Le Grand Jeu
Plan de Terra => Ville-Etat de Nexus => Les bas fonds => Discussion démarrée par: Lucy le dimanche 02 février 2014, 15:16:52
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Fais suite au sujet We need you ! (http://hentai.forum-rpg.net/index.php?topic=13056.0)
Deux silhouettes marchent dans les bas-fonds de Nexus. Deux jeunes femmes, qui marchent d'un air assuré, nullement effrayées par l'aspect sordide du lieu. L'une d'entre elles, une certaine Amélie (http://i424.photobucket.com/albums/pp325/JoySakura/Neko/NekoGirl3.jpg), semblait être une Neko : elle avait des oreilles et une queue de chat. D'ailleurs, son pantalon était troué pour la laisser passer. Pour l'autre, on ne pouvait pas deviner sa nature exacte. Elle portait un petit bonnet vert, cachant une petite partie de sa longue chevelure rose, et surtout ses petites cornes. Les deux étaient vêtues d'un jean et d'un Tee-shirt noir. Elles ne voulaient pas trop se faire repérer. Malheureusement, elles laissaient trois cadavres derrière elles, des simples bandits ayant cru trouver deux jeunes donzelles innocentes et facile à piller. Ils étaient tombés sur plus fort qu'eux. D'un simple geste, les têtes des trois hommes étaient tombées. En même temps. Amélie n'avait même pas cillé. Elle s'était renforcée au cours du temps. Ce n'était pas la première fois qu'elles retournaient sur Nexus depuis leur départ, et pas la première fois qu'un combat semblait inévitable. Enfin, la majorité du temps, il s'agissait d'un massacre unilatéral. Au contact d'un magicien, Amélie avait créé un objet qui faisait office de réceptacle à magie. Cela lui permettait de lancer plusieurs sorts sans avoir à toucher un mage. Elle avait créé cet objet de manière à ce que l'énergie magique se recharge. Il lui fallait environ une journée pour qu'il se recharge entièrement, mais cela lui suffisait. Après tout, ce n'était pas une guerrière...
Elles arrivèrent toutes les deux à destination. L'endroit où elles voulaient atterrir. Cela faisait plus d'un mois qu'elles n'y étaient pas retourné. Le repaire de l'Ordre. Celui qui avait permis leur rencontre. Pendant ce laps de temps, Lucy s'était familiarisée avec sa liberté, la savourant comme personne d'autre. Elle avait aussi dissout petit à petit l'endoctrinement de la Neko, la transformant en femme capable de réagir par elle-même. Leur relation de maîtresse-élève avait aussi évolué pendant ce temps, et s'était rapprochée d'une relation entre meilleures amies. Elles étaient très souvent ensemble, et même si la diclonius prenait encore la majorité des décisions, Amélie ne se gênait plus pour partager son point de vue.
A ton avis, on toque à la porte ?
Tu te souviens du groupe de barbares qui étaient rentrés en défonçant littéralement la porte ? Imagine si tu la cassait toi aussi ?
Eh bien, à toi l'honneur.
Amélie s'avança, et donna trois coups puissants à la porte. Elle recula ensuite au niveau de la diclonius.
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C’était une journée comme une autre à Nexus. Il n’y avait rien de particulier à signaler. Il faisait beau, comme toujours après une averse, les grandes rues étaient noires de monde, les ruelles presque désertes, les voleurs et autres bandits ou trafiquants pullulaient… Bref ! Rien d’inhabituel en somme. Il s’agissait donc bien d’une journée ordinaire, une journée comme une autre.
Et il en allait de même pour l’Ordre de la Croix du Sud que pour tout le reste de la ville. Tout le monde était occupé, que ce soit à bosser ou simplement à boire un verre et discuter entre amis/collègues. Dans la salle commune du repaire, l’ambiance était à la fête. Qu’est-ce qu’on fêtait ? Le retour de Tal, le second, qui avait été absente pendant une semaine entière. Elle était revenue aujourd’hui et buvait en discutant joyeusement avec son seul supérieur hiérarchique, Raphaël Timson.
Dans un coin de la pièce, un Minotaure et un Terranide lion faisaient un bras de fer. Deux Espers blonds les observaient, encourageant chacun l’un des deux duellistes. C’était juste histoire de ne pas faire de jaloux, en réalité ils étaient tous les deux pour le même, comme toujours. Les jumeaux Nat étaient toujours d’accord l’un avec l’autre, sauf rares exceptions.
Trois personnes entendirent les coups à la porte. Et une seule des trois se leva pour aller ouvrir. Un seul, plus précisément. Erwan arriva à la porte, l’ouvrit et une expression étonnée se dessina sur son visage.
Oh, mais… Je vous connais, non ? Oh, ça me reviendra plus tard ! Bienvenue.
Il se décala pour laisser entrer les deux jeunes filles, mais voyant que personne ne les avait remarquées, il soupira.
Je déteste faire ça…
Il prit une grande inspiration. Et c’est un rugissement de lion qui franchit ses lèvres et fit taire tout le monde. Tous les regards se tournèrent vers l’entrée. Raphaël fut le premier à réagir :
Lucy ! Amélie ! Ça faisait longtemps, comment allez-vous ?
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Ce fut un jeune homme qui lui ouvrit la porte. Dès qu'elle s'ouvrit, les deux filles purent entendre un brouhaha derrière lui. Il devait y avoir de l'animation dans ce bar aujourd'hui ! Le visage de l'homme rappela vaguement quelque chose à la diclonius, alors qu'Amélie le reconnut immédiatement. C'était celui qu'elle avait soigné, et probablement qui lui avait sauvé la vie.
Oh, mais… Je vous connais, non ? Oh, ça me reviendra plus tard ! Bienvenue.
Ce fut Lucy qui répondit la première :
Merci.
Il s'effaça ensuite, les laissant passer. Comme elles l'imaginaient, elles virent plein de personnes attablées en train de discuter de choses et d'autres. Certains étaient même en train de boire comme pour une occasion. Elle remarqua Raphaël vers le bar, et vit plein de non-humains. Étant retournée plus d'une fois à Terra, elle s'était maintenant faite à toutes ces races plus étranges les unes que les autres, et même si certains pouvaient encore la surprendre, elle reprenait vite contenance.
Personne n'avait toutefois remarqué l'arrivée des deux filles. Ils continuaient tous ce qu'ils étaient en train de faire. Amélie glissa alors à Lucy :
Eh, c'est l'homme que j'ai sauvé ! Il se porte bien on dirait !
Hein ? Qui ça ? Lui ?
Oui, celui qui est à coté de nous !
Lucy se souvint alors de l'archer qui s'était pris un poignard en pleine poitrine. Elle l'avait cru mort, mais apparemment, Amélie avait réussi à le maintenir dans le royaume des vivants. D'ailleurs, le non-mort fit à leur attention, n'ayant certainement pas entendu leurs remarques :
Je déteste faire ça…
Les deux filles l'interrogèrent du regard, alors que celui-ci était en train de prendre une grande inspiration, avant de pousser un véritable rugissement de lion ! Les deux furent surprise, mais alors qu'Amélie se boucha immédiatement les oreilles, Lucy recula d'un bon pas, totalement prise au dépourvu. Si elle avait tenu une tasse de café, tout le liquide trônerait un peu partout autour d'elle tant elle avait été surprise. Apparemment, le rugissement avait atteint son but, car tout le monde était désormais silencieux et tous les regards étaient posés sur les nouvelles arrivantes, comme pour les observer, les jauger. Raphaël, que Lucy avait reconnu plus tôt, lui souhaita la bienvenue à sa manière :
Lucy ! Amélie ! Ça faisait longtemps, comment allez-vous ?
Lucy était ravie de revenir, mais elle répondit avec un sourire mi-figue, mi-raisin :
Mieux que la dernière fois, en tout...
Elle s'arrêta après s'être pris un coup de coude de la part de la Neko qui, l'air plus enjoué, l'interrompit :
Fais pas ton caractère de chien... On va très bien, merci !
Lucy marmonna un Rooh, si on peut même plus s'amuser maintenant... puis prit un sourire plus engageant avant de se remettre à parler :
Dites, y'a de l'animation ici !
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Le petit échange entre les deux arrivantes n’avaient pas échappé à Erwan. Mais, trop timide, il n’avait rien dit et s’il n’avait pas déjà eu les joues rouges à cause de la chaleur la gêne les aurait fait rougir. Il s’était plutôt concentré sur l’impolitesse générale.
Son rugissement provoqua un sursaut de surprise chez toutes les personnes présentes, même son frère qui avait pourtant l’habitude des imitations imprévues. Bon, il faut dire que cette fois Erwan y était allé un peu fort, voulant être sûr de se faire entendre. C’est donc la curiosité qui avait fait se retourner tout le monde.
Quand Raphaël « prit des nouvelles » des deux jeunes femmes, Lucy lui lança une réplique assez ambigüe :
Mieux que la dernière fois, en tout...
Elle fut interrompue par Amélie, plus positive. Raphaël nota qu’elle était beaucoup plus sûre d’elle.
Rooh, si on peut même plus s'amuser maintenant...
Elle sourit et ajouta :
Dites, y a de l'animation ici !
Faut bien que ça arrive de temps en temps, sinon y aurait de quoi s’inquiéter. Entrez, joignez-vous à nous puisque vous êtes là.
Il monta sur une chaise et s’éclaircit la gorge, levant bien haut son verre à moitié vide.
Messieurs, mesdames, mesdemoiselles, les asexués, les hermaphrodites… Je vous présente Lucy et Amélie, deux personnes charmantes. Et au passage, c’est grâce à Amélie qu’Erwan n’est pas mort une deuxième fois. Et donc, merci Amélie !
Tout le monde leva son verre avec un « merci Amélie » général. Puis Raphaël redescendit de sa chaise, posa son propre verre et alla rejoindre les deux arrivantes.
Content de vous revoir, les filles. Au cas où vous vous poseriez la question je ne suis pas ivre, j’ai simplement dit ce que je pensais. Vous voulez boire quelque chose ? Sinon, n’hésitez pas à parler avec les gens, les mauvais caractères ne sont pas là aujourd’hui.
Erwan, pendant ce temps, s’était éclipsé pour retourner à la place qu’il avait quittée.
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La réponse fusa :
Faut bien que ça arrive de temps en temps, sinon y aurait de quoi s’inquiéter. Entrez, joignez-vous à nous puisque vous êtes là.
Il chercha à se mettre en hauteur en montant sur une chaise. Lucy nota avec amusement que, avec ce trépied improvisé, il était à peine aussi grand que le minotaure. Il leva un verre et se mit à faire un petit discours :
Messieurs, mesdames, mesdemoiselles, les asexués, les hermaphrodites… Je vous présente Lucy et Amélie, deux personnes charmantes. Et au passage, c’est grâce à Amélie qu’Erwan n’est pas mort une deuxième fois. Et donc, merci Amélie !
Lucy fut amusée par la première partie de la phrase. Si les trois premiers termes étaient connus, les deux derniers n'étaient quasiment jamais utilisés, et pour cause! elle n'avait encore jamais vu un hermaphrodite ou un asexué. Elle prit cependant un visage plus grave et plus interrogateur lorsqu'elle entendit "mort pour une deuxième fois". Que cela signifiait-il ? Il était déjà mort une fois ? Comment ça ? Et surtout pourquoi il était vivant, s'il avait été tué ? Décidément, ce monde recelait encore plein de surprises...
Amélie fut gênée d'attirer autant l'attention, et ses joues avaient pris une teinte un peu rouge, surtout quand tout les autres avaient aussi levé leurs verres et avaient lancé un Merci Amélie ! général. Son regard s'était porté vers Erwan qui était en train de retourner s'asseoir.
Raphaël descendit de sa chaise et se porta à la rencontre des deux arrivantes.
Content de vous revoir, les filles. Au cas où vous vous poseriez la question je ne suis pas ivre, j’ai simplement dit ce que je pensais. Vous voulez boire quelque chose ? Sinon, n’hésitez pas à parler avec les gens, les mauvais caractères ne sont pas là aujourd’hui.
Amélie toussota en mimant un étouffement. La diclonius comprit immédiatement l'allusion à peine cachée de son amie et lui donna un coup de coude en lui jetant un regard dédaigneux :
Quoi ?...
Ce qui eut pour effet que la Neko éclate de rire. Ce fut donc Lucy qui lui répondit :
Je veux bien une bière, merci. Dis, continua-t-elle à l'attention d'Amélie, quant t'auras fini de rire, tu demanderas ta limonade !
L'intéressée se calma un peu et hocha la tête.
Un peu plus sérieusement... On a reconsidéré ton... "offre d'embauche". Même si je suis un peu sceptique sur l'aide que je peux apporter, je veux bien essayer.
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Amélie avait rougi. Quoi de plus normal quand on sort d’un passé comme le sien et que d’un coup on est le centre d’attention ? Mais elle s’était rapidement ressaisie, aidée par le fait que la plupart des regards s’étaient détournés très vite.
Les paroles de Raphaël laissaient Amélie dubitative. Doutait-elle de sa lucidité ? Ou bien autre chose qu’il n’avait pas compris ? Peu lui importait en fait. Elle pouvait bien penser ce qu’elle voulait, au moment où il voudrait des explications il les obtiendrait.
La neko partit ensuite d’un fou rire lumineux. [HRP : Non, ça ne veut rien dire. Mais j’ai pas trouvé mieux.]
Je veux bien une bière, merci.
Elle se tourna vers sa camarade.
Dis, quand t'auras fini de rire, tu demanderas ta limonade !
Ce qui eut pour effet de la calmer. Raphaël tourna la tête vers le comptoir, où Tal lui fit signe qu’elle s’en occupait. Il reporta donc son attention sur les deux jeunes femmes, surtout que la diclonius recommençait à parler :
Un peu plus sérieusement... On a reconsidéré ton…"offre d'embauche". Même si je suis un peu sceptique sur l'aide que je peux apporter, je veux bien essayer.
Je me doutais un peu que c’était pour parler de ça que tu étais revenue. On en parlera tout à l’heure si tu veux bien, quand ce sera un peu plus calme.
Il désigna d’un geste vague l’ensemble des personnes présentes, qui de fait faisaient beaucoup de bruit et d’agitation.
En attendant, amusez-vous avec les autres. Ou alors restez dans votre coin, c’est vous qui décidez, ajouta-t-il avec un clin d’œil.
Un hurlement de victoire tonitruant retentit juste après la fin de sa phrase. Il se retourna d’un coup, surpris. C’était la partie de bras de fer qui venait de s’achever sur la victoire du Minotaure.
Eh, Nos ! Tu pourrais éviter de nous casser les oreilles, s’il te plaît ? Y a déjà suffisamment de bruit dans cette pièce, alors fais-toi discret !
Thalia posa les deux verres qu’elle tenait sur la seule et unique table vide. Elle foudroyait le mastodonte du regard.
C’est bon, tu ne vas quand même pas lui demander d’aller à l’encontre de sa nature !
Tu t’es fait laminer et t’es de mauvaise humeur, c’est ça ?
Les jumeaux se baissèrent dans une synchronisation parfaite pour éviter le plateau qui volait vers eux. Sentant la bagarre se profiler, Raphaël siffla le plus fort possible. En d’autres termes, il perça les tympans de tout le monde.
Et maintenant, tout le monde se calme. Nat, ne provoquez pas Thalia vous savez que ça n’apporte que des ennuis. Thalia, un jour peut-être tu apprendras à être tolérante, en attendant tu es priée de ne pas trop extérioriser. Et mes excuses à tous ceux que j’ai rendus sourds.
Il pointa la table à côté de laquelle était Tal.
Vos verres sont là-bas, les filles.
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Je me doutais un peu que c’était pour parler de ça que tu étais revenue. On en parlera tout à l’heure si tu veux bien, quand ce sera un peu plus calme.
Effectivement, le brouhaha ambiant empêchait une bonne compréhension, et surtout il empêchait la diclonius de s'entendre penser. L'ambiance était plus à la fête qu'autre chose, et les deux jeunes femmes l'avaient senti. Après tout, elles avaient le temps...
En attendant, amusez-vous avec les autres. Ou alors restez dans votre coin, c’est vous qui décidez.
C'est quoi cette allusion ? répondit du tac-au-tac Lucy, alors qu'Amélie se remit à rire. L'espèce de rugissement ne l'avait pas empêchée de parler. A vrai dire, elle ne l'avait même pas noté, pensant que cela était normal. Le hurlement d'une jeune femme, cependant, semblait sortir de l'ordinaire. Elle apostrophait littéralement le minotaure. Deux têtes connues se mirent alors à le défendre. Elles reconnurent les jumeaux Nathalie et Nathan, les deux ESPers qui avait amené Lucy la première fois et qui avait guidé les deux filles jusqu'à cet endroit. Amélie vit un plateau partir des bras de la femme qui avait gueulé, fusant droit vers les deux blonds qui se baissèrent pour éviter une colombe. Une colombe ? Lucy avait utilisé un peu de la magie contenue dans son pendentif (http://i2.cdscdn.com/pdt2/t/d/g/1/700x700/pk12883tdg/rw/le-diamantaire-chaine-et-pendentif-femme.jpg) pour transformer le plateau en animal inoffensif.
Raphaël intervint alors, sifflant d'un bruit qui perça les tympans des deux nouvelles arrivantes. Pendant que l'une rabaissait de ses mains le plus vite possible ses oreilles de chats, l'autre s'était bouché les siennes avec ses vecteurs.
Et maintenant, tout le monde se calme. Nat, ne provoquez pas Thalia vous savez que ça n’apporte que des ennuis. Thalia, un jour peut-être tu apprendras à être tolérante, en attendant tu es priée de ne pas trop extérioriser. Et mes excuses à tous ceux que j’ai rendus sourds.
Mais-oui-bien-sûr... lâcha Lucy d'un ton neutre, irritée par la perte momentanée de son audition.
Vos verres sont là-bas, les filles.
Je pense que je vais sortir m'acheter des bouchons pour oreilles et revenir après... J'ai déjà perdu au moins deux points d'audition à chaque oreille rien qu'aujourd'hui, entre toi et l'autre là...
Amélie, quant à elle, était littéralement tombée par terre. Ses oreilles, bien plus fragiles que celles des humains, ont été touchées un peu plus que celles des autres. Elle était assise, ses mains rabattant ses oreilles sur ses tempes. Lucy la regarda, inquiète. Elle se baissa à son niveau, en face d'elle, et lui dit :
Tu vas bien ?
Amélie hocha doucement la tête. La douleur commençait à se dissiper. La diclonius l'incita à se relever et elles se dirigèrent vers le bar où deux verres l'attendaient. Amélie interrogea le barman :
Dîtes, c'est toujours comme ça ici ?
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La petite pique de Raphaël avait eu l’effet voulu. L’engueulade était aussi normale. L’imprévu, c’était le coup de la colombe. Nathan, voyant l’oiseau passer au-dessus de sa tête, jura qu’il n’y était pour rien. Mais de toute façon, ça ne changeait rien au fait qu’il avait esquivé.
Le sifflement, lui, avait été très mal perçu des deux jeunes femmes. Assez logique en ce qui concerne la neko, mais Raphaël, obligé de conserver toute sa crédibilité auprès de ses « troupes », n’eut pas le loisir de s’excuser plus amplement et fut contraint de parler sur un ton neutre et monocorde alors qu’il aurait voulu s’excuser platement auprès d’Amélie.
Je pense que je vais sortir m'acheter des bouchons pour oreilles et revenir après... J'ai déjà perdu au moins deux points d'audition à chaque oreille rien qu'aujourd'hui, entre toi et l'autre là...
L’autre là, il s’appelle Erwan. Et c’est mon frère, nous avons appris à avoir les mêmes réactions.
Sur ces paroles, il retourna voir Thalia et lui dit encore ce qu’il pensait de son comportement, mais cette fois à voix suffisamment basse pour que personne ne l’entende. On pouvait quand même voir les éclairs dans ses yeux. Tout le monde était retourné, encore une fois, à ses occupations.
Quand Lucy et Amélie arrivèrent au niveau du comptoir, plus personne ne pensait à l’incidente, sauf ceux qui avait une ouïe surhumaine.
Dites, c'est toujours comme ça ici ?
Non, pas toujours. De plus en plus souvent depuis que Thalia est là, parce qu’avec son caractère de chien…
Le tenancier regarda Amélie avec une certaine inquiétude.
