Ère de Planck », mais, chez les Anges, elle portait un autre nom : l’Ère de l’Unification Primaire.
« Dans les quelques millièmes de secondes qui ont suivi le Big Bang, les quatre grandes forces primordiales de l’Univers étaient réunies en un ensemble : l’électromagnétisme, la force nucléaire faible, la force nucléaire forte, et la gravitation. Ces quatre forces se sont ensuite séparées et répandues, formant peu à peu l’Univers, et, au-delà de l’Univers, le Multivers. Les Dieux sont issus de ces quatre forces, et en tirent leur essence. C’est ce qui explique leur immortalité, car, à chaque fois que leur enveloppe physique est détruite, leur esprit se régénère dans la matrice même de la réalité. Ils sont issus du Big Bang, tout comme nous. Mais nous, nous n’avons qu’un fragment de cette éternité énergétique. Ce fragment, c’est notre magie, et c’est ce qui fait d’elle la plus puissante que soit. La magie sacrée est la quintessence de toutes les magies connues, et surclasse tout ce que tu as pu voir. Mais tout, dans la réalité, est dual. La magie sacrée rencontre une autre magie qui lui est opposée… Celle des Tyrans. »
Continuant à battre des ailes, Angéla remonta alors, et rejoignit une terrasse, devant une grande porte. Les deux femmes entrèrent ainsi dans une sorte d’immense bibliothèque, où il y avait bien d’autres personnes. Des Anges, mais aussi de simples humains, des elfes, des savants.
« Tout notre savoir est dans une cité à part entière, la Bibliothèque Céleste. Ceci n’en est qu’un mince extrait, centré autour de notre lutte contre les Grands Tyrans. »
Elle poursuivait ses explications, mais, pour cela, l’aborda sous un angle chronologique :
« Au sommet du Royaume des Anges, il y a le Conseil des Angiris. Cette autorité se compose de cinq Archanges, chacun représentant nos valeurs cardinales. Les Angiris ont décidé, il y a des éons de cela, de partir dans le Multivers, car nous avons senti… Une discordance. Une corruption rampante et galopante qui commençait à menacer les Cieux en personne. »
Angéla continua, après une courte pause :
« Nous sommes issus du Big Bang… Mais les Grands Tyrans le sont aussi. Ils sont une source de corruption, un cancer à l’échelle cosmique. Ils se répandent partout, et sont d’une puissance incommensurable. Mais leur puissance n’est que la partie émergée de la menace qu’ils constituent. Ils corrompent tout, Yennesä. Leur pouvoir est si grand que, à travers le cosmos, ils envoient des messages aux autres peuplades, et, terrorisées par eux, ces gens s’abandonnent à des cultes fanatiques et monstrueux. »
Elle tendit sa main vers une étagère, et en sortit un livre, puis le tendit à Yennesä.
« Les voici… Les informations que nous avons pu ramasser sur eux. »
Le livre était un ensemble de noms maudits : Abhoth, Azathoth, Dagon, Nyarlathotep, Shub-Niggurath… Et, bien sûr, le plus terrible d’entre eux.
« Cthulhu est leur maître, le plus puissant d’entre eux. Nous ignorons précisément de quelle dimension les Grands Tyrans sont originaires, mais nous pensons que Cthulhu s’y trouve. Mais, pour l’heure, nous espérons toujours trouver un moyen de les vaincre. »
Elle soupira encore, avant de poursuivre :
« En ce moment, Lucifer affronte l’un d’eux… Nyarlathotep. »
On pouvait sentir l’admiration dans sa voix en évoquant le Porteur de Lumière. Lucifer… Le plus grand de tous les Anges, celui qui n’abandonnait jamais.
Comment ne pas l’aduler ?
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Il était vrai que Yennesä pouvait s’estimer heureuse d’être née directement en tant que tel, et non en tant que chérubin. Cela en disait long, notamment sur son futur rôle et ses pouvoirs. Elle devait être une créature assez spéciale pour en être arrivée là. Mais, aussi puissante qu’elle devait être, n’en demeurait pas moins qu’elle n’était pas renseignée. Il lui manquait beaucoup d’informations, notamment sur la guerre et sur son propre peuple. Elle eut beaucoup de chance d’avoir une Ange calme et patiente qui se chargea de son éducation, en quelques sortes. Angela était si dévouée et gentille, Yennesä prenait conscience des efforts qu’elle déployait pour elle. Angela pouvait être sûre qu’elle saurait lui rendre la pareille comme il se devait, quand il sera nécessaire. Elle n’oubliera jamais son dévouement pour la guider au travers ce nouveau monde et cette nouvelle histoire.
Ainsi, Angela s’envola vers les vastes couloirs et invita Yennesä à la suivre. Sur le chemin, elle se mit alors à lui expliquer ce qu’elle désirait, à savoir, l’origine de leur magie et leur lutte contre les Tyrans. En premier lieu, Yennesä fut fasciné d’en apprendre plus sur l’origine de tous, qui causa l’apparition de la magie sacrée. C’était intéressant à prendre connaissance de toute cette histoire, qui comportait malheureusement une page complète sur les Tyrans. Ces êtres qui avaient hérité de la magie opposée à la magie sacrée. D’où le fait qu’ils étaient puissants et si dangereux. Yennesä en prenait conscience, en silence, buvant presque chaque dire de sa semblable. Au fil des explications, les deux femmes finirent par arriver devant une grande porte qui menait directement une grande bibliothèque. Un lieu de savoir et de sagesse, que l’Ange fut enchantée de connaitre.
Angela conduisit Yennesä dedans et alors qu’elle semblait cherche quelque chose, informa son acolyte que la guerre contre les Tyrans avait commencé quand la plus haute sphère des siens, le Conseil des Angiris, avaient décidé de partir dans le Multivers, sentant une discordance dedans. Tout avait commencé à ce moment-là. Ils étaient des êtres corrompus, qui envoyaient leur corruption partout dans l’Univers, semant terreur et chaos. Soumettant tout genre de peuple à un culte sombre, placé sous la bannière de la peur. Cela avait de quoi faire froid dans le dos mais, cela justifiait ainsi cette lutte. Angela trouva un ouvrage et s’en saisit, avant de le tendre à Yennesä. Celle-ci prit soigneusement le livre tendu et hocha respectueusement de la tête, tout en continuant d’écouter sa noble semblable. Et, quand elle entendit le nom de leur maitre à tous, le terrible Cthulhu, elle sentit une petite vague de colère la traverser. La tête de ce mal pourrissant les entrailles de l’Univers.
Un petit silence s’installa, avant que Angela informe Yennesä que l’un des leur, le porteur de la lumière, était actuellement en train d’affronter l’un des Tyrans ; Nyarlathotep. Elle sentit le ton admirateur de Angela, et cela ne pouvait que la faire sourire doucement. Oui, Yennesä se laissa aller à un petit sourire, ne pouvant que respecter l’admiration qu’elle portait envers cet être. « Le porteur de la lumière … Celui qui n’abandonne jamais, n’est-ce pas ? » Dit alors Yennesä, demandant indirectement à sa comparse de lui en dire plus sur lui.
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Le rôle actuel d’Angéla était de renseigner Yennesä, il n’y avait pas à s’en sentir gênée ou ennuyée. Au contraire, l’Ange considérait comme très important d’accueillir et de former un nouveau membre, un nouvel Ange. Ils en perdaient beaucoup trop dans ce conflit meurtrier. Les Tyrans étaient des êtres abominables, chacun d’eux hébergeant une puissance cosmique défiant l’entendement. La Milice angélique avait été créée en réponse face à eux. Avant cela, les Anges n’étaient pas des guerriers, juste des individus usant de leur pouvoir pour s’assurer que tout allait au mieux dans les Élysées, intervenant de temps en temps dans le Purgatoire pour pacifier cette zone-tampon dans le plan astral. Ils n’étaient alors que de simples messagers divins, jusqu’à ce que les Tyrans arrivent. Dès lors, le rôle des Anges avait évolué, et leur fonction guerrière s’était structurée et hiérarchisée autour de la Milice angélique.
À l’évocation de son surnom, Angéla sourit donc, et acquiesça.
« Oui, effectivement... Lucifer est un Ange valeureux, tant sur le plan de ses capacités guerrières que morales. Il n’est pas le seigneur de la Milice, mais est un symbole pour beaucoup d’entre nous. On ne compte plus le nombre d’Anges qu’il a personnellement sauvé en risquant lui-même sa vie. Je le dis en toute connaissance de cause parce que... »
Une légère rougeur vint alors empourprer les joues de la femme, qui se pinça les lèvres
« Il m’a sauvé la vie. »
Elle soupira, avant de reprendre :
« Nous affrontions Ithaqua (http://img09.deviantart.net/2f3f/i/2015/131/5/e/ithaqua_by_quest007-d5vmppx.jpg), un Tyran provoquant autour de lui cyclones et blizzards meurtriers. Ses créatures (http://img12.deviantart.net/4ef8/i/2011/151/d/a/ithaqua_oil_painting_by_patrickmcevoy-d3hotvk.jpg) nous harcelaient, et il avait gelé toute une planète. Même mes ailes ont fini par être engourdies. »
Angéla s’était écrasée dans une forêt, et les monstres d’Ithaqua, les anciens habitants de cette planète transformés en Wendigos ou en yétis, s’étaient rués vers elle, filant à travers la forêt, tandis qu’un blizzard meurtrier la recouvrait. Les Anges étaient insensibles au froid, mais, même face au froid absolu, les corps des Anges ressentent les effets physiques du froid. Ses plumes avaient gelé, tandis qu’Ithaqua, immense géant poilu aux longs doigts, enfonçait ces derniers dans le sol, faisant pousser ses monstres. Ils envahissaient toute la forêt, alors qu’Angéla rampait sur le sol, voyant les créatures se rapprocher, Lucifer était intervenu. Ses cônes lumineux avaient transpercé les monstres, les faisant exploser, puis il avait insufflé sa chaleur sur celle d’Angéla, en apposant sa main sur son front.
C’est ce récit que la femme tint à Yennesä.
« Lucifer est notre source d’inspiration. Il est un porteur d’espoir pour les Anges. »
Angéla parlait de lui avec le plus profond des respects, et sourit à nouveau.
« Je suppose que tu le rencontreras bien vite, toi aussi. Depuis la guerre, il ne s’arrête jamais. Il se sacrifie tellement pour les autres... »
Oui, à tout point de vue, il était un homme admirable.
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Yennesä s’était attendu à entendre le discours si mélioratif d’Angela à l’égard de l’intéressé. Il était clair qu’elle en était très admiratrice. Il était bien difficile de ne pas l’être, en même temps, surtout quand on s’était faite sauvée la vie par lui. Yennesä ne l’avait, pour le moment, jamais vu. Même si inconsciemment elle savait la valeur de cette créature. Tout ceci étant dit, elle écouta avec attention son discours et son anecdote, ne ratant aucun détail. Il s’en était donc fallu de peu pour cette jeune ange, qui avait failli perdre la vie à ce moment-là. Bien heureuse était-elle donc d’être tombée sur le porteur de la lumière, à ce moment précis. Tout ceci donna à Yennesä un léger sourire, qui s’estompa peu à peu quand le sujet redevint un peu plus sérieux. Elle portait dans ses mains un livre qui allait lui être d’une grande aide ! Yennesä ne devait pas trop tarder pour le lire, mais d’un autre côté, en avait-elle le temps ?
La jeune femme regarda donc Angela puis baissa un moment les yeux, ne pouvant alors s’empêcher de pencher à … Ithaqua. C’était plus fort qu’elle, dès que l’on parlait de ces abominables êtres, toute son attention était happée par ceux-ci. Est-ce qu’ils l’avaient vaincu ? Etait-il toujours en vie ? Angela avait parlé de lui comme d’un souvenir, mais aux yeux de Yennesä, c’était peut-être un problème qui était toujours d’actualité, voire même qui serait remis sur la table dans le futur. Sauf si, à l’époque, ils avaient mis un terme à la menace. Ce fut donc ce que demanda Yennesä, tout naturellement. « Vous avez vaincu Ithaqua, suite à cela ? » Demanda-t-elle alors. « Il ne représente plus une menace, à l’heure actuelle ? » Conclu-t-elle, désirant très clairement savoir cela. Au moins, on n’avait pas lésiné sur les moyens vis-à-vis de Yennesä ; son obsession pour les Tyrans, les voir mourir, un à un, était bien palpable. Preuve qu’elle allait faire une excellente milicienne.
En écoutant les réponses de sa comparse, elle penchant son regard sur le livre, notant chaque information bien consciencieusement dans sa tête. Elle avait beaucoup de chance d’avoir une mentor comme Angéla, qui prenait le temps de lui expliquer les choses. Et de les lui expliquer avec calme, sagesse et douceur. Angela était une femme très agréable, et nul doute que Yennesä lui serait éternellement reconnaissante pour sa dévotion, à l’heure actuelle. Après tout, Angela était le premier visage que Yennesä avait vu en venant à ce monde … Ca avait une certaine importance.
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« Nous l’avons affronté, oui... Mais il n’est pas facile de vaincre un Grand Ancien, et ce même si Ithaqua est l’un des plus faibles. »
L’un des plus faibles, mais ceci ne voulait pas dire grand-chose, au vu du pouvoir terrifiant des Grands Tyrans. Ithaqua avait une apparence très humanoïde, mais n’en restait pas moins exceptionnellement dangereux. Sa magie reposait sur celle de la Glace, mais l’usage du Feu n’avait pas permis de contrebalancer ses terribles blizzards. Ithaqua avait attaqué de solides planètes, des mondes technologiquement très avancés, et avait congelé sous la glace des millions et des milliards d’âmes.
« Face à ses cyclones et ses blizzards, notre magie nous permettait à peine de lutter contre le froid. Sous notre forme angélique, Yennesä, nous ne sommes pas sujettes aux conditions climatiques usuelles. Mais les attaques d’Ithaqua font naître un tel froid qu’il nous atteint. »
Alors, avaient-ils réussi à le vaincre ? Non. Lucifer s’était battu avec acharnement, utilisant sa magie sacrée pour balancer des rayons angéliques. Il avait fait hurler de douleur Ithaqua, et, pendant un temps, un bref et éphémère moment, on avait cru pouvoir inverser la tendance, en ayant enfin la confirmation que, oui, les Grands Tyrans pouvaient être blessés. Mais, las, ce dernier s’était remis de sa blessure, et avait déclenché sur Lucifer une tempête terrible.
L’Ange se déplaça un peu, soupirant en se remémorent des souvenirs si tragiques. Elle conclut alors, non pas en évoquant de nouveau cette bataille glaciale, mais en parlant de manière plus générale, éludant la discussion :
« Il nous manque quelque chose contre eux. Et c’est troublant. Nous avons affronté la magie noire à bien des reprises, et, à chaque fois, notre magie sacrée y était supérieure. Nous ne pensions pas trouver quelque chose qui puisse nous vaincre. La magie employée par les Grands Tyrans concurrence la nôtre. Il nous manque quelque chose pour pouvoir les vaincre, et nous multiplions les études et les recherches, avec l’aide de multiples civilisations très avancées, suffisamment avancées pour mener des expériences biologiques et scientifiques. »
Angéla se déplaça vers une autre pièce, afin de montrer cela à Yennesä. Elle remonta le long d’un couloir, jusqu’à rejoindre cette autre grande pièce, avec une sphère au centre. Il y avait là de nombreux Anges, qui les saluèrent poliment, et Angéla toucha la sphère au centre, créant d’autres sphères. Elle en toucha une au hasard, montrant une immense ville futuriste (http://orig04.deviantart.net/7c23/f/2012/118/c/b/los_angeles_2100_by_andreewallin-d4xtuqz.jpg).
« Voici l’un de nos alliés dans cette guerre, lui expliqua Angéla. Les humains de ce monde constituent une espèce évoluée qui ont appris l’existence des Tyrans, et redoutent leur approche. Vois-tu, Yennesä, nous sommes doués, mais les Anges n’ont pas cette rigueur scientifique que nous trouvons chez les humains, sans aucun doute parce que nous ne souffrons pas assez des conditions climatiques. Ces gens cherchent quelque chose dans l’ADN de ces monstres, un gène à utiliser pour développer un virus, n’importe quoi... »
Angéla soupira en secouant lentement la tête.
« Tu comprends ? Nous avons beau les affronter, nous n’arrivons guère qu’à les retarder... Il nous faut trouver comment les vaincre ! »
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Angela, avec toujours cette dévotion exemplaire, répondit alors aux questions de Yennesä. Ithaqua était un Grand Ancien certes, mais il était l’un des plus faibles. Cela ne voulait pas dire qu’il était facile à battre, loin de là … Mais les chances étaient tout de même un peu plus grandes. Cependant, cela n’avait visiblement pas suffit. La guide illustra ceci en expliquant que même si les Anges étaient immunisés contre le froid, celui que générait le Grand Ancien était tel qu’ils parvenaient quand même à le ressentir ! Ce n’était pas rien. Yennesä imaginait à quel point ce froid devait être mortel pour les autres créatures. Elle écoutait donc le récit, sans rien dire, préférant retenir l’information que la commenter, pour le moment. Ses pupilles étaient figés sur ceux de sa guide, et quand celle-ci eut finit, elle aborda un autre point du sujet.
Un point intéressant. Elle affirma que d’autre civilisations les aidaient dans leur lutte, notamment au terme de recherches biologiques et scientifiques. Pour illustrer ses propos, elle se déplaça dans une autre pièce, emmenant bien entendu Yennesä avec elle. Faisant quelques saluts formes à leurs comparses présents, Angela et Yennesä se retrouvèrent autour d’une sphère au centre de la pièce. Quand Angela l’activa, d’autres sphère apparurent et en touchant une parmi l’ensemble, elle afficha ainsi la vue d’une immense ville futuriste, comme les humains savaient le faire. Cette ville était le berceau de l’un de leurs alliés, et celle-ci travaillait d’arrache-pied pour étudier de manière scientifique les Grands Anciens, notamment sur leur ADN.
« Les étudier de manière de scientifique est peut-être la solution au problème … On verra ce que ça donnera. Espérons que ces alliés tiennent au moins jusqu’au bout. » Dit-elle alors, détournant son regard de la sphère. Elle comprenait à présent un peu mieux cette guerre et ses enjeux, et ce grâce à Angela et à sa patience. Yennesä ne dit rien, son regard un peu perdu dans le vide. Au bout de quelques instants, elle revint à sa guide puis lui demanda la suite des évènements. Elle lui avait proposé auparavant plusieurs choses, et elle avait choisi les informations sur cette guerre. Maintenant, elle voulait passer à autre chose. « Quelle est la suite, ma sœur ? Vas-tu … M’apprendre à maitriser ma magie ? Vas-tu me préparer à rejoindre ce conflit ? » Lui demanda-t-elle, en la fixant intensément.
Yennesä faisait pleinement confiance à cette femme, et à vrai dire, il n’y avait aucune raison pour que ça soit le contraire. Mais, dans le tempérament de l’Ange, il y avait ce feu, cette vocation pour le combat malgré la nature passive de ces êtres. On pouvait sentir que dans ses propos, il y avait toujours cette violente détermination et rigueur. Mais, au moins, sentait-elle que Angela serait sa meilleure partenaire pour le moment.
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Beaucoup de questions circulaient sur les Grands Tyrans. D’où venaient-ils ? Que voulaient-ils ? À cette deuxième question, Angéla avait déjà un peu plus de réponses. Ils étaient puissants, mais, outre détruire, ils aimaient surtout asservir. À travers les dimensions, ils répandaient leur influence, corrompant des populations entières. Une corruption si forte qu’elle en avait des effets physiques, parvenant à transformer les plus zélotes de leurs fanatiques déments en abominables monstres. Les Anges avaient vu des choses horribles, tellement horribles que les rapports de mission avaient été consignées. C’était la première fois que le Conseil avait décidé de classifier des informations. Normalement, toute connaissance était accessible, mais le Conseil avait estimé que le contenu de ces rapports pouvait choquer la sensibilité des Chérubins, et, en conséquence, ils avaient décidé de les archiver, ne les réservant qu’à la Milice. On y voyait des tueries cauchemardesques. Les Grands Tyrans ne faisaient pas que tuer les humains ou la faune, la flore était également contaminée par eux et par leur infâme magie. Ils tuaient toute forme de vie pour imposer la leur, et ne laissaient que des ruines et l’annihilation dans leur sillage.
Angéla sourit ensuite devant Yennesä, et secoua négativement la tête.
«
Oh, ma chère sœur, je suis bien trop jeune pour te former. Et puis, tu me dépasseras très rapidement. Il y a un tel potentiel qui vibre en toi. Tu ne te rends pas encore compte de ton potentiel. »
En lançant cela, elle posa ses mains sur ses épaules.
«
Je vais te présenter au Maître de la Milice, c’est lui qui décidera quoi faire de toi. »
L’Ange s’envola alors, Yennesä la suivant, et elles quittèrent Lurius, s’envolant alors, filant vers une autre cité angélique. La distance ne signifiait pas grand-chose pour les Anges, et, en quelques secondes, les deux Anges parcoururent des milliers de kilomètres. Ce qui était troublant, c’était que, peu importe où elles allaient, le soleil les suivait toujours. Les Cieux n’étaient pas un plan répondant à la logique des autres univers, c’était... Différent. Si on montait, on n’irait pas dans l’espace. Pour le dire autrement, la réalité des Cieux se résumait à cette planète. Si on montait, on se contentait de monter, pour rejoindre les Cieux Éternels, un endroit où même les Anges n’avaient pas accès, ce qu’Angéla avait expliqué être à Yennesä le «
nirvana ».
La nuit, ici, ne venait que très ponctuellement, dans les plaines et les forêts, pour entretenir un cycle, et permettre de faire des fêtes, car il était toujours plus amusant de festoyer la nuit. Une lune se levait alors, ainsi que des champs d’étoiles, mais ces champs étoilés ne donnaient pas sur d’autres étoiles, mais sur le nirvana lui-même. C’était donc vraiment une dimension à part.
Les deux Anges s’élevaient peu à peu, jusqu’à voir une sorte d’île flottant dans le ciel.