Ça va aller mademoiselle ? Faut pas vous fier aux apparences, notre Raphaël a parfois l’air de ne pas avoir de cœur mais en vrai c’est un type bien. Des comme lui, il en faudrait plus de par ce fichu monde. Et s’il n’y avait pas toutes ces grosses brutes, je suis sûr qu’il se serait excusé mieux que ça.
Il pointa du doigt la grande blonde à la voix forte.
C’est Thalia, dont il faut avoir peur. Bon, vous ça va parce que vous êtes des femmes, mais avec les hommes elle est invivable. Personne sait pourquoi. Y a que le jeune Erwan qui la connaît bien, et vu qu’il lui fait confiance Raphaël aussi.
Il se détourna des deux jeunes femmes pour répondre à la demande de quelqu’un d’autre.
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Non, pas toujours. De plus en plus souvent depuis que Thalia est là, parce qu’avec son caractère de chien…
Un caractère de chien ? Lucy l'avait bien vu, tout comme Amélie. Mais en quoi cela influait-il sur l'ambiance du groupe, mystère.
Ça va aller mademoiselle ? fit-il à l'attention d'Amélie. Faut pas vous fier aux apparences, notre Raphaël a parfois l’air de ne pas avoir de cœur mais en vrai c’est un type bien. Des comme lui, il en faudrait plus de par ce fichu monde. Et s’il n’y avait pas toutes ces grosses brutes, je suis sûr qu’il se serait excusé mieux que ça.
Il montra la fameuse Thalia, qui était certainement en train de se faire remonter les bretelles par Raphaël.
C’est Thalia, dont il faut avoir peur. Bon, vous ça va parce que vous êtes des femmes, mais avec les hommes elle est invivable. Personne sait pourquoi. Y a que le jeune Erwan qui la connaît bien, et vu qu’il lui fait confiance Raphaël aussi.
Il partit ensuite, allant certainement servir quelqu'un d'autre. Amélie n'avait même pas eu le temps de répondre à sa question, et se retrouvait comme une conne devant son verre, prête à répondre à la question qu'il lui avait posée. Pour la peine, elle prit son verre et but une gorgée de limonade. Lucy, quant à elle, avait déjà vidé son propre verre à moitié et posa bruyamment son verre tout en laissant échapper un petit bruit. Amélie la regarda et lui dit :
N'oublie pas comment ça s'est passé la dernière fois...
Elle lui répondit un peu brutalement :
Je sais, merci. Et puis, c'est pas avec leurs trucs contre la magie qu'ils m'arrêteront !
Je préfère te prévenir...
Amélie reprit quelques gorgées de limonade pendant que Lucy se levait, sa chope toujours à la main.
Où tu vas ?
Je vais dire bonjour aux deux jumeaux. Juste pour les embêter, ça me changera les idées. Tu viens ?
Non merci, je vais plutôt aller voir cette Thalia. Vu sa carrure et comment le barman en avait peur, je mettrais ma main à couper qu'il s'agisse d'une magicienne assez puissante.
Okay !
Pas contrariante, elle se dirigea vers la table où se trouvait encore les jumeaux et le minotaure. Arrivant de dos, les jumeaux ne purent la voir. En guise de salutation, elle posa un vecteur sur l'épaule des deux ESPers et se mit entre eux.
Salut les jeunes ! Alors, quoi de neuf depuis la dernière fois ?
Elle abordait un grand sourire.
Quant à Amélie, elle laissa couler quelques secondes, soupirant après son amie, puis se décida à se lever et se dirigea vers la table où se trouvait Raphaël et Thalia. Polie, elle attendit la fin de leur discussion, tout en les écoutant d'une oreille distraite.
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Quand elle arriva à proximité de Raphaël et Thalia, tout ce qu’Amélie entendit furent des murmures exaspérés. Chacun des deux avait envie de frapper l’autre, mais aussi trop peur de l’autre pour passer à l’acte.
Ils sont vraiment comme chien et chat, ces deux-là, fit quelqu’un derrière la neko. Deux meneurs au caractère fort. J’me demande c’que Tal a bien pu faire de sa vie avant de rejoindre l’Ordre.
Va lui demander et tu finiras comme la bande du lion noir, tu le sais bien, chuchota son voisin. Fais comme tout le monde, imagine-toi qu’elle a toujours été là.
Au même moment, Raphaël poussa un énième soupir et s’en alla, s’asseyant à une autre table, à côté d’une elfe et d’un humain.
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Les jumeaux eurent un sursaut de surprise en sentant les vecteurs de Lucy sur leurs épaules alors qu’ils ne voyaient rien.
Salut les jeunes ! Alors, quoi de neuf depuis la dernière fois ?
Bah comme d’hab’, rien de huit !
La réplique avait fusé. Les jumeaux se tapèrent dans la main.
Et toi, comment ça va ?
Le Minotaure, voyant que ses interlocuteurs étaient occupés ailleurs, se leva (dans un grand bruit, ça va de soi) et partit asticoter le Terranide lion qu’il avait battu au bras de fer.
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Amélie n'entendit pas la discussion entre Raphaël et Thalia, mais elle entendit diverses répliques autour d'elles, notamment le fait que ceux qui la dérangeaient terminaient certainement en petits tas de cendres. Enfin, cendres, glaçons, rien du tout... Cela se valait certainement. Elle prit la peine de la sonder, et découvrit une certaine magie résiduelle en elle, sans réussir vraiment à déterminer de quoi il s'agissait. Elle en saurait certainement plus en lui serrant la main. Si elle réussissait à contenir le flux de magie, bien évidemment...
Quand Raphaël quitta la table, elle attendit deux secondes avant de se diriger vers elle. Elle était seule à une table avec une boisson devant elle. Certainement une bière. Elle tira la chaise devant elle et lui demanda :
Je peux... ?
Sans attendre la réponse, elle s'assit puis entama la discussion :
Dites, vous payez pas de mine, mais vous faites peur à pas mal de gens ici. Vous êtes magicienne, j'ai raison ?
Elle avait dit cela sans méchanceté, juste par pure curiosité. Un petit détail auquel elle n'avait pas pensé était que son amulette était bien visible, et que s’émanait d'elle une assez forte quantité magique, bien qu'aucune magie ne parcourait le corps de la Neko.
La réponse arriva bien vite de la bouche du blondinet :
Bah comme d’hab’, rien de huit ! avant de faire un "high five" avec sa jumelle. Jumelle qui répondit d'ailleurs :
Et toi, comment ça va ?
Le Minotaure se leva avec fracas et sortit de la discussion. Il s'agissait d'une assez imposante masse de muscles, pas très efficace pour le combat mais très utile pour décourager d'éventuels assaillants un peu peureux. Lucy répondit :
Moi ? Oh, vous savez, la routine ! Un peu de lycée... Bon, pas beaucoup, vu que j'ai eu pas mal de boulot avec Amélie. D'ailleurs, je pense qu'elle est prête pour vivre seul depuis quelques jours, mais que quelque chose la retiens. Bah, je verrai ça avec elle en privé !
Elle les regarda tour à tour :
J'espère que vous avez pas fait trop de bêtises quand j'étais pas là !... fit-elle avec un brin d'humour, juste pour voir s'ils allaient réagir.
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Thalia regarda la neko d’un œil critique. Elle venait de se faire réprimander, ça l’avait mise en rogne. Plus que d’habitude, je devrais dire. Elle était donc devenue particulièrement irritable.
Elle hocha silencieusement la tête quand Amélie voulut s’assoir. Elle se contenta de boire une gorgée de sa boisson. Qu’est-ce que c’était ? Un mélange de tout et n’importe quoi, le tout très alcoolisé.
Dites, vous payez pas de mine, mais vous faites peur à pas mal de gens ici. Vous êtes magicienne, j'ai raison ?
Je paye pas de mine, hein ? Tu ne manques pas d’air, petite. Remarque, tu as sûrement raison. Trop jeune. C’est pas faute d’avoir vieilli, pourtant !
Elle but une nouvelle gorgée.
Mais je ne suis pas magicienne. Pas vraiment. Je suis une Esper, comme pas mal de gens ici. Et toi ? Tu es magicienne ? Et ce collier autour de ton cou, c’est un artefact magique ?
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Moi ? Oh, vous savez, la routine ! Un peu de lycée... Bon, pas beaucoup, vu que j'ai eu pas mal de boulot avec Amélie. D'ailleurs, je pense qu'elle est prête pour vivre seule depuis quelques jours, mais que quelque chose la retient. Bah, je verrai ça avec elle en privé !
Ouais, nous on veut pas savoir, c’est votre vie.
Ça regarde que vous. Nous, on n’est qu’une paire de parasites.
La diclonius les regarda à tour de rôle et leur lança une pique à laquelle ils se firent un devoir de répondre :
Trop de bêtises ? Toujours !
Ils éclatèrent de rire.
Plus sérieusement, ben évidemment, qu’on a fait des bêtises ! Mais on a quand même été plutôt sages.
Plus que certains jours en tout cas. Demande à Erwan, c’est lui qui a été chargé de nous surveiller après le jour où on a cassé la figure à quinze personnes d’un coup.
Le pauvre, c’est toujours lui qui hérite des sales corvées… On dirait presque qu’il aime ça.
Il haussa les épaules.
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Je paye pas de mine, hein ? Tu ne manques pas d’air, petite. Remarque, tu as sûrement raison. Trop jeune. C’est pas faute d’avoir vieilli, pourtant !
Amélie haussa un sourcil. Quel age pouvait donc avoir cette femme ? Une vingtaine d'années, selon son corps. Mais elle disait qu'elle avait vieilli plus qu'on ne pourrait le croire... Serai-ce l'origine de la magie résiduelle qu'Amélie ressentait autour d'elle ? Ou alors s'agissait-il d'autre chose encore ? Elle prit une gorgée de sa boisson avant de continuer :
Mais je ne suis pas magicienne. Pas vraiment. Je suis une Esper, comme pas mal de gens ici. Et toi ? Tu es magicienne ? Et ce collier autour de ton cou, c’est un artefact magique ?
Amélie ne connaissait pas la différence entre magicien et ESPer. Avant qu'elle ne croise Lucy, elle n'avait entendu que le mot ESPer, mais Lucy les appelait des magiciens. Elle avait donc toujours cru que magicien et ESPer était la même chose. Elle trouvait ici le moyen de s'instruire.
Je connais pas la différence entre magicien et ESPer...
Elle prit son pendentif entre ses mains, l'observant attentivement. Chacun des reflets comportait une dose plus ou moins importante de magie. Ils étaient tous bleus, signe qu'il était chargé à fond. Lorsqu'il était déchargé, ses reflets devenaient blancs.
Avant, je pouvais faire de la magie, comme vous. En fait, mon pouvoir me permet d'imiter des sorts que j'ai déjà vu. Un jour...
Elle lâcha le pendentif qui retourna autour de son cou et fixa la femme des yeux.
...j'ai voulu utiliser un sort pour m'enfuir. Malheureusement, je n'avais pas assez de magie pour ce faire, ou alors j'ai mal étudié ce sort. Il a aspiré ma magie. Depuis, je suis obligée d'utiliser une autre source de magie pour pouvoir utiliser mes sorts.
Elle enleva le collier de son cou et le posa délicatement sur la table.
Avec le pouvoir de Nathan et ma capacité à rediriger les flux magiques, que j'ai évidemment prise à un de mes anciens maîtres, j'ai réussi à créer cet objet qui est à la fois un réceptacle magique, mais qui peut aussi la régénérer. J'y ai mis plusieurs heures, mais le résultat dépasse de loin mes espérances.
Elle lui sourit.
Une paire de parasites ? Hein ? Ils avaient décidément une assez basse estime d'eux-mêmes. A moins qu'ils aient voulu faire de l'humour...
Trop de bêtises ? Toujours !
Les jumeaux éclatèrent de rire devant leur blague, ce qui fit sourire Lucy. Elle apprit ensuite de leur bouche qu'Erwan était celui qui avait du s'occuper de les surveiller durant un temps. Elle se remémora le jeune homme qu'elle avait vu. Elle le voyait mal en nounou pour ces deux tornades.
Le pauvre, c’est toujours lui qui hérite des sales corvées… On dirait presque qu’il aime ça.
Elle haussa les sourcils, dubitative.
Ben pourquoi il reste ici si il ne fait que ce genre de trucs ? Pourquoi il ne part pas ? Il y a un truc que je pige pas là...
Elle réfléchit pendant une seconde, avant d'ajouter :
En plus, ce n'est pas le frère de Raphaël, celui qui s'occupe de l'organisation ? Pourquoi il ne l'assigne pas à d'autres tâches ? C'est totalement idiot !...
-
Je connais pas la différence entre magicien et ESPer...
Les Espers sont, en gros, des gens qui ont un seul et unique pouvoir magique. Ce qui n’est pas le cas des magiciens.
La neko expliqua l’utilité de son collier, racontant pour cela une mésaventure magique dont elle avait été victime. Thalia n’en montrait rien, mais elle compatissait.
Avec le pouvoir de Nathan et ma capacité à rediriger les flux magiques, que j'ai évidemment prise à un de mes anciens maîtres, j'ai réussi à créer cet objet qui est à la fois un réceptacle magique, mais qui peut aussi la régénérer. J'y ai mis plusieurs heures, mais le résultat dépasse de loin mes espérances.
Et ça se voit. Donc, si j’ai bien suivi, tu fais du mimétisme comportemental, mais sur le plan magique. Un pouvoir bien utile. Et tu serais…une Esper puisque tu n’as qu’un pouvoir à la base, mais en même temps tu t’es approprié d’autres pouvoirs alors tu es en quelque sorte une magicienne… Rhaa, j’en ai marre !
Elle mit sa tête dans sa main, réfléchissant intensément à ce problème insoluble.
Pourquoi je tombe toujours sur des situations compliquées ?
Elle eut un ricanement nerveux, puis se rejeta en arrière avec un soupir.
Bah ! Tu es une Esper magicienne, voilà ! J’ai pas envie de me casser la tête des heures là-dessus, ça servirait à rien.
Elle fit un grand sourire à la neko.
En tout cas, bravo pour la fabrication de ce bidule, c’est vraiment très fort. C’est quoi ton nom ?
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Lucy avait un peu de mal à comprendre l’attitude décrite par les jumeaux.
Ben pourquoi il reste ici s’il ne fait que ce genre de trucs ? Pourquoi il ne part pas ? Il y a un truc que je pige pas là...
Partir ? Ah non, ça il le fera jamais.
En plus, ce n'est pas le frère de Raphaël, celui qui s'occupe de l'organisation ? Pourquoi il ne l'assigne pas à d'autres tâches ? C'est totalement idiot !...
Nathan ne dit rien parce qu’il était parfaitement d’accord avec Lucy. Mais Nathalie, elle, avait réussi à aller un peu plus loin dans la réflexion :
Déjà, il ne part pas parce qu’il ne veut pas laisser tomber l’Ordre, et encore moins laisser tomber son frère. Ensuite, Raphaël a bien essayé de lui confier des boulots moins ingrats, mais il s’est vite rendu compte qu’Erwan est beaucoup plus doué pour les trucs qu’on ne remarque presque pas.
C’est pour ça qu’il est espion, d’ailleurs. Il est toujours en train de surveiller quelqu’un. Personne ne le voit jamais, il est comme invisible.
-
Elle lui expliqua brièvement la différence entre ESPer et magicien. Pour Amélie, ce genre de différence n'était pas vraiment une frontière. Après tout, quelqu'un pouvant utiliser une capacité magique pouvait, selon elle, développer son pouvoir pour pouvoir utiliser plusieurs capacités magiques. Il s'agissait juste d'une histoire d'entraînement et d'envie. Elle ne se casserait donc pas la tête à faire ce genre de différence. A son explication, Thalia resta de marbre puis lui dit :
Donc, si j’ai bien suivi, tu fais du mimétisme comportemental, mais sur le plan magique. Un pouvoir bien utile. Et tu serais…une Esper puisque tu n’as qu’un pouvoir à la base, mais en même temps tu t’es approprié d’autres pouvoirs alors tu es en quelque sorte une magicienne… Rhaa, j’en ai marre !
Le sourire de la Neko s'élargit. Apparemment, pour la jeune... non, pas jeune.... pour la femme en face d'elle, il s'agissait d'une question importante. ESPer ou magicienne ? Telle était la question. Après un petit moment de réflexion, elle lança dans un soupir :
Bah ! Tu es une Esper magicienne, voilà ! J’ai pas envie de me casser la tête des heures là-dessus, ça servirait à rien.
Amélie rit doucement. Oui, c'était probablement la meilleure chose à faire. Et puis, ce n'était pas vraiment important après tout. Elle maîtrisait un peu la magie, voilà ce qui comptait. Thalia lui sourit et continua :
En tout cas, bravo pour la fabrication de ce bidule, c’est vraiment très fort. C’est quoi ton nom ?
Je m'appelle Amélie, enchantée.
Elle lui tendit la main pour la serrer, comme elle avait apprit à le faire au contact de Lucy. Seulement, au moment où elle frôla la peau de son interlocutrice, elle sentit un énorme flux magique en elle, comme si tout son être en était imprégné. La dernière fois qu'elle avait eu ce sentiment était avec Raphaël, bien que cela soit fondamentalement différent. Si Raphaël dépendait de ce flux magique, il semblait que celui de Thalia était une modification. Mais les deux flux étaient d'une puissance telle qu'elle ne pouvait pas rester au contact de ces personnes. Sinon, elle sentait que l'énergie magique allait submerger son corps pour l'inonder et le réduire en bouillie. Elle retira brutalement et précipitamment sa main et fixa la femme en face d'elle, ses yeux bruns fixés dans les siens, l'air à moitié effrayée, à moitié intriguée.
Vous... Vous êtes comme lui ?...
Ce n'était qu'à moitié une question.
Ce fut Nathalie qui répondit à ses interrogations :
Déjà, il ne part pas parce qu’il ne veut pas laisser tomber l’Ordre, et encore moins laisser tomber son frère. Ensuite, Raphaël a bien essayé de lui confier des boulots moins ingrats, mais il s’est vite rendu compte qu’Erwan est beaucoup plus doué pour les trucs qu’on ne remarque presque pas.
Nathan renchérit :
C’est pour ça qu’il est espion, d’ailleurs. Il est toujours en train de surveiller quelqu’un. Personne ne le voit jamais, il est comme invisible.
Espion... Oui, cela lui allait plutôt bien. Mais...
Cela ne lui a pas empêché de prendre un poignard juste à coté du coeur... fit-elle, sarcastique. Comme quoi, il est pas si invisible que ça... Bref !
Elle ne voulait pas s'éterniser sur le sujet.
Vous savez si... Comment elle s'appelle déjà ? Double-Lune est ici ?
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Amélie souriait.
"C’est ça, ris, petite… Ris tant que tu le peux."
Elle enviait cette jeunette qui pouvait encore profiter de la vie même après un accident magique. Elle-même avait vu sa vie complètement détruite le jour où elle avait rajeuni.
La poignée de mains ne dura qu’une demi-seconde. La neko se recula d’un coup, à la fois intriguée et terrifiée. L’Esper haussa un sourcil, un peu vexée.
Dis donc, je n’ai pas la peste tu sais…
Vous... Vous êtes comme lui ?...
Thalia ne comprenait pas où elle voulait en venir.
Comme qui ? De quoi tu parles ?
Elle ne s’énervait pas, elle venait de le promettre à Raphaël, mais une telle promesse pouvait bien vite être rompue…
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Cela ne l’a pas empêché de prendre un poignard juste à côté du cœur... Comme quoi, il est pas si invisible que ça...
Les jumeaux acquiescèrent. Évidemment, si on prenait les choses sous cet angle, Erwan était bien visible, mais uniquement parce qu’il le voulait.
Lucy demanda si Double-Lune était dans le coin. Cette fois, ils secouèrent la tête.
Non, elle ne viendra pas aujourd’hui.
Pourquoi, tu voulais la voir ? Parce que si c’est oui tu vas devoir attendre.
Un truc du genre deux semaines, la dernière fois elle a quasiment claqué la porte au nez de tout le monde parce qu’elle s’était disputée avec…quelqu’un.
Elle ne voulait pas dénoncer, parce que pendant la période qui s’était écoulée les deux Tekhans avaient appris que parler de démons avec Lucy n’était pas l’idée de l’année.
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Elle semblait... Contrariée. Qui ne l'aurait pas été ? On vous propose une poignée de main, et à peine elle commence que la personne qui vous l'a proposée se retire immédiatement. Mais le choc avait été trop grand pour qu'elle ne réagisse pas. Tout comme le danger. Elle savait parfaitement ce qu'il pourrait se passer si le contact s'éternisait. On lui avait expliqué la première fois. Et cela l'avait terrifiée. Depuis, elle fuyait comme la peste ce genre de personnes.
Un jour, un de ses maîtres avait été une de ces personnes. Lorsqu'il avait voulu la baiser sans ménagement, elle avait senti la force magique de l'homme quitter son corps pour se réfugier dans celui de la Neko. Elle avait bien failli mourir ce jour-ci. Heureusement, elle avait eu la bonne idée de transférer cette magie à un autre endroit, soit sur le lit où elle était. Elle avait senti les caresses de l'homme s'atténuer petit à petit, jusqu'à ce qu'il s'effondre. Deux secondes plus tard, le lit, ne pouvant accueillir plus longtemps tant de magie, avait explosé littéralement et Amélie s'était retrouvée projetée trois mètres plus loin. Son maître étant mort, elle avait pu alors s'enfuir.
De retour au présent, la Neko regarda l'ESPer toujours de ses mêmes yeux.
Comme qui ? De quoi tu parles ?
Elle haleta comme pour reprendre sa respiration.
Comme Raphaël...
Amélie posa une main sur son cœur et expira longuement pour se calmer. Elle put ainsi affronter le regard de son interlocutrice d'un air plus assuré.
Tu te souviens que je t'ai dit que j'avais perdu mes pouvoirs ? Depuis ce jour, je suis devenue comme un gouffre à magie. Si on enlève la barrière naturelle du corps, j'aspirerais toute la magie autour de moi, jusqu'à me surcharger et mourir. C'est grâce à cette barrière que je peux toucher les ESPers et magiciens "classiques" sans risques. Mais toi, tu es différente. Tout ton corps est chargé en magie, comme celui de Raphaël. Même si vous êtes différents, vous êtes tout aussi mortels pour moi. Parce que votre magie traverse cette barrière et s'infiltre directement en moi. Si je ne vous avait pas lâché si vite, tu aurais été drainée de ta magie, et j'aurais fini par exploser. Selon ta nature, tu aurais pu mourir aussi.
Autant tout lui raconter d'une seule traite. Ainsi, elle ne pourrait pas l'interrompre sans en connaitre toute la raison. La Neko lui fit un sourire désolé :
En fait, nous sommes mortelles l'une pour l'autre...
Elle la regarda intensément puis lui demanda :
Sans vouloir être indiscrète, comment cela t'es arrivé ?
Les deux jumeaux répondirent par la négative. Cela allait donc être compliqué pour elle de savoir quoi faire si elle décidait de rester ici. Et elle n'avait aucune envie d'être un larbin comme Erwan, même si son titre d'espion était tout à fait correct. Et elle ne serait pas de retour avant deux semaines... Quelle poisse ! Bah, elle en parlerait avec Raphaël demain, comme il leur avait promit. Elle demanda aux jumeaux, par pure curiosité :
Juste une question, comme ça... Vous faites quoi vous, au sein de l'ordre. Je veux dire, comme mission ? J'aimerais juste savoir ce que je serais supposée faire si je reste ici.
[HRP : pour tirer un trait, il existe la balise "hr"...]
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[HRP : Ouais mais je n'aime pas les gands traits comme ça.Inquiète, Thalia regarda Amélie reprendre son souffle comme si elle venait de gravir une montagne. Le « Comme Raphaël... » l’intrigua. Elle écouta donc très attentivement la suite des explications :
Tu te souviens que je t'ai dit que j'avais perdu mes pouvoirs ?
Tu viens juste de me le dire, j’ai un minimum de mémoire…
Elle ne releva pas le tutoiement. Ce n’était pas le moment.
Depuis ce jour, je suis devenue comme un gouffre à magie. Si on enlève la barrière naturelle du corps, j'aspirerais toute la magie autour de moi, jusqu'à me surcharger et mourir. C'est grâce à cette barrière que je peux toucher les ESPers et magiciens "classiques" sans risques. Mais toi, tu es différente. Tout ton corps est chargé en magie, comme celui de Raphaël. Même si vous êtes différents, vous êtes tout aussi mortels pour moi. Parce que votre magie traverse cette barrière et s'infiltre directement en moi. Si je ne t’avais pas lâchée si vite, tu aurais été drainée de ta magie, et j'aurais fini par exploser. Selon ta nature, tu aurais pu mourir aussi.
La jeune femme ne dit rien. Elle essayait de comprendre en quoi elle était chargée de magie.
"Ce serait à cause de l’accident ?"
La neko ajouta une remarque sur un ton désolé :
En fait, nous sommes mortelles l'une pour l'autre...
Elle demanda l’origine de cette charge magique. Thalia sortit de ses pensées pour la regarder fixement pendant deux secondes.
C’est probablement mon accident. Sois gentille, n’en parle jamais à personne. Il n’y a que Timson ainé qui connaît mon passé, et j’aimerais que ça reste à peu près tout.
Elle se rapprocha de la neko et lui dit tout bas, sur le ton de la confidence :
J’en suis à ma deuxième vie. Il y a 21 ans, j’ai eu un accident grave à cause d’une grosse bataille à coups de magie. Je me suis…tout pris d’un bloc. En pleine face. Dix attaques d’un coup qui me sont arrivées dessus. J’ai cru que j’allais mourir. Au lieu de ça, je me suis écroulée lamentablement et à mon réveil, j’avais quatre ans.
Elle soupira. Ce souvenir était encore bien présent dans sa mémoire, et encore un peu douloureux.
Tu imagines ? Intérieurement, j’étais exactement la même, mais mon corps avait été ramené à l’âge de quatre ans. J’ai dû tout vivre en double, l’école, les conflits « familiaux », les premiers problèmes féminins…absolument tout. Mais j’ai choisi une autre direction pour ma vie.
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Lucy était déçue. Mais elle retomba sur ses pattes avec une question aux jumeaux :
Juste une question, comme ça... Vous faites quoi vous, au sein de l'ordre ? Je veux dire, comme mission ? J'aimerais juste savoir ce que je serai supposée faire si je reste ici.
Le visage des deux blondinets s’illumina sans raison.
Nous, on est les parasites !
Spécialisés dans la diversion !
On fait tout et n’importe quoi…
Surtout n’importe quoi.
…pour attirer l’attention de quelqu’un.
Pendant que les copains font leur part du boulot.
Un immense sourire était gravé sur leur visage. Non qu’ils étaient fiers de ce rôle, quoiqu’en fait si, mais ils étaient contents que quelqu’un s’y intéresse.
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Thalia la fixa des yeux pendant bien deux secondes, comme si elle cherchait ses mots.
C’est probablement mon accident. Sois gentille, n’en parle jamais à personne. Il n’y a que Timson ainé qui connaît mon passé, et j’aimerais que ça reste à peu près tout.
Amélie, consciente qu'elle aurait juste un peu de mal à ne rien dire à Lucy mais qu'elle serait muette comme une tombe pour les autres, elle répondit :
Je n'en parlerais pas.
Cette réponse la satisfait apparemment puisqu'elle s'approcha et lui murmura :
J’en suis à ma deuxième vie. Il y a 21 ans, j’ai eu un accident grave à cause d’une grosse bataille à coups de magie. Je me suis…tout pris d’un bloc. En pleine face. Dix attaques d’un coup qui me sont arrivées dessus. J’ai cru que j’allais mourir. Au lieu de ça, je me suis écroulée lamentablement et à mon réveil, j’avais quatre ans. Tu imagines ? Intérieurement, j’étais exactement la même, mais mon corps avait été ramené à l’âge de quatre ans. J’ai dû tout vivre en double, l’école, les conflits « familiaux », les premiers problèmes féminins…absolument tout. Mais j’ai choisi une autre direction pour ma vie.
Amélie en était bouche bée. Cette femme avait eu deux vies... Elle n'arrivait pas à parler, même pas à organiser ses pensées. Elle repensa à une des discussions qu'elle avait eu avec Lucy.
FLASHBACK
En fait, la vie ne m'a pas épargnée. Emprisonnée pendant dix ans, harcelée par un espèce de... truc jusqu'à il y a deux semaines...
Amélie lui sourit. Elle connaissait bien l'histoire de sa maîtresse, qu'elle lui avait souvent sorti pour lui témoigner sa reconnaissance de l'avoir libérée de sa malédiction.
La chance a permit qu'on se rencontre. Il faut en profiter maintenant.
Oui, je sais. Je découvre un nouveau monde, toi aussi, et on se libère toutes les deux de nos vieux démons. On apprend à vivre, comme deux gamines qui découvrent un nouveau jouet.
Elle se releva et alla prendre un verre de jus de fruit dans le réfrigérateur. En marchant, elle lui dit :
Des fois, j'aimerai pouvoir revivre une vie normale, sans ces chaînes.
FLASHBACK
Sous la surprise, elle lâcha :
Deux... avant de tousser bruyamment.
Refaire sa vie... Amélie savait à quel point Lucy en avait rêvé. Malheureusement pour elle, Thalia n'en voyait que les inconvénients. Après tout, sa première vie avait peut-être été meilleure que la seconde, qui sait... Elle lui fit à voix basse :
En fait, tu as eu ce que Lucy aurait aimé avoir. Pendant toute sa vie, elle a vécu avec une malédiction qui l'incitait à éradiquer tous les hommes.
Elle tourna la tête jusqu'à apercevoir Lucy en train de discuter avec les jumeaux.
Elle a toujours pensé qu'elle était un démon. Tout ça parce qu'une bande de cinglés sont venus l'emprisonner dans un laboratoire, où ils ont fait plein d'expériences sur elle. Ils l'ont traitée comme un cobaye, un être qu'il fallait absolument éradiquer. Pendant dix ans. Elle a réussi ensuite à s'échapper.
Elle se retourna à nouveau vers Thalia, les yeux embués. Les larmes lui montaient souvent aux yeux lorsqu'elle racontait cette histoire, car elle trouvait que ce qu'elle avait subi était au-delà du supportable, et elle pleurait pour elle.
Mais la malédiction était encore là. Elle a été obligée d'utiliser une double-personnalité pour ne pas tuer tous ceux qu'elle croisait. Jusqu'à ce que je la libère il y a un peu plus d'un mois... Si ça se trouve, si sa malédiction s'était réveillée un peu avant, je suis persuadée que cet endroit n'existerait plus...
Elle essuya la larme qui perlait à son œil droit, tenta de reprendre un sourire et lui demanda :
Et toi, aujourd'hui, tu penses que c'est mieux ainsi pour toi ?
Aucune méchanceté, juste une question pure et simple.
De la diversion... Après tout, s'ils manquaient à cette tâche, ils n'arriveraient pas à grand chose d'autre. Ils semblaient être fiers de leur boulot. Mais cela n'intéressait pas le moins du monde Lucy, qui, au fil des phrases, hochait la tête comme un pantin, la bouche ouverte. Elle continua ce petit manège une dizaine de secondes après qu'ils eurent fini de parler, pour lui donner le temps de réfléchir. Cela ne lui apportait strictement aucune information. Seule Double-Lune avait réussi à lui donner moins d'indices !... Elle répondit, l'air dubitative :
Et... "Les copains", ils font quoi pendant ce temps ? Parce que je suis pas la meilleure pour faire diversion...
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Ce fut au tour d’Amélie d’être muette. Elle était comme en état de choc. Puis elle s’anima et commença un comparatif avec Lucy, racontant le passé de cette dernière :
Pendant toute sa vie, elle a vécu avec une malédiction qui l'incitait à éradiquer tous les hommes. Elle a toujours pensé qu'elle était un démon. Tout ça parce qu'une bande de cinglés sont venus l'emprisonner dans un laboratoire, où ils ont fait plein d'expériences sur elle. Ils l'ont traitée comme un cobaye, un être qu'il fallait absolument éradiquer. Pendant dix ans. Elle a réussi ensuite à s'échapper. Mais la malédiction était encore là. Elle a été obligée d'utiliser une double-personnalité pour ne pas tuer tous ceux qu'elle croisait. Jusqu'à ce que je la libère il y a un peu plus d'un mois... Si ça se trouve, si sa malédiction s'était réveillée un peu avant, je suis persuadée que cet endroit n'existerait plus...
Thalia n’avait rien dit. Cette histoire lui rappelait un peu la sienne propre, à tuer des gens sans rien savoir faire d’autre. Mais pour elle, ça n’avait pas duré que dix ans. Cette période de sa vie avait duré pas moins de trente longues années, soit la majeure partie de sa première vie.
Alors qu’Amélie essuyait une larme dans son œil, la jeune femme se rendit compte qu’elle devrait peut-être faire de même. Mais son amour-propre et sa fierté l’en empêchèrent. Elle se contenta de baisser brièvement la tête pour chasser discrètement l’humidité de ses yeux.
Et toi, aujourd'hui, tu penses que c'est mieux ainsi pour toi ?
Bonne question. Très bonne question même. Et la réponse est un peu difficile à produire. J’ai un avis assez partagé, il y a des bons côtés comme des mauvais à cette « deuxième chance ». Honnêtement je ne sais pas trop.
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Et... "Les copains", ils font quoi pendant ce temps ? Parce que je suis pas la meilleure pour faire diversion...
Mouais. Autant dire tout de suite que tu n’en as rien à cirer de ce qu’on fait.
Elle lui tira moqueusement la langue. Son frère lui plaqua la tête contre la table avec un soupir. Tout ceci n’était bien sûr que de la pure comédie, les engueulades réelles entre les jumeaux Nat étaient très rares.
Il y a un peu de tout. On a des berzerks, comme Gwen et Nos, ou comme Raphaël et Thalia à leur manière.
On a aussi des rusés, style Erwan, Ran ou encore Aline, avant qu’elle se fasse tuer par un connard.
On l’a vengée, dit froidement l’adolescent. On s’est occupés de lui personnellement.
Sinon, on a aussi…les gens comme Arthur et Jenni. Comment tu les décrirais, Nat ?
Euh…spécialisés dans la séduction rapide ?
Ils étaient un peu gênés. Les « méthodes » des Croisés dont ils parlaient ne leur plaisaient que très peu, voire pas du tout. Mais elles étaient aussi efficaces qu’une autre alors pourquoi pas…
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Bonne question. Très bonne question même. Et la réponse est un peu difficile à produire. J’ai un avis assez partagé, il y a des bons côtés comme des mauvais à cette « deuxième chance ». Honnêtement je ne sais pas trop.
Lucy la regarda d'un air compatissant. Après tout, elle ne connaissait rien de sa... de ses vies, et elle ne pouvait donc pas la juger. Mais elle pensait que ce serait un assez gros gâchis d'avoir une seconde chance et de ne pas en profiter au maximum. En plus, elle a rajeuni, donc elle n'aurait pas les problèmes de la vieillesse aussi vite que les autres.
Après tout, on a tous une vie différente. Certains ont le droit à une seconde chance, comme nous trois, d'autres non. Nous devons nous estimer heureuses de pouvoir en profiter. D'autres...
Une autre larme roula sur sa joue. Elle venait d'avoir un dur rappel à son ancienne vie d'esclave, lorsqu'elle avait vu un de ses compagnons d'infortune se faire tuer totalement gratuitement, tout ça pour faire obéir les autres. Nexus était vraiment une ville cruelle comparé à la Terre. Bon, Lucy lui avait bien dit de cacher ses attributs non-humains, mais c'était parce que la société n'était pas habituée aux non-humains. Elle aimerait de tout cœur que cette cruauté envers sa race se termine enfin, pour pouvoir jouir d'une vie normale, sans crainte de se faire esclavager à chaque coin de rue par des hommes ou même des terranides sans scrupules et sans cœur.
...n'ont même pas le temps d'imaginer pouvoir avoir une vie normale.
Ce monde, rongé par ce fléau... Elle voudrait vraiment aider à le purger. Elle se souvint alors de la promesse qu'elle lui avait faite, et à ce qu'elle avait dit juste avant. Elle avait cité un certain "Timson". Et d'après ce qu'elle avait entendu plus tôt, seul Erwan était au courant de son histoire. Elle fit le rapprochement, mais elle demanda quand même confirmation :
Timson, c'est Erwan ?
Encore des informations... inutilisables. Les deux jumeaux étaient en train d'étaler les techniques de combats des membres de l'Ordre, ce dont elle n'avait strictement rien à faire.
Je veux juste...
Elle se rendit compte qu'elle insistait, et que cela ne servirait certainement à rien de continuer ainsi.
Bah, laissez tomber. Je verrai avec Raphaël.
Elle désengagea la conversation avant de se retourner à nouveau vers le bar, où elle y demanda une seconde bière. Après tout, c'était la fête ! Elle but cette seconde boisson comme la première, cul-sec, avant de pousser un long soupir de satisfaction.
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La neko semblait bouleversée à la fois par ce qu’elle venait d’entendre et ce qu’elle-même avait vécu, et peut-être même aussi par ce que Lucy lui avait raconté.
Après tout, on a tous une vie différente. Certains ont le droit à une seconde chance, comme nous trois, d'autres non. Nous devons nous estimer heureuses de pouvoir en profiter. D'autres…n'ont même pas le temps d'imaginer pouvoir avoir une vie normale.
Thalia acquiesça silencieusement. Elle n’avait jamais eu de vie « normale », mêle sa deuxième enfance avait été assez mouvementée pour décourager n’importe quelle petite fille normale, entre conflits intergénérationnels et soucis avec le monde extérieur. Mais la pauvre Amélie devait elle aussi avoir un passé horrible.
Tu as été esclave, toi, non ? Tu as eu de la chance, tu es tombée sur quelqu’un qui pouvait t’aider. Ce n’est pas le cas de tous ceux qui ont une seconde chance.
La jeune fille ne répondit pas. Elle préféra rebondir sur un détail que Thalia avait mentionné un peu plus tôt dans la conversation :
Timson, c'est Erwan ?
Oui. J’ai tendance à désigner les gens par leurs noms de famille. Les frères Timson, c’es Erwan et Raphaël. Contrairement aux apparences Erwan est l’ainé. Un chouette type, un peu trop dans sa bulle. … Ne lui dis jamais que j’ai dit ça. Il est allergique aux compliments, ça le transforme en tomate.
Un sourire se dessina au coin de ses lèvres.
Il est mignon quand il est gêné, ce pauvre garçon…
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Les jumeaux eurent une moue déçue quand ils se rendirent compte qu’ils ennuyaient la diclonius plus qu’autre chose. Ils avaient répondu du mieux qu’ils le pouvaient à ses questions, qu’est-ce qu’il lui fallait de plus ?!
Bah, laissez tomber. Je verrai avec Raphaël.
Ouais, bonne idée, parce que là on voit pas trop quoi dire si tout ça ne te va pas.
Vexés ? Un peu. Mais ils n’insistèrent pas. Ils la regardèrent partir et…vider une bière d’une seule traite.
Dites donc, vous avez une sacrée descente !
Il reprit le verre en rigolant. Mais il rigola moins quand il vit une dispute s’entamer. En effet, un homme ivre avait visiblement décidé de s’en prendre à Erwan.
Le pauvre, on a vraiment l’impression qu’à chaque fois qu’il y a un pépin c’est pour sa pomme...
Le jeune homme ne s’était pas défendu, par contre son frère n’avait pas hésité une seule seconde à intervenir…en envoyant d'un seul bras l’individu en faute valdinguer contre un pilier.
Touche encore à Erwan et tu vas voir ce qui va t’arriver, idiot ! Va cuver ton vin loin de lui.
Bien sûr, l’autre ne l’entendait pas de cette oreille. Il s’énerva, et les deux belligérants commencèrent à se taper dessus, pour le plus grand bonheur des spectateurs. Le tenancier eut un soupir navré.
Et évidement, cet imbécile a fait exactement ce qu’il fallait pour mettre Raphaël en colère. Ah là là, les ravages de l’alcool !
Personne ne semblait vouloir arrêter la bagarre.