«
Nous y voilà... Le siège du Conseil... L’Île des Angiris ! »
(https://s-media-cache-ak0.pinimg.com/736x/55/f6/e3/55f6e3524c5e98844b15699767684a40.jpg)
C’était la plus haute structure avant le
nirvana, au sommet du Royaume des Cieux. Les deux Anges s’en approchèrent, et on pouvait voir, au centre de l’Île, une immense tour argentée, qui filait dans le ciel. L’Île abritait une ville, et il y avait de multiples Anges. L’endroit était aussi un sanctuaire angélique, et seuls les Anges avaient droit d’y entrer, sauf si le Conseil convoquait d’autres personnes. Les deux femmes se posèrent sur une immense place centrale, face à la grande tour, avec d’autres palais latéraux.
Cinq palais, en tout, se dressaient autour d’elles.
«
Le Conseil des Angiris est la plus haute structure des Cieux, Yennesä. Il est composé de cinq Archanges, qui représentent tous nos vertus cardinales. La Justice, l’Espoir, la Bravoure, la Foi, et la Sagesse. Ce sont les vertus cardinales qui fondent toute la philosophie et la mission des Anges. Chacun de ces palais représente ces vertus, et abrite des tomes et des reliques qui y sont liés. Le Conseil, lui, siège au pied de cette tour. »
Un immense parvis se dressait à l’entrée de la Tour, et les deux femmes s’approchèrent lentement, lorsqu’une silhouette émergea de la Tour.
«
Le voilà... »
Le Maître de la Milice. Un Ange dont il se dégageait une puissance exceptionnelle. S’il y avait le Conseil des Angiris, il existait aussi d’autres structures très importantes... Notamment le Triumvirat, désignant trois Archanges d’exception. Lui en faisait partie. Il avait une silhouette étonnamment androgyne, ce qui faisait que, bien qu’il soit homme, on pouvait volontiers le prendre pour une femme. Néanmoins, nul n’oserait remettre en question sa puissance exceptionnelle.
Car, outre être un Archange et Chef de la Milice, il était avant tout le Gardien et Protecteur des Cieux.
«
Bonjour à toi, Ange Angéla. Et je te souhaite la bienvenue, Ange Yennesä. Je ressors justement d’une audience où nous parlions de toi. »
L’Ange s’inclina respectueusement.
«
Je suis l’Archange Michel (http://img110.xooimage.com/files/4/4/b/archange-michel-4f814c2.jpg). »
-
La nouvelle ange était sincèrement touchée par la dévotion d’Angela, même si celle-ci continuait de dire que c’était normal. Yennesä se sentait malgré tout redevable envers elle et, même si elle lui stipula qu’elle était trop jeune pour la former, l’ange aux cheveux blonds considérait Angela comme une sorte de mentor, sans en être une. Sans doute car c’était le premier visage qu’elle avait vu ici, et que ce fut la personne qui la guida à ses débuts. Comme dit, Yennesä n’oubliera jamais ce visage et ce qu’il a fait pour elle. Quand elle posa ses mains sur ses épaules et lui expliqua qu’elles allaient voir la Milice pour décider de la suite, Yennesä hocha de la tête et fit un léger sourire. Les deux anges prirent ainsi la bonne direction et s’élevèrent dans le ciel. La puissance de leurs ailes permit de broyer des kilomètres entiers en quelques instants.
De ce fait, elles gagnèrent la prochaine cité en quelques secondes. Au loin, une gigantesque cité flottante s’offrit à elles, leur offrant aussi une vue des plus incroyables. Une vue qui réussit à toucher Yennesä, dont le regard sembla s’imprégner de cette vue à peine concevable. Angela ne tarda guère à expliquer ce qu’était cette île ; le siège du conseil. L’île des Angiris. Une merveille de construction, exactement comme celle qu’avait vu Yennesä auparavant. C’était hallucinant de voir tout ce que ce peuple était capable de faire en la matière. Cela laissait l’ange stupéfaite, même si elle ne le montrait guère. Yennesä était plutôt inexpressive physiquement parlant, mais cela ne l’empêchait guère d’éprouver plein d’émotion en son intérieur.
Ainsi donc, les deux femmes arrivèrent et Angéla explique, comme à son habitude, ce qu’était le lieu. Ici séjournait le conseil des Angiris, composé de cinq personnes représentant chacune une valeur cardinale. Yennesä acquiesça et absorba toutes les informations que lui fournit sa mentor, qui finit par se poser sur le parvis. L’ange aux cheveux d’or suivit juste après, alors qu’une silhouette émergea de la tour. Yennesä sentit d’elle-même qu’il était un être puissant et important. Son aura, sans doute. Le Maitre de la Milice ? Oui, c’était bien lui. La nouvelle venue se tint alors droite, d’une manière militaire. Quand il arriva au niveau des deux acolytes, il les salua respectueusement, stipulant même qu’il ressortait d’une séance où on avait parlé de Yennesä. C’était … Intriguant, et cela valu un léger haussement de sourcil.
L’être finit par décliner son identité et s’inclina, se présentant sous le nom de Michel. Yennesä lui rendit la politesse et s’inclina respectueusement, portant sa main sur sa poitrine en baissant doucement la tête. « C’est un honneur. » Dit-elle, se redressant ensuite. Voir une telle personnalité en face d’elle, venant lui dire en plus qu’une séance avait été consacré à elle … C’était un trop grand honneur. Elle ne savait pas ce qui lui était réservé, mais elle savait qu’elle n’allait pas tarder à le savoir. « Vous … Avez parlé de moi ? » Demanda-t-elle ensuite, curieuse à ce sujet-là. Elle savait que sa venue était, comme toute les venues, un événement à traiter mais elle avait l’impression que quelque chose n’était pas habituel. Une simple impression.
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De tous les Archanges, Michel était assurément l’un des plus grands. S’il ne siégeait pas au Conseil des Archanges, sa renommée était bien au-delà, car il faisait partie du Triumvirat, comprenant les trois Archanges légendaires : Gabriel, Raphaël, et Michel. Ensemble, le Triumvirat constituait l’une des forces les plus impressionnantes des Cieux, et Michel était réputé pour être le plus puissant de tous les Anges, au-delà même d’Imperius ou de Lucifer. Sous sa commande, il avait formé quantité d’Anges à la guerre. Le jour où les Anges entreront en guerre contre les démons, dans la guerre qui suivra celle-ci, même les Princes infernaux en viendraient à le craindre. Michel était l’un des Anges les plus vertueux qui soit, et qui présentait une apparence assez androgyne, comme bon nombre d’Anges.
« Oui, mais, en réalité, nous parlons toujours d’un nouvel Ange. Je ne peux, à ce sujet, que te demander de bien vouloir accepter mes excuses pour le piètre accueil que nous t’avons fait. Non pas que je me permette de remettre en question l’hospitalité de ma chère consœur, mais, habituellement, nous organisons une cérémonie nettement plus joyeuse. Hélas, les temps ne s’y prêtent guère. »
La guerre était là, une guerre contre des ennemis surpuissants, une guerre qui minait la bonne volonté de l’Archange Michel, ainsi que de tous les autres Anges. Ce dernier déploya alors ses ailes, et Yennesä et Angéla le suivirent, tandis que l’Archange filait parmi les tours argentées du Sanctuaire. Ici et là, on voyait d’énormes cours argentées, avec des fontaines, des statues, et des structures en marbre représentant de nombreuses choses. Il n’y avait que des Anges ici, et l’endroit respirait de beauté, de grâce, et de volupté.
Michel se posa sur un jardin, au milieu de nombreuses fleurs et arbres, puis grimpa un escalier en marbre qui filait au-dessus du vide, rejoignant une sorte de kiosque juchée dans le vide. D’ici, on pouvait voir, à gauche et à droite, des cours d’eau se jeter dans le vide, tandis que, sous leurs pieds, il y avait une mer de nuages. Ils étaient en effet au-dessus des nuages, et, si on levait les yeux, on ne verrait rien d’autre qu’un ciel bleu, encore et encore.
« Mais nous nous sommes aussi réunis parce que tu es particulière, Yennesä. Angéla a dû te le dire, aucun Ange ne naît avec un tel pouvoir en soi si rapidement. Tu vibres d’énergie et de puissance, façonnée pour la guerre, alors que nous autres, Anges, n’aspirons qu’à la paix et à la félicité. Tu es un sujet préoccupant, pour te le dire franchement, car certains Archanges s’inquiètent de ce que tu ne sois que la première à venir d’une nouvelle génération d’Anges, des Anges guerriers. »
Michel avait toujours su faire preuve d’une franchise déconcertante, et exprimait ici une inquiétude qui n’était pas forcément la sienne, mais surtout celle d’autres Anges. La guerre n’était jamais une réponse satisfaisante, et, pendant un temps, les Anges avaient essayé de comprendre ce qu’étaient ces Tyrans, voire de les raisonner. De vaines illusions, et, quand ils avaient compris que ces créatures abominables ne souhaitaient que la destruction, les Anges avaient dû opter pour la solution de la guerre. Et ce conflit s’éternisait, à tel point que, maintenant, les jeunes Anges étaient des Anges guerriers.
« Nous ignorons comment nous avons été créés, Yennesä. Enfin… Nous savons que Dieu nous a créés, mais j’ignore les détails. Mais, quels qu’aient pu être les outils utilisés pour notre conception, nous n’avons pas été conçus pour la guerre. Vois-tu, Yennesä, la Création est aujourd’hui un ensemble logique et ordonné, organisé autour de dimensions parallèles et alternatives, qu’on appelle ‘‘Multivers’’. C’est comme un arbre dont chaque branche abriterait une réalité en guise de feuilles. Un arbre immense et magnifique, et dont nous sommes les gardiens. Mais cet ordre n’a pas été fondé sur le dogme de la violence. Car, vois-tu, avant l’arbre, avant la Création, avant l’ordre et avant toute chose, il y avait autre chose. Il y avait le Chaos, l’Entropie, une ère d’anarchie totale. Avant que les étoiles ne brillent, avant que les planètes ne se forment, et que la vie n’émerge, le Chaos régnait. La lumière salvatrice de Dieu a apporté l’union, l’harmonie, et a supplanté ce Chaos par l’arbre… Mais cette anarchie fondamentale existe toujours. Elle est là, à hauteur de nos racines, et ronge l’arbre. Cette anarchie, ce sont ces Grands Tyrans. Ils veulent détruire l’arbre, ils veulent détruire la Création pour implanter la leur. Et c’est à nous qu’il revient de la protéger. »
Comme beaucoup d’Archanges, Michel était un homme qui parlait beaucoup, le travers d’individus ayant passé des éons et des éons à enseigner et à former. Il parlait d’une voix calme et mélodieuse, mais néanmoins empreinte d’une certaine puissance.
« Nous pensions être des individus supérieurs, Yennesä, nous pensions pouvoir résoudre les conflits par autre chose que la violence et la guerre. Hélas, nous avons été forcés d’apprendre à nous battre, de puiser dans nos forces exceptionnelles pour forger des armures, des épées, et pour combattre des êtres dont la cruauté n’égale que leur puissance. Le fait que tu naisses comme Ange guerrière, Yennesä, signifie que nous devons reconsidérer nos principes, et admettre que la violence est une composante naturelle et fondamentale de la Création. »
Michel laissa planer quelques secondes, avant de conclure :
« De cela, tu n’as pas à t’excuser, prévint-il. Tu es née ainsi, et nous ne contrôlons pas la naissance de nos confrères et de nos consœurs. Et ta naissance n’est point un mal, elle est un message, le signe que nous nous sommes trompés sur notre approche des choses, et qu’il convient donc de les rectifier. »
Et c’était aussi simple que ça, en réalité.
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Yennesä avait, de son coté, trouvé l’accueil formidable. Angela avait été une guide extraordinaire, qui lui avait montré bien des choses. C’était compréhensible que pour une nouvelle comme elle, ne pas faire un accueil très joyeux lui paraisse normal ; car elle ne connaissait pas ce qui était normal ici, en la matière. De ce fait, elle pensait que l’accueil qu’on lui avait réservé était ainsi, et cela lui avait très bien convenu. Mais quand Michel lui déclara que d’ordinaire on faisait des accueils plus chaleureux, il demanda qu’elle l’excuse. Ce n’était pas vraiment quelque chose dont Yennesä portait rancœur ou autre, mais par respect et obéissance elle inclina légèrement la tête, pour signifier que ce n’était pas grave pour l’accueil. Ce qui comptait à présent, c’était tout simplement la suite. C’était sa mission, c’était … La guerre ? Sans doute. La femme n’allait pas tarder à comprendre pourquoi elle se sentait irrémédiablement attirée vers tout ceci.
Michel guida Angela et Yennesä ailleurs, les emmenant plus loin au-dessus des nuages. Ils volèrent jusqu’à un jardin, traversant les multiplies tours argentées. Le Sanctuaire était définitivement un merveilleux endroit, la nouvelle venue n’ayant pas fini d’être surprise par ce nouveau monde. Le trio finit par arriver dans un jardin, où ils marchèrent vers un escalier au-dessus du vide, qui menait à un kiosque assez enchanteur. Un lieu qui étrangement plaisait un peu plus à la femme, qui dès lors ouvrit à nouveau ses oreilles pour écouter ce qu’avait à dire Michel. Il dit alors que s’ils se sont réunis, c’était particulièrement à cause d’elle. Car elle était née avec un pouvoir assez impressionnant, ce qui avait une signification ; Yennesä était une guerrière. Voilà donc qui expliquait bien des choses ! La femme comprit dès lors pourquoi cet engouement envers cette guerre, pourquoi elle ressentait en elle tant … D’acharnement et d’animosité envers les Grands Anciens.
S’en suivit d’une longue explication au sujet de l’origine de leur propre race, qui fut très intéressante et qui permit à Yennesä de savoir qui étaient les Grands Anciens, et ce qu’ils voulaient. La destruction, purement et simplement. Aucune forme de logique, aucune forme de raison. Ils voulaient tout détruire, tout anéantir, pour tout refaire à leur image. Et cela n’était bien entendu pas un bon présage. La fin de son discours s’acheva sur le fait que la naissance de Yennesä en tant qu’ange guerrière signifiait que leur peuple devait reconsidérer cet aspect, et admettre donc que le combat ou plus précisément, la violence, était une partie intégrante de la vie. Quand Michel termina, il laissa Yennesä silencieuse. Celle-ci finit par se tourner vers le vide, ses mains ses posant sur la rambarde du kiosque. Son regard plongea vers la mer de nuage, puis après un court silence, elle répliqua. « Notre approche fut noble. C’est de cette manière que notre peuple doit voir les choses … Pas de la manière dont moi, et la génération qui en découlera la verra. Car cette guerre est tout sauf normale. Une fois que ce conflit sera terminé, en bien ou en mal … Les choses reviendront à la normale. Il n’y aura plus, je l’espère, d’ange guerriers après cela … » Dit-elle, d’une voix convaincue.
Cette guerre ne pourrait être éternelle. Viendra un jour où elle se terminera, que ce soit en une victoire ou en une défaite. Bien entendu, Yennesä ferait tout pour que cela soit une victoire pour son peuple ; après tout, elle était armée pour. « Que dois-je faire à présent ? » Demanda-t-elle d’une voix déterminée, mais résolue à faire face à ses devoirs. Elle était parfaitement consciente qu’elle n’était pas comme ses semblables, même si elle appartenait à la même race. Allait-elle se sentir … À l’écart, différente ? Non. Si elle portait en elle une grande puissance, ainsi qu’un gout pour le combat et la guerre, elle demeurait aimante et protectrice envers les siens. Elle était aussi consciente qu’une fois que tout ceci serait terminé, aussi longtemps cela allait être … Elle appartiendrait au passé de son peuple.
-
«
Te battre. »
La réponse de Michel fusa assez rapidement, avec un brin de fatalisme et de désespoir. Les Anges n’avaient pas été conçus pour ça, mais ils apprenaient à évoluer, à s’adapter. Contre les Tyrans, il n’y avait aucune autre solution, et l’Archange s’était bien gardé de répondre à la remarque de Yennesä sur le fait que, une fois cette guerre terminée, la Milice Céleste serait dissoute. Pour l’heure, aucun Ange ne pouvait aller aussi loin. Michel s’avança le long de la plateforme, et poursuivit ses explications.
«
Lucifer se bat contre l’un des leurs, Nyarlathotep. Il est le Chaos Rampant, un être redoutable, qui apporte aux hommes une connaissance impie, qui les dépasse, et les rend fous. Cette créature prend diverses formes, et a pris sa forme la plus connue pour attaquer un monde qui a sombré dans la démence après avoir reçu son aide et ses connaissances infâmes. »
Michel déploya ses ailes, et commença à s’envoler, laissant Yennesä le suivre. Il descendit en contrebas, rejoignant les cités angéliques, s’approchant de l’une d’entre elles. Elle était entourée d’énormes pylônes d’énergie, qui brillaient de mille feux, formant comme de longues colonnes d’énergie filant vers les cieux. Autour de chaque pylône, il y avait de multiples plateformes circulaires, et d’innombrables Anges s’amoncelaient le long de ces pylônes.
«
Lucifer est en difficulté, et ce monde nous intéresse. Les gens qui y sont ont été rendus fous par les connaissances du Grand Tyran, mais, dans leur temple de savoir, ils abritent des connaissances qui pourraient nous aider à trouver un moyen de les vaincre. »
De telles connaissances étaient dangereuses, mais elles représentaient le meilleur moyen, pour l’heure, d’en savoir davantage sur les Grands Tyrans, afin de retourner leur force contre eux. Michel expliqua ainsi à Yennesä que ce monde en question était technologiquement avancé, et comprenait des structures pyramidales abritant les sièges du pouvoir. La planète était gérée par une technocratie scientifique, mais avait sombré dans les affres de la démence et de la guerre civile. Une société eugénique, modifiée pendant des siècles par les enseignements corrompus de Nyarlathotep. Dans cette société eugénique, la famille n’existait plus, et chaque individu naissait au monde pour travailler dans divers corps sociaux, recevant ainsi, par des modifications génétiques faites pendant la procréation, les capacités intellectuelles et/ou physiques requises. Au sommet du pouvoir, on trouvait les Prescients, les Grands-Sages qui veillaient sur l’organisation de toute cette société déshumanisée.
Nyarlathotep leur avait offert la maîtrise du génome, mais les technologies utilisées avaient petit à petit eu des effets pervers. Les modifications génétiques avaient des effets secondaires, et, au cours des siècles, toute la société avait sombré, les mineurs et les ouvriers devenant plus sauvages, tandis que les Prescients, prenant conscience de ce fait, avaient choisi de se séparer davantage de leur peuple, inventant des machines de guerre pour les protéger. Nyarlathotep était venu à eux sous la forme du Pharaon Noir, et était revenu sous sa forme la plus connue, un géant redoutable dont le visage était composé d’un long tentacule rouge qui, en s’étirant, influait sur les satellites naturels des planètes.
La
Langue Sanglante (http://67.media.tumblr.com/8d5692d1e221a12e886b45247a4391dd/tumblr_mngba6f2sW1s748a0o1_500.jpg) était le nom donné à cette forme. Il avait semé le vent, et récoltait maintenant la tempête.
«
Je vais mener nos renforts. Libre à toi de venir ou non, Yennesä, mais je serais honoré que tu nous assistes. »
Ils venaient de se poser au centre de cette cité, qui était ouverte en son milieu. Depuis les hauteurs, on pouvait ainsi voir un long trou circulaire au centre, comme une sorte de long couloir. En son centre, une immense sphère permettait d’avoir des aperçus de ce monde renégat. Depuis l’espace, on voyait une sorte d’immense tour tentaculaire (http://img41.xooimage.com/files/1/9/d/nyarlathotep-93de3d.jpg), composée d’un amas incroyable et indéfinissable de yeux et de tentacules. Au sol, cette forme s'était enfoncée dans la terre, et, depuis cette dernière, les monstres volants de Nyarlathotep s’envolaient dans les cieux,
shantaks (http://img08.deviantart.net/c731/i/2013/296/a/b/shantaks_by_cloudminedesign-d5eh6n5.jpg) et
horreurs chasseresses (https://s-media-cache-ak0.pinimg.com/736x/0e/fe/0b/0efe0bb921ff56409f27cd38f01f8f7b.jpg) défiant les Anges et les peuplades locales.
Sur la sphère, une nouvelle image vint se former, montrant une étonnante structure, bâtie dans les montagnes, où on voyait une série de structures pyramidales s’articuler autour d’un vaste anneau métallique d’où la bataille faisait rage.
(http://img110.xooimage.com/files/6/f/f/149379-50248b3.jpg) (http://img110.xooimage.com/files/4/0/1/149379-50248b2.jpg)
«
C’est le refuge des Prescients, expliqua Michel.
C’est dans cette grande pyramide qu’il faut nous rendre, mais, étrangement, les Prescients nous ont attaqué. Lucifer est coincé entre eux et les Tyrans. C’est pour ça que nous devons intervenir, pour sécuriser ces pyramides. »
Le briefing de mission était terminé.
«
Si tu veux nous suivre, passe par l’un des Portails situés dans les pylônes. Mais ne crois nullement que ne pas venir serait signe de couardise. Tu viens juste de devenir un Ange, et, normalement, tu devrais être entraînée dans des cités et des forts pour maîtriser tes pouvoirs. Ne viens pas si tu doutes de tes capacités. »
Sur ce, Michel déploya ses ailes, et s’envola, pour rejoindre ses hommes, laissant ainsi le soin à Yennesä de déterminer ce qu’elle allait faire...
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Se battre, c’était donc ce à quoi était destiné Yennesä. Elle avait pleinement conscience de qui était-elle désormais, et de son rôle à jouer. Elle était le début de la réponse à un conflit de plus en plus important et dangereux. De ça elle en était désormais convaincue, et il ne lui restait plus qu’à accomplir ce pourquoi elle était là. Michel l’informa que le porteur de la lumière était actuellement en train de se battre contre un Grand Ancien – Nyarlathotep – dans un monde où le savoir avait rendu fous ses habitants. Avant de poursuivre il déploya ses ailes et s’envola, ce face à quoi Yennesä en fit de même et le suivit, écoutant la suite de son briefing. Il était en difficulté, pris entre deux feux. Ce monde intéressait la Milice car il renfermait de nombreux savoirs qui leur seraient utiles contre l’ennemi. Yennesä acquiesça, et regarda alors les énormes colonnes d’énergies qui semblaient être infinies.
Les deux créatures volèrent en contrebas, jusqu’à atteindre une cité angélique qui disposait d’un énorme cercle en son centre, où une sorte d’image flottante s’y trouvait, montrant ainsi ledit monde corrompu par le Grand Ancien. Yennesä s’en approcha avec son camarade, alors que celui-ci poursuivit en lui déclarant que ce monde était technologiquement très avancé, etc. Il expliqua tout ce qu’elle devait savoir, tout en lui montrant grâce à la sphère. Le tout se termina quand il montra l’endroit cible, où le porteur de la lumière était actuellement en train de faire face à deux ennemis en même temps. C’était là où était renfermé les savoirs dont la Milice avait besoin. Le refuge des Prescients, une grande pyramide. Cependant, Michel s’écarta et déclara alors à Yennesä qu’elle n’était pas obligée de le suivre, car étant encore fraîchement venue à ce monde, elle devait encore s’entrainer. C’était à son choix et qu’importe ce qu’elle déciderait, ça serait bien.
Il s’en alla en la laissant, alors qu’il partit rejoindre le front en passant par l’une des longues colonnes d’énergie. Yennesä ne dit rien, baissant son regard avant de regarder la sphère, montrant la grande pyramide. Pour elle, il n’y avait pas à choisir ni à se décider. Si on lui laissait le choix, ce n’était pas pour autant qu’elle s’octroierait le luxe de rester au chaud ici, alors que ses frères et sœurs se faisaient massacrer ailleurs. Elle prit une grande inspiration, puis déploya ses ailes pour rejoindre les colonnes d’énergie. « L’heure n’est pas au doute. » Se dit-elle à elle-même, avant de suivre Michel pour rejoindre le front. Elle était prête à se battre, même si elle n’avait encore jamais utilisé ses nouvelles capacités. C’était en condition réelle qu’elle avait le plus de chance de découvrir son potentiel, que dans une salle d’entrainement.
Ainsi donc, Yennesä ne tarda guère à revenir aux côtés de Michel, dans ce sinistre monde qu’était celui-ci. Elle suivrait ses ordres à la lettre, et irait se battre là où il lui dirait.
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Partout, les villes étaient en cendres, un chaos indescriptible fondant sur cette planète. Avait-on jamais vu une telle désolation ? Ce spectacle sinistre et apocalyptique ne risquerait-il pas de rappeler à Yennesä des souvenirs qui n’étaient pas les siens, ceux quand elle n’était pas une Ange ? Yennesä n’était pas Jenny A. Piper, mais c’était bien l’âme de Piper qui avait permis de féconder Yennesä. Alors, il n’était pas impossible que cette scène lui rappelle de douloureux souvenirs. Michel était en tête, filant vers les Pyramides des Prescients C’était là-bas que la bataille faisait rage, et, tout en surplombant les villes, on pouvait voir ce fameux Refuge. Immense et majestueux, il s’élevait au-dessus des montagnes, des pyramides technologiques si hautes qu’on pouvait les voir depuis l’espace. Elles étaient entourées par un épais rideau défensif, et la bataille y faisait rage, les lasers et les robots défensifs s’attaquant aussi bien aux monstres de Nyarlathotep qu’aux Anges. Tandis que Yennesä s’en rapprochait, plusieurs Shantaks se rapprochèrent d’elle, hurlant rageusement. Ces créatures poussaient des hurlements stridents, et étaient particulièrement volaces, mais très faciles à tuer. Cependant, Yennesä en voyait près d’une trentaine fondre sur elle, un véritable essaim... Et, alors que le combat était engagé, un hurlement rageur rugit derrière elle.
« YAAAAAAAAAAAAAAA... !! »
Une Ange fondit sur eux, tenant, dans chacune de ses mains, une épée dorée, et chacun de ses coups projetait une longue lame énergétique qui découpait les Shantaks. Véritable furie en action, Inazaël (http://img110.xooimage.com/files/b/6/3/izana-l-508f688.jpg) était une tornade d’action, mélangeant attaques physiques et magiques avec une dextérité et un talent qui trahissait son expérience. Utilisant ses ailes, elle tombait fréquemment, pour remonter en flèche, ou se décaler sur el côté, massacrant les multiples Shantaks.
La partie se compliqua néanmoins quand des Horreurs chasseresses s’approchèrent. Ces immenses créatures noires ressemblaient à des serpents volants, poussant de terribles hurlements, et, alors que l’un s’approchait de Yennesä, sa gueule s’illumina soudain, et un rayon d’énergie en fusa.
« Bats-toi, ma sœur ! hurla Inazaël. Ces monstres ne méritent pas notre clémence ! »
Les Horreurs étaient nettement plus difficiles à tuer que les Shantaks, et, alors qu’elles se rapprochaient, des rayons lumineux fusèrent alors du ciel, et les frappèrent, les transperçant et les calcinant sur place, une lumière incandescente les faisant fondre sur place dans des hurlements de douleur, ne laissant que des carcasses squelettiques noirâtres qui s’effritèrent dans le vide.
« Bonjour, Yennesä. Tu fais partie de ma formation ici. Je m’appelle Imrian (http://img110.xooimage.com/files/6/f/a/imrian-508f68e.jpg), et Inazaël, que tu as vu, est l’une de mes élèves. »
Une force terrible émanait d’Imrian, et sa double paire d’ailes trahissait le fait qu’elle était une Archange. À ce titre, elle faisait partie des officiers de la Milice, et laissa les deux Anges se rapprocher. Une troisième Ange se rapprocha de la surface, seins nus, portant également deux épées et quelques morceaux d’armure, l’Ange Selena (http://img110.xooimage.com/files/e/c/9/selena-508f6a8.jpg), qui adressa à Yennesä un sourire chaleureux. L’escouade d’Imrian se composait ainsi de quatre Anges, elle incluse.
Les quatre Anges se regardèrent lentement, et Imrian donna ses instructions, qui semblèrent agacer Inazaël :
« Michel m’a ordonné de surveiller les alentours du Refuge. Il faut empêcher les renforts du Tyran de se rapprocher davantage.
- On n’est plus des chérubins, Imrian ! On a largement les moyens de venir les soutenir, et d’être en première ligne !
- Inazaël ! Nous sommes en situation de guerre, pas dans l’un de nos forums ! Nous obéissons aux ordres ! C’est la première mission de Yennesä, il faut encore qu’elle se familiarise avec ses pouvoirs... »
Imrian hocha lentement la tête vers elle, et lui précisa alors où en était la situation :
« Le Tyran est pour l’heure dans l’océan, à quelques centaines de kilomètres, mais il se rapproche très rapidement. Il ne faut surtout pas chercher à l’affronter, Yennesä, il est bien trop fort pour nous. »
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Comme Yenessä pouvait le voir, la situation était très chaotique. Partout la guerre faisait rage à la surface de cette planète, dont le ciel obscurci n’aidait pas. La guerrière allait du mal à se frayer un chemin vers le Refuge, là où la bataille faisait le plus rage. Pourtant c’était là où elle devait aller. Ainsi, elle fila à toute allure grâce à ses ailes, perçant l’air et le champ de bataille. Mais y arriver sans encombre était impossible, et pour preuve, il ne fallut pas longtemps avant qu’un groupe de monstre ne décide de fondre sur elle. À vue d’œil, il devait y en avoir une bonne trentaine. Elle était prête à se battre et à se défendre, s’étant alors vivement retournée vers les monstres fusant vers elle. Mais alors que Yenessä pensait devoir les affronter, un rugissement survint de derrière elle. Une femme passa devant à toute vitesse, épées en mains, et décima alors tout le régiment de monstre. Une performance incroyable, qui stupéfia Yenessä un moment avant qu’elle ne se reprenne.
Pas le temps de faire les présentations avec sa sœur cela dit. D’autres monstres filaient vers elles et cette fois-ci, ils étaient plus costauds. Yenessä agrippa fermement sa lance d’énergie et la braqua en posture d’attaque. Mais là encore, ils ne parvinrent pas aux deux femmes avant qu’il ne se retrouvent subitement immolés, par une autre guerrière qui vint à leur niveau. Vu ses ailes, il devait s’agir d’une grande officière de la Milice. Ce fut juste, et quand elle se présenta, Yenessä sentit alors toute la puissance qui découlait de son être. Les trois furent rejointe par une quatrième, qui boucla alors l’escouade qu’elles formaient ensemble. Leur mission était d’empêcher les forces du Tyran de se rapprocher du Refuge, afin d’alléger la bataille là-bas.
Yenessä sentit que l’une de ses camarades, Inazaël, semblait perplexe. Elle semblait préférer le combat de front, l’action, le danger. Pourtant les ordres étaient clairs et il ne s’agissait pas d’un jeu. Chacun avait un rôle à jouer et on devait scrupuleusement s’y tenir, au risque de faire pencher la balance dans le mauvais sens. Bien entendu, on n’était jamais à l’abri de quelques surprises … Mais de son côté, Yenessä acquiesça sans rien dire. Taciturne était-elle, les mots n’avaient pour le moment pas grand intérêt à sortir de sa bouche. La chef de l’escouade expliqua rapidement que le Tyran n’était plus très loin et qu’il se rapprochait. Elle expliqua aussi qu’il ne fallait surtout pas chercher à l’affronter, étant donné qu’il était bien trop puissant. La jeune femme aux ailes énergétiques hocha de la tête, et raffermit son emprise sur sa lance. « Compris. » Dit alors simplement Yenessä.
À peine eurent-elles finies de se briefer qu’une horde de monstre volant fusèrent à nouveau vers elles. Cette fois-ci la vague était plus conséquente ; Une cinquantaine de Shantaks, couplés à une dizaine voire plus d’Horreurs Chasseresses. Les quatre créatures ailées se retournèrent, et s’apprêtèrent alors à se battre. La jeune recrue agita sa lance d’énergie, et sentit alors son sang se mettre à bouillonner en elle. C’était du moins comme cela qu’elle l’interprétait, car en vérité, cette sensation traduisait un autre phénomène. Ce n’était pas son sang qui frémissait, mais l’énergie qui habitait en elle, et qui lui donnait ses pouvoirs. Jusqu’à présent elle n’avait jamais fait démonstration – elle-même ne savait pas vraiment comment faire – mais vu la vague de monstre, cela n’allait pas tarder.
Toutefois, Yenessä se jeta peu après dans la mêlée de manière plus classique. Elle fit tournoyer son arme, éviscérant plusieurs Shantaks dans la foulée, alors qu’elle-même usait fortement ses ailes pour tournoyer et passer entre eux. Elle était particulièrement agile, mais luttait pour ne pas se faire toucher. Le combat était dur, et l’inexpérience de Yenessä était assez flagrant. Pas aussi efficace que ses sœurs, c’était ce que l’on pouvait remarquer. Mais … Pour combien de temps ?
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Imrian vit rapidement le talent incroyable de Yennesä quand elle fondit sur un groupe de Shantaks. Rapide et meurtrière, elle était d’une efficacité impressionnante, fusant sur ses adversaires, optant pour des frappes chirurgicales, avant de bondir sur les autres. Elle était douée, mais encore inexpérimentée, ce qui l’amena à sous-estimer une Horreur, qui la frappa avec sa longue queue, formant comme ,un terrible fouet, balançant la femme, qui alla s’exploser dans un gratte-ciel, pulvérisant la façade, transperçant ce dernier, pour s’écraser sur le toit d’un immeuble plus bas, s’écrabouillant sur cinq ou six étages.
«
Yennesä ! » hurla Imrian.
Elle n’eut guère le temps d’en dire plus, car l’Horreur chasseresse fila ensuite vers elle, et cracha sa redoutable salive acide, l’amenant à esquiver. Son corps se mit alors à luire, et elle se concentra. Des éclairs jaunâtres, lumineux, se formèrent autour de son corps, puis elle fusa à la vitesse de la lumière, et transperça l’Horreur, ressortant de l’autre côté, après avoir manqué découper en deux le monstre. Des shantaks fusèrent vers elle, et ses yeux flamboyaient de magie, des éclairs lumineux crépitant devant son visage. Dans un hurlement de rage, Imrian fit exploser la magie autour d’elle, déformant l’air tandis qu’une bulle magique se formait, enflant, grossissant... Jusqu’à exploser dans une violente et assourdissante onde, qui fit exploser de nombreuses fenêtres, dispersant des flopées de monstres.
Sans attendre l’avis d’Imrian, Ianazaël s’était précipitée vers l’endroit où Yennesä s’était écrasée. La surface de la planète était déjà en train de se recouvrir d’un épais mucus verdâtre, gluant, gélatineux, composé de multiples yeux, et qui laissait s’échapper une fumée verte mortelle. Elle remontait à la surface, recouvrant les rues, et les malheureux qui avaient eu la malchance d’inhaler ce gaz avaient commencé à se transformer en monstres. Inazaël percevait ainsi, sous cette couche de gaz qui se répandait sur toute la surface de la planète, d’abominables zombies. Les humains s’étaient transformés, leurs cheveux tombant, tandis que des pustules naissaient sur leurs corps boursouflés, leurs doigts devenant d’interminables griffes. La corruption des Tyrans se répandait dans leur chair, faisant d’eux des monstres assoiffés de sang, qui continuaient à muter. Des épines dorsales sortaient de leur colonne vertébrale, des pointes noires, leur peau devenant plus verdâtre, plus écailleuse. Pour les plus avancés, des tentacules avaient poussé à la place de leurs bras, ou même le long de leurs bouches.
Ils se ruèrent vers l’immeuble où Yennesä s’était effondrée, et Inazaël fila à son tour, défonçant d’autres plafonds, jusqu’à arriver près d’un endroit sinistre...
«
Yennesä !! »
Inazaël s’approcha d’elle, dans un espace très sombre, et ses ailes se mirent à flamboyer, comme pour les éclairer. Elle déglutit alors en voyant la corruption se rapprocher (http://3.bp.blogspot.com/-xxbb452bJXs/UTPPzNHqq8I/AAAAAAAAAPI/v0y-JVeJjvQ/s1600/cthulu_kraken_squid_monster_monsters_cthulhu_fhtagn_investigator_endfor_fans_desktop_1280x1024_wallpaper-250911.jpg). Yennesä était là, sonnée, ou visiblement perturbée, car elle avait atterri dans un esorte de charnier sinistre. Des mots étaient inscrits sur les murs, tracés dans le sang :
« N'gai, n'gha'ghaa, bugg-shoggog, y'hah ; Yog-Sothoth, Yog-Sothoth... »
Cependant, outre ces inscriptions funèbres, l’endroit ressemblait surtout à une sorte de curieux temple religieux sinistre. Des corps étaient accrochés le long des murs, découpés, massacrés, pendus, crucifiés, se vidant de leurs sangs. On avait ouvert le ventre d’un malheureux, et utilisé ses intestins pour pendre quelqu’un. Le sang gisait sur le sol, avec de nombreux cadavres. Encore « jeune », Yennesä semblait choquée par cette vision, et Inazaël posa sa main sur son épaule.
«
Ressaisis-toi, ma sœur, il faut... -
VERMINE !! SUCCOMBEZ !! SUCCOMBEZ DEVANT MOI, RENONCEZ À VOS FAUSSES IDOLES !! -
C’est Nyarlathotep ! Yennesä, il ne faut pas l’écouter ! -
NOTRE ÈRE EST VENUE, EMBRASSEZ NOTRE EXISTENCE !! EMBRASSEZ-LÀ, ET DISPARAISSEZ !! DISPARAISSEZ, VERMINES !! DISPARAISSEZ, MÉCRÉANTS !! RETOURNEZ DANS VOS TOURS ARGENTÉES, PRIEZ-Y ENSEMBLE, ET ATTENDEZ NOTRE COURROUX !! NOUS VIENDRONS, ET NOUS VOUS DÉVORERONS !! »
Les murs se craquelèrent, et le mucus vert apparut... Et, sous les yeux ébahis des Anges, quand cette épaisse de mucus verdâtre tentaculaire heurta les cadavres, ces derniers s’animèrent brusquement. On les vit remuer des bras, se redressant lentement, hurlant et grognant, que ce soit les hommes, les femmes, les enfants... Et même les bébés que les mères avaient sacrifié d’eux-mêmes. Ils poussèrent des couinements meurtriers en se mettant à ramper, les encerclant.
«
Yennesä, il faut sortir, vite ! »
Inazaël se concentra, et sa magie étincela le long de ses ailes, formant une onde de choc autour d’elle, qui heurta les abominations se rapprochant d’elles, mais sans pouvoir les retenir davantage.
Tout l’immeuble était par ailleurs en train de trembler sur ses fondations, sur le point de s’effondrer sur place...
-
La mêlée était toujours un moment des plus dangereux et trouble, même si c’était paradoxalement le moment où l’on devait être le plus sûr de soi. Yenessä était encore inexpérimentée, et même si elle se démenait bien face à ces hordes de monstre, sa lance tournoyant encore et encore dans sa main, vint un moment où ce manque d’expérience se fit ressentir. Violemment ressentir. Aussi rapide qu’elle était, elle ne put se protéger face à une attaque en traitre venant d’une Horreur, qui la frappa de plein fouet avec sa queue. La guerrière s’en était retournée, mais n’avait pas eu le temps de s’en défendre. Ce qui résultat d’un violent choc, qui propulsa alors la femme contre un immense bâtiment. Un gigantesque gratte-ciel. Le choc fut si terrible que le corps de la créature brisa la face du bâtiment, le transperça de part en part avant qu’elle ne termine sa chute sur le toit d’un autre immeuble.
Le toit céda à son tour, faisant dégringoler Yenessä cinq ou six étages plus bas. La jeune recrue venait de faire lourdement les frais de son inexpérience et surtout de sa trop grande assurance. Peut-être n’aurait-elle pas dû venir. Peut-être était-ce encore trop tôt … Quoiqu’il en était, la douleur était immense et quand son corps s’écrasa au sol, pour de bon, elle sentit de terribles spasmes de douleur la prendre. Elle serra des dents et des poings au sol, le souffle coupé, peinant alors à se relever de ce douloureux coup. Un être normal aurait cédé dès le premier choc avec la créature, mais elle avait survécu. Néanmoins elle fit tout pour se reprendre vite, et finit donc par se relever. Reprenant rapidement ses esprits, tentant d’ignorer la douleur qui s’effaçait peu à peu sans pour autant emporter les séquelles physiques, Yenessä remarqua alors l’endroit dans lequel elle avait atterrit.
Un spectacle d’horreur et d’épouvante. Ses yeux étaient figés, comme si elle venait de voir la mort personnifiée. Son corps immobile, son souffle lent, alors que ses prunelles restaient encore et toujours figées sur cet affreux panorama. Des corps, plein de corps. Mutilés, pendu, en état de décomposition pour certain. Des ventres ouverts, dont les tripes servaient de corde à pendaison pour d’autre corps. De l’autre côté, du sang et encore du sang. Des inscriptions sur le mur, gravés dans le liquide carmin qui avait coulé en abondance dans ce temple, noyau de corruption de ce monde vicié par l’un des leurs … Les Tyrans. Horrifiée et choquée par un tel spectacle, Yenessä s’oublia complètement elle et le monde autour. Elle ne remarqua pas que la corruption progressait vers elle, que le mucus putride s’approchait et réanimait les cadavres sur son passage.
Ces horreurs, cette fin sinistre d’un monde où autrefois les gens devaient vivre une vie sans cette sombre corruption … Ce sang, ces corps, ces sacrifices, tout était là pour horrifier Yenessä, qui fut alors frappée de flashback. De très bref et abstrait flashback, lui montrant alors les images d’une guerre dans un monde similaire. Des images plus vraies que nature, à un tel point qu’elle en vint à ressentir les sensations, comme si … Comme si c’était elle qui avait combattu, même si Yenessä n’était pas cette femme. Le même scénario se répétait encore et encore, détruisant monde après monde, corrompant des millions voire des milliards d’âmes. Jusqu’où cette folie allait-elle durer ? Jusqu’où les Tyrans iraient pour assouvir leur soif de pouvoir et d’idéaux nauséabonds … Jusqu’où irait-on pour les arrêter ?
Toutes ces visions chaotiques glacèrent le sang de Yenessä, qui finit alors par revenir à elle en entendant une voix. Celle de ce Tyran vampirisant ce monde ; Nyarlathotep. Ses paroles empoisonnées, destinées à faire chavirer les cœurs déjà corrompus et réceptif à son appel. La jeune femme entendit aussi une autre voix, qui cette fois-ci provenait d’une de ses sœurs, venue la cherche au milieu des décombres. Yenessä resta de marbre, silencieuse, choquée. Paralysée par le trouble et la haine envers l’ennemi, qui prenait le pas. Son regard changea, alors qu’elle remarqua autour que le bâtiment s’effondrait, que la corruption était sur le point de la saisir elle et Inazaël. Tout s’écoulait lentement et rapidement en même temps, aux yeux de la créature qui finit alors par se retourner, faisant face à la corruption malgré que sa sœur lui implorât de partir. « Non. » Répondit-elle alors, fermement, d’une voix bien différente. Une voix emplie de dégout, de haine et d’animosité envers tout ce qui se rapprochait de près ou de loin aux Tyrans. Elle ferma son poing, sentant en elle la colère qui remuait tous ses afflux magiques. Des afflux qui traversèrent intensément son corps, allant jusqu’à lui donner l’impression d’être en train de brûler vive. Mais, cette sensation était … Bienvenue. Cette sensation était tout ce que demandait Yenessä, car elle allait lui permettre de se déchainer, pour la première fois.
Le sol sous ses pieds se mit à trembler, alors que les décombres de l’immeuble tombaient de part et d’autre, manquant à chaque fois d’écraser les deux femmes. L’énergie parcourant ses ailes s’intensifia grandement, créant un affreux bourdonnement menaçant. Le bleu de ses yeux s’illumina, alors que sa mâchoire et ses dents se serrèrent, pour finalement laisser échapper un cri venant du fin fond de ses entrailles. Un cri de colère et de désespoir, qui fut accompagné d’une soudaine impulsion électrique provenant de ses ailes. Une violente et intense décharge électrique qui créa des milliers d’arcs foudroyant tout aux alentours, immolant, réduisant en cendre ce qu’il y avait à réduire en cendre. Puis, au même moment, elle écarta ses bras et laissa alors son corps et son énergie parler à sa place. De ses mains jaillirent de violents arcs électriques, bien plus épais et calcinant que ceux de ses ailes, qui vinrent frapper directement le mucus, les abominations, les morts-vivants … Tout.