-
Amélie pensait que la dernière question de Thalia était rhétorique et n'appelait donc pas de réponses. De plus, elle n'avait pas trop envie de se pencher une nouvelle fois sur son passé, après avoir passé un bon mois à essayer de l'oublier. Elle était donc passé sur un autre sujet, en lui demandant la confirmation que Timson était Erwan. Sa réponse ne se fit pas attendre :
Oui. J’ai tendance à désigner les gens par leurs noms de famille. Les frères Timson, c’es Erwan et Raphaël. Contrairement aux apparences Erwan est l’ainé. Un chouette type, un peu trop dans sa bulle. … Ne lui dis jamais que j’ai dit ça. Il est allergique aux compliments, ça le transforme en tomate. Il est mignon quand il est gêné, ce pauvre garçon… finit-elle avec un sourire, ce qui ne laissa pas la place au doute dans les sentiments qu'elle avait envers Erwan. Elle lui rendit son sourire. C'était un noble sentiment, qu'elle-même connaissait depuis un peu plus d'une semaine. Au début, c'était plus un sentiment d'appartenance, qui est devenu un véritable amour naissant pour celle qui l'a épaulée, qui l'avait hébergée et qui lui avait rendu sa liberté. Mais parler d'elle à ce moment aurait paru un peu égoïste. Elle ne voulait pas gâcher le sourire que lui offrait Thalia, et elle enchaîna sur ce sujet :
Je le connais pas beaucoup... La dernière fois, il était à l'agonie. D'ailleurs, sa blessure va bien ? Je ne suis pas une bonne...
Elle s'interrompit en entendant le bruit d'une bagarre.
Juste après avoir fini son verre, le barman lui fit remarquer :
Dites donc, vous avez une sacrée descente !
Elle répondit par un rot tonitruant, contrastant totalement avec toute féminité possible. D'ailleurs, elle s'en fichait totalement, demandant au barman de lui apporter un nouveau verre. Celui-ci était un peu plus compliqué à terminer par contre. Elle n'en était qu'à la moitié lorsqu'elle entendit à nouveau ce barman :
Le pauvre, on a vraiment l’impression qu’à chaque fois qu’il y a un pépin c’est pour sa pomme...
Hmmm ?...
A vrai dire, elle n'était plus trop en état de formuler une pensée cohérente avec ce qu'elle faisait. En effet, Lucy supportait très mal l'alcool. Lorsqu'elle entendit les bruits de combats, des anciens souvenirs refirent surface. Des souvenirs qu'elle ne voulait pas revoir. Il fallait absolument qu'elle arrête ça ! Elle se mit debout, marchant d'un pas un peu incertain vers la source du bruit, écartant les spectateurs avec ses vecteurs, jusqu'à faire face à un véritable mur. Un cercle s'était formé autour des belligérants, et la diclonius se fit un plaisir de virer quatre personnes qui étaient juste en face d'elle, les faisant tomber à la renverse autour d'elle alors qu'elle continuait d'avancer. Elle vit alors Raphaël et un autre mec en train de se fritter. Les pensées plus très claires, elle se saisit de chacun d'eux par le col avec ses vecteurs, avant de les écarter et de les surélever de trente bons centimètres par rapport au sol.
Ehy ! Vous z'allez pas vous battre main'nant ? z'êtes amis nan ?
Elle les regarda tour à tour d'un air un peu vide. A vrai dire, elle était en train de faire de gros efforts pour trouver un moyen de les calmer. Et elle réussi, au bout d'une dizaine de secondes, à trouver la solution :
Allez, z'allez me faire un gros calin, hein ? Et pas de...
Les deux hommes se sentirent alors libérés. Ils tombèrent au sol. Lucy, quant à elle, tombait également, pile entre les deux hommes. Trois secondes plus tard s'échappa un ronflement sonore de sa bouche.
Me dis pas qu'ils vont se battre ?
Amélie voyait Raphaël faire face à un autre homme, qui semblait être un peu saoul. Non, carrément saoul en fait. Un mur se formait entre elle et les combattants, ce qui l'empêcha de voir la scène. Mais cela ne l'empêcha pas, à peine quelques secondes plus tard, de les voir être surélevés par rapport au sol, et à entendre Lucy beugler.
Je reviens...
Elle se leva et se fraya un chemin parmi les spectateurs, jusqu'à voir Lucy, en plein milieu du cercle, tenir écartés les deux hommes, essayant de parler. Ni une, ni deux, elle leva la pointa du doigt pour utiliser le même sort de sommeil qu'elle avait déjà utilisé plus d'une fois sur elle. Elle fit à haute voix, surpassant les réactions de surprise des autres :
Elle est juste endormie. Quand elle est comme ça, il vaut mieux pas chercher à faire quoi que ce soit d'autre... Quelqu'un peut l’amener dans une chambre s'il vous plaît ?
Voyant qu'on s'occupait d'elle, la Neko se sentit soulagée, et retourna à la table où se trouvait Thalia. Dès qu'elle l'aperçut, cela eut un moment de flottement. Son pendentif se trouvait sur la table. Elle fit encore trois pas avant de s'arrêter totalement. Comment avait-elle pu lancer un sort sans utiliser de magie ? Amélie se mit à courir vers la table avant de saisir le collier et de regarder attentivement le bijou. Il n'y avait aucune irrégularité, signe qu'elle ne l'avait pas utilisé. Mais... Impossible ! Elle le reposa et tenta de se téléporter, sans succès. C'est en relevant les yeux qu'elle comprit comment cela avait pu être possible, et le contact entre les deux femmes lui revint à l'esprit. Thalia lui avait transféré une assez forte dose de magie pour qu'elle puisse lancer ce sort. Bouche bée, toujours debout face à la table, elle regarda l'ESPer pendant bien une quinzaine de secondes avant de murmurer Whoah...
Elle se rassit.
Tu... Tu... M'as assez donné de magie pour lancer un sort... Hallucinant...
-
Le tenancier n’essaya pas de dissuader Lucy de boire. Pas plus qu’il n’essaya de la dissuader d’aller régler la bagarre. Il avait l’habitude de voir tout et n’importe quoi dans cette pièce, ça lui était presque totalement indifférent.
Celui qui était inquiet, c’était Erwan. Il se tenait à l’écart, culpabilisant un peu. Il était persuadé que c’était de sa faute. Comme d’habitude, en fait. Inquiet un jour, inquiet toujours. Et l’intervention de la diclonius ne fut pas pour le rassurer, du moins pas immédiatement.
Les vecteurs de Lucy tirèrent sur les cols des deux hommes pour les faire léviter. Alors que le type ivre geignait et battait des jambes de façon tout à fait ridiculement minable, Raphaël semblait terrorisé. Et pour cause…
Lucy, Raphaël a le vertige…
Ehy ! Vous z'allez pas vous battre main'nant ? z'êtes amis nan ?
Elle ne l’avait de toute évidence pas entendu. Le jeune homme soupira. Personne ne l’entendait jamais. Il se rassit, blasé, et regarda la scène.
Allez, z'allez me faire un gros câlin, hein ? Et pas de...
Elle s’écroula avant de finir sa phrase. Les deux hommes tombèrent eux aussi. Mais si Raphaël se releva de suite, l’autre, lui, resta par terre, un peu hébété.
Elle est juste endormie. Quand elle est comme ça, il vaut mieux pas chercher à faire quoi que ce soit d'autre... Quelqu'un peut l’amener dans une chambre s'il vous plaît ?
Nos souleva la diclonius et lui fit passer la porte de l’escalier. Il revint cinq minutes plus tard, annonçant un « 3 » désabusé. Il en avait un peu marre de devoir porter les gens tout le temps.
Amélie, qui s’était approchée, retourna précipitamment vers la table et saisit son pendentif…qui y était. Elle paraissait ne pas comprendre quelque chose. En raisonnant un peu, Thalia comprit qu’elle voulait savoir comment elle avait pu endormir Lucy sans son artefact. Et à vrai dire, la jeune femme ne comprenait pas non plus. La neko la fixa droit dans les yeux pendant une bonne quinzaine de secondes puis se rassit.
Tu... Tu... M'as assez donné de magie pour lancer un sort... Hallucinant...
Ah bon ? Et j’aurais fait ça comment ?
Le souvenir de la poignée de mains toqua à la porte de sa conscience.
Ah, je vois. Va falloir que j’apprenne à maîtriser ça, ça peut s’avérer utile un jour ou l’autre.
-
Ah bon ? Et j’aurais fait ça comment ?
Le temps que Amélie trouve les mots pour lui répondre, Thalia avait ajouté :
Ah, je vois. Va falloir que j’apprenne à maîtriser ça, ça peut s’avérer utile un jour ou l’autre.
A vrai dire, la Neko doutait que Thalia puisse faire de même avec n'importe qui. Elle était presque certaine que c'était son pouvoir d'utiliser la magie des autres, lié à son état de gouffre magique, qui créait cette relation avec les personnes gorgées en magie, comme elle. Elle lui répondit d'ailleurs dans ce sens :
En fait, c'est plus à cause de moi. Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive. Par exemple, il m'est arrivé la même chose y'a un peu plus d'un mois avec Raphaël. D'ailleurs, je suis sûre que, si tu lui en parlais, il te comprendrait, et certainement mieux que ce que tu le penses.
En tant qu'être magique lui-même, il aurait été difficilement croyable qu'il ne la comprenne pas vraiment. Mais après tout, ce n'était pas elle qui décidait des réactions des autres. Elle aperçut le minotaure qui avait emporté Lucy revenir, annonçant qu'elle était dans la chambre 3. La Neko le remercia avant de se lever :
Je vais y aller. Je te souhaite une bonne soirée.
Évitant soigneusement tout contact, elle lui fit un signe de la main, avant de se diriger à l'étage tout en remettant son collier autour de son cou.
[HRP : si quelqu'un veut parler à Amélie, je te laisse la latitude. Sinon, elle va aller pioncer]
-
C’est au moment où Thalia prononçait sa phrase qu’elle se rendit compte à quel point c’était complètement stupide. Mais il était un peu trop tard pour se corriger, d’autant qu’Amélie enchaînait déjà :
En fait, c'est plus à cause de moi. Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive. Par exemple, il m'est arrivé la même chose y a un peu plus d'un mois avec Raphaël. D'ailleurs, je suis sûre que, si tu lui en parlais, il te comprendrait, et certainement mieux que ce que tu le penses.
Raph ? Ah mais lui c’est pas pareil, c’est un monstre !
Je t’ai entendue…
La jeune femme tourna brièvement la tête, juste le temps de tirer la langue à son chef, puis reporta son attention sur la neko en face d’elle. Mais celle-ci se leva en voyant revenir le Minotaure, annonçant qu’elle allait se coucher.
Bonne nuit. Si tu as du mal à dormir, je serai là toute la nuit.
Amélie remit son collier magique et monta. Dans les trente minutes qui suivirent, beaucoup firent de même ou quittèrent le repaire pour rentrer chez eux. La guerrière, elle, resta dans la salle commune, assise à sa table. Quand elle fut seule, elle posa la tête dans ses mains et ferma les yeux. On pouvait aisément croire qu’elle ne faisait rien, mais rien n’était plus loin de la vérité. L’esprit de Thalia était en pleine activité.
[HRP : à mon tour... Si tu veux que Lucy ou Amélie vienne discuter avec Thalia pendant la nuit, vas-y, sinon tu peux passer directement au matin.]
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[hrp : je lance un D10. Si ça fait 4 ou moins, elle se réveille après la fin du sort. Sinon, elle continue de pioncer.
*roulerouleroule*]
D'accord merci !
Elle monta les escaliers qu'elle avait déjà emprunté un peu plus d'un mois auparavant. Elle avait l'impression de faire un pèlerinage vers l'endroit de sa "résurrection". Elle caressa des yeux le décors qui n'avait pas vraiment changé, avant d'entrer dans la chambre 3. Lucy était là, en train de dormir comme un bébé, allongée sur le lit. Elle la regarda pendant au moins une dizaine de minutes, attendrie par cette vision, puis entreprit de lui enlever T-shirt et jean pour qu'elle soit plus à l'aise lors de son réveil. Elle déposa ces vêtements sur une chaise à coté, se mit à la border avant de lui déposer un doux baiser sur le front et de sortir. Il fallait avouer qu'elle se sentait toute chose à chaque fois qu'elle la regardait dormir. Elle avait compris depuis un petit moment qu'elle était tombée amoureuse, mais ce sentiment était toujours nouveau pour elle. De plus, Lucy ne semblait pas du tout attirée par elle, sinon un amour fraternel très franc.
Elle rentra dans une autre chambre vide juxtaposée et ferma la porte avant de s'affaler sur le lit. Il y avait eu pas mal d'évènements intéressants aujourd'hui, notamment sa rencontre avec Thalia, qu'elle ressassa une bonne demie-douzaine de fois. Elle prit la décision de ne pas en parler à Lucy, pour ne pas la blesser. Car vu comment Thalia avait abordé sa "renaissance", elle avait évoqué un accident ne venant pas d'elle. Elle ne pourrait donc pas le reproduire avec des chances suffisantes de réussite, et ne voulait surtout pas faire de mal à la diclonius en lui apprenant que quelqu'un d'autre avait réalisé son rêve qui lui était totalement inaccessible. Cela aurait été cruel.
Elle se déshabilla à son tour, se mettant en culotte seule, se mit sous la couette et plongea doucement dans le pays des songes.
J'ai fait 3.
Une paire d'heures plus tard, Lucy se réveilla avec un sérieux mal de crâne et la bouche sèche en grommelant tout ce qu'elle savait. Ou était-elle ? Qu'avait-elle fait récemment ? Pourquoi elle était dans cet état ? Toutes ces questions résonnaient dans sa tête, sans qu'elle trouve une seule réponse pendant au moins deux minutes. Puis elle se souvint qu'elle et Amélie avaient fait le voyage jusqu'au repaire de l'Ordre qui avaient libérées les deux amies. Puis elle se souvint du bruit, presque insupportable, qu'il y avait eu durant cette soirée. Et il y a eu la boisson... Et merde, elle s'était encore bourrée la gueule sans s'en rendre compte !... Plus aucun souvenir après son second verre. Quoi que... Si, y'avait Raphaël et un autre type en train de voler dans les airs. Oh là là, pourvu qu'elle n'ait pas fait trop de bêtises !
Lucy avait soif. Horriblement soif. Pas d'alcool, mais d'eau. Elle se redressa en grommelant à nouveau. Tiens, elle était en sous-vêtements... Bah, Amélie l'avait certainement déshabillée. Après tout, elle ne voyait pas qui d'autre aurait pu avoir la folie de faire de même. N'entendant aucun bruit et voyant qu'il faisait nuit noire au dehors, elle pensait que tout le monde était couché, et elle ne prit même pas la peine d'enfiler un pantalon. Elle portait juste des sous-vêtements classiques blancs. Elle sortit dans l'obscurité, pieds nus. Première épreuve. A gauche ou à droite ? Attend, elle est où là ? Euh... On va dire à gauche. Bonne pioche ! A peine une quinzaine de mètres plus loin, elle manque de tomber, et ne doit qu'à un prodigieux réflexe avec ses vecteurs de ne pas finir assommée. On pourrait dire qu'elle flotte au-dessus du sol, mais il n'en est rien. Elle est en parfait équilibre en vérité, juste désorientée. Renonçant à descendre de manière conventionnelle, elle décida de se déplacer avec ses vecteurs, restant en position presque horizontale, face au sol. Elle n'y voyait pas grand chose, mais juste assez pour savoir ou aller. Enfin, vers ou aller plutôt.
Quand elle vit qu'elle était en bas, elle se remit debout. Dehors, la lune éclairait faiblement la pièce à travers les fenêtres. Trouver un robinet d'eau... Euh... C'est où ça ? Elle se mit à se déplacer presque à l'aveuglette, passant derrière le bar. Manque de chance, elle percuta un verre vide qui traînait par ici et qui se brisa au sol, accompagné d'un Meeeeeerde... de la fautive.
-
Thalia fut tirée de ses pensées par un bruit de pas. Une personne qui se déplaçait à l’étage. La jeune femme ouvrit les yeux et regarda, à travers la semi-obscurité, qui essayait visiblement de descendre les escaliers avec gueule de bois. Et elle parlait en connaissance de cause…
C’était la dénommée Lucy, qui paraissait en lévitation au-dessus des marches. Haussant un sourcil, Thalia la regarda avec amusement cheminer jusqu’au comptoir. Un détail insolite : elle était en sous-vêtements. Thalia se demanda si elle était somnambule.
Mais il devint évident qu’elle ne l’était pas quand, après s’être déplacée tant bien que mal vers son objectif, elle renversa sur son passage un verre avec un Meeeeeerde...
La guerrière décida de signaler sa présence. Elle se leva, un sourire aux lèvres.
Tu cherches quelque chose, ma grande ? Tu veux peut-être de l’aide ?
Son sourire s’élargit.
Et d’ailleurs, tant que j’y pense… Il ne fait pas un peu froid pour se promener dans cette tenue ?
En fait, le plus gênant n’était pas tant la température ambiante que le risque de tomber sur un pervers, voire sur un taré en manque de sexe. Et malheureusement, il y en avait un qui avait élu résidence au repaire.
[HRP : C'est peu, mais j'ai pas trop d'idées.]
-
Le bruit du verre brisé résonna à ses oreilles, heureusement sans trop de mal. Elle n'était pas vraiment en état normal, mais il lui fallait vraiment un verre d'eau. Marcher était désormais hors de question avec les débris de verre, et elle utilisa ses vecteurs pour avancer sans avoir à toucher le sol.
Tu cherches quelque chose, ma grande ? Tu veux peut-être de l’aide ?
Aah !! Qu'est-ce que... !?
Heureusement, ses vecteurs n'étant pas des muscles, ils n'avaient pas bougé précipitamment comme tout le reste de son corps qui s'était retourné dans les airs. Elle se tourna vers les chaises et vit une femme qu'elle n'avait pas aperçu avant. Mais... Maismais... Qu'est-ce qu'elle foutait là ? Elle dors jamais celle-là ? Et pourquoi... ? Raaah, mal de crâne... Lucy ne pouvait pas réfléchir correctement.
Et d’ailleurs, tant que j’y pense… Il ne fait pas un peu froid pour se promener dans cette tenue ?
Froid ?
Hein ? Il fait froid ? Lucy resta coite une petite dizaine de secondes, avant de se rendre compte que son interlocutrice avait raison. Il faisait froid ici. Enfin, pas au point de grelotter, mais assez pour filer se réfugier sous la couette. Mais pour l'instant, elle avait trop soif.
Ah oui, il fait froid... J'veux juste un verre d'eau et j'remonte. T'aurais pas vu un robinet ou quelque chose du genre ?
Le combo "mal réveillée" et "gueule de bois" était mortel pour la diclonius...
[HRP : Brown DarkRed]
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[HRP : C'est la même couleur que pour mon Talok, tiens... Pourquoi tu ne me l'as pas dit plus tôt ?]
La surprise provoqua chez la diclonius une réaction originale et assez amusante. Mais Thalia ne rit pas. Tout au plus un vague sourire se dessina sur ses lèvres avant de disparaître aussitôt. Elle posa ensuite la question du froid, et là encore la réaction valait le détour :
Froid ?
Elle se figea une bonne dizaine de secondes, comme si elle essayait de comprendre la question. Ne s’était-elle vraiment pas rendu compte que les nuits étaient fraîches dans le coin ?
Ah oui, il fait froid... J'veux juste un verre d'eau et j'remonte. T'aurais pas vu un robinet ou quelque chose du genre ?
Un verre d’eau, donc. D’accord, je vais te chercher ça. Tu dors debout, je préfère que tu ne bouges pas trop, tu risquerais de te faire mal et/ou de casser quelque chose.
La jeune femme dépassa Lucy, prudemment à cause des éclats de verre, et lui donna l’objet de sa demande. Elle ne l’aurait pas trouvé toute seule, c’était un peu caché et de nuit il fallait vraiment savoir où chercher. Elle se servit également un verre d’eau à elle-même.
Tu as fait un peu n’importe quoi hier. Je n’ai pas vu grand-chose, mais rien qu’à t’entendre j’avoue que j’ai bien ri. Si tu ne tiens pas l’alcool, tu devrais peut-être arrêter d’en boire, tu ne crois pas ?
Elle eut un sourire moqueur. Elle aimait beaucoup taquiner les gens et observer leur réaction. Elle n’était que très rarement déçue par le résultat quand elle jouait à ce petit jeu.
-
[HRP : Oh, tout simplement parce que ça m'était totalement sorti de l'esprit...]
La jeune femme lui proposa d'aller chercher elle-même de l'eau, avant de lui faire remarquer :
Tu dors debout, je préfère que tu ne bouges pas trop, tu risquerais de te faire mal et/ou de casser quelque chose.