Le chaos s’installa, alors que le feu, les nuages d’étincelles et les arcs électriques aveuglèrent Yenessä. Le mucus et ses créatures brûlèrent en poussant des cris d’horreur, jusqu’à ce que la charge électrique atteignît son point de retour, provoquant alors une dernière et gigantesque détonation, faisant voler en éclat l’étage entier. De l’extérieur, on pouvait alors constater avec effroi qu’une grande onde de choc sortit de l’immeuble et vint briser la façade des autres à proximité, avant que l’étage n’explose littéralement, faisant alors définitivement effondrer la structure …
-
Inazaël sentait que quelque chose avait ébranlé Yennesä. La vision de ce spectacle horrible, assurément, mais le temps jouait contre elles. Ce mucus était corrosif, comme un poison rampant, recouvrant les mondes soumis à la démence et à la haine du Chaos Rampant. Toutefois, alors qu’Inazaël s’apprêtait à fuir, elle sentit soudain un pic d’énergie croître auprès d’elle.
« Yennesä ? »
Sa question n’eut aucune réponse, car une sorte de transe venait de se saisir de Yennesä. Autour d’elle, la magie se mit à crépiter, devenant si intense qu’elle en était palpable, aveuglante. Tout le corps de Yennesä semblait irradier, et Inazaël, muette de stupeur, pouvait voir l’air se déformer autour de la femme.
*Une telle force... Comment est-ce possible ?!*
Le sol se mit à vibrer, le décor se fissura, et des tentacules verdâtres fusèrent vers Yennesä...
Puis l’onde de choc explosa.
Autour de la Pyramide des Prescients (http://img110.xooimage.com/files/4/0/1/149379-50248b2.jpg), c’était le chaos le plus absolu. Les shantaks et les Horreurs chasseresses déferlaient en masse, se heurtant aux impressionnants système de défense des Prescients. Plusieurs de leurs pyramides technologiques étaient tombées, et la Pyramide Centrale offrait une résistante farouche. Le long de sa surface, d’innombrables tourelles, lance-roquettes, et lasers, mitraillaient dans tous les sens, tandis que, sur bon nombre de terrasses, des méchas (http://orig11.deviantart.net/2a5e/f/2013/213/6/d/concussion_12_by_shimmering_sword-d6g8hd4.jpg) s’approchaient, crachant des salves-lasers et des missiles à concussion, soutenues par une ribambelle de robots lourds (http://orig10.deviantart.net/83d3/f/2013/273/7/5/battletech___field_manual_3145_by_shimmering_sword-d6opxvd.jpg), entièrement automatisés, disposant de gatlings, de canons surpuissants, s’en prenant autant aux horreurs du Chaos Rampant qu’aux Anges.
Un tir magique s’échappa de la paume de Lucifer, explosant une Horreur, quand un missile à concussion explosa violemment dans son dos. La décharge ne créa que de la poussière, mais il se retourna, furieux, et concentra sa magie entre ses mains, formant une boule d’énergie lumineuse, qui crépitait d’éclairs intenses, et la chargea vers la terrasse. La sphère agit comme une sorte d’aimant magnétique, soulevant les robots, les déstabilisant... Avant d’exploser violemment, dispersant les androïdes. D’autres ciblèrent alors Lucifer, qui abattit sa main. Le ciel se fendit alors de rayons lumineux, qui bombardèrent l’un des vastes perrons menant dans la Pyramide, provoquant une explosion cataclysmique. Aujourd’hui, le Porteur de Lumière était en forme.
*Pourquoi ces humains arrogants nous combattent-ils ? Que cherchent-ils à cacher dans leur pyramide ?*
Lucifer avait compris que ces gens avaient sombré dans l’orgueil, dans l’arrogance la plus complète. Ce monde, avant que les Tyrans n’arrivent, était une écrasante technocratie, où les Prescients, des scientifiques arrogants, avaient organisé ce monde par l’eugénisme et le clonage, divisant leur société en multiples strates, et sanctionnant violemment ceux qui pensaient pouvoir quitter leur programmation originelle, les assimilant à des « bugs informatiques ». Et, plus Lucifer se rapprochait, plus il sentait, derrière cette Pyramide, une source malfaisante.
Tout le long de la Pyramide, des panneaux supplémentaires s’ouvrirent, libérant des flopées de robots volants (http://img110.xooimage.com/files/5/d/9/mecha--2-50c642f.jpg), fusant vers les Anges, tandis que, depuis les terrasses, des unités lourdes (http://img110.xooimage.com/files/c/7/5/desert-mecha-l-50c6431.jpg) s’approchèrent.
« Ridicule, s’agaça Lucifer, en transformant son corps en une bombe d’énergie, atteignant la vitesse de la lumière pour transpercer une série de cinq robots, ne laissant dans son sillon que des explosions et des carcasses métalliques fumantes. Vos gadgets technologiques ne sont rien comparés à nous... Pourquoi vous entêter en vain ? »
Les unités lourdes le ciblèrent, tirant alors des lasers perforants. Lucifer forma un bouclier magique, mais, à sa grande surprise, ce dernier s’éclata contre le laser, qui frôla sa joue, faisant couler de son sang.
*Saloperie !*
Du revers de la main, il envoya une onde de magie, et, depuis cette onde, des rayons fusèrent, et frappèrent chacun un robot, le transperçant, avant d’exploser violemment. Lucifer se rapprocha alors de la Pyramide... Quand il sentit quelque chosequi le surprit, et tourna la tête, tout comme la plupart des Anges.
*Qu’est-ce que... ?!*
Il venait de percevoir un pic de magie exceptionnel venant de la ville, si forte qu’il pensa alors que le plus puissant de tous les Anges venait d’arriver.
*Metatron ?!*
Lucifer réalisa rapidement son erreur, en voyant cette signature, et en fut d’autant plus surprise. C’était cette nouvelle recrue... Yennesä.
*Comment une telle force est-elle possible ? C’est... C’est inattendu.*
Malheureusement, Lucifer n’était pas la seule à avoir perçu ce pic inattendu.
Remontant le long de l’océan, Il tourna son immense œil, situé sur sa poitrine, vers la silhouette qu’Il avait perçu. Son instinct ne l’avait pas trompé. Nyarlathotep (http://img110.xooimage.com/files/5/4/7/tumblr_mngba6f2sw...0o1_1280-50c644b.jpg) était infini, invincible, d’une puissance défiant l’entendement. Il avait traversé l’océan en quelques minutes, déclenchant un tsunami surpuissant, car, en marchant, ses pas avaient fendillé la surface de la planète, provoquant des crevasses. D’immenses vagues (http://img110.xooimage.com/files/e/5/4/sea_wall-50c6471.jpg) avaient englouti les digues, renversant toutes les flottes maritimes, submergeant les navires de guerre sous des vagues faisant plus de trente mètres de haut. L’eau avait déferlé sur les villes proches (http://img110.xooimage.com/files/9/4/d/ftselfhf40013-14-50c646b.jpg), inondant et détruisant tout.
En vain, les humains avaient déployé leurs armes les plus puissantes. Des canons surpuissants avaient tiré sur Lui, des avions, des robots, des hélicoptères crachant tout un arsenal. Puis Il avait envoyé ses séides, tout en continuant à s’avancer. Sa première véritable attaque atteignit l’une des Pyramides. L’immense queue rouge située sur sa tête s’était redressée, avant de se mettre à briller pendant quelques instants, puis avait fouetté l’air, envoyant un tir magique rouge qui avait frappé la Pyramide, pulvérisant toutes ses défenses, et la faisant exploser de l’intérieur. On avait vu la Pyramide trembler sur place, avant que des torrents de sang ne sortent de ses pores, et qu’elle ne se ratatine sur place, explosée de l’intérieur.
Il s’avançait donc, quand Il perçut cette pointe magique...
Et Il n’aima pas ça.
L’onde de choc de Yennesä pulvérisa l’immeuble, mais frappa aussi tous les autres bâtiments alentour, comme si un séisme venait de frapper. Comme dans un jeu de dominos, les épais gratte-ciel vacillèrent sur place, avant de s’effondrer à leur tour. Un véritable choc, une déflagration assourdissante, tandis que, survolant les décombres, Imrian vit Inazaël sortir, aidant Yennesä à s’envoler avec elle.
« Comment as-tu pu faire ça, Yennesä ? Tu es plus puissante que ce que... »
Imrian n’eut pas l’occasion de fournir, car le ciel se nimba de rouge. Ou plutôt, toute la zone autour d’elles. Une aura malsaine la traversa, et elle tourna la tête. Nyarlathotep était encore à plusieurs centaines de kilomètres, mais son oeil était rivé sur eux... Ou, plutôt, sur Yennesä.
« PARTEZ ! VITE !! »
Ce furent là les dernières paroles d’Imrian.
Les rares immeubles encore debout explosèrent sur place, tandis que, depuis l’œil du Chaos Rampant, une décharge de sang fila à toute allure. Imrian généra avec toute la magie dont elle était capable un bouclier. L’attaque du Tyran frappa ce bouclier, puis Imrian... Explosa.
« IMRIAN !!! »
D’elle, il ne restait plus que quelques plumes ensanglantées. Son corps avait été vaporisé sur place, tandis que la trompe de Nyarlathotep, au loin, se relevait, et s’illuminait encore.
« Il... Il va frapper ! »
La trompe se contracta, puis fouetta à nouveau l’air... Et l’attaque frappa la ville de plein fouet, comme si une bombe nucléaire de sang venait de la frapper. L’attaque fut terrible, rayant la ville de la carte, n’en laissant plus qu’un épais trou béant rempli de sang, massacrant tous les impudents qui avaient eu le malheur d’être là.
Même Yennesä n’aurait pas pu résister à cette attaque... Mais, alors que la bombe avait explosé, et que le sang meurtrier avait giclé vers elle, tuant déjà Inazaël en faisant fondre son corps, Lucifer était apparu, avait attrapé la femme. Des gouttes l’avaient atteint dans le dos, le déstabilisant pendant sa fuite, l’amenant à s’envoler à toute allure. L’une de ses ailes avait été carbonisée, ce qui fit que, en quelques secondes, le duo se retrouva autour du Refuge des Prescients, dans la Pyramide Centrale, et défonça plusieurs murs sur son passage. Lucifer relâcha Yennesä dans la précipitation, tandis que lui roula sur le sol sur une bonne quinzaine de mètres, terminant finalement sa course contre un mur, dans un grand hall cybernétique.
Là où était Yennesä, des gouttes de sang flottaient encore dans l’air... Et, à la place de la ville, il n’y avait plus qu’une mer de sang, mer d’où des corps ne tardèrent pas à s’échapper, zombies meurtriers, qui rampaient sur le sol, avant de se relever, et de marcher vers le Refuge, grognant, crachant du sang, semblables aux zombies du mucus vert. Ils hurlaient, gémissaient de douleur, des pustules florissant sur leurs corps, et beaucoup virent des ailes griffues apparaître dans leur dos, leur permettant de s’envoler.
C’était l’horreur absolue, et Yennesä avait échappé de très peu à la mort, étant miraculeusement indemne, là où Lucifer tremblait sur place.
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Yenessä était une nouvelle-née et pourtant, elle avait déjà une impression de vécu, à une certaine limite. Le théâtre de cette guerre provoquait en elle d’étranges sensations et images dans son esprit, qui la perturbait au plus haut point. Cela avait eu un tel effet que sa magie s’était quelque peu déchainée pendant l’espace d’un instant, provoquant ainsi une véritable déflagration qui annihila les alentours. Le temple où elle était, le building et les autres, qui s’effondrent tel un château de carte les uns à la suite des autres. Un désordre monstrueux et incontrôlé. Après cette soudaine déferlante de magie, la guerrière se sentit un peu endoloris et elle eut besoin de l’aide précieuse de sa sœur pour s’envoler, afin de s’extirper des décombres.
Elle ne réalisa guère que son geste avait eu des répercussions bien plus graves que prévu. Si cela avait permis de repousser le mucus, un peu, cela attira sérieusement l’attention du principal ennemi présent : Nyarlathotep. Inazaël aida Yenessä à sortir, et les deux furent rapidement en présence de Imrian, qui s’interrogea sérieusement sur comment la nouvelle recrue avait bien pu faire cela. Le ciel se couvrit d’une couleur carmine, alors que Yenessä sentit une lourde présence s’installer soudainement. La corruption. Mais pas que … Le Tyran les observait, en particulier elle. Son manège ne lui avait guère plu visiblement, et elle ressentait ce lourd poids sur ses épaules. Elle grinça des dents, alors qu’elle sentait un danger imminent venir. Cependant en l’état, elle ne put strictement rien faire pour empêcher le sinistre d’arriver.
Une décharge de sang, puis Imrian disparu en fumée, sous les yeux choqués de Yenessä qui, sur le moment, cru sa sœur morte pour de bon. Pas le temps de se ressaisir que le Tyran rappliqua à nouveau, provoquant une attaque d’une ampleur sans précédent, qui rasa la ville entière. Ne laissant derrière que chaos, sang et ruines. L’attaque de sang fut si violente qu’en arrivant près des deux créatures, ce fut Inazaël qui fut tuée. Sa gorge se serra de douleur et de colère en la croyant morte à son tour, mais en voyant un tel sinistre, elle savait qu’elle était la prochaine. Avec toute sa bonne volonté, Yenessä ne pourrait jamais parvenir à vaincre un tel monstre, malgré les quelques petites audaces qu’elle pouvait faire. Cependant son heure n’était pas encore venue, puisqu’au dernier moment ce fut le porteur de la lumière qui vint la sauver, fonçant vers elle pour l’emmener plus loin. Si cela marcha, ce ne fut toutefois guère suffisant pour les tirer définitivement d’affaire.
Du sang gicla sur le corps de l’homme dont une aile vint à bruler, les faisant ainsi s’écraser tous les deux dans la Pyramide. Yenessä sentit la douleur la relancer de plus belle, alors qu’elle gisait là, dans un hall. Difficilement la jeune femme se releva, constant alors avec effroi l’état de la ville, si ce n’était de la planète. Une immense mer de sang, où cadavres réanimés et autres horreurs en sortaient. Des ailes poussaient pour certain, leur permettant ainsi de voler et de les atteindre de là-haut. La recrue secoua sa tête et tenta alors de se reprendre, faisait fi de la douleur comme elle le pouvait. Elle se retourna et vint alors son sauveur plus loin, à quelques mètres, au sol. Yenessä accourra auprès de lui, rassurée de voir qu’il n’était pas mort. Mais, il n’était pas en très bon état non plus. « Relevez-vous mon frère ! Ils arrivent … Nous devons en finir au plus vite avant que tout ne soit perdu. » Dit-elle, posant alors ses mains sur le corps de l’homme pour l’aider à se relever, et à se maintenir s’il en ressentait le besoin.
L’horreur était là, mais Yenessä ne se sentait pas encore vaincue. Il fallait poursuivre. L’objectif était toujours le même à ses yeux ; les savoirs que renfermaient les Pyramides. Elle savait que les Prescients s’étaient retournés contre eux, et s’il fallait se battre sur deux fronts en même temps, alors elle le ferait. Elle était née pour ça, après tout ; se battre. Yenessä ne perdrait donc pas l’objectif de vue. « On peut encore récupérer ce pourquoi nous sommes venus … Non ? » Demanda-t-elle alors. Mais, à peine eut-elle terminé qu'elle sentit une horde de ces précédents monstres s'approcher. Elle s'en retourna, venant alors à ressaisir sa lance d'énergie. Un combat s'imposait ...
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« Aaaaah... »
Un soupir s’échappa des lèvres de Lucifer, tandis que Yennesä se précipitait vers lui. Après son sauvetage-éclair, le Porteur de Lumière était blessé au flanc, là où l’attaque de la Langue Sanglante l’avait heurté. Il devait se soigner. Le tir avait aussi atteint l’une de ses ailes, enflammant plusieurs de ses plumes. Lucifer avait été blessé, et, pire, il avait senti la mort d’Imrian et de ses élèves. Certes, son énergie était revenue aux Cieux, et elle se réincarnerait, mais ceci ne changeait rien au fait qu’elle avait été tuée. Une nouvelle perte dans ce combat terrible contre ces monstres cauchemardesques.
Et, dans sa souffrance, Lucifer se convainquit qu’il y avait, effectivement, quelque chose de très important dans la Pyramide Centrale... Car Nyarlathotep n’utilisa pas à nouveau le pouvoir de la Langue Sanglante pour pulvériser la Pyramide, comme s’il craignait de détruire quelque chose se trouvant dedans. Une chose que Lucifer percevait, tandis que, reprenant ses esprits, il demanda à Yennesä de les défendre :
« Les systèmes de sécurité de la Pyramide... Repousse-les, ma sœur, le temps que je me rétablisse... »
On ne s’en rendait pas forcément compte, mais la magie corruptrice et corrosive des Grands Tyrans était une grande nouveauté pour les Anges, qui, auparavant, n’avaient jamais été confrontés à un usage si pernicieux et si malsain de la magie. Dehors, on pouvait voir que l’aura du Tyran influait sur l’atmosphère même. Les nuages étaient rouges, et son mucus vert se répandait partout, surplombant les océans, ne tuant pas que les humains, mais corrompant aussi la faune et la flore. Ce liquide meurtrier était sécrété par le corps du Grand Tyran, comme un corps sécrétait de la sueur.
Yennesä se retrouva donc seule face à des robots de combat (http://img02.deviantart.net/5a34/i/2012/219/b/1/07_08_12_by_sanchiko-d5a6tis.jpg), machines qui ne devraient néanmoins poser que peu de difficultés. Sa lance les pulvérisait, et des tourelles de sécurité se déployaient aussi, crachant des lasers ou des arcs électriques. Des alarmes rugissaient à l’intérieur de la Pyramide Centrale, qui se présentait comme une structure extrêmement aseptisée, froide et métallique. La jeune Ange se heurtait aux robots, d’autres unités mechas (http://orig06.deviantart.net/92bd/f/2013/190/e/5/mark_ii_by_slence-d6bxbyv.jpg) ne tardant pas à approcher. Véritable tornade de rapidité et d’élégance, Yennesä impressionnait Lucifer... Jusqu’à ce que ce dernier ne serre les dents, puis ne file droit devant lui, explosant un autre robot.
Il avait toujours une plaie courant le long de son flanc et de son dos, mais bon nombre de ses plumes avaient repoussé.
« C’est bon, ça va mieux... Allons-y, ma sœur. Ces Prescients ne devraient pas nous attaquer, il se passe quelque chose de bizarre ici, comme si... Comme s’ils cachaient quelque chose. »
Concentrant sa magie, Lucifer envoya de sa paume une boule magique, qui explosa une énorme porte blindée, la faisant voler en éclats, révélant un couloir où des humains en armure, soutenus par des mechas, leur tirèrent dessus. Des humains qui ‘navaient pas peur, car ils étaient le fruit des opérations de clonage et d’eugénisme des Prescients. Ils étaient conçus pour se battre et pour obéir, et, en ce moment crucial, les Prescients leur avaient injecté des stimulants de combat, les rendant décérébrés. Dès que Lucifer s’avança dans le grand couloir faisant suite à la pièce où ils avaient atterri, une grenade l’atteignit au torse. En retour, il tendit la main, et, depuis ses doigts, des éclairs lumineux crachotèrent, frappant les plus proches ennemis, avant de rebondir pour en atteindre d’autres, les tuant dans des hurlements de douleur.
Dehors, l’armée de monstres créés par la Langue Sanglante rejoignaient les fondations de la Pyramide Centrale, et cette dernière se défendait du mieux qu’elle pouvait, balançant des missiles, des jets de lance-flammes, et des lasers qui ouvraient le sol, explosant les zombies. Pour autant, ces derniers étaient tout simplement trop nombreux. Le ciel, lui, continuait à se recouvrir de shantaks, d’Horreurs chasseresses, et même d’autres monstres, des sortes de sphères monstrueuse hérissées de tentacules. Tous pouvaient maintenant sentir la présence de Nyarlathotep, mais, très curieusement, il n’attaquait pas à nouveau.
Michel, avisant la bête, poussa un hurlement de ralliement, et ordonna à une vingtaine d’Anges de le suivre.
« Haro à la bête ! Évitez son œil !! »
Michel et sa cohorte fusèrent alors vers le Tyran, et balancèrent des attaques magiques sur son torse. Les tirs, puissants, explosèrent contre son corps, tandis que des tentacules émergèrent. Le Grand Tyran se protégeait, mais Michel ne cherchait pas vraiment à le détruire, conscient que cette tâche était vaine. Néanmoins, il avait senti, lui aussi, qu’il y avait quelque chose dans ce temple sinistre, et il voulait laisser le plus de temps possible à Lucifer pour le récupérer.
Lucifer... Un Ange en qui il avait toute sa confiance.
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La situation était critique, malgré le fait qu’étrangement, le Grand Tyran ne s’en était pas pris à la Pyramide. Signe qu’elle renfermait quelque chose de si spéciale, de si précieux que même Nyarlathotep n’osait pas détruire. Intéressant et troublant à la fois. Cela donna idée à Yenessä de l’enjeux de toute cette opération. En attendant d’en savoir plus, Yenessä devait défendre et protéger son camarade pendant qu’il régénérait. Saisissant sa lance, elle s’élança corps et âme dans le combat, tranchant et explosant les systèmes de sécurité de la Pyramide. Avec une grâce et une efficacité redoutable, la créature détruisit un par un les robots de combat qui s’opposaient à elle. Presque nativement, le combat et l’art du combat était en elle, dans son sang, dans son âme. Cela donnait idée de ce qu’est un ange naissant pour le combat …
Une véritable guerrière au sens propre du terme. Des méchas approchèrent, tirant à vue-d ’œil. Yenessä concentra sa magie et les foudroya violemment, balançant de nombreux arcs électriques sur eux. Les leurs, d’arc électriques, paraissaient bien ridicules face à ceux que Yenessä produisait. Au bout d’un moment son camarade se releva, il était remis sur pied. Très bonne nouvelle. Ils allaient pouvoir faire leur chemin jusqu’au cœur de la Pyramide désormais, et voir de quoi il en retournait exactement. Lucifer explosa une porte blindée, ne faisant alors que révéler un couloir où les attendaient d’autres bonhommes, armés jusqu’aux dents, prêts à les tuer. Les deux angéliques luttèrent contre eux, l’un balançant des arcs lumineux, l’autre balançant des arcs électriques. Un petit duo de choc, qui espérons-le, parviendra à ses fins.
En attendant, Yenessä ne pouvait s’empêcher d’être impressionnée en retour. Elle était quand même en train de se battre directement aux côtés du porteur de la lumière. L’homme que tout le monde admirait, adulait et respectait. On pouvait dire qu’elle commençait sa carrière / vie de la plus belles des façons, pour une guerrière. Directement plongée dans le plus grand conflit jamais rencontré par les siens, en combattant aux cotés de l’une des plus grands noms … Yenessä était prédestinée à accomplir de grandes choses, cela ne faisait aucun doute.