Lucy mit quelques secondes avant de pouvoir formuler une pensée correcte. Ouais, c'est pas faux... J'suis fatiguée. Même si ses vecteurs ne souffraient pas de la fatigue, son cerveau oui. Elle serait bien mieux sous la couette, à terminer sa nuit. Elle la vit remplir deux verres d'eau avant qu'elle se retourne vers la diclonius :
Tu as fait un peu n’importe quoi hier. Je n’ai pas vu grand-chose, mais rien qu’à t’entendre j’avoue que j’ai bien ri. Si tu ne tiens pas l’alcool, tu devrais peut-être arrêter d’en boire, tu ne crois pas ?
Que... Quoi ? Qu'est-ce qu'elle avait fait hier soir ? Mais... Cette femme se moque d'elle !?
'tend... Tu t'moques de moi là ?
Grâce à ses vecteurs, elle se mit en position verticale, mais sur-élevée d'un bon mètre par rapport à la femme qui lui faisait face, pour la forcer à lever des yeux. Elle prit un des verres qu'elle tenait dans la main avec un de ses bras invisibles et le porta à sa bouche, le buvant d'un coup. Il était bon de se désaltérer la gorge ! Elle regarda en bas pour voir sa tête et lui dire :
J'te retiens toi... J'vais pioncer 'pis on voit ça, OK ?
Elle aurait voulu dire ça d'un air menaçant, mais elle ne réussit pas du tout. Son regard était vide et inspirait tout sauf de la méchanceté.
Oh ma tête...
Sans qu'elle esquisse un geste, ses vecteurs la menèrent à nouveau vers les escaliers qu'elle remonta, toujours en lévitation. Arrivée au couloir, une question se posa. Dans quelle chambre elle était déjà ?
Merde...
Elle se souvenait qu'elle venait d'une chambre à droite, mais laquelle ? Elle n'avait pas fait beaucoup de pas pour faillir tomber, donc elle était dans une chambre pas loin des escaliers. Certainement pas la première, mais peut-être la seconde ou la troisième. Elle ouvrit une des deux totalement au hasard et vit qu'elle était occupée. Mauvaise pioche. Elle la referma, puis ouvrit l'autre. Elle arriva à reconnaître ses habits. Ouais, c'était la bonne. Elle avait franchement eu de la chance. Sans même prendre la peine de refermer la porte, elle s'affala sur son lit, recouvra son corps des draps et se rendormit.
-
Ah, la gueule de bois… Thalia la connaissait bien, cette vipère, pour l’avoir rencontrée à de très nombreuses reprises durant sa première vie ! Elles étaient très vite devenues inséparables, jusqu’au jour où, par un immense effort de volonté, la pirate avait réussi à se brouiller définitivement avec elle. Elle avait désormais une technique imparable pour l’éviter. Mais Lucy n’y serait peut-être pas très réceptive, et surtout dans son état elle ne serait pas à l’écoute.
'tend... Tu t'moques de moi là ?
Non, j’énonce les faits avec une petite pointe de taquinerie en bonus. Mais laisse tomber, tu es trop fatiguée pour comprendre.
La diclonius se suréleva (Thalia se promit de trouver comment elle faisait ça) et, par une quelconque magie, arracha un verre des mains de son interlocutrice avant que cette dernière n’ait eu le temps de le lui donner.
J'te retiens toi... J'vais pioncer 'pis on voit ça, OK ?
Pas de souci. Bonne fin de nuit, Lucy.
Elle se retenait de rire. C’était tellement ridicule… Elle regarda Lucy se diriger, toujours en lévitation, vers l’escalier et le remonter. Puis elle but son verre, lava rapidement les deux et les rangea. Ensuite elle estima qu’il était temps de dormir et elle s’installa confortablement sur une chaise, enroulée dans sa cape. Elle s’endormit là et y était encore au matin.
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Et au matin justement, la première personne à descendre ne fut pas comme d’habitude Raphaël, mais Nathalie. Elle se laissa presque tomber de marche en marche, pas encore complètement réveillée. Elle alla s’assoir à une table sans faire attention à Thalia et posa la tête dans ses mains au risque de se rendormir. Et ça ne loupa pas.
Ensuite vint Erwan. Lui était totalement réveillé, il eut un petit sourire en voyant les deux jeunes femmes endormies, chacune dans son coin. Il traversa la pièce et ouvrit la porte. Comme il pleuvait des cordes, il la referma aussitôt puis se rendit dans la cuisine. Comme souvent, c’était à lui de préparer le déjeuner pour tout le monde. C’était à lui environ trois jours sur quatre, mais comme il était l’un des rares à savoir cuisiner correctement, ça ne le dérangeait pas. Il préférait ça plutôt que de devoir avaler un repas immangeable…
[HRP : Maintenant, je jouerai au dé les arrivées de tout le monde, ce sera plus drôle.]
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Amélie passa une excellente nuit, et son réveil fut assez matinal. Le jour était en train de se lever, et il n'y avait pas de bruit au dehors. Elle prit le temps de se réveiller correctement, puis s'habilla et sortit de la chambre. En se dirigeant vers celle qui était destinée à Lucy, elle vit que la porte était ouverte. Jetant un coup d'oeil discret à l'intérieur, elle put voir Lucy encore en train de dormir. La jeune Neko décida de la laisser finir tranquillement sa nuit, et ne la dérangea pas plus que cela. Après avoir fermé la porte de cette chambre, elle descendit les escaliers. Arrivée en bas, un spectacle plutôt insolite l'attendait. Thalia, enroulée dans sa cape, portant les mêmes vêtements que la veille, était endormie confortablement installée sur une chaise, et elle se demanda si la magicienne avait réellement passé la nuit à cet endroit. Nathalie, assise sur une chaise, la tête entre les deux mains, était endormie elle aussi. Les chambres à l'étage étaient-elles vraiment utilisées en temps normal ? Mystère...
Sa réflexion fut interrompue par un délicat fumet provenant certainement d'une cuisine. Ah, finalement elle n'était pas la seule personne réveillée. Elle s'étira longuement puis alla jeter un œil dans cette fameuse cuisine. C'était Erwan aux fourneaux. Elle repensa brièvement aux sentiments de Thalia pour lui, avant de toquer à la porte ouverte.
Salut ! Déjà en train de préparer à manger ? fit-elle joyeusement avant de s'avancer pour lui faire la bise. Besoin d'aide ?
Loin d'ici, une petite fille courrait dans un pré d'un vert infini, riant aux éclats.
-
Ni la guerrière ni la sale gosse ne se réveillèrent à l’arrivée d’Amélie. Toutes deux dormaient à poings fermés. Thalia n’avait pas dormi depuis plusieurs jours, c’était tout à fait compréhensible. Bon, pour Nathalie c’était une autre affaire…
Erwan non plus ne l’entendit pas arriver. Trop concentré sur ce qu’il faisait, il ne vit ni n’entendit le coup à la porte qu’il avait laissée ouverte.
Salut ! Déjà en train de préparer à manger ?
Il aperçut du coin de l’œil la neko qui se dirigeait vers lui. La bise sur sa joue, inattendue, le fit rougir de gêne.
Besoin d'aide ?
Ah, euh… N…non, ça ira…merci quand même.
Il ouvrit, un peu précipitamment peut-être, un placard et en sortit une superbe pomme verte qu’il tendit à Amélie avec un sourire timide.
Je les ai achetées hier, et euh…je ne suis pas très sûr de mon choix. Tu veux bien me dire…ce que tu en penses ? S’il te plaît ?
-
Elle le vit rougir à vue d’œil. Finalement, Thalia avait raison. Il est mignon lorsqu'il rougit.
Ah, euh… N…non, ça ira…merci quand même.
Il la quitta des yeux, certainement très mal à l'aise. Il ne devait pas être habitué à parler aux filles, celui-là, et si quelquefois le destin avait besoin d'un coup de pouce, elle pourrait peut-être aider dans ce cas précis. Quoi qu'il en soit, il sortit une pomme verte d'un placard, demandant à la jeune Neko :
Je les ai achetées hier, et euh…je ne suis pas très sûr de mon choix. Tu veux bien me dire…ce que tu en penses ? S’il te plaît ?
Joueuse, celle-ci lui répondit, lui faisant un clin d’œil :
Tu vois, finalement t'as besoin de moi !
Un grand sourire barrait son visage lorsqu'elle s'empara du fruit. C'était... une pomme. Tout ce qu'il y a de plus banal d'un fruit. Certes une belle pomme, mais ça reste une pomme.
Ben... C'est une belle pomme. Je vois pas quel pourrait être le problème avec elle ! Elle ira très bien dans une tarte.
Elle lui rendit le fruit et, dans la continuation de son geste, rapprocha sa bouche de l'oreille d'Erwan et chuchota à l'attention de celui-ci :
Je crois que Thalia aime beaucoup les tartes...
Fière de son coup, elle observa pendant une seconde la réaction du jeune homme avant de tourner les talons et de sortir de la pièce en sifflotant un petit air de musique venant directement de la Terre. Elle passa derrière le bar où elle se servit un chocolat chaud et s'installa à une table, buvant lentement son breuvage.
Elle était poursuivie par un garçon d'à peu près son âge. Ils devaient avoir 6 ans, voire peut-être moins.
Tu m'attraperas jamais !
Bien sûr que si ! Je t'attrape toujours !
-
Erwan fut un peu surpris du malentendu. Il pensait faire goûter la pomme à Amélie, et au lieu de ça, elle l’avait seulement regardée. Cependant sa timidité l’empêcha de s’expliquer. La neko lui rendit le fruit et lui chuchota à l’oreille :
Je crois que Thalia aime beaucoup les tartes...
Le jeune homme fronça les sourcils tandis qu’il s’efforçait de comprendre le véritable sens de cette phrase. Certes, Thalia aimait de fait manger une tarte aux pommes de temps en temps, mais pourquoi le dire ?
Ce ne fut que quelques minutes après qu’Amélie soit sortie de la cuisine qu’il comprit. Et qu’il se rendit compte par la même occasion qu’il avait commencé à grignoter la pomme. Il haussa les épaules et la termina. Mais il était déçu, elle n’était pas aussi bonne qu’il l’avait espéré. Sa place était en effet dans une tarte.
Il finit ce qu’il avait commencé et retourna dans la salle commune. Là, il alla porter son « œuvre » à Amélie : une assiette de biscuits encore chauds. Il se pencha à son oreille et, à son tour, lui chuchota :
C’est la première fois que tu joues les entremetteuses, n’est-ce pas ?
Puis, à voix haute et avec un petit sourire :
Je viens de les terminer. Tu en veux ?
La porte s’ouvrit alors et entra une silhouette vêtue d’une grande cape rouge sang, trempée. Elle enleva sa capuche et secoua sa longue chevelure rousse.
Quel temps de chien ! Tiens, bonjour Erwan, comment ça va ?
Très bien, merci. Dis donc, tu n’étais pas censée revenir seulement après-demain ?
La guerrière accrocha sa cape à un clou planté dans le mur (un porte-manteau en fait). Elle portait une armure légère mais dont l’efficacité n’était plus à prouver. Puis elle fit un grand sourire.
Le jour ou Gwen l’Invincible sera à l’heure, tu pourras parler devant une foule mon grand !
Erwan baissa la tête en marmonnant quelque chose que personne ne pouvait entendre, pas même Amélie juste à côté de lui. Gwen posa sa lance à côté de sa cape et alla s’assoir à une table. Son regard se posa sur la neko et y resta.
-
Erwan ressortit quelques minutes plus tard, avec une assiette pleine de petits biscuits. Ils semblaient tout juste sortis du four car ils étaient encore chauds. Il déposa l'assiette sur la table juste devant elle avant de lui souffler à l'oreille ces quelques mots :
C’est la première fois que tu joues les entremetteuses, n’est-ce pas ?
Euh...
Je viens de les terminer, continua-t-il à voix haute. Tu en veux ?
Euh... Oui, merci...
Elle se saisit d'un gâteau et mordit à l'intérieur. Succulent ! A peine eut-elle le temps d'en prendre une seconde bouchée que la porte d'entrée s'ouvrit, laissant apparaître une jeune femme. A peu près aussi intimidante que Thalia à vue d’œil, mais la Neko commençait à avoir l'habitude. Ici, le rapport de force n'est pas évident du tout. La preuve ! Thalia a un physique de serveuse de bar, et pourtant il s'agit d'une des personnes les plus puissantes de l'Ordre. Enfin, c'est ce qu'elle pensait. La question est maintenant de savoir qui est cette femme rousse qui enlève sa capuche.
Quel temps de chien ! Tiens, bonjour Erwan, comment ça va ?
Très bien, merci.
Finissant son gâteau, Amélie regarda la nouvelle venue s'installer, discutant joyeusement avec Erwan jusqu'à ce que celui-ci reparte en bougonnant. Elle vit alors son regard transpercer la Neko, comme si elle la mettait à nue. Ce regard était très dérangeant pour elle, qui n'en avait pas l'habitude. Elle voulait juste l'observer apparemment. Amélie ressentit alors une espèce d'aura émanant de cette fameuse Gwen, puisque tel était son nom. Cela ressemblait énormément à de la magie, mais elle n'arrivait pas à la sentir, à la palper plus précisément comme elle le faisait d'habitude. On aurait dit qu'elle était volatile. De base, toute magie est volatile, sauf pour Amélie qui sait la reconstituer à partir de traces. Mais celle-là...
C'est de la magie ou pas ? Il fallait qu'elle en ait le cœur net. Elle laissa son esprit vagabonder vers elle pour trouver le sort qui lui avait été lancé. Mais elle n'arrivait à rien. Aucun sort n'avait été lancé sur Gwen, comme si cette aura était normale. Un peu comme l'aura d'un ange ou celle d'un démon, sauf qu'il n'y avait aucune magie autour. Cela est... vraiment étrange. Amélie n'avait jamais vu cela auparavant. Cette femme possède des caractéristiques angéliques et des caractéristiques démoniaques, mais n'est pourtant ni ange, ni démone. Est-il possible qu'elle se soit trompé ? Qu'elle n'ait pas vu le sort parce qu'il agit directement à l'intérieur de la jeune femme ?
Elle se leva alors pour une simple vérification. Elle avança lentement en direction de la rousse qui s'était assise entre-temps, s'arrêta juste devant elle et lui demande à demi-mot :
Je peux... ?
Sans même attendre la réponse, elle leva sa main, pointa celle de Gwen avec son index avant de créer un contact entre les deux femmes. Amélie s'attendait à un rejet rapide et violent ; c'est pourquoi elle se retira, laissant le lien moins d'une demie-seconde. Mais elle ne ressentit rien. La femme n'était pas chargée magiquement. Elle la toucha une nouvelle fois, sondant ainsi le corps de la femme avec son sens appelant la magie, essayant d'aspirer la magie, ne trouvant strictement rien. Il n'y avait aucune magie en Gwen. Strictement rien. Pourtant...
Euh...
Elle pointa alors sa table du doigts, puis retourna s'asseoir à cette place, comme si de rien était. En vérité, Amélie était bouleversée. Elle n'avait strictement aucune idée de ce qu'était cette aura, sinon qu'elle n'était pas liée à la magie. Enfin, pas celle qu'elle croise le plus souvent. Elle se mit à réfléchir intensément, faisant des gestes totalement incompréhensibles avec ses mains, se massant quelquefois le visage avec. Une bonne minute passa, avant qu'elle pose ses coudes sur la chaise et sa tête entre ses deux mains, comme lorsqu'elle essayait d'apprendre un sort, totalement imperméable à ce qu'il peut se passer autour.
A toi de m'attraper maintenant !
Haha ! Cours vite !
Maintenant, c'était la fillette qui courrait après le petit garçon. Sauf qu'il était beaucoup plus rapide qu'elle, et elle le perdit de vue très rapidement. Elle ralentit sa course. Le paysage s'était un peu transformé au fur et à mesure qu'elle avançait. Elle se trouvait maintenant dans une espèce de paysage désolé, morne, sans vie.
Kouta ? Où est-tu ? crie la petite fille. Et elle le voit soudain. Il est assit. Il semble lui tourner le dos. Non, ce n'est pas lui. C'est quelque chose d'autre. Une silhouette le ressemblant, embaumée dans des bandelettes de gaze, avec de l'espace pour que ses yeux puissent fixer la fillette.
Il est parti. Loin. Tu ne le reverras jamais. Joue avec moi ! fait-il d'un ton inquiétant. La fille est terrifiée.
NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOONNN !!!
Lucy se réveilla en sueurs, avec une terreur inscrite dans ses yeux. Une terreur qu'elle avait abandonné depuis longtemps maintenant. Pas assez longtemps... Son souvenir est encore dans ses entrailles, il la hante encore dans ses plus sombres cauchemars. Mais elle sait qu'elle a gagné. Elle est libérée de cette apparition démoniaque.
Elle prit un petit moment pour se calmer, puis s'habilla. La soirée lui revenait vaguement en tête. Elle avait bu, et avait été saoule, puis le trou noir. Plus aucun souvenir. Ah si, elle était descendue pour chercher un verre d'eau en pleine nuit, et avait croisé quelqu'un. Qui ? Très bonne question d'ailleurs ! Elle ne savait pas du tout à qui elle avait eu affaire.
Elle descendit les escaliers, pleine d’entrain pour commencer cette journée qui allait certainement se montrer décisive pour le reste de sa vie, et peut-être pour celle d'Amélie aussi, puisque elle faisait ce choix de la suivre. Elle devait avouer que sa compagnie ne lui déplaisait pas, car avec le temps, la Neko était devenue une véritable amie. Mais quand même...
Arrivant au rez-de-chaussée, elle vit Thalia en train de dormir, Nathalie en train certainement de dormir aussi, Amélie la tête entre ses mains, Erwan près d'elle qui ne savait plus où se mettre, et une jeune fille rousse qu'elle n'avait encore jamais vu. Elle gueula alors un Bonjour tout le monde ! ayant pour but à la fois de réveiller les endormies, de perturber Amélie et de saluer tout le monde. La Neko resta imperturbable.
-
Erwan vit Amélie changer d’attitude à l’arrivée de Gwen. Il se souvint alors que son frère lui avait parlé de son pouvoir. Un pouvoir qui lui permettait de trouver les gens anormaux. Erwan s’était d’ailleurs demandé si lui-même faisait partie de cette catégorie, de par son « incident de naissance ». Mais il était arrivé à la conclusion que si la neko n’avait rien c’est qu’elle n’avait rien trouvé, donc il était considéré comme normal.
Mais ce n’était pas le cas de Gwen. Fille de dieu, elle était tout sauf normale. Elle avait donc toutes les raisons du monde d’attirer l’attention et de susciter l’intérêt d’Amélie. L’Esper ne s’étonna donc pas de voir cette dernière se lever et se diriger vers l’arrivante. Il était cependant un peu inquiet, quelle allait être la réaction de Gwen ?
Je peux... ?
Tu peux quoi ?
Elle la toucha. Le contact fut bref puisqu’elle retira sa main presque aussitôt. Puis elle s’arrêta un instant. Les deux jeunes femmes se fixaient du regard, perplexes. Amélie toucha Gwen une deuxième fois, celle-ci fronça les sourcils, vaguement agacée.
Je peux savoir à quoi tu joues ?
Elle n’eut aucune réponse, encore une fois. Gwen regarda la neko retourner à sa table et plonger dans une réflexion intense.
Elle est bizarre, celle-là. Bref ! Il est quelle heure ? J’ai marché toute la nuit, Tueur était trop crevé pour me porter. Et en plus il s’est mis à pleuvoir des hallebardes, alors comme je pouvais voir ni étoiles ni Soleil je sais pas quelle heure il est.
Erwan détacha son regard d’Amélie, qui l’inquiétait beaucoup, et le tourna vers sa collègue.
Je suis debout depuis une petite heure alors…je dirais qu’on est à la moitié de la matinée.
Gwen hocha la tête. Il parlait toujours par énigmes quand il n’avait pas la réponse à une question, elle y était habituée. Elle avisa alors l’assiette de biscuits. Elle s’apprêtait à en demander un quand elle fut interrompue par un beuglement à réveiller les morts :
Bonjour tout le monde !
En fait de morts, c’est Nathalie qui se réveilla en sursaut. Et Thalia resta endormie. Elle était vraiment trop fatiguée, une attaque de barbares ne l’aurait pas réveillée. Dans le même style, Amélie ne réagit pas non plus, toujours concentrée. Erwan faillit faire un bond au plafond tellement le cri l’avait surpris.
Euh, b…bonjour.