Courte réponse, désolé ><
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Les systèmes défensifs de la Pyramide n’étaient rien, en comparaison des pouvoirs des Cieux. Les robots de combat, les tourelles de défense, explosaient toutes sur leur passage. Le duo remontait à toute allure le long d’un couloir, Lucifer en tête, laissant derrière eux des traînées lumineuses. Pour les retenir, les systèmes de défense déclenchèrent des rangées de mur-lasers, que les Anges surchargèrent à l’aide de leurs boucliers, faisant exploser les cristaux qui généraient les lasers. De solides herses blindées se refermaient, mais, là encore, les rayons magiques des Anges les transperçaient, les éventrant en quelques secondes. Alors, des tourelles se redressèrent, et crachèrent de puissants arcs électriques qui frappèrent Lucifer, et le firent vaciller sur place... Avant qu’il ne tende sa main, concentrant les éclairs dans sa paume, et n’envoie, avec son autre main, des traits lumineux, qui explosèrent les tourelles.
Ce couloir semblait interminable, s’enfonçant dans les entrailles de la Pyramide, et lui et Yennesä ne cessaient de se battre, affrontant des nuées de robots, de tourelles, ou de simples servants décérébrés. Les humains... Lucifer était sidéré de voir à quel point leur esprit était faible, si aisément malléable, et à quel point il était facile de les briser, pour en faire des pantins.
« Continuons, Yennesä, nous approchons. Je sens... Je sens une force particulièrement malsaine par ici. »
Yennesä devait peut-être aussi le sentir, car c’était comme une sorte de malaise, qu’on ressentait à proximité. Quoi que les Prescients cachent, ils étaient à portée. Lucifer reprit sa route, jusqu’à rejoindre le fond du couloir, avec des mitrailleuses lourdes montées sur trépied, qui se mirent à rugir, et des rangées de batteries de lance-missiles, qui balancèrent des roquettes en rafale. Tout le couloir s’enflamma ensuite, et les soldats des Prescients observèrent l’épaisse fumée, espérant avoir enfin vaincu les deux Anges... Quand Lucifer apparut alors sur eux, le souffle de ses ailes fauchant la moitié des soldats. Ses yeux flamboyaient, luminescents, tout son corps semblant vibrer de magie, ses cheveux se soulevant même un peu.
« C’est par ici, derrière cette porte... »
Lucifer toucha l’épais mur, en sentant une force particulièrement sombre derrière... Qui lui rappelait un peu l’empreinte de Nyarlathotep. L’Ange soupira alors lentement, puis se concentra. Cette porte était la plus résistante de la Pyramide, et il laissa Yennesä le couvrir entre-temps, car de multiples renforts ennemis approchaient. Lucifer se concentra, et, au bout de quelques secondes, la porte explosa à son tour. Et ce qu’il y avait de l’autre côté... Le surprit.
Jadis, le cœur de la Pyramide avait dû être un centre nerveux, bourdonnant de machines informatiques, de câbles, de générateurs, et de ventilations. Maintenant, on aurait dit... Une sorte de grande cathédrale, avec, à droite et à gauche, de multiples corps attachés le long des murs, qui se vidaient de leurs sangs, des câbles plantés dans leurs corps, et filant vers une sorte de grand autel au centre, où des hommes en robes formaient un cercle. Lucifer fronça les sourcils, et vit que l’autel était un guéridon supportant un livre.
« Mais qu’est-ce que... ?! »
Plus tard, bien des siècles, ou bien des millénaires après, quand les Anges affronteraient les Démons lors du Grand Conflit, ils seraient bien plus familiers avec cette sensation, avec cette force magique... C’était de la magie noire, mais celle que Lucifer et Yennesä ressentaient en ce moment était, si cela est possible, encore plus malveillante que la magie démoniaque. C’était la magie des Grands Tyrans. Une magie corrosive, qui avait corrompu les corps des Prescients, faisant pousser des pustules et des furoncles sur leur corps, avilissant leur peau.
Les Prescients se trouvaient donc là, et Lucifer comprit pourquoi la Lune Sanglante était sur cette planète.
« Ces fous les ont appelé... »
Ils prononçaient une étrange mélopée, dans une langue arcanique que Lucifer n’avait encore jamais attendu, et qui amenait les cadavres cloués aux murs à gémir et à soupirer, leurs muscles se crispant sur place. Ils émirent de longs soupirs, et l’air se mit à vibrer dangereusement. Fronçant les sourcils, Lucifer vit alors un Portail se former, et une silhouette sombre en émerger. Fronçant les sourcils, l’Ange vit des tentacules noirs émerger, puis... Un monstre (http://orig01.deviantart.net/d49a/f/2012/124/d/5/shoggoth_by_el_grimlock-d4yinls.jpg) débarqua, plutôt volumineux, heurtant violemment le sol en émergeant du Portail noirâtre, et poussa un hurlement terrible à leur intention.
La créature était absolument ignominieuse, parcourue d’une multitude de yeux globuleux, de bouches acérées, et de tentacules noirâtres, un amas de choses difformes et grotesques, qui élança vers les deux Anges ses tentacules, crachant depuis ses gueules des jets d’acide.
« Fais attention, Yennesä ! »
Lucifer s’envola, et vit l’un des Prescients tendre ses mains vers lui, envoyant une onde de choc qui heurta l’Ange, le repoussant sur plusieurs mètres.
*Ces fous se sont vendus à ces monstres...*
Mais qu’était donc ce mystérieux livre qu’ils tenaient ? Lucifer était convaincu qu’ils étaient sur quelque chose d’important, quelque chose qui justifiait que Nyarlathotep ne pulvérise pas la Pyramide avec ses attaques surpuissantes. Restait maintenant à le récupérer...
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À peine Yenessä était venue à ce monde, à peine était-elle à présent en train de se battre. C’était sa destinée, son but. Le combat était l’une des bases sur laquelle son être avait été construit, c’était d’ailleurs pour cela qu’on disait qu’elle était une guerrière. L’une des premières Ange guerrière ; et cela se voyait. Certainement pas aussi forte et aguerri que son camarade, mais d’ores et déjà téméraire et puissante. Le duo fraya son chemin dans la Pyramide, tentant de rejoindre son centre où visiblement quelque chose se passait. C’était bien le centre de cette structure qui semblait être l’intérêt de tous … Qui sait ce qu’ils trouveront à l’intérieur. Mais avant d’y parvenir, ils durent affronter nombre de défenses.
Des méchas, des soldats, et autres systèmes de défenses élaborées qui ne freinèrent que relativement leur avancée. Leur puissance et la leur étaient incomparables. De ce fait la progression était plutôt rapide malgré tout. Vint un moment où il y avait la dernière porte à franchir, qui était cette fois-ci particulièrement épaisse. Yenessä laissa faire son camarade – car il était mieux placé pour faire cela – et obtempéra. Elle le couvrit pendant qu’il ouvrait l’accès, ce qui se résuma à griller les méchas qui approchaient, et à lacérer de sa lance les autres bonhommes ayant le malheur de se frotter à elle. En véritable furie du combat, la Séraphine couvrit ainsi les arrières de son comparse pendant qu’il terminait son affaire.
Il ne mit pas longtemps avant d’ouvrir la porte, révélant ainsi une scène d’horreur. Même Yenessä sentit ses intestins se contracter en voyant ce que renfermait donc le cœur de la Pyramide. Des cadavres sur les murs, et des hommes en robes au loin, formant un cercle. Ils étaient en train d’accomplir un rituel obscur, dont le but en serait très bientôt révélé. Yenessä sentit cette magie … Une magie puissante et corruptrice, qu’elle ne connaissait pas jusqu’à présent. Mais ce dont elle était sûre, c’était qu’elle était maléfique et ô combien puissante. Visiblement elle émanait des Prescients ou plus précisément, du livre. Mais elle n’eut pas vraiment le temps de cogiter puisqu’un portail finit par se créer, et laissa alors échapper une vile créature difforme et affreuse. Aussi moche que dangereuse, ladite créature cracha en direction des deux Séraphins son venin.
Ils s’envolèrent pour esquiver, mais l’un des Prescients usa de ses capacités octroyées par le Tyran pour envoyer Lucifer contre le mur, le repoussant. Yenessä grinça des dents puis resserra sa lance dans sa main. Elle tendit immédiatement sa main pour riposter contre le monstre, et déferla sur lui sa puissance magique, tentant de le calciner par des multiples arcs électriques. L’Ange s’élança dans un combat contre lui, et espérais que son camarade s’occuperait des Prescients et du livre pendant qu’elle s’occuperait du monstre. Toujours en conservant sa déferlante électrique sur lui, elle fila à vive allure, lance en main, bien déterminée à le pourfendre de part en part !
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C’était un shoggoth, l’un des serviteurs des Grands Tyrans. Les Anges avaient déjà pu remarquer que ces monstres servaient aux Tyrans comme autant d’esclaves, construisant leurs immenses cités cyclopéennes, leurs temples horribles, et servant volontiers de chair à canon. Des créatures redoutables, amas gélatineux qui, à leur manière, étaient sans aucun doute les ancêtres des futurs Slimes. Mais ces shoggoths n’avaient rien de sexuel. Ils dévoraient, tuaient, corrompaient, avec une frénésie furieuse. Nombreux, ils étaient une force de frappe puissante, et chaqsue shoggoth était difficile à occire. Celui-là paraissait particulièrement puissant. Yennesä se rua sur lui avec sa lance, et parvint à le pourfendre, s’enfonçant en réalité dans sa masse.
« YENNESÄ ! NOON !! »
Trop tard ! Endiablée, l’Ange avait foncé, en tombant dans l’un des pièges classiques du shoggoth. La masse du monstre était malléable, car il n’était pas un corps solide, mais liquide. Yennesä s’enfonça en lui, comme si elle plongeait dans une sorte d’eau épaisse et boueuse, et, très rapidement, le shoggoth se referma sur elle, et commença à drainer son énergie. Lucifer connaissait ce sort, et savait qu’il fallait agir rapidement. Il concentra alors sa magie, mais les Prescients, conscients qu’ils tenaient là une opportunité de tuer l’un de leurs ennemis, et, mieux encore, de l’offrir en offrande aux Tyrans, envoyèrent des sorts magiques sur Lucifer.
Plus tard, Lucifer parviendrait aisément à repousser la magie noire, mais, pour l’heure, ce type de magie lui était encore relativement inconnu. Il savait combattre la magie élémentaire, mais ignorait totalement que la magie noire puisse être manipulée par autre chose que les Grands Tyrans.
*Les humains peuvent donc avoir l’âme suffisamment noire pour manipuler une magie si sombre...*
L’Ange s’arracha à cette pensée pour l’heure, et généra autour de lui un bouclier magique, blanchâtre et lumineux, repoussant les nuages noirs qui l’assaillaient.
« Il est si fort, si puissant...
- Rappelez-vous tout ce que nous avons fait, mes frères ! Tous nos sacrifices !
- ASSEEEZZZ !! »
Le bouclier explosa en une violente onde de choc, renversant les Prescients, et Lucifer envoya une boule lumineuse contre le shoggoth, qui explosa sur lui, dans un *SPLOUITCH !* écœurant. Yennesä, sonnée, tituba sur place, et Lucifer se pencha sur elle, l’empêchant de sombrer.
« Yennesä, ma sœur... »
Sa peau était froide, et Lucifer, sans plus attendre, plaqua ses lèvres contre les siennes, optant pour un bouche-à-bouche très particulier, puisqu’il insuffla de son énergie en elle. Une saine chaleur se répandit ensuite dans le corps de l’Ange, tandis que le shoggoth, laborieusement, se reconstituait sur place. Finalement, les paupières de Yennesä se mirent à papillonner, et Lucifer se permit un léger sourire.
« Nous avons perdu assez d’Anges aujourd’hui, Yennesä... Il est vain d’attaquer le shoggoth avec des armes physiques, seule notre magie peut le détruire... »
Les Prescients se concentrèrent à nouveau, et le shoggoth attaqua également, balançant une nuée de tentacules sur les deux Anges. Lucifer forma alors un nouveau bouclier, contre lequel les assauts ennemis se fracassèrent. Le Porteur de Lumière en serra les lèvres, des gouttes de sueur commençant à couler de son front étincelant.
« Charge ta magie, ma sœur... Laisse-là déferler en toi, et, dès que j’abaisserai ce bouclier, répands-là. Notre pureté les broiera sur place ! »
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Yenessä avait beau avoir l’air forte et puissante, elle demeurait une recrue assez jeune. Inexpérimentée et sans savoir … C’était ce qui lui couta très cher au moment où elle s’élança vers le monstre. Alors qu’elle pensait pouvoir le pourfendre de sa lance, le shoggoth sembla se liquéfier et piégea alors la Séraphine qui tomba dans le panneau. Elle s’enfonça malgré elle dans le corps du monstre, qui se referma sur elle. Yenessä tenta de se débattre mais elle sentait alors la créature se mettre à drainer ses forces. Tel un vampire assoiffé de sang, le monstre aspirait son énergie, ce qui petit à petit laissa Yenessä sans force, inerte. Elle n’entendit que vaguement ce qui se passait dehors, notamment la riposte de son camarade qui fit tout pour la délivrer de cette mauvaise situation. Il y parvint, après avoir fait un effort considérable pour repousser les Prescients, et atteindre la bête.
Vidée de ses forces, Yenessä était certes libérée mais titubante, et au moment où elle allait sombrer dans l’inconscience, son frère vint à la rattraper. Température froide et yeux à moitié clos, Yenessä était dans de sales draps. Sa vie n’était pas en danger mais, elle n’avait plus aucune force. C’était à cause du précédent shoggoth, où si elle avait un peu tempéré sa hargne, elle aurait pu éviter tout ceci. Elle n’avait plus la force de se battre à présent, mais ça, c’était compter sur son ignorance. Elle était jeune et inexpérimentée, même en ce qui concernait sa propre race. Son camarade fit alors quelque chose qui lui redonna couleur et énergie. Il porta fermement ses lèvres aux siennes, effectuant un bouche-à-bouche durant lequel il transmit une partie de sa propre énergie à Yenessä.
Au bout de quelques instants, ses yeux se rouvrirent en papillonnant et elle put voir le visage de son sauveur de près, qui la gratifia d’un mince sourire. Il venait de la sauver, pour la première fois … On ne mentait donc pas sur son compte. Yenessä le regarda et lui rendit son léger sourire, avant d’acquiescer face à ce qui lui demanda. Elle devait à son tour faire quelque chose. Alors que la créature et les Prescients répliquèrent, le porteur de la lumière généra un bouclier pour se protéger lui et Yenessä. Mais ce n’était que temporaire, le temps pour la nouvelle recrue de faire parler sa magie. Elle devait se préparer, et déferle tout son potentiel, un peu à la manière de ce qu’elle avait fait précédemment dans la ville. Elle se redressa puis ne perdit pas de temps pour se concentrer. Elle serra ses poings et inspira grandement, comptant chaque seconde qui passait.
La vision de ce shoggoth, ces cadavres sur ces murs, ainsi que la mort de toutes ses sœurs et frères en ce jour … Il y avait de quoi déclencher sa colère. Même si leur mort ne signifiait pas grand-chose, puisqu’ils se réincarneraient à nouveau, c’était toujours douloureux. Yenessä ressentait cette douleur, qui la brûlait, qui la consumait. Ses poings se serrèrent alors que des arcs électriques commencèrent à la parcourir de part en part. La colère, voire … La haine de ces créatures qui lui faisaient face monta en elle, jusqu’à lui faire atteindre son paroxysme. Elle voulait qu’ils meurent, tous. Qu’ils souffrent à jamais, et pour cela, elle devait mettre fin à leur vie, définitivement. Si seule la magie pouvait venir à bout d’eux alors … Il n’y avait aucune raison de se retenir. Ses yeux étincelèrent, alors que les arcs s’intensifièrent, jusqu’à ce qu’ils aillent foudroyer les cadavres et les objets environnants d’eux-mêmes. « MOURREZ ! » S’écria-t-elle, alors que Lucifer abaissa sa barrière, lui permettant ainsi de déferler sur les Prescients et le shoggoth.
Yenessä tendis ses bras et laissa sa magie prendre totalement possession d’elle. La foudre jaillit d’elle dans tous les sens, aveuglant tout le monde par leur lumière à faire brûler l’iris. Puis elle frappa sans pitié tout le monde sauf Lucifer …
-
Un
shoggoth n’était pas un ennemi à prendre à la légère, et celui-ci semblait, du reste, particulièrement puissant. Fort heureusement, le bouclier magique généré par Lucifer tenait bon, lui permettant d’insuffler un peu de chaleur en Yennesä... Et ce qui se passa ensuite fut inattendu. Certes, Yennesä fit ce qu’il lui avait demandé, et Lucifer abaissa son bouclier, mais vit une véritable déferlante de magie, qui explosa dans toute la pièce. Un éclair lumineux particulièrement vif s’échappa des mains de l’Ange, et frappa le torse d’un Prescient, l’enflammant sur place dans des hurlements de douleur, et d’autres éclairs frappèrent les corps le long des murs, les incendiant également, le choc les faisant tomber sur le sol en les détachant de leurs clous. Lucifer ferma les yeux pendant quelques secondes, ébloui par la puissance de la jeune Ange, qui laissait parler, non seulement sa puissance, mais aussi... Sa
rage.
*
Non, Yennesä, pas comme ça !*
Lucifer serra les dents en se reculant encore. Le
shoggoth fut transpercé d’éclairs, mais envoya de nouveaux tentacules vers la jeune femme. Lucifer, en soutien, concentra également sa magie, et envoya un rayon lumineux qui perça les éclairs de Yennesä, et transperça le
shoggoth, avant de ressortir de l’autre côté, et de défoncer le mur. Le puissant rayon alla en fait jusqu’à ressortir de la Grande Pyramide.
Éventré, le
shoggoth commença à se déstabiliser sur place, et Lucifer enchaîna, sachant que la créature comptait se reconstituer, en provoquant d’autres trous. C’était le meilleur moyen de terrasser un
shoggoth, en tirant en lui, jusqu’à ce qu’il soit totalement déstabilisé, d’un point de vue moléculaire. Le
shoggoth se désintéressa de Yennesä, et bondit vers Lucifer, fonçant vers lui, toutes gueules déployées. Lucifer s’élança alors dans les airs, évitant la charge du monstre, et abattit sa main vers l’ennemi, envoyant une puissante onde de choc qui frappa violemment le
shoggoth, et défonça le sol, enfonçant une partie de ce dernier, creusant un cratère et de multiples zébrures. Lucifer envoyait une puissante onde d’Air, et continua encore à l’envoyer, jusqu’à disloquer, petit à petit, le
shoggoth.
*
Disparais, saloperie !*
Lucifer commençait à sentir des gouttes de sueur perler. Fort heureusement, les Prescients n’étaient plus là pour le gêner... Car Yennesä les avait massacrés. De fait, la jeune Ange vint même le soutenir, apparaissant à côté de lui, et, tout en se concentrant sur sa tâche, Lucifer ne manqua pas de l’observer.
«
Il faut en finir, ma sœur ! »
Le
shoggoth se tortillait et grognait... Et finit soudain par exploser. Dans un bruit spongieux et, en réalité, peu agréable à entendre, la créature se volatilisa en mille morceaux. Lucifer put alors reprendre son souffle, tout en percevant également l’odeur écœurante de la carcasse du monstre. Il se retourna alors vers la jeune Ange, et fronça les sourcils.
«
Nous reparlerons plus tard de ce qui s’est passé, Yennesä. »
Pour l’heure, Lucifer s’intéressait davantage au livre des Prescients, et s’en approcha. Ce dernier était écrit dans une langue inconnue, faite de mots improbables. Lucifer fronça les sourcils, en sentant une terrible force suinter des lignes de l’ouvrage, et s’attarda sur ce qui ressemblait à des vers :
« Ya na kadishtu nilgh'ri stell'bsna Nyogtha,
K'yarnak phlegethor l'ebumna syha'h n'ghft,
Ya hai kadishtu ep r'luh-eeh Nyogtha eeh,
S'uhn-ngh athg li'hee orr'e syha'h. »
Lucifer attarda ses yeux sur un mot, qui revenait à deux reprises dans ce qui, somme toute, s’apparentait à un fort curieux poème :
«
Nyogtha... »
Devant le regard interrogateur de Yennesä, Lucifer fit une précision :
«
C’est l’un des Tyrans... Une créature qui attaque depuis les profondeurs d’une planète. »
Qu’était donc ce livre ? Lucifer fit tourner les pages, et constata, rapidement, qu’il n’y avait rien d’ordonné ou de structuré dans ce livre. Pas de numérotation, pas de chapitres, et, s’il y avait des poèmes, il y avait aussi, parfois, de la prose. Et, toujours, cette énergie malfaisante qui suintait de ce livre. Inversement, certaines pages comprenaient des schémas (http://img110.xooimage.com/files/1/7/2/necronomicon_fragment_nr_11-511afff.jpg) montrant les Grands Tyrans. Lucifer sentit alors une migraine s’emparer de son esprit, et ferma les yeux en soupirant.
*
Porteur de Lumière...* résonna soudain une voix sombre et caverneuse dans son esprit.
Lucifer soupira à nouveau, et s’écarta alors du livre, semblant comme épuisé, la respiration lourde et haletante.
«
Ne... Ne regarde pas ce livre, Yennesä, il... Il est maléfique ! »
Le Porteur de Lumière ferma les yeux en grognant, sentant des images maléfiques dans sa tête.
*
Porteur de Lumière, Porteur de Lumière... On est toujours aveuglés par la Lumière, Porteur, ne le sais-tu pas ?!Sors de ma tête, qui que tu sois !Sortir de ta tête ? Tu ne peux pas te séparer de moi, Lucifer, et tu le sais...*
Les pages du livre scintillaient dangereusement, les mots flottant sur place, et attiraient inexorablement Yennesä, des voix chuchotant dans son esprit.
*
Tu masques ton vrai potentiel, Yennesä... Tu le masques derrière tes idéaux idiots.... Regarde la puissance que tu as déployé contre ces infâmes créatures. Méritaient-elles ta pitié ? Non... Tu as agi en laissant parler ton instinct, et c’était bon, si bon... Tu ne peux pas nier cette sensation que tu as ressenti, pas face à moi... Cette puissance, cette liberté retrouvée... Tu pourrais faire tellement plus que ce que tu fais en ce moment, Yennesä... Venger la mort de tes sœurs tuées au combat... Si seulement tu acceptais de libérer ton potentiel, et de ne plus te laisser restreindre par des idéologies morales absurdes qui n’ont pas lieu d’être...*
Lucifer avait commis une erreur. Il avait cru que ce
shoggoth constituait la menace principale de cette pièce... Mais il n’en était rien. Cette menace, c’était ce livre, ce livre infernal, et, pour son malheur, il avait sous-estimé sa puissance, et en payait maintenant le prix. Les mots n’étaient pas neutres, ils n’étaient pas juste que de l’encre couchée sur du papier. Les mots avaient un
sens, un pouvoir, une force. Et, tout comme les mots pouvaient éduquer et enseigner, ils pouvaient aussi détruire et briser.
Et les mots des Grands Tyrans étaient les plus terribles qui avaient jamais été écrits.
-
On pouvait facilement dire que Yenessä avait fait parler plutôt sa rage que sa sagesse à ce moment-là. Etait-ce mauvais pour un Séraphin ? Elle ne le savait pas, mais en tout cas elle ne pouvait se cacher le fait qu’elle avait apprécié déferler sa puissance sur ces moins que rien, qui étaient sans doute partenaires de crime du Grand Tyran responsable de cette situation. Sa magie parla pour elle, et alors qu’une lumière aveuglante partit dans tous les sens, elle calcina sur les places les Prescients et les cadavres accrochés aux murs. Yenessä ne désirait même pas contrôler là où frappait ses éclairs car en toute somme, elle désirait tous les voir mourir. Les Prescients et le shoggoth. Cependant la créature, si elle fut frappée, ne fut pas tuée. Ce fut son compagnon d’arme qui l’aida avec sa propre magie pour le transpercer de toutes parts afin de le déstabiliser, puis pouvoir enfin le tuer.
Tout ceci se termina en une victoire écrasante des deux Anges sur les infâmes. Yenessä aida son compagnon à en finir avec le shoggoth, l’appuyant magiquement pour faire éclater le monstre en mille morceaux, non sans provoquer du dégout face au bruit qu’il émit. La Séraphine n’aimerait ne plus avoir à entendre un bruit pareil, de préférence … Même si au fond, sa longue vie de guerrière qui l’attendait ne lui réservait que ce genre de petites choses. Cependant alors qu’elle pensait que c’était fini pour la Pyramide, le porteur de la lumière se tourna vers elle et fronça ses sourcils. Visiblement il n’avait pas apprécié la façon dont elle avait fait parler sa magie … Et il lui annonça qu’ils allaient devoir reparler de tout ceci en temps convenu. Yenessä était rigoureuse et acquiesça simplement, acceptant la sentence.
Mais, l’attention de l’homme se vit vite saisir par le livre. Un livre dont émanait une terrible aura … Même Yenessä qui n’était pas en train de le lire ressentait cette énergie corrompue. Elle n’aimait pas beaucoup l’idée de voir son camarade s’en approcher et le lire … Et cela ne fut d’autant plus vrai que lorsqu’il se mit à regarder Yenessä en lui expliquant ce qu’était Nyogtha. Mais le plus troublant fut sa soudaine migraine, alors qu’il ferma ses yeux. « Vous allez bien, mon frère ? » Demanda Yenessä suspecte, le voyant soupirer en fermant ses yeux. Il lui indiqua de ne pas s’approcher du livre car il était maléfique … Mais, c’était trop tard. Les mots du livre se mirent à briller et attirèrent Yenessä, comme si elle était … Hypnotisée. Et quand elle fut à portée, la migraine s’empara d’elle à son tour. Une voix s’éleva doucement dans sa tête, et bien qu’elle tenta de la réduire au silence, elle n’y parvint pas.
Une voix pernicieuse et forte, qui lui susurra du poison dans l’esprit destiné à la faire douter, à la faire craindre … À la corrompre. Cette voix, était-elle celle d’un Grand Tyran ? Yenessä s’en doutait mais était trop occupée à luter et à chasser cette voix hors de son esprit pour s’en convaincre. (Vos paroles ne sont d’aucune efficacité contre moi, quoique vous soyez.) Dit-elle à l’intrus, dans son esprit. Elle tenta de se ressaisir, avant d’attraper son camarade par le bras, afin de le tirer de son état de pensée. « Partons d’ici, mon frère ! Et détruisons ce livre avant qu’il nous cause des torts ! » S’exclama-t-elle, parlant de manière sérieuse. À ses yeux, détruire cet artefact maudit résoudrai le problème … Elle était bien naïve.
-
Une migraine épouvantable lui fracassait l’esprit, et il titubait, à moitié couché sur le sol, en voyant d’étranges visions sinistres...
*Il vit des flammes jaunes, un océan de feu à droite et à gauche d’un pont de terre rouge et de cendres, menant à un sinistre palais aux tours noires, entourées de créatures sinistres qui voletaient avec des ailes noires aux pattes crochues. Il s’envola d’un coup, surplombant le rempart à l’entrée, où des crânes et des têtes de mort étaient accrochées aux créneaux, et rejoignit une terrasse où elles l’attendaient. Trois superbes beautés (http://orig02.deviantart.net/4553/f/2013/292/a/4/a4a3f61f35424fb938b87c4b9942d799-d6r0x8x.jpg) qui exhalaient un parfum de beauté, de stupre, et de cruauté. La plus âgée des sœurs avait encore les doigts tâchés de sang, et tenait dans la main un cœur chaud, qui bouillonnait.
« Tiens, mon aimé... Le cœur chaud d’une vierge, pure, ramenée par mes soins, en gage de mon amitié et de mon indéfectible amour... »
Il vit alors sa main s’approcher de ce cœur chaud... Une main longue, noire comme l’encre, surmontée de longues griffes, puis attrapa l’organe, et le dévora, avant de s’approcher d’une fontaine au centre, où il put admirer son reflet dans le miroir.... Et ne put supporter cette vision de cauchemar, ces yeux rouges, ces cornes enflammées, cette malveillance incarnée (http://orig12.deviantart.net/3ce8/f/2012/241/8/7/satan_by_crow_god-d5cxa7g.jpg)...*
« NON ! »
Sa voix tonna soudain, tombant comme un couperet, interrompant Yennesä. De toute manière, même si elle avait tenté de tirer sur le Necronomicon, il y avait fort à parier qu’elle n’aurait pas pu le détruire. Mais était-ce contre elle que Lucifer avait hurlé ? Ou contre l’insoutenable vision qu’il venait d’avoir ? Il se redressa brusquement, le visage en sueur, et observa encore le livre, luis emblant entendre une voix railleuse rire dans son esprit.
*Porteur de Lumière... Si tu savais quelle est ta destinée, tu irais danser nu sur la plage, Lucifer !*
De la main, il invoqua un sort d’Air, et referma abruptement le livre maudit. Il regarda alors Yennesä, avec un air inhabituellement dur et sec, sans rien dire. Ses yeux, néanmoins, brillaient intensivement... Quand la Pyramide se mit à vibrer dangereusement. Le toit se fracturait, d’épaisses zébrures venant se former, la poussière et des morceaux de plâtre se mettant à tomber sur eux.
« On... On a besoin de ce livre, Yennesä, il... Il faut l’emmener auprès du Conseil des Archanges, afin qu’ils l’étudient. Il contient des informations sur ces ennemis. C’est ça que Nyarlathotep veut récupérer, et... Il nous le faut. »
Et Lucifer devait aussi comprendre... Comprendre ce qu’était cette vision. Pure malice, essayait-il de se convaincre... Mais comment un mensonge aussi grossier pouvait à ce point le heurter ? Il posa sa main sur la couverture du livre, et forma un bouclier doré, émettant une protection dorée... Puis le plafond explosa violemment, et, Lucifer vit la silhouette massive de Nyarlathotep se dresser au-dessus d’eux, son puissant œil rouge les fixant, l’une de ses mains posées sur le rebord de la pyramide, déchiquetant cette dernière.
« J’ai une proposition... » entama alors Lucifer, sur la défensive.
Il regarda brièvement Yennesä, et déploya ses ailes :
« On se replie ! »
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Ce fut un refus catégorique et sec que Yenessä se reçut, à peine venait-elle de formuler le désir de détruire le livre. Venait-elle de terminer sa phrase que le porteur de la lumière sortit de sa torpeur, et lui intima de ne pas faire ça. Par un simple non, exprimé de manière ferme et autoritaire. Il se redressa et Yenessä put voir son regard, son visage acéré et dur. Ses propres yeux à elle se froncèrent, ne comprenant pas l’attitude de son frère. Celui-ci fit parler ses pouvoirs pour faire refermer le livre et le protéger, au moyen d’une barrière magique. Comptait-il réellement emporter un tel artefact auprès des Anges ? Avec un tel niveau de corruption, qui savait les dégâts que ça pourrait avoir rien qu’en l’emportant là-bas ? Mais Yenessä était trop jeune pour s’opposer au porteur de la lumière, et ne répondit rien.
Néanmoins, le tout fut brutalement interrompu quand le toit de la Pyramide commença à s’effondrer. Et ce n’était pas à cause d’une quelconque activité sismique ; mais à cause du Tyran, qui venait d’arracher de ses propres mains le toit. Yenessä leva subitement la tête et put ainsi observer l’Œil rouge. C’était impressionnant, voire apeurant … Si on ne possédait pas le caractère sanguin de Yenessä. Cela ne l’empêchait pas d’avoir peur, mais elle aurait bien voulu tenter de le combattre, dans sa grande naïveté. Cependant son camarade la rappela à l’ordre et lui suggéra de partir d’ici au plus vite. Il déploya ses ailes en conséquence, avant que la nouvelle recrue ne l’imite. Elle acquiesça et ne cherche pas à dire quoique ce soit. Elle n’avait pas grand-chose à dire sur le moment, mais nul doute que des choses allaient devoir s’expliquer par la suite.
Ainsi, Yenessä s’envola à la suite de son camarade, mais s’échapper d’un Tyran n’était pas une mince affaire. Voyant l’Œil, elle était tentée de l’attaquer, de faire à nouveau parler sa force et ses pouvoirs pour ne serait-ce que … Quoi faire au juste ? Le retarder ? Le distraire ? Yenessä pouvait faire ce qu’elle voulait à ce stade, rien ne pouvait atteindre cette créature. La meilleure solution restait donc de fuir, effectivement.
-
Leur vitesse leur permit de s’élever rapidement, arrivant dans les airs, mais Nyarlathotep n’eut aucune difficulté à les suivre, son redoutable œil rouge les pistant, tandis que sa longue trompe, la Langue Sanglante, se mit à agir, et se transforma en un terrible puits de gravité. Lucifer et Yennesä s’(étaient envolées le plus loin possible, mais s’arrêtèrent brusquement, en sentant l’attraction de la Langue Sanglante, qui les repoussa en air.
*Sa force d’attraction est incroyable... Il nous ramène vers lui !*
Il ne faisait néanmoins pas que ramener ses proies, mais aussi les éléments environnants, comme la Grande Pyramide éventrée. Elle se disloquait maintenant intégralement, se déchiquetant sur place pour se rapprocher de l’extrémité de son tentacule. Lucifer avait formé un bouclier, et s’était posé sur le sol, s’agrippant à ce dernier, mais son corps se soulevait, se tendant vers l’arrière. Il s’agrippait à un long tuyau métallique niché dans le sol, mais sentit la structure sur laquelle il était appuyé se mettre à gémir, se broyant et se tordant sur place...
« Ce monstre nous attire ! »
Lucifer lâcha soudain prise en partant en arrière, et vit l’Œil Rouge se rapprocher, délivrant un faisceau meurtrier. Là où son regard passait, il y avait un grand halo rouge sanguin, qui pulvérisait les malheureux pris dedans. Le Porteur de Lumière concentra sa magie, et balança un énorme cône lumineux, qui frappa de plein fouet l’Œil. Nyarlathotep poussa un hurlement de rage et de frustration quand l’énorme lance le frappa, éclatant contre son corps, relâchant l’onde magnétique dans une puissante déflagration, qui souffla tous les éléments attirés autour de lui, comme des milliers de projectiles meurtriers, qui s’écrasèrent à des kilomètres à la ronde.
Malmenés comme de simples morceaux de chiffon, Lucifer et Yennesä furent également repoussés. Le corps de Lucifer heurta le sol, rebondit en l’air, et s’arrêta plusieurs centaines de mètres plus loin.
« Il est vraiment trop puissant, Yennesä. Il faut vite faire un Portail, et nous enfuir... Je... »
Lucifer se tut soudain en voyant une immense ombre se profiler à l’horizon, et leva la tête.
« Par tous les Anges... »
Le ciel était en train de se recouvrir d’une masse énorme, un corps si vaste et si immense qu’il en cachait progressivement la lumière du soleil... C’était le satellite naturel de cette planète, sa lune ! La Langue Sanglante avait attiré la Lune ! Cette dernière avait dévié de son axe, et était maintenant attiré par la gravité de cette planète. Incrédule, Lucifer n’arrivait pas à en croire ses yeux. La puissance du Tyran était si forte qu’elle en avait rompu l’attraction gravitationnelle existant entre cette planète et son satellite !
En soi, il était inexact de dire que la lune tombait sur ce monde, car, dans les faits, le satellite naturel d’une planète tombait toujours vers sa planète, mais tournait continuellement, grâce à la vitesse. Nyarlathotep, en utilisant son pouvoir gravitationnel, avait ralenti la vitesse du satellite naturel, et ce dernier était maintenant attiré par la planète. Le seul problème était que, ce faisant, il serait plus difficile de générer des Portails de téléportation, car le rapprochement de la Lune bouleversait les déplacements magiques.
De plus, Nyarlathotep, complètement indifférent à l’astre qui se rapprochait dangereusement, fouetta le sol avec son tentacule, éventrant la planète, créant un terrible séisme. Le sol se déroba sous les pieds de Lucifer, qui s’envola précipitamment, mais vit plusieurs nuées de monstres fondre sur lui et Yennesä, des rakyats affamés qui les firent basculer dans le précipice. Ils s’enfoncèrent dans les abysses d’une faille gigantesque, gargantuesque, et le Porteur les repoussa en faisant exploser sa magie autour de lui, carbonisant les monstres sur place, puis se retourna vers le plafond, cherchant à sortir du ravin...
...Et se reçut un énorme rocher en pleine figure, qui le fit lourdement chuter, l’envoyant heurter une plateforme, surplombant la croûte de la planète, où un énorme banc de lave était en train d’attendre. Le rocher se fracassa donc sur cette plateforme instable, explosant en mille morceaux, laissant sur place un Lucifer sonné, qui reprenait peu à peu ses esprits.
Dans le ciel, les monstres de Nyarlathotep déferlaient sur eux, mais d’autres Anges approchèrent alors, guidés par Michel.
« Venez ! hurla-t-il depuis les hauteurs. Nous allons générer un Portail commun ! Nyarlathotep a perturbé l’intégrité structurelle du noyau de la planète, elle est en train d’imploser ! »
La Langue avait frappé la planète si fortement qu’elle l’avait éclaté, déchirant les plaques tectoniques, qui se fracassaient violemment. De fait, Lucifer pouvait voir que tout s’écroulait autour de lui, faisant monter le niveau de la lave. Le temps qu’il se redresse et reprenne ses esprits, la lave le recouvrit d’ailleurs quand il y eut une épaisse éruption volcanique, faisant craindre le pire pour la survie du Porteur... Mais, fort heureusement, il avait eu le temps de se protéger en générant un bouclier magique, et se dépêcha alors de s’envoler, évitant les décombres, pour rejoindre la surface de la planète.
La lave remontait furieusement, et, alors que Yenensä et Lucifer se battaient contre les éléments, dehors, à l’emplacement des Grandes Pyramides, une montagne se souleva brusquement, une super-éruption volcanique (https://youtu.be/uzk1uqxpfoY?t=52s) venant déchirer la terre en deux, soulevant un épais nuage de feu... Et faisant pleuvoir autour de la super-éruption une intense pluie de cendres et de nuages sombres (http://img110.xooimage.com/files/7/3/d/10-513ae8f.jpg).
Le Chaos Rampant était en train de rendre hommage à sa réputation...
-
Le Chaos Rampant, était un terme bien faible quand on voyait ce qui se passait. Les deux Séraphins piégés dans la Pyramide finirent par s’élever dans les airs, mais tout ne se passa pas comme prévu. Le Tyran usa de sa force colossale pour créer un puissant champ d’attraction, qui broya tout sur son passage. Pierre par pierre la Pyramide se désintégrait pour se voir attirer vers son tentacule. Et tout ce qui se trouvait à des dizaines voire des centaines de kilomètres à la ronde, faisaient pareils. C’était aussi valable pour Yenessä et le Porteur de la Lumière, qui durent s’accrocher à quelque chose de solide pour ne pas se faire aspirer. Mais même avec cela, ce n’était pas suffisant ; l’attache finit par se disloquer à son tour, précipitant les deux guerriers vers le Tyran. Heureusement que le plus fort d’entre eux usa de sa magie pour déstabiliser Nyarlathotep, qui hurla sa douleur quand la lance toucha l’Œil rouge.
Mais ce n’était qu’un court répit. Puisque le soudain arrêt de l’attraction provoqua une gigantesque détonation qui envoya gicler les deux Séraphins, qui finirent leur route plus loin, en se fracassant au sol. Yenessä était certes forte, mais un tel choc ne pouvait faire autre chose que faire très mal. Elle ne put qu’être d’accord avec son supérieur quand il lui dit qu’il fallait créer un portail et vite. Mais comment faire ? Surtout avec la nouvelle catastrophe imminente ; la Lune. Le satellite naturel de cette planète qui se rapprochait dangereusement de la surface, à cause de la déformation gravitationnelle qu’exerçait le Tyran. En faisant cela, la Lune perturbait les déplacements magiques. Ce qui n’arrangeait pas les affaires des angéliques.
La Langue fouetta de toutes ses forces le sol, créant des failles monstrueuses qui laissèrent échapper des monstres. Monstres qui fondirent en partie sur Yenessä et Lucifer, les faisant tomber dans un gouffre béant. En d’autres termes ; c’était l’apocalypse. Le chaos total et complet. Yenessä peinait à lutter contre toutes ces forces qui se déchainaient, mais elle allait devoir le faire. Elle avait atterri, avec son acolyte, sur une plaque frôlant de près une poche magmatique du manteau terrestre. Mais ce ne fut que de courte durée, puisqu’ils parvinrent finalement à remonter à la surface, rejoignant les autres Séraphins, dont Michel. Ce dernier expliqua qu’ils allaient devoir créer un portail commun. C’était la seule issu pour faire sortir tout le monde de cette situation, vu que les courants magiques étaient eux-mêmes perturbés.
Autour d’eux, éruptions volcaniques et autres catastrophes arrivaient, déchirant de plus en plus cette planète dans son intégralité. Yenessä ne désirait pas trainer plus longtemps ici, surtout si la vie de ses camarades était en jeu. Il fallait décamper, et vite. Elle s’approcha alors de Michel. « Que devons-nous faire ? Mettre en commun notre magie ? Qui va nous protéger pendant qu’on créer le portail ? … » Dit-elle. « Je peux retenir les monstres pendant que vous vous chargez du portail, si ma magie n’est pas requise pour celui-ci. » Affirma-t-elle, raffermissant son emprise sur sa lance.
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Depuis l’espace, c’était un spectacle très impressionnant à voir. Les attaques de Nyarlathotep avaient fracassé ce monde, et les dégâts qu’il avait causé pouvaient se voir depuis l’atmosphère. Outre la lune de la planète qui se rapprochait dangereusement, les immenses failles provoquées par les attaques de Nyarlathotep laissaient suinter d’immenses geysers, véritables murs de lave en fusion visibles depuis l’espace, où ils formaient de longues cicatrices rouges, fendillant la surface de la planète. Le corps cosmique était en train de mourir, de se désagréger de l’intérieur, mais sa destruction viendrait assurément du choc qu’il y aurait entre lui et son satellite naturel.
Lucifer et Yennesä semblaient bien insignifiants face au chaos engendré par le Tyran. D’immenses éruptions volcaniques avaient déchiqueté la surface, transformant la planète en de vastes zones volcaniques et mortelles, peuplées uniquement par les monstres du Tyran, qui se ruaient vers les Anges, recroquevillés autour d’une ultime île de protection, au milieu d’un paysage apocalyptique terrifiant. Partout, des failles libéraient de la lave, et le feu avait recouvert aussi bien le sol que le ciel, des flopées de cendres tombant dans tous les sens.
C’est ainsi que les deux Anges traversèrent plusieurs milliers de kilomètres en plusieurs minutes, utilisant leur vitesse surnaturelle pour rejoindre Michel. Yennesä s’empressa de demander à Michel comment ils allaient faire.
« Plusieurs Anges vont se charger de générer le Portail. Notre tâche est de les protéger ! »
Michel regarda brièvement Lucifer, qui acquiesça.
« Nous avons récupéré un précieux artefact. Je suis convaincu que c’est ce que le Chaos Rampant veut, et que c’est pour ça qu’il nous poursuit.
- Oui, je sens sa signature près de toi… »
Lucifer tendit la main, et fit apparaître l’exemplaire du Necronomicon, entouré par un champ de force qui en bloquait les effets. Michel fronça les sourcils, serrant les dents devant cette aura malsaine qu’il sentait. Le trouble sembla même se dessiner dans ses yeux. Comme tous les Anges, Michel était convaincu que, par définition, la connaissance était forcément bonne. Quand la connaissance devenait malsaine, c’était avant tout parce que les hommes l’utilisaient mal, mais, en soi, il partait du postulat qu’une connaissance ne pouvait qu’être bonne.
Mais ce livre ? Michel ne sentait que de la malfaisance en lui, et ce même malgré le bouclier que Lucifer avait généré autour de lui, bouclier qui servait, tant à protéger le livre en lui-même, qu’à protéger les autres. Confus, il finit par secouer la tête en entendant les hurlements des rakyats.
« Nous… Nous en reparlerons plus tard, Lucifer. Anges ! En formation ! Repoussez-les, mais pas d’excès de zèle ! Dès que le Portail sera généré, fuyez ! »
Lucifer acquiesça, et se tourna vers les nuages sombres qui s’amoncelaient dans le ciel. Depuis ces derniers, des milliers de points noirs apparurent, chacun correspondant aux monstres de Nyarlathotep. La Langue Sanglante continuait à les traquer, et les Anges, dans des hurlements belliqueux, s’élancèrent vers les monstres, silhouettes dorées et brillantes. Leurs rayons lumineux fusèrent, frappant les monstres, les décimant par dizaines.