Le temps qu’il se ressaisisse, Gwen s’était levée et avait rejoint Lucy, un air contrarié sur le visage.
Je crois qu’on t’a entendue, merci. Et par pitié pour nos oreilles ainsi que pour ta vie, ne refais plus jamais ça. Sur ce, bonjour à toi aussi.
-
Tant pis pour Amélie et Thalia, mais elle vit Nathalie sursauter. Au moins, cela avait servi à quelque chose. Erwan aussi avait été surpris par son salut, et bégaya un Euh, b…bonjour. assez peu convainquant, alors que l'autre jeune femme qu'elle ne connaissait pas s'approchait de la diclonius.
Je crois qu’on t’a entendue, merci. Et par pitié pour nos oreilles ainsi que pour ta vie, ne refais plus jamais ça. Sur ce, bonjour à toi aussi.
"Par pitié pour nos oreilles ainsi que pour ta vie"... Cette partie de phrase interpella Lucy.
Pour ma vie, je crois que tu menaces la mauvaise personne fit-elle, un air de défi dans les yeux. Et pour les oreilles, tu devrais y être habituée non ? Rien qu'hier soir, on m'a gueulé dessus au moins deux fois, sinon plus quand j'étais bourrée. Alors bon... Une fois de plus ou une fois de moins...
Elle lui tendit la main pour la saluer.
Lucy, diclonius fit-elle pour répondre à sa question silencieuse concernant ses cornes. A peine eut-elle fini de serrer sa main qu'elle disparut du champ de vision de la rousse. Elle était désormais juste derrière Amélie, un brin inquiète. D'habitude, même dans cet état, elle faisait l'effort de répondre, mais là, elle l'avait totalement ignorée. La diclonius lui tapota l'épaule.
Eh, tu vas bien ?
Strictement aucune réaction de la part de la Neko. Son amie se retourna vers les deux autres et leur demanda :
Qu'est-ce qu'il s'est passé pour qu'elle se mette dans cet état ?
-
Pour ma vie, je crois que tu menaces la mauvaise personne. Et pour les oreilles, tu devrais y être habituée non ? Rien qu'hier soir, on m'a gueulé dessus au moins deux fois, sinon plus quand j'étais bourrée. Alors bon... Une fois de plus ou une fois de moins...
T’as pas tort. C’est quoi ton nom ?
Son interlocutrice lui répondit en lui serrant la main. Diclonius ? C’était un drôle de nom de famille. Mais Gwen avait entendu d’autres encore plus étranges. Non, ce qui l’intriguait, c’était la menace que cette femme à cornes n’avait même pas pris la peine de cacher. Elle se croyait plus forte.
Gwen.
Elle voulut ajouter « fille d’Ares » mais Lucy s’était déjà désintéressée d’elle. Un peu vexée, elle la suivit du regard. Elle était près de la neko. Celle-ci n’avait toujours pas bougé. Lucy et Erwan la regardaient, tous deux inquiets. La seule différence était que le jeune homme se tenait à une distance polie.
Qu'est-ce qu'il s'est passé pour qu'elle se mette dans cet état ?
Eh bien… Elle a essayé de « comprendre » Gwen. Et ça l’a beaucoup perturbée, apparemment.
La concernée fronça les sourcils. Comment ça, « comprendre » ?
Genre c’est ma faute peut-être ! J’y suis pour rien, c’est elle qui est venue me toucher. Et après elle est retournée s’assoir et elle s’est complètement coupée du monde.
-
Eh bien… Elle a essayé de « comprendre » Gwen. Et ça l’a beaucoup perturbée, apparemment.
Hein ?
Elle fixa Erwan, étonnée par sa réplique. "Comprendre" une personne ? Qu'est-ce que ça pouvait vouloir dire ? Apparemment, Gwen se posait la même question, car elle lui demanda :
Genre c’est ma faute peut-être ! J’y suis pour rien, c’est elle qui est venue me toucher. Et après elle est retournée s’assoir et elle s’est complètement coupée du monde.
Quelle attitude bizarre... pensa Lucy.
D'habitude, elle est comme ça quand un sort l'intéresse, mais elle n'a jamais été aussi... Imperturbable. Je sais pas, t'aurais pas fait quelque chose de spécial avec la magie ? A moins que tu sois quelqu'un de spécial ! finit-elle dans un sourire. Elle n'y croyait pas vraiment, et ça se voyait. Amélie ne lui avait jamais fait part de ce qu'elle avait découvert pour Raphaël.
-
Tout le monde se posait des questions sur l’état d’Amélie. Et tout le monde à part Gwen s’inquiétait. La demi-déesse avait tendance à ne se préoccuper de l’état d’autrui que dans des cas extrêmement rares d’extrême nécessité. Dans le cas présent, elle était seulement vexée par l’attitude de la neko, ainsi que par celle de la diclonius, et vaguement intriguée par ce qui chez elle avait bien pu provoquer une telle léthargie réflexive.
D'habitude, elle est comme ça quand un sort l'intéresse, mais elle n'a jamais été aussi... Imperturbable. Je sais pas, t'aurais pas fait quelque chose de spécial avec la magie ? A moins que tu sois quelqu'un de spécial !
Le ton de la plaisanterie n’était pas approprié. Pas du tout. Et Gwen avait bien l’intention de le signaler à Lucy. Cependant, alors qu’elle ouvrait la bouche pour révéler son ascendance divine, Nathalie prit les devants :
Faut voir. Tu crois aux dieux olympiens ?
La guerrière se tourna vers l’adolescente pour la foudroyer du regard. Mais Nathalie s’en moquait éperdument. Accoudée sur la table, bien réveillée maintenant, elle regardait la scène d’un œil distrait, un sourire mystérieux sur les lèvres.
Lucy, en quels dieux croient les Terriens ? Je ne pense pas que vous ayez les mêmes que nous, mieux vaut s’en assurer avant de poursuivre cette conversation.
-
La dénommée Gwen semblait offensée par l'attitude d'Amélie, et Lucy voulait bien la comprendre. Quelquefois, elle fait vraiment des actions incompréhensibles, qu'elle explique après-coup, ce qui est extrêmement frustrant. Mais là, elle-même n'osait pas la sortir de cet état. Elle risquait de vraiment mal le prendre. Et elle semblait aussi vexée par les paroles de la diclonius, qui voulait juste essayer de détendre l'atmosphère.
Faut voir. Tu crois aux dieux olympiens ?
C'était Nathalie qui avait parlé. La mutante se retourna vers elle, l'air étonnée, et lui demanda :
Les dieux olym-quoi ?
En effet, elle n'avait jamais étudié l'histoire de la Grèce antique, ni même celle de la Rome antique. L'ESPer lui fit un sourire qui la laissa perplexe. Que voulait-elle dire par dieux ? Cette femme est une croyante ? Une fervente fidèle ?
Lucy, en quels dieux croient les Terriens ? fit Erwan. Je ne pense pas que vous ayez les mêmes que nous, mieux vaut s’en assurer avant de poursuivre cette conversation.
Lucy réfléchit quelques secondes. Il y avait bien un dénommé "Dieu", mais beaucoup ne croyait pas en cet être. La diclonius faisait partie du lot. Elle avait définitivement arrêté de croire en une puissance supérieure depuis le moment où elle a perpétré son premier massacre. Depuis ce moment, il n'y avait qu'elle et ses propres démons. Elle répondit donc, sceptique :
Ben... Y'a bien une religion, mais finalement, très peu de personnes y croient. Pourquoi cette question ? T'es une prêtresse ?
Une déesse... fit Amélie juste à coté d'elle, sortant petit à petit de sa léthargie. Elle n'avait strictement rien suivi de la conversation, et ne pouvait pas se douter qu'elle était déjà si proche de la vérité. Elle planta ses yeux dans ceux de la rousse.
L'aura que je ressent autour de toi... Ce n'est pas de la magie à proprement parler, c'est beaucoup plus puissant. Il y a des traces angéliques et démoniaques en même temps, mais aucune trace de la magie affiliée à l'une des deux races. Il n'y a donc qu'une seule possibilité...
Elle déglutit difficilement. C'était la première fois qu'elle rencontrait ce genre de personnes.
Tu as du sang divin.
La sentence tomba. La diclonius resta coite pendant cinq bonne secondes... avant d'exploser de rire.
Elle ? Une déesse !? T'as failli m'avoir cette fois-ci Amélie ! Haha !...
Elle n'y croyait pas une seule seconde.
-
Les dieux olym-quoi ?
Bon, au moins ça avait le mérite d’être clair. Erwan se dépêcha de mettre une main sur la bouche de Gwen pour l’empêcher de clamer haut et fort tout son blabla sur les dieux olympiens, surtout sur son très cher père. Ils n’avaient pas besoin de ça. Vraiment pas. La guerrière ainsi réduite au silence se contenta d’écouter, ce qui, pour elle, revenait à s’arracher un bras avec les dents. Elle avait horreur de ça, être forcée d’écouter les gens parler d’elle sans pouvoir prendre part à la conversation et étaler tout ce qu’elle avait à dire.
Ben... Y'a bien une religion, mais finalement, très peu de personnes y croient. Pourquoi cette question ? T'es une prêtresse ?
Pas du tout, en fait Gwen est…
Une déesse...
L’interruption était tout à fait à propos, même si pas entièrement vraie. Derrière la main du jeune homme Gwen souriait.
L'aura que je ressens autour de toi... Ce n'est pas de la magie à proprement parler, c'est beaucoup plus puissant. Il y a des traces angéliques et démoniaques en même temps, mais aucune trace de la magie affiliée à l'une des deux races. Il n'y a donc qu'une seule possibilité... Tu as du sang divin.
Ouaip ! Mais elle est pas « sang pur », par contre.
Gwen retira avec une délicatesse toute relative (c’est-à-dire un peu brutalement) la main d’Erwan et se tourna brièvement vers Nathalie pour la foudroyer encore du regard. Quelques secondes plus tard elle était de nouveau tournée vers Lucy, avec le même énervement. La raison :
Elle ? Une déesse !? T'as failli m'avoir cette fois-ci Amélie ! Haha !...
La demi-déesse réagit avant tout le monde. Quelques pas et elle était devant la diclonius. Elle la prit par le col, pas méchamment mais pas gentiment non plus, et rapprocha son visage jusqu’à être à une dizaine de centimètres du sien. Sa voix n’était qu’un murmure, mais on y entendait le grondement d’une menace :
Dis donc, ma petite, tu te prends pour qui ? Non, je ne suis pas exactement une déesse, mais mon père est un dieu, alors tu vas retirer ce ton moqueur et écouter bien sagement la suite de l’explication, vu ?
-
Une demie-déesse ! Amélie rencontrait une demie-déesse ! Bien qu'elle ne vénère pas particulièrement les dieux, elle connait leur puissance, et être en face d'une de leur descendante, quel que soit le niveau, était un honneur. Bon, elle ne se mettait pas à genoux, mais elle n'était pas loin de le faire. Et Lucy qui riait... Elle ne l'avait pas prévenue, malheureusement. Ce n'était pas le genre de choses auquel elle pensait souvent, et elle ne savait donc rien à propos des divinités de Terra. La jeune Neko avait déjà un peu peur : comment Gwen prendrait-elle cette "offense" ? Est-ce que Lucy pouvait rivaliser contre elle ? Déjà, il semblait clair que la demie-déesse n'utilisait pas la magie, car sinon, Amélie serait morte presque instantanément à son contact. Enfin, pas la magie usuelle en tout cas. Mais elle semblait tout de même assez dangereuse, comme tous les membres de cet Ordre à leur manière. Quoi qu'il en soit, elle ne savait pas du tout comment réagir, et encore moins lorsqu'elle la vit se diriger rapidement vers la diclonius et l'empoigner par le col.
Non, non... gémit-elle doucement.
Elle pressentait quelque chose de mauvais pour la suite. Quoi ? Aucune idée, mais le fait que deux personnes aussi puissantes et aussi proches soient en clivage ne laissait entrevoir rien de bon, bien au contraire.
Lucy fut assez surprise par la célérité de la rousse, si bien qu'elle se laissa empoigner sans réagir. Celle-ci lui souffla, sur des airs menaçants :
Dis donc, ma petite, tu te prends pour qui ? Non, je ne suis pas exactement une déesse, mais mon père est un dieu, alors tu vas retirer ce ton moqueur et écouter bien sagement la suite de l’explication, vu ?
Le pire étant qu'elle semblait mortellement sérieuse. Son père ? Un dieu ? Attend voir... Elle n'a pas dit "dieu", mais bien "un dieu", ce qui pouvait dire qu'il y en avait plusieurs. La diclonius n'avait jamais entendu parler d'une religion polythéiste, et commença à envisager qu'elle pouvait dire la vérité. Mais ça ne collait pas du tout avec ce qu'elle savait des divinités, et surtout le fait de lui prendre le col comme cela était impardonnable. Elle libéra simultanément ses quatre vecteurs, empoignant chacun un membre et, pendant qu'elle lui faisait écarter les bras au maximum, déchirant au passage le col de Lucy, elle fut surélevée de quelques centimètres, juste pour qu'elle ne touche plus le sol de ses pieds. Elle lui lâcha, cinglante :
Déjà, je suis pas ta petite. Ensuite, si Dieu existait vraiment, il n'a aucun honneur à laisser mourir de peur des fillettes qui n'ont rien demandé, et à ne pas agir pour rendre le monde meilleur. Dans tous les cas, je serai pas aux basques de ton père.
Cela avait au moins le mérite d'être clair et concis, ainsi que franc. Elle la lâcha ensuite, toujours en la fixant du regard, tandis que ses vecteurs se tenaient prêts. Amélie, quant à elle, regardait la scène d'un air terrifié, pensant que réagir pour désamorcer ce conflit ne servirait à rien, sinon à attiser la colère d'une des deux, voire des deux.
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Personne n’avait eu le temps de réagir quand Gwen s’était mise en colère. Heureusement pour tout le monde, cette colère était pour l’instant bien contenue. La guerrière devait être de bonne humeur avant que Lucy arrive. Néanmoins tous étaient très inquiets. Si Amélie avait la tête entre ses mains, Nathalie, elle, avait une main devant la bouche, terrifiée à l’idée que Gwen puisse s’énerver pour de bon et tuer Lucy. Ou se faire tuer, tout était possible… Erwan soupira. Il se moquait pas mal, de base, que les deux jeunes femmes se tapent dessus, mais ce serait alors à lui de ramasser les pots cassés (au sens propre comme au sens figuré) et il n’avait pas envie de devoir gérer des potentiels cadavres et les réparations des dégâts matériels. Il se dirigea en prenant son temps vers un placard près du comptoir.
Pendant ce temps, la diclonius riposta : elle souleva son « interlocutrice » dans les airs avec ses bras psychiques, elle parut faire une tentative d’écartèlement. En tout cas Gwen n’appréciait pas, elle se débattait. Pas trop, elle avait suffisamment de jugeote pour comprendre qu’elle se ferait plus mal qu’autre chose.
Déjà, je suis pas ta petite. Ensuite, si Dieu existait vraiment, il n'a aucun honneur à laisser mourir de peur des fillettes qui n'ont rien demandé, et à ne pas agir pour rendre le monde meilleur. Dans tous les cas, je serai pas aux basques de ton père.
C’est pas ce que je t’ai demandé, grogna Gwen. Je t’ai juste dit d’être un peu plus respectueuse.
Elle toucha de nouveau le sol.
Mais si tu crois pas aux dieux, alors je crois qu’on va avoir un sérieux problème de communication, parce que c’est quand même la base de-
Elle fut interrompue par un objet passant dans son champ de vision, juste à cinq centimètres de ses yeux. Un balai. La main qui le tenait et qui venait de frapper le sol avec appartenait à Erwan. Le jeune homme regarda alternativement la demi-déesse et la diclonius, avec le regard totalement vide qui était son équivalent du regard noir.
C’est bon, vous avez fini ? demanda-t-il sur un ton étrangement calme. Si vous voulez vous battre, reportez ça à un autre jour s’il vous plaît. Et à un autre endroit ce serait vraiment top. Gwen, apprends à ne pas réagir comme ça aux commentaires désagréables. Et Lucy, ne la provoque pas, ça ne t’attirerait que des ennuis.
Il enleva le balai d’entre elles deux et l’appuya sur le sol à côté de lui comme s’il s’agissait d’une lance. Son autre main était sur sa hanche, ce qui lui donnait un air un peu bizarre.
-
Être un peu plus respectueuse alors qu'on se foutait ouvertement de sa gueule ? Non, pas possible... Toutes les blagues ont une limite, et Lucy pensait que celle-ci avait été atteinte depuis un certain moment, mais elle continuait toujours, ce qui appuyait la théorie que cela soit vrai. Même si c'était totalement impossible.
Mais si tu crois pas aux dieux, alors je crois qu’on va avoir un sérieux problème de communication, parce que c’est quand même la base de...
Elle s'arrêta brusquement, coupée par un objet non-identifié s'écrasant sur le sol entre les deux filles. En regardant un peu plus attentivement, elle se rendit compte qu'il s'agissait du manche d'un balais. Elle haussa un sourcil et tourna le regard vers Erwan qui tenait cet objet. Elle le regarda bizarrement, comme s'il avait fait la chose la plus étrange possible. Mais son regard à lui la dissuada d'ouvrir la bouche. Il semblait très énervé, pour une raison totalement inconnue.
C’est bon, vous avez fini ? Si vous voulez vous battre, reportez ça à un autre jour s’il vous plaît. Et à un autre endroit ce serait vraiment top. Gwen, apprends à ne pas réagir comme ça aux commentaires désagréables. Et Lucy, ne la provoque pas, ça ne t’attirerait que des ennuis.
Son ton était très mesuré, et aucune émotion ne filtrait, si ce n'est la colère de ses yeux. Il devait faire des efforts considérable pour ne pas péter un boulon. Cependant, il perdit toute crédibilité lorsqu'il ramena son balais à la verticale et qu'il posa sa seconde main sur sa hanche. On aurait dit un bouffon de spectacle et, bien malgré elle, la diclonius pouffa légèrement. Cependant, elle lui répondit ensuite :
La provoquer ? Tu voulais que je la compare à... à...
Elle s'arrêta, hésitante. Elle avait trouvé le quiproquo. Puisqu'ils étaient dans un autre monde, les dieux pouvaient avoir des significations différentes ici que sur Terre, non ? Si ça se trouve, ce sont juste des magiciens un peu plus puissants que d'autre, qui sait ? Tout est possible finalement...
Euh... Attend voir.
Son ton était devenu hésitant, et elle semblait réfléchir tout en agitant un peu des bras.
Ouais-non, ce sont deux mondes différents quand même... Donc en fait, du coup, partant de ce principe, pourquoi pas ? Tout est possible.
Avec sa main droite, elle se massa le front et les tempes. Elle n'aurait jamais cru avoir affaire à une divinité d'un autre monde un jour, quoi que ce terme désigne en réalité. En soupirant, elle retira sa main et fixa la rousse dans les yeux :
Désolée, je te comparais avec le "Dieu" de notre monde... Un peu stupide sur ce coup-là...
Elle avait prononcé le mot "Dieu" avec un dédain certain.
Quant à Amélie, elle regardait la scène avec étonnement, ne connaissant pas du tout les divinités de la Terre. Lorsqu'elle avait vu la situation se désamorcer grâce à l'intervention d'Erwan, elle l'avait regardé intensément, le remerciant silencieusement. Elle semblait soulagée que tout ça se soit terminé sans heurts et fracas.
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Si Gwen était encore dans une espèce de semi-état de choc à cause de l’action trop rapide du jeune homme, Lucy avait une réaction tout à fait différente. Elle faillit dire quelque chose, se ravisa, écouta Erwan, puis se moqua de son attitude qu’on pouvait qualifier de comique. Attitude qu’il avait adoptée pour détendre un peu l’atmosphère, avec succès apparemment.
La provoquer ? Tu voulais que je la compare à... à... Euh... Attends voir.
Elle se mit à réfléchir intensément. Pendant ce temps, Gwen se remit en mouvement, juste au moment pour voir Erwan lui faire signe de ficher le camp. Ce qu’elle fit, s’écartant de quelques pas sans discuter. Elle se doutait que continuer ainsi ne servirait à rien d’autre qu’à risquer des ennuis un peu trop gros pour elles.
Ouais-non, ce sont deux mondes différents quand même... Donc en fait, du coup, partant de ce principe, pourquoi pas ? Tout est possible.