L’ultime bataille sur cette planète désolée avait lieu, et elle faisait rage. Quand les rayons lumineux perçaient les nuages, on pouvait voir la silhouette massive de la Lune, qui s’approchait de plus en plus.
Sur l’îlot rocheux au milieu de la lave, sept Anges se concentraient, générant autour d’eux un vortex instable, qui remuait de plus en plus, au fur et à mesure qu’ils arrivaient à le stabiliser. Lucifer, de son côté, continuait à se battre avec une rage indiscernable. Il envoya depuis son épée une longue lame lumineuse qui découpa une dizaine de monstres, dont une Horreur chasseresse en deux.
« Allez ! Du nerf ! »
Plusieurs anges tombèrent lors de ce combat, et Lucifer lui-même se retrouva en mauvaise posture. Le vortex se stabilisait enfin, formant un Portail menant droit vers les Cieux, mais une météorite jaillit alors, et atteignit Lucifer dans le dos, le faisant hurler de douleur, tout en l’emportant.
« LUCIFER ! » hurla Michel.
Il vit son fidèle ami tomber comme une pierre, plusieurs plumes de ses ailes en feu, tandis que plusieurs rakyats s’empressèrent de l’attaquer, lacérant son corps. Dans un hurlement de rage, le Porteur concentra une sphère magique dans la paume de sa main, et déclencha une onde de choc incandescente autour de lui, vaporisant sur place les monstres, mais heurta le flanc d’un volcan dans sa chute, et s’étala au milieu des cendres, en toussotant bruyamment.
Lucifer se releva rapidement, voyant les monstres s’agglutiner vers lui…
*Ils veulent récupérer le livre…*
Le Porteur de Lumière serra les dents. Ses ailes étaient calcinées, et, même si ses plumes pouvaient repousser, il allait avoir besoin d’aide pour, non seulement repousser les monstres, mais aussi rejoindre le Portail, que les Anegs commençaient déjà à traverser pour évacuer…
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Les ordres de Michel étaient clair ; défendre le portail à tout prix. Mais pas seulement puisqu’il une mention fut faite à l’artefact que voulait le Tyran ; ce livre qu’avait récupéré le Porteur de la Lumière plus tôt. Une aura malsaine s’en dégageait, et Yenessä tout comme lui avaient subi une fraction de cette aura, au travers des images et une voix corruptrice. Mais, ce qui importait le plus pour le moment était la protection du portail et de ce livre. La guerrière n’avait pas grand-chose à ajouter de plus, si ce n’était qu’elle fronçait les sourcils en regardant la scène tout autour d’elle. La désolation, l’apocalypse … Le chaos. Mieux valait quitter cet endroit maudit au plus vite, les explications sur tout ce qui s’était produit ici viendraient après. Brandissant sa lance énergétique, Yenessä était donc prêt à en découdre, sans faire d’excès de zèle. Mais si le portail est en danger directement, autant que la vie de ses frères et sœurs, le zèle n’aura plus de sens …
La dernière bataille allait avoir lieu. Des milliers de monstres fonçaient vers les anges depuis le ciel, formant un gigantesque nuage noir. Une véritable nuée qu’il allait falloir repousser jusqu’au dernier. La troupe se prépara, puis l’affrontement ultime survint. Les lames tranchaient, et la lumière jaillit, transperçant les monstres et le ciel de part en part. La lune s’approchait dangereusement, devenant un énorme astre occupant la quasi-totalité de l’espace dans le ciel. Une image effrayante pour beaucoup mais qui ne fit que galvaniser les célestes, qui combattaient corps et âme pour protéger le portail. Yenessä était dans la foulée, fusant ci et là, tranchant et décapitant autant de rakyats que possible. Pas de zèle, elle se le remémorait constamment. Même si face à des monstres pareils le zèle n’avait pas de sens, elle se pliait aux ordres, car Michel savait ce qu’elle, ne savait pas.
Néanmoins, la bataille faisant rage, plusieurs de ses camarades tombèrent. Une triste fatalité quand on parlait de guerre et de combat, mais qui ne découragea nullement Yenessä, qui continuait de se battre. Cependant, l’un de ses plus grands alliés fut touché ... Le Porteur de la Lumière. Une météorite le frappa de plein dos, carbonisant ses ailes, le faisant chuter de haut. S’il parvint à repousser de justesse une vague de monstre, il ne put empêcher son impact au sol, qui l’affaiblit. Yenessä grinça des dents et alors qu’elle en finissait avec un petit groupe de rakyats, elle reporta son attention vers son camarade, à terre. Une horde massive de monstre fusèrent vers lui ; il détenait le livre, c’était bien normal. La guerrière devait lui porter aide, et elle fondit alors vers les monstres autour de lui. Dans sa course elle canalisa son énergie au creux de sa paume, des arcs électriques commençait alors à en jaillir.
Mais quand elle fut à portée, Yenessä libéra toute cette énergie qui se matérialisa sous une véritable foudre, s’abattant sans pitié sur l’ensemble des monstres autour de l’homme. Par paquet ils furent carbonisés, foudroyés sur place jusqu’à ce qu’ils ne restent que des tas de cendres et d’os. Les quelques survivants furent achevés à coup de lance énergétique, permettant ainsi à Yenessä de se poser à terre, accourant rapidement près de son camarade. Il ne pouvait plus voler étant donné que ses ailes étaient calcinées, pour le moment. Elle allait devoir l’aider à rejoindre le portail et pour cela, elle lui tendit son bras. « Il faut partir d’ici ! Venez, je vais vous aider. » Dit-elle, prête à s’envoler avec lui.
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« Du vent, misérables ! »
Blessé, encerclé par une nuée de monstres sur une planète moribonde, Lucifer n’était pas vaincu, et restait toujours le Porteur de Lumière. Un rakyat se rua vers lui en hurlant, ses serres prêtes à lui lacérer le visage, et l’Ange évita l’attaque, puis attrapa le monstre avec sa main, et le balança au sol, avant de le carboniser en émettant d’intenses lueurs magiques depuis ses doigts. Une sorte d’ultime tentative, car il était en infériorité numérique. Outre les rakyats, des Horreurs chasseresses se rapprochaient également, massives, formant une véritable nuée qui l’enveloppait.
*Je ne peux échouer ici, mourir ainsi, je m’y refuse !*
Alors que la situation se compliquait, des éclairs jaillirent alors, et, tout autour de lui, Lucifer vit des arcs lumineux découper les monstres, les tuant massivement, s’enfonçant dans le flanc des Horreurs chasseresses pour ressortir de l’autre côté. Une véritable déferlante d’énergie remplit la zone, éblouissant Lucifer, qui vit la grande majorité des monstres tomber au sol, transformés en carcasses fumantes et agonisantes. Il vit alors Yennesä se rapprocher rapidement, tendant sa main vers lui.
Lucifer n’hésita guère, et attrapa la main tendue de l’Ange.
« Oui, partons, ma sœur ! »
Son aile cicatriserait, mais, pour l’heure, il ne pouvait pas voler. Or, il y avait un champ de lave à surmonter. Le duo s’envola donc, et, en tournant la tête, Lucifer vit la silhouette massive de Nyarlathotep se rapprocher. L’énorme appendice sur sa tête, la Lune Sanglante, se releva à nouveau, avant de se mettre à vibrer et à rougeoyer. Il se préparait pour une ultime attaque, mais, quand cette dernière déferla, le duo venait de traverser le Portail.
Lucifer, affaibli, lâcha alors la main de Yennesä et tomba dans le vide, avant d’être réceptionné par un Ange.
« Fermez le Portail, vite ! »
Les Anges se tenant de l’autre côté tendirent leurs mains pour fermer le Portail, mais l’attaque de Nyarlathotep rugit alors, provoquant une puissante onde de choc qui repoussa les anges, et défonça les murs du vaste couloir en marbre où ils se tenaient. Le Portail donnait à l’intérieur d’une forteresse angélique, sur une sorte de grande mezzanine surplombant un puits sans fond, au sein d’une immense pièce. Les murs de cette pièce se couvrirent de lézardes, tout comme la mezzanine, et des tentacules émergèrent alors du Portail, fouettant les anges cherchant à se rapprocher.
« Repoussez-le ! Repoussez-le !
- Il dégage une telle énergie, je n’avais jamais vu ça ! »
Indéniablement, Nyarlathotep semblait furieux, une rage qui traversait les dimensions. Venant des hauteurs, d’autres anges s’approchèrent, et des pluies de rayons dorés frappèrent les tentacules, les sectionnant, faisant couler du sang corrosif. Touché au visage et au corps, un ange se mit à hurler en sentant ce sang visqueux faire fondre sa peau.
« Surchargez le Portail, provoquez une explosion magique pour qu’il se rompe ! »
Ils avaient beau tranché les tentacules, d’autres revenaient. L’un d’eux frappa juste à côté de Yennesä, venant s’enrouler autour du cou d’un ange, et serra fort, l’étranglant, avant de le soulever, et de l’envoyer se fracasser violemment contre la mezzanine, le tuant sur le coup. Une voix tonitruante résonna alors, faite uniquement de haine, de rage, et de malice :
« MISÉRABLES ANGES !! GARDIENS D’UN ORDRE RÉVOLU, D’UN POUVOIR OBSOLÈTE !! VOTRE ARROGANCE VOUS AVEUGLE !!
- Ne l’écoutez pas, surchargez le Portail !
- NOUS VOUS MASSACRERONS TOUS, NOUS EXTERMINERONS LES INCROYANTS QUI REFUSENT DE CROIRE EN NOTRE PUISSANCE ET NOTRE LÉGITIMITÉ ! LA CRÉATION EST NÔTRE !!
- Haaaaa… !! »
La surface bleuâtre du Portail ondula alors, et explosa brusquement, provoquant une onde de choc qui souffla toutes les bougies et toutes les lampes, plongeant la pièce dans l’obscurité.
Nyarlathotep avait été repoussé, finalement.
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Yenessä fit son travail et porta ainsi son camarade pour s’envoler avec lui. Ses ailes étant calcinées, il ne pouvait plus voler de lui-même, et la cicatrisation mettrait un certain temps à survenir. Vu l’urgence de la situation il était de bon sens que ce soit la guerrière qui l’aide à franchir le portail, menacé par le Tyran qui semblait être davantage en colère. Tout le monde se rapatriait vers le portail magique qui permettait de regagner la forteresse angélique, et de s’extirper de ce monde chaotique. Quant au livre, au fond d’elle Yenessä sentait qu’il était mal avisé d’emporter un objet aussi corrompu et maléfique dans un endroit aussi pur que le monde des anges. Mais ce n’était pas de son sort, et elle faisait juste ce qu’elle avait à faire. Comme un soldat … Comme dans une autre vie. Yenessä fusa à vitesse éclair vers le portail et le traversa de justesse avant que Nyarlathotep déferle sa colère au travers une violente attaque au moyen de son grand tentacule. L’onde de choc traversa le portail et déstabilisa le Porteur de la lumière, qui perdit prise et se mit à faire une chute.
Mais heureusement il fut rattrapé. L’objectif était maintenant de refermer le portail avant que le Tyran ne fasse quelconques dégâts collatéraux au travers celui-ci. Mais ce fut plus simple à dire qu’à faire … Alors que la plupart des miliciens présents s’affairèrent à refermer cette ouverture, les murs et le sol commencèrent à changer, et des tentacules jaillirent du portail. Des tentacules belliqueux qui frappèrent et fouettèrent tout sur leurs passages. Le pire étant que même en les sectionnant, du sang corrompu s’en échappait et parvenait à blesser gravement quiconque s’en faisant asperger. Yenessä fut de celles et ceux qui en découpèrent mais manqua de justesse de se voir frapper par un d’entre eux. Si elle fut chanceuse, d’autres ne le furent pas et un de ses compagnons d’arme se fit étrangler brutalement puis projeter contre un mur, le tuant d’un coup. Le Tyran éleva sa voix dans toute la pièce et laissa s’écrier sa colère et sa haine. En un sens c’était une victoire car cela voulait dire que la Milice avait bel et bien privé Nyarlathotep de quelque chose qui lui tenait à cœur.
Finalement, le portail fut refermé en une surcharge qui souffla bougies et lampes. Un lourd silence s’installa, alors que plongés dans la pénombre, les Miliciens soufflèrent de tout ceci. Les dégâts étaient importants et il y avait du sang corrompu partout. Du sang … Ici, au bastion des êtres de lumières, réputés être purs et non-violents. C’était un désastre même si la mission semblait être accomplie. Le Tyran avait été repoussé, mais pour combien de temps ? Yenessä reprit ses esprits et vola au secours de ses camarades à terre ou blessés, notamment le Porteur de la Lumière. Elle vint alors auprès de lui. « Vous allez vous en remettre, mon frère ? » Demanda-t-elle.
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«
Je n’aime pas ça... soupira Tyraël.
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Ce livre est une arme ! s’énerva Imperius.
Il faut l’utiliser ne tant que tel ! Vous avez vu la rage de Nyarlathotep, non ? C’est ce livre qu’il voulait ! C’est donc bien la preuve que nous disposons d’une arme qui nous permettra enfin de rendre des coups ! -
J’ai toujours considéré que le savoir était une bonne chose, et que rien ne devait le réfréner, psalmodia Malthael.
Ma position a toujours été d’encenser la connaissance, en estimant qu’elle était neutre, et que, finalement, c’était l’Homme, au sens général du terme, qui lui donnait une valeur morale. Mais, en voyant ce livre, j’en viens à douter de mes propres concepts. »
Le Conseil des Angiris venait de se réunir. Ils étaient cinq, assis autour d’une table. Au centre de cette dernière, il y avait une sphère magique, qui vibrait et tourbillonnait sur place, retenant les effets du livre infernal situé à l’intérieur. Le
Necronomicon, récupéré par Lucifer. Un livre infernal, et qui, selon les Anges, était la seule raison expliquant pourquoi Nyarlathotep s’était ainsi acharné sur eux. Les Archanges avaient immédiatement récupéré l’ouvrage, et avaient pu constater combien ce dernier était nocif.
Malthaël, Archange de la Sagesse, avait toujours vu la connaissance comme une chose à protéger. Ni bonne, ni mauvaise, mais
nécessaire. Il avait admis que la connaissance était corrélative au niveau de développement de la population, et qu’on ne pouvait pas, par exemple, enseigner les secrets de l’atome à des civilisations ayant à peine atteint le stade féodal, mais, en soi, Malthaël avait toujours considéré que la connaissance était à encenser, et qu’aucune forme de savoir ne devait être proscrit. Mais ce livre... Il était impossible de s’y méprendre. Ce livre était
par nature maléfique, et tout sons avoir n’était autre que corruption et démence.
Les cinq Archanges étaient les cinq piliers des Anges, chacun représentant les vertus cardinales des Anges :
- Imperius, Archange de la Vaillance, était le plus guerrier et le plus combatif des Anges. Pour lui, ce livre était maléfique, mais pouvait se dompter, pour peu qu’on ait suffisamment de foi. Il aurait été au demeurant totalement idiot de ne pas utiliser ce livre pour en savoir davantage sur leurs ennemis, et ainsi les vaincre ;
- Tyraël, Archange de la Justice. À ce titre, Tyraël était partagé à l’égard du traitement à réserver au Necronomicon. De manière générale, il était navré de voir les Anges partir sur la voie de la guerre, lui qui avait toujours professé les vertus de l’éducation et de la rédemption, la punition n’étant, à ses yeux, qu’un outil en faveur de la rédemption d’individus ayant déchu. Mais pouvait-on vraiment parler de rédemption avec les Tyrans ? Ils ne semblaient être faits que de malice et de démence, de sorte que Tyraël était autant heurté dans ses convictions profondes que Malthaël, en devant admettre l’impensable, à savoir que certaines personnes ne pouvaient pas être sauvées ;
- Malthaël, Archange de la Sagesse. Malthaël était autant heurté que Tyraël, ne sachant pas comment interpréter ce qu’il voyait du Necronomicon. Se pouvait-il donc que ce livre ne soit que purement maléfique ? La censure et les autodafés étaient des choses qui l’avaient toujours effrayé, car voulant réduire le savoir, la connaissance. Or, pour Malthaël, c’était la connaissance qui séparait l’Homme de l’Animal, qui permettait de l’élever, de le faire grandir. Il se devait maintenant de prendre en considération le fait que toute connaissance ne visait pas forcément à l’élévation, mais aussi à la corruption, et donc à devoir envisager de censurer certains savoirs ;
- Auriel, Archange de l’Espoir. Pour elle, les Grands Tyrans étaient la négation de tout espoir, ce qui l’amenait à se rapprocher de la voie dure professée par Imperius. Elle avait vu de ses yeux les âmes corrompues par les Grands Tyrans, que les Anges avaient réussi à capturer. Elle avait vainement tenté de les soigner, de leur redonner l’espoir, mais commençait, elle aussi, à se dire qu’il y avait des situations où l’espoir n’était plus permis. Dans ce cas, que fallait-il faire ? Quand une personne n’avait plus aucun espoir, ne fallait-il pas se contenter de la tuer ? Mais les Anges avaient toujours été contre la peine de mort...
- Itheraël, Archange du Destin. Cette Archange avait un rôle très particulier au sein du Conseil, capable d’avoir des raisonnements de grande envergure. En ce moment, il était le plus inquiet des Archanges, car le sort de la Création était en jeu. Il n’arrivait pas à saisir l’étendue du pouvoir des Grands Tyrans, leurs objectifs, et leurs origines. Tout ça ne pouvait que le troubler, lui qui avait toujours vu loin, au-delà des limites communes, permettant ainsi de déterminer ce qu’il convenait de prodiguer à telle ou telle civilisation.
Le Conseil se réunissait donc de manière extraordinaire pour décider des suites à donner. Nul doute que cette session serait longue, tant les Archanges étaient heurtés dans leurs concepts. De plus, pour qu’une décision soit rendue par le Conseil, il était impératif d’obtenir l’unanimité des membres, car aucune décision en pouvait émaner du Conseil sans qu’elle ne respecte les vertus cardinales des Anges.
Loin de là, les Anges avaient installé de multiples camps de fortune sur terre, pour regrouper les réfugiés, et plusieurs des cités angéliques servaient d’hôpitaux pour soigner les Anges blessés. Lucifer se trouvait dans l’une de ces forteresses, mais, étant de nature particulièrement robuste, il se réveilla rapidement. Ses plumes allaient repousser, et il se rapprocha d’une terrasse, observant les vallées en contrebas. Cette cité céleste flottait très bas, de sorte qu’on pouvait voir les forêts, les arbres, et les forteresses créées, non seulement pour soigner les réfugiés, mais aussi pour s’assurer qu’il n’y avait aucun ennemi à l’intérieur.
Plongé dans ses pensées, Lucifer se retourna soudain en entendant des bruits de pas. Yennesä venait de le rejoindre. La terrasse était assez grande, avec un perron la séparant en deux. Le Porteur de Lumière lui sourit.
«
Tu as été exceptionnelle, Yennesä. Tu seras une Ange très puissante. Sache que tu bénéficies de ma gratitude. Sans toi, j’aurais été tué là-bas. »
Pour Lucifer, ceci ne faisait absolument aucun doute. Il avait été mis en grande difficulté contre Nyarlathotep. Sans Yennesä, les choses auraient été bien différentes. Malgré son inexpérience, elle avait su sortir son épingle du jeu, et faire les bonnes décisions au bon moment.
«
Je crois bien que nous sommes appelés à travailler de nouveau ensemble, Yennesä. »
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Tout s’était déroulé si vite et de manière si abrupte. Yenessä était encore nouvelle, une recrue fraiche et qui n’avait même pas reçue de formation, ni rien de ce genre. Certes les choses se passaient différent – la force ne se gagnait pas au fur et à mesure, mais était donnée directement à la naissance, désormais. Mais elle avait du mal à réaliser tout ce qu’il venait de se passer. Là, des forteresses ci et là s’étaient érigées pour venir en aide aux blessés et réfugiés du précédent conflit ayant mené à l’extraction d’un bien mystérieux libre. Apparemment, ce même livre était au centre d’un grand débat ayant lieu au Conseil des Angiris.
Yenessä ne savait rien de ce qui se disait et, pour le moment, elle était plutôt sur l’optique de ne pas se mêler des affaires du Conseil. Elle avait donc désiré retrouver son frère d’arme qui avait failli rester sur la planète en train de dépérir. Elle l’avait retrouvé sur une grande terrasse, donnant une vue imprenable sur les terres, plus en bas. Il était là, le regard perdu dans le décor, pensif, alors qu’elle arriva derrière lui. Il se retourna et, ce fut bien la première fois qu’elle vint un sourire sur ses lèvres. Bien que, elle n’était pas là depuis très longtemps ... Si cela se trouvait, il souriait plus souvent qu’elle ne le pensait. En signe de respect, et face au compliment qu’il venait de lui adresser, Yenessä inclina sa tête.
Elle le rejoignit au bord de la terrasse, à ses côtés. Pour la première fois, elle aussi, céda à un petit sourire alors qu’elle était enjouée à l’idée de travailler de nouveau avec son camarade. « J’en serai honorée, Porteur de la Lumière. Il me tarde d’œuvrer de nouveau à vos côtés. » Répondit-elle, tournant alors son visage vers lui, pour capturer son regard. Un petit silence se fit, avant qu’elle ne décide de lui poser quelques questions sur cet objet qui faisait tant d’échos au Conseil, en ce moment-même. « Ce livre ... Pourquoi fait-il tant d’émules ? Qu’a-t-il de si particulier, à part qu’il est source de corruption ? » Dit-elle alors, réellement curieuse à ce sujet.
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« Tu as vu la situation de près, Yenessä. »
Elle avait vu un Grand Tyran de très près, oui. Ensemble, ils avaient affronté Nyarlathotep, et avaient réussi à survivre, ce qui, somme toute, relevait d’un exploit considérable, surtout pour une rookie. Les questions de la jeune Ange étaient légitimes, et Lucifer entreprit donc d’y répondre autant que possible, tout en posant ses mains sur la balustrade, et en observant, au loin, les nuages qui s’étalaient à perte de vue.
« Tu sais de quoi les Tyrans sont capables, maintenant. Nous sommes très forts, Yenessä. Les Anges maîtrisent la magie sacrée, que nous pensions être la plus puissante des magies, au-delà même de la magie noire. Mais la magie que ces monstres emploient nous surclasse. Face à eux, nous ne sommes rien, comme tu as pu le constater. Et ce livre... Ce livre abrite leurs connaissances. Vu la manière dont Nyarlathotep s’est battu pour le conserver, j’en déduis logiquement qu’il est très important. »
Ce n’était qu’en connaissant leur ennemi qu’ils arriveraient à les vaincre. Après tout, que savaient-ils, pour l’heure, sur les Tyrans ? Quasiment rien. Ils avaient vu leur puissance, leur pouvoir de corruption colossal, mais, au-delà de leurs capacités, leurs motivations restaient inconnues. Or, ces colosses disposaient bien d’une conscience. Ils étaient capables de communiquer, de s’exprimer, de s’immiscer dans les pensées des autres pour les corrompre et les asservir. Dès lors, pourquoi faisaient-ils tout ça ? Pourquoi tout détruire, tout corrompre ?
Lucifer secoua la tête, comme pour sortir de ses pensées, se remémorant bien des épisodes douloureux.
« J’aimerais que ce premier combat soit le dernier que tu aies eue, Yenessä... Mais ça ne se passera pas ainsi. Il faut que nous comprenions qui ils sont, ce qu’ils veulent, d’où ils viennent... Il n’y a que comme ça que nous pourrons réussir à vaincre ces monstres. Certains disent que cette connaissance est dangereuse, qu’elle est susceptible de nous corrompre par elle-même... Mais nous n’avons pas le choix. Il n’existe aucune autre solution ! »
Lucifer serra le poing, et tapa sur la balustrade, fermant les yeux, la mine triste. Il revoyait tous ceux tombés à force de combattre les Grands Tyrans. Yenessä aussi avait vu les siens mourir, disparaître en quelques secondes sous les attaques indescriptibles de Nyarlathotep. Le Conseil allait examiner ce livre, trouver des informations sur ces monstres, Lucifer en était convaincu. Mais, pour l’heure, il avait d’autres urgences, et se retourna vers la jeune femme, ses mains venant subitement caresser ses joues.
« On ne devrait pas te mettre en première ligne comme ça. Tu es une Ange depuis bien trop peu de temps... Mais le pouvoir dont tu as fait preuve là-bas. C’est... C’est effrayant. Je crois que tu es la première Ange de ce type, Yenessä... La première Ange qui naît avec l’intention de se battre. Et... C’est inquiétant. »
Les Anges avaient toujours rejeté la violence... Mais, avec l’arrivée de Yenessä, et ses capacités de combat innées, des questions se posaient. Est-ce que d’autres Anges guerriers allaient voir le jour ? Se pouvait-il que leur code génétique évolue ? Que la violence soit également présente en eux, êtres qui étaient pourtant entièrement purs ? Même s’ils arrivaient un jour à vaincre les Grands Tyrans, Lucifer redoutait que cette guerre ait déjà changé à jamais son peuple...
« Comment te sens-tu, Yenessä ? Qu’est-ce que tu as envie de faire en ce moment ? »
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Les inquiétudes de son partenaire étaient les plus légitimes qu’il soit. Yenessä partageait son point de vue sur ce livre ; s’il pouvait apporter beaucoup de connaissance et de savoir au sujet de leur ennemi, à savoir les Grands Anciens, il pouvait tout à fait les corrompre eux-mêmes à leur tour. C’était à double tranchant. Que faire ? Seul le conseil le savait car ils étaient en train de délibérer en ce moment même, où le Porteur de la Lumière et Yenessä discutaient, là, sur cette terrasse donnant sur un océan de nuage à perte de vue. La jeune femme voyait la mine que prenait son acolyte. Cette mine inquiète, soucieuse, n’appréciant que peu le devenir de cette situation. Il n’était guère enjoué à l’idée de voir une de ses compatriotes se battre, en sachant qu’à la toute base, son peuple était pacifiste et pur. Mais aux yeux de Yenessä ... Demeurait là une incompréhension.
Si elle voyait les motivations, par sa nature même de guerrière, par le fait même qu’elle naquit directement ainsi, elle ne comprenait pas pourquoi tant de reluctance à l’idée de se battre. Pour elle, c’était naturel etlogique. Même si elle ne le savait pas, c’était pour elle une réminiscence d’une vie passée, qui ne faisait alors que se poursuivre ici. Yenessä était née pour se battre, pour être forte et puissante, pour être ... Une arme. À ses yeux, le combat était donc une option naturelle et logique, d’où son incompréhension face aux inquiétudes et hésitations de Lucifer à ce sujet. Le fait qu’il serra son poing et tapa la rembarde renforça cela. Si le livre avait réellement un potentiel corrupteur, mais qu’il détenait bien des solutions, alors ... Il n’y avait effectivement pas d’autres options.
Même si Yenessä craignait aussi l’impact que cette chose aura sur les siens. Mais subitement, son regard se posa dans celui de son compagnon quand celui-ci se retourna, et posa ses mains sur ses joues. Oui, elle ne devrait pas être mise en première ligne ainsi. Elle n’était qu’une Séraphine depuis très peu de temps mais pourtant, ses capacités et ses pouvoirs avaient été des plus ... Spectaculaire. Son acolyte semblait très inquiet à ce sujet, semblant ne pas aimer du tout l’idée qu’un membre de son peuple né avec la clair intention de se battre. Pire que cela ; que son être tout entier était conçu pour le combat, comme c’était le cas avec Yenessä. Son corps et son esprit étaient forgés pour la bataille, le combat ... La violence. Sa dernière question la fit cligner des yeux, alors qu’elle posa doucement une de ses mains sur une des siennes.
Elle découvrait une agréable sensation, mais son regard se fronça doucement en sentant que malgré tout ... Cette caresse n’était pas ce qui lui faisait le plus envie sur le moment. Elle savait que ce qu’elle s’apprêtait à dire allait décevoir ou inquiéter son homologue d’avantage. « M’entrainer. Je veux devenir plus forte ... Je crois. Il n’y a ... Pas d’autres choses à faire en ces temps de guerre. » Dit-elle sur un ton désuet, sachant que cela déplairait. Elle marqua un silence, baissant son regard. Puis elle le releva, avant de lentement poser une main sur le torse du Porteur de la Lumière, posant sa paume à plat au niveau de son cœur. « Et vous ? Que ressentez-vous à cet instant ? » Demanda-t-elle, le regard dans le sien, mais avec une mine sérieuse.
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« De la colère... De la frustration. De la souffrance. Tout ça n’est pas très angélique, je le sais bien... Mais nous avons encore perdu les nôtres. Et, même si leur essence revient, et qu’ils peuvent être reconstitués, les pertes sont toujours douloureuses. Sans compter qu’un nouveau monde est tombé entre les mains des Tyrans. »
La bataille semblait impossible, comme si tout ce que les Anges pouvaient faire, c’était retarder l’inévitable, contre un ennemi qui leur était supérieur en nombre et en puissance. Les Grands Tyrans avaient même failli venir dans ce sanctuaire ! Rien ne semblait devoir les calmer, les retenir, et leur présence était des plus inquiétantes. Lucifer était de plus en plus désemparé.
« Nous n’étions pas préparés pour ça, Yenessä. La violence n’est pas dans nos gènes, nous sommes des Anges. Nous apportons la lumière, la civilisation, nous aidons les peuples inférieurs à s’élever. Nous les éduquons, mais notre puissance n’a jamais été utilisée comme ça. Je ne sais pas comment tout cela va finir, Yenessä. Ces créatures sont si puissantes... »
Surtout, les Anges commençaient à découvrir des facettes d’eux-mêmes qu’il n’était pas facile à accepter. Leur puissance, le fait qu’ils pouvaient donner la mort, forger des armes, utiliser la magie pour le combat... Autant de choses qui leur étaient impensables jusqu’à présent. Ils avaient toujours voulu raisonner, discuter, converser... Mais comment dialoguer avec de tels monstres ? Les Grands Tyrans étaient venus de nulle part, comme une rumeur lointaine, qui avait progressivement enflé, cru... Jusqu’à la situation actuelle.
Yenessä voulait être formée, entraînée, préparée pour les affronter par la suite. L’Ange hocha lentement la tête.
« C’est notre lot à tous, Yenessä. Nous former, nous préparer à les revoir, et à les affronter de nouveau... Comprendre comment ils fonctionnent pour arriver à les vaincre. »
La guerre ne se terminerait pas en quelques jours. Elle ne faisait que commencer.
Plusieurs mois après...
« Allez, mieux que ça ! »
Le coup de pied frappa Yenessä au ventre, et la repoussa sur plus d’une dizaine de mètres, l’envoyant fouler le sol de cette planète rocailleuse et abandonnée. Une planète tellurique sans oxygène, un endroit parfait pour s’entraîner. Les Anges n’avaient eu qu’à générer une bulle d’air sur une portion de la planète. Austin (http://img110.xooimage.com/files/4/3/2/203f93307d1f0393d...8939a580-53e6dc7.jpg) était un partenaire exigeant, mais un Ange très puissant, parfait pour ces sessions d’entraînement.
Il enchaîna Yenessä en générant une puissante boule de feu zébrée d’éclairs, et l’envoya sur la femme, enchaînant ensuite par une série de traits lumineux qui partirent depuis ses ailes, des plumes tranchantes lumineuses. Austin s’élança encore sur elle, continuant à l’affronter, s’entraînant par ce biais, sous le regard attentif des autres Anges de leur cercle.
Le Conseil des Anges avait décidé d’étudier le Necronomicon, mais en en confiant l’étude à quelques Anges triés sur le volet. L’influence néfaste du livre amenait les Archanges à traiter ce livre avec beaucoup d’hésitation. Parallèlement, la guerre se poursuivait, inlassablement, et Yenessä n’était pas encore retournée sur le champ de bataille. Pour ça, la Séraphine devait compléter son entraînement, qui consistait à vaincre Austin en duel.
Allait-elle réussir l’impossible lors de cette nouvelle session ? Austin ne la ménageait pas, multipliant les attaques physiques et magiques, l’oppressant continuellement... Mais, entre-temps, Yenessä avait indéniablement fait beaucoup de progrès.
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Le progrès était bien là le seul et unique objectif de Yenessä depuis ces derniers mois. Jour et nuit, l’entrainement était de rigueur. Jour et nuit la jeune femme s’entrainer, et se perfectionnait, améliorait sa force et ses pouvoirs. Elle devenait de plus en plus forte et pourtant, on ne la laissait pas retourner sur le champ de bataille. Pourquoi ? Yenessä n’avait jamais compris. La seule chose qui pouvait lui permettre de retourner se battre, était de réussir un défi, une épreuve qu’on lui avait imposé au fil de ses entrainements.
En effet, il était de ceux parmi les siens un homme particulièrement robuste et fort. Austin. Un entraineur excellent mais exigeant, et qui avait pris en charge l’entrainement de la Séraphine. L’épreuve ultime qui lui permettrait de revenir au combat était donc de battre cet homme. Les mois d’entrainements avaient été intenses, et avaient conduits jusqu’à ce moment fatidique. Jusqu’à cet instant sur cette planète morte où les deux Célestes s’affrontèrent. Si l’issue de ce combat était favorable à Yenessä, alors celle-ci pourrait revenir sur le champ de bataille. Sinon, elle n’y retournerait pas.
C’était pour toutes ces raisons qu’elle avait été particulièrement studieuse ces derniers mois. Pour se préparer à ce moment. Le combat faisait rage entre elle et Austin, avant que celui-ci n’enchaine une succession de coups qui l’envoyèrent au sol de cette planète rocheuse, lui faisant mot pour mot mordre la poussière. Elle poussa un rugissement de douleur, alors qu’elle observa son partenaire préparer de puissantes attaques magiques, avant de les déferler sur elle, alors à terre. La Séraphine eut très peu de temps pour réagir ; elle généra rapidement une barrière magique censée la protéger de cette déferlante. Mais Austin mettait tellement de puissance dans ses sorts, que la barrière – rapidement créée – ne dura guère longtemps. Elle suffit à peine à Yenessä pour qu’elle puisse s’envoler à nouveau, au milieu de cette pagaille.
Furtivement, elle fonça en l’air vers son adversaire et ne lui laissant que peu de temps, chargea un puissant coup de poing dans sa mâchoire. Un coup enchanté avec de la magie élémentaire, ce qui eut pour effet de générer un puissant arc électrique au moment du choc, renforçant ainsi la violence et puissance du coup de poing. Profitant de cela, Yenessä utilisa sa lance pour asséner un coup au ventre d’Austin, puis fit déferler sur lui une multitude d’arcs électriques ! Silencieuse, elle allait droit au but et ne se concentrait que sur le combat exclusivement ...
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Il avait fallu apprendre à Yenessä aussi bien l’art du combat que l’instruire à ses devoirs angéliques. Les Anges n’étaient pas des tyrans, mais des libérateurs, des éducateurs, des guides. Ils dispensaient avec eux leur savoir, éduquant les civilisations reculées et sauvages, les autochtones. Les rares sorties de Yenessä avaient lieu dans des mondes paisibles, précisément pour tempérer ses ardeurs guerrières, et éviter que l’Ange ne devienne une sorte de furie de guerre. Cependant, chaque jour, Yenessä voyait ses confrères tomber au combat. Les Tours de Lumière, qui permettaient la réincarnation des Anges en récupérant leur âme, tournaient à plein régime, et les blessés revenant du front étaient blessés, mutilés... Et, pire encore, certains étaient infectés par la malfaisance des Grands Tyrans. Des corps noirâtres aux pupilles sombres, avec une voix grave et des pustules sombres sur le corps. Plus le temps passait, et plus les Tyrans devenaient puissants, invincibles, tandis que les Archivistes et les Érudits continuaient à étudier le Necronomicon.
Austin formait donc Yenessä. L’Ange avait un statut particulier après sa dernière sortie en mission. Le Conseil allait devoir la relâcher tôt ou tard. Elle était la première Ange née guerrière, et d’autres se multipliaient, signe que le Royaume des Anges était en train de se radicaliser. Sur cette planète désertique, le brave Ange guerrier se reçut une série de coups rapides, précis, et magiques. Yenessä avait une affinité naturelle avec l’Éclair, et déclencha de ses doigts de véritables tempêtes électriques. Les éclairs tournoyèrent sur place, jaillissant depuis sa paume, et repoussèrent Austin, puis la femme bondit ensuite, et le frappa au torse. Un coup surpuissant, qui brisa son bouclier, et l’envoya traverser une montagne proche de part en part. Il ressortit de l’autre côté, et sentit Yenessä le suivre, contournant la montagne, et fondant sur lui. Austin se concentra alors, et généra un bouclier magique devant lui, contre lequel Yenessä se fracassa... Ce qui engendra une puissante détonation.
La violente onde de choc le cloua au sol, le faisant rebondir à terre, et il se redressa lentement.
« Eh bien, Yenessä... Je dois admettre que tu as beaucoup progressé. Magie, puissance, vitesse, analyse des mouvements... Je ne sais pas si je dois en être fier ou m’en inquiéter. »
Austin ferma les yeux, reprenant son souffle.
« Je crois qu’il est temps que le Conseil accepte de t’intégrer dans la Milice. J’y suis favorable, personnellement. »
L’Ange n’aimait pas spécialement l’idée de devoir se battre, mais il faisait partie de ces Anges réalistes. Le dialogue était impossible contre les Tyrans, qui, jour après jour, ravageaient des civilisations entières. Leur infestation se répandait à travers tout le cosmos et à travers tous les plans. Austin se reposait donc quand, brusquement, il sentit une présence angélique.
Levant la tête, il fronça les sourcils en voyant Lucifer apparaître, après avoir généré un Portail.
« Porteur de Lumière... Que nous vaut ta présence ?
- Paix à toi, Austin. Et à toi aussi, Yenessä. »
Lucifer les observa silencieusement.
« Nous avons enfin un début de piste.
- Les secrets du Necronomicon seraient-ils enfin percés ?
- Non, mais... Des Anges de patrouille ont entendu parler d’une sorte de cingrégation voyageant à travers les planètes, la Manni.
- Je n’ai jamais entendu parler d’eux.
- Nous savons sur quelle planète ils vont se rendre. Je mène une équipe pour y aller. Dans la planète qu’ils ont dû précipitamment quitter, nos camarades ont trouvé des journaux, des notes, des plans... Il y a des éléments très perturbants. Je souhaite les retrouver, et j’aimerais que Yenessä m’accompagne. »
-
Le combat faisait rage. Yenessä était dévouée à la cause et savait que cet affrontement était la clé pour qu’on la laisse repartir sur le champ de bataille. Elle avait beau être une Céleste, être une créature faite de bonté, rien ne retirait le fait qu’elle était née par et pour le combat. C’était dans la constitution même de sa personne ... Elle était la première Séraphine. Yenessä était la preuve que son peuple était en train de changer, de s’adapter pour faire face à une menace sans pareille dimension à travers l’Histoire. Par conséquent, jour après jour, elle découvrait toute la puissance dont elle était porteuse.
Ce jour-là ce fut Austin qui subit les puissants coups de Yenessä jusqu’au point où il finit projeté, à terre, rebondissant sur le sol à la suite d’un violent choc de son apprentie avec son bouclier. La femme le regarda puis posa lentement le pied au sol. Visiblement elle venait d’apporter la preuve ultime de l’accomplissement de son entrainement ; si Austin lui-même venait à dire qu’il était favorable à son intégration à la Milice, cela voulait réellement dire que c’était la vérité. Pour une fois, un mince sourire vint éclairer le visage de Yenessä – évènement aussi rare qu’une Lune de Sang. « Merci Austin. » Répondit-elle simplement, avec révérence.
Tout comme son semblable, elle sentit une présence angélique. Levant les yeux elle aperçut alors celui avec qui elle avait combattu contre Nyarlathotep. Elle laissa Austin prendre les choses en main et acquiesça respectueusement la présence du Porteur de la Lumière. Celui-ci expliqua alors qu’il était sur le point de mener une équipe pour retrouver un groupe de personnes, de créatures, se faisant appeler la Manni. Il avait manifesté son désir de se faire accompagner par Yenessä, ce qui fit naturellement plaisir à l’intéressée. « Je vous accompagnerai, Porteur de la Lumière. » Dit-elle alors d’une voix convaincue.
Elle était sur le point de retourner au combat, de retrouver son élément. Comment pouvait-elle être plus excitée ?
-
« La situation ne cesse de s’aggraver, Yenessä. Chaque jour, nous perdons des Anges, et, chaque jour, les forces de nos ennemis grandissent. »
En compagnie de Lucifer, Yenessä était revenue au Royaume des Cieux, dans les grandes cités célestes flottant dans les nuages et aux tours d’albâtre. Lucifer s’était posté dans l’une des salles d’observations, que Yenessä avait précédemment vue, là où les constellations stellaires apparaissaient, flottant dans cette grande salle. La situation ne cessait de s’aggraver, et des tâches sombres venaient remplir la carte du Multivers. L’infection des Tyrans se poursuivait d’un monde à l’autre, d’un univers à l’autre.
Le pire était que la corruption était telle qu’elle franchissait les murs des dimensions. Lucifer montra ainsi à Yenessä un monde qui avait sombré dans la guerre civile à l’annonce de l’émergence des Grands Tyrans.
« Je n’ai jamais vu une telle horreur, reconnut Lucifer. Nous sommes totalement dépassés par les évènements. Ce monde-ci n’a jamais croisé un Grand Tyran, mais l’un de ces monstres a influencé les esprits de prédicateurs, qui ont formé une secte. En quelques décennies, cette secte est devenue puissante, et a donné lieu à une guerre de religions meurtrière. »
Inversement, dans d’autres mondes, les Grands Tyrans envoyaient des spores meurtrières, agissant comme des cancers, des virus rongeant tout. Là encore, les images des oracles angéliques permettaient de voir des rues ravagées, souillées par la maladie. Des corps innombrables jonchaient les rues.
« Des épidémies de pestes se répandent partout. Les spores des Grands Tyrans abritent des bactéries meurtrières, qui se répandent. Les effets varient d’un monde à l’autre, mais le résultat final est toujours le même. Chaos, désolation, dévastation…
- Et encore, Lucifer, ce ne sont là que les conséquences visibles. »
La voix émanait de l’Archange Gabriel, l’un des plus puissants Anges du Royaume. Le décor évolua encore, et montra un autre plan, celui des morts.
« Les royaumes des morts sont totalement déséquilibrés. Il y a… Il y a beaucoup trop de morts. Ceux-ci refluent à la surface, et les Dieux ne savent que faire. Quant aux mondes entièrement détruits… Les Dieux qui devaient assurer la surveillance des morts ont eux-mêmes disparu. C’est un chaos généralisé qui menace l’intégrité même de la réalité. Ici et là, le tissu de la réalité s’est déchiré. »
Nouvelle image, montrant une planète en proie à des cyclones magiques. L’entraînement de Yenessä s’était terminé pour faire face à un constat terrifiant, celui d’un Multivers à l’agonie.
« Enfin… Nous avons interrompu ton entraînement, Ange Yenessä, afin que tu participes à l’expédition de Lucifer.
- Les Manni…
- Nous avons récemment porté secours à un monde peuplé de magiciens. Ils s’étaient retranchés dans leur tour, et c’est à cette occasion que nous avons entendu parler d’eux. »
Lucifer raconta les détails de cette périlleuse mission. C’est dans cette tour qu’ils avaient trouvé des informations sur le Necronomicon, ainsi que sur les grands Tyrans. Quantité de détails impressionnants et très détaillés sur eux.
« Ces détails venaient des Manni. L’un d’entre eux avait rencontré ces mages. Nous les pistons, depuis. J’ignore totalement à quoi nous attendre, mais nous savons que ce groupe va se rendre sur un monde où l’équilibre magique a été rompu. »
Ces mondes étaient extrêmement dangereux, même pour les Anges. Du fait des perturbations magiques, ils souffraient d’une grande instabilité. Des monstres redoutables, modifiés et améliorés par la magie, hantaient ces lieux, sans parler des tempêtes magiques, qui étaient terrifiantes, et redoutées également pour les Anges.
« Si tu te sens prête à y aller, Yenessä, nous pouvons partir sans plus attendre. Rien que nous deux. Les Portails vers ces mondes ne sont pas suffisamment stables pour permettre à plus d’Anges d’y aller. »
Ils n’auraient qu’à rejoindre pour cela l’une des plateformes d’envol que les Anges utilisaient pour décoller.