De quoi elle parle ?
Ferme-la, Nat. C’est vraiment pas le moment.
Il avait posé le balai contre une table et retirait sa veste. Il crevait de chaud, en grande partie à cause des deux nouilles qui se disputaient pour trois fois rien et qui faisaient flamber l’atmosphère déjà bien électrique.
La diclonius termina enfin sa réflexion et se tourna vers la demi-déesse pour lui présenter des excuses peu crédibles du point de vue de cette dernière :
Désolée, je te comparais avec le "Dieu" de notre monde... Un peu stupide sur ce coup-là...
Gwen haussa les épaules.
Je sais pas qui est ton « Dieu », mais mon père est un dieu parmi plein d’autres. C’est quand même dingue d’ailleurs, cette histoire de dieux qui apparaissent de nulle part tous les trois jours !
C’est vrai. Entre ce Savitra, cette…comment c’est déjà…Karuta…et tous les autres gusses qui se disent des dieux, c’est le bazar.
Thalia choisit ce moment pour émerger de son sommeil de plomb. Elle avait juste entendu la dernière parole, à savoir celle concernant « l’explosion divine ».
C’est pas qu’ils sont « apparus de nulle part », c’est qu’avant ils étaient trop occupés pour se révéler…
Elle baissa exagérément la tête pour cacher un bâillement.
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Je sais pas qui est ton « Dieu », répondit-elle, mais mon père est un dieu parmi plein d’autres. C’est quand même dingue d’ailleurs, cette histoire de dieux qui apparaissent de nulle part tous les trois jours !
Un dieu parmi tant d'autres ? Lucy avait donc vu juste. Par contre, le fait que des dieux apparaissent était de très mauvaise augure. Dieu n'est pas supposé avoir créé le monde ? Dans ce cas-là, ces nouveaux "dieux" n'en sont pas vraiment au sens strict du terme !... Enfin, pas dans sa propre définition de la divinité donc. Quelle différences pouvaient-ils encore avoir par rapport à sa propre définition de la divinité ? Peut-être qu'ils se montrent, vu qu'ils disent qu'ils apparaissent, quelqu'un a donc dû les voir un jour ou l'autre... Plausible. Mais totalement fou quand même. Nathalie fit :
C’est vrai. Entre ce Savitra, cette…comment c’est déjà…Karuta…et tous les autres gusses qui se disent des dieux, c’est le bazar.
Houlà, houlà... Maintenant ils donnent des noms différents à leurs divinités ! La pauvre diclonius commençait à sentir sa tête exploser en imaginant autant de dieux.
C’est pas qu’ils sont « apparus de nulle part », c’est qu’avant ils étaient trop occupés pour se révéler…
Lucy tourna la tête pour savoir d'où venait cette voix, et elle vit que l'autre s'était réveillée, autre qui tenta d'ailleurs de cacher un bâillement en baissant la tête. Trop occupés pour se révéler... Les dieux agissent maintenant ? C'est nouveau... Et franchement inquiétant, car ce monde semblait vraiment pourri jusqu'à la moelle avec cet esclavagisme et ces guerres. Si cela se trouve, ils n'étaient pas tous bienveillants...
Et il y en a certainement d'autres dont on entendra presque jamais parler, car ils sont dans des contrées inexplorées.
Lucy reconnut la voix d'Amélie. Ce fut cependant la goutte qui fit déborder le vase. Il y avait trop de trucs mystiques, et elle ne s'y retrouvait plus du tout. Elle agita les bras devant elle, se tournant successivement face à tout le monde tout en faisant, peut-être un peu trop fort :
Wowow ! Stop ! On se calme tout le monde ! Vous voulez vraiment faire exploser ma tête ou quoi ?!
Avec un de ses vecteurs, elle amena une chaise à elle et s'assit, dossier devant elle.
Bon, je récapitule. Déjà, vous me dites qu'il y a plusieurs dieux, c'est ça ? Ensuite, que le fait qu'ils existent vraiment est confirmé. Jusque là, ça va à la limite. Bon, ensuite vous dites qu'il y a des dieux qui font leur apparition comme ça ?? Là, j'ai franchement du mal par contre. Et vous dites qu'ils agissent !? Là, oui mais non. Comment il peut y avoir de telles injustices si les dieux agissent bon sang !? C'est quoi ce bordel ??
Lucy...
Amélie se leva et s'approcha de son amie. Elle avait un regard désolé dans les yeux, ce qui étonna beaucoup la diclonius.
Chaque entité en ce monde a son opposé. Et les Dieux se combattent contre des ennemis dont la puissance dépasse notre imagination. C'est pour ça qu'ils ne peuvent pas régler tous les problèmes dans ce monde.
-
Lucy était complètement perdue. Elle ne savait plus où donner de la tête, avec tous ces va-et-vient de paroles. Tout le monde donnait son avis sur le « phénomène divin », et la pauvre diclonius en avait clairement par-dessus la tête. C’était compréhensible. Il fallait au moins être de Terra pour bien saisir toute cette histoire.
Et il y en a certainement d'autres dont on entendra presque jamais parler, car ils sont dans des contrées inexplorées.
C’est sûr… Vous croyez qu’il y a un dieu des causes perdues ? Parce que celui-là il pourrait venir chez nous !
Sois pas défaitiste, on y arrivera.
Lucy interrompit alors tout le monde, exaspérée et surtout débordée. Elle s’assit à l’envers sur une chaise qu’elle avait fait voler jusqu’à elle et tenta de comprendre :
Bon, je récapitule. Déjà, vous me dites qu'il y a plusieurs dieux, c'est ça ? Ensuite, que le fait qu'ils existent vraiment est confirmé. Jusque là, ça va à la limite. Bon, ensuite vous dites qu'il y a des dieux qui font leur apparition comme ça ?? Là, j'ai franchement du mal par contre. Et vous dites qu'ils agissent !? Là, oui mais non. Comment il peut y avoir de telles injustices si les dieux agissent bon sang !? C'est quoi ce bordel ??
C’est comme ça que fonctionne le monde, malheureusement.
Amélie se leva et fixa son amie d’un air désolé. Tout le monde avait, à sa façon, ce même regard désolé, mais Amélie était la seule à le tourner vers Lucy.
Chaque entité en ce monde a son opposé. Et les Dieux se battent contre des ennemis dont la puissance dépasse notre imagination. C'est pour ça qu'ils ne peuvent pas régler tous les problèmes dans ce monde.
Nathalie leva une main, regard vissé sur sa table.
Je confirme. J’ai rencontré un dieu, une fois. J’avais jamais vu un type aussi occupé… Demande à Nathan, il pourra t’en dire plus puisqu’il a été plus longtemps avec lui.
Tout le monde était d’accord : les dieux n’ont pas le temps. Pas le temps de regarder partout, pas le temps de s’occuper de tout le monde, pas le temps de régler tous les problèmes. La seule à avoir un avis différent, c’était Thalia :
Moi je pense surtout que c’est des fainéants. Honnêtement, vu leur nombre, on pourrait penser que nos très chères divinités seraient capables d’en faire un peu plus…
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A ce moment, Lucy avait juste envie de s'arracher la tête. Tout le monde y allait de son commentaire, rajoutant encore plus d'informations, ou, au contraire, à l'image de Thalia, donnait des contres-indications ! Elle croyait devenir folle... Dans sa tête, un dieu n'en était réduit plus qu'à un humain vivant éternellement, et qui se font la guéguérre contre des trucs qu'on connait même pas, soi-disant pour protéger le monde. Des humains améliorés quoi... Même si elle semblait être très loin de la vérité, elle fut satisfaite de son interprétation. Ce n'était donc pas des vrai dieux à proprement parler, ce qui soulageait un peu la diclonius, qui ne se gêna pas pour répondre cependant :
Et les autruches dans le désert de Gobi ? Qu'est-ce que vous en faîtes de ces autruches ? Elles meurent de faim chaque jour !...
Elle regarda un peu l'assemblée incrédule, sourit légèrement, et continua :
C'est pas qu'elle est chante votre discussion, mais si ça continue, moi je vais passer sur la reproduction des carpes au beau milieu du Pacifique !
Lucy était bien incapable de mettre cette menace à exécution, bien entendu. Mais c'était juste pour leur demander d'une manière assez frappante de changer de sujet de conversation, avant qu'elle ne sorte d'ici...
[HRP : Pas d'inspi' ce soir, désolé]
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C’était un peu le chaos. Les six personnes présentes parvenaient à elles seules à atteindre un niveau de conversation proche de la folie. [HRP : Cette phrase ne veut rien dire…] Heureusement, un hasard surprenant faisait que personne d’autre n’était venu dans la salle commune. Mais ceux-là étaient largement suffisants pour l’instant, pas besoin d’encore plus de protagonistes... D’ailleurs la diclonius finit par péter un câble :
Et les autruches dans le désert de Gobi ? Qu'est-ce que vous en faites de ces autruches ? Elles meurent de faim chaque jour !...
Il y eut un grand moment de blanc. Tout le monde se tourna vers Lucy en essayant de comprendre. Elle souriait, ce qui laissait à penser qu’elle voulait juste faire taire tout le monde…ou qu’elle avait trouvé, derrière les mots bizarres employés, le sujet de conversation le plus intéressant de l’univers.
C'est pas qu'elle est chiante votre discussion, mais si ça continue, moi je vais passer sur la reproduction des carpes au beau milieu du Pacifique !
Première hypothèse, donc. Elle inventait seulement un sujet compliqué pour faire taire les autres. Mais elle était mal tombée. Erwan eut un petit sourire et une lueur de défi éclaira son regard.
Ne dis pas ça, je pourrais tenir la conversation. Je connais assez bien la faune aquatique de la Terre.
Bon, elle a quand même raison, on n’arrête pas de parler, et elle doit être complètement perdue. Alors maintenant tout le monde se tait jusqu’à ce qu’on ait trouvé un autre sujet.
Le silence qui s’installa fut assourdissant, après tout ce bruit. Mais personne ne disait plus rien. Même Gwen s’était tue, cherchant un truc à dire que tout le monde pourrait suivre.
En attendant de trouver… Quelqu’un veut manger quelque chose ?
Il ramassa l’assiette de biscuits toujours sur la table et guetta les réactions. Voyant Nathalie lever la main, il lui apporta l’assiette.
J’aime bien le silence, mais il y a des limites. Bon, quelqu’un d’autre ?
-
Alors qu'elle s'attendait à avoir cloué le bec à tout le monde, Erwan répondit simplement :
Ne dis pas ça, je pourrais tenir la conversation. Je connais assez bien la faune aquatique de la Terre.
Euh... hésita la diclonius. Ce fut Thalia qui lui sauva la vie :
Bon, elle a quand même raison, on n’arrête pas de parler, et elle doit être complètement perdue. Alors maintenant tout le monde se tait jusqu’à ce qu’on ait trouvé un autre sujet.
Merci.
Un silence s'installa. Apparemment, plus personne ne semblait trouver un sujet de conversation valable. Certes, Lucy en avait un, mais il concernait surtout Raphaël et Andizia. Or, aucun des deux n'était ici. Cependant, la diclonius commençait à réviser son jugement. Si l'ambiance était aussi changeante ici, elle ne s'y plairait pas vraiment, et elle envisageait de donner une réponse seulement temporaire.
En attendant de trouver… Quelqu’un veut manger quelque chose ?
Non merci, répondit la Neko qui observait Lucy se rapprocher d'elle, semblant flotter au-dessus du sol avec la chaise. D'ailleurs, elle se posa en douceur juste à coté d'elle, qui s'était rassit après le coup d'éclat de son amie.
Nathalie accepta en levant la main.
J’aime bien le silence, mais il y a des limites. Bon, quelqu’un d’autre ?
Eh, j'ai jamais demandé de vous taire ! C'est juste que...
Elle s'interrompit brutalement, et son visage devint dur. Amélie la regarda avec étonnement, ne sachant pas du tout ce qu'il se passait.
Merde, ils m'ont retrouvée... lâcha-t-elle entre ses dents. Se tournant vers Amélie, elle fit à son attention : Ce que je craignais est arrivé. Elle se leva et s'adressa à tous : Je ne vous mettrais pas en danger plus longtemps. Si j'ai un conseil à vous donner, c'est que les diclonius sont dangereuses.
Lucy...
Une larme perla sur l’œil d'Amélie. Elle savait que trop bien ce que voulait dire Lucy. L'heure des adieux avait sonné.
Lucy... fit l'écho.
L'écho ? Un écho assez lointain, d'une fille d'une quinzaine d'années qui semblait totalement perdue. Seule la personne appelée reconnut cette voix, et un large sourire barra son visage.
Tiens, elle en a mis du temps !... Bon ben je reviens assez vite !
Grâce à ses vecteurs, elle fit un bond jusqu'à la porte et l'ouvrit. Dehors, la pluie s'était un peu calmée, mais elle battait toujours, et elle fut trempée assez vite. Elle remarqua assez vite la tête à la chevelure rose qui la cherchait partout, et atterrit juste devant elle, lui flanquant la frousse de sa vie.
Salut !
Lucy ?... C'est quoi cet endroit ? Je suis où ?
Plus tard les questions, déjà on va au sec. Tiens bien tes membres !
Elle prit le buste de l'autre fille et, d'un bond majestueux, fut de nouveau face à cette porte qu'elle ouvrit. A peine une minute s'était écoulée, durant laquelle Amélie, stoïque, fixait la porte. A ses cotés, une adolescente avec une cravate en guise de ruban (http://img2.wikia.nocookie.net/__cb20090418073402/elfen-lied/images/c/c1/Nana7Diclonius.jpg) semblait totalement perdue. D'ailleurs, lorsqu'elle aperçut la Neko qui la fixait, elle en perdit littéralement le bras gauche, qui tomba à ses pieds.
[HRP : Introduction de personnage powaaa !!]
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Le silence était une des choses les plus rares dans le repaire, à partir du moment où il y avait plus de trois personnes réveillées. Ainsi tout le monde était un peu gêné, personne ne savait trop comment réagir. Aussi, quand Lucy essaya de protester, les autres étaient globalement d’accord avec elle. Et quand elle s’interrompit, c’est l’inquiétude qui prit la première place.
Merde, ils m'ont retrouvée... Ce que je craignais est arrivé.
Personne ne comprenait, sauf visiblement Amélie.
Je ne vous mettrais pas en danger plus longtemps. Si j'ai un conseil à vous donner, c'est que les diclonius sont dangereuses.
Hé ho, minute papillon ! Tu nous expliques ?
Lucy...
Tout le monde se figea. C’était une voix assez jeune. La seule qui paraissait la reconnaître, c’était la diclonius. Celle-ci se mit à sourire.
Tiens, elle en a mis du temps !... Bon ben je reviens assez vite !
Elle…sauta ? jusqu’à la porte, qu’elle ouvrit. La pluie avait diminué d’intensité mais Lucy, ainsi que la nouvelle arrivante, étaient quand même trempée quand elles rentrèrent. L’adolescente avait les cheveux roses, elle aussi, avec un ruban qui était en fait une cravate. Elle était étrange, mais plus étrange encore était la perte de son bras dont elle fut tout à coup victime. Nathalie se leva d’un bond, tous les autres sursautèrent.
Eh ben ! Je croyais avoir tout vu, là c’est inédit ! Ça t’arrive souvent de perdre des morceaux comme ça ?
Elle était surprise, bien sûr, mais aussi « un peu » surexcitée, et surtout très curieuse de savoir comment une telle chose était possible.
Gwen, une fois la surprise passée, réagit au quart de tour : elle alla rapidement chercher sa cape et la posa sur les épaules de la jeune fille.
Tu vas attraper la mort si tu restes comme ça.
Thalia, elle, tendit la main vers la cheminée éteinte. Une boule d’électricité partit d’elle et alla embraser les bûches et brindilles.
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Un diclonius peut sentir un autre diclonius à proximité. Il s'agit d'un espèce de radar permettant à cette race de se retrouver. Puisque Nana, la nouvelle arrivante, en fait partie, Lucy l'a sentie. Elle a cru sa dernière heure arriver parce que, excepté Nana, les autres seraient ici pour la tuer sous les ordres du laboratoire de recherches. Tout simplement parce qu'elle est dangereuse. Ou alors pour d'autres raisons, plus profondes, qui lui étaient totalement inconnues. Nana est en réalité la première fille qui fut envoyée pour ramener Lucy, qui a dû la démembrer pour l'empêcher de lui nuire. Depuis, ses quatre membres étaient en réalité des membres artificiels, qui se détachaient facilement si elle n'y faisait pas attention. Elle a dû réapprendre à marcher et à tenir des objets et, depuis une année, vivait avec ça.
Tout le monde sursauta lorsque le bras de Nana se désolidarisa de son tronc, tous sauf Lucy qui connaissait bien cette particularité. Elle avait tout simplement perdu sa concentration devant la surprise, et s'était retrouvée ainsi. Ils réagirent assez vite cependant : pendant que Nathalie posa une question dérangeante, la fille d'un dieu s'était approchée d'elle en lui mettant une cape par-dessus elle, et l'autre... Whoah ! Elle a balancé une espèce de boule de foudre dans une cheminée, embrasant les buches ! Si Lucy fut surprise, Nana l'était encore plus, si bien que son second bras alla rejoindre le premier, et, en voulant reculer précipitamment, elle commença à tomber à la renverse. Elle fut rattrapée par les vecteurs de Lucy et légèrement surélevée, si bien que ses deux jambes se désolidarisèrent elles aussi, s'écrasant au sol.
Tu perd tes membres, fit remarquer Lucy, stoïque. Je croyais que t'y arrivais bien maintenant.
La pauvre Nana ne savait plus quoi penser. Elle était dans un autre monde, dans les bras d'une mutante extrêmement dangereuse, qui pourrait tuer tout le monde ici en moins d'une seconde, qui laissait apparent ses cornes de diclonius, et y'a eu de la magie ! Elle avait l'impression que sa petite tête allait exploser, et elle ne savait pas du tout par quoi commencer. Heureusement, ce fut Lucy qui amorça la discussion. Elle se tourna vers les autres et fit :
J'vous présente Nana, la seule diclonius en qui je peux avoir confiance.
Puis, se retournant vers elle :
Dis, comment t'as fait pour trouver ce monde ?
Trouver ce... monde ? Je... Je... J'étais à la recherche de Nyu quand le décor a changé d'un seul coup, et je t'ai sentie... Pourquoi c'est toi qui...
...qui suis là ? Il y a beaucoup de choses qui se sont passées depuis la dernière fois qu'on s'est vues. Déjà, je me contrôle totalement.
Tu... Pas possible... Tu n'as plus des envies meurtrières ?
Eh non ! Grâce à Amélie, la fille avec des oreilles de chats devant toi.
Celle-ci fit un petit geste de la main.
Mais... Comment une personne peut avoir des oreilles comme ça ? Je croyais que... que nous étions les seules à avoir des trucs bizarre ?
Eh, c'est un autre monde, avec d'autres règles ! Mais je t'assure qu'il y a bien pire. J'me suis retrouvée toute petite en face d'un Minotaure une fois !
Ah... fit-elle d'un air consterné. La situation la dépassait totalement et, finalement, elle n'avait pas tellement envie de savoir. Elle était simplement venue pour savoir si tout se passait bien dans cette nouvelle ville, et elle découvre une Lucy totalement changée, en bien mieux.
N'empêche, je suis heureuse que ça soit toi ici. J'aurais eu du mal à assumer une autre Mariko.
Mariko...
Rien qu'à l'évocation de ce nom, le buste de Nana trembla. Une fille d'une puissance terrible, qui avait à peine huit ans.
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Réaction en chaîne ! L’arrivée de l’adolescente provoqua des actions, ces actions provoquèrent de la surprise, la surprise provoqua une nouvelle tombée de bras et une tombée tout court, cette tombée provoqua un rattrapage, le rattrapage provoqua une tombée de jambes, et la tombée de jambes provoqua de la surprise. Bref, un beau bazar, et si toute cette phrase est incompréhensible c’est parfaitement normal parce qu’elle est tout aussi bizarroïde que la situation.
Personne ne savait et personne ne voulait savoir comment Lucy avait pu prédire l’arrivée de la fille, et personne ne s’en souciait non plus. Elle était là, elle était trempée, et elle était complètement perdue. C’était amplement suffisant pour que les Croisés décident à l’unanimité de s’occuper d’elle.
J'vous présente Nana, la seule diclonius en qui je peux avoir confiance.
Bah… Bienvenue, Nana.
Entre, ne reste pas sous la pluie !
Une petite conversation s’engagea entre les deux diclonius. Chacune voulait savoir comment l’autre pouvait être là. Ça aurait pu être comique dans d’autres circonstances. Mais là, c’était vraiment la dernière chose à laquelle les gens pensaient. Bon, il y avait évidement les pensées de Nathalie qui différaient quand même du reste :
"Est-ce que tous les diclonius ont les cheveux roses ?"
Lucy indiqua à Nana la neko. Les deux se fixèrent du regard.
Mais... Comment une personne peut avoir des oreilles comme ça ? Je croyais que... que nous étions les seules à avoir des trucs bizarres ?
Eh, c'est un autre monde, avec d'autres règles ! Mais je t'assure qu'il y a bien pire. J'me suis retrouvée toute petite en face d'un Minotaure une fois !
Ah c’est sûr, si tu compares avec Nos, tout le monde est petit ! Sauf peut-être Talok.
La fille était clairement dépassée par la situation. Heureusement pour elle, Lucy changea rapidement de sujet. Quoique, pas si heureusement que ça en fait. L’évocation d’une certaine Mariko, qui ne parlait visiblement qu’à elles deux, la fit trembler.
Au fond de la salle, près de l’escalier, quelqu’un s’éclaircit la gorge pour attirer l’attention.
Je ne veux rien savoir. Ni pourquoi il y a des bras et des jambes qui traînent par terre, ni pourquoi vous restez là alors qu’il pleut à verse. Refermez juste cette fichue porte et mettez-vous près de la cheminée, sinon vous allez attraper la crève. Et maintenant, bonjour tout le monde.
Raphaël, dont l’expression faciale était d’un neutre absolu, alla ensuite simplement s’assoir à côté de Nathalie et prit un biscuit de l’assiette posée sur la table.
Erwan revint une minute plus tard. Il s’était éclipsé dans la cuisine dès qu’il s’était remis de sa surprise en voyant tomber le premier bras de la diclonius. Il en ressortait maintenant, un plateau dans les mains sur lequel se trouvait une tasse fumante de chocolat au lait. Il l’apporta à Nana.
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Quelquefois, certaines situations en font oublier le cadre dans lequel on se trouve. Celle-ci était un parfait exemple. Ni Lucy, ni Nana ne s'étaient rendues comptes qu'elles n'étaient pas encore à l'intérieur, et qu'elles subissaient toujours la furie du temps pluvieux. A vrai dire, la pluie ne dérangeait pas vraiment l'ainée, puisqu'elle avait longtemps vécu dans un laboratoire, à l'abri des changements climatiques. Et Nana était trop occupée à regarder tous ces gens qu'elle ne connaissait pas, son regard s'attardant plus que nécessaire sur les oreilles de la Neko. Heureusement qu'il n'y a pas d'autre phénomènes... se dit Lucy. Elle avait du mal à imaginer la réaction de la petite face au minotaure, ou encore l'espèce de gelée, voire même un terranide plus proche des animaux.
Cependant, l'arrivée d'une autre personne, descendant directement des escaliers, allait changer la donne. Il s'agissait de Raphaël qui venait certainement de se réveiller. Nana se tourna directement vers lui lorsqu'il demanda l'attention, alors que Lucy l'écoutait seulement d'une oreille distraite.
Je ne veux rien savoir. Ni pourquoi il y a des bras et des jambes qui traînent par terre, ni pourquoi vous restez là alors qu’il pleut à verse. Refermez juste cette fichue porte et mettez-vous près de la cheminée, sinon vous allez attraper la crève. Et maintenant, bonjour tout le monde.
Dans le désordre... fit la diclonius à l'attention du chef de l'Ordre, laconique.
Elle ramassa les membres à terre conventionnellement, puis rentra à l'intérieur, claquant la porte avec un vecteur cette fois-ci, ayant les mains pleines. Elle portait sa sœur de cœur juste derrière elle et l'installa sur une chaise avant de commencer à lui remettre les bras en place.
Dé... Désolée de vous déranger... fit-elle, la voix tremblante.
Elle était intimidée par tout ce monde qui semblait certes gentil, mais dont certains dégageait une certaine aura. Comme l'homme qui venait d'entrer par exemple. Lorsque les autres le regardait, il y avait une lueur de respect dans leurs yeux. Elle qui n'avait jamais connu quelqu'un comme ça, cela l'impressionnait beaucoup. Lorsqu'elle eut ses deux bras en place, Lucy lui tendit ses deux autres membres, qu'elle mit seule en s'aidant de ses deux vecteurs. Si Lucy avait quatre puissants vecteurs de deux mètres de long, Nana n'en avait que deux, moins puissants, mais qui pouvait s'allonger jusqu'à quatre mètres, ce qui lui avait donné un avantage lors de son combat contre l'autre diclonius, bien qu'elle ait perdu le duel ainsi que ses membres. Elle se tourna ensuite vers la blonde et lui demanda :
Comment... vous avez fait ça ?
Elle pointa la cheminée du doigt, manquant de peu de percuter Erwan qui revenait, un chocolat chaud sur un plateau.
C'est pour moi ? Merci.
Tu as eu de la chance de tomber dans les environs. D'après ce que j'ai cru comprendre, ce monde est aussi vaste que la Terre, et il y a d'autres pays qui n'auraient pas apprécié ta venue.
Je ne l'ai pas fait exprès, je... J'étais en train de marcher puis...
C'est juste un constat, t'affole pas.
La petite diclonius prit une gorgée de ce chocolat brulant, sentant cette chaleur se répandre dans son corps.
Par contre, si ça te dérange pas, je dois parler avec quelqu'un... fit Lucy en se levant et en allant se planter devant Raphaël. Si je prend la décision de rester au sein de l'Ordre, quelle sera ma tâche ?
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Raphaël était réveillé depuis longtemps, mais c’était le jour où il avait « le droit » de faire la grasse matinée. Le seul jour de la semaine où personne ne lui reprocherait de ne pas être debout avant le Soleil. Il en avait donc profité. Et au moment où il s’était levé, il n’avait pas regretté. Il ne voulait vraiment pas savoir ce qui s’était passé. Pour lui, Lucy avait une petite sœur qui perdait des morceaux, et ça lui était bien égal. Tant qu’elle ne fichait pas trop la pagaille, elle pouvait bien faire ce qu’elle voulait.
Dé... Désolée de vous déranger...
Tu ne déranges pas, répondirent du tac au tac, à l’unisson, le chef et le second de l’Ordre.
Thalia partit alors d’un fou rire sans doute lié à la fatigue autant qu’au comique de la situation. Elle s’interrompit quand l’adolescente lui demanda comment elle avait allumé la cheminée.
Oh, ça ? Juste un peu de magie. C’est une chose très courante dans ce monde, beaucoup de gens savent faire de la magie.
Elle lui adressa un petit clin d’œil amical. La pauvre petite était complètement perdue, Thalia ne savait pas trop comment la mettre à l’aise alors qu’elle était entourée d’inconnus.
Tu as eu de la chance de tomber dans les environs. D'après ce que j'ai cru comprendre, ce monde est aussi vaste que la Terre, et il y a d'autres pays qui n'auraient pas apprécié ta venue.
Vrai ! Tu as eu de la chance d’arriver à Nexus, et encore plus d’arriver ici ! T’es une sacrée veinarde en fait.
Un regard de Gwen fit taire la Tekhane. Pendant que tous ceux qui étaient debout allaient s’assoir, Lucy se dirigea vers Raphaël.
Si je prends la décision de rester au sein de l'Ordre, quelle sera ma tâche ?
Le jeune homme se figea dans son mouvement, pensif. Puis il termina son biscuit et regarda la diclonius dans les yeux.
Faut voir. En fait, très peu de gens ici ont un rôle bien arrêté. On voit au cas par cas qui serait le plus qualifié pour tel ou tel boulot, en fonction des gens présents. Sauf Double-Lune, elle comme elle est là une fois par semaine tout au plus c’est plus facile d’aller la chercher chez elle directement. Mais dans tous les cas, tu ne seras pas assignée à une tâche fixe, tu pourras faire un peu de tout en fonction de tes talents.
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Certaines décisions peuvent changer radicalement le court d'une vie, voire même plus. Celle que Lucy était sur le point de faire allait changer la sienne, et elle le savait bien. Cependant, même si elle hésitait encore un peu, elle savait qu'elle allait prendre la bonne décision. Elle le sentait, comme une sorte d'instinct. Elle ne pouvait pas, non, elle ne DEVAIT pas se tromper. Car non seulement il s'agissait de sa vie, mais elle avait aussi compris qu'Amélie la suivrait, sans avoir saisi la raison exacte. Mais ce n'était pas vraiment le plus important en ce moment. Elle devait faire son choix, ici et maintenant, devant Raphaël, ce qui changerait deux vies, voire beaucoup plus. Elle avait bien saisi que l'Ordre en question cherchait à affranchir des esclaves de leur calvaire quotidien, comme elle l'avait fait avec Amélie, ce qui était une intention louable. Mais elle devait se rappeler que dans ce monde, une grosse résistance lui serait quelquefois opposée, surtout par des magiciens. Même si la Neko pouvait la protéger, elle n'était pas infaillible.
Oh, ça ? Juste un peu de magie. C’est une chose très courante dans ce monde, beaucoup de gens savent faire de la magie.
De... la magie ?? fit Nana, éberluée.
Elle resta ainsi, sans réagir, choquée devant ce qu'elle venait d'entendre. La magie, ça n'existe pas ! Hein ? Mais elle est dans un autre monde, avec d'autres règles comme l'avait si bien dit Lucy, la dangereuse et redoutable Lucy qui tuait tous les humains à sa portée sans faire d'autres distinctions que Kouta et le reste de sa famille d'adoption. La situation échappait totalement à sa compréhension, et elle n'aimait pas beaucoup cela. Elle voulait juste rentrer, et assimiler ce qu'elle avait vu et entendu. Mais elle alla voir l'homme qui était descendu des escaliers lorsqu'elle était arrivée. Et elle lui parlait de... rester ? Elle veut rester dans ce monde inconnu, avec de la magie et des... Euh... Hommes-animaux ? D'un autre coté, la diclonius ne s'était jamais senti à sa place dans ce monde, il pouvait donc être normal qu'elle veuille en changer pour un autre qui serait plus suceptible de l'accepter telle qu'elle est. Mais Nana, quant à elle, était trop attachée à sa famille d'adoption, à ceux qui l'avaient accueillie. Elle ne changerait donc pas de monde, après tout les efforts qu'elle a fait pour s'intégrer à celui-là.
Lucy était donc allée mettre les choses au point avec Raphaël concernant sa possible intégration de l'Ordre, et lui avait posé une ultime question. La réponse, bien qu'assez vague, avait eu le mérite d'être clair. En vérité, elle voulait savoir si elle serait encore libre d'agir par elle-même, ce qui serait donc possible. Elle lui répondit :
Dans ce cas, je veux bien vous donner un coup de main de temps en temps. Pour l'instant, je préfère rester sur Terre, j'ai quelques petits détails à régler, et je veux qu'Amélie connaisse un peu mieux mon monde, puisqu'elle a décidé de me suivre apparemment. Mais je ne peux pas rester dans ce monde pour toujours, je suis trop facilement repérable. Dans deux ou trois mois, je viendrai certainement m'installer définitivement à Terra, et je pense intégrer l'Ordre à ce moment. Par contre, vu que Nana est ici, je pense qu'on va partir bientôt. Inutile de la traumatiser encore plus, finit-elle en jetant un regard vers la seconde diclonius, qui regardait fixement la tasse de chocolat encore à moitié pleine, le regard vide.
Voilà, c'était dit. Elle avait mêlé sa destinée avec celle de cet Ordre dont elle ne connaissait pas encore grand chose. Certes cela ne se ferait pas immédiatement, mais elle ne reviendra pas sur sa parole.
-
Nana était en état de choc. Ce qui voulait clairement dire qu’elle n’avait jamais vu de magie. Assez normal, pour quelqu’un qui venait de la Terre et n’avait jamais été sur Terra. Elle réagissait même plutôt bien, d’autres s’étaient mis à hurler que c’était impossible, qu’il y avait forcément un trucage, et Thalia en avait même entendu un une fois vociférer quelque chose au sujet d’un « complot de la CIA ». Elle n’avait pas compris, et quand elle avait posé la question à Andizia celle-ci avait éclaté de rire sans pouvoir s’arrêter, à tel point que l’ex-pirate avait laissé tomber.
Du côté de Lucy, ça se passait un peu mieux : la diclonius sembla accepter la réponse qu’on lui donnait.
Dans ce cas, je veux bien vous donner un coup de main de temps en temps. Pour l'instant, je préfère rester sur Terre, j'ai quelques petits détails à régler, et je veux qu'Amélie connaisse un peu mieux mon monde, puisqu'elle a décidé de me suivre apparemment. Mais je ne peux pas rester dans ce monde pour toujours, je suis trop facilement repérable. Dans deux ou trois mois, je viendrai certainement m'installer définitivement à Terra, et je pense intégrer l'Ordre à ce moment. Par contre, vu que Nana est ici, je pense qu'on va partir bientôt. Inutile de la traumatiser encore plus.
Raphaël acquiesça. Il comprenait parfaitement. Et il aurait certainement agi de la même façon s’il avait été à la place de son interlocutrice. Il se leva et tendit la main en souriant.
Alors bienvenue chez nous, Lucy. Tant que tu seras sur Terre, le contact se fera via Double-Lune. Et quand tu reviendras t’installer, il y aura une place qui t’attendra dans le repaire.
Nathalie se leva à son tour et applaudit. Gwen et Erwan tournèrent la tête pour voir ce qu’il se passait, mais ils ne dirent rien. De toute façon, Gwen ne comprenait pas, et Erwan n’était pas du genre bavard. Thalia, elle, s’était attelée à la tâche ardue de tresser ses cheveux emmêlés et s’était donc totalement coupée du monde extérieur depuis déjà un moment.
-
Lucy serra la main tendue de Raphaël, scellant ainsi officiellement le pacte. Elle reviendrai donc, que ce soit avec Amélie ou sans elle. La Terre serait très certainement un monde plus clément pour elle que Terra, ou elle vivait avec la crainte d'être esclavagée à tout bout de champ. D'ailleurs, en entendant certaines pratiques des esclavagistes, elle avait hésité à lui dessiner une marque au crayon effaçable si jamais elle se faisait attraper, mais Amélie avait refusé. C'était tout à son honneur, et elle n'avait donc pas insisté. La diclonius jeta un rapide coup d’œil vers sa congénère, qui était immobile à regarder sa tasse, puis fit un rapide geste de la tête à la Neko. Celle-ci se leva donc et alla voir Nana pour lui expliquer ce qu'il se passera ensuite.
La... Téléportation ? Tu... Tu vas me téléporter jusqu'à chez moi ?
Non, je ne peux pas changer de monde avec ce pouvoir. Je vais juste nous téléporter devant un portail, et nous pourrons rentrer sur Terre en le traversant.
Ah... Dis, ce sont des vraies ? demanda-t-elle en pointant les oreilles du doigt.
Absolument ! Tu peux toucher si tu y vas doucement.
Inutile... Ce sont pas des vrais bras, je sens rien avec...
Pendant ce temps, Lucy remercia Raphaël pour son accueil et lui promit qu'ils se reverraient. Elle avait totalement ignoré la réaction de Nathalie, qu'elle trouvait hors-contexte. Elle se tourna ensuite vers les deux filles et leur fit :
On y va.
D'accord !
Lucy s'approcha et prit la main que lui tendait Amélie, tandis que son autre main était sur la nuque de Nana. L'instant d'après, les trois filles avaient disparu. Et les quatre membres de Nana tombèrent à terre. Cinq minutes plus tard, une Lucy trempée ouvrit une nouvelle fois la porte du repaire en grommelant.
Je hais la magie...
Elle ramassa les membres de Nana et fit à l'attention de tout le monde :
Au revoir !
D'un bond, elle sortit de la pièce, sans même prendre la peine de refermer la porte derrière elle.
-
Raphaël était bien content que Lucy accepte finalement de rentrer dans l’Ordre. Il était toujours bon d’accueillir de nouveaux Croisés, surtout avec une puissance telle que celle de la diclonius. Et le pouvoir d’Amélie, si elle décidait de les rejoindre aussi, pourrait leur être très utile.
Lucy retourna auprès de ses deux amies. Le chef de l’Ordre en profita pour aplatir la tête de Nathalie contre la table et lui murmura à l’oreille :
Toi, fais la mariole encore une fois et je t’accroche au mur pendant une semaine. Et interdiction à ton frère de t’aider.
La jeune fille leva le pouce en signe qu’elle avait compris. Raphaël la lâcha et se rassit. Lucy, Amélie et Nana s’étaient déjà téléportées.
Alors ?
Alors on a un nouveau Croisé. Thal, tu prépares un nouvel insigne ? Non, deux, on sait jamais.
Bien, chef !
C’est alors que Gwen remarqua un détail. Elle se racla la gorge avec un petit rire.
Devinez qui a oublié ses affaires ?
Elle posa sur une table…les bras et les jambes de Nana ! Heureusement, très peu de temps après Lucy revint, reprit les membres et repartit aussitôt. Personne ne riait, mais tout le monde en avait un peu envie. Pas par moquerie, toutefois.
Bon… Et maintenant, on fait quoi ? On réveille tout le monde en faisant la fête ?
OUAIIIIIIIIIS !!!!!!!!!!!!
-
EPILOGUE :
Dis Lucy, pourquoi tu es aussi dure avec les autres ?
Eh bien... Je pense pas être aussi dure que tu le penses. Il y a des principes dans la vie qu'on ne peut pas prendre à la légère, quel que soit la situation.
Mais... Tu ne lui as même pas laissé le temps de s'expliquer.
Et puis ? Pour perdre du temps à entendre une théorie faiblarde et fausse ? Trop peu pour moi, merci ! Y'a des moments où on a pas le temps de réfléchir, il faut agir. C'est tout.
Même là ? Tu l'as...
Et alors ? Tu vas faire des états d'âme peut-être ? Maintenant que c'est trop tard ?
Mais...
Ecoute : elle est partie, et on ne peut plus rien y faire ! Alors maintenant, lâche-moi !
C'est ton amie !
C'est avant tout une Diclonius ! Et si elle se fait attraper par le labo, tu sais comme moi quel sort ils lui réservent !
Et pourquoi tu ne l'as pas invitée à rester ?
Ecoute-moi bien Amélie. Tu sais pourquoi elle perd ses membres comme ça ?
Non...
Parce que c'est moi qui les lui ai tranchés, lorsqu'elle a voulu me ramener là-bas.
C'est horrible !
Peut-être, mais ce n'est rien en face des douleurs causées par les tortures qu'elle a subi. C'est elle-même qui me l'a dit. Ici, c'était sa vie qui était engagée. Et elle est bien plus faible que tu peux le penser, malgré ses vecteurs. Elle ne résisterait pas face à une quinzaine d'hommes armés de fusils automatiques.
Même si...
Même si moi oui. Les Diclonius ont des puissances différentes. Par exemple, celle de Mariko était effrayante.
Mariko ? Tu en avais parlé avec elle quand on était chez l'Ordre, mais sans plus...
Mariko était une diclonius qu'on avait envoyé nous chercher, Nana et moi. Elle possédait plus d'une dizaine de vecteurs. C'était... Bref, elle est morte, et c'est le principal. Je pense pas qu'ils prennent le risque de nous envoyer une autre diclonius aussi puissante sans avoir peur qu'elle se libère de ses chaînes et sonne le glas de l'humanité.
Détruire la race humaine ?
Il me suffirait de cinq ans pour que chacun des enfants à naître sur cette Terre soient des Diclonius. Cinq ans. Alors imagine ce qu'elle aurait pu faire en cinq ans.
Mais elle ne veut pas que les diclonius règnent comme le voulait ta malédiction ?
Bien sûr que si, mais je suis la seule capable de maudire des personnes comme je peux le faire. Maudire leur descendance pour qu'elle soit diclonius. Je l'ai déjà fait, et je n'en suis pas fière. C'est pour ça qu'ils tiennent tant à me voir de nouveau chez eux, même si je sais pas vraiment pourquoi. On m'a dit que j'étais la "Reine", ou quelque chose comme ça. Je sais pas trop ce que ça signifie pour eux.
C'est effrayant...
Oui.